1 N`GOLA N° 9 EDITORIAL ASILE EN SUISSE : Les Angolais
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1 N`GOLA N° 9 EDITORIAL ASILE EN SUISSE : Les Angolais
N’GOLA N° 9 EDITORIAL ASILE EN SUISSE : Les Angolais passent à la défensive ! Les Angolais, longtemps considérés comme proie facile à l’instar d’autres communautaires africaines de Suisse, semblent non seulement prendre conscience de l’étendue de leur situation mais et surtout s’accrochent à saisir leur destin en main. Ils l’ont démontré le vendredi 9 août dernier, devant le Palais fédéral à Berne, lors de ce que l’on considère déjà comme la plus importante manifestation pacifique jamais organisée par des africains en terre helvétique, et ont conquis l’estime et le respect des observateurs, voire de la police qui n’avait rien à faire sinon admirer le spectacle. En effet, plus de 500 Angolais, selon notre décompte et entre 300 à 400 estimait la presse locale, ont exprimé haut et fort leur indignation quant à la levée de l’admission provisoire et par conséquent leur renvoi de la Suisse. « Ne nous renvoyez pas à la mort » pouvait-on lire sur l’une de banderoles interpellant la conscience non seulement des autorités mais aussi de l’opinion publique. Au cours de cette manifestation, l’Association des Angolais de Suisse, au nom de toute la communauté angolaise, a remis au Conseil fédéral un document de cinq (5) pages dans lequel, elle demande notamment le réexamen de la situation des demandeurs d’asile angolais déboutés. Le document qui souligne la portée historique et l’universalité du problème des réfugiés implore l’autorité fédérale à reconsidérer sa position en ce qui concerne la levée de l’admission provisoire et le renvoi des requérants d’asile Angolais de Suisse. L’Association a rappelé la funeste expérience de 1992, année au cours de laquelle de milliers d’Angolais refoulés étaient pris entre le feu croisé de l’armée du MPLA et des combattants de l’UNITA. Pour éviter que ne se produise une telle tragédie, la Communauté angolaise de Suisse a prié instamment les autorités fédérales à : renoncer à la levée de l’admission provisoire accordée aux angolais ; reconsidérer les mesures d’expulsion frappant les requérants d’asile déboutés ; réexaminer individuellement le cas de chaque requérant d’asile débouté au vu des éléments fournis par l’Association ; renoncer à prendre pour référence les accords dont l’application effective ne peut être humainement et matériellement exigible dans les conditions actuelles (à l’instar de l’accord-cadre entre le HCR et le Gouvernement angolais) ; définir et annoncer publiquement la position officielle du Conseil en ce qui concerne l’ensemble du problème des requérants d’asile Angolais en Suisse ; établir à terme un plan de réinsertion à l’image de celui élaboré en faveur des réfugiés bosniaques et, enfin, de renoncer à la politique de classement des Etats appelée politique de 3 cercles par le Conseil Fédéral qui s’est avérée préjudiciable pour les requérants d’asile Angolais qui, depuis plus de dix ans aucun d’entre eux n’a obtenu l’asile politique en Suisse. Bref, l’Association des Angolais de Suisse appelle enfin le Conseil fédéral à examiner l’ensemble du problème des requérants angolais de ce pays. Cette manifestation largement couverte par l’ensemble de la presse suisse, toute région linguistique confondue et au niveau international, et réalisée dans une ambiance bon enfant a été un succès sans précédent. Cependant, une question est encore posée aujourd’hui. Cette action, ô combien périlleuse mais inévitable dans des circonstances actuelles, ouvre-t-elle une nouvelle ère dans les relations de l’Association des Angolais de Suisse avec d’un côté l’ensemble de la communauté angolaise de Suisse et de l’autre avec les autorités et des organisations de défense du droit d’asile ? 1 En tout cas, la suite des événements nous le dira. Toutefois, les quelques éléments à notre disposition nous indiquent que l’on s’achemine inexorablement vers un tournant. Qui vivra verra ! Nicolau Makuntima, Orvin (BE). ACTIVITES DE L'ASSOCIATION L’ASSOCIATION ET SES 13 ANS D’EXISTENCE Voilà 13 années écoulées comme les statuts nous les confirment. L’Association des Angolais de Suisse a bien vécu, voire même survécu, malgré quelques défaillances connues avant sa résurrection en 1993. Une association morte nous disaient-ils. Certes, au niveau mental et physique répliquait-on. Car son âme existait encore. Une âme qui cherchait à ressusciter. Pour que cela arrive, il fallait suivre un traitement spécial et plus profond. Sans trop chercher ce traitement, il est apparu lors des massacres des Bakongos et d’autres ethnies à Luanda en janvier 1993. Ces massacres ont réveillé les esprits des Angolais, lesquels ont permis la résurrection de l’âme de notre association. Une association qui vivait dans la solitude à l’époque qu’elle appartenait exclusivement aux Angolais de Genève. Grâce à la volonté et aux nerfs d’acier des Angolais d’autres cantons ainsi qu’à quelques Angolais de Genève, cette association a été restructurée. Ce qui a permis son élargissement au niveau de toute la Suisse en faisant appel à tout Angolais sans discrimination aucune pour y adhérer. Avec nos maigres moyens, nous essayons d’éduquer aux membres ce qu’est la démocratie au sein de l’Association. Les trois élections réalisées lors des changements des membres au Comité Exécutif depuis la restructuration en 1993 le prouvent. Certes, il est tout à fait évident que la façon de travailler de chaque équipe du Comité Exécutif diffère. D’ailleurs, c’est si simple de le constater à travers les hommes qui sont passés à la tête de l’Association. Car, étant hommes, nous sommes tous différents les uns des autres. De toutes ces différences, il est facile de comprendre que le Comité Exécutif en exercice opte également pour un nouveau style. Notre but est de faire avancer le mieux possible les activités de l’Association afin d’atteindre les objectifs fixés et déterminés dans les statuts. La démocratie est souvent difficile à appliquer lorsqu’on n’a pas un cœur ouvert à tout le monde. Il y a tendance de ne pas relâcher le pouvoir mais, la démocratie nous l’oblige. Par ailleurs, en tant que membres, notre objectif est de contribuer ardemment et favorablement au bon déroulement de l’Association. Ce n’est pas avec l’esprit égocentrique qu’une association comme la nôtre, composée que des bénévoles, arrivera à pratiquer la démocratie et à réaliser ses fins. Au contraire, c’est avec le sacrifice de soi, l’esprit d’abnégation et l’amour du prochain qu’on y arrivera. Et, c’est grâce à ces principes, observés par plusieurs membres dévoués, que l’Association ne cesse d’évoluer. L’ouverture de la Section de Zurich, un canton qui contient un nombre assez important d’Angolais, et celle de Neuchâtel prouvent une fois de plus que l’Association fonctionne. La demande des Angolais du Jura et du Valais pour une ouverture des Sections confirme également que le Comité Exécutif en exercice fait son boulot. La célébration du 13ème anniversaire de l’association, celle qui n’a jamais été réalisée depuis une décennie, démontre que certains membres sont animés d’une farouche volonté pour l’édification de l’Association. Cependant, nous savons tous, et c’est inscrit dans les statuts, que le but de l’Association est de sensibiliser et d’unir les Angolais résidant ou séjournant en Suisse. Ce but ne peut être atteint lorsque tout angolais, en tant que membre de l’Association, joue son rôle comme il se doit. Or, nous avons toujours constaté que lorsqu’un Angolais s’engage dans l’Association ou y adhère c’est parce qu’il traverse momentanément une situation difficile. Nous l’avons 2 remarqué lors de notre assemblée générale du 22 juin tenue à Berne où plus d’une centaine d’Angolais ont participé pour la première fois à une telle réunion. Le seul mobile de leur présence était de savoir comment l’Association réagirait sur la levée de l’admission provisoire et le renvoi des requérants d’asile programmés par l’Office fédéral des réfugiés. Posons-nous la question de savoir combien d’angolais résident en Suisse et combien d’entre eux viennent aux assemblées générales. La réponse a été donnée le 9 août 1996 devant le Palais Fédéral à Berne où plus de 500 compatriotes angolais ont manifesté pour leur sort, ou plutôt pour notre sort. Donc, il est clair que nos compatriotes prennent conscience d’un problème lorsque celuici le touche personnellement. Un autre cas qui nous affecte particulièrement est celui des membres pionniers de l’Association. Nous constatons, depuis le début de notre mandat, une