10137-9 IADB.fre.001
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L’AMERIQUE LATINE ET LES CARAIBES EN 1998 Résumé En 1998, l’économie mondiale a connu l’une de ses années les plus difficiles et les plus éprouvantes depuis plusieurs décennies. La crise financière qui avait frappé l’Asie en 1997 s’est étendue à la Russie et a déstabilisé les marchés financiers des pays développés comme des pays en développement. En même temps, le ralentissement de la croissance économique, notamment en Asie, a entraîné d’importants fléchissements des prix des produits de base. Pour l’Amérique latine et les Caraïbes, ces chocs ont réduit l’accès au financement extérieur, alors même que la valeur de leurs exportations diminuait. De ce fait, leurs réserves internationales ont baissé, leurs taux de change se sont trouvés soumis à de nouvelles pressions et leurs taux d’intérêt intérieurs sont remontés. Ajoutant encore aux difficultés de la région, des catastrophes naturelles sans précédent se sont abattues sur de nombreux pays. El Niño a porté un coup sévère à l’Equateur, au Pérou et à d’autres pays voisins, tandis que les cyclones Georges et Mitch ont dévasté la République Dominicaine, le Honduras et le Nicaragua, et ont porté gravement atteinte à d’autres pays dans les derniers mois de l’année. Si les réactions des pays latino-américains à ces chocs extérieurs et à ces catastrophes naturelles ont varié d’un pays à un autre du point de vue de l’action engagée, elles étaient toutes inspirées par une ferme volonté de préserver la stabilité macro-économique. Les politiques fiscales et monétaires adoptées visaient à réduire les déséquilibres financiers et à prévenir les déséquilibres de change. Malgré la forte baisse des cours des produits de base, les déficits budgétaires ne se sont creusés que de 0,8 % du PIB, et les monnaies ont pu éviter de fortes dépréciations. De ce fait, l’inflation est restée maîtrisée à une médiane inférieure à 10 %, égale à celle de 1997. Bien que la croissance se soit ralentie dans la plupart des pays, tombant de plus de 5 % à 2,5 % pour l’ensemble de la région, seuls deux pays ont accusé des taux de croissance négatifs. Mais surtout, les conditions essentielles à une croissance future n’ont pas été ébran- lées ; non seulement la stabilité macro-économique a été préservée, mais l’attachement aux réformes du marché est resté vivace, et s’est même renforcé. Le contexte international A l’échelle mondiale, l’année 1998 s’est caractérisée par l’effondrement des cours des produits de base et par une instabilité financière sans précédent. La baisse des prix de ces produits a été causée en grande partie par la récession qui a frappé certains pays d’Asie, en particulier le Japon, l’Indonésie, la Corée, la Malaisie et la Thaïlande. L’exemple des prix du pétrole, qui sont tombés de 31 % en 1998, après une baisse de 5 % en 1997, est peut-être le plus notable. Le prix du cuivre a diminué de 20 % durant le dernier trimestre de 1997, puis à nouveau de 10 % en 1998. De fortes baisses ont également été enregistrées par les cours du sucre (31 %), du blé (24 %) et du café (43 %). L’année a commencé assez calmement dans le sillage de la crise financière asiatique, qui avait provoqué une forte volatilité des marchés financiers tout au long du quatrième trimestre de 1997. Cependant, la situation a brutalement changé en août, quand la crise russe a atteint son paroxysme avec la dépréciation du rouble, l’incapacité de faire face à la dette intérieure et l’obligation de contrôler les mouvements de capitaux. La confiance des investisseurs a été ébranlée, et de massives liquidations se sont produites sur les marchés émergents, entraînant un affaissement des bourses des pays développés comme des pays émergents, y compris la plupart de ceux d’Amérique latine. Les flux de capitaux vers les économies de marché émergentes, qui avaient été en moyenne de 245 milliards de dollars en 1996-97, sont tombés à 191 milliards de dollars en 1998, niveau comparable à celui de 1994-95. En outre, le coût de ces fonds a fortement augmenté. D’après un indicateur fréquemment utilisé, les marges sur les émissions d’obligations des marchés émergents sont passées de quelque 500 points de base à la fin de 1997 à environ 1 200 dans les dernières semaines de 1998. 