De Notre-Dame-des-Landes, aux Grands Projets inutiles imposés

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De Notre-Dame-des-Landes, aux Grands Projets inutiles imposés
Feuille
du mois
Fév 2013
De Notre-Dame-des-Landes,
aux Grands Projets inutiles imposés...
Notre-Dame-des-Landes (NDDL), petit village situé à une trentaine de kilomètres au nord de Nantes, a
focalisé l'attention ces derniers mois. On ne connaissait pas ce village, c'est aujourd'hui devenu un enjeu national. Au travers de la lutte qui se mène à NDDL contre la construction d'un aéroport, c'est la notion de Grand Projet inutile et imposé (GPii) qui est mise en avant. C'est la question du mode de développement de notre société qui est posée.
Aéroport de Nantes : situation actuelle
La communauté urbaine de Nantes dispose d'un aéroport international : Nantes-Atlantique. Il est situé au sud de la ville,
accessible par le périphérique. Sa surface au sol est de 320 hectares (ha) ; c'est-à-dire équivalente à celle d'autres aéroports
internationaux, comme celui de Gatwick à Londres (270 ha),
celui de Genève (340 ha) et celui de San Diégo aux Etats-Unis
(270 ha). Tous quatre sont des aéroports à une seule piste.
L'aéroport Nantes-Atlantique, on le voit, n'a rien à envier à
d'autres aéroports internationaux.
Le nombre de décollages et d'atterrissages est de 40 000 à
Nantes (chiffre de 2010, hors transport de marchandises). Il est
en comparaison de 240 000 à Gatwick, de 177 000 à Genève et
de 200 000 à San Diego. Cette même année 2010, le nombre
de passagers est de 3 millions à Nantes-Atlantique, de 31 millions à Gatwick, de 12 millions à Genève et de 17 millions à San
Diego.
Autrement dit, pour une surface au sol identique, l'aéroport
Nantes-Atlantique est utilisé entre 4 et 10 fois moins que d'autres aéroports internationaux à une seule piste.
Y a-t-il lieu de construire un nouvel aéroport ?
Le projet d'aéroport à NDDL, ce sont 2 pistes sur une surface
au sol de 940 ha. Selon les prévisions de trafic données par les
porteurs du projet eux-mêmes, il pourrait y avoir, en 2030, 100
000 décollages/atterrissages et 9 millions de passagers. Ce qui,
au regard des chiffres précédents concernant les aéroports internationaux à 1 seule piste, ne nécessite aucunement la construction d'une seconde piste, et donc rend inutile un déménagement de l'actuel aéroport.
Feuille
du mois
Comité de rédaction :
Nikolaz BERTHOMEAU, Bernard CANEVET, Henri CHARDON, Jean
FESCHET, Christian LAGIER, Georges MONNET.
Document édité par nos soins. Ne pas jeter sur la voie publique.
NDDL en quelques dates...
1973 - apparition du projet d'aéroport pour accueillir le
Concorde;
1974 - décret portant création de la ZAD (Zone à aménagement différé) sur 1200 ha;
2000 - retour du projet d'aéroport – création de l'ACIPA
2008 - signature de la Déclaration d'utilité publique par le 1er
ministre François Fillon;
2009 - début du mouvement d'occupation de la ZAD
(devenue « Zone à défendre »);
2012 - printemps : grève de la faim de 28 jours dans le centre de Nantes ; été : tenu du 2ème Forum européen
contre les GPII ; automne : occupation militaropolicière de la ZAD (« opération César »).
En savoir plus : http//acipa.free.fr & http://zad.nadir.org
Un aéroport dangereux ?
Un argument survenu récemment dans le débat concerne le
danger que représentent les avions pour les habitant-e-s de
Nantes, puisque les deux tiers des avions atterrissant ou décollant de Nantes-Atlantique survolent le centre-ville.
La Direction générale de l'aviation civile (DGCA) classe pourtant l'aéroport de Nantes-Atlantique en catégorie A, c'est-àdire la meilleure de ses 3 catégories : il ne demande aucune
attention particulière de la part des pilotes. Des pilotes de ligne
expliquent par exemple que l'atterrissage à Nice (classé en catégorie B) demande beaucoup plus d'attention, puisqu'il est
nécessaire de survoler toute la promenade des Anglais en pilotage manuel avant d'atterrir. Qui plus est, Nantes-Atlantique
vient même d’être décoré par les compagnies aériennes
comme le meilleur aéroport européen 2011 en terme d’accueil et de gestion de ses passagers...
Un « bidonnage » des chiffres ?
Un cabinet indépendant hollandais (CE Delft) a mené une expertise des analyses économiques sur lesquelles est justifiée la
construction de ce second aéroport à Nantes. Les résultats de
cette première contre-expertise sont instructifs : des coûts oubliés (la gestion de l’eau, la perte de terres agricoles...), des bé-
néfices ajoutés à tort, aucune analyse de risque, aucune étude
alternative... En outre, les hypothèses concernant l'évolution
des prix du cours du pétrole sont très optimistes, vu que le baril
de pétrole est estimé à 60 dollars.
Les conclusions de l'expertise sont claires : les coûts de ce projet
pour la société dépassent les bénéfices ; optimiser NantesAtlantique représenterait, par contre, un gain global.
