mesure et pilotage de la performance en milieu hospitalier
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mesure et pilotage de la performance en milieu hospitalier
Aix-Marseille Université Faculté des Sciences Economiques et de Gestion - Aix-En-Provence Mémoire universitaire pour l’obtention du Master professionnel, Comptabilité, Finance, Fiscalité et Patrimoine. Spécialité : « Contrôle de gestion, Audit, Conseil » MESURE ET PILOTAGE DE LA PERFORMANCE EN MILIEU HOSPITALIER Présenté et soutenu par : MOSCATI Anthony Tuteur académique : Frédéric LASSALLE Maître de stage : Battseren DELGER Centre Hospitalier du Pays d’Aix Année universitaire 2014 - 2015 Remerciements Ce mémoire universitaire découle d’une expérience professionnelle en contrôle de gestion au sein du centre hospitalier du Pays d’Aix. Je souhaite remercier Franck BRULHART, directeur et enseignant du Master 2 « Contrôle, Audit, Conseil », ainsi que Fréderic LASSALLE. Tout d’abord, pour leurs conseils, mais également pour leur appui dans la recherche et la rédaction de ce mémoire universitaire. Je voudrais également remercier, Rémi BENIER-PISANI, Ingénieur au sein de la cellule gestion de la performance, pour son accueil, son professionnalisme et son aide dans l’apprentissage du métier de contrôleur de gestion au sein d’un centre hospitalier. Ainsi que, Sandrine RAFINI et Mathias SCHOTT, pour leur confiance et leur expérience dans le pilotage et la gestion de la performance dans le secteur public. Enfin, je tiens à remercier Lucie NAUDY, ancienne élève du master CAC et contrôleuse de gestion chez Activence, pour son soutien durant toute l’année universitaire. MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 2/58 Sommaire INTRODUCTION ...........................................................................................................6 PREMIERE PARTIE : Comptabilité analytique hospitalière, lien entre analyse et objectif ............................................................................................................................10 1.1 La comptabilité analytique hospitalière .....................................................................10 1.1.1 La Structure : Langage commun de gestion des établissements ............................11 1.1.2 Les outils de gestion : entre efficience économique et qualité des soins ..................15 1.2 La gestion interne du centre hospitalier du Pays D’Aix ...........................................20 1.2.1 CREA : analyse des coûts et des objectifs par pôle................................................21 1.2.2 L’analyse de coût comme support de gestion au pilotage des pôles ......................26 DEUXIEME PARTIE : Relation entre outil de gestion et management par les objectifs ...........................................................................................................................31 2.1 De l’analyse des coûts à la gestion par les objectifs ..................................................31 2.1.1 Risque de dérive et application du devoir d’alerte en milieu hospitalier ...............32 2.1.2 La gestion par les objectifs : un générateur de performance ..................................35 2.2 Les difficultés à relier stratégie et objectifs au sein d’un centre hospitalier.............39 2.2.1 La communication managériale et décentralisation des fonctions supports...........40 2.2.2 Les obstacles internes de mise en œuvre ................................................................44 CONCLUSION ..............................................................................................................48 BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................................51 ANNEXES ......................................................................................................................53 MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 3/58 Table des figures 1. Les leviers de performance en milieu hospitalier ..........................................................7 2. Articulation simplifiée de la structure d’un établissement ..........................................12 3. Le FICOM au centre du dialogue de gestion ...............................................................13 4. La qualité des soins et services aux patients ...............................................................19 5. CREA : analyse des coûts et performance...................................................................22 6. Allocation par la méthode des coûts complets ............................................................23 7. Répartition des charges indirectes en cascade .............................................................25 8. Pilotage et compte de résultat analytique ....................................................................28 9. Pilotage par pôle à partir du CREA .............................................................................29 10. La performance globale dans un centre hospitalier ...................................................36 11. Objectifs et comptabilité analytique ..........................................................................38 12. Les cinq parties de la communication à l’hôpital ......................................................40 MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 4/58 Glossaire CH Centre hospitalier T2A Tarification à l’activité CREA Compte de résultat analytique FICOM Fichier commun de structure MCO Médecine chirurgie obstétrique CHAP Centre hospitalier Aix Pertuis CAH Comptabilité Analytique Hospitalière SSR Soins de suite ou de réadaptation SA Section d’analyse UF Unité fonctionnelle CR Centre de responsabilité LOLF Loi organique relative aux lois de finance DGF Dotation de financement global ENC Etude nationale des coûts RTC Retraitement comptable UF Unité fonctionnelle GHS Groupe Homogène de Séjour EMSP Equipe mobile de soins palliatifs FHF Fédération Hospitalière de France HPST Hôpital, Patients, Santé et Territoires CPOM Contrat pluriannuel d’objectif et des moyens CME Commission médicale d’établissement MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 5/58 Introduction Le système hospitalier français se caractérise par la coexistence des établissements de santé privés et des établissements publics. Ces derniers qui ont affiché un déficit record de 400 millions d’euros en 2013, sont confrontés à l’heure actuelle à de fortes évolutions qui leurs imposent une meilleure maîtrise de leurs performances. Les dernières règlementations qui imposent une restructuration progressive des modèles de gestion en milieu hospitalier public incitent les équipes de direction à transposer aux établissements de soins une maîtrise des budgets et des moyens en entrant dans une logique d’efficacité et de gestion des performances. En effet, la loi organique du 1er Août 2001 relatives aux lois de finance détermine pour un exercice donné, « la nature, le montant et l’affectation des ressources et des charges de l’Etat, ainsi que l’équilibre budgétaire et financier qui en résulte. Elles tiennent compte d’un équilibre économique défini, ainsi que des objectifs et des résultats des programmes qu’elle détermine ». Ainsi, cette loi qui remplace l’ordonnance du 2 janvier 1959, conduit les centres hospitaliers à définir des stratégies et manager des projets à partir de méthodes de gestion qui se rapprochent fortement de celles employées par des entreprises du secteur privé. Face à des contraintes budgétaires de plus en plus fortes, les centres hospitaliers publics ont besoin de repères chiffrés, mais également améliorer la performance et la gestion qualitative dans la production et la réalisation des soins en recentrant leurs efforts sur la façon dont l’activité est réalisée, d’identifier les consommations réelles, ainsi que les ressources employées pour chaque unité de production en décomposant l’ensemble des processus de création des coûts. MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 6/58 Au-delà du cadre législatif, il s’agit donc pour les établissements hospitaliers d’opérer un véritable changement dans leur gestion en mettant en place une culture par les résultats comme modèle de management. C’est à dire, « un mode d’administration qui établit le lien entre la dépense publique et l’atteindre d’un résultat concret afin de mesurer la performance d’une politique ou d’un programme »1. Au regard de cette citation, la loi organique relative aux lois de finance (LOLF) dessine un nouveau cadre budgétaire et comptable au travers duquel les centres hospitaliers poursuivent une finalité de rénovation de la gestion publique autour de la notion de performance pour répondre à la question suivante : Comment dépenser mieux ? Cette nouvelle interrogation traduit la volonté des législateurs d’améliorer les résultats en utilisant trois leviers comme pierre angulaire de la performance des centres hospitaliers. Qualité PERFORMANCE Efficacité socio-économique Efficacité de gestion Figure 1 - les leviers de performance en milieu hospitalier Source : élaboration personnelle En effet, ce changement a conduit progressivement à l’élaboration d’objectifs et de nombreux indicateurs de performance internes qui « visent à accroître, dans le cadre des moyens alloués, l’effet des politiques publiques ou la qualité des services rendus, au 1 « Culture du résultat et pilotage par les indicateurs dans le secteur public », Stéphanie Chatelain-Ponroy, Samuel Sponem. MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 7/58 moindre coût. Ils ne cherchent pas à rendre compte de ce que fait l’administration, mais de l’impact de son action, de ses résultats »2. Les objectifs qui expriment la trajectoire que l’on souhaite emprunter en vue d’atteindre un but finalisé permet aux établissements de santé publique d’avoir une meilleure emprise sur : Les objectifs d’efficacité de gestion : c’est à dire, l’optimisation attendue des moyens employés et des ressources consommées en fonction de ses « recettes ». L’efficacité socio-économique : l’atteinte des bénéfices attendus par une meilleure maîtrise des dépenses quelques soit le montant des « recettes » alloué. La qualité des différents services (services de diagnostiques, service chirurgie, service obstétrique) : autrement dit, la qualité des services attendue par les usagés en vue de la satisfaction de leurs besoins. Ainsi, le passage progressif d’un système de management dit « bureaucratique » fondé sur une communication écrite, à un système de management beaucoup plus stratégique constitue un cadre favorable au renouvellement de la réflexion sur les systèmes de gestion et de contrôle des performances en milieu hospitalier. Associé aux lois de finance, l’apparition de la tarification à l’activité (T2A) a mis un terme au système de donations globales de financement des établissements de santé publics qui étaient en vigueur depuis 19833. Ce mécanisme de régulation, utilisé pour palier au décalage entre les autorisations de dépenses et l’évolution des charges, incite les établissements publics de santé à optimiser l’usage de leurs ressources par la mise en place d’un contrôle de gestion institutionnel basé avant tout sur des techniques de comptabilité analytique hospitalière. 