Maladie vésiculeuse du porc : Symptômes, diagnostic

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Maladie vésiculeuse du porc : Symptômes, diagnostic
Rev. sci. tech. Off. int. Epiz.,
1983, 2 (1), 25-39.
Maladie vésiculeuse du porc :
Symptômes, diagnostic, épidémiologic
et prophylaxie*
J.G. LOXAM** et R.S. HEDGER***
Résumé : Dans sa forme aiguë, la maladie vésiculeuse du porc (MVP)
est cliniquement identique à la fièvre aphteuse et ne peut être différenciée que par des épreuves de laboratoire. L'existence de MVP bénigne,
avec des symptômes éphémères passant souvent inaperçus ou négligés,
a entraîné la non-déclaration de cas de la maladie. Ces cas n'ont été
décelés qu'après des investigations vétérinaires approfondies, souvent à
la suite de résultats positifs lors d'enquêtes sérologiques pour la recherche de MVP.
Différentes épreuves de laboratoire, sensibles et spécifiques, sont
maintenant disponibles, offrant un bon appui à la surveillance, au diagnostic différentiel et à la confirmation de l'existence de la MVP.
L'immuno-électro-osmophorèse
indirecte convient tout à fait pour
l'examen de grands nombres de sérums en vue du diagnostic, pour les
enquêtes épidémiologiques et pour les actions normales de surveillance.
L'épidémiologie de la MVP est associée essentiellement à la longue
persistance du virus dans les viandes de porc et dans le milieu extérieur.
Le contrôle rigoureux de la manipulation et du traitement des déchets
alimentaires (déchets domestiques, etc.) destinés à l'alimentation des
porcs, et la surveillance du commerce des porcs et des véhicules utilisés
pour le transport de ces animaux sont donc nécessaires.
L'éradication de la MVP a une importance vitale dans les pays où la
lutte contre la fièvre aphteuse repose sur une politique de nonvaccination et d'abattage sanitaire.
INTRODUCTION
La maladie vésiculeuse du porc (MVP) est une maladie contagieuse des
porcins provoquée par un entérovirus. Elle se traduit par une légère fièvre,
e
* Rapport général sur le Thème 1 de la X Conférence de la Commission Régionale de
l'O.I.E. pour l'Europe, Londres, 28 septembre-ler octobre 1982. Traduction du rapport original
intitulé « Swine vesicular disease : Clinical signs, diagnosis, epidemiology and control ».
** Directeur adjoint des Services Vétérinaires, Ministère de l'Agriculture, des Pêches et de
l'Alimentation, Tolworth, Surbiton, Surrey ( R . U . ) .
*** Directeur de Recherche Vétérinaire, Institut de Recherche sur les Virus des Animaux,
Pirbright, Woking, Surrey ( R . U . ) .
— 26 —
la formation de vésicules sur le bourrelet de la couronne, les talons, les membres et plus rarement le groin, les lèvres, la langue et les mamelles. Impossible
à distinguer cliniquement de la fièvre aphteuse, sa prophylaxie a une importance vitale dans les pays indemnes de maladies vésiculeuses.
Observée pour la première fois en Lombardie (Italie) en 1966, elle a été
reconnue par l'Institut de Recherche sur les Virus des Animaux de Pirbright,
Surrey (R.U.), comme étant une maladie nouvelle. Elle a été identifiée à
Hong-Kong en 1971, puis est apparue simultanément dans un certain n o m b r e
de pays européens en 1972/73. A la fin de 1981, 13 pays au total avaient
signalé l'existence de foyers de la maladie (Tableau I).
TABLEAU I
Répartition mondiale des foyers signalés de MVP
Pays
GrandeBretagne
Autriche
Belgique
France
Grèce
Hong-Kong
Italie
Japon
Malte
Pays-Bas
Pologne
Suisse
République
Fédérale
d'Allemagne
x
1966
1967
à 1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981
1970
13
3
137
X
187
5
45
3
3
6
18
43
60
12
29
5
1
1
1
1
6
3
X
1
X
2
23
X
X
X
X
1
1
39
21
2
1
2
X
32
23
1
9
X
1
2
X
1
2
2
11
= Nombre réel de foyers inconnu.
Elle est apparue pour la première fois en Grande-Bretagne, dans le
foyers ont été dénombrés dans ce pays où la plus longue période sans foyers a
été de juin 1977 à février 1979, soit une durée totale de 20 mois (Figures 1
et 2).
