L`octroi des prêts par les fonds d`investissement français
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L`octroi des prêts par les fonds d`investissement français
2 février 2016 L’octroi des prêts par les fonds d’investissement français : une désintermédiation bancaire en marche ? Sous l’impulsion du Règlement n°2015/760 sur les Fonds Européens d'Investissement à Long Terme (FEILT ou ELTIF en anglais), la loi de finances rectificative pour 2015 du 29 décembre 2015 (la « LFR 2015 ») permet aux fonds d’investissement français depuis le 1er janvier 2016 d’octroyer des prêts. L’article 27 de la LFR 2015 a modifié le régime juridique des Fonds Professionnels Spécialisés (FPS), des Fonds Professionnels de Capital Investissement (FPCI) et des Organismes de Titrisation (OT) et leur permet désormais de consentir des prêts (a) soit dans le cadre du régime prévu par le règlement sur les FEILT (le régime FEILT), (b) soit dans des conditions qui seront fixées ultérieurement par décret (le régime de droit commun). Cette possibilité accordée aux fonds d’octroyer des prêts pourra faciliter la réalisation de certaines opérations de financement qui nécessitaient auparavant le recours d’établissements bancaires. (a) Dans le cadre du régime FEILT, les FPS, les FPCI et les OT peuvent octroyer des prêts à condition de respecter les conditions suivantes : - les fonds ne peuvent consentir des prêts qu’aux entreprises éligibles à leur portefeuille et ce sans limitation au niveau de leur actif à condition de déjà détenir des participations au sein de ces entreprises. Il est noté qu’à ce jour, il n’y a pas d’obligation de détention d’une participation minimale dans les entreprises de leur portefeuille ; - les fonds sont autorisés à octroyer dans la limite de 10% de leur actif des prêts à une seule et même entreprise éligible ; - les fonds ne peuvent pas recourir à l’emprunt pour consentir ensuite un prêt aux entreprises éligibles (ce qui limite la capacité à faire de l’intermédiation bancaire) ; - l’échéance du prêt consenti à l’entreprise éligible ne peut pas dépasser la durée de vie du fonds « ELTIF » ; (b) Dans le cadre du régime de droit commun, les FPS, FPCI et les OT peuvent également profiter de cette opportunité pour financer des entreprises via des prêts. Pour autant, les conditions de ce régime seront précisées prochainement par décret. La Consultation de l’AMF sur les conditions d’octroi de prêts permet à ce jour de dégager les principales conditions relatives aux fonds et aux prêts qui devraient être fixées par décret : Premièrement, pour consentir des prêts : - ces fonds devront être fermés aux rachats ou limiter les rachats à une part des actifs définis dans le prospectus ; - les fonds ne pourront pas non plus octroyer de prêts avec une transformation de maturité ; - le recours par les fonds aux instruments dérivés, à l’effet de levier, à la vente à découvert et aux prêts de titres financiers sont interdits, sauf si le recours aux instruments dérivés est limité à la couverture des risques. Deuxièmement, l’AMF propose d’instaurer des critères restrictifs sur les caractéristiques des prêts octroyés : - les prêts devront avoir ainsi une maturité supérieure à deux ans et inférieure à la durée de vie du fonds (les prêts à court terme sont ainsi écartés) ; - les prêts ne pourront être octroyés qu’à des entreprises non financières. Seraient ainsi exclus les particuliers, les assurances, les établissements de crédits ou autres établissements financiers. www.duhamel-blimbaum.com Par ailleurs, suivant la Consultation de l’AMF, les sociétés de gestion gérant ce type de fonds se verront appliquer des conditions communes au régime FEILT et au régime de droit commun. En effet, l’AMF suggère de ne pas prévoir un agrément spécifique pour l’octroi de prêts, mais plutôt de renforcer l’agrément existant pour la gestion de créances. Les sociétés de gestion devraient ainsi renforcer dans leurs programmes d’activité les moyens techniques et humains disponibles pour la gestion des prêts, et notamment disposer d’une équipe d’analystes de risques de crédit. Ces contraintes pourraient cependant limiter de facto l’intérêt financier de cette réforme. Contacts : Jérémie DUHAMEL Avocat Associé Tel : 01.82.83.74.50 [email protected] Christelle KERSAINT Avocate à la Cour Tel : 01.82.83.74.50 [email protected] Duhamel Blimbaum est un Cabinet d’avocats spécialisé en Droit financier. Intervenant en Corporate Finance, Droit Boursier, Banque-Finance, Asset Management, en Contentieux financier et en Epargne Salariale &Actionnariat-Salarié, le Cabinet dispose de bureaux à Londres, Paris et à Casablanca. Abonnez-vous pour recevoir les dernières actualités https://www.linkedin.com/company/Duhamel-Blimbaum www.duhamel-blimbaum.com