2 Encadré 1 Comment prévenir le manque de liquidité? La crise financière mondiale de 1998 ne peut se comparer par son ampleur et sa trajectoire qu’à celle des années 1930. La crise, qui avait éclaté en Asie au milieu de 1997, s’est étendue à la Russie en août 1998, avec de graves répercussions sur les marchés boursiers des EtatsUnis et de la plupart des pays d’Amérique latine. La contagion s’est propagée lorsque d’importants investisseurs internationaux qui avaient investi en Russie ont accusé une lourde perte de capital qui les a contraints à liquider d’autres investissements sur les marchés émergents. Cependant, la crainte que les pertes de liquidité ne s’étendent encore davantage a pu être dissipée grâce à des décisions opportunes sur plusieurs fronts. Premièrement, la Réserve fédérale des Etats-Unis a annoncé trois réductions consécutives des taux d’intérêt intérieurs, favorisant ainsi une expansion de la liquidité qui a permis de mettre fin aux déclins des places boursières des Etats-Unis. Par la suite, cette décision a incité plusieurs pays européens à réduire leurs taux d’intérêt d’une façon coordonnée. Deuxièmement, la Banque interaméricaine de développement, le Fonds monétaire international, la Banque La tension qui caractérisait les marchés émergents s’est sensiblement relâchée vers la fin de l’année grâce à trois principaux facteurs. Premièrement, les autorités monétaires des économies avancées, suivant en cela l’exemple des Etats-Unis, ont réduit leurs taux d’intérêt. Deuxièmement, les autorités japonaises ont proposé un train de réformes crédible permettant de faire face aux difficultés actuelles, principalement dans le secteur bancaire. Le renforcement du yen a ainsi fait reculer l’éventualité d’une nouvelle série de dévaluations monétaires en Asie. Troisièmement, la communauté internationale a réussi à coordonner un vaste effort visant à soutenir l’ajustement financier au Brésil. Les catastrophes naturelles Les catastrophes naturelles ont encore ajouté aux difficultés qu’ont connues de nombreux pays de la région. En particulier, le cyclone Mitch a laissé un sillage de destruction en Amérique centrale, principalement au Honduras et au Nicaragua. Le cyclone Georges a ravagé la République Dominicaine et, sur une période mondiale, ainsi que les membres du G-7, ont pris rapidement des mesures pour étendre la liquidité internationale au Brésil. Un montage financier de 41,5 milliards de dollars a été établi à l’appui de plusieurs réformes au Brésil, renforçant ainsi les réserves internationales de ce pays. Enfin, plusieurs pays ont pris des mesures décisives pour renforcer leurs lignes de défense contre les pénuries de liquidité internationale. L’Argentine a élargi et amélioré son programme de rachat, et le Mexique a obtenu accès à une ligne de crédit conditionnelle. Toutes ces initiatives ont pour caractéristique commune l’engagement préalable d’investisseurs privés internationaux à fournir la liquidité si le pays en avait besoin pour empêcher toute attaque contre son système financier ou sa monnaie. Comme, par leur existence même, ces dispositifs d’intervention sont destinés à décourager de telles attaques, ils font office d’assurance liquidité, plutôt que de véritable source de crédit. Ces dispositifs et d’autres garantissent l’accès à la liquidité internationale et peuvent prévenir le danger que le manque de liquidité ne dégénère en une crise financière ou une crise de change véritable. plus longue, El Niño a frappé une grande partie de l’Amérique du sud, en particulier les pays andins. Outre leur lourd bilan en vies humaines, ces catastrophes ont détruit l’infrastructure et ravagé la production de vastes régions de ces pays. Les conséquences et la réponse de l’Amérique latine Ces phénomènes extérieurs ont porté un coup sévère à l’Amérique latine, la baisse des prix de ses exportations combinée à une diminution de son accès à des financements extérieurs ayant pesé lourdement sur ses réserves internationales, ses taux de change et ses taux d’intérêt intérieurs. Les principales exportations de la région, notamment le pétrole, le cuivre et le café, ont enregistré de fortes baisses de leurs cours, entraînant une diminution de la valeur unitaire de ses exportations estimée à 5,2 %. Les pays les plus durement touchés ont été le Venezuela et l’Equateur, où le solde des opérations courantes a accusé une variation d’environ 6 % du PIB, en grande 3 L’AMERIQUE LATINE ET LES CARAIBES EN 1998 Croissance du PIB réel en Amérique latine, 1990-1998 (En pourcentage) 6 1997 Croissance réelle du PIB Economies développées 3,1 Economies en développement 5,8 Croissance du volume des importations Economies développées 9,0 Economies en développement 9,8 Taux d’intérêt à court terme Dollar des Etats-Unis 5,2 