Le dossier de presse
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Le dossier de presse
Version Originale/Condor présente ENEMY un film de Denis Villeneuve Durée : 1h30 Sortie 27 Août Distribution Version Originale / Condor 40, rue de Paradis 75 010 Paris Tél : 01 45 23 46 39 [email protected] Presse Laurence Granec – Karine Ménard 92, rue de Richelieu 75 002 Paris Tél : 01 47 20 36 66 [email protected] Matériel presse téléchargeable sur le site : www.vo-st.fr/prochainement L’histoire Adam, un professeur discret, mène une vie paisible avec sa fiancée Mary. Un jour qu'il découvre son sosie parfait en la personne d’Anthony, un acteur fantasque, il ressent un trouble profond. Il commence alors à observer à distance la vie de cet homme et de sa mystérieuse femme enceinte. Puis Adam se met à imaginer les plus stupéfiants scénarios... pour lui et pour son propre couple. Les Origines d’Enemy Après avoir convaincu José Saramago de lui céder les droits de L'Aveuglement pour en tirer un film, le producteur Niv Fichman a sollicité l'écrivain, Prix Nobel de littérature, pour les droits d'un autre de ses romans, L'autre comme moi. Sans hésiter, Saramago a accepté et Fichman s'est alors attelé à la transposition du livre. À l'époque, le producteur travaillait avec le scénariste Javier Gullón sur un autre projet, et cherchait depuis longtemps un projet à confier à son ami Denis Villeneuve. "Nous sommes très liés, et j'ai toujours été convaincu qu'il était un réalisateur brillant", confie Fichman. "Je pense qu'il a compris instinctivement que j'accompagnerais et encouragerais sa démarche artistique". "À la fin d'INCENDIES, j'ai appelé Niv et je lui ai dit, "Parfait, c'est maintenant ou jamais – il faut qu'on trouve un projet sur lequel collaborer tous les deux'", se remémore Villeneuve. "Il venait d'acquérir les droits de L'autre comme moi de Saramago. En lisant le roman, j'ai éprouvé un puissant sentiment de vertige. Le vertige est toujours associé à mes pires cauchemars, mais il m'attire constamment de manière inexplicable. La perspective d'explorer l'identité d'un être en rapport avec son intimité me passionne. Le regard de Saramago sur les faiblesses humaines et la vulnérabilité de la civilisation est incomparable. Son merveilleux sens de l'humour et son intelligence légendaire m'ont toujours profondément ému. En refermant le livre, j'ai su immédiatement qu'il s'agirait du sujet de mon nouveau film. » L’auteur du roman Jose Saramago (1922-2010) est le seul écrivain lusophone lauréat du Prix Nobel de Littérature. Il s'est d'abord fait connaître dans le monde grâce au Dieu manchot et L'Aveuglement qui a donné lieu à une adaptation au cinéma en 2008 signée Fernando Meirelles. L'autre comme moi est le 23ème roman de José Saramago : il a été publié en 2002 sous le titre original O Homem Duplicado, qui signifie littéralement "L'homme dupliqué". Plébiscité par la critique il a été publié dans 27 pays. L'ouvrage s'est vendu à 70 000 exemplaires aux États-Unis : Saramago aurait eu l'idée du livre alors qu'il se rasait un matin et qu'il se regardait dans le miroir. "Pour moi, un scénario et un roman sont deux œuvres totalement distinctes, mais nous nous sommes efforcés de rester fidèles à l'esprit du livre", explique Javier Gullón. "En lisant une phrase écrite par Saramago, on sent qu'il joue avec les mots d'une main de maître. Il sait manier le verbe et c'est une vraie source d'inspiration." Contrairement à la précédente adaptation de Saramago, BLINDNESS, l'écrivain ne pourra jamais voir cette nouvelle transposition. En effet, il est décédé à l'été 2010, bien avant le tournage du film. Jake Gyllenhaal, le double parfait " Ce qui me séduisait, c'était la possibilité de collaborer avec un nombre restreint de comédiens et de pouvoir leur consacrer pas mal de temps pour travailler la mise en scène avec eux ", explique Denis Villeneuve. "Dès que le nom de Jake a été évoqué, on s'est immédiatement rendu compte que c'était l'acteur qu'il nous fallait", se souvient le producteur espagnol Miguel A. Faura. "C'est non seulement un comédien extrêmement doué, à même d'exprimer toutes les nuances de jeu exigées par ce double rôle, mais il a toujours témoigné de son amour de l'art et du cinéma dans chacun de ses films. Quand il nous a donné son accord, on était