2011 Valoriser les fourrages PdL

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2011 Valoriser les fourrages PdL
€
certains éleveurs laitiers ont des marges de progrès sur leur coût alimentaire en valorisant mieux les fourrages
produits. l’objectif pour eux est de faire autant de lait en distribuant moins de concentrés et en facilitant l’ingestion
des fourrages.
jusqu’à 700 kg De concentrés D’écart pour autant De lait/vl
Dans les fermes laitières, il existe
toujours des écarts d’efficacités des
concentrés (cf. graphique 1). Par
exemple, pour une production de
8 000 litres par vache et par an, pour
une même logique de production,
certains éleveurs distribuent 1 300 kg
de concentrés par vache (160 g/l) alors que d’autres en distribuent 1 000 kg de plus (290 g/l). Pourtant, la nature et la valeur
des fourrages utilisés dans les 2 cas sont proches et les concentrés
sont semblables.
Ces écarts de quantités de concentrés peuvent provenir
de plusieurs facteurs et notamment de la mise en
œuvre d’idées reçues en partie fausses.
> Graphique 1 : Production laitière/vache et quantités de concentrés distribuées
Source : Réseau lait Pays de la Loire + échantillon d’élevages laitiers régionaux
9000
9000
- 350
350 kg
g
LLait
ait produit
produit par
par VL
VL en
en litre/an
litre/an
COLLECTION THEMA
RÉSEAUX D’ÉLEVAGE POUR LE CONSEIL ET LA PROSPECTIVE
économiser jusqu’à 15
aux 1 000 litres en
valorisant mieux ses
fourrages
+ 350
350 kg
kg
8500
8500
8000
8000
8000
8000
8000 L/VL
L
L/VL
/VL
7500
7500
2
2100
100 kg/VL
kg
g/ V L
1750
1
750 kg/VL
kg
g/ V L
1
1400
400 kg/VL
kg/VL
80
80 €
€/1000L
/1000L
60
60 €
€/1000L
/1000L
43
43 €/1000L
€/1000L
7000
7000
500
500
1000
1000
11500
500
Quantité
Quantité d
dee cconc
onc eenn kg/VL/an
kgg/VL/an
2000
2000
Moyenne
Mo y enne
2500
2500
Des iDées reçues pas toujours vraies
“Plus je mets de concentrés aux
vaches et plus elles font de lait”
Pas forcément : la réponse aux concentrés dépend de la nature du concentré
vis-à-vis des besoins des vaches et
surtout de la valeur des fourrages distribués et de l’ingestion globale de la ration
en kilos de matière sèche. Avec des bons fourrages, très ingestibles,
distribués à volonté, le concentré énergétique ou le concentré de
production peuvent avoir un effet très limité voire nul sur la production laitière car ils ne font que se substituer au fourrage. De plus, en
distribuant beaucoup de concentrés, on augmente sensiblement les
risques métaboliques, notamment d’acidose, qui se traduisent
parfois par une moindre valorisation de la ration et une perte de
production laitière.
Pays de la Loire
1
économiser jusqu’à
15 € aux 1 000 litres en valorisant mieux ses fourrages
“Il faut plus de concentrés en
début de lactation pour éviter la
perte d’état”
Inéxact car on ne peut pas empêcher la
perte d’état en début de lactation : les
vaches ont des besoins énergétiques
élevés durant cette phase de début de
lactation. Ils seront couverts par la
ration et la mobilisation des réserves.
Un apport spécifique de concentré
énergétique durant cette phase sera
orienté principalement vers la production laitière et peu vers la reconstitution
des réserves car, génétiquement, les
vaches d’aujourd’hui sont “programmées” pour perdre de l’état en début
de lactation.
“Il faut absolument mettre des
céréales avec de l’ensilage d’herbe”
Pas toujours : tout dépendra de la
valeur alimentaire de l’ensilage, de sa
quantité et des valeurs nutritives des
autres fourrages. Il faut avec ce type de
fourrage, comme avec le maïs, calculer
l’équilibre de la ration et s’en tenir aux recommandations. Il est
dans ce cas conseillé de faire une analyse de son ensilage d’herbe.
“Pour que mes vaches reprennent de l’état au pâturage je
dois mettre plus de céréales”
Pas obligatoirement : avec un pâturage bien géré, les valeurs
alimentaires de l’herbe pâturée peuvent être supérieures en
énergie à celle du concentré. Dans ce cas, l’apport important de
concentrés se justifie d’autant moins que le taux de substitution au
pâturage est fort : avec un kilo de concentré distribué en plus, les
vaches mangent 0,8 kilo de moins d’herbe (Source : INRA).
