management de l`anthracnose

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management de l`anthracnose
AFPP – 3e CONFERENCES SUR L’ENTRETIEN DES ESPACES VERTS, JARDINS,
GAZONS, FORETS, ZONES AQUATIQUES ET AUTRES ZONES NON AGRICOLES
TOULOUSE – 15, 16 ET 17 OCTOBRE 2013
MANAGEMENT DE L’ANTHRACNOSE ET EMPLOI DES FONGICIDES
A. DEHAYE – Institut Ecoumène Golf & Environnement
B.P. 307 – 64208 – Biarritz – Cedex – France – mél : [email protected]
RESUME
La lutte contre l’anthracnose sur gazon à vocation sportive impose de mettre en place une
stratégie adaptée compte tenu de la difficulté de détecter à temps la maladie et de réaliser
une lutte chimique curative optimisée.
Parmi les méthodes de lutte les plus efficaces, il apparaît qu’une fertilisation équilibrée en
début de printemps, associée à un programme léger d’apports d’azote soluble aide à la
réduction de la sévérité des attaques. Les top-dressings, la bonne gestion de l’arrosage en
été et des méthodes d’entretien telles que le lissage donnent des résultats encourageants.
Pour prévenir la résistance aux fongicides, les fongicides unisites doivent être utilisés très
judicieusement. Des fongicides de nouvelle génération permettent d’espérer des résultats
encourageants pour un contrôle plus efficace de la maladie.
Mots-clés : Azote, phosphonates, lutte intégrée, préventif, stress végétal.
Des recherches ont été entreprises depuis les années 1990 sur ce problème
récurrent qui touche tous les gazons sportifs et notamment les pâturins annuels et agrostides
stolonifères. Colletotrichum spp se trouve aussi sur des fétuques fines et même des ray
grass. Il est certain que les gazons tondus ras, peu fertilisés et stressés sont des hôtes de
choix et qu’ils correspondent donc bien aux greens de golf modernes.
En effet, le pâturin annuel est sévèrement touché en période chaude et humide par
des attaques répétées de cette maladie et le phénomène semble s’amplifier depuis quelques
années.
En France, les zones Sud et Nord sont logiquement touchées par l’anthracnose. Le
pathogène responsable de la maladie est Colletotrichum cereale Manns, appelé auparavant
Colletotrichum graminicola (Ces.) G.W. Wils. C’est un champignon très voisin des autres
anthracnoses observées sur céréales. Déjà décrit en 1908 sur céréales, le premier cas de
Colletotrichum cereale identifié sur Pâturin annuel a été remarqué en 1928 sur des greens
de golf américains.
Le problème de l’anthracnose semble cependant s’amplifier depuis les années 70,
notamment en relation avec le stress de plus en plus permanent observé sur les greens et
l’intensification de la maintenance.
De plus, la lutte n’est pas facile, qu’elle soit préventive avec ses aléas techniques et
climatiques ou curatifs avec un seul fongicide (avec des résultats souvent aléatoires…). Le
bilan est donc plutôt négatif et les différents auteurs américains auraient tendance à
privilégier une approche préventive de la lutte contre anthracnose en incluant des mélanges
de fongicides à réaliser pour élargir le spectre.
La biologie de l’anthracnose n’est pas totalement connue et bien des mystères
entourent encore le processus exact de germination ou la façon dont l’anthracnose passe la
mauvaise saison. Il semblerait que l’infection soit latente, c’est-à-dire qu’un certain temps
soit possible entre l’infection et l’apparition des symptômes et que l’induction soit liée à des
paramètres très aléatoires... Ne sachant pas exactement quand l’infection aura lieu, de
nombreux intendants sont poussés à mettre en place des luttes curatives.
Enfin, les fongicides curatifs deviennent vite d’un usage limité car les résistances sont
réelles (notamment sur Colletotrichum cereale) et leur emploi à long terme est très incertain
et même inefficace.
Par exemple, la lutte chimique contre l’anthracnose est habituellement réalisée avec
9 familles chimiques différentes de fongicides aux USA.
Principaux produits :
Tableau 1 – Exemples de matières actives utilisées aux U.S.A.