L'aménagement du territoire est un sujet éminemment politique. C'est un sujet qui concerne notre cadre de vie et le modèle de développement que l'on souhaite.
Nous vous invitons au cycle de formation et d'information proposé par le Collectif viennois de soutien à la lutte des opposant-e-s au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes :
jusqu’à juin, tous les 1er mardi du mois, à 20h30,
en salle Europe de l'Hôtel de Ville de Vienne.
Chacun de ces mardi sera l'occasion, autour d'un-e ou plusieurs invité-e-s, d'échanger sur l'un des projets locaux d'aménagement du territoire : OL Land, LGV Lyon-Turin, Center
Parcs de Chambaran, A51 Grenoble-Sisteron... et aussi des
exemples de lutte victorieuse comme celle ayant été menée
contre l'installation d'un centre commercial / base de loisirs
« Décathlon » à Valence !
Les Grands projets inutiles imposés
Le cas de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes est emblématique de ce que l'on appelle les « Grands projets inutiles imposés » (GPii) :
- « Grands » parce qu'il s'agit de projets d'infrastructures importants, se chiffrant à plusieurs millions d'€ (550 millions d'€
pour l'aéroport de NDDL, dont 44% de fonds publics) ;
- « Inutiles » parce qu'ils ne répondent pas à des besoins : les
capacités de l'aéroport de Nantes-Atlantiques sont suffisantes
pour absorber le trafic actuel, même si celui-ci augmentait de
manière importante dans les 50 années à venir ;
- « Imposés » parce que leur promotion repose sur des chiffres
volontairement biaisés et qu'aucune piste alternative n'est
sérieusement examinée.
principal argument avancé est celui du développement du fret
ferroviaire pour réduire le nombre des camions et désengorger
les vallées des Alpes du Nord, dont celle de la Maurienne. Face
à cet argument, des citoyen-ne-s ont tenté de mettre en évidence la face cachée de ce projet...
- « Grand ». La nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin demande
le percement d'un second tunnel ferroviaire sous les Alpes ;
avec 57 km de long, ce tunnel serait le plus long d'Europe. De
plus, 200 km de voies nouvelles seraient également construites, en parallèle des lignes déjà existantes entre Lyon et
Chambéry. (Ces aménagements, selon la dernière estimation
de la Cour des comptes, auraient un coût de 26 milliards d'€.)
- « Inutile ». Alors que la ligne existante permet de transporter
20 millions de tonnes de marchandise, le trafic sur rail en
2011 est de 4 millions de tonnes : autrement dit, la ligne actuelle est sous-utilisée et le réseau ferroviaire existant permettrait d'absorber le trafic actuel (20 millions de tonnes) circulant sur camion. Si nous prenons par ailleurs en compte le
fait que le trafic routier de marchandises au travers des Alpes
du Nord est en déclin depuis le début des années 2000, il n'y a
aucune nécessité d'augmenter ces capacités.
- « Imposé ». Aucune alternative à ce projet pharaonique n'a
été examinée. La Cour des comptes a dernièrement dénoncé
cette situation, rappelant qu'il existe déjà un « autoroute ferroviaire » passant par le tunnel du Mont Cenis (qui a été récemment modernisé, pour une somme d'environ 1 milliard
d'€, afin de permettre le transit des camions sur wagons).
Rendez-vous à Notre-Dame-des-Landes :
- samedi 11 mai : grande chaîne humaine autour de la ZAD
(100 000 personnes attendues)
- vendredi 2 - dimanche 4 août : rassemblement festif et militant sur la ZAD (250 000 personnes attendues)
L'un des traits caractéristiques de ces projets est qu'ils sont
présentés comme étant au service de l'intérêt général : il s'agirait de développer les emplois, d'aménager un territoire, de
moderniser des infrastructures, d'assurer un approvisionnement sûr en matières premières ou encore de préparer des
événements mondiaux. Ces projets ont pourtant également
tous une face cachée, que seule la résistance de citoyen-ne-s
arrive à mettre en évidence : destruction de l'environnement,
de cadres de vie et de terres agricoles (participant ainsi directement à la crise alimentaire mondiale), déni de démocratie (ces
projets sont imposés via des simulacres de consultation),
conflits d’intérêts (ces projet sont portés par des multinationales privées, mais financés en partie sur des fonds publics).
La ligne ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin : un grand projet inutile imposé ?
En 1991 est né le projet de relier Lyon à Turin par un train à
grande vitesse (TGV ; en italien : Treno alta velocità - TAV). Le
Comme on peut le voir, sans entrer dans les détails, il y a derrière le projet de développement d'une LGV entre Lyon et Turin
des questions que nous sommes en droit de nous poser : Estce bien utile ? A quels besoins cela répond-t-il ? Y a-t-il des projets alternatifs moins gourmands en énergie et moins destructeurs de l'environnement ?
Ce sont des questions que nous pouvons nous poser pour tous
les projets d'aménagement du territoire : aéroport de NotreDame-des-Landes, LGV Lyon-Turin, Stade des Lumières (OL
Land) à Décines, Center Parcs de Chambaran, A51 entre Grenoble et Sisteron... Au service de quel projet de société ces aménagements sont-ils réalisés ?
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