Deutsche Mark 3,3 Yen 0,3 Prix des produits de base primaires (Variation en pourcentage) Pétrole -5,4 Alimentation -10,8 Boissons 32,6 Métaux 3,0 5 4 3 2 1 0 -1 TABLEAU II. CONTEXTE EXTERIEUR (En pourcentage) 1998(p) 2,0 2,3 4,5 1,0 5,1 3,6 0,3 -31,1 -12,0 -14,2 -14,1 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998p Source : FMI, Perspectives de l’économie mondiale, octobre 1998. p : préliminaire partie sous l’effet de l’effondrement des cours du pétrole (auquel est venu s’ajouter, dans le cas de l’Equateur, l’impact d’El Niño sur la production d’autres biens exportables). Au Chili, les recettes d’exportation ont baissé d’environ 14 %, soit près de 3 % du PIB, par suite du fléchissement des cours des matières premières, principalement du cuivre. La réduction de l’accès à des ressources financières extérieures a correspondu à la fois à une diminution des apports de capitaux et à un accroissement des coûts financiers. D’après les estimations de fin d’année, il semble que le volume total des entrées de capitaux dans la région se soit élevé à 64 milliards de dollars en 1998, contre 79 milliards de dollars en 1997. On peut supposer que cette baisse s’est produite principalement après le mois d’août, quand la tension financière s’est accentuée dans la région. Un indice du rendement des émissions d’obligations latino-américaines sur les marchés européens a doublé entre juin et septembre, passant de 456 à 900 points de base. Vers la fin de 98, le rendement moyen avait diminué sensiblement, mais restait supérieur à son niveau initial. A mesure que l’incertitude s’accentuait sur le contexte extérieur et que la crainte d’une pénurie de devises se propageait, la pression s’est accentuée sur les réserves internationales et les taux de change dans toute l’Amérique latine. Les réserves internationales de la région sont tombées d’environ 19 milliards de dollars, ce qui représente un changement notable par rapport aux années précédentes. En fait, les réserves de change avaient augmenté, respectivement, de 27 et 15 milliards de dollars en 1996 et 1997. Plusieurs pays ont perdu 10 % ou plus de leurs réserves de la fin de 1997, notamment la Bolivie, le Brésil, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, l’Equateur et le Venezuela. Face à la menace d’une pénurie de devises, deux pays (la Colombie et l’Equateur) ont abaissé le niveau de la bande dans laquelle fluctuaient leurs taux de change, et plusieurs autres ont affiché une volatilité accrue sur le marché des changes. Cette turbulence financière extérieure s’est également transmise à l’économie à travers les marchés boursiers. Au plus fort de la crise, les indices boursiers (en dollars) ont affiché des fléchissements compris entre 30 et 50 %. Bien que cet effondrement ait été en grande partie corrigé dans les mois suivants, les places boursières sont demeurées en dessous des niveaux qu’elles avaient connus à la fin de 1997. L’incertitude et la volatilité ont fait monter les taux d’intérêt. En fait, dans de nombreux pays, ces taux ont été la plus importante manifestation des troubles financiers extérieurs sur le marché intérieur. En octobre, les taux d’intérêt avaient pratiquement doublé dans plusieurs pays par rapport aux niveaux observés à la fin de 1997. Tel était clairement le cas au Chili, en Equateur, au Mexique, au Pérou et au Venezuela. Au Brésil, 4 Chômage (Moyenne pondérée de la population) Taux d’intérêt (Indice déc. 1997=100) 450 8,5 400 8,0 350 7,5 300 7,0 250 6,5 200 150 6,0 100 5,5 50 5,0 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998p p : préliminaire le pays le plus durement frappé par la crise, le fléchissement des taux d’intérêt qui s’était produit sur une période de plusieurs mois s’est tout à coup trouvé inversé par la crise russe, qui a frappé le pays en pleine année électorale et à une époque où une fraction importante de la dette publique intérieure arrivait à échéance. La baisse des valeurs des exportations et le relèvement des taux d’intérêt se sont fait sentir sur la situation financière de la région, où les revenus ont diminué et le service de la dette s’est alourdi. Le Venezuela et le Brésil offrent les meilleurs exemples de ces deux tendances. Au Venezuela, les recettes des exportations pétrolières sont tombées d’environ 7 % du PIB, par suite de l’effondrement des cours, et, au Brésil, les paiements d’intérêts sur la dette publique ont atteint 8 % du PIB, montant sensiblement égal au déficit budgétaire consolidé. Dans un contexte marqué par un accès réduit aux ressources