Classe
chimique
Benzimidazole
Dicarboximide
DMI
Produit
Méthyl
Thiophanate
Iprodione
Huile minérale
Phenylpyrole
Metconazole
Myclobutanil
Propiconazole
Triadimefon
Tébuconazole
Triticonazole
Huile minérale
Fludioxonil
Nitrile
Phosphonate
Chlorothalonil
Fosetyl – Al
Polyoxin
Strobilurine
Phosphite
Polyoxin D
Azoxystrobine
Fluaxostrobine
Pyraclostrobine
Trifloxistrobin
SDHI
Penthiopyrad
Systémie
Acropétal
Pénétrant
Localisé
Pénétrant
Acropétal
Pénétrant
Risque de
résistance
Haut
Modéré
Modéré
Contact
Localisé
Pénétrant
Contact
Systémie vraie
Bas
Modéré
Systémie vraie
Pénétrant local
Acropétal
pénétrant
Acroptéal
pénétrant
Acropétal
pénétrant
Local pénétrant
Acropétal
pénétrant
Bas
Modéré
Haut
Bas
Bas
Haut
Haut
Haut
Modéré
En cours
d’homologation
aux U.S.A.
L’efficacité des fongicides varie bien entendu, en particulier leurs effets curatifs, mais
parmi eux, les fongicides de la famille des strobilurines et DMI sont reconnus
particulièrement efficaces.
Le problème provient surtout de la résistance rapide engendrée dans le cas
d’utilisation des molécules ci-dessus. Le contrôle préventif est donc impératif mais lequel ?
Et comment le réaliser de manière optimale ?
Par exemple, des essais montrent qu’en cas de résistance aux strobilurines,
l’association DMI + strobilurines améliore l’efficacité (ce constat ne s’applique pas seulement
à l’anthracnose mais aux autres champignons aussi).
Exemple de combinaison de produits utilisés pour le contrôle de l’Anthracnose aux
U.S.A.
Familles chimiques
Nitrile + DMI
Nitrile + Strobilurine
Strobilurine + DMI
Strobilurine + SDHI
Matière active
Chlorothalonil + Propiconazole
Chlorothalonil + Fluoxastrobine
Fluoxastrobine + Myclobutanil
Pyraclostrobine + Boscalid
Le problème de la résistance aux fongicides de l’anthracnose.
Les champignons du type anthracnose développent des résistances rapidement et 20
ans suffisent pour engendrer une résistance reconnue.
Par exemple, les benzimidazoles appliqués sur gazon dans les années 1960 ont fait
apparaître les premières résistances à l’anthracnose dans les années 1980.
Le contrôle de l’anthracnose = une affaire de timing ?
La mise en place d’un programme préventif doit être idéalement réalisée 1 mois au
moins avant les premières attaques normalement repérées (il faut penser à bien enregistrer
les pratiques et surtout bien déterminer les maladies éventuelles).
Les premières applications fongicides doivent avoir lieu lorsque la température du sol
est voisine de 18 à 20° C. L’utilisation du Foséthyl-Al est assez récente sur anthracnose
(2000).
De nouvelles molécules sont apparues dernièrement sur le marché américain et on
citera par exemple :
1) Penthiopyrad (Dupont) = prometteuse molécule en rotation tous les 14 jours.
2) à base d’huile minérale (Civitas).
3) Chlorothalonil + acibenzolar -S-méthyl.
Au champ, les essais combinés ont montré l’efficacité d’autres produits dont l’action
indirecte sur la santé et la vigueur des plantes est réelle. Ces produits, utilisés en association
avec les molécules, sont très intéressants. Citons par exemple la Pyraclostrobine (BASF), le
Fosétyl-Al (Bayer) ou Acibenzolar-S-methyl de Syngenta.
METHODOLOGIE DE TRAITEMENT CONTRE L’ANTHRACNOSE
Les superintendants américains recommandent de respecter les points suivants :
Appliquer des DMI (Tableau 1) lorsque la température du sol est voisine de 18 à 20° C
en surface avec un intervalle de 14 à 28 jours mais :

Dès l’instant où l’action observée est moins significative, utiliser des produits de
contact en rotation.

Les phosphonates fonctionnent bien (éradication) mais doivent être mélangés avec
d’autres fongicides selon les auteurs des essais aux USA. Dans tous les cas, le strict
respect de la loi sur l’emploi des fongicides est impératif en France. Les produits de
la famille des phosphonates utilisés seuls fonctionnent différemment selon les
formulations et la sensibilité des anthracnoses (des essais devraient être engagés
dans le futur).