SYMPTÔMES CLINIQUES
La M V P peut se manifester par divers syndromes cliniques, allant de
l'infection inapparente à la maladie clinique grave, indiscernable de la fièvre
50
100
150
200
1973
1974
1975
FIGURE 1
1976
1977
1978
1979
1980
Incidence annuelle de la MVP en Grande-Bretagne (1972-1981)
1972
Nombre de foyers
1981
Année
— 27 —
Nombre de foyers
FIGURE 2
La MVP en Grande-Bretagne (1979-1981)
Année
Mois
— 28 —
— 29 —
aphteuse. La détection de la forme bénigne est souvent difficile dans certaines
conditions d'élevage modernes requérant peu de personnel. C'est le cas, en particulier, dans les porcheries où les animaux sont nourris de déchets alimentaires.
La période d'incubation varie de 2 à 7 jours et dépend de la dose infectante et de la voie d'infection. Dans certains cas, on a pu penser à des périodes d'incubation supérieures à 7 j o u r s , mais il est possible que les premiers
cas d'infection soient passés inaperçus. Expérimentalement, l'inoculation
intradermique de virus au niveau podal produit des lésions dans les 48 heures.
La contamination p a r les voies nasale ou orale peut induire l'infection
subclinique avec apparition associée d'anticorps. A ce j o u r , il n'est pas possible d'affirmer que les porcs infectés excrètent des quantités importantes de
virus en l'absence de signes cliniques de la maladie. L'expérience de la
Grande-Bretagne ne permet pas de conclure à l'existence de porteurs de virus
sur le terrain; de m ê m e , la persistance du virus après infection expérimentale
n ' a pas été démontrée.
La fièvre — j u s q u ' à 41°C — est le premier signe clinique observé, mais
habituellement la température redevient normale après deux à trois j o u r s .
Des vésicules apparaissent sur les bourrelets coronaires des onglons (y compris des petits doigts), moins souvent sur le groin et plus rarement sur les
lèvres, la langue et les mamelles. A u niveau des pieds, les vésicules ne sont
pas nécessairement limitées à la jonction de la peau et de l'onglon : elles peuvent, dans certains cas, s'étendre au m e m b r e . Dans les premières phases de la
maladie, on note parfois une perte d'appétit ainsi que des boiteries. Les vésicules éclatent en principe facilement; après leur r u p t u r e , les animaux ne boitent plus et il reste une zone superficielle de tissu granuleux; lorsque les vésicules se forment sur le bourrelet coronaire, la paroi de l'onglon correspondante se sépare du tissu sous-jacent. Il est rare que les onglons entiers se détachent, comme dans la fièvre aphteuse. Mais la ligne de séparation au niveau
du bourrelet coronaire devient visible par la suite, sous forme d ' u n e ligne
horizontale de couleur sombre qui se déplace vers le bas, au fur et à mesure
de la croissance de l'onglon. Ces marques horizontales doivent faire penser à
des séquelles de la maladie, et leur distance par r a p p o r t au bourrelet coronaire peut servir à déterminer l'époque à laquelle l'infection s'est produite
(Watson, 1981).
Aucune observation n ' a été faite en Grande-Bretagne, qui permette
d'avancer que des lésions d'âges très différents peuvent coexister chez un
même animal, même si on observe parfois une lésion primaire suivie 48 heures plus tard d ' u n grand n o m b r e de lésions secondaires.
La gravité de la maladie peut varier considérablement. Les porcs les plus
jeunes ont tendance à présenter des symptômes plus graves que les porcs plus
âgés. Mais, même chez les très jeunes animaux, la guérison est habituellement
assez rapide et la mortalité insignifiante.
La morbidité, variable, peut atteindre 100% dans certaines porcheries. La
maladie se propage de porcheries en porcheries de façon également très variable;
— 30 —
la transmission du contage est liée au déplacement des porcs infectés ou du
matériel contaminé.