conscient d'avoir de la chance et on était rassuré sur la qualité intrinsèque du projet". "Je recherchais quelqu'un avec qui je puisse m'entendre sur le plan artistique et échanger", déclare le réalisateur. "J'ai découvert chez Jake un être d'une grande intelligence et créativité. Il avait un point de vue magnifique sur les deux personnages. C'est formidable pour un metteur en scène de pouvoir se laisser guider par son acteur principal, plutôt que d'avoir à lui dire quoi faire. J'adore ça". "Avant tout, je tenais à tourner dans ce film parce que je trouve que Denis Villeneuve est un cinéaste extraordinaire", s'enthousiasme Gyllenhaal. "J'ai été totalement captivé par ce formidable scénario qui permettait à Denis d'aborder un sujet intéressant de manière originale. Quand j'ai fait sa connaissance, et qu'on a parlé du film, son point de vue sur le matériau de départ et sa vision du projet dépassaient de loin le contenu du scénario". Jake Gyllenhaal a dû incarner deux personnages que tout oppose et qui, chacun, prend part à la vie de l'autre. Comme on peut s'y attendre, il s'agissait de trouver l'équilibre – exercice délicat – entre ce qui rapproche et ce qui sépare les deux personnages. Le réalisateur et son comédien ont convenu, en amont du tournage, que les différences entre Adam et Anthony seraient particulièrement ténues. "Il y avait plusieurs manières d'aborder ce film et, à mon avis, la plus difficile, et sans doute la plus intéressante, consistait à rendre Adam et Anthony aussi proches l'un de l'autre que possible", souligne Gyllenhaal. "On aurait pu faire en sorte que l'un porte la barbe, et l'autre pas, ou encore que l'un parle avec un drôle d'accent, et l'autre pas, mais je pense que cela aurait été parfaitement inintéressant et, d'une certaine façon, à l'encontre de ce qu'on a essayé de faire". "J'ai pris certaines décisions, assez rapidement, concernant les personnages", poursuit-il. "Du coup, j'ai pu peu à peu différencier Adam d'Anthony. Je savais qu'il fallait que je tombe amoureux des deux personnages, et que je m'abstienne du moindre jugement à leur égard, même lorsqu'ils sont face à face. Ce qui est intéressant quand on campe deux personnages qui s'affrontent dans la même scène, c'est qu'on fait forcément des comparaisons.". Filmographie sélective Nommé à l’Oscar et au Golden Globe, Jake Gyllenhaal a remporté le BAFTA et le National Board of Review Award pour son interprétation bouleversante de Jack Twist dans LE SECRET DE BROKEBACK MOUTAIN d’Ang Lee. Il a récemment joué dans END OF WATCH, drame réaliste de David Ayer tourné dans les rues de South Central Los Angeles. Présenté au Festival de Toronto 2012, le film a connu un grand succès critique et public, et figure dans de nombreux classements des meilleurs films de 2012, dont le Top Ten des meilleures productions indépendantes du National Board of Review. Parallèlement à la sortie de END OF WATCH à l’automne 2012, Jake Gyllenhaal a fait ses débuts sur la scène new-yorkaise dans "If There Is I Haven’t Found It Yet" avec la Roundabout Theater Company. Il s’agissait de sa première prestation au théâtre depuis "This Is Our Youth" en 2002, dans le West End londonien, qui lui avait valu un Evening Standard Award du Meilleur Espoir Masculin. Tournant sous la direction des plus grands cinéastes, il s'est illustré dans DONNIE DARKO de Richard Kelly, BROTHERS de Jim Sheridan, ZODIAC de David Fincher, JARHEAD, LA FIN DE L’INNOCENCE de Sam Mendes, PROOF de John Madden, THE GOOD GIRL de Miguel Arteta, MOONLIGHT MILE de Brad Silberling, LOVELY AND AMAZING de Nicole Holofcener, CIEL D’OCTOBRE de Joe Johnston, SOURCE CODE, thriller de S.F. plébiscité de Duncan Jones, et LOVE ET AUTRES DROGUES d’Edward Zwick, qui lui a valu d’être nommé au Golden Globe du Meilleur Acteur. L'acteur a poursuivi sa collaboration avec Denis Villeneuve dans PRISONERS, présenté au festival de Toronto en 2013. Les Femmes d’Enemy Gyllenhaal indique que les femmes, dans le scénario, ont une place prépondérante : "Ce qui est formidable dans cette histoire, c'est qu'il y a trois personnages féminins extrêmement marquants, et trois actrices à la forte personnalité qui les incarnent", dit-il. "Je pense que les femmes, dans le script, permettent de tracer les contours d'Adam et d'Anthony. C'est Mary qui, en grande