“Avec de l’ensilage de maïs pauvre en grain, je dois mettre
de la céréale”
Pas nécessairement : le pourcentage de grain n’est pas le seul
déterminant de la valeur alimentaire du maïs ensilage. Un maïs
faible en grains peut avoir une dMO élevée et être très digeste et
riche en énergie ; il n’y aura pas forcément besoin de mettre de la
céréale en plus dans ce cas.
“Je peux mettre que du correcteur en début de lactation”
Souvent vrai : avec un “bon” maïs ensilage comme fourrage
principal (riche en énergie et ingestible), un correcteur azoté seul
peut suffire comme concentré pour couvrir les besoins des vaches.
faites plus confiance Dans vos fourrages
- Les éleveurs qui distribuent le plus de
concentrés pensent souvent qu’ils
sécurisent leur ration avec cette
conduite et ont peu confiance dans la
valeur des fourrages.
- La croyance que le lait est fait avec le
concentré peut aussi conduire à une
distribution excessive.
- De même, il y a parfois méconnaissance ou manque de précision
des quantités ingérées.
- Les valeurs réelles des fourrages et les ingestions réelles sont
parfois minimisées dans le calcul des rations.
- L’absence d’analyse régulière de fourrages, y compris durant
l’hiver dans un même silo, nuit à la bonne valorisation de ces
fourrages.
comment faire pour mieux valoriser le fourrage ?
Revenir aux fondamentaux du calcul de ration en passant par trois étapes :
1
2
Faire le calcul des rations
en cohérence avec le lait
observé et les valeurs alimentaires
des fourrages de la ferme
S’assurer que les vaches
consomment bien
la quantité de fourrages
prévue dans la ration
Pour ceux qui n’ont pas
de matériel de pesée :
mesurer à l’auge un
mètre de longueur
de la ration distribuée
Pour ceux qui ont
du matériel de pesée,
vérifier l’étalonnage
Si les vaches ingèrent moins
que prévu, chercher pourquoi
2
3
économiser jusqu’à
15 € aux 1 000 litres en valorisant mieux ses fourrages
> Tableau 1 : Les clefs pour favoriser l’ingestion des fourrages
Votre auto diagnostic
Densité protéique de la ration suffisante (100g de PDI/UF )
oui/non
Peu de substitution des fourrages par des concentrés
oui/non
Pas d’excès de fourrage fibreux (paille, foin)
oui/non
Suffisamment de places aux cornadis et de temps d’accès à l’auge
oui/non
Fourrage à volonté
oui/non
Auge suffisamment propre
oui/non
Bonne conservation du fourrage
oui/non
Points d’abreuvement suffisants (débit, propreté)
oui/non
Transitions en douceur
oui/non
Mélange homogène des fourrages et des concentrés
oui/non
Absence de problèmes sanitaires (boiteries, …)
oui/non
sécuriser son système fourrager pour économiser Du concentré
Au-delà des raisons qui peuvent amener
à “déraper” sur les concentrés, on sousestime parfois le gain économique d’une
maîtrise de la charge concentrés. Celuici est illustré par l’exemple ci-dessous
qui intègre l’ensemble des répercussions
d’une baisse des quantités de concentrés distribuées.
Les hypothèses retenues :
En pratique, ôter du concentré
occasionnera une augmentation de la
consommation de fourrages de l’ordre
de 0,6 kg de MS par kilogramme de
concentré en moins. La modification de la ration va impacter sur
le coût alimentaire mais aussi plus globalement sur l’assolement
(plus de maïs et moins de cultures de vente). Cette légère respécialisation va impacter sur le prix de revient du lait au travers
du temps passé aux hectares de maïs supplémentaires et au coût
de la matière sèche distribuée en supplément.
Conséquences économiques :
L’exploitation support est un système laitier spécialisé avec silo de
maïs ouvert toute l’année, en zone à bon potentiel (rendement maïs
à 14 tMS/ha) avec 46 vaches pour produire un quota de 360 000
litres sur 50 ha de SAU, qui passe d’une situation médiane à une
situation optimisée en baissant de 350 kg de concentrés/VL/an.