financières extérieures et intérieures, les gouvernements de la région se sont trouvés contraints d’adopter des politiques financières restrictives afin de préserver la stabilité macro-économique. Des plans d’austérité budgétaire ont été mis en place dans plusieurs pays, principalement en Argentine, au Brésil, en Colombie, au Costa Rica, au Mexique et au Venezuela. Ces plans ont permis de limiter la détérioration de la situation budgétaire, et le déficit 0 1997 Jan. Fév. Mars Avril Mai Juin Juill. Août Sep. Oct. Nov. Argentine Brésil Colombie Mexique Pérou Chili Venezuela moyen de la région est passé de 1,7 % du PIB en 1997 à environ 2,5 % en 1998. Croissance, emploi et inflation Le fléchissement des exportations, le relèvement des taux d’intérêt et la modération dans les dépenses budgétaires ont été les trois principales raisons de la baisse de la demande globale en 1998. Les pays frappés par El Niño et le cyclone Mitch ont en outre souffert une brusque compression de l’offre. De ce fait, la croissance de la région est tombée de 5,3 % en 1997 à environ 2,5 %, et au moins 18 pays membres emprunteurs de la BID ont accusé des taux de croissance plus faibles. Toutefois, deux pays seulement (le Guyana et la Jamaïque) ont enregistré une croissance négative. Au cours des troisième et quatrième trimestres de 1998, plusieurs autres pays ont montré des signes de récession, qui ont été particulièrement visibles au Brésil, en Colombie et au Venezuela. Néanmoins, ces contractions ont été compensées par les résultats des trimestres précédents, ce qui explique une croissance globale positive pour l’année. En outre, il est possible que la tendance à la baisse n’annonce pas un recul persistant en 1999, car plusieurs facteurs laissent entrevoir une reprise dans le courant de l’année. Dans certains pays, le ralentissement de la L’AMERIQUE LATINE ET LES CARAIBES EN 1998 Indice de taux de change (Déc. 1997=100) 5 Taux d’inflation médian (Pourcentage de variation dans l’IPC, déc. à déc.) 160 30 150 25 140 20 130 15 120 10 110 5 100 90 Déc. 97 Jan. Fév. Mars Avril Mai Juin Juill. Août Sep. Oct. Nov. Brésil Argentine Pérou Venezuela Mexique Equateur Colombie Chili croissance s’est accompagné d’un accroissement du chômage. Les estimations de fin d’année signalent des accroissements sensibles des taux de chômage au Brésil, en Colombie, en Equateur et au Venezuela. Toutefois, ces relèvements du taux de chômage n’ont pas frappé tous les pays. L’Argentine, par exemple, a enregistré une nouvelle réduction, légère il est vrai, de ce taux, revenant à des taux comparables à ceux qu’elle avait connus avant la « crise tequila » de 1995-96. Actuellement, 8 % de la main-d’œuvre latino-américaine restent inoccupés. La détermination à maintenir la stabilité macroéconomique se manifeste dans le fait que l’inflation a été tenue en échec dans la plupart des pays. Actuellement, avec un taux moyen d’environ 10 %, la situation reste pratiquement inchangée par rapport à 1997, malgré de graves perturbations macro-économiques. Neuf pays ont affiché des taux annuels d’inflation de 5 % ou moins, tandis que seuls deux pays de la région, l’Equateur et le Venezuela, tous deux exportateurs de pétrole, ont enregistré des taux d’inflation de plus de 20 %. 0 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998p p : préliminaire Réformes structurelles Au cours de la dernière décennie, la réforme structurelle en Amérique latine et dans les Caraïbes s’est révélée extrêmement résistante en période de crise. En outre, face à la crise, les pays ont souvent cherché à accentuer les réformes afin d’améliorer le fonctionnement de leurs marchés et de moderniser l’appareil de l’Etat. L’année 1998 n’a pas fait exception à cette règle. Premièrement, l’attachement à l’intégration économique au reste du monde s’est maintenu dans toute la région. Hormis quelques ajustements mineurs, les codes douaniers sont restés inchangés, et la tentation de compenser les pénuries de devises par des restrictions aux importations a été évitée. Dans le même esprit, aucun pays n’a poursuivi de politique visant à restreindre les sorties de capitaux. Deuxièmement, plusieurs pays ont accentué leurs efforts en vue de renforcer la réglementation et le contrôle financiers de manière à faire face à l’aggravation des risques financiers. En Colombie et au Mexique, de nouvelles ressources ont été affectées aux institutions chargées de protéger les dépôts bancaires. Troisièmement, des réformes fiscales profondes ont été présentées aux législatures en