partie, permet à Adam d'avancer, et il en va de même d'Helen dans le parcours d'Anthony". MELANIE LAURENT (Mary) Mélanie Laurent campe la petite amie d'Adam, Mary. "Elle s'est imposée sur le plateau, comme Mary s'impose dans la vie d'Adam", souligne Fichman. "Et elle a été formidable. Elle a trouvé sa place dans la relation privilégiée entre le réalisateur et son comédien principal, et elle s'en est remarquablement bien tirée". Intriguée par le rôle de Mary, Mélanie Laurent s'est posé de nombreuses questions à son sujet : "La première chose que j'ai demandée à Denis, c'était depuis combien de temps Mary et Adam se connaissent puisque, au début du film, ils sont sur le point de rompre, et que c'est un point de départ inhabituel", indique la comédienne. "Et Denis m’a répondu « 4 mois », ce qui changeait absolument tout dans ma manière de voir". "Mary est un personnage très vulnérable, mais ce n'est pas une victime", ajoute-t-elle. "Je pense qu'elle est encore profondément amoureuse d'Adam, mais qu'elle prend conscience que leur relation ne peut plus durer". Pour la comédienne, c'était à la fois exceptionnel, difficile, et stimulant d'incarner un personnage qui passe par des émotions aussi contrastées. "On les voit en train de faire l'amour de manière brutale, puis l'instant d'après, ils rigolent, et quelques minutes plus tard, ils se mettent à pleurer", reprendelle. "Et comme ils sont sur le point de se quitter, leurs rapports sont très tendus". Filmographie sélective Mélanie Laurent s’est surtout fait connaître à l'international grâce à son interprétation de Shosanna Dreyfus dans INGLOURIOUS BASTERDS de Quentin Tarantino, aux côtés de Brad Pitt et de Christoph Waltz. On l'a encore vue dans BEGINNERS de Mike Mills, avec l’acteur oscarisé Christopher Plummer et Ewan McGregor. Ces deux films ont été sélectionnés aux Oscars et projetés dans de nombreux festivals du monde entier. Elle tient son premier rôle au cinéma dans UN PONT ENTRE DEUX RIVES, réalisé par Frédéric Auburtin, puis enchaîne avec EMBRASSEZ QUI VOUS VOUDREZ de Michel Blanc, RICE RHAPSODY de Kenneth Bi, LE DERNIER JOUR mis en scène par Rodolphe Marconi, DE BATTRE MON CŒUR S'EST ARRÊTÉ de Jacques Audiard, INDIGÈNES de Rachid Bouchareb, DIKKENEK d’Olivier Van Hoofstadt et JE VAIS BIEN, NE T’EN FAIS PAS de Philippe Lioret, qui lui vaut le César du Meilleur Espoir Féminin. Elle a incarné l’héroïne de LA CHAMBRE DES MORTS, film policier d’Alfred Lot, et du thriller de Cédric Anger, LE TUEUR. Elle est passée pour la première fois derrière la caméra pour le court métrage DE MOINS EN MOINS, en sélection officielle au Festival de Cannes 2008. L’actrice a également réalisé un épisode de la série "X Femmes" pour Canal +. On a également pu la voir dans la comédie romantique de Jennifer Devoldere, JUSQU’À TOI, dans LE CONCERT de Radu Mihaileanu et LA RAFLE de Rose Bosch. En 2011, elle réalise son premier long métrage LES ADOPTÉS, où elle joue également. Tout récemment, elle s'est illustrée dans INSAISISSABLES, avec Morgan Freeman, Mark Ruffalo et Jesse Eisenberg, et NIGHT TRAIN TO LISBON de Bille August. Son deuxième long métrage, RESPIRE, a été présenté à la Semaine de la Critique, au Festival de Cannes 2014, et sortira le 12 novembre. Également chanteuse, elle a enregistré son premier album, "En t’attendant". SARAH GADON (Helen) La production a confié le rôle d'Helen, l'épouse d'Anthony qui attend un bébé, à Sarah Gadon. "Sarah est une comédienne émouvante, d'une incroyable sensibilité, et c'est aussi l'une des plus belles femmes du monde, sans exagération", s'enthousiasme Fichman. "Mais elle est également très intelligente et d'une grande maturité". "J'avais envie qu'un metteur en scène me pousse dans mes retranchements et me remette en question, et c'est pour cela que ce projet me tenait autant à cœur", remarque-t-elle. "Je savais que Denis était ce genre de réalisateur et que ce tournage allait me bousculer en profondeur". Après avoir lu le scénario et rencontré Villeneuve, Sarah Gadon a compris qu'avec ENEMY, elle allait devoir trouver l'équilibre entre la mise en scène extrêmement stylisée du réalisateur et un personnage ancré dans la réalité. Car malgré son raffinement, le rôle était avant tout empreint d'humanité. "Pour moi, Helen a des attentes vis-à-vis de son mari qui ne