UNE INTERFACE NORD-SUD

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UNE INTERFACE NORD-SUD
UNE INTERFACE NORD/SUD :
L’ESPACE MEDITERRANEEN
 Attention toujours dans un but de comprendre l’espace mondialisé ou « système-monde »
afin d’analyser la mondialisation en géographie
nous avons donc déjà étudié 3 éléments définitionnels de ce concept complexe : l’espace
géographique (ou géosystème)=> l’organisation de l’espace à travers des aires de puissance en
tant que pôle, centre d’impulsion mondial et espace créateur de la mondialisation => Etats-Unis
(puissances et organisation de l’espace) et façade asiatique, enfin l’importance des échanges et
de l’extraversion afin de s’insérer dans le système-monde => façade asiatique et plus
précisément le Japon
4ème élément définitionnel : Il reste désormais à approfondir, toujours dans cette
problématique des échanges fondateurs de l’organisation de l’espace à toutes les échelles (car
l’une des 5 fonctions de l’homme, mais aussi car dans un monde capitaliste, les richesses sont
créées non pas par la production mais les échanges), la notion plus spécifique d’interface
(attention déjà travaillée) et d’inégalités comme phénomène constitutif de la mondialisation .
1°) définition des termes du sujet :
-
-
« une interface » : zone de contact entre deux systèmes (ou deux ensembles) distincts
=> zone d’émulation et de création d’échanges (car les échanges naissent de la
différenciation de l’espace), d’interpénétration (cad modification de l’une par l’autre) =>
zone de création de richesses. Les interfaces sont donc aussi des synapses, des lieux de
rencontres géographiques, espaces les plus recherchés dans le système mis en place par
la mondialisation (car créateur de richesses au centre de la communication et de la
différenciation)
« Nord/Sud » : différenciation géopolitique du monde, basée sur la notion de
développement économique et social, mise en place dans les années 1970. Notions qui
permettent d’analyser les différences et les relations entre deux groupes de pays
(censés être homogènes mais loin de là, cf cours sur les Tiers-Monde) à l’insertion inégale
dans la mondialisation => les terminales ES/L cf cours sur les Suds
 pays du Nord sont ceux ayant mis en place la mondialisation, historiquement par la
triple révolution de Polanyi puis la colonisation => néocolonialisme politique
 pays des Suds sont ceux issus du partage colonial mi XX ou ayant subi la
domination coloniale (Amérique latine) et devant s’intégrer dans un système qu’ils
n’ont pas mis en place (culturellement, économiquement…) : dans les années 1970,
unité de ces PED ou PS qui demandent la mise en place d’un NOEI basé sur
l’élaboration de règles équitables de commerce international afin de permettre
une décolonisation économique, mais suite à la dégradation des relations dans les
années 1980 (cessation de paiement de la dette, crise économique…) et la
diversification accrue des destins des Tiers-Mondes, + accélération de la mise en
place de la mondialisation (dérégulation économique) => dépendance accrue de
ces Sud (les composantes communes de cette dépendance sont : dépendance
financière avec la dette accumulée dans les années 1970, la dépendance
commerciale induite par l’échange inégal et la détérioration des termes de
l’échange ( = inégalités inhérentes à la DIT, hormis pour les ressources
énergétiques) : les Suds exportent des produits bruts qui, hormis les ressources
énergétiques, valent moins que les produits manufacturés. Enfin dépendance
technologique (manque de savoir-faire => fuite des cerveaux ou importation de
main-d’œuvre qualifiée). (aller voir quelques précisions dans le chapitre consacré
aux ES et L). Mais destins de plus en plus différenciés entre les puissances
émergentes et les PMA.