baisse sensible de participation de ces membres. Les explications sont difficiles à donner à ce sujet. Car, pour certains d’entre eux, ils disent être oubliés par le Comité Exécutif, car, les invitations qui leur sont adressées arrivent en grand retard qu’ils n’ont même pas le temps de s’organiser. D’autres, par ailleurs, se sentent exclus de plusieurs séances des préparatifs des activités de l’Association. Ces allégations, difficiles à digérer au niveau du Comité Exécutif, ne sont qu’un alibi. Nous savons que le président sortant, Monsieur Décant Keto Yama, nous avait rappelé l’année passée lors de son allocution prononcée devant tous les anciens dirigeants de l’association que « l’Association n’est pas et ne peut pas être un endroit où les débats d’idées doivent se transformer en règlements des comptes entre individus mais plutôt, un milieu où les idées sont soumises à la discussion pour faire jaillir la lumière, un milieu qui doit favoriser l’épanouissement mental de chaque membre, un milieu où chacun doit participer à l’édification de l’Association, cela directement ou indirectement au développement de l’Angola ». Monsieur Pedro Kiangebeni, Secrétaire à la Culture et Information, exercice 1994-1995, souligne que « l’Association est une école de la vie par laquelle on apprend à se connaître, à connaître les autres, à les supporter et à se respecter mutuellement... »(cf. N’Gola n°5 - janvier-mars 1995) Ces citations nous donnent matière à réflexion. Donc, si réellement, il existe un problème ou un malaise dans le fonctionnement de l’Association ou entre le Comité Exécutif et les Comités des Sections, il y a moyen de trouver des solutions. Mais, sachez bien que le véritable travail de l’Association doit se faire au niveau des Sections. Ces dernières, malgré qu’elles sont incluses dans l’association, sont autonomes ; c’est-à-dire, elles doivent s’organiser librement de la façon la plus efficiente pour mieux répondre aux préoccupations locales de leurs membres respectifs (cf. art.26 des Statuts). Combien d’assemblées que les Comités des Sections ont-ils déjà organisé cette année dans leurs cantons respectifs ? Pour conclure, nous ne pouvons progresser qu’avec la participation de tout un chacun sans distinction aucune. Soutenir un Comité Exécutif en exercice, c’est le critiquer. Critiquer, c’est proposer des éléments pour la bonne marche de l’Association et non détruire. Car, l'expérience que nous avons tous vécue entre 1989 et 1993, période à laquelle l’Association était à l’agonie, n’a profité à personne, au contraire, elle nous a donné matière à réflexion qui fait qu’aujourd’hui notre association se situe au niveau le plus haut de toutes les considérations. João Pedro 3 L’ASSEMBLEE GENERALE A BERNE : QUELLE AFFLUENCE ! La première assemblée générale ordinaire du mandat du Comité exécutif élu le 9 décembre 1995 pour un mandat de deux ans, 1996/1998, a eu lieu le 22 juin 1996 à Berne dans la grande salle du restaurant « Bürgerhaus » et a connu la participation massive d’au moins 100 personnes. Outre la routine qui veut que l’assemblée se prononce sur le procès-verbal de la dernière séance et des rapports semestriels du Comité Exécutif et des Comités des Sections ainsi que des programmes d’activités du second semestre, les membres et sympathisants présents à cette réunion ont également traité d’autres points essentiels à savoir: : l’élection des vérificateurs des comptes de l’Association, la création de la commission « Evénements de la vie », le projet de création d’un organe rassemblant les jeunes Angolais, et surtout le problème de la levée de l’admission provisoire et du renvoi des requérants d’asile Angolais décidés par l’Office fédéral des réfugiés. En fait, l’Assemblée générale a élu MM. Isaias Calengulo (Zurich), João Mazitu (Fribourg) et Pedrito Lucau (Berne) vérificateurs des comptes de l’Association pour un mandat d’un an non renouvelable. Quant aux projets de la création de la commission « Evénements de la vie » proposée par le Comité exécutif sortant lors de son rapport annuel présenté le 9 décembre 1995 à Fribourg afin de venir en aide tout membre dans le besoin vital et de la création d’un organe des jeunes, le premier a été refusé en demandant au Secrétaire aux Affaires Sociales d’assumer ses responsabilités, le second, en revanche, a été renvoyé à la Section de Berne qui en a pris l’initiative pour que le projet démarre sur des bases solides dans son canton. Le problème des requérants d’asile Angolais que tout le monde attendait et qui a pris du temps dans le débat s’est soldé par la décision de manifester devant le Palais fédéral à Berne. (La suite voir page «Spécial Renvoi des Angolais»). Dans le divers, la section de Zurich, nouvellement créée, a présenté une motion d’opposition concernant les résultats financiers présentés par le Comité Exécutif lors de la clôture de la fête de Zurich du 13 au 15 avril dernier à laquelle notre association avait été invitée par Mondial Contact. La motion acceptée par l’Assemblée a vu la formation d’une commission spéciale composée de Décant Keto Yama, Nsamu Mia-Kanda et Ntoni Mbambi de Fribourg ainsi que d'Esteves Ntimunsende (Berne) et de Pedro Buanga (Vaud) pour effectuer l’enquête sur le sujet. Il y a également une autre commission spéciale pour rencontrer nos frères et compatriotes de l’Association des Angolais Résidents en Suisse (AARS) en vue d’organiser conjointement la fête de l’indépendance de l’Angola, le 11 novembre prochain. Décant Keto Yama, Fribourg. OUVERTURE DES SECTIONS Le but de l’Association étant de sensibiliser les Angolais de Suisse afin trouver un cadre commun et identique d’entraide, de solidarité et d’échanges d’informations, notre association vient de donner encore naissance au cours de ces neuf mois à deux enfants que nous avons l’habitude d’appeler Sections. En effet, les Sections de Zurich et de Neuchâtel ont vu le jour successivement le 30 mars et le 31 août 1996 dans leurs cantons respectifs en présence des membres du Comité exécutif en exercice, des responsables des Sections et des anciens dirigeants de l’Association depuis sa restructuration. Après avoir brossé l’historique de l’Association, le président en exercice, M. Nicolau Makuntima, a déclaré officiellement la création et l’ouverture des sections de Zurich et de Neuchâtel. 4 De ce fait, les Assemblées constituantes de ces Sections ont nommé démocratiquement les responsables des Comités provisoires en attendant les élections qui ne seront organisées qu’après l’élaboration et l’approbation du Règlement d’ordre interne qui va régir lesdites Sections. Ainsi, ont été nommés pour la Section de Zurich, MM. Catoco Sozinho, Rufino Mukinisa Kipulo, Basilio Dino Noël, Nunes Biju Tando, Madame Paulina Nsunda et Madame Rosa Makaya Panzo. L’équipe provisoire de Neuchâtel, quant à elle, est composée de Sebatião Abel, Blaise Matumona Kabedi, Paulo Kembo, Emmanuel Matukanga, José Mbilu, Manuel Sozedio, Antonio Vieira et de Piscky Sanda Pasi Kato (ce dernier est un ancien membre du Comité exécutif, exercice 1993/1994). Les événements se sont terminés par des messages des parts et d’autres des pionniers de l’association suivis de la collation offerte par les hôtes. La commission de rédaction souhaite longue vie et persévérance à ces nouveaux nés. Décant Keto Yama, Fribourg. SECTION DE GENEVE : ENFIN, L’ENIGME EST RESOLUE ! Le 14 septembre dernier, le président de l’Association, Monsieur Nicolau Makuntima, a présidé l’Assemblée générale de la Section de Genève accompagné de son Etat-Major. Les anciens lieutenants, c’est-à-dire les anciens dirigeants du Comité Exécutif de l’Association ainsi que certains responsables des Sections ont également assisté à cette assemblée. Le but de l’assemblée était de résoudre l’énigme qui a longtemps persisté dans le fonctionnement de cette Section; c’est-à-dire trouver une solution pour l’élection d’un nouveau comité et l’organisation de l’équipe de football inscrite à la cinquième ligue du championnat genevois. Il faut cependant rappeler que le système collégial adopté par les Genevois le 22 mai 1994 pour faire fonctionner leur section s’est retrouvé en panne après une année. Le comité élu le 2 avril 1995 devrait restructurer la collégialité en se répartissant des tâches spécifiques parmi ses trois membres : MM. Jean Robert Sala Sasumuna (Présidence et Trésorerie), Dindanda Funumvuadio (Culture et Information) et Eduardo Lubanzadio (Sports et Loisirs). Malgré les dispositions qu’elles ont mise en place, ces trois personnes n’arrivaient pas à organiser des élections au terme de leur mandat. D’où une énigme, un