Les auteurs font aussi état de variations importantes entre les différentes molécules et
les différentes situations. Des essais importants ont donc été menés « aux champs » au
travers d’une campagne nationale aux USA et on notera par exemple :
Classement des DMI selon l’efficacité : du plus efficace au moins efficace.
+
Triticonazole
Propiconazole
Myclobutanil
-
Triadiméfon
En fait, les résultats montrent qu’aucun produit à usage unique n’est totalement
satisfaisant.
De plus, metconazole, tébuconazole et triticonazole ont montré un effet ralentisseur de
pousse (effet TGR) certain avec un risque de phytotoxicité élevé avec des doses supérieures
à 500 g/ha de matière active. Attention donc en utilisation courante et à bien contrôler les
applications dans la rotation générale des produits en respectant le cadre strict de
l’application.
Cas particulier du groupe des Phosphonates
Les fongicides du groupe des Phosphonates contiennent des formes variées de l’ion
Phosphite (PO3-) dont les effets contre certains champignons et le renforcement des
défenses naturelles de la plante sont bien connus.
Ce n’est que depuis les années 2000 que l’Aliette est reconnu efficace contre
l’anthracnose.
Dans le même temps, les phosphites ont été développés, certain contenant du
Potassium et/ou de l’ammoniaque. Il y a cependant 2 différences majeures entre Foséthyl-Al
et les phosphites.
1)
Les phosphites contiennent l’ingrédient actif dans des formes basiques alors
que Foséthyl-Al doit être transformé dans la plante pour fournir des
phosphites.
2)
Des formulations américaines, à base de Foséthyl Al, contiennent des
composants additionnels connus pour renforcer la vigueur du gazon et limiter
le stress. Cette combinaison réduit sérieusement le développement de
l’anthracnose.
Les tests aux champs montrent une efficacité aléatoire des fongicides de la famille
des phosphonates à terme, notamment à cause de la différence de sensibilité des
phosphites surtout sur les souches de Colletotrichum cereale.
Pour une efficacité optimale contre anthracnose, il apparaît donc que le
groupe des phosphonates demeure une bonne méthode en absence de
conditions extrêmes et lorsque 2 applications au moins sont faites avant le
développement
flagrant
de la certainement
maladie (préventif).
De nouveaux
fongicides
offriront
une autre alternative.
Pour l’heure et comme évoqué ci-avant, développer un programme préventif est
nécessaire avec les recommandations suivantes :

Premières applications à réaliser lorsque la température du sol (- 3 cm) atteint 18
à 20°C avec un produit de type DMI, intervalle entre 2 applications à adapter
selon la pression de maladie.

Alterner les familles (privilégier les multisites de type contact et utiliser un
adjuvant adhésif en mélange dans la cuve).

Mettre en place un programme intégré :
-

Relever la hauteur de coupe.
Top-dressing léger.
Fertilisation équilibrée et modérée.
Isoler éventuellement la zone.
Améliorer le réglage du pulvérisateur en évitant les grosses gouttelettes (> 450 µ)
et le ruissellement donc privilégier des volumes /ha voisins de 250/300 litres.
On remarque que lorsque la pression d’anthracnose est forte, le type de pulvérisation
est important (travailler plutôt en gouttelettes fines à moyennes soit 200 à 300 µ) en
recherchant 40 gouttelettes/cm² avec des produits de type Propiconazole et Chlorothalonil.
Il conviendra donc d’affiner la pulvérisation avec les moyens disponibles (papier
hydro sensible obligatoire par exemple, humectant, buses de qualité, contrôle de l’appareil)
mais aussi de privilégier une préparation optimale avec une bouillie acidifiée et une filtration
de qualité.
Remarque : la lutte doit aussi intervenir assez tôt en saison. Colletotrichum cereale
se conserve l’hiver sous forme de sclérotes c’est-à-dire des formes dormantes de
conservation que l’on retrouve sur les racines dans le mat. L’anthracnose se multiplie par
l’intermédiaire de formes asexuées (comme des boutures) en forme de croissant appelée
conidie. La formation des conidies est intense en période chaude, humide et en pleine
lumière (d’où le développement en été surtout et l’importance de la gestion de l’arrosage).