correspondent pas à sa personnalité", constatet-elle. "Jusqu'au jour où il débarque à la maison et où il est exactement comme elle a toujours voulu qu'il soit. À ce moment-là, plus rien d'autre n'a d'importance, car l'homme qu'elle a rêvé d'épouser est désormais à ses côtés". Filmographie sélective D'origine canadienne, Sarah Gadon a étudié le cinéma à l'université de Toronto. Elle s'est rapidement imposée comme l'un des meilleurs espoirs du cinéma actuel. En 2011, elle a été sacrée "star montante" au festival de Toronto. On l'a vue récemment dans MAPS TO THE STARS de David Cronenberg, présenté en compétition officielle au Festival de Cannes en 2014, et dans COSMOPOLIS, également de David Cronenberg, et ANTIVIRAL de Brandon Cronenberg, tous deux sélectionnés à Cannes en 2012. En 2011, elle a joué dans A DANGEROUS METHOD de David Cronenberg, où elle campe l'épouse fidèle et rationnelle de Carl Jung, aux côtés de Michael Fassbender, Keira Knightley et Viggo Mortensen. Le film a été présenté à la Mostra de Venise. Sarah Gadon a fait ses débuts sur scène à l'âge de 7 ans dans "Le Casse-noisettes", monté par la National Ballet School of Canada. Depuis, on l'a vue sur le petit écran dans LA FEMME NIKITA et LES VIES RÊVÉES D'ERICA STRANGE. ISABELLA ROSSELLINI (Caroline) Troisième personnage féminin : Caroline, la mère d'Adam, à qui celui-ci vient rendre visite pour tenter de comprendre sa situation. C’est elle qui délivre la clé de l’énigme « Enemy ». La production s'est montrée enchantée quand Isabella Rossellini a donné son accord. "Isabella Rossellini est une immense actrice", déclare Fichman. "Elle a une grande force et elle était donc la personne idéale pour incarner cette artiste qui est aussi une mère dominatrice et cinglée". "J'ai travaillé avec Niv Fichman sur d'autres films et on est devenus très amis", commente la comédienne. "Il a produit THE SADDEST MUSIC IN THE WORLD de Guy Maddin, dans lequel j'ai joué. Puis j'ai rencontré Denis au festival de Sundance il y a quelques années, et lorsqu'il m'a contactée pour ce projet, je lui ai dit que je serais ravie d'accepter, même si c'était un tout petit rôle". "Caroline est une artiste", indique Isabella Rossellini. "Elle fait preuve d'autorité avec son fils, et elle se montre assez méprisante à son égard, le confinant davantage encore dans sa névrose". Le réalisateur précise : "C'était un immense privilège pour moi de travailler avec Isabella Rossellini. C'est l'une de mes actrices préférées de tous les temps, et c'est à elle que j'ai pensé pour le rôle dès le départ. Il me fallait quelqu'un qui puisse apporter au personnage un certain narcissisme et une présence maternelle, tout en dégageant beaucoup d'humanité. Et j'étais convaincu qu'elle serait parfaite". "Je ne pouvais pas m'empêcher de me dire qu'Isabella Rossellini est une vraie légende du septième art", ajoute Gyllenhaal. "Elle sait aussi faire exister un personnage qui évolue dans un monde dont le fonctionnement n'est pas nécessairement logique. Je crois qu'il y a peu de comédiens capables de ça". Filmographie sélective Aussi à l'aise au cinéma, à la télévision que sur scène, Isabella Rossellini a également été mannequin, incarnant le visage de Lancôme pendant 14 ans et créant sa propre marque de cosmétiques. Après s'être illustrée dans une quarantaine de films (BLUE VELVET de David Lynch, LA MORT VOUS VA SI BIEN de Robert Zemeckis, THE SADDEST MUSIC IN THE WORLD de Guy Maddin, SCANDALEUSEMENT CÉLÈBRE) et une vingtaine de séries et téléfilms (ALIAS, DISCOVERY ATLAS: ITALY REVEALED, ICONOCLASTS, 30 ROCK), Isabella Rossellini s'est tournée vers la réalisation. Elle a ainsi signé MON PÈRE A 100 ANS, dialogue imaginaire avec son père, Roberto Rossellini, maître du néoréalisme italien. Elle y tient son propre rôle, et évoque Fellini, Selznick, Hitchcock, Chaplin et sa mère Ingrid Bergman. Plus récemment, elle a joué dans ZIG ZAG KID de Vincent Bal, DU VENT DANS MES MOLLETS de Carine Tardieu, et 3 FOIS 20 ANS de Julie Gavras, avec William Hurt, autour d'un couple de sexagénaires. Elle a écrit, réalisé, et interprété ANIMALS DISTRACT ME, présenté au festival de Sundance. En 2008, le Sundance Institute, fondé par Robert Redford, lui commande une série de courts métrages autour de questions environnementales. Elle décide de s'atteler à la