Subaru Legacy/Outback 2010

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Subaru Legacy/Outback 2010
Subaru Legacy/Outback 2010
Benoit Charrette, autoUsagée.ca
Se ranger sous la bannière
Vous le savez, en politique, il y a ce qu’on
appelle la ligne de parti en vertu de laquelle un
député ou un ministre doit se conformer à
l’idéologie du parti, même si cela ne représente
pas toujours sa propre vision des choses. Dans
le monde de l’automobile, les voitures qui
connaissent du succès dans une catégorie
donnée servent toujours de modèle. Les
Toyota Camry ou Honda Accord portent la
bannière dans la catégorie des voitures
intermédiaires. Subaru, qui a toujours cultivé la
différence avec son moteur à plat, la
transmission intégrale de série et ses
renflements de turbo sur le capot moteur, se
rapproche un peu de la norme cette année
avec la présentation d’une refonte de la Legacy
et de l’Outback.
Carrosserie
Sur le plan visuel, Subaru a choisi de rentrer
dans les rangs. Les anciennes versions se
démarquaient un peu de la concurrence et, aux
fils des ans, le fabricant avait bien résisté à
l’envie du « toujours plus gros » qui était
devenu la norme dans l’industrie; et cette
différence faisait partie de son charme. Hélas,
en affaires, c’est le marché qui dicte la marche
à suivre, et Subaru, qui veut élargir ses
horizons et sa clientèle cible, a succombé à la
tentation. La nouvelle Legacy, qui ne sera
désormais offerte qu’en version berline,
s’allonge donc de 4,5 centimètres. Pour ce qui
est de l’Outback, devenue la seule version
familiale, conserve pratiquement la même
longueur. Toutefois, les deux modèles gagnent
9 centimètres en largeur, tandis que la Legacy
gagne 8 centimètres en hauteur.
L'empattement progresse de 7 centimètres
dans le cas de l’Outback et de 8 centimètres
dans le cas de la Legacy. En matière de style,
l'évolution est discrète mais sensible : les ailes
élargies et les projecteurs surdimensionnés
cherchent à renforcer la personnalité de l'auto.
Une évolution sans doute nécessaire pour
séduire, mais certains, comme moi,
regretteront le petit côté rebelle de la présente
génération. La plateforme est entièrement
nouvelle de même que les trains roulants. À
l'avant, c'est un classique schéma McPherson
qui a été retenu, tandis que, à l'arrière, un
nouveau train à double triangulation fait son
apparition.
Habitacle
L’intérieur est très semblable pour les deux
modèles, et la montée en grade est évidente
tant au chapitre des matériaux que de
l’insonorisation. Le format plus généreux se
ressent, il y a plus d’espace pour les épaules,
les jambes et les passagers arrière. Subaru a
même creusé les sièges avant et élargi les
portes arrière pour rendre la partie arrière plus
accueillante. Les sièges en tissu sont encore
un peu fermes, et la sellerie de cuir semble
toujours provenir de vaches en plastique, mais
c’est comme cela depuis toujours chez Subaru,
et j’oserais presque dire que cela fait un peu de
son charme. Une seule fausse note dans
l’aménagement. Les versions qui reçoivent le
système de reconnaissance de la voix et la
connectivité Bluetooth se voient affubler d’un
espèce de truc bricolé qui se résume à deux
petits haut-parleurs dans un étui de métal 1950
en plein centre de la console avec un micro
installé sur le dessus de la colonne de
direction. On jurerait que Subaru a oublié
d’inclure un système cohérent durant la
conception et a ajouté cette chose à la dernière
minute. Cela fonctionne, mais pour
l’esthétisme, on repassera. Un dernier mot sur
le coffre plus spacieux grâce à la suspension à
double triangulation plus compacte : l’Outback
offre même un rail sur le toit avec des barres
transversales amovibles qui restent bien
cachées quand on ne les utilise pas et, du
coup, élimine les bruits de vent; simple mais
génial.