- « l’espace méditerranéen » : référence à l’espace géographique donc bien prendre en
compte toutes les sphères (ecosystème certes mais aussi rapports sociaux, économiques,
politiques, culturels), échelle particulière : méditerranéenne : comprend l’ensemble des
Etats rassemblés tout autour du pourtour de la mer Méditerranée (Afrique du Nord,
Moyen-Orient, Europe) : 12 Etats européens (Portugal, Espagne, France, Italie, Slovénie,
Croatie, Bosnie-Herzégovine, Serbie Monténégro, Albanie, Grèce, Chypre et Malte) et 10
Etats africains ou asiatiques (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte, Israël Palestine,
liban, Syrie et Turquie, mais il faut prendre en compte plus largement toute l’influence de
la zone moyen-orientale). Il est un espace d’échanges très ancien, entre homogénéité
(Alexandre, empire romain, empire ottoman…) et conflits (Chypre, Palestine…) : lourde de
ses héritages, cette mer fermée, considérée longtemps comme le cœur de la civilisation,
le centre du monde, est aujourd’hui à la fois un espace d’échanges très denses et de
clivages : il est un espace d’interface entre les pays du Nord, ancrés à l’UE, pôle de la
mondialisation et culturellement, historiquement dominants du système-monde, et les
pays du Sud connaissant des pbs de développement + pb des relations issues de la
colonisation + l’une des routes commerciales les plus importantes aujourd’hui, notamment
avec les pays producteurs de pétrole.
 zone synaptique intense
2 visions géographiques opposées : celle d’un monde uni, donc une seule entité géographique
(Braudel, Reclus) ou celle d’un espaces de toutes les fractures (B. Kayser)
2°) Confrontation des définitions et recherche d’une problématique
 QUEL TYPE DE RELATIONS PEUT SE DEVELOPPER DANS CET ESPACE CHARGES DE
DIFFERENCIATION ET DE RENCONTRES ? EN QUOI L’ESPACE MEDITERRANEEN EST-IL
REPRESENTATIF DES RELATIONS ET DES ECHANGES CREES DANS LE SYSTEME-MONDE ?
⇒ QUELLES SONT LES DYNAMIQUES ENGENDRÉES PAR LA RÉGIONALISATION À L’ŒUVRE
AUTOUR DU BASSIN MÉDITERRANÉEN AUJOURD’HUI ?
 caractérisation espace méditerranéen: espace organisé autour d’une mer fermée ou semifermée (Gibraltar + canal de Suez percé en 1869), ouverte sur la Mer Noire (entre deux
ensembles géopolitiques de poids), et au cœur des échanges mondiaux car entre Océan
Atlantique et océan Indien + MO=> l’une des principales routes de la circumnavigation
terrestre
ensemble organisé et articulé par des péninsules et
des îles, notamment au Nord, qui ouvrent l’espace sur la mer => forte influence littorale.
Ensemble climatique relativement homogène donc
créateur de paysages relativement semblables donc modes de vie + montagnes sur la majorité
des bordures littorales.
I)
L’ESPACE
MEDITERRANEEN, UNE DISCONTINUITE MAJEURE
?
A) Un choc des civilisations ???
« Mare Nostrum » fait référence à l’unité mythique de l’espace méditerranéen ; mais en fait cette
prétendue unité n’a existé qu’une seule fois, au moment de l’empire romain, et encore la romanisation
(christianisme, urbanisation, langue, philosophie) de cet espace a-t-elle été largement inégale. Par la
suite, multiplication d’empires importants certes, à volonté unificatrice mais qui sont toujours
restés régionaux : empires byzantin, arabe (omayyades, abbassides) puis ottoman.
Unité retrouvée au moment de la colonisation ??? En effet, tous les territoires passent sous
contrôle européen (hormis la Turquie) au début du XXe (mandats, protectorats ou colonies de
peuplement), mais le contexte de sujétion et de domination ainsi que le caractère contingent de
cette période ne peut permettre de parler d’unité.
 ainsi faut-il parler pour l’espace méditerranéen de carrefour de civilisations :
 doc 1 : les six rives de la Méditerranée.