2 3 La réforme de l’Etat et la réforme budgétaire (LOLF) – Publication de novembre 2004 Décret n°83-744 du 11 Aout 1983 MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 8/58 Il montre l’importance des méthodes de comptabilité analytique pour les établissements de santé publics. Celles-ci peuvent être employées en interne pour améliorer les performances en créant des règles de gestion propres à l’établissement ou bien être utilisées pour faire une comparaison entre les établissements dans le cadre de l’étude nationale des coûts. Ainsi, la CAH qui permet d’avoir une meilleure connaissance de la formation des coûts et des recettes allouées aux différentes fonctions concourant à la production de soins grâce au recensement des charges « par destination » doit pouvoir aider les centres hospitaliers à atteindre leurs objectifs. A ce titre, nous allons approfondir au travers ce mémoire universitaire la mesure et le pilotage de la performance en milieu hospitalier. Tout particulièrement : Quel est l’impact du compte de résultat analytique par pôle sur la gestion par les objectifs au sein d’un établissement de santé public ? Au cours de mon stage de Master professionnel au sein du Centre Hospitalier du Pays d’Aix, j’ai été amené à travailler sur un outil de gestion interne qui mesure la performance de l’organisation ; le compte de résultat analytique (CREA). Cette méthode issue de comptabilité analytique hospitalière (CAH) comptabilise à la fois les charges directes et indirectes pour obtenir un coût complet qui sera comparé aux recettes du pôle afin de déterminer un résultat analytique ; mais aussi aux objectifs de l’établissement. Ce mémoire va donc se décomposer en deux parties. La première est consacrée aux méthodes de calcul des coûts utilisées en milieu hospitalier. Nous présenterons la comptabilité analytique hospitalière en faisant le lien entre l’analyse qui en découle et la maîtrise des objectifs. Dans la seconde partie, nous aborderons une thématique moins technique, mais beaucoup plus stratégique avec la notion de pilotage des établissements hospitaliers par la déclinaison des objectifs propre à chaque organisation. MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 9/58 PARTIE 1 : Comptabilité analytique hospitalière, lien entre analyse et objectif Selon le ministère de la santé : « la comptabilité analytique est utilisée pour alimenter le dialogue de gestion et favoriser une prise de décision éclairée, cela pour un pilotage efficient des organisations et des activités de l’hôpital » 4 . En effet, la comptabilité analytique, de par, ces outils de gestion permet d’estimer en théorie la contribution des pôles hospitaliers à un équilibre financier global. Nous allons analyser dans cette partie comment celle-ci exerce un lien vers le dialogue de gestion dans un établissement. Mais également montrer le rôle des outils de gestion internes au sein d’un centre hospitalier. Afin de mieux comprendre cette partie, il est important dans un premier temps de définir ce qu’est la comptabilité analytique hospitalière. 1.1 La Comptabilité analytique hospitalière (CAH) La comptabilité analytique hospitalière occupe une place prépondérante dans le financement des hôpitaux publics en France. Effectivement, pendant plus de 30 ans, la CAH a contribué à définir les règles de financement des hôpitaux, mais également à essayer d’améliorer leur gestion. Comme nous allons le voir, la CAH n’est pas seulement employé comme outil permettant de retraiter des informations de gestion internes. En milieu hospitalier, pour utiliser la comptabilité analytique on doit connaître à l’avance des prérequis qui guident 4 Site officiel du ministère de la santé MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 10/58 les contrôleurs de gestion dans l’élaboration d’outils de la comptabilité analytique. Nous allons donc observer dans cette partie, l’un des fondements les plus importants pour créer la comptabilité analytique hospitalière, à savoir la structure. Structure, qui, montre également que par la volonté d’intégrer un langage commun de gestion, elle permet de caractériser les objectifs d’un centre hospitalier. 1.1.1 La Structure : Langage commun de gestion des établissements. La comptabilité analytique est un instrument de gestion destiné à calculer et analyser la formation des coûts par produit et par activité. Toutefois, il est davantage utilisé comme un instrument de communication permettant à l’ensemble des agents ayants des corps de métier bien différents de « parler un langage commun », notamment grâce à la formalisation d’une structure commune des établissements publics de santé. Le compte de résultat analytique (CREA) utilise donc un découpage qui lui est propre pour affecter ces charges directes et indirectes. Pour satisfaire les objectifs des établissements, à savoir : une comparaison entre les différents établissements de santé, ainsi que de répondre aux besoins de production du centre hospitalier en lui-même (par exemple, l’accompagnement du patient), un fichier commun de structure (FICOM) est utilisé. Il constitue « l’ossature » de l’entité par un découpage analytique qui englobe toutes les activités d’un établissement de santé. Il décompose les centres hospitaliers en unité fonctionnelle (UF), c’est la plus petite (ou la plus fine) entité de l’hôpital, à partir de laquelle on collecte des informations (dépenses ou recettes par exemple). On cherche par cette entité à mesurer une activité, à quantifier un lieu. On identifie donc dans les UF des équipes (soit soignante, administrative ou médico-technique) selon leur fonction et leur organisation. Ce découpage se fait également en section d’analyse (SA). Ici, le niveau de découpage en SA va dépendre avant tout des objectifs que poursuit l’établissement en matière de calcul des coûts. MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 11/58 Le centre de responsabilité (CR) recouvre un ensemble d’UF (il doit y en avoir au moins deux). Le CR constitue essentiellement un découpage budgétaire du centre hospitalier, c’est principalement le responsable qui négocie avec la direction les objectifs d’activité et de moyens. Enfin, le pôle constitue le plus grand niveau d’agrégat avant celui de l’établissement, il regroupe donc des activités autour d’un projet médical commun. Ces découpages internes et interdépendants entre eux sont nécessaires à l’élaboration d’un arbre analytique. Une UF ne peut être contenue que dans une seule SA. De la même façon, chaque UF est rattachée à un seul CR et chaque UF à un seul pôle. Exemple de structure hospitalière : POLE Anesthésie CR CR Traitement douleurEMSP Anesthésiologie UF UF UF UF EMSP et support Unité d’évaluation et traitement de la douleur Salle de soin post intervention Bloc anesthésie maternité Figure 2: Articulation simplifiée de la structure d'un établissement Source : Guide méthodologique de la CAH La mise en œuvre dite « technique » de la comptabilité analytique hospitalière repose donc sur la mise en œuvre et le maintien de ce fichier. Son découpage, qui fait coïncider MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 12/58 les activités réelles de l’établissement avec des unités fonctionnelles, facilite l’analyse des CREA. Il permet aux hôpitaux publics d’uniformiser leurs méthodes de traitement des charges, mais également de partager (et non pas uniquement transmettre !) une vision commune de l’établissement à l’ensemble des acteurs hospitaliers. Cette relation étroite entre la mise en œuvre d’un langage uniformisé de gestion et le fichier commun de structure peut se formaliser de la manière qui suit : Influence sur le comportement Communiquer à partir d'un language commun FICHIER COMMUN DE STRUCTURE Circulation des informations Objectiver le dialgue de gestion Figure 3: le FICOM au centre du dialogue de gestion Source : élaboration personnelle Utilisé comme véritable relais d’information, le FICOM permet de comprendre, d’échanger des données sous différents formats sans brouiller le message et en assurant une bonne gestion des flux informationnels au sein de l’organisation. MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 13/58 En effet, comme nous l’avons expliqué, le FICOM objectivise le dialogue de gestion en veillant à l’harmonisation des supports et des méthodes d’analyse5. Cette spécificité du milieu hospitalier contribue au développement du dialogue de gestion autour des objectifs à atteindre. Le FICOM permet d’informer les différents acteurs sur l’évolution des résultats du centre hospitalier en faisant le rapprochement entre le compte de résultat analytique et le niveau d’avancement relevé de manière ponctuelle en vue d’appréhender les coûts « des productions à caractère médico-technique et logistiques ». Ainsi, le FICOM développe une communication interne sur la formation ; mais également externe en valorisant les résultats obtenus à partir d’une codification commune des mêmes structures d’activité (MCO) dans la base de l’étude nationale des coûts (ENC). Le dialogue de gestion peut donc se faire entre la sphère stratégique d’élaboration de projets d’établissements et les agents hospitaliers proches du terrain. Il contribue dans ce cas à faciliter la double circulation des informations du haut vers le bas ; et inversement ; mais aussi entre les différents établissements publics de santé qui peuvent débattre et échanger sur les « bests pratices » à adopter. Ces flux informationnels comme rouage des organisations contribuent à fédérer l’ensemble des acteurs autour d’objectifs communs, de modifier leurs comportements et pratiques professionnelles au sein des différents centres de responsabilité existants en vue d’améliorer la performance globale du centre hospitalier et de créer des effets de synergie en rendant les agents « acteur » dans leur propre évolution. 5 Il est possible d’observer cette harmonisation des supports et des méthodes de gestion dans la décomposition de notre structure en ANNEXE 1. Chaque UF à une codification associée et des outils de gestion de la performance préalablement défini ce qui permet l’établissement de figer les méthodes de retraitement de données. MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 14/58 En outre, nous allons aborder dans le second point de cette partie l’élaboration et la pertinence des outils de gestion interne largement employé au sein des établissements de santé. 1.1.2 Les outils de gestion : entre efficience économique et qualité des soins. La croissance des dépenses de santé plus forte que celle des moyens financiers alloués pousse les instances gouvernementales à s’interroger sur la notion de « bonne utilisation des ressources ». Pour l’organisation mondiale de la santé, «la performance d’un système de santé se mesure à sa capacité à améliorer l’état de santé de la population à répondre aux attentes des personnes et des clients du système et à assurer un financement équitable». Selon cette citation, la performance d’un établissement de santé est donc fonction de deux éléments indissociables : L’efficience économique. Celui-ci désigne la mise à disposition de ressources techniques et humaines qui seront déployées au sein des établissements publics de santé afin de respecter le « contrat de résultat ». C’est à dire, les résultats attendus par l’investissement de base ; qu’il soit ou non financier. La qualité et l’accessibilité des soins et des services : approche organisationnelle fondée sur la prise en charge des patients. L’efficacité économique Nous allons tous d’abord voir, la recherche de l’efficience économique au travers la modélisation de gestion des activités terrain. En effet, celle-ci pour engendrer une meilleure productivité des services hospitaliers suppose une parfaite connaissance et compréhension des missions principales de l’hôpital En se centrant sur la principale source de production à savoir : soigner ; les outils de gestion internes mis en place pour atteindre les résultats souhaités sont primordiaux MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 15/58 dans la bonne marche de l’organisation ; notamment si ils parviennent à appréhender les fonctions et indicateurs clés du centre hospitalier. En effet, les mécanismes de répartition des financements qui favorise l’amélioration de la gestion hospitalière en contrôlant les dépenses ne permettent pas d’évaluer l’efficience économique des établissements publics de santé. Les dotations à partir de l’activité produite ont pour missions de responsabiliser les acteurs dans leurs dépenses et de repartir de manière plus équitable les ressources financières entre le différent établissement. En aucun cas, ces