blocus. On ne savait plus l’organe habileté de jouer un rôle. Certains membres attribuaient la responsabilité de ce blocus au Comité Exécutif qui ne réagissait pas devant cette impasse tandis que d’autres membres renvoyaient la balle à la Section de pouvoir résoudre le problème qui est le sien. Mais, après plusieurs contacts entre membres de l’Association, particulièrement entre membres de la Section de Genève, une solution était finalement trouvée : convoquer une assemblée générale de la Section dont la charge de l’organisation serait confiée à ce même Comité. Chose due, chose faite ! Ainsi, le jour J, deux points essentiels étaient à l’ordre du jour : l’élection du nouveau comité et des vérificateurs des comptes ainsi que l’organisation de l’équipe de football. Mais, il est très important de souligner que les membres du comité sortant dans leur rapport de fin de mandat ont reconnu faille et dysfonctionnement dans l’exercice de leurs fonctions. La cause: manque de communication entre eux et divergences de vue dans la prise des décisions. Afin que les linges sales soient lavés en famille, le président de l’Association a rappelé que Genève est le siège permanent, incontesté et incontestable, de l’Association des Angolais de Suisse. Donc, en tant que Section pilote, elle doit être exemplaire. Sur ce, les conditions étant 5 remplies, il a invité l’assemblée de procéder à l’élection du nouveau comité qui aura pour tâche dans ses débuts de revoir le système de collégialité. Ainsi, Madame Christine Kiangebeni et Messieurs Adão Mirano, Joaquim Nkidiaka, Eduardo Lubanzadio et Dindanda ont été élus membres du comité de la Section de Genève à l’unanimité par l’assemblée. Tandis que Messieurs Jean Robert Sala Sasumuna et Pody Mingiedi ont accepté les postes des vérificateurs des comptes laissés vacants par l’inactivité des prédécesseurs. Quant à l’équipe de football, les deux entraîneurs Manzambi Kuya Dems et Filipe Filho ont plaidé pour un soutien solide et permanent à cette équipe. Car, il est un moyen d’intégration et de communication tant pour les joueurs que pour les Angolais de Suisse. Très soucieux de l’impact que va produire cette équipe de football, le président de l’Association, Nicolau Makuntima, a encore rappelé que l’équipe appartient à l’Association des Angolais de Suisse. Donc, tous les membres et sympathisants de notre association doivent la soutenir. C’est à cette occasion qu’une commission de gestion de l’équipe a été créée afin de trouver les personnes pouvant former le Comité de soutien ainsi que les sponsors. Par ailleurs, les entraîneurs ont présenté un budget de 8'000 francs pour faire fonctionner l’équipe toute l’année. Pour l’instant, ils ont besoin d’au moins 3'000 francs. Qu’on se dépêche ! Cependant, avant de se disperser, l’assistance a eu l’honneur de visionner la cassette vidéo de la manifestation organisée par l’Association devant le Palais fédéral à Berne, le 9 août dernier, contre le renvoi des Angolais de Suisse. Décant Keto Yama, Fribourg. SAVEZ-VOUS QUE… Plus de 60 personnes (adultes et enfants), membres et sympathisants de l’association ont séjourné du 23 au 25 août 1996 au Chalet « Le Coutzet » à St. Cergue. L’ambiance était bonne enfant. Grâce à cette activité qu’on a découvert un compatriote qui habite la région depuis des années. Les Femmes Angolaises commencent à prendre à coeur leurs responsabilités et les rôles qu’elles sont tenus à jouer dans la communauté angolaise. Car, actuellement on retrouve trois femmes exerçant des fonctions dans les Comités des Sections. Il s’agit de mesdames Paulina Sunda et Rosa Makaya Panzo pour Zurich, tandis que Christine Kiangebeni pour Genève. Les Angolais de Fribourg ont assisté le 20 septembre, pendant deux heures, à une séance d’informations organisée conjointement par la Section de Fribourg et les juristes de Caritas dont le thème était : la procédure d’asile en Suisse et la situation des requérants d’asile déboutés. Ce qu’il faut retenir de cette séance est que Caritas n’est pas une instance de prise de décision en la matière. C’est une œuvre d’entraide qui soutient les requérants à faire valoir leurs droits d’asile auprès des organes tels que ODR, CRA, DFJP, TF ou Cantons. Mais, il faut aussi comprendre que l’issue de la procédure d’asile en Suisse est un véritable parcours de combattant. La Commémoration de l’indépendance de l’Angola sera organisée conjointement par l’Association des Angolais Résidents en Suisse (AARS) et notre Association le 23 novembre 1996 à Genève. Les Angolais des cantons du Jura et du Valais, membres de l’Association, se sont retrouvés ces derniers mois en séances préliminaires en vue d’ouvertures officielles des sections dans leurs cantons respectifs. Madame Christine Kiangebeni a obtenu son CFC en Aide Familiale avec succès. Monsieur et Madame Buanga ont célébré les 20 ans de leur mariage le mois d’août dernier. 6 SPECIAL RENVOI DES ANGOLAIS Les Angolais sont menacés de renvoi A peine les Albanais avaient-ils reçu un nouveau sursis à l’exécution de leur renvoi, début juillet, que l’Office fédéral des réfugiés (ODR) s’attelait à celui des Angolais. C’est ainsi qu’à partir du 11 juillet, l’ODR a écrit à bon nombre d’Angolais au bénéfice d’une admission provisoire (permis F) pour leur signifier son intention de lever ladite admission et procéder à leur renvoi. S’appuyant sur les accords de Lusaka du 20 novembre 1994 et sur la rencontre entre le président angolais José Eduardo Dos Santos et le leader de l’opposition armée l’UNITA - Jonas Savimbi, l’ODR estime que l’Angola « s’est engagé sur la voie d’une lente mais progressive stabilisation qui s’est confirmée jusqu’ici ». Se référant au HautCommissariat aux réfugiés des Nations Unies (HCR), l’Office fédéral conclut par le constat « qu’il n’existe plus, en Angola, de climat de violence généralisé », de telle sorte que les renvois sont dorénavant possibles. Comme il s’agit de respecter le droit d’être entendu, l’ODR offre aux intéressés la possibilité de se prononcer par écrit sur d’éventuelles objections qu’ils auraient à formuler à l’encontre de leur retour. Les Angolais, qui ont déjà fait usage de cette faculté, ont toutefois constaté que cela ne changeait en rien le point de vue de l’autorité fédérale et que des décisions formelles de renvoi étaient prises à la suite de cet échange épistolaire. Protestation L’Association des Angolais de Suisse a une tout autre appréciation de la réalité interne qui prévaut en Angola actuellement. Pour elle, les accords de Lusaka sont resté à l’état de papier, tout comme ceux signés par le HCR et le gouvernement de Luanda, le 14 juin 1995, prévoyant le retour des Angolais exilés dans les pays africains limitrophes. Sans parler des problèmes économiques, le pays est loin d’être pacifié. Des centaines de milliers de mines antipersonnels interdisent toujours l’accès à certaines régions et l’insécurité règne partout, y compris dans la capitale. Les mercenaires qui auraient dû quitter le pays y sont toujours et des milliers d’armes sont encore en main de civils non contrôlés des deux bords. Par ailleurs, les libertés fondamentales ne sont pas réellement rétablies et les partis d’opposition sont soigneusement tenus à l’écart des médias et de la vie publique. Dans ces conditions, l’association juge plus que prématurée la levée de l’admission provisoire et le fera savoir lors d’une manifestation devant le Palais fédéral le 9 août. Bruno Clément, Le Courrier de Genève du 27/28 juillet 1996. Le renvoi des Angolais est bel et bien programmé par Berne L’Office fédéral des réfugiés analyse systématiquement les dossiers des Angolais admis provisoirement en Suisse afin de procéder à leur renvoi. Il y a une dizaine de jours, l’Association des Angolais de Suisse révélait que l’Office fédéral des réfugiés (ODR) avait entamé mi-juillet le processus de levée de l’admission provisoire dont bénéficiaient jusqu'à présent les Angolais1. Les craintes de l’Association ne sont pas chimériques. En effet, ses informations sont confirmées par Vera Britsh, une des porte-parole de l’ODR contactées par téléphone. Si l’Office fédéral n’a pas décidé, pour l’instant, de procéder à un renvoi massif de tous les Angolais mis au bénéfice de l’admission provisoire (permis F) - soit 1192 personnes au 15 juillet - ses responsables ont toutefois établi, au début du mois de juillet, que, selon eux, « l’exécution du renvoi est exigible », les conditions internes prévalant en Angola démontrant que ce pays « s’est engagé sur la voie d’une lente, mais progressive stabilisation qui s’est confirmée jusqu’ici ». Analyse Systématique 7 