… devenu souvent un espace de fracture car mettant en contact des puissances s’affrontant assez
durement, notamment au Moyen-Orient car espace de communication avec l’Asie : les croisades au
XII, la Reconquista au XV, la colonisation, XX : indépendance et conflits géopolitiques en
recrudescence (guerres israelo-arabe, balkans, Chypre depuis 1974, atteintes aux intérêts
occidentaux dans nombre d’Etats du MO ou de la rive Sud : ainsi cette confrontation que certains
pensent permanente parce que récurrente
vient-elle accréditer la thèse du « choc des
civilisations » (vision tectonique entre une plaque occidentale et une plaque musulmane) : ligne de
rupture Orient / Occident
Mais ces conflits reflètent bien d’autres logiques, entre autres, parce qu’ils sont perceptibles à
toutes les échelles et à l’intérieur des aires culturelles : cf Algérie et le pb berbère, l’Egypte et le
pb copte, le Liban en guerre civile à partir de 1975, les Kurdes, les Balkans, l’Espagne et le pays
Basque …
 en étant l’un des premiers foyers et un carrefour de peuplement à échelle de l’humanité, le
bassin méditerranéen est donc en réalité une mosaïque culturelle (de nombreuses ethnies et
langues différentes). Or à partir du XXe siècle, avec l’affirmation des nationalismes et le refus
d’empires multiethniques (austro-hongrois, ottoman essentiellement), multiplication des conflits
autour de la revendication d’Etat nation, conflits exacerbés certes suite à la décolonisation et
dans les relations identitaires construites par ces nouveaux Etats par rapport à leurs anciennes
métropoles : cf Algérie, Liban.
Attention pour l’île de Chypre : pas de conflit de civilisation mais issu de deux nationalismes forts
(grecs et turque).
Enfin, aujourd’hui la Méditerranée et une aire géopolitique majeure car elle se trouve à
l’intersection d’entités politiques importantes dont les logiques s’entrecroisent dans l’espace
méditerranéen : l’Union Européenne comme l’un des pôles producteur et organisateur de la
mondialisation, le monde arabo-musulman (Maghreb, MO avec les pays possédant les plus grandes
réserves pétrolières, donc au cœur des échanges mondiaux), et la Russie, puissance énergétique
très importante (+ Israël). Mais elle est aussi abordée par les Etats-Unis qui ont placé des flottes
permanentes et ont passé des accords avec des pays riverains comme la Turquie ou Israël =>
tensions géopolitiques car espace majeur au sein de la mondialisation, et non tensions religieuses ou
civilisationnelles.
B) Une frontière du développement : une ligne de fracture Nord/Sud ?
 cf carte
MAIS EN REALITE CES CONFLITS SONT AUSSI SOUVENT INDUITS PAR DES INEGALITES DE
DEVELOPPEMENT EXCEPTIONNELLES DANS UN ESPACE DE PROXIMITE.
Ainsi la Méditerranée développée du Nord-Ouest s’oppose-t-elle à la Méditerranée des
versants méridional et oriental dont les situations socio-économiques sont bcp plus variées. Mais
l’ensemble méditerranéen appartient, même pour les pays du Sud aux pays émergents (grâce aux
ressources énergétiques), donc globalement + avancés qu’en Afrique subsaharienne ou en Asie
méridionale.
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-
Les pays européens (Ouest) représentent 45% de la population mais produisent 86% des
richesses de l’ensemble méditerranéen, contre 14% de la production de richesses pour
55% de la population pour le reste => 12% du commerce mondial contre moins de 3% <=>
écart entre les RNB/habitant de 1 à 5 !
La comparaison des IDH qui permet de mesurer le niveau de bien-être d’une société (côté
social du développement) conforte aussi cette opposition, mais tout en la compliquant : cf
opposition à l’intérieur des pays du Nord entre la partie la plus occidentale et la partie
orientale (Albanie, Balkans), Israël appartient au pays du Nord ; il y a aussi plusieurs
Suds : Libye car peu peuplée elle redistribue les revenus pétroliers, Liban et Turquie sont
des pays intermédiaires au contraire Algérie, Maroc, Egypte ou Syrie mettent en avant
de plus gros problèmes socio-économiques.
L’IDH reprend un certain nombre de critères, essentiellement la redistribution des
richesses à travers la présence ou non de biens de consommation et d’équipement : ainsi
20% de la population algérienne, marocaine ou turque n’ont pas accès à l’eau potable,
l’espérance de vie à la naissance (largement dépendante des conditions de travail et
sanitaires) est supérieure à 78 ans dans les pays de l’UE mais inférieure à 66 ans en
Egypte + distinction forte pour la condition féminine (analphabétisme, accès au travail) =>
au Maroc 2/3 des femmes adultes sont encore analphabètes. Enfin le problème de la
redistribution des richesses se voit aussi dans le creusement des inégalités socioéconomiques : les disparités sont explosives dans les pays de la rive Sud et orientale de la
Méditerranée : en Egypte 15% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour,
importance de l’habitat spontané (Alger, 1ers bidonvilles nés à Casablanca au Maroc,
énorme quartier de plusieurs centaines de milliers d’habitants au Caire dans la cité des
morts où les pauvres ont investit les anciens cimetières mameloukes.)