DIAGNOSTIC CLINIQUE
Il convient de considérer que la maladie vésiculeuse du porc ne peut pas
être cliniquement différenciée de la fièvre aphteuse. En Grande-Bretagne,
toute maladie vésiculeuse chez les porcs est considérée dès le départ comme
un cas suspect de fièvre aphteuse, sauf s'il existe une relation connue et établie avec un cas prouvé de maladie vésiculeuse du porc. La confirmation de la
M V P sur les seules bases cliniques est donc rare. Au début de la maladie, un
diagnostic clinique peut être tenté en se fondant sur la présence de vésicules
ouvertes ou non, au niveau du bourrelet coronaire et du groin, sur la boiterie,
l'inappétence et la fièvre. Dans les phases ultérieures de la maladie, le diagnostic repose sur le décollement de l'onglon et la présence de lignes horizontales, qui indiquent qu'il y a eu séparation de la paroi de l'onglon, en particulier lorsque plusieurs doigts et membres présentent des lésions semblables.
P o u r le diagnostic différentiel, les autres maladies vésiculeuses, dont la fièvre
aphteuse, doivent être prises en considération; les épreuves de laboratoire
permettent de confirmer le diagnostic.
DIAGNOSTIC DE LABORATOIRE
Le diagnostic de la M V P au laboratoire repose soit sur l'isolement et la
caractérisation du virus, soit sur la mise en évidence des anticorps spécifiques, soit encore sur l'association des deux méthodes. La M V P se caractérise
par une infection qui dure en général plus longtemps q u ' o n ne le supposerait
au début, d'après l'apparence des lésions. Si, dans les foyers où la constatation exclusive de vésicules non ouvertes ou récemment ouvertes fait penser
que la maladie se situe dans sa phase initiale, on effectue sur les porcs infectés
et contaminés des prélèvements sanguins, on découvrira le plus souvent que
quelques-uns d'entre eux possèdent des titres élevés d'anticorps. Les épreuves
sérologiques sont donc particulièrement utiles, non seulement au stade
avancé de la maladie, où on ne trouve plus d'épithélium vésiculeux pour mettre en évidence ou isoler le virus, mais aussi au début de la maladie, si le
matériel virulent à examiner est en quantité insuffisante pour obtenir rapidement un résultat par la fixation du complément.
A . R E C H E R C H E D U VIRUS
a) Épreuve de fixation du complément.
La fixation du complément est réalisée sur plaques pour microtitration
(Casey, 1965) en utilisant comme antigène des suspensions diluées au l / 1 0 et
l / 3 0 d'épithélium vésiculeux broyé. Les sérums-anti de référence pour
e
e
— 31 —
l'épreuve comprennent celui de la M V P et ceux des 7 types immunologiques
du virus aphteux. Les temps de fixation varient d ' u n e heure à 37°C à une nuit
complète à 4 ° C . Le temps nécessaire à l'obtention du résultat est donc variable. Si l'échantillon à examiner est de poids suffisant (0,3 g ou plus) et p r o vient d ' u n e vésicule non ouverte ou qui vient de se r o m p r e , on peut alors
obtenir un résultat dans les 2 h 1/2 qui suivent l'arrivée du prélèvement au
laboratoire. Lorsque les prélèvements sont de poids insuffisant ou de m a u vaise qualité, il est nécessaire de multiplier le virus en culture tissulaire.
b) Culture de tissu.
Des suspensions de matériel prélevé au niveau des lésions sont inoculées à
des monocouches de cellules primaires de thyroïde de veau, des cellules primaires de rein de veau et des cellules I B R S en tubes rotatifs. Le virus aphteux se multiplie dans les trois systèmes cellulaires tandis que le virus de la
maladie vésiculeuse du porc ne se réplique que dans les cellules I B R S 2 . Lorsque l'effet cytopathogène se termine, habituellement au bout de 24 à 48 heures, on recueille le surnageant de la culture tissulaire et on le soumet à la fixation du complément pour identifier le virus. Les prélèvements négatifs subissent un passage aveugle p e n d a n t 48 heures sur des systèmes cellulaires a p p r o priés.
2
c) Différenciation des souches.
Les différences entre souches du virus de la M V P sont minimes et difficiles à déceler par les épreuves de neutralisation. L'électrophorèse sur gel de
polyacrylamide ( E G P A ) (Harris et Brown, 1975) permet de déceler les différences entre les polypeptides structurels du virus. Cette épreuve est particulièrement utile pour élucider l'origine obscure de certains foyers.