S’il n’y a pas de renvoi global - « l’Angola demeurant un point chaud, il n’est pas près d’être remis sur la liste des pays « sûrs » exempts de persécutions », selon Mme Britsh - il n’en demeure pas moins que la direction de l’ODR a donné l’ordre aux services concernés de procéder à l’analyse systématique de tous les dossiers individuels des Angolais admis provisoirement, en vue de la levée de la protection provisoire. Cette étude au cas par cas vise 494 personnes, soit les célibataires et les couples sans enfants. Ainsi, près de la moitié des Angolais bénéficiant du permis F pourraient pâtir de l’appréciation politique générale de la situation actuelle en Angola par l’ODR. Ceux qui ne remplissent pas les critères d’un cas de rigueur personnelle ou d’une situation médicale délicate sont informés par lettre des int6entions de l’Office fédéral, qui leur permet de donner leur point de vue dans le cadre du droit d’être entendu. Les expériences récentes démontrent toutefois que les éventuelles objections formulées par les Angolais ne modifient pas l’appréciation de l’ODR qui, au 15 juillet, a déjà pris 92 décisions de levée de l’admission provisoire. Ces décisions sont susceptibles de recours, mais la CRA (Commission suisse de recours en matière d’asile) a, selon les informations à notre disposition, déjà rejeté trois de ces pourvois. L’Association des Angolais de Suisse est suffisamment inquiète de la décision fédérale pour convoquer le 9 août prochain à Berne une manifestation devant le Palais fédéral qui aura lieu dès 14 h. Pour l’Association, la situation interne en Angola est marquée par l’insécurité et l’instabilité. Ainsi, l’entrée en fonction du Gouvernement d’unité nationale qui était prévue pour juin dernier a été reportée au plus tôt au mois de novembre et, si les canons se sont tus, les forces gouvernementales comme celles des rebelles sont toujours sur le qui-vive, sans parler des armes disséminées dans la population civile. L’ODR apparaît relativement isolé dans son appréciation optimiste et reconnaît qu’il n’a pas eu de « contacts spécifiques » avec le Haut -Commissariat aux réfugiés (HCR) quant à la situation interne de l’ancienne colonie portugaise. Ce qui ne l’empêche pas, par ailleurs, de s’appuyer sur le HCR pour fonder son point de vue...... Bruno Clément, Le Courrier du 6 août 1996. ASILE : Manifestation à Berne contre le renvoi des Angolais Entre 300 et 400 Angolais ont manifesté vendredi à Berne devant le palais fédéral contre l’annonce de leur renvoi. L’Association des Angolais de Suisse demande un réexamen de la décision de l’Office fédéral des réfugiés (ODR) dans une lettre adressée au Conseil fédéral. « Ne nous renvoyez pas à la mort - n’oubliez pas les massacres de 1992 », pouvait-on lire sur les banderoles déployées sur la place Fédérale. Le but de cette manifestation et de la lettre adressée au Conseil fédéral est que ce dernier suspende les mesures introduites, a indiqué M. Makuntima, président de l’Association des Angolais de Suisse. La manifestation, autorisée, s’est dispersée après environ deux heures. L’ODR avait décidé début juin que le renvoi jusqu’alors inexigible des requérants d’asile angolais pouvait entrer en vigueur. « Les décisions de renvoi seront basées sur différents critères », a indiqué Vera Britsch, porte-parole de l’ODR. Des quelque 1230 Angolais admis provisoirement en Suisse, ceux vivant seuls ou en couple sans enfant, soit environ 500 personnes, sont les premiers concernés. Les décisions seront prises de cas en cas, a ajouté Vera Britsch. Les personnes touchées pourront par ailleurs faire valoir des problèmes de santé. Il leur est de plus toujours possible d’entreprendre une démarche juridique. Depuis 1992, la Suisse a tracé l’Angola de la liste des pays sûrs, a encore rappelé l’Association des angolais de Suisse. ATS, Le Courrier de Genève du 12 août 1996. 8 La jurisprudence est fin prête pour le renvoi des Angolais L’Office fédéral des réfugiés s’est assuré une jurisprudence favorable avant de décider le renvoi des Angolais. La boucle est bouclée. Le 21 juin dernier, la Commission de recours en matière d’asile (CRA) a rendu une décision définitive justifiant le renvoi de certaines catégories d’Angolais dans leur pays. Ce jugement ne pouvait qu’encourager l’Office fédéral des réfugiés (ODR), pour qui la situation dans le pays s’est suffisamment améliorée, à autoriser le refoulement d’environ 500 des 1200 Angolais réfugiés en Suisse au bénéfice d’une admission provisoire. Que le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés ne cautionne que les retours volontaires des réfugiés n’émeut pas les autorités fédérales. Que le pays ne soit pas « entièrement » pacifié, qu’il soit économiquement détruit et sanitairement délabré non plus. L’ODR et la CRA estiment que l’Angola est en marche vers une stabilisation, concrétisée par la signature d’accords entre le Gouvernement et la principale force d’opposition, l’UNITA. De récentes rencontres au plus haut niveau entre ces fractions conforteraient cette évaluation. Laquelle s’est traduit, au début juillet, par la décision de principe de l’ODR de lever l’admission provisoire de ces réfugiés - puisque l’exécution du renvoi serait désormais exigible - mais sans procéder immédiatement à leur refoulement massif. Toutefois, la machine est mise en route et, individuellement, 494 Angolais - célibataires et couples sans enfants verront leurs dossiers rouverts à cette occasion. La décision de la commission de recours est particulièrement importante, car elle fera jurisprudence dans ce domaine. Bétonnée dans sa position qu’un vrai requérant d’asile doit être personnellement persécuté, la CRA stipule « qu’une guerre civile, une situation insurrectionnelle, des troubles intérieurs graves, un climat de violences généralisées ne suffisent pas à justifier la mise en œuvre de la protection issue de l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme, tant que la personne concernée ne peut rendre hautement probable qu’elle serait visée personnellement - et non pas simplement du fait d’un hasard malheureux - par des mesures incompatibles avec la disposition en question ». Meurs toujours, on discutera après ! Pour les réfugiés de violence, en revanche, une protection collective peut être octroyée par la suisse, mais elle peut également être levée si une « possibilité de refuge interne au pays » existe, écrit la CRA. Dès lors, elle n’a de cesse de démontrer cette hypothèse. Mais les faits sont têtus et les juges doivent admettre, sur presque quatre pages, que la situation en Angola n’est pas vraiment stable. « Le processus de paix en Angola se déroule à un rythme plus lent que prévu en raison d’une méfiance invétérée entre anciens belligérants, de l’absence d’une volonté politique suffisante des principaux protagonistes d’honorer spontanément leurs engagements, des crises et divisions internes à chaque camp, de la poursuite de l’accaparement des biens publics [...] au profit d’une minorité de plus en plus réduite, et enfin de l’ancrage de pratiques de spéculation et de corruption à la tête de l’Etat ». Ce qui n’empêche pas la CRA d’écrire ensuite que « la situation militaire peut être considérée comme étant calme et stable, abstraction faite d’accrochages isolés ». Plus loin, on a le sentiment que la commission de recours se paie de mots : le Gouvernement angolais « envisagerait de faire proclamer prochainement une extension de la loi d’amnistie à tous les délits résultant du conflit angolais », se réjouit la CRA, avant d’avouer que « cela n’empêche toutefois pas que des policiers échappant au contrôle étatique procèdent encore à des arrestations arbitraires sous n’importe quel prétexte ». Dans la même phrase, la CRA écrit ensuite, sans craindre la contradiction, « qu’en dépit d’une authentique amélioration de la situation prévalant en matière de droits de l’homme, les assassinats, les enlèvements, les actes de pillage et d’extorsion, et les restrictions imposées à la liberté de circulation se sont multipliés, notamment en raison d’un contrôle insuffisant 9 d’éléments armés en surnombre et désœuvrés, de la formation de bandes locales et des retards dans la mise en œuvre du programme de désarmement de la population civile ». Sur le plan économique, les constations de la commission de recours sont du même tonneau. « Pays dévasté par 19 ans de guerre civile », « inflation de 600% », bureaucratie pléthorique et pénurie d’agents qualifiés » parsèment le jugement de la commission de recours. Pour admettre finalement que « le niveau de vie de la majorité de la population de 11 millions