reproduction des abeilles, et intitule la série GREEN PORNO. Celle-ci est sélectionnée dans de nombreux festivals et, en 2009, Isabella Rossellini remporte le Webby Award. Pour la deuxième saison, autour des créatures de la mer, elle a suivi des cours de biologie à New York University. Outre les courts métrages diffusés sur Sundance Channel, un ouvrage, "Green Porno", a été publié, qui regroupe les trois saisons des courts métrages. Les mystères de Denis Villeneuve "Il faut que les spectateurs soient conscients que c’est un film qui se veut ludique. Un film qui est là pour jouer avec leur perception, leurs émotions, et qu’il faut décortiquer. C’est une énigme. " précise Villeneuve. "Je considère ENEMY comme mon projet le plus personnel. Il parle du pouvoir du subconscient, domaine qui m'est très cher tant il a un profond impact sur nos vies, à titre individuel et sur la société en général. Si l'on n'est pas conscient de cette force à l'œuvre, et de ses effets secondaires, on ne peut pas savoir qui prend les décisions – qui, en réalité, "contrôle" le cerveau humain. D'ailleurs, le film est une plongée dans les recoins les plus sombres de l’esprit d’Adam, qui affronte une sexualité obsessionnelle qui le prive de toute intimité et, par conséquent, l'empêche de connaître le grand amour." "Le film est l’histoire d’un homme qui souhaite quitter sa maîtresse pour retrouver sa femme, enceinte, et doit affronter son pire ennemi : lui-même. Cet homme est en rivalité avec une autre version de lui-même. Comme dans mon précédent long métrage, INCENDIES, 1+1=1 est une équation terrifiante". Si cette même logique figurait dans le roman de Saramago, le symbole de l'araignée n’est présent que dans ENEMY et soulève plusieurs autres questions. "La symbolique de l'araignée peut être interprétée de plusieurs façons", affirme le scénariste Javier Gullón. "Dans le film, elle est liée à la maternité, mais à mon avis, chaque spectateur aura sa propre interprétation". "Je trouve que l'emblème de l'araignée donne le ton", reprend Gyllenhaal. "Dans le film, elle me fait penser à une sorte de vérité qui menace à chaque instant d'être révélée. Quand on compare la peur suscitée par les araignées à ce qu'elles sont vraiment, on constate que la peur l'emporte sur la réalité. Certains ont été piqués, voire tués par des araignées, et il est vrai qu'elles peuvent être effrayantes, mais dans le même temps, je pense qu'elles provoquent des fantasmes qui n'ont rien à voir avec la réalité". Les araignées peuvent ici représenter les femmes, en tout cas la vision qu’en a le personnage de Jake Gyllenhaal. Le personnage a une peur immense de l’engagement. Il se sent complétement piégé́ par sa femme enceinte, telle une proie dans la toile d’une araignée. Les câbles de la ville en forme de toile d’araignée, le pare-brise fracassé à la manière d’une toile d’araignée ou la gigantesque araignée apparaissant juste après la discussion avec sa mère en sont des illustrations flagrantes. "Les araignées sont sans doute un peu effrayantes, mais fascinantes aussi, et elles savent tisser de magnifiques toiles", commente Isabella Rossellini. "Ce sont de grandes architectes, elles sont capables de faire des choses extraordinaires, et pourtant ce ne sont que des insectes. Du coup, elles suscitent la fascination, mais aussi une forme de dégoût". "Je recherchais un symbole parfait qui évoque la sexualité et le subconscient", conclut Villeneuve. "Et pour y parvenir, l'araignée en était l'image idéale. Mais j'espère surtout que les spectateurs y projetteront leurs propres fantasmes et interprétations". La méthode de Denis Villeneuve D'emblée, il était important pour le réalisateur d'établir des liens privilégiés avec ses acteurs. Au bout du compte, ils ont forgé des rapports de confiance et de respect mutuels. "On fait un film pour plusieurs raisons, mais d'un point de vue artistique, il y a toujours un moment où on se dit qu'un tournage doit vous aider à progresser en tant que cinéaste", reconnaît Villeneuve. "Pour moi, avec ENEMY, il s'agissait vraiment de travailler en étroite collaboration avec les comédiens, de trouver de nouvelles méthodes de travail et d'explorer des aspects que je n'avais pas eu l'occasion d'aborder dans mes précédents films". À partir de ce constat, le réalisateur a fait confiance