B. S É R O L O G I E
La contre-immuno-électrophorèse ( C I E P ) , la méthode E L I S A , la double
immuno-diffusion en gélose (DIDG) sont les tests de routine pour le diagnostic et les études épidémiologiques de la M V P . Les résultats de la C I E P et de
l'ELISA peuvent être obtenus très rapidement en 2 heures à 2 h 1/2 alors que
la D I D G d e m a n d e de 8 à 20 heures. La micro-neutralisation utilisée pour corroborer et quantifier les résultats des autres épreuves demande 3 jours et est
surtout utilisée p o u r les enquêtes épidémiologiques.
Dans la pratique, on observe que l'on peut pallier la moins grande sensibilité des épreuves de précipitation et de la méthode E L I S A en augmentant le
n o m b r e des sérums prélevés dans chaque élevage ou chaque foyer.
a) Contre-immuno-électrophorèse (CIEP).
La méthode C I E P (Bellhouse et coll., sous presse) est réalisée avec 1% de
gel d'agarose en boîtes de Petri jetables mesurant 105 x 105 m m . Le virus
— 32 —
récolté sur culture de tissu est inactivé par l'acétyléthylénéimine (AEI) ou par
le formol, concentré par précipitation au sulfate d ' a m m o n i u m ou par ultrafiltration sur fibre creuse. Quarante-huit sérums peuvent être examinés sur
une seule boîte. L'épreuve est spécifique, facile à réaliser, rapide et ne
demande que peu de réactifs. Elle convient donc parfaitement pour le dépistage de la maladie, les enquêtes épidémiologiques et en particulier pour la
surveillance épidémiologique. Un autre avantage de la C I E P est de pouvoir
être utilisée en dehors d ' u n laboratoire à haute sécurité sanitaire, du fait de
l'emploi de l'antigène inactivé.
b) La méthode ELISA.
Le titrage de l'immunoabsorbant lié à l'enzyme (ELISA) est une méthode
rapide mise au point par Hamblin et Crowther (sous presse). Elle est maintenant un test de routine pour la confirmation sérologique du diagnostic de la
M V P . Les résultats correspondent bien à ceux de la séroneutralisation et tout
en étant moins sensible que cette dernière méthode, l ' E L I S A supporte bien la
comparaison avec la C I E P et est plus sensible que la D I D G . Elle est cependant plus compliquée à réaliser et d e m a n d e une plus grande finesse d'interprétation que les épreuves par précipitation.
c) Séroneutralisation en microplaques.
Les épreuves de séroneutralisation (Golding et coll., 1976) sont réalisées en
monocouches de cellules I B R S sur des microplaques à fond plat p o u r culture
de tissus; les titres en anticorps neutralisants sont exprimés en inverse de la
dilution limite du sérum dans le mélange sérum-virus conférant une protection de 5 0 % .
2
L'épreuve de séroneutralisation a l'avantage d'être quantitative. Elle est
sensible et spécifique, mais difficile et longue à exécuter. Elle est donc moins
utile lorsqu'il convient d'obtenir des résultats rapidement ou qu'il faut examiner un grand n o m b r e de sérums.
d) Double immuno-diffusion en gélose (DIDG).
L'épreuve D I D G (Pereira et coll., 1976) a été largement utilisée pour le
diagnostic et la surveillance de la M V P . M ê m e si elle est maintenant largement remplacée par la C I E P et l ' E L I S A qui sont plus économiques en antigène et donnent des résultats plus rapides, elle demeure une technique utile.
La continuité entre la ligne de précipitation obtenue et celle donnée par les
sérums témoins positifs est la preuve sans équivoque de la spécificité du
sérum. La simplicité de la D I D G et la facilité de son exécution la rendent particulièrement utile pour du personnel non spécialisé dans les situations
d'urgence, la nuit, et en dehors des heures normales de service.
ÉPIDÉMIOLOGIE
On pense que la première apparition de la M V P en Grande-Bretagne en
1972 a fait suite à l'introduction du virus par de la viande de porc importée
— 33 —
de l'étranger. Les déchets alimenatires contenant cette viande auraient été
incorrectement traités et donnés comme aliments à des porcs domestiques. La
propagation ultérieure de la maladie et sa persistance ont été, dans une large
mesure, favorisées par la résistance du virus aux facteurs d'environnement
dont les changements de p H et les méthodes de désinfection qui inactivent
habituellement la plupart des autres germes pathogènes.