d’habitants atteint le strict minimum vital ». Et cela n’est pas près de changer : « la libre circulation des biens et des personnes, nécessaire au redémarrage de l’économie, se heurte à toutes sortes d’entraves (état déplorable des routes, ponts et autres ouvrages de génie civil, nombreuses mines disséminées dans le pays, quasi-racket organisé sur les routes par des troupes armées et attaques des bandits) ». Sur le plan sanitaire, c’est encore plus simple. « Les installations médicales sont délabrées et les conditions d’hygiène désastreuses »... En ce qui concerne Luanda, la capitale qui servirait justement de « refuge intérieur », la CRA constate qu’entre « 2 et 3,5 millions d’âmes y vivent actuellement dans des infrastructures construites pour environ 400 000 à 500 000 personnes ». En conclusion de ce déballage de la misère humaine, la commission de recours juge toutefois que « les garanties pour un retour au pays dans la sécurité sont suffisantes, à tout le moins dans la capitale angolaise et les grandes agglomérations côtières ». En particulier, « les conditions de vie à Luanda, caractérisée par des difficultés sérieuses, ne sont pas telles qu’il faille exclure de l’exécution du renvoi, pour des raisons humanitaires, les personnes célibataires, jeunes et en bon état de santé ». Pour conclure que « l’autorité de céans s’estime ainsi en droit d’exiger de la part du recourant le sacrifice tant personnel qu’économique qu’implique son retour dans son pays ». Il peut sembler hallucinant que des juges décrivant ainsi les conditions de vie et de sécurité dans un pays décident malgré tout d’y renvoyer environ 500 personnes. Il est encore plus préoccupant de constater que ce jugement du 21 juin de la commission de recours est antérieur à la décision de principe de lever l’admission provisoire de certains Angolais prise par l’autorité de première instance au début juillet. Il apparaît donc que l’ODR avait déjà transmis à la CRA sa documentation sur la situation en Angola et avait ainsi « testé » la réaction de l’autorité de recours au préalable. L’ODR a réussi le tour de force de s’assurer une jurisprudence favorable avant même d’avoir pris des décisions définitives en première instance. Le droit d’asile était déjà bien malade en Suisse, il semblerait que l’on soit maintenant passé à la pratique de l’euthanasie active ! Michel Schweri, Le Courrier de Genève du 14/15 août 1996 Manif angolaise Entre 300 et 400 Angolais ont manifesté hier à Berne devant le Palais fédéral contre l’annonce de leur renvoi. « Ne nous renvoyez pas à la mort. N’oubliez pas les massacres de 1992 », lisait-on sur des calicots. Dans une lettre au Conseil Fédéral, l’Association des Angolais de Suisse demande un réexamen de la décision de l’Office fédéral des réfugiés. Début juin, ce dernier avait décidé que le renvoi, jusqu’alors inexigible, de quelque 500 requérants d’asile angolais sans enfants pouvant entrer en force. Journal 24 heures du 10 et 11 août 1996. Témoignage d’une Sœur catholique La Sœur Denise Marie Baufle, responsable du service social de la Paroisse Notre-Dame à Lausanne et membre de l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR), a séjourné à Luanda du 25 juillet au 8 août 1996. De retour, elle a communiqué quelques nouvelles à l’Association dont nous prenons le soin de publier l’intégralité. 10 « Si l’on ne se bat pas à Luanda, la capitale, on ne peut pas pour autant dire qu’on y vive en sécurité. Quelques coups de feu la nuit laissent à penser qu’il s’y passe quelque chose... surtout lorsqu’on apprend la mort de deux membres de l’UNITA venus à Luanda pour une formation de gardes du corps. C’est aussi de nuit que deux enfants de 17 et 20 ans ont été tués. On recherchait leur père, membre de l’UNITA actuellement en Suisse. A Luanda la nuit tombe dès 18 heures : on m’a tout à fait déconseillé de sortir de cette heure. Les hommes d’ailleurs sont tous armés. Les autorités du MPLA elles-mêmes les auraient obligés à recevoir des armes. Ceux qui les ont refusées auraient été conduits au bord de la mer et exécutés. La ville est surpeuplée. Les réfugiés des provinces ne peuvent pas regagner leur village faute de moyens de communication. De temps à autre, il y a un avion pour Benguela ou pour une autre ville. Dernièrement, un missionnaire qui devait se rendre à Lubango a dû attendre plusieurs jours. Finalement, il est parti à bord d’un avion de la Croix-Rouge, c’est dire à quel point les voyages à l’intérieur du pays sont difficiles. La ville est souvent privée d’eau, d’eau potable en particulier. Des monceaux de déchets s’accumulent dans les rues. Avec la surpopulation, l’insalubrité engendre de nombreux clients pour les hôpitaux. La vision, le matin, des files d’attente devant la porte d’entrée de l’hôpital Josina Machel ne peut pas laisser indifférent : pas de sérum, pas de sang pour les transfusions, manque de médicaments et de matériel de pansement. Beaucoup de gens vivent dans la rue, des enfants surtout orphelins, mutilés... Trois visites au Ministère des affaires sociales, pour des raisons humanitaires, m’ont permis de constater que, malgré un très bon accueil, la préoccupation essentielle de ce service en ce moment est le désarmement, la démobilisation de 6.000 jeunes qu’on veut renvoyer dans leurs provinces respectives. Mais où aller quand on a perdu sa famille, sa maison. Comment vivre ? Le banditisme est souvent la seule issue. Lors d’une visite au HCR, j’apprends que c’est bien le Ministère des affaires sociales qui doit s’occuper des réfugiés et exilés rapatriés et non le HCR. Chaque maison ou entreprise qui en a les moyens assure sa propre défense, sa sécurité avec des gardes rétribués, mais les pauvres gens ne peuvent en faire autant, c’est-à-dire la toute grande majorité de la population. Ces personnes vivent les unes sur les autres dans de pauvres maisons ou cabanes lorsqu’elles ont la chance d’en avoir une. Je n’ai pas parlé de l’état des routes mais je ne voudrais pas conduire une voiture à Luanda et encore moins dans la campagne environnante. Il y aurait beaucoup de travail à faire pour améliorer la ville, mais il n’y a pas d’argent pour payer les travailleurs. Jusqu'à ce jour, 80% du budget national passait dans l’armement. Et pourtant, pacifiée et nettoyée, Luanda serait à nouveau une ville magnifique au bord de la mer ! » LU POUR VOUS Un meeting interdit par la force A Luanda, le premier rendez-vous public des partis d’Opposition Civiles (POC) - depuis l’apparition de ces partis en 1991 - est interdit par la force. Un meeting organisé par les 14 Partis membres du POC pour célébrer le cinquième anniversaire des accords de Bicesse n’a pas pu se tenir. La Police d’Intervention Rapide a interdit toute circulation aux particuliers et aux transports en communs. Seules, deux cents personnes sont parvenues sur les lieux. Le meeting s’est alors transformé en réunion dans la salle du cinéma Atlantico. Les POC souhaitaient parler de la situation économique dramatique que connaît l’Angola. Kwacha Unita Press (Internet), Bailundo, le 1 juin 1996 11 LIBRE OPINION Est-il opportun de tirer une conclusion sur le processus de paix en Angola ? La paix en Angola semble se bâtir. Tel est le constat de milliers d’angolais désespérés après vingt ans de guerre civile dans un pays où la victoire et la défaite n’ont jamais choisi leur camp. Mais, la tâche est rude pour y arriver quand il s’agit de rétablir la confiance entre la population d’une part et les politiques d’autre part. Hormis la confiance sans laquelle il est difficile de ramener la paix en Angola, certaines réalités du pays ne nous permettent pas encore de parler optimisme, notamment la détention incontrôlée d’armes par la population civile qui, pour certains, est le gage de leur propre protection face à ceux qui refusent de rendre les leurs et aussi face à la scène qui s’est passée après le refus des résultats des élections de 1992. Devant une telle réalité, la violence est loin d’être écartée et le processus de paix déjà fragile peut être torpillé. Toutefois, la violence ne peut être résolue que par le sacrifice de soi. Donc, il faudra faire reculer la haine et triompher la morale pour gagner cette bataille de paix. Dans le cadre des accords de Lusaka, un pas plus important vient d’être franchi. C’est celui de la formation des forces armées angolaises (FAA) après quinze mois d’impasse. Ce point est la clef de voûte du processus de paix ; et, nous pensons qu’il a été traité minutieusement en tenant compte de tous les détails. Si tel est le cas, les véritables bases ont été jetées en vue d’une armée solidement unifiée. Ainsi, force