mécanismes de répartition contribuent à améliorer ou maîtriser la manière dont le résultat est obtenu. Ils n’identifient pas les zones d’incertitude ou encore les sources de maximisation du résultat par rapport aux ressources déployées au sein des établissements de santé. Cette carence des mécanismes de répartirions est nuancé par les outils de gestion internes issus de la comptabilité analytique hospitalière qui sont utilisés comme instruments de visibilité et d’anticipation. Selon Grollier et Perard, 2003 6 : « …la comptabilité analytique, est un moyen de diagnostic de l’efficience de l’établissement, il doit permettre, dans une logique devenue entrepreneuriale, d’identifier les sources d’amélioration de la productivité hospitalière ». C’est à ce sens, que les outils de gestion fondés sur des méthodes de comptabilité analytique internes, occupent une place prépondérante dans la conduite des projets hospitaliers. Aux prémices du pilotage stratégique, ils permettent d’avoir une image figée, en temps réel, de la situation. Le contrôle de l’efficience économique des hôpitaux posent donc un certain nombre de questions : Quelles ressources doivent être allouées ? Comment répartir les recettes entre les pôles ? Comment organiser le fonctionnement de l’établissement en vue 6 Guide de la Comptabilité Analytique Hospitalière. MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 16/58 d’améliorer les résultats ? Comment déployer les bonnes ressources au bon moment ? Combien devrais-je coûter ? Ou encore, combien puis-je financer ? A ce sens, le compte de résultat analytique (CREA) joue un rôle indispensable au bon fonctionnement de la structure et à l’optimisation du couple entre les moyens et les résultats. Même si il ne permet pas à lui seul de prendre des décisions stratégiques, le CREA contribue à alimenter ces pistes de réflexion en posant un diagnostic médicotechnique. Cela nécessite la collecte, la communication et l’analyse d’informations médicotechniques afin de comprendre l’efficience des établissements publics de santé ; ou encore pour poser un diagnostic médico-technique. En effet, le compte de résultat (CREA) est utilisé pour mesurer la variation des charges, mais aussi pour procéder à une étude comparative de plusieurs unités prestataires de services pour les usagers sur une même année et mensuellement. Cette dernière avec des pratiques de traitement uniformisées permet de procéder à des comparaisons et de mettre en évidence les écarts significatifs pouvant être sources d’analyse et d’amélioration. Ce qui à terme contribue à la détermination des actions prioritaires des établissements. Ainsi, les outils de gestion donnent la possibilité aux établissements de santé d’obtenir de bons résultats en utilisant le moins de ressources possibles en répondant à la question suivante : A partir d’un budget fixe, quels peuvent être les meilleurs résultats qu’il est possible de réaliser pour un centre hospitalier ? Dans le cas présent, la notion de résultat ne renvoie pas seulement aux résultats financiers ou encore aux « gains monétaires ». Le résultat représente à la fois une meilleure maîtrise des charges ; soit l’efficacité socio-économique que nous avons vu dans l’introduction; mais également l’amélioration qualitative des services. MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 17/58 Par exemple, un établissement de santé peut être jugé comme étant productif s’il arrive aussi à réduire, à son niveau le plus bas, le temps de séjour. Ou encore, s’il arrive par une bonne organisation des services à traiter le plus grand nombre de patients par jour. Ainsi, nous allons voir un deuxième volet indissociable des outils de gestion interne ; celui de la gestion qualitative des performances. La qualité des soins Quand on se place du côté de l’analyse interne, on se focalise aussi sur le fait que l’amélioration de la productivité et la recherche de performance tourne également autour du bien-être du patient et de la qualité de soins qui lui est accordé. En contrepartie de leur financement, les hôpitaux doivent rendre un service de qualité qui implique pour chaque établissement, la mise en œuvre de démarches de gestion appropriées. Selon la Fédération Hospitalière de France (FHF), « la qualité se définit comme l’aptitude à satisfaire des besoins exprimés et implicites, par l’engagement de la structure hospitalière et des professionnels dans des actions pertinentes et systémique d’amélioration de santé ». Cette approche systémique de la qualité est complexe à appréhender. Etienne Minvielle, dans son article « Les politiques d'amélioration de la qualité des soins à l'hôpital. Quel fondement organisationnel ? », Explique que dans l’approche de la qualité « les professionnels de soins – médecins, infermières – réfèrent la qualité aux risques encourus par les patients lors de la réalisation des actes techniques de soins. Les équipes de direction sont pour leur part attachées au respect des règles de fonctionnement interne à l’hôpital, la qualité relevant à leurs yeux de la conformité à des normes ou des règlements intérieurs. Assemblées, ces interprétations donnent à la qualité des soins l’aspect d’une co-production qui met en jeu l’élaboration et la soumission à des règles, normes, et conventions administrative-professionnelles ». MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 18/58 Ainsi, les approches inter-reliées de l’amélioration de la qualité dans les services publics peuvent différer selon les agents et couvrent un ensemble d’enjeux pour l’organisation qui de fait et par définition peuvent être assez disparaitre. L’amélioration de la qualité des soins est fonction de nombreux facteurs sur lesquels sont élaborés les indicateurs de gestion de la performance hospitalière. Elle peut se schématiser de la manière suivante : Support logistique médicale Délivrer les médicaments Maintenir le matériel médical Support logistique hôtelière Support "diagnostic" Qualité des soins et services aux patients (hébergement, hospitalisation, soins externes) Livrer les repas, évacuer les déchets, entretenir les sols Réaliser les examens diagnostiques sur demande des services cliniques Support administratif Figure 4: la qualité des soins et services aux patients Source : Sandrine Rafini, contrôleur de gestion CH du pays d’Aix Ainsi ces deux termes : efficience économique et qualité des soins agissent en lien dans un hôpital public pour être garant de sa performance. Les outils de gestion prônés par les différents établissements de santé ont donc pour finalité d’optimiser au mieux les résultats dans un contexte particulier. En effet, il subsiste un risque majeur induit par les contraintes financières. La maximisation des résultats économiques en fonction des ressources déployées peut conduire certains établissements à compenser la diminution des recettes par une augmentation de l’activité. A ce sens, l’accroissement de l’activité peut très vite devenir plus important que la façon dont elle est obtenue. Ainsi, ce choix peut être source d’efficacité mais contribuer à terme à alimenter un cercle non plus vertueux, mais vicieux où on dégrade continuellement la qualité des services et la satisfaction du MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 19/58 personnel. A ce titre, les outils de gestion internes de la comptabilité analytique doivent se compléter et non se confronter pour trouver un juste équilibre dans la gestion des établissements de santé. Par exemple, l’évaluation médico-économique des pôles à partir du compte de résultat analytique et l’étude nationale des coûts ne présentent pas la même finalité. Les méthodologies d’évaluation de l’efficience économique et qualitative peuvent être disjointes. Ce qui oblige parfois les hôpitaux publics à reprendre plusieurs fois les mêmes tâches en fonction des outils afin de définir les grandes lignes directrices. C’est dans ce contexte qu’il est important de ne pas perdre de vue la fonction première et l’intérêt de la mise en œuvre de ces outils de gestion. Dans la partie suivante, nous allons aborder un cas beaucoup plus concret afin d’illustrer nos propos, en observant l’utilisation du compte de résultat analytique (CREA) comme un outil de mesure de la performance et des objectifs d’un centre hospitalier, et en particulier l’analyse de coût de l’établissement de santé du pays d’Aix. 1.2 La gestion interne du centre hospitalier du pays d’Aix Le centre hospitalier du pays d’Aix est né en 2012 de la fusion du centre hospitalier de Aix en Provence et celui de Pertuis. Prompt à de nombreuses difficultés de gestion le site de Pertuis a donc bénéficié de l’appui et de l’aide du service administratif de l’hôpital d’Aix en Provence. Aujourd’hui avec plus de 952 lits, le centre hospitalier du pays d’Aix (CHAP) constitue un établissement qui offre une importante part d’activités médicales, avec notamment la plupart des activités de médecine chirurgie obstétrique (MCO), des activités de moyen séjour avec les soins de suite et de réadaptation (SSR), et enfin les activités liés aux hospitalisations à domicile (HAD) de long séjours et soins de longue durée. MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 20/58 En Région PACA, les établissements publics de santé se trouvent dans un environnement assez concurrentiel compte tenu de la capacité des usagers à passer d’un établissement de santé publics à un autre. Il y a en effet plus de 300 établissements de santé dans la région, c’est donc dans le but d’élargir son champ géographique que le centre hospitalier du Pays d’Aix a fusionné avec Pertuis, et que le centre hospitalier agit en coopération avec d’autres établissements de santé de proximité tels que les hôpitaux de Manosque et de Digne les Bains. 1.2.1 CREA : Analyse des coûts et objectifs par pôle Comme observé lors de l’introduction la tarification à l’activité (T2A) a largement contribué à la modification de la manière de penser et d’agir dans les hôpitaux publics en France. On va assister à un nouveau dialogue entre les acteurs de l’établissement car on ne parle plus seulement de l’affectation et la description des coûts mais à une harmonisation entre les coûts et les recettes. Cette nouvelle approche a favorisé l’introduction au sein centre hospitalier de la gestion par les objectifs. Le CREA est alors apparu comme un outil de gestion interne permettant de traduire une certaine volonté d’efficience de l’établissement de santé. Ici, l’efficience se caractérise par « …la capacité d’une organisation à obtenir de bons résultats en utilisant le moins de ressources possibles…» 7 . C’est à dire, obtenir des résultats et une productivité importante avec un budget de départ qui est fixe. Dans ce point, nous allons voir dans quelle mesure la gestion interne peut influencer la bonne marche d’un hôpital public. En effet, depuis la mise en place d’une nouvelle gouvernance en 2003, les établissements de santé ont mis en œuvre le CREA qui permet de contrôler et réguler leurs activités à partir de la fixation d’objectifs. Effectivement, le CREA découle de la volonté des établissements de contrôler leurs activités et de la chiffrer en vérifiant que ce qui est produit correspond à l’effet attendu. 