Les conidies germent en 2 à 6 heures pour former un tube germinatif qui va se fixer sur les
tissus. Une tête de succion (l’appressorium) pénètre la cuticule des plantes avec une force
incroyable (à titre indicatif, l’équivalent à l’échelle humaine de celle qui pourrait soulever un
poids de 7,7 tonnes !!) Au bout de 24 heures, le tissu est infecté. Le cycle reprend ensuite
avec une nouvelle production de conidies.
Il semble que la résistance des cultivars d’agrostide à l’anthracnose soit très
différente selon le potentiel génétique du végétal. Ainsi, Penneagle 2, Penn A1 sont
nettement plus résistants que Penncross, Pennlinks 2, Providence ou Seaside 2 par
exemple. Cette remarque pourra influencer des choix de regarnissage. Une réflexion plus
large sur la maintenance et sur la pertinence d’un programme d’entretien intensif de green
est nécessaire en cas de présence récurrente d’anthracnose.
Enfin, il est indispensable de surveiller les symptômes de cette maladie bien visible à
condition de disposer d’une loupe binoculaire, outil aussi indispensable à l’intendant qu’une
tondeuse… Des problèmes sanitaires pourraient être facilement anticipés par une
observation méthodique des plantes notamment en période de sensibilité accrue.
De nombreuses attaques de maladies ont pour origine une sur-exploitation ou des
pratiques culturales peu ou pas compatibles avec la physiologie du gazon. Les contraintes
imposées par les règles du jeu de golf poussent souvent les gazons sportifs à la limite de
charge des surfaces. Il faut donc rester prudent et ne pas hésiter à mettre en œuvre des
techniques de conduite du gazon plus « souples » comme par exemple le lissage associé à
une coupe relevée. Une grande finesse dans la maintenance est indispensable pour
anticiper le stress végétal et prendre les bonnes mesures car il n’y a pas une méthode de
lutte mais des facteurs et des paramètres à apprécier pour trouver la réponse adéquate :
comme bien souvent, la conduite de l’arrosage est déterminante dans ce domaine aussi.
Sur les greens mal drainés, des décolorations de couleur jaune paille apparaissent
aussi souvent en période chaude et humide d’été. Elles peuvent être dues à Sclerophtora
macrospora (Yellow tuft) dans certains cas. Associée aussi régulièrement à l’Anthracnose, le
complexe de maladies ainsi crée peut devenir un réel fléau sur les greens.
Pour améliorer et limiter le développement des champignons, les auteurs
recommandent aussi vivement d’augmenter les capacités de résistance naturelle du gazon
en :
 remontant la hauteur de coupe (facteur essentiel).
 équilibrant la fertilisation (augmenter mais sans excès).
 roulant pour conserver les qualités de jeu sans perte de vitesse.
Maintenir les greens avec une vitesse de 9 à 10,5 (moyenne des clubs de qualité)
sans stress supplémentaire pour le gazon sera obtenu en relevant la hauteur de coupe de
0,25 mm à 0,5 mm mais à condition de lisser (sans toutefois dépasser 3 fois/semaine).
À 2,8 mm de hauteur de coupe, les attaques d’Anthracnose augmentent de 17 % par
rapport au même gazon tondu à 3,3 mm. Une simple remontée de hauteur de coupe
diminue sérieusement l’incidence de la maladie et il faudra associer, en plus :
 un contrôle la qualité de coupe des cylindres (rodage journalier).
 d’éviter de solliciter les colliers par des rotations sévères de
tondeuses en prenant des virages plus amples.

limiter le scalpement.
D’autre part, il n’y a pas d’incidence de la fréquence de tonte sur les attaques donc
doubler la coupe n’a pas de répercussion. On voit donc ici toute l’importance d’un
programme de travail optimisé, mis en place à partir de l’observation régulière des surfaces.