à chacun de ses acteurs et les a encouragés – à titre individuel et collectif – à jouer certaines scènes de manière extrêmement naturelle. À cet égard, l'improvisation est devenue un élément-clé du tournage. "Le scénario permet de réunir des idées", poursuit Villeneuve, "mais parfois, les dialogues du script qui expriment les idées de Saramago ont dû être transposés sur le plateau grâce à l'improvisation pour apporter une dimension émotionnelle à la séquence. Le point de vue logique du film doit être flou et audacieux, ce qui est un véritable défi pour l'esprit. Mais sur le plan émotionnel, il est essentiel qu'il y ait une direction claire, et c'est exactement ce que les comédiens ont pu apporter au projet". "La nature même du projet se prêtait à l'improvisation et à l'expérimentation", explique Sarah Gadon, "et c'est dans cet esprit que le film a été conçu. J'ai adoré improviser car j'ai l'impression que cela nous a permis de lâcher prise et d'aller davantage dans l'émotion que si on s'était contentés de réciter notre texte. Pour moi, c'était l'objectif principal : cerner la vérité des sentiments". Mélanie Laurent se souvient de la mise en place, des répétitions et des improvisations qui, souvent, prenaient beaucoup de temps. "Cela dépendait des scènes, bien entendu", dit-elle. "Je pense qu'il fallait faire en sorte qu'on s'attache au couple d'Adam et de Mary, surtout dans les séquences du début. C'est très difficile d'écrire une scène authentique. Ce qui est génial, c'est que toute l'équipe a fait confiance aux comédiens pour improviser, et je crois qu'au final, cela fonctionne". "Mélanie adore l'impro et elle est constamment positive, ce qui correspond dans une large mesure à son personnage", relève Gyllenhaal. "Sa capacité à réagir à des situations qui n'existaient pas dans le scénario, à inventer des répliques, à faire en sorte que j'y réagisse moi-même ou encore à réagir à mes propres impros est admirable. Elle s'est révélée une merveilleuse partenaire". Gyllenhaal est conscient que cette complicité entre acteurs, et la mise en place d'un cadre favorable à l'improvisation, ne peuvent s'obtenir que grâce à un metteur en scène charismatique. "Les qualités de chef d'orchestre de Denis nous inspirent", dit-il. "C'est un auteur, doublé d'un véritable collaborateur. Il se nourrit de nos réflexions, de celles de Nico Bolduc, le chef-opérateur, et de toute l’équipe pour se forger sa propre vision. Il n'y a rien de tel que de se sentir galvanisé par un réalisateur pour participer au récit. C'est un vrai plaisir de travailler avec lui". Les défis de Denis Villeneuve "Pour moi, en tant que metteur en scène, ENEMY est un thriller érotique existentiel qui s'attache à un homme espionnant son double à travers le paysage urbain labyrinthique d'une métropole d'Amérique du Nord. Je considère ENEMY comme un film d'espionnage qui ne possède qu'un seul "gadget" : lorsqu'Adam rencontre Anthony pour la première fois, il faudra que le spectateur ressente la force inouïe de cette situation surréaliste. Car il est ici question de présence. C'est un redoutable défi cinématographique pour moi de représenter l'impact d'une telle rencontre. Se voir chez autrui est un phénomène qui devrait avoir le même effet sur l'être humain qu'un trou noir sur une galaxie. Une crise existentielle profonde se propage lentement autour d'Adam, à l'image d'un requin qui se rapproche peu à peu de sa proie au fond de l'océan. Cette crise existentielle est constitutive du protagoniste, même si elle n'est pas évoquée dans les dialogues. Est-ce vraiment insupportable de se confronter à soi-même et de se reconnaître totalement en l'autre ? " précise Villeneuve. Les scènes où Gyllenhaal était censé jouer face à son double représentaient un défi à la fois psychologique et technique pour l'équipe. Le directeur de la photo, Nicolas Bolduc, se souvient : "Quand j'ai lu le scénario, je me suis dit, 'Comment va-t-on pouvoir s'en sortir pour les scènes de dédoublement ? Comment ces personnages vont-ils pouvoir se retrouver dans la même scène au même moment ? Qu'est-ce que cela va donner ? Lorsqu'on en a parlé avec Denis, notre objectif principal était que cela fasse authentique". La production a eu recours à un dispositif de motion control baptisé Mo-Sys, capable d'être programmé pour