est de saluer cet effort et d’encourager les acteurs de la paix d’aller toujours de l’avant. Néanmoins, le prochain point culminant sera la réconciliation qui passera sans doute par un gouvernement d’union nationale. Contrairement aux élections anticipées de 1992, le gouvernement d’union nationale dans lequel sera représenté tous les partis politiques du pays permettra le rapprochement des uns et des autres. Animée jusqu’ici par le sentiment de haine et de méfiance, la population aura à se connaître, à se découvrir pour enrayer les préjugés que certains ont toujours portés sur les autres et aussi savourer le bien fondé de la paix. Au chevet de la paix, les acteurs doivent lutter pour la préserver ; c’est-à-dire, les intérêts nationaux doivent prendre le dessus sur les intérêts personnels. Dans cette perspective, il sera difficile sinon irréversible de passer du processus de paix au processus d’affrontement. Et, encore une fois, nous pouvons espérer à une paix solide et durable. Car, la finalité est d’éviter tout risque de dérapage et de préparer la population aux élections. Pendant ce temps, le peuple acteur et bénéficiaire de la paix aura l’occasion d’être en face des hommes politiques, de les découvrir à travers leurs propos lors des débats dans un système digne de démocratie. Partant de cette expérience, la population sera avertie et préparée pour sa cause. Les hommes politiques, quant à eux, n’auront plus d’autres alternatives que de mettre en pratique leurs capacités, leurs connaissances et leurs expériences pour se faire accepter. Toutefois, l’optimisme selon lequel ce processus est irréversible commence petit à petit à prendre place dans nos esprits. L’important est que le temps nous soit accordé afin que les perspectives se concrétisent en tenant compte de tous les détails. Par ailleurs, nul ne peut tirer une conclusion sur l’évolution de ce processus de paix, car il suit encore son parcours et, celui-ci est long. Bien que certains points des accords évoluent au détriment des autres, mais il est encore très tôt pour arriver à une conclusion.João Neto Maiamba « Lévy », Lausanne. 12 La méfiance sur le Protocole de Lusaka Les espoirs de paix qui avaient succédé à la signature d’un accord - accord de Bicesse en mai 1991 - qui avait beaucoup influencé une véritable réconciliation n’a pas duré. L’Angola n’a connu que seize mois de trêve. Les processus censés de ramener le pays sur la normalisation de la situation ont été bâclés : les combats ont repris, les plus violents et les plus meurtriers que jamais. Aujourd’hui, le protocole de Lusaka n’a pas beaucoup d’influence devant l’impasse politique, car, la méfiance réciproque entre les deux camps rend la paix en Angola fragile. Au niveau international, la paix passe par la stabilité du pays. C’est ainsi que la conférence des donateurs pour l’Angola qui s’est tenue à Bruxelles, fin septembre 1995, avaient rappelé aux Angolais que le versement des fonds ne s’effectuera que si les accords de paix sont respectés. Là aussi, on constate un signe de méfiance pour les angolais. Pour les américains, la raison essentielle en est le retard de plusieurs mois dans l’application du protocole de Lusaka. Selon quatre spécialistes américains, sur base des analyses et des opinions, sont arrivés à présenter la situation qui règne actuellement en Angola de la façon suivante : le règlement du conflit, la promotion de la démocratie, le droit de l’homme et le développement économique durable. La lenteur extrême de l’application du protocole de Lusaka. Il existe une méfiance extrême entre les deux camps qui résulte de la période des accords de Bicesse marquée par des transitions et des excès. Les deux camps doivent prendre des décisions difficiles sur le cantonnement, la démobilisation et le désarmement de leurs hommes. La présence des mercenaires en Angola. Force est de constater que l’ONU doit jouer sa carte pour prévenir la reprise des combats. C’est-à-dire, toutes les opérations prévues dans le protocole de Lusaka doivent être menées à terme pour parvenir à un véritable règlement du conflit. Dans le contexte d’insécurité, véritable enjeu politique, les deux parties ont le devoir de l’édification et de la consolidation de la paix en Angola, car, il y a vingt ans le droit de l’homme et la démocratie ont été ignorés, voire même le droit à la vie bafouée. L’application du protocole de Lusaka dans son intégralité contribuerait logiquement à la reconstruction mentale du peuple angolais enfin de sortir de l’univers de la guerre et de commencer à projeter l’avenir. Donc une véritable réconciliation nationale permettra de faire fonctionner un gouvernement d’unité nationale en parfaite harmonie qui aura comme objectif principal la formation des citoyens angolais. Références : Afrique-Asie, décembre 1995 et janvier 1996 Africa International, janvier 1996. Emmanuel Dias Mabanza, Genève. La crise sociale en Angola Pour la majorité des citadins, la préoccupation dominante est de survivre, de se nourrir. La reprise des combats après l'échec de la démocratisation en 1992 a porté un coup fatal au commerce et à l’agriculture. Elle a encore affaibli la base industrielle et déversé sur les routes des centaines de milliers de nouveaux réfugiés. Les grèves touchent presque tous les secteurs de l’économie, y compris l’enseignement. Des nombreux fonctionnaires n’ont pas été payés depuis des mois et les salaires sont noyés par des fortes dévaluations. Un professeur d’université, par exemple, gagne 25 dollars par mois, un fonctionnaire 3 dollars, une infirmière 1 dollar. Les intellectuels désertent le secteur public pour se faire embaucher dans 13 les organisations internationales où le paiement s’effectue en devises et où ils peuvent gagner cent fois plus. L’université travaille au ralenti, des facultés sont fermées, d’autres ne fonctionnent qu’à temps partiel. Le pays a perdu une génération d’intellectuels et est incapable de former la prochaine génération. L’histoire de Chianga, l’institut de recherche agricole, de renommée internationale, qui se trouve dans les faubourgs de Huambo, illustre cette déchéance. La ville était conquise par l’UNITA en 1993, après un siège de cinquante-cinq jours, et M. Jonas Savimbi avait vécu dans ce campus jusqu'à novembre 1994. Déjà ravagé, le centre était ensuite pillé par les troupes gouvernementales lors de la reconquête, puis par la population, qui cherchait désespérément des moyens de survivre et qui volait les revêtements de bois des murs, le mercure des thermomètres et le mobilier. Des livres précieux étaient mis en vente sur le marché et n’étaient récupérés que grâce à la visite d’une scientifique de passage dans la région. La guerre, la libéralisation de l’économie imposée par le Fonds Monétaires International (FMI) et la Banque Mondiale, et l’incompétence des dirigeants, ont contribué à l’instauration d’un capitalisme sauvage et aveugle. Dans la province de Lunda Nord, à la frontière du Zaïre, règne une situation d’anarchie, alors que les diamants sont extraits en quantité industrielle par des intérêts français, britanniques et sud-africains protégés par une alliance entre l’UNITA et des soldats - en rupture de ban ! - de l’armée gouvernementale. A Luanda, la corruption de la classe politique et d’anciens officiers est ostentatoire. « Toute la population essaie de s’adapter à une économie nouvelle et déformée, sans mécanismes de contrôle. Utiliser de l’influence pour devenir riche est devenu la règle des affaires. Dans l’armée, les officiers peuvent faire des affaires dans la mesure où elles sont légales, mais je ne peux accepter qu’ils volent les richesses de l’Etat » souligne le général de Matos. Des nouveaux restaurants, des embouteillages des voitures neuves, des îlots de cimetière des voitures abandonnées ou n’étant plus en mesure de rouler et une fièvre de construction forment un terrible contraste avec les enfants des rues, les mutilés dans leurs vieux uniformes militaires et des mendiants presque nus aux plaies ouvertes. La publicité à la télévision et à la radio offre à la nouvelle bourgeoisie un moyen d’évasion en vantant les cuisines dernier cri ou les voyages en Afrique du Sud. Les crimes se multiplient. La police, rongée par la corruption, est impuissante à réagir. Dans les campagnes, le système de santé s’est effondré. La tuberculose, la malaria et la maladie du sommeil se répandent partout. Pourtant des nombreux médecins travaillent dans les services des Nations Unies comme téléphonistes, chauffeurs ou interprètes. Vingt ans d’efforts pour la construction d’une entité nationale sont ainsi mis