7 Agence Nationale d’Appui à la Performance des établissements de santé, ANAP MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 21/58 Alors comment le CREA se construit-il ? Quelle est sa pertinence au sein d’un centre hospitalier ? At-il des limites ? Entrées Activités Ressources Moyens Sortie Coût/Sortie PERFORMANCE= EFFICACITE+EFFICIENCE Figure 5: CREA : analyse des coûts et performance Source : la boîte à outil du contrôle de gestion Le CREA a pour mission d’identifier les pôles de l’hôpital qui influencent positivement ou négativement sur la situation financière générale de l’établissement ; mais surtout de permettre aux différents pôles de se mobiliser autour d’objectifs qui peuvent être liés ; par exemple à leurs activités ou plus globalement à des objectifs communs de l’organisation. En effet, cette approche permet aux établissements publics de santé d’avoir une vision globale de la performance, ainsi que l’opportunité de pouvoir la piloter. A la notion d’efficience économique, de la qualité et d’accessibilité des soins ; il est possible de rajouter celle de l’efficacité au travers de la mesure du résultat. C’est à dire selon Aristide Briand, « l’aptitude des établissements de santé à remplir leur mission de soin ». Cette dernière permet au compte de résultat analytique hospitalier de prendre une dimension nouvelle. L’analyse de l’efficacité suppose l’élaboration d’objectifs MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 22/58 permettant d’établir le niveau de réalisation des résultats escomptés compte-tenu des buts atteindre. Comme l’a expliqué A. Bourguignon «la performance n’existe pas en soi; elle est fonction des représentations de la réussite ». Bien au-delà de l’élaboration d’un diagnostic médico-technique et d’analyse des coûts ; la mise en place d’un suivi à partir des objectifs permet d’introduire une vision évolutive des charges et de leurs répartitions. La revue régulière des indicateurs coûts associés au CREA 8 permet de vérifier si l’établissement se dirige vers les objectifs définis par les cadres dirigeants et de réorienter les actions dans le cas de dérives avérées. Pour une meilleure appréciation le CREA se décompose en dépenses (Charge direct et indirect) et recettes par pôle, puis soumis aux différents chefs de services. Nous allons donc nous attarder sur les dépenses indirectes, car ce sont elles qui posent le plus de problèmes à l’élaboration du CREA et la mesure de l’efficacité ; car si les charges directes sont imputables sans ambiguïté, les charges indirectes quant à elles sont issues des activités dites « support » qui sont répartis au moyens de clés de répartition (ou ventilation). CHARGES (Incorporelles) Frais de personnel Charges indirectes AFFECTEES Achats Amortissement COÛT Charges directes AFFECTEES sans calcul intermédiaire Charges indirectes REPARTIES A l’aide des clés d’allocation COUT DES CENTRES D’ANALYSE Cession Couts IMPUTES en fonction des Des unités d’œuvre consommées DES AFFAIRES DES PRODUITS DES PATIENTS Figure 6 : Allocation par la méthode des coûts complets Source : le contrôle de gestion en milieu hospitalier 8 Il est possible d’observer le compte analytique du pôle en annexe 2 MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 23/58 Ainsi nous allons évoquer d’un côté les dépenses indirectes liées au plateau technique, puis les charges indirectes liées à la logistique des centres hospitaliers ; les contraintes et méthodes d’amélioration de l’efficacité dans l’atteinte des objectifs de coûts. Les dépenses indirectes liées au plateau technique Celles-ci reposent sur une ventilation des unités d’œuvres. Les unités d’œuvres (U.O) permettent d’apprécier au mieux l’évolution le coût des charges indirectes. Elles peuvent être élaboré par les instances nationales telles que l’étude national des coûts (ENC) ou bien être définies par les acteurs du centre hospitaliers (c’est donc principalement à cause du choix des unités d’œuvres que le CREA est un outil de gestion qui ne permet pas de se comparer aux autres établissements de santé). Il est donc préférable dans le cadre d’une comparaison inter-établissements d’utiliser les unités d’œuvres définies par l’étude nationale des coûts car cela permet de rapprocher l’établissement du tronc commun9 valorisant son potentiel de comparaison externe avec les autres établissements (si et seulement si l’établissement de santé, comme nous l’avons spécifié au-dessus, utilise les mêmes unités d’œuvres et les mêmes méthodes d’analyses). En plus de cette première limite analytique dans la mesure de l’efficacité des dépenses indirectes liées au plateau technique; d’autres limites subsistent tout de même quant à la construction d’un CREA. Car si nous avons énoncé ci-dessus que l’imputation des charges logistiques et de structure aux pôles cliniques doit obéir au modèle de l’ENC, cette méthode repose sur une affectation forfaitaire. C’est à dire, au prorata des dépenses directes qui ont été constatés. Toutefois dans un souci de gestion opérationnelle, les établissements de santé souhaitent apprécier et affecter les dépenses réelles par pôle. En effet, les difficultés de retraitement des charges indirectes constituent de véritables zones d’ombre en termes de maîtrise des coûts. 9 Le tronc commun est l’ensemble des règles et des méthodes misent en place par la comptabilité analytique hospitalière dans le but d’élaborer des outils de gestion MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 24/58 Ainsi pour apprécier leurs performances, la cellule de gestion a dû s’éloigner des méthodes de l’ENC afin de permettre aux différents chefs de pôles de connaître leur apport. La « personnalisation » et « adaptabilité » de l’usage du CREA rendent les comparaisons entre établissements complexes à amorcer ; ce qui réduit le champ analytique et de pilotage de cet instrument de gestion qui reste interne et propre à l’établissement qui le met en œuvre. Les charges indirectes liées à la logistique On distingue parmi elles des charges dites de logistique médicale (LM), de blanchisserie, de restauration et de logistique générale (LGG). Celles-ci se retrouvent dans une ventilation et une répartition dite en « cascade ». Comme nous le montre ce schéma. Centre A Centre B Centre C Figure 7 : Répartition des Charges indirectes en Cascade Source : Guide méthodologique de la CAH On va utiliser ce modèle de répartition sans tenir compte des prestations réciproques que peuvent se fournir les sections d’analyses. Il va donc être nécessaire de définir à l’avance un classement de priorité pour le déversement des charges indirectes à traiter. Cette méthode de traitement des charges logistiques à côté des difficultés d’imputation de ces charges, la question de la répartition qui se fait à partir des résultats par activité. MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 25/58 Dans le cadre de l’élaboration du CREA, pour chaque activité support est associé un coût de référence qui représente le prix de cession interne sur la base de l’activité. Par exemple, quel que soit le coût de production de « A » pour le laboratoire d’analyse, « A » sera imputé au tarif en fonction du nombre d’unités consommées. Ainsi, la difficulté majeure dans la fixation des objectifs de coût réside dans la détermination du niveau d’activité. Cette contrainte d’anticipation impacte directement la fixation des objectifs de coûts. D’autant plus que cette partie variable des charges est fonction du volume d’activité ce qui créait des distorsions dans l’analyse des coûts et donc de l’évaluation du niveau d’efficacité de l’établissement. Toutefois, malgré les difficultés internes de retraitement des charges indirectes, le CREA comme instrument de maîtrise permet d’appréhender les trois aspects indissociables de la performance hospitalière ; à savoir l’efficience de la production de soin, la qualité et l’accessibilité aux soins ; et l’efficacité socio-économique. En effet, le rapprochement des résultats aux objectifs permet aux établissements d’avoir une vision de la situation à un instant « t » ; mais également de rendre compte de l’évolution des charges médico-techniques et logistiques par pôle. Selon P. Drucker la gestion par les objectifs est « un principe de direction qui donne libre cours à l’énergie et à la responsabilité individuelle, qui trace en même temps une voie commune de vues et d’efforts, qui établit le travail d’équipe et qui harmonise les intérêts personnels et le bien-être commun ». En rupture avec les méthodes dites « traditionnelles » d’analyse de coûts, la gestion des activités par les objectifs intègre la notion de pilotage des activités avec l’ajustement du système. 1.2.2 L’analyse de coût comme support de gestion au pilotage des pôles Les centres hospitaliers publics sont de plus en plus sensibilisés à l’impact économique des décisions qu’ils prennent dans le cadre de leurs activités. Le développement des pôles impliquent que les cadres et responsables administratifs de pôles traduisent au quotidien ce que la gestion économique des hôpitaux est capable d’apporter au médical. MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 26/58 Même si il n’existe aucune valeur étique permettant d’évaluer le prix d’une vie, il convient d’avoir à l’esprit que les ressources disponibles restent limitées en moyens humains et financiers. Ainsi, l’analyse des coûts pose la question de l’utilisation que l’on en fait. Selon le dicton, « Décider, c’est choisir », le choix renvoie inévitablement à l’objectif qu’on voudrait atteindre mais surtout à la trajectoire qu’on souhaite adopter pour y parvenir. En effet, choisir la trajectoire de développement d’un pôle nécessite l’abandon de perspectives pour tendre vers de nouvelles perspectives de développement beaucoup plus efficaces ; voir efficiente. C’est à ce sens que l’analyse des moyens et des activités des établissements de santé occupe une place prépondérante dans le maintien et le développement possible de l’établissement public de santé. Dans la volonté de décentralisation des hôpitaux avec des liens resserrés entre le corps médical et la direction, ainsi que la mise en place d’une gestion de proximité afin de faciliter la prise de décision, les pôles sont devenus les nouveaux centres de gravité de gestion des centres hospitaliers. Chaque pôle est placé sous la responsabilité d’une direction médico-économique » qui regroupe un directeur de pôle et un coordinateur médical qui assurent de manière conjointe la gouvernance du pôle pour tout acte de portée stratégique et de gestion. Ainsi, ces directions fonctionnelles revêtent deux fonctions majeures dans le pilotage des activités : Elles constituent des relais de transmission de la politique générale de l’établissement à appliquer. Elles font appliquer le principe de subsidiarité en figeant les différents niveaux de responsabilité pour maintenir la cohérence de l’entité. C’est à dire que lorsque l’action publique est nécessaire, chaque décision doit être prise par les professionnels concernés qui sont au cœur ou bien au plus près du problème. Elles apportent un support technique et une aide à la décision pour la conduite des activités des pôles hospitaliers. Elles servent de relais d’information et d’encadrement pour les différentes unités fonctionnelles. MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 27/58 Stratégie (projet d’établissement) Résultat Actions correctives CREA Analyse commune et action partagée Allocation des ressources OBJECTIFS CONTROLE ET ANALYSE DIRECTION Valorisation des activités DIRECTIONS OPERATIONNELLES Figure 8 : Pilotage et compte de résultat analytique Source : Sandrine Rafini, contrôleur de gestion CH du pays d’Aix Sur ce dernier point, les établissements de santé ont besoin d’outils et de méthodes d’analyses. Ne pouvant que seulement optimiser la répartition des recettes, les établissements publics de santé ont néanmoins la possibilité d’agir sur la formation des coûts à partir du CREA. Pour ce faire, les hôpitaux publics de santé utilisent un ensemble de règles et de méthodes d’analyse qui leurs permettent de suivre des indicateurs de coûts pour aider les pôles à faire appliquer aux unités fonctionnelles (UF) les décisions relatives à la bonne gestion de l’organisation qui ont été prises. Ainsi, le CREA est utilisé comme système d’information décisionnaire. En effet, il permet d’apporter trois informations indispensables au pilotage des pôles : MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 28/58 Appréciation de la rentabilité Contribution de chaque pôle Décomposition du résultat Figure 9 : Pilotage par pôle à partir du CREA Source : élaboration personnelle