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Powaqqatsi
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Genre : film documentaire sans commentaire audio Réalisateur : Godfrey REGGIO Musique : Philip GLASS Année de réalisation : 1987 Titre de l’extrait : Serra pelada (00 :29 à 07 :34) Sujet : Powaqqatsi offre un regard esthétisant sur le Tiers Monde, s’intéressant exclusivement à l’hémisphère sud. Des mines à ciel ouvert de la Serra Pelada aux bidonvilles de Sao Paulo, le monde dévoilé par le téléobjectif de Reggio fourmille de vie, de dynamisme, d’efforts, de religiosité, de souffrances aussi, alors que la misère, magnifiée par les procédés (angles de vue prodigieux, ralentis soigneux, photographie éclatante, mise en scène de l’instant étonnante, musique emphatique), est exposée à nos yeux lors de scènes d’anthologie. Alors que des écrans publicitaires viennent distiller les paillettes d’un rêve occidental de pure illusion lors d’une séquence signifiante, l’on sent l’agitation constante de cultures qui se dirigent, tête baissée, vers un songe de mondialisation, déjà présent au cœur des années 1980. Sens du titre : Powaqqatsi (Nom tiré de la langue Hopi 1 : powaq-­‐qatsi, de « powaqa » : faux magicien (usurpateur) qui vit aux dépens des autres, et « qatsi » : vie). o Traduction approximative : Entité humaine ou animale qui se nourrit des forces vitales des autres êtres dans le but de favoriser sa propre existence (approximativement synonyme de parasite) o Interprétation : les différentes cultures, l'exploitation des pays pauvres par les pays riches, ou le contraste technologie/nature. Powaqqatsi est le second volet d’une trilogie : o 1. Koyaanisqatsi (Traduction : Vie en déséquilibre) en 1983 o 3 : Naqoyqatsi (Traduvtion : vie basée sur le meurtre du prochain) en 2002 •
Godfrey REGGIO : cinéaste américain né en 1940 à La Nouvelle-­‐Orléans. o
Ancien séminariste, il a consacré quatorze années de sa vie au jeûne et à la prière. o
Installé au Nouveau-­‐Mexique dans les années soixante, il enseigne dans une école primaire, secondaire et à l'université. o
Durant des décennies, il a œuvré à la création de centres et de structures d’aide aux délinquants, aux plus démunis et aux malades. o
Entre 1975 et 1982, il tourne Koyaanisqatsi, premier volet de la Trilogie des Qatsi. Ce sera sa première collaboration avec le compositeur Philip Glass. •
Philip GLASS : musicien américain né à Baltimore en 1937 o Philip Glass découvre la musique dans l'atelier de réparation de radio de son père. Ce dernier possédait aussi un rayon de disques et, quand certains d'entres eux se vendaient mal, il les ramenait chez lui pour les faire écouter à ses enfants et essayer de comprendre pourquoi ils repoussaient les clients. C’est ainsi que le futur compositeur se familiarise très tôt avec les quatuors de Beethoven, les sonates de Schubert, les symphonies de Chostakovitch et autres œuvres considérées alors comme « originales », en même temps qu’il s’imprègne des musiques populaires. o Précoce, le jeune Glass obtient une licence à l’Université de Chicago à dix-­‐neuf ans (matières principales : philosophie et mathématiques), puis fréquente la Juilliard School, y rencontre Steve Reich (les deux compositeurs, plus tard, en garderont un lien tenant de l’amitié peut-­‐être, de l’émulation certainement, à la fin de la rivalité). o 1963 : il étudie la musique en France o 1966 : il voyage en Inde, y sympathise avec les réfugiés tibétains, s’imprègne de philosophies hindouiste et bouddhiste. 1 Les Hopis (contraction de Hopitu-­‐shinumu, « le peuple paisible » en français) font partie du groupe amérindien des o