Malgré la mise en œuvre de la politique d ' a b a t t a g e , des porcs infectés ont
pu, dans certains cas, être envoyés à l'abattoir avant que la maladie ait été
diagnostiquée dans l'élevage. En conséquence, malgré les améliorations considérables apportées au contrôle du traitement des déchets alimentaires avant
de les distribuer aux porcs, il a été prouvé que le virus recyclé dans les déchets
alimentaires a été à l'origine de foyers d'infection à plusieurs reprises depuis
1972.
Une autre expérience réalisée en Grande-Bretagne a m o n t r é que, par suite
de l'extraordinaire persistance du virus en dehors de l'hôte, bon n o m b r e de
foyers ont eu pour origine la contamination de véhicules ayant servi au transport des porcs infectés. Les Figures 3 et 4 illustrent les origines supposées des
foyers de M V P au cours des deux périodes 1972-1977 et 1979-1981.
A la différence du virus aphteux qui est excrété avec la respiration, la
source primaire du virus de la maladie vésiculeuse du porc semble être constituée par les vésicules éclatées. Localement, la maladie ne se propage pas de
façon normale des exploitations infectées aux exploitations contiguës s'il n ' y
a pas déplacement de porcs infectés ou de matériels contaminés. La propagation aérienne de la M V P n ' a pas été observée en Grande-Bretagne. Même
dans des exploitations infectées, la propagation d ' u n e porcherie à une autre
peut ne pas se produire s'il n'existe pas un système de drainage c o m m u n (à
l'air libre) ou s'il n ' y a pas de déplacements fréquents de porcs entre les bâtiments. On a dit que la M V P était une maladie de « porcherie » plutôt q u ' u n e
maladie d ' « exploitation ».
L'épidémiologie de la M V P s'explique essentiellement par l'extraordinaire
persistance du virus dans le milieu extérieur. Le virus de la M V P résiste à
l'action de la plupart des désinfectants d'usage c o u r a n t . En présence de
matière organique, il résiste à la dessiccation. Il supporte la congélation et
peut survivre aux traitements habituels par fermentation et fumage utilisés
pour la conservation des aliments. Il est détruit à une température de 69°C,
mais est stable à des p H allant de 2,5 à 12,0. On sait qu'il peut survivre
400 jours dans le salami sec et les saucisses au poivre « pepperoni »; dans les
boyaux traités, il a survécu j u s q u ' à 780 j o u r s .
PROPHYLAXIE
En Grande-Bretagne, la M V P est une maladie à déclaration obligatoire et
la législation relative à sa prophylaxie est fondée sur les méthodes de la lutte
anti-aphteuse. La législation autorise l'abattage de tous les porcs atteints et
Déplacement
des
porcs
Nombre de foyers
FIGURE 3
Déchets Contamination Déplacement Propagation Recrudes- Non déterminée
alimentaires
sur les
du personnel
locale
cence
marchés
ou du
matériel
La MVP en Grande-Bretagne (1972-1977) : Origine de la maladie
Véhicules
contaminés
ORIGINE
— 34 —
La MVP en Grande-Bretagne (1979-1981) : Origine de la maladie
FIGURE 4
Déplacement Véhicules
Déchets Contamination Déplacement Propagation Recrudes - Non déterminée
des
contaminés alimentaires sur les
du personnel
locale
cence
porcs
marchés ou du matériel
Nombre de foyers
ORIGINE
— 35 —
— 36 —
contaminés lorsque la présence de la M V P est confirmée dans les porcheries;
une indemnité égale à la valeur m a r c h a n d e totale des porcs abattus est versée
au propriétaire des animaux.
On recherche tout ce qui a pu être introduit dans l'exploitation et qui a pu
en sortir dans les 28 jours précédant la date supposée d'apparition de la maladie j u s q u ' a u m o m e n t de sa confirmation. Les recherches portent sur les
porcs, les véhicules, le matériel, le personnel, etc. et, si nécessaire, des restrictions sont imposées aux déplacements des porcs de toutes les porcheries à
partir desquelles et vers lesquelles ces mouvements ont eu lieu.
Conformément aux prescriptions de la C . E . E . , l'interdiction de déplacer
les porcs, sauf à destination de l'abattoir, est notifiée à tous les élevages de
porcs se trouvant dans un rayon de 2 km autour d ' u n élevage infecté. Les restrictions restent en vigueur 15 jours au moins.