Lutte contre Anthracnose
Hauteur de coupe
2,8 mm
3,3 mm
3,6 mm
Nombre de coupes/semaine et pourcentage de maladie
observée (anthracnose)
7 coupes/semaine
14/semaine
60 %
63 %
60 %
46,5 %
47 %
41,9 %
Critères importants dans la lutte contre Anthracnose
Augmente la sévérité




Gazon stressé
Manque d’azote
Tonte rase
Scalpement
Diminue la sévérité de la maladie




Coupe relevée de 20 %
Roulage régulier
Décompactage de surface
Drainage efficace
Techniques d’entretien adaptées aux surfaces en pâturin annuel
susceptibles d’anthracnose
Les bonnes techniques de maintenance peuvent atténuer la sévérité des attaques
d’anthracnose sur pâturin annuel. Parmi les pratiques les plus intéressantes, reportées suite
aux résultats de l’étude générale réalisée sur un grand nombre de parcours américains
depuis 2008, on notera l’effet :
 de la fertilisation azotée.
 des régulateurs de pousse.
 de la tonte, du lissage, du top-dressing.
 du verticutting et de l’arrosage.
En fait, on pourra s’apercevoir que les techniques ci-dessus sont déterminantes sur la
récurrence des attaques d’anthracnose sur green en pâturin annuel.
La fertilisation azotée
Les tests ont clairement montré que les apports d’azote soluble (type nitrate) à 5
unités/ha/apport tous les 7 jours de fin printemps à fin été, réduisent en moyenne de 24 % la
sévérité d’anthracnose par rapport à des quantités identiques tous les 28 jours. Attention à
bien maintenir une bonne vigueur.
En fait, il faut bien doser les apports avant la période d’apparition : en fait, des
apports d’azote d’environ 19 unités/ha/semaine avant la période d’attaque réduit
sérieusement les attaques mais il ne faut pas poursuivre en été car dans ce cas, on
augmente leur sévérité.
Tout est donc une affaire de dosage et de timing, ce qui impose une gestion
hebdomadaire en mai/juin par exemple. Il faut choisir de préférence des formes d’apport de
type nitrate de Potasse plutôt que les autres formes comme le sulfate d’ammoniaque.
On peut aussi penser que la carence en Potasse crée des conditions favorables au
développement d’anthracnose au même titre que des pH très acides. Ce constat en relation
directe avec la vigueur du Pâturin annuel directement affecté par ces 2 facteurs.
Les auteurs notent également qu’il est conseillé d’intensifier les fertilisations
automnales et que les apports solides fin hiver/milieu printemps sont recommandés pour
passer ensuite à des fertilisations hebdomadaires solubles si la pression de la maladie est
réelle.
Le Top-dressing
Une idée demeure : les top-dressings de sable fréquents contribueraient au développement
de l’anthracnose sur green.
Les études montrent aussi qu’un programme semi-intensif de top-dressing à 0,7 l/m²
tous les 15 jours réduit sensiblement la maladie en saison. Beaucoup de suppositions en fait.
Le top-dressing en été diminue la sévérité des attaques d’anthracnose mais il reste souvent
délicat à réaliser.
Par contre, on peut inciter les intendants à augmenter la fréquence et la quantité
d’apport des top-dressings au printemps.
De même, pour les golfs très sensibles, un programme intensif de top-dressing
« sable » en automne a un effet bénéfique même si le printemps est plus indiqué.
L’irrigation
Les gazons poussant dans des sols à drainage déficient et à percolation difficile sont
plus sensibles à l’anthracnose ainsi que les gazons exposés au stress hydrique
(sècheresse).
Situer un régime d’arrosage entre 0,60 à 0,80 de l’évapotranspiration semble être la
bonne moyenne car le manque alternant avec le sur-arrosage ont des effets négatifs très
nets (grande pression de maladie).
Il faut donc une prudence redoublée en période de stress et ne pas hésiter à
procéder à des arrosages manuels d’appoint.
Le verticutting
Le verticutting a souvent été considéré comme un vecteur de développement de
l’anthracnose en agressant les tissus. Les recherches n’ont pas confirmé cette supposition.
De même, pour l’effet des autres opérations comme les dégâts des louchets par exemple sur
les plantes. Donc peu ou pas d’incidences reconnues directement sur l’anthracnose.
Dans tous les cas, si l’opération mécanique mise en place est adaptée à la situation,
les effets seront positifs notamment grâce à la vigueur du gazon.
Tonte et roulage
Une tonte rase augmente la sévérité de l’anthracnose mais ni la fréquence ou la
double tonte n’a une réelle influence si ce n’est un surcroît de stress dans certain cas. Il en
est de même pour le lissage qui ne montre pas d’effets négatifs sur la maladie.