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1967 : retour à New York. Tantôt plombier ou taxi, il fonde à son tour un « Philip Glass Ensemble » et travaille à ses premières œuvres minimalistes. 1976 : une commande prestigieuse vient alors, qui sera suivi d’une célébrité soudaine : Einstein on the Beach créé au Metropolitan Opera. Années 1980 : Glass produit de la musique orchestrale et des opéras sur des livrets exotiques et mystiques : Satyagraha (1980, principe de résistance par la non-­‐violence employé par Gandhi) puis Akhnaten (1983, construit sur des mythes égyptiens, bibliques et arcadiens). 1992 : The Voyage (1992), composé pour le cinquième centenaire de la découverte des Amériques. 2007 : Book of Longing sur un cycle de chansons et de poèmes écrits par Leonard Cohen 1998 : il écrit la musique du film Truman Show, puis celle de The Hours (2003 Serra Pelada (la montagne chauve) : situé au Brésil, c’est une grande mine d’or à 430km de l’embouchure de fleuve Amazone. 100 000 personnes y auraient travaillé, ce qui en fait une des plus grande mine du monde. Aujourd’hui, la mine est fermée, et le gigantesque trou creusé par les mineurs s’est rempli d’eau, formant un petit lac pollué. En effet, les orpailleurs (chercheurs d’or) utilisent du mercure, très nocif pour la santé. Aujourd’hui encore, les populations qui mangent du poisson pêché en aval de la mine ont un taux de mercure élevé dans le corps. Effectif instrumental et vocal : o Cuivres : trompettes, trombones, cors, sifflet de batucada o Percussions : percussions traditionnelles brésiliennes (tamborim, surdos, baguettes, chékéré, cloches…) o Voix : chœur d’enfant chantant en portugais Chékéré Tamborim Esthétique musicale : o Philip Glass s’est inspiré de la musique traditionnelle du Brésil : une « batterie de samba », c’est à dire un ensemble de percussions, accompagne les musiciens et les chanteurs. Le chef de la batterie de samba joue du sifflet, cela sert aux musiciens à savoir quelle partie du Surdo morceau jouer et à donner les départs. Le caractère est insouciant et gai. o Musique minimaliste : c’est un courant esthétique américain auquel Glass a adhéré. Il s’agit de simplifier la musique au maximum. o Musique répétitive : issu des découvertes fortuites (des décalages entre des bandes sonores), l’usage de l’électronique et l’influence de la musique indienne, ce courant américain a beaucoup influencé Glass. On le voit ici dans les notes répétées des cuivres et dans la structure très répétitive de l’œuvre (Batterie/cuivres/chœur…) Mesure ; à 4 temps Tempo : Allegro Nuance ; forte Structure harmonique : simple : alternance de tonique et de dominante aux surdos. Structure mélodique : o Cuivres : notes répétées entêtantes, échos des cors aux trompettes qui donnent un caractère saccadé et mécanique à la musique. On sent ici l’influence de la musique répétitive. o Chœur : 2 mélodies alternent puis se superposent en polyphonie. Elles sont simples, populaires, joyeuses. Minutage Images 00 :29 Annonce des producteurs puis fond noir 00 :34 Plan sur les mineurs qui portent des sacs et se suivent, tels des fourmis. Tous vêtus de la même façon, portant une lourde charge de terre peut-­‐être mêlée d’or et couvert de boue, ils ont perdu tout individualité. On ne Musique Sifflet du chef de la batterie de samba joue un ostinato : cela est associé à une connotation gaie et festive. Départ de la batterie de samba. Plusieurs instruments jouent des rythmes différents : polyrythmie. Caractère enfiévré et joyeux qui entre en fait plus la différence entre leur corps et la boue, entre leur être et ce à quoi ils passent leurs journées : porter des sacs. La vitesse des images a été ralentie, alors que le tempo de la musique est rapide, ce qui créé un autre contraste. Cela rend leur marche pénible dans la boue plus poignante encore pour le spectateur. 