Argentine, au Brésil, en Colombie, en Equateur et au Mexique. Elles ont visé, non seulement à soutenir une situation 6 Solde budgétaire de l’administration centrale (Pourcentage du PIB) Flux de capitaux (En milliards de dollars E.U.) 0,0 100 -0,5 80 -1,0 60 -1,5 40 -2,0 20 -2,5 0 -3,0 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998p p : préliminaire -20 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 Compte courant (+ = Déficit) Variation des réserves Flux de capitaux Flux de capitaux = Compte courant + Variation des réserves financière en perte de vitesse, mais aussi à simplifier la fiscalité et éliminer les inefficacités. Quatrièmement, la privatisation s’est poursuivie, quoique à un rythme plus modéré qu’au cours des années précédentes. Les principales transactions ont été la privatisation de Telebrás au Brésil — la plus grande privatisation effectuée à ce jour en Amérique latine, par la vente de 12 sociétés d’exploitation différentes —, la vente de la compagnie d’électricité de la province de Buenos Aires, la concession au secteur privé de la principale route au Chili et l’achèvement avec succès du programme de privatisation du réseau de chemins de fer mexicains. Bien que la conjoncture internationale ait empêché que soient menées à bien d’autres opérations pendant le second semestre, plusieurs pays attendaient une amélioration de la situation financière pour reprendre leurs programmes de privatisation. Enfin, malgré les difficultés politiques observées dans certains cas, les réformes de la politique de maind’œuvre et des pensions sont restées l’un des principaux objectifs de plusieurs gouvernements, parmi lesquels ceux de l’Argentine, de la Bolivie, du Brésil, du Costa Rica et du Venezuela. L’objectif commun de ces réformes est de réduire les disparités dans les prestations reçues par différents groupes de travailleurs selon les régimes actuels, de manière à améliorer à la fois l’efficacité et l’équité. Perspectives En 1998, l’économie mondiale a été durement mise à l’épreuve, et les effets de la crise continuent à se faire sentir. A l’amélioration attendue des résultats en Asie fera pendant une croissance plus modérée aux EtatsUnis et, à un moindre degré, en Europe. D’après les estimations du FMI, l’économie américaine connaîtra un ralentissement, et son taux de croissance tombera de 3,7 % en 1998 à 1,8 % en 1999, tandis qu’au Japon, l’économie connaîtra une nouvelle contraction de 0,5 %. Dans ce contexte de ralentissement de la croissance, les visées expansionnistes des politiques monétaires et le faible niveau des taux d’intérêt des pays développés devraient favoriser une reprise des flux de capitaux vers les marchés émergents. En 1998, l’Amérique latine et les Caraïbes sont restées un marché important pour l’investissement direct étranger et les prises de participation, qui ont compté pour 56 % des apports de capitaux privés. Compte tenu de l’attachement soutenu de la région à l’économie de marché et à l’intégration économique au reste du monde, ces sources de financement conserveront vraisemblablement leur importance en 1999. Si tout cela augure d’un climat financier plus favorable pour l’Amérique latine et les Caraïbes, on ne saurait écarter la possibilité de L’AMERIQUE LATINE ET LES CARAIBES EN 1998 7 TUNUYAN (ARGENTINE) — Cette petite fabrique de chaussures a développé sa chaîne de production grâce à un prêt de 10 000 dollars obtenu dans le cadre d’un programme national de crédit financé par un prêt de la BID de 45 millions de dollars. nouveaux sursauts d’instabilité. L’éventualité de brusques fléchissements des marchés boursiers aux Etats-Unis reste réelle, et d’autres cas de volatilité peuvent apparaître ailleurs. Sur le front des échanges commerciaux, le ralentissement de la croissance économique mondiale contribuera également au maintien des faibles niveaux des cours des produits de base, ce qui rendra plus difficile pour plusieurs pays de la région la préservation de la stabilité macroéconomique. La persistance d’une politique financière et monétaire prudente sera sans aucun doute indispensable. Cela dit, les tendances récentes donnent à penser que la liquidité est un facteur particulièrement important : les économies liquides sont moins exposées aux brusques variations de l’humeur des investisseurs que les économies non liquides. BRIDGETOWN (BARBADE) — Elève de l’Ecole primaire Hilda Skeen (paroisse Saint Phillip). En 1996, un prêt de la BID de 11,6 millions de dollars a financé la construction et l’aménagement de quatre écoles.