Mécanique
C’est sans doute sous le capot qu’il y a le
moins de changement. La Legacy et l’Outback
sont toujours offertes en trois niveaux de
performance. Les versions de base reçoivent le
même 4-cylindres à plat de 2,5 litres et
PZEV de 170 chevaux. La 2.5i s’équipe de
série d’une nouvelle boîte de vitesses manuelle
à 6 rapports qui remplace la boîte manuelle à 5
rapports. Question de sauver quelques sous de
carburant et de faire mentir, un tant soit peu, la
réputation plus gourmande des moteurs
Subaru. L’entreprise nipponne ajoute
également à l’offre une boîte CVT Lineartronic
qui propose un mode manuel permettant de
passer les rapports, ce qui rend son utilisation
« endurable ». Cette boîte équipe de série la
Legacy PZEV et est livrable en option sur la
2.5i. Pour les sportifs dans l’âme, la Legacy est
toujours offerte en version GT. C’est le moteur
de la WRX 265 qui s’y retrouve et produit, vous
l’avez deviné 265 chevaux. Ce moteur turbo
est jumelé à une nouvelle boîte manuelle à 6
rapports. C’est la première fois que j’ai eu du
plaisir avec une boîte manuelle Subaru.
Beaucoup mieux synchronisée que la
récalcitrante boîte de l’ancienne Spec B, cette
boîte m’a réconcilié avec la GT. Les nouvelles
Legacy et Outback 3.6R vont elles aussi piger
dans le coffre à outils du fabricant et héritent
du moteur à 6 cylindres à plat du Tribeca. La
puissance est de 256 chevaux, et la seule
boîte offerte est l’automatique à 5 rapports.
Comme toujours, Subaru demeure le seul
constructeurs d’automobiles à équiper de série
tous ses modèles de la transmission intégrale
symétrique en prise constante.
Comportement
Nous disions plus tôt que Subaru avait
succombé à la tendance du toujours plus gros.
Les ingénieurs ont limité les dégâts et, malgré
des proportions plus généreuses, la voiture n’a
pris qu’une cinquantaine de kilos. Le bon côté
de la chose s’entend où plutôt ne s’entend pas.
Les portes sans cadre, l’une des
caractéristiques des produits Subaru depuis
des décennies font place à des portes avec
cadre. Ajoutez à cela un surplus de matériau
insonorisant, et la voiture est plus silencieuse.
Assez silencieuse pour enterrer le sifflement
particulier du moteur à 4 cylindres à plat.
L’envers de la médaille ? Ce surplus de poids
affecte un peu le plaisir de conduire. Le volant
est plus lourd, et la direction ne rend pas aussi
bien les sensations de la route au volant. C’est
un peu plus évident dans la Legacy qui se veut
par définition plus sportive; l’Outback se
conduit de manière un peu plus pantouflarde.
Tous les modèles s’équipent du contrôle de la
dynamique du véhicule (VDC), un système qui
agit à la fois sur la stabilité et la motricité.
Couplé à la transmission intégrale, vous serez
assuré de ne pas perdre pied. Il faut aussi
mentionner que l’Outback offre maintenant une
meilleure garde au sol qu’un Ford Explorer ou
un Jeep liberty. Cette familiale, que Subaru
appelle un VUS, peut faire rougir de honte bien
des camions, un atout certain si vous sortez
des sentiers battus.
Conclusion
Si vous me demandiez de choisir entre une
Legacy et une Outback, je dois vous dire que
j’irais vers l’Outback. C’est celle qui, à mon
avis, a le plus progresser et répond le mieux à
sa vocation. La Legacy est rentrée dans les
rangs et a, du coup, perdu son petit côté
débridé qui faisait son charme. Je dois tout de
même admettre que la version GT avec plus
de puissance et, enfin, une boîte manuelle
digne de ce nom, m’a tiré un sourire de
satisfaction.
Forces
Hausse de la qualité des matériaux
Meilleure insonorisation
Légendaire tenue de route
Boîte manuelle digne de ce nom (Legacy GT)
Prix plus abordables
Faiblesses
Conduite plus aseptisée (Legacy)
Lignes plus génériques
Je vais m’ennuyer de la Legacy familiale.