> Tableau 2 : Impacts techniques et économiques d’une meilleure valorisation des fourrages avec baisse
des concentrés
Lait produit par vache/an
Quantité de concentrés par vache/an
Quantité de concentrés/litre de lait
Coût de concentré vaches et génisses /1 000 litres livrés
Surface en maïs
Surface en herbe
Situation de départ
Situation modifiée
8 000 litres
8 000 litres
1 630 kg
1 280 kg
205 g/l
160 g/l
58 €/1 000 l
46 €/1 000 l
13 ha
13,7 ha
21 ha
21 ha
Coût fourrager
28 €/1 000 l
29 €/1 000 l
Coût alimentaire (fourrage + concentré)
86 €/1 000 l
75 €/1 000 l
16 ha
15,3 ha
Surface de cultures de vente
+ 0,7 ha de maïs ensilage
- 0,7 ha de cultures de vente
- 8 tonnes de correcteur azoté
- 8 tonnes de concentré énergétique
amélioration de + 3 530 € de la marge brute sur l’atelier laitier
perte sur la marge brute céréales de - 680 €
augmentation des charges de structure de + 100 €
incidence globale positive de + 2750 € soit 8 €/1 000 litres
3
15 € aux 1 000 litres en valorisant mieux ses fourrages
Une meilleure maîtrise des
concentrés entraîne des gains
économiques importants
Quand la situation initiale est très
consommatrice
de
concentrés
(> 2 000 kg/VL/an), on peut aller
jusqu’à une économie de 15 € du 1 000
litres en optimisant (comme précédemment) la valorisation de ses fourrages.
Les systèmes à dominance de maïs
ensilage dans la ration sont les plus
concernés. Cependant, les mêmes
leviers existent chez les herbagers,
notamment durant la période de
rationnement hivernal.
L’intérêt économique global est à
moduler également selon le prix du blé
et des concentrés. Néanmoins, faire
confiance à ses fourrages impacte positivement sur le prix de revient du lait quel
que soit le prix du blé. Le gain est
logiquement d’autant plus important
Pour en savoir plus
> Tableau 2 : Impacts économiques d’une maîtrise des concentrés (baisse de
350 kg de concentré/VL) dans différents systèmes et potentiels de sol
Spécialisé, silo Spécialisé, silo Lait + cultures
Spécialisé, silo
de maïs ouvert ouvert en faible sans pâturage fermé en moyen
en bon potentiel
potentiel
en bon potentiel
potentiel
(360 000 l,
(360 000 l,
(485 000 l,
(360 000 l,
50 ha de SAU) 75 ha de SAU) 83 ha de SAU)
61 ha de SAU)
Gain d’EBE (en €)
2 750 €
Soit en € par 1000 l
8 €/1 000 litres
vendus
1 880 €
3 360 €
1 720 €
5 €/1 000 litres
7 €/1 000 litres
5 €/1 000 litres
> Tableau 3 : Impact sur le prix de revient du lait d’une optimisation des
charges de concentrés selon le prix du blé et celui des concentrés
Prix du blé
Prix du concentré
(moitié énergie/
moitié azote
12 €/q
15 €/q
18 €/q
195 €/tonne
7 €/1 000 litres
6 €/1 000 litres
6 €/1 000 litres
225 €/tonne
8 €/1 000 litres
7 €/1 000 litres
7 €/1 000 litres
260 €/tonne 10 €/1 000 litres
9 €/1 000 litres
9 €/1 000 litres
• Jean-Claude HUCHON Chambre d’agriculture
de Loire-Atlantique
Tél. 02 53 46 60 01
• François BATTAIS Chambre d’agriculture
du Maine-et-Loire
Tél. 02 41 33 61 00
• Isabelle BOSSUET Bertrand DAVEAU
Chambre d’agriculture
de Mayenne
Tél. 02 43 67 37 26
• Nathalie SABATTE Chambre d’agriculture
de la Sarthe
Tél. 02 43 29 24 33
• Laurent GABORIAU Chambre d’agriculture
de la Vendée
Tél. 02 51 36 82 71
Coordination régionale :
• Didier DESARMENIEN Chambre d’agriculture de
Mayenne / Institut de l’élevage
Tél. 02 43 67 37 25
• Julien JURQUET et Pierrick
KERNEN pour le groupe
alimentation des Pays de la
Loire
les réseaux D’élevage
les réseaux d’élevage sont un dispositif partenarial associant des éleveurs et des ingénieurs
des chambres d’agriculture et de l’institut de l’élevage.
les partenaires financeurs
ce document a reçu l'appui financier du casdar, et du conseil régional des pays de la loire.
avec la contribution financière
du compte d'affectation spéciale
"Développement agricole et rural"
Septembre 2011
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Création : Bêta ¨pictoris - Réalisation : corinne maigret (institut de l’elevage) - Crédit photo : Didier Désarménien (ca 53)
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