dupliquer un mouvement d'appareil spécifique à plusieurs reprises. Grâce à ce système, l'équipe pouvait tourner la même scène indéfiniment, en répétant les mêmes déplacements de la caméra : Jake Gyllenhaal, sous les traits d'Adam, tournait une prise, puis la caméra se remettait en place et décrivait exactement le même mouvement tandis que l'acteur campait cette fois Anthony. Cependant, le plus grand défi des scènes de dédoublement consistait à identifier la meilleure méthode pour que Gyllenhaal "joue" face à lui-même. Pour certaines scènes, une doublure a même été utilisée pour donner la réplique à l'acteur : par la suite, la doublure a été effacée et remplacée par le comédien sous les traits de l'autre personnage. Dans d'autres scènes, Bolduc se substituait à l'autre personnage. "Tout s'est très bien déroulé grâce au Mo-Sys, mais on s'est aperçu que le plus important dans les séquences où Jake est face à lui-même était de savoir où poser le regard : il devait donner le sentiment de regarder son interlocuteur droit dans les yeux", souligne Bolduc. "J'ai utilisé un trépied d'éclairage et une balle de tennis pour camper l'autre personnage de Jake, et puis il fallait que je vérifie sa position après avoir visionné le plan précédent sur un combo. C'était un dispositif formidable car il était assez simple d'utilisation, mais Jake devait vraiment faire confiance au système et, de mon côté, je devais me fier à la scène qu'il venait de jouer dans la peau de l'autre personnage". "Quand on utilise une technologie complexe, qu'on demande à ses acteurs de jouer une scène difficile et qu'en plus, on doit tenir compte des contraintes spatiales pour les séquences de dédoublement, il vaut mieux que les comédiens soient bons, parce qu'autrement, on n'y croit pas", indique Villeneuve. "Pour moi, ce n'est pas tant la technologie qui importe que la manière dont Jake est arrivé à exprimer ses émotions au sein de ce cadre technologique. La scène est vraisemblable grâce au talent de Jake. Du coup, c'est la prestation du comédien qui compte, bien plus que les effets spéciaux". "Dans les scènes de dédoublement, on avait constamment le sentiment étrange de perdre nos repères", déclare Gyllenhaal. "Je savais qu'il fallait que je me prépare à tout et n'importe quoi, et à passer d'un rôle à l'autre à tout moment. J'ai vraiment aimé cet état d'esprit et la possibilité de jouer ces deux personnages. Je suis fasciné par les histoires sur la dualité, car je ne pense pas que notre personnalité soit univoque. C'était exaltant de pouvoir explorer cette idée chez un personnage et dans un film". Le style de Enemy Il était important que les deux personnages principaux – Adam et Anthony – aient leur style propre, tout en partageant des caractéristiques communes. Outre la voix, d'autres éléments ont contribué à différencier et lier ces deux personnalités, comme la mise en scène et les décors. "J'ai eu plusieurs discussions avec Nicolas Bolduc et le chef-décorateur Patrice Vermette bien avant le début du tournage", reprend le réalisateur. "On a envisagé plusieurs solutions sur le plan visuel, on a consulté de nombreux livres d'art et de photos, et on a visionné des films ensemble pour nous permettre de trouver une esthétique correspondant au scénario et mettre au point le genre de film qu'on envisageait. Nous avons ainsi travaillé avec des filtres des objectifs, des mouvements d'appareil et des techniques d'éclairage spécifiques. Il en était de même des décors". Patrice Vermette explique : "On savait qu'on voulait créer une tension avec les mouvements d'appareil. Le scénario avait un côté très simple, même s'il comportait aussi pas mal de rebondissements permettant de créer du suspense et d'apporter à l'intrigue une dimension supplémentaire. On voulait quelque chose de très solide, sur le plan technique, qui puisse permettre au film d'aller constamment de l'avant". ENEMY se caractérise par une palette chromatique spécifique qui lui donne une atmosphère très stylisée. "On a essayé de créer la plupart des couleurs sur le plateau", précise Bolduc. "J'adore les filtres et, pour moi, c'est très important de déterminer les couleurs grâce au travail avec la caméra et les éclairages. Il a vraiment fallu qu'on assume nos choix, et c'était formidable parce que dès l'instant où nous avons