Après confirmation de la maladie et abattage des porcs, les carcasses sont
normalement incinérées ou enfouies sur place. Dans certains cas, on peut
procéder à l'enlèvement des carcasses sous surveillance, et à leur transport en
véhicules étanches, spécialement destinés à cet usage, vers une usine d'équarrissage agréée où elles subiront un traitement assurant la destruction du virus
de la M V P .
Les lieux infectés sont ensuite nettoyés et désinfectés sous le contrôle du
personnel du Ministère de l'Agriculture et normalement aux frais du Ministère. Après une première pulvérisation avec un désinfectant dont l'efficacité
contre le virus de la M V P est reconnue, on procède à un soigneux nettoyage
des locaux et du matériel, si nécessaire avec un dégraissant à base de métasilicate de sodium. On pulvérise ensuite une solution à 1% de soude et 48 heures
plus tard toutes les parties ininflammables sont passées au lance-flammes. La
pulvérisation de soude associée au lance-flammes est répétée 14 jours plus
tard.
Un repeuplement limité est autorisé 8 semaines après la fin du nettoyage
et de la désinfection. Dans un premier temps, il est permis de repeupler les
porcheries avec au maximum 5 0 % de l'effectif total du troupeau initial
(jusqu'à un maximum de 200 animaux en général). Les porcs sont placés dans
les parties des porcheries où la présence de l'infection avait été établie et ces
animaux sentinelles sont soumis à une inspection vétérinaire à leur arrivée
puis chaque semaine pendant 3 semaines. Si, au bout de 3 semaines, aucun
symptôme de M V P n ' a été décelé chez les porcs sentinelles, le repeuplement
total est autorisé.
LÉGISLATION APPLICABLE AUX DÉCHETS ALIMENTAIRES
Étant donné la persistance du virus de la M V P , il est devenu nécessaire
d'instaurer des contrôles plus rigoureux sur les déchets alimentaires utilisés
pour l'alimentation des porcs. Le Décret de 1973 sur les Maladies des Animaux
— 37 —
(Déchets Alimentaires) a imposé des conditions particulièrement strictes aux
éleveurs engraisseurs qui alimentent leurs animaux avec des déchets alimentaires. Conséquence de son application, le n o m b r e d'éleveurs autorisés à utiliser des déchets alimentaires pour l'alimentation des animaux a diminué; il est
passé de plus de 4.000 en 1973 à 872 à la fin de 1981. Cette réduction notable
a dû, à elle seule, contribuer de façon importante à la diminution du n o m b r e
de foyers de M V P au cours de ces dernières années.
L É G I S L A T I O N SUR LES D É P L A C E M E N T S
ET LE C O M M E R C E DES PORCS
La législation entrée en vigueur en 1975 a pour objet de contrôler plus
strictement le déplacement des porcs, le nettoyage et la désinfection des marchés et des véhicules utilisés p o u r le transport des porcs. Cette législation stipule que :
1. Tous les déplacements de porcs sont, à quelques exceptions près, soumis à autorisation préalable.
2. Il est interdit de sortir des porcs des élevages sauf p o u r l'envoi direct
sur un abattoir, pendant les 21 jours qui suivent l'introduction de porcs dans
les exploitations.
3. Les porcs se trouvant dans les exploitations qui utilisent des déchets alimentaires (ou qui y ont eu recours au cours des 3 derniers mois) N E peuvent
être déplacés Q U E pour être conduits directement sur un abattoir en vue de
l'abattage ou sur un marché réservé aux porcs de boucherie, à partir duquel
T O U S les animaux doivent être dirigés directement sur un abattoir.
4. Les porcs destinés à l'abattoir doivent porter une m a r q u e distinctive.
5. Les véhicules utilisés pour le transport des porcs doivent être nettoyés
et désinfectés régulièrement et les catégories de porcs qui peuvent être transportées sont limitées.