L’appréciation de la rentabilité : l’appréciation de la rentabilité opérationnelle des pôles se fait grâce à comparaison du coût de revient aux recettes qu’ils génèrent. En effet, le compte de résultat analytique permet de faire un « état des lieux » de la situation en participant et en évaluant la rentabilité de chaque service au résultat général du pôle. La contribution de chaque pôle : le CREA permet de connaître la contribution des « activités médicales » au financement des frais fixes ; c’est à dire des frais induits par le fonctionnement logistique, la structure ou encore l’administration de l’établissement. Mais également, de savoir si les ressources engagées sont sources de gaspillage ; ou bien de création de valeur. L’appréciation de la rentabilité : en effet, la décomposition du résultat d’un centre hospitalier en contribuant à l’identification de l’origine des gains et des pertes de chaque pôle ou service. MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 29/58 Ainsi, le CREA permet d’appréhender la formation des coûts sous une approche plus stratégique en amont de la prise de décision pour planifier leurs ressources. Cet « outil de connaissance » fait le rapprochement entre les résultats et les objectifs ; mais également contribue à partager des diagnostics pertinents entre les acteurs qui placent l’action au centre des préoccupations plutôt que le contrôle et la répartition des charges. En effet le CREA repose sur l’élaboration d’indicateurs compréhensibles; ainsi que des données exhaustives et homogènes à l’ensemble des pôles pour orienter les comportements. Il apporte aux établissements de santé un outil de comptabilité analytique interne adapté à leurs interrogations et à leurs besoins de visibilité quant à la gestion internes des dépenses. Pour renforcer les résultats d’un établissement de santé deux éléments rentrent en considération : une parfaite maîtrise des charges et une bonne gestion de la valeur. Ainsi, nous allons voir dans notre seconde partir la relation entre les outils de gestion et le management par les objectifs. MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 30/58 DEUXIEME PARTIE : Relation entre outil de gestion et management par les objectifs On a pu observer au cours de la partie précédente le fait que les outils de gestion et notamment l’outil de gestion interne (CREA) utilisé par la majeure partie des centres hospitaliers permet un lien avec la volonté d’accroitre la performance globale de l’établissement. Cet outil élaboré par la comptabilité analytique hospitalière (CAH) agit en lien avec les objectifs des établissements de soins. Il est une marche à suivre dans la poursuite et l’atteinte des objectifs. 2.1 De l’Analyse des coûts à la gestion par objectif Selon Peter Drucker, la gestion par objectif se fonde sur « l’attribution à chaque employé d’objectifs…mis en commun par la suite et ainsi guider leurs performances dans le but d’accroitre celle de l’organisation… ». Depuis l’annonce de la nouvelle gouvernance et la volonté de décentralisation des hôpitaux publics, il est possible de faciliter le dialogue de gestion. En effet, la quête d’une nouvelle gouvernance va permettre d’alléger et rénover l’organisation hospitalière, qui va permettre de pallier au manque d’autonomie et une meilleure description des missions de l’ensemble d’un centre hospitalier. En effet, cette cassure opérée par la volonté de la plupart des directeurs des établissements de santé est la bienvenue car le mode traditionnel n’arrive plus à répondre aux besoins des usagers. Ce changement d’orientation va devoir faire appel à MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 31/58 la responsabilisation de chacun des acteurs que ce soit au sein des organes de direction, ou du corps médical ainsi que l’ensemble des conseils d’administration. 2.1.1 Risque de dérive et application du devoir d’alerte en milieu hospitalier Le calcul des coûts est une procuration capitale pour les centres hospitaliers dans un environnement ou on recherche, aujourd’hui à constamment améliorer ses performances et avoir une grande réactivité face aux projets d’établissement. Les deux leviers les plus couramment utilisés pour améliorer les performances au sein des centres hospitaliers sont : L’accroissement de la productivité afin de répondre à l’ensemble des besoins La réduction des coûts pour optimiser les charges de gestion La comptabilité analytique hospitalière est avant tout un processus, au service des établissements de santé, qui doit assurer l’atteinte de la performance et la bonne utilisation des ressources. En effet, elle permet aux dirigeants d’analyser les informations de gestion ; si elle s’éloigne ou non de la voie dite « normale » en fonction des objectifs élaborés et des données historiques de l’établissement. L’analyse des coûts, des marges et des écarts par pôle d’activités apporte une modélisation de l’organisation. Cette vision globale permet au contrôleur de gestion hospitalier d’alerter sur les incohérences ou l’insuffisance d’informations afin de mettre en évidence certain dysfonctionnement pouvant altérer la prise de décision. Trouvant ses origines dans le nom de «whistleblowing » (le contrôle de gestion en milieu hospitalier, Frédéric Jerôme et Alexandre Pain), les contrôleurs de gestion en milieu hospitalier sont, à côté de leurs compétences techniques, considérés comme des lanceurs d’alerte. En effet, les outils d’analyses des coûts doivent permettre aux établissements de détecter et de communiquer les risques de dérives de coûts ou dysfonctionnements potentiels. MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 32/58 Souvent associé à la notion de critique positive (concept très récent en milieu hospitalier), détection des risques de dérives suppose « d’avoir un esprit critique ; c’est donc de faire preuve de jugement et de perspicacité ». A ce sens, le diagnostic de coût nécessite de prendre un peu de distance par rapport aux agents hospitaliers et aux méthodes de calcul utilisées. L’analyse des coûts à partir du CREA met en évidence trois types de risques : Des risques techniques : comme nous l’avons abordé, le compte de résultat analytique est soumis à des règles de ventilation. Celles-ci sont complexes à mettre en œuvre et nécessitent parfois d’avoir une anticipation du volume d’activité à moyen terme des activités. Ce qui peut altérer les résultats constatés et donc la détermination des objectifs. Des risques d’information : pertinence et l’exactitude des dépenses et des recettes collectées, qui sont les informations pour construire le CREA. Des risques de résultat : dérives potentielles pouvant avoir un impact financier non négligeable. En effet, les dérives de coûts en milieu hospitalier peuvent être induites par des risques de différentes natures. Selon Cauvin et Coyaud (1990), il existe trois lignes directrices qui animent le système de gestion. C’est à dire, « la contingence du système par rapport à la politique en matière de stratégie et de structures, la convergence organisationnelle sur des objectifs et réalisations communs, la cohérence du processus coordonnant et intégrant les différentes phases ». Ainsi, il est possible de distinguer trois types de risque inhérents à la gestion des coûts : « La contingence du système » qui exprime les risques associés à l’activité hospitalière. C’est à dire, les risques liés à l’interdépendance entre la structure et le fonctionnement en fonction des objectifs de prise en charge globale des patients et la qualité des services. Ces risques majeurs déterminent les caractéristiques de système de gestion interne et les démarches du contrôle de gestion en milieu hospitalier. MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 33/58 « La contingence organisationnelle» qui est le degré de contrôle et de responsabilité associé au risque de procédure (application et respect des process établis) « La convergence organisationnelle » qui représente le risque humain. C’est à dire le fait de respecter et adhérer les corps médico-techniques aux objectifs de l’établissement de santé. Les outils de gestion d’analyse des coûts vont permettre au contrôleur de gestion d’endosser un rôle de « régulateur de risques ». En effet, il doit avoir une grande sensibilité quant à l’outil de gestion qu’il utilise et appliquer son devoir d’alerte lors de la détection de ces risques ; notamment si ils sont susceptibles de nuire à la performance de l’établissement. Ainsi, ils doivent être analysés et signalés. Cette perspective nouvelle du contrôle de gestion en milieu hospitalier oblige les établissements de santé à s’interroger sur le sens des pratiques, à articuler le contrôle de gestion à la dynamique stratégique et à penser des organisations complexes, multiples, labiles, ouvertes sur leurs environnements et mobilisant des acteurs appartenant à plusieurs d’entre elle » Cauvin (1999). L’objectif des outils de gestion fondées sur l’analyse des coûts de faire remonter des informations pertinentes, mais aussi d’alerter sur les risques identifiés en maintenance un certain niveau de qualité. Ainsi, pour Cauvin, il convient « d’adopter une approche des coûts plus conforme à la sociologie hospitalière et aux modes de prise en charge actuels ou en développement : cette approche est celle de la comptabilité par activités ». Ce raisonnement en termes d’analyse de la formation des coûts par pôle permet de « décrypter le processus d’élaboration du service hospitalier en identifiant les facteurs inducteurs de coût responsables de l’efficacité de la prestation (correspondance aux attentes des patients) » (Cauvin, 1999). Cette approche permet de faire une double analyse : MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 34/58 Une analyse technique des résultats obtenus sous forme de constat. Une analyse stratégique des résultats obtenus et des causes des écarts sous forme de diagnostics (identification des risques et des points forts du système actuel de répartition). Ce second point suppose une démarche beaucoup plus interactive qui dépasse la simple idée du calcul des coûts ; ce qui permet de lui associer une véritable gestion. Effectivement, la notion de devoir d’alerte est inséparable du pilotage et du management. On va observer dans ce second point la relation entre la performance et les outils de gestion. Et comment par les objectifs, les contrôleurs de gestion contribuent à générer de la performance dans un secteur sécurisé et propice aux réformes. 