Enfin, dernière distinction, un fossé démographique se creuse entre la rive occidentale et
septentrionale, de type pays du « Nord » et le reste du pourtour méditerranéen dont la
démographie vient juste de finir sa phase de transition démographique (baisse de la
mortalité mais natalité encore haute => explosion démographique), donc opposition entre
une population vieillissante et une population importante et jeune au Sud et à l’Est,
source d’émulation, de vitalité économique mais aussi en quête de travail. Les
territoires palestiniens ont d’ailleurs adopté une « fécondité de guerre » depuis 1948,
cad qu’ils considèrent que leur démographie est leur seule arme, non comme bombe
humaine, mais pour réclamer à terme un territoire plus grand, proportionnellement à leur
population.
 Ainsi l’espace méditerranéen apparaît-il comme une ligne de fracture dans l’organisation de
l’espace mondial, une zone de différenciation spatiale très forte car mettant en contact presque
direct des espaces intégrés différemment dans la mondialisation : la rive occidentale et
septentrionale (UE) est largement dominante, donc attirante en terme socio-économique, la rive
orientale est un des lieux stratégiques du système-monde car producteur de l’énergie du système,
et la rive méridionale apparaît alors dominée et accumulant des défauts de développement.
 l’espace méditerranéen devient alors une INTERFACE MAJEURE de l’espace mondial, au cœur
d’enjeux pluriscalaires et complexes (car l’une des zones énergétiques de notre système-monde) : la
différenciation, dans le système mis en place par la mondialisation, est créatrice d’échanges, de
dynamiques car le centre d’impulsion polarise, draine toujours l’espace dominé
=> quelle est l’organisation de l’espace mise en place par ce contact accru entre dominant/dominés ?
II)
L’ESPACE
MEDITERRANEEN
:UN
ESPACE PRODUCTEUR D’ECHANGES
A) Les flux migratoires anciens mais accrus
 bassin de migrations internationales dont les flux proviennent essentiellement du Sud et de
l’Est vers le Nord Ouest (UE)
 doc 2
Les migrations humaines sont très anciennes dans le bassin méditerranéen parce qu’il s’agit
d’un espace articulé à partir d’îles et de péninsules comme autant de relais => cf les juifs de la
diaspora, les premiers chrétiens qui ont bcp voyagé sur tout le pourtour de la Méditerranée, les nombreux
récits de voyages des géographes arabes (Ibn Battuta, Idrissi…), voyageurs et commerçants vénitiens qui
avaient établi des comptoirs dans toute la Méditerranée au XII => 1ère économie monde, puis pendant la
Renaissance, importance des échanges entre monde catholique, monde orthodoxe et musulman…
Désormais les flux migratoires sont de plus en plus importants, et presque constamment Sud
ou Est -> Nord (UE) :
- ils concernent essentiellement des migrations économiques saisonnières (comme les
travailleurs agricoles en Espagne) mais de plus en plus définitives (regroupement familial
ou migration individuelle qui permet de faire vivre une famille restée au Sud). Ces
migrants peuvent être des clandestins, main-d’œuvre peu qualifiée mais très malléable,
mais aussi une main-d’œuvre très qualifiée (médecins, scientifiques…) qui ne trouvent pas
de travail dans leurs pays. La Libye est aussi une zone de migration économique pour les
pays limitrophes. Ils s’installent essentiellement dans les zones urbaines, touristiques ou
agricoles. Ainsi ces migrations génèrent des flux importants de populations et de
revenus de transfert dans l’autre sens : ils sont donc perçus comme un exutoire à la
pression démographique pour les pays d’origine (mais pb pour les emplois qualifiés) : cf
revenus de transfert représentent environ 4 milliards d’euros au Maghreb par an, 2,5
milliards en Egypte par an (2ème source de revenus après l’aide alimentaire)
- Mais il y a aussi des migrations politiques, notamment des demandeurs d’asile qui partent
de leur pays à cause d’une situation de persécution ou de guerre => Les réfugiés des
Balkans, certains réfugiés kurdes… Au contraire des flux accrus depuis quelques années
de juifs d’Europe qui retournent vivre en Israël suite à une hausse globale de
l’antisémitisme.
