K KTffi IJNE, ÉXTGME - paris

Transcription

K KTffi IJNE, ÉXTGME - paris
K
ÉXTGME
TOUJOTJRS A RESOI-]DRE
KTffi IJNE,
Entr* 36*û ef ':7ûû av. J.-e ., unc elvilisation urbaine soBhistiqi-:*e
s'*st eiævçËapBéæ danç !a r,,allée de l'lndus. Elle a disparu
æn æn'rpc#ent scn rnystèr*, eat' cûfi éerituræ reste à çÊ itur is:déchifîré*.
histoire de l'Inde commence par un mystère.
'
Une énigme qui fascine historigns, archéologues
linguistes. Qu'était vraiment cette civilisation
qui a éclos et prospéré dans la vallée de I'Indus
- Ie fleuve se trouve aujourd'hui au Pakistan - entre
2600 et 1700 av. J.-C. ? Contemporaine de l'Égypte
et
ancienne (Ancien et Moyen Empires) et de Sumer et
dAkkad, en Mésopotamie, cette civilisation de l'Indus
est à peine antérieure à l'invasion des Aryas (Aryens),
les fondateurs de I'Inde védique, sans qu'aucune filiation formelle ait pu être établie entre les deux univers.
Frédéric
#çbiw
Journaliste
au Monde,
ancten
correspondant
en Asie du Sud.
ffin systÈime poIitique et ræËEgËeux Ëçteonnst
Apparue de manière endogène sur un vaste espace
s'étirant du Gujerat au Baloutchistan, la < Mésopotamie indienne ), comme on I'a aussi appelée, aura disoaru sans laisser de traces autres que des centaines de
iites archéologiques, dont les plui fameux sont ceux
de Mohenjo-Daro (province pakistanaise du Sind) et
de Harappa (province pakistanaise du Pendjab), fouillés dans les années 1920. Elle alégué une écriture qui
demeure à ce jour indéchiffrée. Sans cette clé, on reste
dans l'ignorance de son système politique et religieux
et donc impuissant à l'inscrire dans la généalogie des
foyers de civilisation qui ont tissé l'histoire de I'Inde.
La seule chose dont on soit sûr - grâce à l'étude
des sites de Mohenjo-Daro et de Harappa- est que ces
rives de I'Indus avaient enfanté une civilisation urbaine
sophistiquée. Construites en briques de qualité, les
villes étaient toutes dessinées selon le même plan : une
ville haute ou < citadelle >, où trônent des bâtiments à
usage collectif (tel un grand bassin), surplombait une
ville basse cuadrillée de voies standardisées (les artères
QUEL N{ÉRITAGE ?
ÉCRtfUnE Les habitants de l'lndus disposaient d'une
écriture pictographique. Quatre cents signes ou symboles
environ ont été identifiés sur les 4000 sceaux de stéatite
exhumés. Les inscriptions étaient courtes, avec en moyenne
six caractères. Elles étaient en général assorties de dessins
d'animaux (éléphant, bæuf, tigre, rhinocéros), Figurant
sur des sceaux voués à cacheter de la marchandise, elles
informaient sans doute sur les expéditeurs, les destinataires,
les produits. On pourrait y voir des logos commerciaux,
Mais l'énigme reste entière sur cette écriture, non déchitfrée.
Elle n'a rien à voir avec le sanskrit des Aryas. llhypothèse
selon laquelle elle se rattacherait à la famille dravidienne
(lnde du Sud) n'a pas reçu de validation scientifique,
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L'ATLAS DES CIVILISATIONS
étaient une fois et demie plus larges que les rues, lesquelles étaient deux fois plus larges que les allées). Le
dispositif d'évacuation des eaux usées était unique en
son temps. Une telle excellence dans la planification
urbaine nà pu être obtenue que par une fine maîtrise
du système de poids et de mesures . < Utilitarisme austère >, a commenté le grand indianiste britannique
Arthur Llewellyn Basham (dans la Civilisation de l'Inde
ancienne) en décrivant I'architecture de l'Indus. De
fait, les vestiges ne trahissent nul indice dârt monumental ou dèsthétique ostentatoire, un ( manque )
interprété par certains historiens comme le signe que
I'Indus ignorait la centralisation monarchique.
Ce genre de thèse n'est pas exempt du péché d'ana-
chronisme, comme celle qui croit deviner dans Ies
figures de I'art miniature de l'Indus - statuettes, sceauxdieux et déesses hindous. La seule thèse
admise est que cette civilisation, si floue sur les plans
politique et religieux, était un État commerçant. Lindice le plus manifeste de ce passé d'échanges - l'Indus
exportaitprobablement du coton et importait du métal
et des pierres précieuses - est la profusion de sceaux en
stéatite. voués à cacheter les ballots de marchandises.
Les biens circulaient fort loin : des sceaux ont été retrouvés sur des sites de Mésopotamie datant de 2 300 ou
2000 ans av. I.-C. Un tel commerce a enrichi les cités.
Le volume des maisons, même celles de la basse ville
populaire, témoigne d'une évidente prospérité.
les prémices des
Une
fin
UtrutaËe
et inexBiiquec
Est-ce 1à la clé du déclin de cette civilisation singulière ? LIndus a-t-il dépéri de sa dépendance au commerce ? Les raisons de sa brutale disparition vers
1700 av. J.-C. restent âprement débattues. La thèse
d'une submersion par les Aryas dévalant des plateaux
iraniens
ororr.ttàn.e de lâ mer Caspienne a connu
"n succès. Elle a été promue par des auteurs
un certain
d'Inde du Sud, hérauts d une autochtonie dravidienne
- dont serait issue à leurs yeux la langue de l'Indus prétendument martyrisée par le colonialisme aryen.
Mais cette thèse ne relève pas de la certitude scientifi.aue. Dâutres auteurs ont misl'accent sur des facteurs
climatiques ou telluriques. Enfin, une dernière explication, la plus plausible, met en avant une crise régionale du commerce. C'était l'époque or), à Babylone,
la dynastie akkadienne d'Hammourabi était emportée par les barbares kassites surgissant d'Iran et désorganisant les flux régionaux. Aryas ou Kassites, l'Indus
a strrement succombé au choc, ou à lbnde de choc,
de mouvements de pcpulation venus de I'ouest. $i