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Portrait Annette Hunin, 84 ans BIJOUTERIE « NOTRE ÉTAIT À DEUX PAS DE LA GRAND-PLACE ! » Annette s’y connaît en joaillerie ! Et pour cause, elle a tenu avec son mari pendant 55 ans la bijouterie Bourgeois, située à deux pas de la Grand-Place, au cœur du centre historique de Bruxelles. Rencontre ! D u haut de ses 84 ans, Annette nous montre une photo prise dans les années 60. Sur celle-ci, une bijouterie en plein centre historique de Bruxelles, à deux pas de la Grand-Place, au numéro 7 de la rue du Marché aux herbes. La maison Bourgeois a paré les têtes et les cous les plus prestigieux de notre capitale. Parmi ses anciens clients par exemple, André Waterkeyn, le concepteur de l’Atomium. « Un monsieur charmant et d’une grande simplicité », précise Annette. « Nous avons aussi vu passer pas mal d’acteurs connus. Jean-Claude Brialy est même venu tourner un film dans notre magasin. » Comment êtes-vous devenue bijoutière ? Annette « J’ai épousé un garçon qui a repris les affaires de son père lorsque celui-ci est décédé. Il avait à peine 20 ans. J’ai donc adopté la 04 profession suite à un concours de circonstances. Jamais je n’aurais imaginé cela étant jeune fille ! Nous avons gardé la boutique pendant 55 ans, de 1950 à 2005. » Comment avez-vous rencontré votre mari ? Annette « Suite au décès de son père, mon mari avait obtenu de l’armée l’autorisation de poursuivre son service militaire à Bruxelles, afin de se rapprocher de son magasin. J’avais 18 ans et je travaillais pour le Ministère de la Défense à l’École royale des Cadets à Laeken. Nous nous sommes rencontrés là-bas. Je lui ai même appris à taper à la machine. Nous nous sommes mariés deux ans CETTE ANNÉE-LÀ... Certains bijoux créés pour la Maison Bourgeois ont été présentés à l’Exposition Universelle de 1958. 1958 « En 1958, nous nous sommes risqués à aller présenter nos bijoux lors de l’Exposition Universelle de Bruxelles. Un petit coup de folie ! Mais nous ne nous rendions pas vraiment compte de ce que représentait l’Expo 58. Nous étions d’ailleurs les plus jeunes exposants indépendants. En tout cas, l’expérience a été un franc succès et a contribué à vraiment nous lancer. Nous avions créé une collection spécialement pour l’occasion : un an plus tard tout était parti. Ce qui était exceptionnel ! » plus tard en 1952 et avons eu trois enfants : deux filles et un garçon. » Quel était votre rôle au sein de la bijouterie ? Annette « Mon mari avait fait des études en gemmologie à l’Université de Mayence. Il s’occupait surtout des expertises et, moi, je m’occupais de la vente, des vitrines, des étiquettes... Nous avions de la très belle marchandise. Nous achetions une partie de nos bijoux tout faits mais, pour les belles pièces, nous avions un dessinateur qui créait des modèles spécialement pour notre maison et que nous faisions concevoir. Nous recherchions d’ailleurs constamment de nouveaux modèles et j’allais plusieurs fois par an à Paris pour voir les collections, dans le quartier de la Place Vendôme et de la rue de la Paix. » La boutique s’est-elle toujours trouvée au même endroit ? Annette « Non, le magasin de mon beau-père se situait rue Antoine Dansaert. C’était à l’époque une petite rue qui n’avait pas encore la réputation de maintenant. Puis en 1969, nous avons eu l’occasion d’acheter le magasin de la rue Marché aux herbes, une belle boutique construite en 1648 ! C’était plus grand et il y avait beaucoup plus de passage... Un très bon choix : notre vie a totalement changé suite à ce déménagement ! » Les hobbies d’Annette ? La généalogie – elle a reconstitué son arbre généalogique – et l’ordinateur. « Je n’ai pas Facebook ! », rit-elle. « Mais je fais beaucoup de recherches sur l’histoire ou la littérature. » Vous en gardez de bons souvenirs ? Annette « Énormément, même s’il y en a eus également de mauvais... Nous avons été attaqués à main armée à sept reprises ! Tenir cette bijouterie nous a toutefois apporté beaucoup de bonheur... Accueillir les clients, les conseiller, c’était un vrai plaisir au quotidien ! » Si nous laissions notre esprit vagabonder, nous pourrions d’ailleurs sans peine nous imaginer franchir la porte de la bijouterie Bourgeois quelque 30 ans plus tôt et être accueilli par le regard rieur et bienveillant d’Annette. Sa gentillesse nous laisserait sans doute difficilement de marbre ! Et avant de partir, elle nous gratifierait peut-être de l’un de ses sourires un peu timides... Sans doute son plus beau bijou ! Biographie 1932 Naissance à Solre-surSambre dans le Hainaut. 1950 Annette commence à travailler à l’École royale des Cadets de Laeken. 1952 Elle se marie avec Charles Bourgeois et commence à travailler à la bijouterie. 1956 Naissance de leur première fille, Christine. 1958 Annette et Charles participent à l’Exposition Universelle de 58. 1959 Naissance de leur deuxième enfant, Viviane. 1967 Naissance de leur fils, Philippe. 1969 La bijouterie déménage de la rue Antoine Dansaert à la rue Marché aux herbes à deux pas de la Grand-Place. 2006 Annette revend la boutique suite au décès de son mari 05