Globalement, les immigrés privilégient une destination liée historiquement au destin de son
pays d’origine => ainsi de nombreux turcs émigrent en Allemagne, la population originaire du
Maghreb s’installe plus facilement en France.
Les populations originaires du MO privilégient les pétromonarchies du Golfe (mais fermeture
relative depuis la première guerre du Golfe).
Enfin, la Méditerranée est aussi une zone de transit des flux mondiaux ( = étape dans une
migration plus longue) car facilité de communication : importance d’une population asiatique sur les
deux rives.
Quelle réaction des pays d’accueil de ces flux ? La fermeture ou l’ouverture des
frontières (régularisation…) dépend de la situation géopolitique et économique du pays et de la
région.
=> Ainsi actuellement l’UE qui attire des flux massifs de migrants parce qu’elle a une situation politique,
économique et sociale stable, tend à fermer ses frontières car en panne d’approfondissement (cad difficulté
de construction de l’UE) donc fermeture sociale sur elle-même. Cf réaction de l’UE face aux migrants
tunisiens et libyens
=> les monarchies du Golfe ferment leurs frontières aux migrants du pourtour méditerranéen afin de
privilégier les populations du Sud asiatique, plus malléable.
B) Les flux économiques, commerciaux et financiers
L’espace méditerranéen est à l’origine de la 1ère mondialisation, notamment avec le concept
d’économie monde autour de l’empire commercial mis en place par Venise (cf Fernand Braudel) <=>
depuis très longtemps de nombreux liens commerciaux et économiques relient les différentes rives
de la Méditerranée.
Aujourd’hui les échanges économiques sont en expansion en Méditerranée mais ils se révèlent de
plus en plus dissymétriques : ils génèrent donc davantage de dépendance que d’interdépendance.
Pourquoi ?
- un échange inégal dans sa nature : Les pays développés, du « Nord » exportent des
produits agroalimentaires, des biens technologiques à haute valeur ajoutée et des savoir-faire. Ils
importent des pays du Sud des produits bruts, dont la valeur est en baisse (produits agricoles)
hormis pour les hydrocarbures, et des biens manufacturés mais à faible valeur ajoutée (textile).
 les termes de l’échange sont largement inégaux et ne rapportent pas la même valeur à terme :
ainsi la valeur des exportations de marchandises des pays développés de l’espace méditerranéen
(Israël inclus) représente 11 fois celle des pays du Sud de cette aire.
- une situation de dépendance accrue pour les pays du Sud et de l’Est de l’espace
méditerranéen : les pays du Nord de cet espace échangent majoritairement entre eux (à l’intérieur
de l’UE) ou avec les autres pôles de la Triade, ils sont donc peu dépendants, hormis pour les
ressources énergétiques (mais politique de diversification actuelle), de leurs importations du Sud de
la Méditerranée. Au contraire, ces pays (Sud et Est) effectuent la grande majorité de leurs
échanges ave ceux du Nord : héritage colonial (= néocolonialisme), ils sont donc dans une situation
d’étroite dépendance économique.
 cf carte des ports => représentent à la fois les inégalités et l’importance du trafic maritime au
sein de cet espace
De plus, les flux d’IDE s’effectuent principalement du Nord vers le Sud ou l’Est car les FMN y
implantent des établissements afin de profiter d’un coût moindre de la main d’œuvre + les
entreprises touristiques (Club Med, Fram…) s’implantent aussi énormément sur ces littoraux : les
villes de Tunisie, du Maroc et de Turquie sont les principales bénéficiaires de ces apports de
capitaux, donc industrialisation accrue mais le reste de l’espace n’en bénéficie guère.
C) Les flux touristiques : nouvelle domination du Nord sur le Sud
 carte tourisme
Le bassin Méditerranéen est la 1ère région touristique au monde.
 s’explique à la fois par la richesse historique et culturelle de ces littoraux, sur les trois rives,
mais aussi par la proximité d’un énorme espace de consommation, à l’origine même de l’invention du
tourisme, la rive Nord occidentale.
De plus, les années 1960 par l’avènement d’une société de loisirs et de croissance, a vu l’explosion du
tourisme de masse, tourisme essentiellement tourné vers les littoraux (= tourisme balnéaire).
