Pourquoi l`étranger

Transcription

Pourquoi l`étranger
CARRIÈRE ▼
Travailler à l’étranger… aux Émirats arabes unis.
Pourquoi l’étranger ?
Sylvette Bouché
Proviseure adjointe
Lycée G. Pompidou
Dubaï, Émirats arabes unis
carrière
« Partir », un des plus beaux mots de la langue française a déclaré un jour Jean d’Ormesson. C’est aussi le terme choisi par Tahar Ben Jelloun pour l’un de ses romans. C’est dire
si « partir » est chargé de sens et connoté !
C’est dire aussi que ce simple verbe peut « partir » dans tous les sens… alors répondre
à la question « pourquoi partir à l’étranger »…
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Partir à l’étranger, c’est
remettre en question ses habitudes de fonctionnement « en
bousculant ses repères et ses
schémas culturels », situation
riche d’enseignement pour nous
qui sommes confrontés à l’altérité
et l’éducation à la différence.
Partir travailler à l’étranger,
c’est être confronté au quotidien à un autre rythme, un
autre climat, une autre langue,
une autre cuisine, un autre système administratif, d’autres
lois. Évident, me direz-vous ?
Oui, mais il n’y a rien de moins
évident que l’évidence…
en se fiant, cette fois, aux personnes qui résident et travaillent
sur place. Elles sont de bons et
utiles conseils. Plus l’installation
sera préparée avant votre départ,
avec l’équipe de direction en
place, plus vous serez disponible
professionnellement.
LA STRATÉGIE
DES VŒUX
Nous formulons des vœux
lors du dépôt de notre candidature mais, comme le rappellent
régulièrement les collègues dans
les pages de Direction, l’AEFE
PRÉPARER
SON ARRIVÉE
La meilleure façon de s’adapter, c’est de partir sans aucune
idée préconçue (difficile avec
tout ce que vous entendrez), sans
attendre quoi que ce soit de particulier (le fantasme peut générer
la désillusion) et de se faciliter
autant que faire se peut l’arrivée
DIRECTION 193 DÉCEMBRE 2011
▼ CARRIÈRE
propose les postes en fonction de la
spécificité de l’établissement en rapport
avec nos expériences. La proposition
de nomination sur un poste demandé
n’est pas systématique.
Il y a 5 ans, je n’ai pas été nommée sur l’un de mes 5 vœux formulés ;
j’avais en effet élargi ma demande,
sachant que des postes non parus au
moment de nos vœux peuvent se dégager en cours d’année (départs imprévus
ou anticipés) ou être créés. C’est ce qui
s’est produit pour le poste de proviseur
adjoint de Dubaï, créé au départ du CPE
faisant fonction d’adjoint. Cette création a fait suite à l’augmentation des
effectifs (1.000 élèves en 2002, 1.856
aujourd’hui), l’emménagement dans un
lycée construit en 2006 et la répartition
de la structure sur 3 sites (sur deux émirats différents avec des réglementations
différentes). Mon expérience cumulée
d’adjointe dans deux lycées de 4e et de
4e catégorie exceptionnelle en France et
de CPE auparavant dans deux lycées
à l’étranger, a bien entendu été utile et
m’ont préparée à faire face aux situations professionnelles spécifiques d’un
lycée à l’étranger.
LES SPÉCIFICITÉS
DU POSTE
« Le rôle du chef d’établissement à
l’étranger diffère sensiblement de celui
exercé en France […] et génère des
contraintes spécifiques ». Voilà ce que
nous lisons entre autres sur les descriptions de poste. Je vais tenter d’illustrer
cette formule avec quelques exemples :
Le lycée français international Georges
Pompidou est un établissement
conventionné à gestion parentale, ce
qui signifie que le conseil de gestion
constitué de parents,
en concertation avec
le chef d’établissement et la directrice
administrative et financière, fixe les tarifs de
scolarité, la création
ou suppression de
postes, le montant des
salaires des personnels
locaux et les projets de
construction.
Cette place prépondérante des parents,
d’une part, n’est pas
habituelle dans notre
fonctionnement en
France ; elle impose une
grande vigilance sur la
répartition des compétences de chacun et
nécessite d’établir des
relations de confiance et une collaboration de qualité.
D’autre part, la grande majorité des
enseignants en France sont titulaires, ce
qui n’est pas le cas à l’étranger (environ
50 % au LFIGP). L’accompagnement
pédagogique en s’appuyant sur les titulaires est une nécessité ; le soutien de
l’AEFE (par sa politique de formation
continue), ses IA-IPR (nos référents disci-
DUBAÏ
plinaires) et le renforcement d’un dispositif
de conseillers pédagogiques d’établissement et de zone, soulignent l’importance
donnée au maintien de la qualité de notre
enseignement à l’étranger. Conscients de
cet enjeu, les enseignants s’impliquent et
s’investissent avec intérêt dans la mise en
œuvre des réformes.
Enfin, une des contraintes, spécifique à Dubaï en particulier, réside dans
le contrôle de la tutelle éducative émirienne avec des inspections annuelles
qui classent les établissements (tous
les établissements, toutes nationalités
confondues) et proposent des recommandations qui peuvent avoir des incidences financières (droits d’écolage) si
elles ne sont pas suivies.
d’une zone géographique en pleine
turbulence, vivre à Dubaï, c’est vivre
dans une actualité décalée ; toutes les
communautés, les confessions, les
nationalités se croisent et se côtoient,
dans le plus grand respect les unes des
autres ; les émiratis (à peine 20 % de
la population), pour se développer, ont
fait le choix d’infrastructures ultramodernes en faisant appel aux entreprises
étrangères et à leur personnel (environ
80 % de la population) qui contribuent
à l’essor unique de cette ville immense
et nécessite la scolarisation de tous les
enfants de ces expatriés (36 nationalités
au LFIGP)… ■
DIRECTION 193 DÉCEMBRE 2011
Pour finir, vivre à Dubaï, c’est vivre
dans une autre dimension : cité cosmopolite conquise sur le désert en un
temps record, à l’activité débordante,
au carrefour de l’Asie, de l’Afrique
et de l’Europe, elle a été peu ralentie
par la crise de 2009. Place épargnée
Propos recueillis par Isabelle POUSSARD
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