00 :48 01 :04 01 :16 01 :24 01 :27 01 :35 01 :51 02 :30 02 :44 03 :06 03 :09 03 :18 03 :41 03 :51 04 :05 04 :32 04 :38 04 :48 04 :55 05 :03 05 :15 05 :30 05 :40 06 :44 06 :54 07 :09 contradiction avec les images de dur labeur. Cela met mal à l’aise le spectateur du film qui semble alors « parachuté » de sa position confortable en un intrus auprès des travailleurs. Le rythme des surdos (percussions graves jouant tonique/dominante) est entêtant, il semble mimer la marche des mineurs. Entrée des cuivres sur des notes répétées. Cela Gros plan sur un jeune mineur au regard absent et semble symboliser ces innombrables travailleurs qui se ressemblent tous. désabusé Les mineurs descendent dans la mine par un passage Batterie de samba, qui semble imiter la marche et le étroit bruit des sacs de travailleurs Plan sur un mineur portant un sac. Il regarde la caméra d’un air interrogateur Entrée du chœur d’enfants. Mélodie 1 reprise 3 fois. Passage brusque à un plan large dévoilant des dizaines de mineurs portant des sacs. Tête baissée ou visage Le chef de batterie siffle pour annoncer le… caché par les sacs, ils ont perdu toute individualité Différents plans montrant les mineurs au travail. Retour des cuivres Le chef de batterie siffle un long ostinato, comme s’il commandait le travail des mineurs. Il annonce le… Remontée des mineurs par une échelle. Retour du chœur d’enfants. Mélodie 2 reprise 3 fois. Le chef de batterie siffle son ostinato et annonce le… Gros plan en plongée d’un mineur et de son sac. Retour des cuivres Chœur : mélodie 1 X 3. Sifflet du chef… Gros plan sur différentes parties du corps d’un mineur Retour des cuivres BREAK : changement de rythmes. Batterie solo. Succession d’images très rapides : forêt amazonienne Mélodie 2 reprise par les cloches. brûlée, troupeaux d’animaux s’enfuyant, indiens fouillant dans une décharge, lave, machines, ouvriers, travailleurs africains dans une carrière, chantiers, lav, décharge, mineurs de Serra Pelada, or, métal en fusion, marteau piqueur, travailleurs portant de lourdes charges, lave, chantiers, grues, mineurs, foule d’africains, foules diverses, lave Retour à Serra Pelada. Vue aérienne des mineurs. Sifflet Gros plan sur des mineurs Cuivres, mais changement dans l’harmonie : une Un mineur debout sur la droite, l’air absent, tandis que couleur inquiétante et dissonante apparaît d’autres remontent vers le fond. Gros plan sur les pieds des mineurs Gros plan sur un mineur portant son sac grâce à une Sifflet corde enserrant son cou Vue de dos de mineur. Puis un homme se retourne et regarde la caméra d’un air farouche Chœur : mélodies 1 et 2 superposées (polyphonie) + Plan sur les sacs bougeant au dessus des têtes sifflet + cuivres + batterie : tutti Apparition du corps d’un mineur porté par deux hommes. Ils remontent le flot humain qui continue porter des sacs sans relâche, dans l’indifférence. Surimpression de plusieurs plans de mineurs CODA : motif répété entêtant au choeur Un visage tournant sur lui-­‐même apparaît. Les mineurs Fin brutale de la samba : enchaînement avec une s’effacent, seul ce visage reste. Il pourrait s’agir de pédale (note grave tenue) de contrebasse et de la Janus, le dieu des commencements, des fins et des bande électronique. transitions, puisque ce film traite des changements de la vie de l’hémisphère sud. 3 rectangles rouges apparaissent puis reculent : ils Superposition de nappes sonores dans le grave formaient la lettre Q du titre : Powaqqatsi Lien youtube : http://www.youtube.com/watch?v=Q9yCqpANwSM (pour la musique et les images vues de loin). Vidéo indisponible. 

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