ENQUÊTES SÉROLOGIQUES
Depuis la première apparition de la M V P en Grande-Bretagne, des enquêtes sérologiques ont été conduites de façon continue pour essayer de localiser
les cas d'infection inapparente. Les enquêtes récentes, réalisées en 1980 et
1981, p o r t a n t sur plus de 53.000 prélèvements sanguins, ont donné les résultats suivants :
1. Enquête sur les éleveurs alimentant leurs animaux avec des déchets alimentaires dans le Yorkshire/Lancashire/Humberside :
La maladie vésiculeuse du porc semble s'être localisée ces dernières années
à la région du Y o r k s h i r e / L a n c a s h i r e / H u m b e r s i d e . Les porcs venant de cette
— 38 —
zone qui ont consommé des déchets alimentaires ont fait l'objet de prélèvements au moment de leur abattage. En 1981, cette enquête a permis de déceler 3 foyers de M V P .
2. Enquête menée auprès des engraisseurs/négociants :
Tout permet de penser que la plupart des foyers apparus n o t a m m e n t dans
le dernier trimestre de 1980, seraient la conséquence de déplacements illégaux
de p o r c s . U n c e r t a i n n o m b r e d ' é l e v a g e s a p p a r t e n a n t à des
engraisseurs/négociants de truies étaient impliqués dans ces déplacements,
surtout dans la région du Yorkshire/Lancashire. Des dispositions ont donc
été prises pour procéder à des prélèvements sanguins sur les truies envoyées à
l'abattoir par les engraisseurs/négociants connus. En 1981, cette enquête a
permis de déceler 7 foyers de M V P .
3. Enquête nationale sur les exploitations précédemment infectées :
En 1981, lorsque la fréquence de la M V P parut en diminution, on a
décidé d'étendre nos enquêtes sérologiques. On a pris des mesures pour collecter des sérums de porcs représentatifs de toutes les exploitations qui
avaient été repeuplées après un foyer confirmé de M V P en 1979, 1980 et
1981. Cette enquête est achevée et aucune séro-conversion n ' a été observée
chez les porcs de ces élevages. Ces observations démontrent l'efficacité des
méthodes de nettoyage et de désinfection mises en œuvre dans les exploitations où l'existence de la M V P a été constatée.
4. Enquête nationale sur les porcs alimentés avec des déchets alimentaires :
Au cours du dernier trimestre de 1981, on a fait en sorte que, dans les
abattoirs, soient collectés des sérums de porcs en provenance de tous les élevages britanniques distribuant des déchets alimentaires. A la fin de 1981, les
porcs de 800 élevages sur 872 concernés avaient été soumis à des prélèvements
sanguins; aucun n ' a donné de résultats positifs aux épreuves sérologiques
visant à déceler des anticorps de la M V P .
5 . Enquête nationale sur les porcs alimentés avec des farines :
Il est prévu de prélever régulièrement, toujours dans les abattoirs, des
échantillons statistiquement significatifs de sérums de porcs représentatifs de
tous les troupeaux porcins du pays qui ne consomment pas de déchets alimentaires (en l'occurrence les troupeaux alimentés avec des farines). L'objectif
est d'obtenir 5 à 10 sérums sur un échantillon prélevé au hasard de 10% de
ces troupeaux (soit 17.500 à 35.000 sérums prélevés dans 3.500 troupeaux),
l'objectif étant d'achever cette enquête en mai 1982.
CONCLUSION
Au cours de la période 1972-1981, 518 foyers de M V P ont été confirmés en
Grande-Bretagne. La politique d'abattage a été mise en œuvre : 311.713 porcs
— 39 —
au total ont été abattus, leurs carcasses ont été détruites, le m o n t a n t des
indemnités versées aux éleveurs s'élève à plus de 11.360.000 livres sterling.
Par ailleurs, le coût du nettoyage et de la désinfection des lieux infectés s'est
élevé à plus de 4.808.000 livres sterling.
Les foyers apparus au cours des 3 dernières années se sont limités principalement à la région du Yorkshire/Lancashire. Ceux apparus en dehors de
cette zone étaient soit directement liés à des foyers de cette région, soit isolés,
et associés à l'alimentation par des déchets alimentaires infectés.
Les enquêtes sérologiques effectuées ont démontré que la M V P n'était pas
généralisée en Grande-Bretagne et que, malgré les dépenses engagées jusqu'ici
et la contribution lourde demandée aux Services vétérinaires, la GrandeBretagne s'est engagée dans la voie de l'éradication de la M V P . Cet objectif
est d'une importance vitale pour les pays normalement indemnes de maladies
vésiculeuses et où la lutte contre la fièvre aphteuse repose sur l'abattage et la
non-vaccination.
*
BIBLIOGRAPHIE
(Voir p . 24)