trouvé la bonne méthode pour les filtres, nous nous sommes rendu compte que le film prenait forme sur le plan visuel", note encore Bolduc. Patrice Vermette estime que la quête identitaire des personnages devait se manifester dans les décors qui devaient s'inspirer de l'architecture brutaliste. "Pour l'appartement d'Adam, c'est le manque de personnalité qui donne au décor sa particularité", analyse Vermette. "Cet appartement correspond parfaitement à un type qui se cherche, et qui veut comprendre qui il est". "Dans de nombreuses villes, de nos jours, les gens achètent des appartements au sein de copropriétés qui se ressemblent toutes", poursuit le chef-décorateur. "Ils ne veulent pas s'occuper le moins du monde de la décoration et, dans certains cas, ils n'ont même pas envie de les meubler eux-mêmes. Je crois qu'Anthony fait partie de ces gens-là, si bien que cet aspect de sa personnalité se retrouve dans le choix de son logement. Il n'a pas très bon goût, et a même tendance à être un peu m'as-tu-vu". Le réalisateur Denis Villeneuve Le premier long métrage de Villeneuve, UN 32 AOÛT SUR TERRE, a été sélectionné aux festivals de Cannes, Telluride et Toronto. En 2000, MAELSTRÖM a été projeté aux festivals de Sundance et Toronto, et a notamment obtenu le prix FIPRESCI au Festival de Berlin en 2001. Au Canada, le film a décroché neuf Jultra et cinq Genie (oscars canadiens), dont ceux du Meilleur Réalisateur et du Meilleur Film. En 2008, NEXT FLOOR, a obtenu le prix Canal + du Meilleur Court Métrage lors de sa présentation à la Semaine de la Critique, au Festival de Cannes. Le film a également été sélectionné dans cent cinquante festivals du monde entier, où il a décroché soixante dix prix. En 2009, POLYTECHNIQUE, son troisième long métrage, a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs. Au Canada, cet opus a été sacré Meilleur Film Canadien de l'année par la Toronto Film Critics Association, et a reçu neuf Genie et cinq Jutra. Puis son quatrième film, INCENDIES, a été nommé à l'Oscar du Meilleur Film Etranger. Selon le National Board of Review, il compte parmi les cinq meilleurs films étrangers de 2011, et pour le New York Times, il figure parmi les dix meilleurs longs métrages de l'année. Il tourne ensuite ENEMY, récompensé par Genie Awards dont celui de Meilleur Réalisateur. Il retrouve ensuite Jake Gyllenhaal dans PRISONERS, avec Hugh Jackman. Le scénariste Javier Gullòn Diplômé en communication audiovisuelle de l'université de Navarre, Javier Gullón a écrit plusieurs courts métrages, comme ONANISMO (sélectionné au festival du film latin), PARA TI MUJER (sélectionné au Notodofilmfest) et EL TIPO (également sélectionné au Notodofilmfest), et les longs métrages GIRLS NEVER CALL (prix du public au XVIIIème Peñíscola 2005 et au REC Tarragona 2005). On lui doit encore les scénarios de LES PROIES de Gonzalo López-Gallego (Méliès d'argent au festival d'Amsterdam en 2007, sélectionné aux festivals de Toronto et de Sitges), AL FINAL DEL CAMINO de Roberto Santiago, énorme succès en Espagne, et HIERRO de Gabe Ibáñez (Semaine de la Critique, et prix d'interprétation féminine au festival de Sitges en 2009). Tout récemment, il a écrit THE BOY WHO SMELLS LIKE FISH, produit par Rhombus Media, avec Douglas Smith et Zoë Kravitz, et INVADER de Daniel Calparsoro. Il vient de cosigner AGUAS ROJAS avec Lluis Quillez qui réalisera le film. FICHE ARTISTIQUE Adam + Anthony : Mary : Helen : Mère d’Adam : Professeur : Concierge : Agent de sécurité : Vendeur du videoclub : Femmes de la salle noire : Jake Gyllenhaal Mélanie Laurent Sarah Gadon Isabella Rosselini Josh Peace Tim Post Kedar Brown Lydia Du Veaux Misha Highstead Megan Mane Alexis Uiga FICHE TECHNIQUE Réalisation : Scénario : D’après le roman : Produit par : Co-producteurs : Producteurs exécutifs : Producteurs associés : Image: Décors : Costumes : Casting : Montage : Musique originale : Son : Mixage : Denis Villeneuve Javier Gullòn L’autre comme moi de José Saramago Niv Fichman, Miguel A.Faura Sari Friedland, Luc Déry, Kim McCraw François Ivernel, Cameron McCracken, Mark Slone, Victor Loewy Kevin Krikst, Fraser Ash, Juan Romero, Isaac Torras Nicolas Bolduc csc Patrice Vermette Renée April Deirdre Bowen Matthew Hannam Danny Bensi, Saunder Jurriaans Oriol Tarrago Marc Orts Format : Son : Scope 5.1