2.1.2 Gestion par objectif : un générateur de performance Essayer de définir le concept de performance est difficile. En effet, selon Bourguignon (2000) elle peut se définir « comme la réalisation des objectifs, quels que soient la nature et la variété de ces objectifs. Cette réalisation peut se prendre au sens strict ou au sens large du processus qui mène au résultat… ». C’est à dire que la performance est à la fois un résultat (qu’il soit positif ou négatif), une action (tributaire du résultat), ou encore la capacité de l’organisation à atteindre le but qu’elle s’est fixé avec succès (ce qui selon Bourguignon constitue un aboutissement). En effet, on a évoqué pendant longtemps la performance financière d’une entreprise comme seule performance légitime. Aujourd’hui, et surtout dans les établissements de santé, il a été observé que pour atteindre la rentabilité et la pérennité d’une organisation, un grand nombre de critères doivent être pris en considération. La performance doit être générée en amont. Elle n’est donc plus seulement le bénéfice final résultant d’une action. C’est également, les choix qu’on fait et la manière utilisée pour atteindre un résultat. On va donc parler non plus de performance au sens strict mais de performance globale. MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 35/58 Celle-ci découle d’un cheminement propre à l’organisation et aux effets de synergies internes. Pour Caballero et Dickinson, 1984 « La performance objective est en grande partie une illusion. Elle est importante, mais la dimension la plus importante réside dans la manière dont cette performance est perçue ». Ainsi, la performance globale est plus large et plus complexe à définir car elle revêt à la fois un concept polymorphique (plusieurs formes) et polysémique (plusieurs sens). En effet, il est important de montrer que pour Baret (2006), la performance globale touche des aspects « multidimensionnel ». Elle prend en compte plusieurs éléments et elle se réfère avant tout à la stratégie poursuivie par l’organisation. Selon Bourguignon (1995), « en matière de gestion, la performance est la réalisation des objectifs organisationnels ». Pour Lorino (2003) «... est donc performance dans l’entreprise tout ce qui, et seulement ce qui, contribue à améliorer la création nette de valeur ». L’évolution législative dans le secteur de la santé incite les établissements publics médico-sociaux à développer une culture de la performance. Au sein des établissements de santé, on parle aussi bien de performance financière que de performance sociale ou encore de performance économique. Nous pouvons schématiser celles-ci de la manière suivante : Performance Sociale Performance Economique Performance Financière Performance Globale Figure 10 : La performance Globale dans un centre hospitalier Source : élaboration personnelle MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 36/58 Cette performance globale vise à harmoniser les performances individuelles et collectives. Elle intègre les performances économiques, sociales et financières au centre des préoccupations des parties prenantes autour de trois concepts fondamentaux : la gestion des risques, des coûts et de la qualité. Cette conceptualisation de la performance et pilotage interne des établissements de santé repose sur cinq leviers distincts : L’efficience des processus de production : organisation des performances médico-techniques et capitalisation de meilleurs pratiques terrains à partir d’outils de performance. La transformation des établissements : avec le déploiement de nouveaux projets. Une culture partagée des résultats et de la performance : accompagnement des pôles et amélioration de leurs performances ; développement du pilotage interne ; programme d’accompagnement au changement. Des investissements efficaces : élaboration de plans d gestion pluriannuels et accompagnement de l’équipe de direction dans mise en place, le suivi et la réussite des projets d’établissements. Des ressources valorisées et adaptées aux besoins : développement qu’une gestion plus souple des ressources humaines avec plus de mobilité. Outre la performance économique et financière indispensable à toutes organisations, la gestion par objectif peut être un générateur de performance sociale. Pour P. Drucker (1954), cet outil d’accompagnement est « un principe de direction qui donne libre cours à l’énergie et à la responsabilité individuelle, qui trace en même temps une voie commune de vues et d’efforts, qui établit le travail d’équipe et qui harmonise les intérêts personnels et le bien-être commun ». Cette performance est largement identifiée en milieu hospitalier. Elle permet de laisser une place importante aux facteurs humains dans l’organisation. En effet, la gestion par les objectifs contribue à renforcer le partage des informations et d'une vision commune de l’organisation à des horizons plus ou moins lointains. MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 37/58 Au sein du centre hospitalier du pays d’Aix, la prise en compte de la performance dite sociale est importante pour les différents acteurs de l’organisation. Pourquoi ? Dans une institution en perpétuelle évolution telle que le milieu hospitalier, la définition des objectifs, la recherche de l’efficience engendré par la qualité de soins distribuée au patient est sans cesse remise en question. Il est donc indispensable pour chacun de posséder des valeurs et des indicateurs de suivi permettant à chacun de connaître le niveau d’avancement. (Échelonnage vers but à atteindre). L’intérêt de cette gestion est de pouvoir vérifier que les objectifs qui sous-tendent la stratégie choisie par l’établissement de santé sont bien suivis ; de pouvoir conseiller les opérateurs dans leurs actions à partir d’analyses de résultats et des indicateurs de gestion ; de capitaliser les informations et alimenter les réflexions stratégiques ; d’alerter et de gérer rapidement les dysfonctionnements. Ainsi, la comptabilité analytique de gestion peut être génératrice de performance globale. Elle endosse une mission de pilotage de la performance en s’assurant de la pertinence et de la tenue des objectifs pour les centres hospitaliers publics INFORMER EXPLIQUER ROLE DE LA COMPTABILITE ANALYTIQUE HOSPITALIERE PREVOIR CONTR0LER Figure 11 : objectifs et comptabilité analytique hospitalière Source : Objectifs et rôle de la comptabilité analytique Patrick Boisselier MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 38/58 Comme nous avons pu le voir dans les différents points exposés ci-dessus la comptabilité analytique permet de mettre en avant et de valoriser la performance globale des établissements de santé publics. Elle joue un rôle essentiel dans l’atteinte des objectifs au sein de centre hospitalier. Toutefois, dans le cadre de l’analyse des coûts les organisations hospitalière, notamment dans le secteur public rencontrent des difficultés à relier stratégie et objectifs. 2.2 Les difficultés à relier stratégie et objectifs au sein d’un centre hospitalier La loi HPST (Hôpital, Patients, Santé et Territoires) du début de la fin des années 2000 a amorcé les discussions sur le nouveau mode de management en milieu hospitalier. On a pu constater à travers de ce mémoire que les objectifs majeurs d’un établissement de santé sont l’adaptation du financement des activités de l’établissement ; ainsi que le pilotage et le management de la performance (par l’élaboration d’outil de gestion interne, tel que le CREA notamment). La volonté de cette loi est d’amener les établissements publics à s’engager dans une voie de management dynamique et interactif. Il existe donc des difficultés à passer d’un système d’administration bureaucratique (constaté par Mintzberg dans son ouvrage sur : Le Management, voyage au centre des organisations) à un système de management stratégique. Force de constater que les contraintes législatives (d’abord avec la nouvelle gouvernance puis ensuite avec la loi HPST) prennent le dessus sur les potentiels de dynamique du changement et de transformation. Cette difficulté est encore aujourd’hui source de conflit et d’opposition entre les deux modes de gestion qui coexistent au sein d’un centre hospitalier. Nous allons observer au sein de ce point le passage du management public hospitalier à l’émergence d’une volonté stratégique dans le but d’offrir un nouvel élan dynamique au secteur hospitalier. Cette nouvelle démarche de management public ne va pas sans une parfaite analyse et adéquation entre comptabilité analytique et dialogue de gestion. MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 39/58 Ainsi, nous allons analyser l’impact de la décentralisation sur les fonctions support, notamment sur la partie contrôle et gestion de l’organisation ; afin de mieux comprendre les obstacles et la nouvelle définition d’objectifs au sein d’un centre hospitalier. 2.2.1 La communication managériale et décentralisation des fonctions supports Comme nous avons pu le remarquer, la réflexion des politiques publiques sur la refonte du milieu hospitalier entraine une décentralisation des fonctions supports. Ce processus décisionnel a été mis en avant et étudié par Henry Mintzberg ou il définit la communication managériale comme étant « un ensemble de techniques d’analyse visant à élaborer des stratégies ». Dans sa réflexion, il distingue cinq parties de la communication à l’hôpital, que nous pouvons observer dans ce schéma : Ligne hiérarchique SOMMET STRATEGIQUE CENTRE OPERATIONNEL Figure 12 : structure organisationnelle Source : Le management, voyage au centre des organisations, Mintzberg, 2004 MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 40/58 On distingue donc ci-dessus : Le Sommet Stratégique : il regroupe le directeur général, le président de la CME, ainsi que d’autres membres de haut niveau. La ligne hiérarchique opérationnelle : c’est à dire, l’ensemble des responsables qui ont un contrôle direct sur les centres opérationnels et les pôles. Le centre opérationnel : il comprend l’ensemble des personnels chargés de réaliser les activités de l’hôpital. Les fonctions de support logistique : elles se composent des services du recouvrement, de la paie, de la restauration … La technostructure : elle regroupe l’ensemble des acteurs du pilotage (planification, comptabilité, contrôle) Mintzberg caractérise l’hôpital comme une organisation de type « bureaucratie professionnelle ». Elle repose sur la standardisation des qualifications. En effet, dans le cas du secteur hospitalier, on cherche à employer des personnes hautement qualifiées (les médecins par exemple ; où toutes autres activités de soins qui fait appelle à une qualification précise et bien définie). Cette segmentation « métier » créait un cloisonnement entres les fonctions et les activités. Dans le cadre d’une organisation bureaucratique au sein des centres hospitaliers, les individus n’ont aucune relation professionnelle avec des personnes n’ayant pas les mêmes qualifications. Cette base de construction rend la mise en place de la gestion par les objectifs complexe à mettre en œuvre. La technostructure est complètement dissociée et exclus de la conduite des activités productives. Ainsi, pour rendre fonctionnelle ce mode de gestion il faut revoir tout le fonctionnement interne et « briser » les clivages opérationnels en intégrant la technostructure dans le processus d’aide à la décision. La nouvelle gouvernance est donc contraintes à un double objectif, il faut dans un premier temps réévaluer la ligne hiérarchique de l’organisation et dans un second temps renforcer le niveau de la technostructure ; pour ainsi offrir aux contrôleurs de gestion la possibilité d’élargir leurs champs de vision en matière de performance et de pilotage des résultats avec une légitimité et un rôle au centre de l’organisation. MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 41/58 Ce rôle dit « central » s’appuyer sur la parfaite cohésion entre le développement d’outils de gestion interne (comme le CREA) et l’information médicale. La volonté de mettre en avant un nouveau mode de management public permet d’introduire la notion de stratégie au cœur des établissements de santé qui montre que les fonctions support et la techno structure va jouer un rôle de soutien et d’accompagnement des centres opérationnels (activité principale) ; et non plus une liaison entre les activités du centre opérationnel et la direction. Cette « révolution organisationnelle » permet de caractériser de nouvelles fonctions (selon Laufer et Burlaud) liées à une gestion et la mise sous contrôle des résultats avec la possibilité d’intégrer un pilotage des activités, ainsi qu’une dynamique tournée vers la culture de la performance. Ainsi, cette dimension stratégique nous amène d’après A.Bartoli « vers un mode de gestion à la fois plus rigoureux, plus souple, plus participatif et moins éclaté ». Cette nouvelle démarche a conduit à une restructuration des objectifs au sein d’un hôpital, avant la volonté de décentralisation des fonctions support de l’hôpital, nous étions dans une démarche ou les objectifs étaient liés au respect des règles et des procédures, ce qui était le mode de gestion courant et montré par Mintzberg sur la bureaucratisation des établissements de santé publics. Or, depuis les réformes de l’organisation hospitalière, l’évolution des objectifs tend à se caractériser par des indicateurs de