Plus simplement, il apparaît que la limite basse de tonte doit se situer vers 3,2 mm et
qu’en cas de tonte plus haute, le lissage soit la bonne méthode.
L’usage des régulateurs de pousse
Le Primo maxx est souvent utilisé, en particulier pour les stratégies de lutte contre
Poa annua tout en maintenant la densité. D’autres produits qui régulent les productions de
hampes florales de poa annua ne sont pas autorisés sur greens de golf en France mais sur
céréales.
Les études montrent qu’aucune action véritable n’est remarquée sur la sévérité des
attaques et que la bonne gestion de l’azote en même temps que l’emploi d’un régulateur de
pousse est déterminant.
Donc en résumé, les principaux points à surveiller :
1. Utiliser de l’azote pour maintenir la vigueur mais sans sur-fertilisation. Les apports solides au
printemps (50 à 70 unités/ha) réduisent la sévérité des attaques et des fertilisations plus fortes
sont recommandées si l’historique de la maladie montre des attaques récurrentes et sévères. À
des doses fortes (> 140 unités/ha, l’utilisation d’azote à libération lente s’impose). Préférer des
azotes solubles (liquide) en été sur des bases de gestion courte (hebdomadaire) à moduler.
2. Top-dresser à 0,2 à 0,4 l/m² tous les 7 jours pour créer une protection autour des bases et des collets.
Choisir la meilleure méthode d’incorporation du sable. Bien travailler la résistance au trafic en topdressant souvent. Préférer un programme intensif de top-dressing au printemps. Augmenter les doses
au printemps si le top-dressing d’été n’est pas possible ou délicat. Le top-dressing intensif au printemps
a un meilleur effet que les top-dressings d’automne sur la maladie.
3. Irrigation : l’une des clés évidentes concerne la gestion de l’eau. Il faut éviter des stress trop
délicats donc redoubler le contrôle de l’état hydrique du profil. L’alternance sec et humide en
excès est déterminante pour des attaques sévères d’anthracnose. Maintenir un niveau de 0,60 à
0,80 de la valeur ETP de référence.
4. Maintenir 3,6 mm au plus bas, car 3,2 mm semble être un seuil pour l’anthracnose. Remonter la
hauteur de coupe en cas de pression.
5. Utiliser le roulage (lissage) pour conserver une vitesse de 2,80 à 3 m. Le lissage quotidien pourra
diminuer légèrement la sévérité de l’anthracnose.
6. Les régulateurs de croissance à dose légère n’ont pas d’incidence sur la maladie (attention
cependant à ne pas stresser exagérément le gazon). D’après certains auteurs, la qualité
maximum des greens pourra être obtenue en combinant des ralentisseurs de pousse à action
complémentaire. La sévérité de la maladie diminuera.
Il faut donc être prudent en cas de greens avec Poa annua L. sensibles et conserver une
certaine souplesse dans l’entretien (remonter la coupe, fertiliser un peu plus, donner des
conditions plus confortables au gazon).
Quelques éléments sur Fosétyl-Al
Fosétyl-Al (ethylphosphite d’aluminium) stimule la production de substances
fongitoxiques (les phytoalexines) par la plante. On observe par exemple la production de
terpènes et de phénols en présence de Fosétyl-Al sur des plants infectés par Phytophtora
capsici. Ces réactions n’apparaissent à priori pas sur des plantes saines (produit curatif).
N.B. : Les inhibiteurs de la biosynthèse des phénols comme le Glyphosate annulent l’effet du
Fosétyl-Al. Le Métalaxyl à dose faible pourrait aussi exercer une action du même type.
Ce produit « ancien » a été assez novateur car il a offert un nouveau type de lutte et
doit être considérer comme le premier des Stimulateurs de Défense Naturelle (SDN)
homologué : sans action sur une plante saine et sans action directe sur le champignon, il
stimule la production de substance fongitoxique par la plante infestée. Fosétyl Al migre par le
xylène avec le courant de transpiration des racines vers les feuilles ou bien par le xylène et
le phloème. C’est donc un vrai fongicide systémique (qui circule dans les 2 sens). Ce type de
produit, appelé apoplastique, ne s’accumule pas dans les organes à faible transpiration.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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