 Ainsi les principales bénéficiaires de ce courant sont les rives des pays de l’Europe développée
(Italie, France, Espagne, Grèce). Mais depuis les années 1980, les rives orientales (ex Yougoslavie)
et méridionales se tournent de plus en plus vers le tourisme international : essentiellement Maroc
et Tunisie, Croatie, Egypte et Turquie : aménagements ponctuels, stations intégrées (cad ex-nihilo,
sorties de nulle part)
Les mannes financières engendrées par le tourisme sont considérables donc très recherchées
par les pays du Sud mais elles engendrent une nouvelle dépendance de ces économies et des
politiques de ces pays vers les pays d’origine des touristes, soit essentiellement la rive nord
occidentale : en effet, la croissance économique marocaine dépend à plus de 40% des apports touristiques,
effondrement économique égyptien après les attentats de Louxor en 1991 puis 2001.
De plus, les stations sont souvent des enclaves protégées réalisées exclusivement pour les
touristes. Peu de redistribution pour les populations locales ou alentours, voire destructuration des
populations locales qui passent d’un mode de vie rudimentaire mais indépendant à un mode de vie
dépendant de l’activité touristique (cf bédouins du Sinai en Egypte).
D) Intégration ou rejet : l’évolution des frontières
=> organisation en régions géopolitiques ou géoéconomiques plus ou moins vastes de l’espace
méditerranéen est ancienne car depuis toujours sentiment d’unité ou d’unification autour de cette
mer intérieure. Mais aujourd’hui qu’en est-il ? Y-a-t-il une identité méditerranéenne ?
Le pourtour méditerranéen concentre différentes organisations géoéconomiques importantes,
notamment l’UE et l’OPEAP
+ politique européenne de voisinage entraîne de nombreux traités économiques nombreux autour des
pays du bassin méditerranéen. L’UE a énormément besoin de l’énergie fournie par les pays de la rive
sud => de nombreux oléoducs, gazoducs, métaniers traversent la Méditerranée
Mais la question méditerranéenne ne se résume pas à des principes économiques et
différents réseaux culturels méditerranéens (artistes, ONG, intellectuels, hommes politiques) ont
réagit à l’intégration progressive de la Méditerranée à la mondialisation comme seul espace
périphérique dénué d’identité commune  ouverture de la conférence de Barcelone (1995) entre
les membres de l’UE et ses partenaires méditerranéens : mise en place d’un partenariat économique
et social euro-méditerranéen afin de créer une « zone de prospérité partagée » à travers une zone
de libre-échange et en // des programmes de coopération et de développement  UPM du psdt
Sarkozy lance en 2007, aujourd’hui au point mort.
Mais pour l’instant cette politique méditerranéenne de l’UE (donc toujours relation inégale)
reste au point mort (car fermeture à l’immigration) et la grande majorité des autorités européennes
ne sont pas favorables à la construction d’un vaste ensemble communautaire en Méditerranée.
III)
UNE INTERFACE REPRESENTATIVE DES DYNAMIQUES ET DES ENJEUX MONDIAUX
A) Le premier espace mondial de tensions géopolitiques
 doc 3
Espace traversé de conflits d’intérêts multiples et d’échelles plurielles, le bassin méditerranéen
accumule des points chauds de toutes natures : mais tous sont révélateurs des logiques gouvernant
le système-monde, des logiques issues de la mondialisation.
-
-
tensions autour de l’eau issues de la surconsommation de cette ressource
guerres civiles et contestation de frontières issues souvent du partage colonial ou des
empires multiethniques (Balkans, Chypre)
conflit israelo-palestinien
développement, des deux côtés, de discours de repli identitaire (fondamentalisme
islamique ou extrême-droite reprennent la théorie du choc des civilisations) motivant des
relations belligènes et des conflits religieux => or en réalité ce développement est issu de
ce contact inhérent à l’espace méditerranéen accompagné d’une explosion des inégalités
socio-économiques entre pays du Nord et du Sud. C’est d’ailleurs dans cette zone et à
partir d’une réflexion sur la Méditerranée que l’idée de Tiers-Monde économique est
conceptualisée à Paris par Alfred Sauvy (cf cours sur Tiers-Monde), car exacerbation de
la proximité => confrontation pays du Nord /pays du Sud
Guerres autour des ressources énergétiques, donc espace exposé à des forces externes
(Etats-Unis, Péninsule arabique et Iran).
