Jean Depraeter - WK Transport Logistique
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Jean Depraeter - WK Transport Logistique
URB018_032-033_PROFIL_070-ECONO 18/11/13 18:21 Page32 PROFIL Reconduit à la présidence du Gatmarif en octobre, Jean Depraeter porte avec clarté des revendications en Ile-de-France. Tel un homme d’entreprise qui se pique de politique pour la bonne cause : la logistique urbaine durable, oui, mais à l’écart des idéologies. PAR BENOIT BARBEDETTE Jean Depraeter Homme de consensus E JEAN DEPRAETER EN 4 DATES • 2006 : nommé directeur général adjoint de Geodis, au côté de Pierre Blayau. • 2008 : élu président du Gatmarif. • Fin 2009 : quitte Geodis à 65 ans, départ en retraite. • Septembre 2013 : signe la charte marchandises de Paris au nom du Gatmarif. 32 n privé, il peut avoir l’œil rieur et le verbe haut, le sourire malicieux et la dent dure. Voilà pour la forme et la petite histoire. Sur le fond, Jean Depraeter, homme public et première tête du Gatmarif (groupement des activités de transports et de manutention de la Région Ilede-France), milite pour le bon sens. Il porte les couleurs de diverses organisations professionnelles : TLF, la FNTR, la CSD, le SNTL… aux côtés de Stéphane Choquet et de Franck Edeline, vice-présidents, tous réélus le 4 octobre 2013. Le voilà donc muni d’un nouveau mandat dont il veut faire bon usage dans un contexte politique qui voit approcher les élections municipales de mars 2014. « Nous avons des choses à dire et à demander », souligne-t-il, un rien frondeur, au nom de corporations professionnelles qui ont des savoir-faire techniques, des compétences et des connaissances qui ne peuvent être ignorés par la puissance publique. « Les questions de logistique urbaine, mal connues, souvent négligées, seront l’un des grands chantiers de la mobilité dans les dix ans à venir », martèle-t-il. Dans les débats de logistique urbaine, cet homme au caractère trempé peut, selon les thèmes, aussi bien endosser le costume du lanceur d’alerte que celui du donneur de solutions. Venant du monde des affaires et de l’entreprise (dans les plus hautes sphères de Geodis Calberson), il ne craint pas le terrain politique, il en connaît les codes et les méandres. Son credo : « Il est urgent de passer des projets aux réalisations concrètes. Demain, il sera peut-être trop tard pour certaines solutions… ». En 2012, la Région Ile-de-France a vu passer sur son sol plus de 210 millions de tonnes de fret, les flux entrants étant de 52 Mt et les sortants de 42 Mt. 60 % du tonnage total est interne à la Région. DÉCEMBRE 2013 – JANVIER 2014 /// ACTEURS URBAINS Le mode routier traite 197 Mt (dont 78 Mt liés à l’activité de messagerie), le fluvial 14 Mt et le fer à peine 10 Mt. « Le premier enseignement de ces chiffres est qu’il est, au moins, aussi important d’économiser le kilomètre produit que de favoriser l’intermodalité, ce qui est sans doute moins coûteux pour la collectivité », a-t-il écrit dans le magazine Le Courrier de la Cohuat, en février 2013 (1). Pour lui, l’objectif d’une logistique urbaine durable en Ile-de-France et à Paris ne sera pas atteint par le seul report modal au fort impact médiatique et aux faibles résultats en matière de réduction des externalités négatives. Il faut privilégier une action massive favorisant l’utilisation de « camions propres » (dans le respect des 29 m2 au sol à Paris), plus efficace qu’une politique du « tout sauf le camion ». Un propos « politiquement correct » mais qu’il rejette sans détour. « À un moment donné, il faut revenir sur terre… ». Une façon de dire que des réalisations concrètes sont attendues à court terme, dans les six mois, sur la facilitation des livraisons et opérations de déménagement (avec mise en place de réservations d’espaces pour les véhicules), l’optimisation du transport de voitures (ah ! les porte-huit dans Paris…), l’encouragement à l’usage d’énergie alternative gaz et électrique. De ce point de vue, la signature de la charte de « logistique urbaine durable » de la Ville de Paris, le 18 septembre, vaut d’être concrète. Elle lui a, de surcroît, offert une tribune de premier choix. Devant près de 200 personnes réunies dans la salle d’honneur, placé entre Bertrand Delanoë, maire de Paris, et Julien Bargeton, adjoint en charge des Transports, le protocole lui a fourni l’occasion d’ouvrir la cérémonie (avant Bertrand Delanoë !) par un discours de 10 minutes fixant les grands enjeux de la charte parisienne. L’oc- URB018_032-033_PROFIL_070-ECONO 18/11/13 18:21 Page33 casion rêvée pour rappeler l’engagement total du Gatmarif sur ce dossier. Les 16 fiches projets du texte recouvrent l’essentiel des diverses problématiques de la circulation des marchandises en zone dense et devraient permettre de progresser vers une logistique apaisée. « Cette charte n’est qu’une première étape. Elle doit être suivie par des réalisations opérationnelles ». En privé, Jean Deprater reconnaît : « Julien Bargeton est à l’écoute. Il est un adepte du franc-parler. C’est plus facile de travailler avec un élu comme lui ». L’autre grand dossier, sensible selon lui, est le foncier. « C’est la clé ». Il pousse pour que soit menée en Ile-de-France et à Paris, une politique foncière cohérente et… en phase avec l’objectif de 50 % des livraisons du dernier kilomètre en véhicule non-diesel à l’horizon 2017. « Cet objectif, que je vois plus comme un vœu pour l’instant, passera par le développement de l’utilisation de véhicules électriques. Car leur développement est conditionné par l’existence de plateformes logistiques approvisionnées de façon massifiée, par la route, le ferroviaire ou la voie d’eau, et situées à proximité des destinataires », expliquait-il le 14 octobre. Or, selon le Gatmarif, près de 200 000 m2 de surfaces dédiées au dernier kilomètre ont été supprimées lors des cinq dernières années dans Paris. La poursuite de la disparition des surfaces destinées à la logistique rendra impossible un transfert significatif du mode diesel vers l’électrique, dit-il. En conséquence, Jean Depraeter demande le gel des opérations urbaines détruisant des espaces réservés aux activités logistiques jusqu’à la parution des conclusions du groupe de travail chargé de proposer un schéma d’orientation de la logistique urbaine décliné au territoire parisien avec les communes limitrophes de Paris. « La vérité est que nous constatons un décalage pour ne pas dire une contradiction entre les discours des collectivités territoriales et leurs politiques foncières ». (1) confédération française pour l’habitat, l’urbanisme, l’aménagement du territoire et l’environnement. ACTEURS URBAINS /// DÉCEMBRE 2013 – JANVIER 2014 33