à bas. La crise des cadres et la disparition de toute morale sociale sont les deux principaux maux de l’Angola. Le pays s’habitue à vivre dans le cynisme et les incertitudes. José do Rosàrio Agostinho « GATO » Association des Angolais Résidents en Belgique - « Mãos Abertas ». Sommet constitutif des pays de langue portugaise Tenu dans la capitale portugaise, Lisbonne, le 17 juillet 1996, le sommet constitutif des pays de la langue portugaise avait réuni les chefs d’Etat, chefs de gouvernement et ministres des affaires étrangères des pays lusophones d’Afrique, d’Europe et d’Amérique. Ce sommet avait pour cadre de mettre en évidence la naissance de la Communauté des Pays de la Langue Portugaise (CPLP) et de signer l’acte constitutif de la communauté. Après l’ouverture du sommet par le président portugais, le Docteur Jorge Sampaio, les chefs d’Etat de différents pays, à l’exception de la république de São Tomé et Principe, représenté 14 par son premier ministre, ont prononcé respectivement leurs discours rappelant les différents problèmes et les liens qui existent entre leurs pays ainsi que l’importance d’une telle organisation. En présence de plusieurs personnalités dont des représentants des organisations internationales et non gouvernementales, les ambassadeurs et diplomates accrédités dans les pays de la communauté, le premier ministre portugais, l’ingénieur António Guturres, a dit aux participants que la langue portugaise n’était non seulement la leur mais aussi celle des autres pays membres de la communauté lusophone dont le rôle est de repousser hors de leurs frontières l’anglais et le français, de promouvoir le développement de la langue portugaise dans les pays respectifs, de consolider les liens existants entre eux afin de résoudre d’une manière communautaire leurs problèmes. Le premier secrétaire exécutif de la communauté qui n’est autre que l’ex premier ministre angolais, Marcolino Moco, a donné un bref aperçu sur les voies et moyens de la communauté en soulignant le montant alloué par le Portugal et le Brésil pour faire fonctionner celle-ci dans un premier temps. Parmi les allocutions prononcées par des nombreuses personnalités, celle du secrétaire général adjoint de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) avait attiré notre attention, car, il a fait allusion à la phase d’irréversibilité qu’atteint le processus de paix en Angola. Peu après ces allocutions, le président portugais a clôturé la cérémonie qui a été suivie d’un dîner offert par le premier ministre en l’honneur des invités. Nous avons salué l’initiative selon laquelle la Communauté des Pays de la Langue Portugaise (CPLP) a vu le jour. Néanmoins, cela aurait pu venir plus tôt comme fut le cas de la francophonie. Aussi l’attente a été si longue que l’influence de l’anglais s’est fait sentir au Mozambique avec comme conséquence son entrée au Commonwealth. João Neto Maiamba, Lausanne. Les Requérants d’asile Angolais pris au piège par les accords de Lusaka Le drame qui touche actuellement les requérants d’asile angolais à propos de leur renvoi de Suisse, pays fondateur de la Croix-Rouge, considéré comme terre d’accueil et terre d’asile, oblige ces requérants de vivre dans l’angoisse. Aujourd’hui, la Suisse est devenue terre de renvoi. Les requérants ne comprennent plus pourquoi les autorités suisses qui, après les accords de Bicesse en 1991, ont vu à la télévision des poignées des mains qui ont conduit l’Angola à des violences fratricides, à de nombreuses morts. Ces accords, ces poignées des mains n’ont pas empêché la destruction du pays en 1992. Autant de morts en quelques mois que l’histoire de la libération de l’Angola ait connue en plusieurs décennies. En 1996, nous nous retrouvons dans la même situation. Les Angolais sont de nouveau menacés de renvoi, certains ont été déjà renvoyés, sans qu’il y ait une concrétisation sur le terrain des récents accords de Lusaka. L’ONU et la communauté internationale reconnaissent que l’application du processus de paix déterminé par les accords de Lusaka a pris beaucoup de retards dans plusieurs domaines : la formation du gouvernement d’unité nationale qui devrait avoir lieu en juin 1996 est reportée à novembre ; la libre circulation des personnes et des biens n’est pas appliquée dans le fait (certaines régions sont inaccessibles non seulement par manque de moyens de communications mais surtout en raison des mines disséminées presque partout et des conditions imposées par les parties qui contrôlent encore ces régions) ; la population civile est encore armée (seulement à Luanda, environ 700 000 armes sont entre les mains des civils. Le gouvernement n’a pas encore trouvé une solution pour désarmer ces civils. Ce qui prouve qu’il règne encore une insécurité totale dans le pays) ; le principe d’un 15 Etat de droit et de liberté n’est pas respecté ; et, tant d’autres éléments prévus par les accords de Lusaka ne sont pas encore mis en application. Lorsque la Suisse veut aller très vite en besogne alors que le processus de paix va très lentement, on ne peut se passer de Monsieur Jean de la Fontaine et de sa fameuse fable « le lièvre et la tortue ». La tortue ayant gagné son pari en respectant son rythme. Et, si la Suisse faisait autant, de nombreuses vies seraient épargnées. Pedro Alves Buanga « Kiaku-Kiaku », Lausanne. POESIE – POESIA NUMA ESTRADA Encontrei-me com ele Olhar perdido Nas nuvens Não me quis olhar de face A cabeça baixa Estou em frente dele Mas ele não me vé Não quer ver-me Tinha o olhar cru Do ódio assassino No mais profundo do seu ser Ofereci-lhe um sorriso Como a flor oferece a sua graça Pela manhã Ao nascer do sol Alfonso Sadi, Genève. MENINOS DA RUA Moro num lugar impróprio Num bairro vestido de ódio A luz, uma menina atrasada A água, senhora há dias faltosa Moro onde termina a saúde Vivo onde começa a doença A morte amanhece cedo A vida nunca é vida Cada quina perturba o pensamento A certeza do sofrimento no olhar tento Delgado como junco, dormitam no cimento E tudo que é negro parece tormento Nas frias noites grisalhas, o resonar Confundem tormentos aquece o hálito Os sonhos são apenas pesadelos Adormecem o pensamento, escondendo pranto 16 Ao acordar, a manha não há lugar ao pranto Sonham numa manhã sem lamento E a rua, não como convento. Na rua, à todo momento, buscam, sonham, Comungam, o mesmo sonho. João Bunga « Jeannot », Lausanne. MEDO Tenho medo de viver sozinho Quem tém a coragem de vir comigo No meu combate Sinto medo de não ser compreendido Medo de partir sozinho Quem quer vir ao meu lado Para percorrermos juntos este caminho Tenho medo dos meus Que não hesitarão em me trair Por uns miseráveis tostões Enfim, tenho medo De morrer sozinho Quem quer vir comigo Na minha Tumba. Alfonso Sadi, Genève. ANANGOLA Não consigo dormir às noites, sò pensar ANGOLA SAUDADES Até agora, sò saudades Com fome, sofrimento, temos ANGOLA Entendámo-nos Em ANGOLA hà filhos de ANGOLA Aonde vamos ? Em ANGOLA hà muita fome Em ANGOLA hà muito sofrimento. Onde é que jà ouviram que ANGOLA é rica ? Agora porquê que estamos nos matar ? Por causa da verdade, muitos jà morreram. Os filhos de ANGOLA choram Muitos desapareceram Os filhos de ANGOLA esperam Muitos sofrem Os filhos de ANGOLA rezam, l 17 amentam Muitos fugiram Os filhos de ANGOLA estão a pensar o seu dia O dia da PAZ PAZ verdadeira, onde jà não haverà o ódio, E onde todos viverão como verdadeiros irmãos. José do Rosàrio Agostinho « GATO », Bruxelas. MUSIQUE Evolution de la musique angolaise En attendant de réinventer un air nouveau... (Première partie) Les sources pour une nouvelle création musicale sont si nombreuses que les artistes angolais feront mieux de puiser dans l’histoire populaire angolaise même. Les vrais créateurs ne s’inspirent qu’après avoir subi un choc dans leurs vies. Ce qui les motive à un dépassement de soi dans tout ce qu’ils vont entreprendre. Cela est vrai dans tous les domaines, singulièrement dans le domaine de variété musicale où, les plus belles chansons d’amour sont celles qui racontent les plaintes, la mélancolie ou tout autre sentiment. La musique angolaise a traversé une mauvaise période due à une situation de guerre atroce. Une nouvelle ère commence pour la jeune génération d’artistes qui doivent prendre la relève. Que de chemins restent à parcourir ! En fait des influences musicales extérieures, il existe aussi une influence intérieure sur l’évolution de ce courant musical angolais. Les artistes ont souvent cherché à préserver l’identité culturelle de leurs origines sociales. A travers les langues nationales, l’identité artistique s’est greffée afin d’éviter des