Révolutions arabes de 2011 : réveil d’une jeunesse arabe cultivée, reliée par les moyens de
communications, au chômage pour la plupart et lassées du manque de libertés
personnelles.
 l’espace méditerranéen est un espace dont la dangerosité pour l’ordre mondial est avérée. De
plus, espace clé de la mondialisation, la Méditerranée tend à devenir un lieu de concurrence
géopolitique entre les grandes puissances, notamment entre Etats-Unis (flotte et accords
bilatéraux avec certains pays : Egypte, Arabie Saoudite, Turquie, Algérie, Maroc…) et UE.
B) Une organisation centre/périphérie complexe
-
Une Méditerranée européenne, en position centrale
=> centre d’impulsion de la mondialisation, donc organisation de l’espace méditerranéen à leur
avantage. Ainsi ce pôle (De l’Espagne à la Grèce) concentre 85% du PIB méditerranéen et concentre
tous les attributs de la puissance (métropoles mondiales, activités industrielles et tertiaires
supérieures, tourisme, savoir-faire, intégration dans les marchés mondiaux (au cœur des échanges),
culture dominante.
-
Des espaces périphériques en voie d’intégration :
=> les Etats méditerranéens concernés par le dernier élargissement (2004 – 2007) cad
Méditerranée orientale. Leurs économies et leurs niveaux de vie sont intégrés dans l’UE,
maximisation des échanges avec le cœur de la mondialisation. Question de la Turquie ?? et des
Balkans car non intégré dans l’UE à cause de la nécessaire pacification???
-
Des espaces moteurs du système monde mais en position de domination :
=> concerne les pays producteurs d’hydrocarbures : ils ont une logique mondiale + organisation OPEP,
mais reste aussi tributaire des règles du marché qui sont fixées par les pôles de la Triade +
importation de savoir-faire et tourisme de plus en plus pour les pétromonarchies.
-
La domination et l’isolement des pays du Sud et de l’Est méditerranéen :
=> intégration à la mondialisation qu’à travers, et sous le regard, du pôle européen. Des échanges
presque exclusivement tournés vers la rive Nord et situation de dépendance accrue. Mais tensions
socio-économiques en forte hausse à cause des inégalités.
 cette organisation permet de remettre en question un schéma manichéen Nord/Sud entre
les deux rives de la Méditerranée. En effet, cette confrontation directe entre deux niveaux de
développement ne peut correspondre que pour la Méditerranée occidentale (entre France, Espagne,
Italie // Maghreb) mais elle ne tient pas pour la Méditerranée orientale => elle montre ainsi les
limites d’un concept scientifique ( géopolitique : les pays du Nord et les pays du Sud), même si l’on a
besoin de classification pour analyser des phénomènes.
CONCLUSION : L’espace méditerranéen est donc un espace clé du système-monde, un espace
clé pour comprendre l’organisation spatiale mise en place par la mondialisation : un monde
d’échanges et de contacts mais échanges basés sur des inégalités socio-économiques qui ne
cessent de se creuser, et ce à toutes les échelles : DIT (Division Internationale du Travail).
Le bassin méditerranéen est donc une zone névralgique ou synaptique du monde où se nouent
de multiples rapports (d’espaces, de société, de cultures, de systèmes politiques et
économiques) à la fois basé sur la proximité et la complémentarité et en // la rupture.
Elle est donc devenue la « nouvelle frontière » entre monde développé et monde en
développement => déséquilibres très fort entre ressources et capital humain, complémentarité
entre les deux rives.
Désormais « Méditerranée » est érigé en concept spatial qui désigne un espace complexe
organisé à partir d’une mer intérieure, créant ainsi des interfaces, des échanges (d’où le rôle
important des îles et des péninsules car territoires ouverts sur la mer) mais aussi la
manifestation de conflits sur un espace nécessairement partagé, enfin complémentarité due à
des inégalités au sein de ce même espace => Méditerranée caribéenne (entre Etats-Unis et
Amérique latine) et asiatique (entre Japon et Chine, Malaisie, Indonésie, Singapour…).