suivi de la qualité des soins et de l’atteinte des résultats non plus dans une volonté de structurer l’activité mais de la contrôler. C’est à dire, de mettre sous contrôle l’ensemble des variables pouvant impacter directement la conduite des opérations. La conception décentralisée issue d’un « nouveau management public » permet aux structures de gagner en autonomie, flexibilité et en réactivité. En effet, Le partage des responsabilités gagne en clarté, ce qui permet une nouvelle communication managériale qui a été engendrée par les récentes lois sur une nouvelle gouvernance. Donc, les établissements de santé vont pouvoir s’appuyer sur des outils de gestion performant pour la mise en œuvre d’un management stratégique centré sur la recherche MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 42/58 de l’efficience, l’efficacité et la productivité, qui constituent les trois piliers centraux des objectifs qui s’inscrivent dans la nouvelle dynamique de l’organisation hospitalière. On peut donc constater que le développement managérial va se concentrer sur le pilotage interne, qui va être dans un premier temps le développement de la comptabilité analytique comme générateur d’aide à la décision et un outil de pilotage permettant au travers des CREA de jouer un rôle de transmetteur entre la direction et les différents pôles du centre hospitalier. Ainsi, on remarque que le renfort des pôles d’activités qui deviennent par ailleurs l’échelon commun des établissements est, avec les services de gestion de la performance des pivots au fondement des objectifs et des besoins de l’hôpital. Ces dernières années, l’établissement public de santé s’est caractérisé par la refonte de l’organisation afin d’intégrer une partie des hypothèses et des définitions stratégiques des entreprises au management public hospitalier. La communication managériale à l’hôpital va donc s’articuler autour des prestations médicales, mais également à travers l’accueil ou la prise en charge du patient. La contractualisation pousse les différents hôpitaux publics à atteindre des objectifs clairement identifiés et défini au préalable par les instances de santé gouvernementales. Cela rapproche donc les centres hospitaliers du secteur du mode de gestion privé. On constate ainsi, une insuffisance de la culture de gestion et de résultat au sein de l’établissement de santé aujourd’hui. La nouvelle communication managériale de l’hôpital va donc tourner autour de l’amélioration et l’intégration de la performance. Car les enjeux présentaient ci-dessus, à savoir l’amélioration de la qualité de soins et des services dédiés aux patients ; ainsi que l’analyse des coûts et des dépenses ne peuvent pas aller les uns sans les autres. Ce sont des enjeux communs. En effet, on ne peut pas améliorer la qualité des techniques médicales et de soins sans tenir compte des coûts et inversement. On ne peut pas non plus contrôler les dépenses en délaissant la qualité allouée au patient. Or, comme nous avons pu le constater dans le point sur : « la gestion par objectif : générateur de performance », il va falloir améliorer d’une part la performance économique et financière de l’établissement et d’autre part intégrer la performance sociale. La communication managériale va donc rénover et remodeler les MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 43/58 méthodes de planification des actions et de gestion des performances au sein des centres hospitaliers. 2.2.2 Les obstacles internes de mise en œuvre Pour cette partie nous allons prendre pour exemple le centre hospitalier du pays d’Aix. En effet, la direction de celui-ci a récemment annoncé en avril 2015 son désir de restructurer son organisation et sa volonté de mettre en place un nouveau type de management au sein de l’établissement. Dès lors, de nombreux changement s’opèrent en interne que ce soit au niveau de l’administration qu’au niveau des pôles d’activités. La délégation de gestion va en effet, se retrouver dans les pôles. On va donc assister à un regroupement entre personnel administratif et personnel soignant. Ce qui est autrement plus intéressant et renforce la volonté de dynamisme des objectifs du centre hospitalier. Le directeur va utiliser la mise en œuvre du CPOM (Contrat Pluriannuel d’Objectifs et de Moyens) pour mener des actions et ainsi pouvoir en cours d’exercice améliorer ou organiser un suivi régulier. De plus, comme nous l’avons montré précédemment, le personnel des centres opérationnels évoluaient dans un mode de fonctionnement dit autonome (c’est la standardisation des qualifications selon Henry Mintzberg), or avec l’arrivée de cadres de gestion dans le pôle, le personnel opérationnel devra rendre compte de ses actions. Ce qui va permettre d’introduire une notion de transparence et permettre à chacun d’agir et d’œuvrer avec des objectifs communs et renforcer l’appartenance à une même structure et une même organisation. Nous ne serons plus dans un « clivage » conflictuel permanent entre administratif et soignant, car le personnel soignant, qui représente l’activité principale d’un établissement, gèrera par lui-même les actions de soins. Le personnel administratif se contentant d’apporter des compétences stratégiques de gestion. Ce nouveau mode organisationnel verra certainement le jour à l’horizon 2017. Il est encore aujourd’hui dans l’établissement sous forme de projet. Projet, qui comme nous allons le voir pose déjà de nombreuses questions à tous les niveaux hiérarchiques de l’établissement. MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 44/58 Ce bouleversement peut engendrer des résistances et altère la gestion par les objectifs. Les fonctionnaires peuvent être amenés à percevoir des risques liés à leur reconnaissance, leur rémunération, ou bien encore leur autonomie ce qui à terme les pussent à faire échouer ce mode de gestion. Il est évident que dans un processus de changement d’une telle ampleur les résistances et la peur des différents acteurs sont des facteurs déterminant de la réussite d’un tel changement managérial et organisationnel. Pour notre sujet, nous allons plutôt nous attarder sur l’administration et la direction. En effet, le nouveau mode de gestion engendre des difficultés pour déléguer les pouvoirs ou encore gérer la mise en place de la nouvelle organisation. De plus, il est important de prendre en compte pour le centre hospitalier d’Aix en Provence la dimension politique. En effet, le climat changeant de la politique n’est pas en adéquation avec la volonté d’élaboration d’un nouveau modèle d’organisation, car la mise en place de ce modèle doit s’étaler sur le long terme, donc s’agissant d’un établissement de santé public, il faut que celui-ci est le total soutient des politiques publics. Cet élément constitue à lui seul un obstacle interne majeur. Comme nous le précisions ci-dessus, le changement d’organisation, montre que la cellule de la gestion de la performance sera au centre du nouveau pilotage de l’hôpital. La comptabilité analytique et donc les outils d’analyse devront permettre la réalisation des objectifs pour les pôles. Mais ce n’est pas pour autant que les gestionnaires bénéficieront des marges de manœuvres et des avantages du secteur privé. Ce qui risque de ne pas atténuer les possibles conflits entre les différents organes de direction. Ces possibles relations conflictuelles ont été constatés dans les différents établissements de santé qui ont adopté la contractualisation. Sur différents centres hospitaliers qui ont adopté cette nouvelle contractualisation par exemple, ou le gain d’autonomie donne une pression supplémentaire et un stress conséquent sur les différents agents hospitaliers qui à terme a risqué de mettre à mal la réalisation et l’optimisation des objectifs à réaliser. Donc, il est important de faire attention et de nuancer les propos sur le regain de dynamisme qui entraîne une modification organisationnelle, car si celle-ci est menée de manière rapide et négligée, cela n’entrainera pas forcément un accroissement de la performance. MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 45/58 Au sein de certains établissements, la conduite du changement s’est faite, au départ, sans la participation des agents à la mise en œuvre du nouveau mode organisationnel et de la décentralisation des fonctions supports. Peter Drucker met en avant dans son analyse sur la gestion par objectif que le facteur humain « …joue un rôle déterminant dans l’élaboration et la construction d’objectif qui permettra de tourner l’entreprise (ou l’organisation) vers une vision stratégique commune… » La conduite de ce projet de contractualisation peut donc mettre en retrait certains acteurs qui sont essentiels à l’élaboration et la réalisation d’objectifs. Si on se projette dans un futur proche, des recherches ont constaté des possibles dysfonctionnements à la mise en place d’un tel projet. On ne peut clairement pas passer d’un système organisationnel de type « webberien » à un nouveau type de management public du jour au lendemain. Les étapes progressives misent en place par la direction devront faire en sorte d’atténuer au maximum toutes formes d’incompréhension ou encore de jalousie entre les agents. Car, ces étapes ne concernent peut être pas au départ l’ensemble des effectifs du centre et n’englobe pas l’ensemble des services. On va être donc confronté à des modes de gestions différents, qui peuvent avoir des incidences sur le résultat à venir de l’hôpital. En effet, ces modes de gestion totalement opposée peuvent accentuer la mauvaise interprétation des objectifs au sein de l’établissement. L’incompréhension peut se faire également au niveau des différentes équipes. En effet, pour les équipes de direction le nouveau mode organisationnel amoindri leurs pouvoirs décisionnel sur certaines prérogatives dû à la décentralisation du processus de gestion. Il faut donc que les organes de direction soutiennent les services médicaux et de soins en devenant des prestataires et jouant ainsi un rôle d’accompagnateur plutôt qu’un rôle hiérarchique, comme nous l’avons remarqué dans le nouveau schéma organisationnel plus haut. Le facteur humain doit être donc vu comme le moteur de la volonté de changement. La direction hospitalière du pays d’Aix a donc mis en avant des réunions et des séminaires d’information sur différents points de la contractualisation, afin de ne pas mettre à l’écart les acteurs et agents de l’hôpital et de les sensibiliser à avoir une vision et une MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 46/58 culture commune de la nouvelle organisation hospitalière. De plus, ces séminaires permettront une intégration plus rapide entre personnel administratif et soignant pour développer des buts et des objectifs communs à atteindre. Dans le centre hospitalier Aixois par exemple, il sera donc difficile pour le contrôleur de gestion d’élaborer des CREA avec une notion de pilotage des activités permettant de définir la situation départ, le niveau d’avancement et les objectifs à atteindre. En effet, une gestion décentralisée au niveau des pôles va progressivement atténuer le pouvoir des pôles les moins rentables. Ce qui remet en cause la légitimité du compte de résultat analytique dans le sens ou cet outil interne va être utilisé dans le but d’accompagner les objectifs des pôles, mais celui-ci remet en cause la stratégie de soin. Car, on peut imaginer que certains patients pourraient être privés de soins dans le seul but de respecter un équilibre budgétaire. Nous sommes donc ici, dans deux politiques différentes. Dans un premier temps on souhaite renforcer et redynamiser l’hôpital sur un modèle de gestion privé avec une recherche de performance et d’efficacité, et de l’autre on veut instaurer des objectifs liés à la « mission hospitalière » et à l’hôpital pour tous. Le personnel hospitalier, qu’il soit administratif et/ou de santé se perd dans une volonté d’harmoniser et de recentrer l’hôpital dans