pâles copies artistiques. Parallèlement, la recherche musicale a permis aux musiciens angolais de s’ouvrir aux rythmes extérieurs afin d’enrichir le patrimoine culturel du pays. Mais certains d’entre eux ont vite compris que le salut, et surtout, la richesse de leur répertoire ne peut venir que du terroir original, c’est-à-dire, le village natal, la culture régionale, véritable source d’inspiration. Alors, lors des vacances au pays, pour les exilés, ou alors à l’occasion des tournées, pour les artistes locaux, la redécouverte de la richesse culturelle du pays profond, va donc permettre d’ajouter un plus à ce qui manque. On dépouille les thèmes d’antan et on essaye de l’habiller pour faire une œuvre personnelle. Il faut parcourir des kilomètres pour trouver une exclusivité musicale. Alors, au cours des fêtes du village ou des festivités locales, et au hasard d’une visite ou d’une conversation, c’est la « découverte ». Quelle heureuse surprise ! Quelles retrouvailles avec la culture profonde de ses ancêtres ! Il faut ajouter aussi, que les villages africains sont souvent des greniers à souvenirs ou des cultures. On s’enrichit avec bonheur. Sinon, c’est encore un point de ressourcement. C’est aussi pendant la fête du village que l’on découvre le véritable sens de la musique traditionnelle. Les tam-tams ou les tambours, et autres instruments traditionnels dévoilent leurs nids à rythmes. Il existe des grandes oeuvres musicales dans les chansons africaines en général et singulièrement dans les chansons angolaises, et dans toutes les langues nationales, Kimbundu, Umbundu, Kikongo, Kwanyama, Tshokwé, etc... Cette richesse dans le folklore angolais reste encore largement inexploité. Les artistes le savent. Avec une situation politique qui s’améliore et la stabilité du pays qui se concrétise de jour en jour, c’est certain que la musique angolaise a encore sa chance de s’imposer tant sur le plan 18 national qu’international. Les talents ne manquent pas parmi les artistes de ce pays. Déjà, au début de cette décennie, on a noté la production musicale en nette progression avec des artistes tels qu'Eduardo Paim, ou encore VumVum Kamusasadi. Tous deux résident en Europe. L’un, au Portugal, tandis que l’autre, en Allemagne. Ils ont sorti entre 1990 et 1995, deux albums de grande qualité. Eduardo Paim a subi une forte influence cap-verdienne et antillaise, (son deuxième album sorti en 1995 confirme encore plus cette influence) ; tandis que pour VumVum Kamusasadi, c’est la musique du terroir teinté de quelques doses de musique brésilienne. Les deux exemples sont révélateurs de cette recherche musicale qui fait défaut actuellement à la musique angolaise. On peut la juger sur le dernier album de VumVum Kamusasadi et qu’il a intitulé « MuzAngola ». Sur celui-ci, il se tourne vers sa terre natale et cite des références à la culture mbundu. A Luanda, des jeunes musiciens se ruent de plus en plus sur des anciens vynils afin de tirer le maximum sur la musique d’antan pour leur répertoire musical. Pendant une décennie, la chanson angolaise se cherchait. Aujourd'hui, la maturité est là, et tout semble indiquer que le chemin est tracé et il ne reste plus qu’à le suivre sans se détourner. (A suivre...) Alfonso Sadi, Genève. CARNET SPORTIF Le baptême de l’équipe de Football de la Section de Genève Dans notre dernière édition (N’Gola n°8), nous vous avons annoncé d’éventuelles démarches entreprises par la Section de Genève pour affilier une équipe de football composée d’Angolais de ladite Section à l’Association Suisse de Football. En effet, le rêve est réalisé. Le Football Club N’Gola, comme on l’intitulait dans les années 80 est ressuscité. Grâce à la détermination des anciens et dirigeants de la Section de Genève, il est inscrit dans l’Association suisse de football, plus particulièrement dans l’Association Genevoise de Football, pour disputer le championnat de cinquième ligue. C’est avec le concours de la commune de Vernier que notre équipe de football a eu accès à ce championnat. Considérée comme la quatrième équipe de la commune, elle évolue dans ce type de championnat sous l’appellation officielle de Vernier IV. Cependant, nous devons signaler que le premier match du championnat a eu lieu le 1er septembre dernier. Notre équipe a subi une défaite sans appel de 6 buts contre 4 en faveur des visiteurs Colonie Geneva II. Ce premier match qui est considéré comme un baptême a connu l’assistance des membres du Comité exécutif de l’Association des Angolais de Suisse, à l’occurrence, MM. Nicolau Makuntima, président, Pedro Martins Koko, Secrétaire aux sports et Loisirs, et Pedro João, Secrétaire à la Coordination des Sections ainsi que des membres de la Section de Genève. Selon les membres qui ont assisté à ce match, l’équipe angolaise a bien joué dans l’ensemble. Mais, il lui manque du punch et de l’endurance par le fait qu’elle revenait au score chaque fois qu’elle était menée. De ce fait MM Dems Manzambi Kuya et Filipe Filho, respectivement entraîneurs titulaire et adjoint, sont d’ores et déjà avertis afin de mieux faire pour la prochaine fois. Et, les prochains rendez-vous du championnat sont fixés aux dimanches 8 et 15 septembre contre USIAZZURRI II et IRMANDE GALEGA II. Décant Keto Yama, Fribourg. Ndlr. Au moment où nous mettons sous pression ce numéro, les résultats des rencontres contre les portugais d’Usi-Azzurri II est d’un but partout tandis celle contre Irmande Galega II s’est soldée par 14 buts à 1 en notre faveur. Décidément l’équipe angolaise de Genève commence à retrouver ses marques. 19 Tournois Africains de Football : Enfin ! Les Blacks-Stars de Fribourg se réveillent. La communauté africaine sportive de Suisse s’est retrouvée à deux reprises cette année, le 29 juin à Monthey (VS) et le 10 août à Berne, pour célébrer respectivement les anniversaires des indépendances du Zaïre et de l’Angola. A ces grands meetings de football où il n’y a plus besoin de le rappeler aux africains du fait que toute communauté africaine (hommes et femmes, adultes et enfants) en a déjà pris l’habitude de s’y rendre et d’y participer, toutes les douze équipes représentants 12 cantons étaient présentes. Mais, il est à noter que la Fraternité Sportive Africaine, une équipe jumelée de Vaud et du Valais que les responsables appellent « équipe de la région Chablais » a brillé de son absence lors du second meeting. Les raisons invoquées, c’est l’organisation interne (sic !) alors qu’elle venait d’organiser pour la première fois de son histoire le premier tournoi grand chelem en espace d’un mois. En ce qui concerne les finales des matches, la dix-septième édition du tournoi commémorant le XXXVIème anniversaire de l’indépendance du Zaïre a connu le triomphe des Blacks-Stars de Fribourg devant la Fraternité Sportive Africaine sur un score serré d’un but à zéro. Tandis que la sixième édition du tournoi célébrant le XXIème anniversaire de l’Angola a vu l’exploit de Football Club de Berne face aux Blacks-Stars de Fribourg sur un score de 2 buts à 1 après prolongation. C’est la mort subite décidée par la FIFA qui a trahi l’équipe de Fribourg. Toutefois, il est très important d’encourager cette équipe de Fribourg qui était restée longtemps dans l’ombre. Car, il y a plus de 6 ans qu’elle n’avait plus retrouvé le niveau qui était le sien. Grâce à la politique de rajeunissement prôné par le comité et le travail de longue haleine fourni par le duo Désiré et Salomon, respectivement entraîneur et coach, cette équipe peut espérer remporter d’une manière affilée toutes les coupes des prochains tournois comme elle a fait dans les années 80. Du côté palmarès, les Blacks-Stars de Fribourg viennent de prendre trois longueurs d’avance par rapport à ses bêtes noires Genève et Lausanne en ce qui concerne le tournoi du Zaïre. Quant au tournoi de l’Angola, la cotation est très serrée malgré l’envol de Berne. Mais, dans cette compétition, Fribourg doit encore fournir des gros efforts afin d’offrir prochainement à ses fans le trophée du tournoi de l’Angola qu’une grande équipe comme elle n’a jamais remporté. Il est à souligner qu’à trois reprises les Blacks-Stars de Fribourg sont arrivés en finale du tournoi de l’Angola, qu’à trois reprises ils l’ont perdu. Décant Keto Yama, Fribourg. PALMARES DES TOURNOIS organisés pour commémorer l'indépendance du Zaïre Vainqueurs Années Fraternité 1991 Fribourg 1983-1984-1985-1987-1989-1990-1996 Genève 1980-1981-1993-1995 Lausanne 1982-1986-1992-1994 Lucerne 1988 organisés pour commémorer l'indépendance de l'Angola Vainqueurs Années Bâle 1991 Berne 1992-1996 Fraternité 1994 Genève 1993 Lausanne 1995 20