un nouveau modèle de management dans lequel les agents ne sont pas forcément d’accord et prêt à accepter. MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 47/58 CONCLUSION Aujourd’hui, la culture du résultat est de plus en plus importante pour les établissements de santé publics. Les dernières réformes de l’hôpital incitent les établissements à une réorganisation structurelle (avec des regroupements et des coopérations) mais aussi à une revue de leurs modalités de pilotage et de gestion, pour atteindre les objectifs d’économie et d’efficacité fixés nécessaires dans un contexte économique tendu. Cette volonté, calquée sur le secteur privé va permettre aux hôpitaux publics d’opérer un nouveau dynamisme et d’orienter de nouveaux objectifs dans l’atteinte de résultat, afin d’être compétitif, face notamment aux établissements privés de santé. La culture du résultat, légitime donc l’activité de l’établissement et les objectifs nouveaux. Depuis la loi HPST de 2009, qui marque la volonté de contractualisation des établissements de santé publics, les objectifs de l’organisation hospitalière ont changé. Aux exigences de sécurité et qualité des soins, aux nécessités de service public, aux particularités du modèle de santé français, s’ajoutent de fortes exigences financières. Dans cette nouvelle approche du management public, les acteurs et agents hospitaliers ont un objectif commun de satisfaction de la patientèle. Cette orientation, que l’on retrouve plus classiquement dans le secteur privé, vise à créer une nouvelle dynamique et permettre à l’hôpital public de faire émerger et de s’intégrer dans un nouveau modèle économique, en s’appropriant et en déclinant des outils et méthodes de gestions En se basant sur l’exemple du CH Intercommunal d’Aix-Pertuis, visant un pilotage stratégique plus efficace et l’atteinte de résultats clairement pré définis (par des indicateurs de performance), il apparait qu’une évolution dans l’utilisation des outils de gestion, voire une modification des outils eux-mêmes, sont des éléments clé. Comme l’affirme A.Bartoli, La mise en place d’une gestion par objectif demande un long processus de pilotage du changement. C’est donc dans cette phase de changement que la gestion par objectif afin de sensibiliser les acteurs à l’organisation trouve des limites. Mais dans une organisation extrêmement hiérarchisée et pyramidale comme celle de l’hôpital public, on peut observer qu’il émerge une volonté d’asseoir un MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 48/58 dialogue et un pilotage de gestion dans le but d’amener chaque acteur de l’établissement à avancer dans une volonté de stratégie commune tournée vers la qualité de soins dédiés au patient mais aussi le maintien des bonnes conditions d’exercice. Une parfaite maîtrise de l’analyse des coûts est nécessaire au centre hospitalier pour se comparer et de se rapprocher d’un management basé sur la productivité et la recherche de performance. L’élaboration de nouveaux objectifs est un moyen d’apporter à l’établissement de santé une ouverture vers un nouveau mode de management, voulu par les politiques publiques. Les outils de gestion interne, tels que celui évoqué dans ce mémoire, doivent apporter des éléments essentiels sur la tenue des engagements et objectifs de l’organisation. On a essayé de répondre dans ce mémoire à la question : Est-ce que le compte de résultat analytique a un impact sur la gestion par objectif ? Il est vrai que une analyse des coûts poussés et précise peuvent aiguiller et recentrer l’organisation sur le coût de production au plus juste, jouant alors un rôle d’outil menant à bien les objectifs fixés. On a en effet pu remarquer, que dans le Compte de résultat analytique (CREA) l’apport des données et des indicateurs sensibilisent les différents pôles à contrôler leurs activités par les dépenses. Cette analyse de coût permet aussi d’apporter des aides à la création d’activité. Depuis 2010, les services cliniques ont déjà intégré le fait de devoir présenter de nouvelles activités avec une méthodologie de business plan, à savoir l’élaboration d’un dossier de coût et de recette présenté à la direction générale. Egalement, au cours de la première partie de ce mémoire, on a observé que le CREA, permet de traduire l’efficience et l’efficacité d’un établissement. Il permet de mettre en place un processus de pilotage permettant d’identifier et optimiser les ressources de l’hôpital. Il oriente donc les différents pôles du centre hospitalier vers un dialogue de commun de gestion pour l’établissement. On assiste donc aujourd’hui, dans le milieu hospitalier à une confrontation de deux modèles de gestion ; à savoir : MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 49/58 - un modèle classique basé sur le simple respect des règles et des procédures, qui est un modèle statique de réalisation des tâches sans prendre en considération les différents acteurs et agents contribuant à la bonne marche productive du centre hospitalier ; - un modèle organisationnel novateur dans le secteur public, c’est à dire un modèle axé sur la recherche de l’efficacité en intégrant une notion de performance globale. On ne va plus seulement centrer nos efforts sur la manière dont on réalise notre activité mais plutôt sur la manière dont on a atteint nos résultats. Il apparait cependant que ce type de gestion par les objectifs, fondée sur une approche systémique, reste limité au sein des hôpitaux publics pour l’instant. En effet, un des challenges pour ce type d’établissement réside dans l’implication des différents acteurs dans le pilotage des activités en interne. . MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 50/58 BIBLIOGRAPHIE Livres : Le Contrôle de gestion Hospitalier, Alexandre Pain et Frédéric Jérôme, 2013 Le management dans les organisations publiques, Annie Bartolie, Dunod, Coll. 2005 A propos du management, Peter Drucker, village mondial, 2000 Le management, voyage au centre des Organisations, Henry Mintzberg, 1999 La comptabilité de gestion à l’hôpital, Jacques Grolier, Patrick Médée, Yvon Pérard, Presses de l’EHESP, 2013 La Tarification à l’activité, Médecine et gestion : une dynamique nouvelle, de Patrick Expert, Berger-levrault, 2004 Articles : Projet Stratégique et dynamique de l’hôpital public, de Nathalie Krief Le management stratégique de la qualité hospitalière par l’encadrement intermédiaire, de Jocelyn Husser, 2006 Le contrôle de gestion en millieu hospitalier : une réponse à l’émergence de risques organisationnels, de Fabienne Alvarez, 2000 Le management par objectifs met-il fin à l’ambiguïté dans la gestion publique ?, de Manel Benzerafa, Laurent Garcin, Patrick Gibert et Jean-François Gueugnon, 2011 Le management des risques à l’hopital, Eytan Ellenberg 2003 Le management dans les organisations publiques : mode ou necessité ?, de Christophe Falcoz, 2007 Activité, productivité et qualité de soins, avant et après la T2A, Zeynep Or, Julia Bonastre, Florence Journeau, Clément Nestrigue, 2013 Mesure de la performance globale des entreprises, Angèle Dohou et Nicolas Berland, 2010 Les politiques d'amélioration de la qualité des soins à l'hôpital. Quel fondement organisationnel ?, Etienne Minvielle, 2003 MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 51/58 Dossiers : Agence National d’aide à la performance, ANAP Usage de la comptabilité analytique hospitalière dans les hôpitaux publics et PSPH, Meah, 2006 La culture du résultat, Jean-Marie Gogue 2008 La mise en œuvre d’outils de gestion dans les établissements hospitaliers : les incohérences d’une politique publique, Jean-Paul Domin Guide méthodologique de la comptabilité analytique hospitalière, 2012 MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 52/58 ANNEXES Annexe 1 : Fichier commun de structure, pôles Femmes/Enfants, CHAP Aix Annexe 2 : Exemple de dépenses par titre dans le CREA par pôle Annexe 3 : Première lettre du directeur sur la nouvelle gouvernance MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 53/58 MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 54/58 MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 55/58 MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 56/58 Table des matières INTRODUCTION ...........................................................................................................6 PREMIERE PARTIE : Comptabilité analytique hospitalière, lien entre analyse et objectif ............................................................................................................................10 1.1 La comptabilité analytique hospitalière .....................................................................10 1.1.1 La Structure : Langage commun de gestion des établissements ............................11 1.1.2 Les outils de gestion : entre efficience économique et qualité des soins ..................15 1.2 La gestion interne du centre hospitalier du Pays D’Aix ...........................................20 1.2.1 CREA : analyse des coûts et des objectifs par pôle ................................................21 1.2.2 L’analyse de coût comme support de gestion au pilotage des pôles ......................26 DEUXIEME PARTIE : Relation entre outil de gestion et management par les objectifs ...........................................................................................................................31 2.1 De l’analyse des coûts à la gestion par les objectifs ..................................................31 2.1.1 Risque de dérive et application du devoir d’alerte en milieu hospitalier ...............32 2.1.2 La gestion par les objectifs : un générateur de performance ..................................35 2.2 Les difficultés à relier stratégie et objectifs au sein d’un centre hospitalier.............39 2.2.1 La communication managériale et décentralisation des fonctions supports...........40 2.2.2 Les obstacles internes de mise en œuvre ................................................................44 CONCLUSION ..............................................................................................................48 BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................................51 ANNEXES ......................................................................................................................53 MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 57/58 Mesure et pilotage de la performance en milieu hospitalier La gestion hospitalière est aujourd’hui tournée vers un nouveau mode d’organisation. Depuis le début des années 2000, la tarification à l’activité a obligé les hôpitaux publics à repenser leurs méthodes de management. Ces méthodes auront pour but d’organiser le centre hospitalier autour d’un nouveau dialogue de gestion, qui est tourné vers la recherche de la performance et la culture du résultat. Il va s’articuler autour du contrôleur de gestion qui va jouer un rôle d’accompagnateur dans le processus de pilotage de l’établissement, grâce à des outils de gestion. Ces outils, doivent permettre d’atteindre les objectifs fixés. The hospital management is now facing a new organization. Since the early 2000s, the pricing activity has forced public hospitals to rethink their management methods. These methods will aim to organize the hospital center around a new conversation management, which is turned to the search for performance and culture of the result. It will revolve around the management controller that will play the role of guide in the management process of the institution, through management tools. These tools are designed to achieve the objectives. Master : Comptabilité, Finance, Fiscalité et Patrimoine Spécialité : Conseil-Audit-Contrôle Faculté des Sciences Economiques et de Gestion, Aix-Marseille Université 14 Avenue Jules Ferry 13100 Aix-En-Provence Tel : 0033(0)4 42 91 48 34 E-mail : [email protected] MOSCATI Anthony _ Mémoire universitaire 2014-2015 Page 58/58