Développement psycho-affectif de l`enfant et ses principaux troubles
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Développement psycho-affectif de l`enfant et ses principaux troubles
DEVELOPPEMENT PSYCHO-AFFECTIF DE L’ENFANT et ses principaux troubles Dr A. Aouidad Service de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent du Pr David COHEN CHU PITIE-SALPETRIERE LMD Infirmier I - LES GENERALITES QUANT AU DEVELOPPEMENT DE L’ENFANT L’enfant se développe à partir de deux pôles : un patrimoine génétique et des facteurs innés, d’une part, et des facteurs acquis ou environnementaux, d’autre part. Pour rendre compte, de l’espace intermédiaire de rencontre de ces deux polarités, on parle d’interactions car c’est dans l’interaction que se réalise au tout début le bébé. 1- La notion d’interaction précoce • Il s’agit d’une notion fondamentale en psychologie du développement. • Il s’agit de rendre compte comment un bébé et un parent interagissent deux à deux. La psychologie développementale a montré que la qualité et la nature des interactions précoces est un facteur protecteur sur le plan de la psychopathologie. • Ainsi, les éléments entraînant des perturbations dans ces interactions sont considérés comme des facteurs de risque. 2- Les facteurs innés du développement Les facteurs macroscopiques ou directs • • • • Les anomalies chromosomiques Les infections néonatales et les embryopathies Les intoxications, comme l’incompatibilité Rhésus, la fœtopathie alcoolique secondaire à un alcoolisme maternel. Les anomalies du développement cérébral Les facteurs microscopiques ou indirects • Il existe une série de compétences à la naissance qui varie d’un enfant à l’autre. Ces compétences précoces peuvent grandement influer sur la nature et la dynamique des interactions précoces avec la mère. • Il existe une vulnérabilité aux évènements de vie et aux interactions qui peut déterminer en partie le style futur de l’enfant. Les facteurs de vulnérabilité sont des facteurs qui en eux-mêmes ne suffisent pas à déterminer un quelconque devenir mais qui nécessiteront un facteur environnemental pour être révélé. • La notion de résilience vient témoigner du fait que certains enfants résistent plus que d’autres, à conditions environnementales égales, aux aléas des conditions de milieu. 3- La théorie de l’attachement (1) Les données de l’éthologie • • Konrad Lorentz qui a décrit chez l’oiseau le phénomène d’empreinte. Harry Harlow qui a décrit les effets de conditions d’élevage diverses chez le singe. Les effets observés de la séparation mère-enfant • Les bébés humains séparés de leur mère présentent les mêmes réactions que celle décrites par Harlow : réaction de détresse (l’enfant pleure et cherche) puis de découragement (alternance de colère et de tristesse) enfin détachement et indifférence. • René Spitz avait également décrit les effets catastrophiques des séparations prolongées en pouponnières et les conséquences positives sur l’état psychoaffectif de l’enfant de proposer un partenaire de remplacement. 3- La théorie de l’attachement (2) • Winicott, Bowlby, Ainsworth • 4 schèmes d’attachement : – – – – Sécure Évitant Ambivalent/résistant Désorganisé 4- L’influence du milieu sur le développement Les facteurs socio-culturels Les évènements de vie Les facteurs liés à la qualité de l’interaction II- L’ENFANT DANS SA FAMILLE 1. L’enfant et ses parents • La fonction maternelle/la fonction paternelle • Les premières difficultés peuvent apparaître devant l’éclosion des activités psychomotrices du bébé • Au plan alimentaire, une des difficultés les plus fréquentes concerne le non-accordage des propositions alimentaires faites au bébé à son appétit • La place de l’enfant dans sa généalogie et dans son groupe familial 2. L’enfant et ses pairs • L’enfant et sa fratrie (rivalité) • L’enfant et son milieu (école) III – LE DEVELOPPEMENT PSYCHOMOTEUR NORMAL Développement « psycho+moteur » car chez le tout jeune enfant, motricité et psyché sont totalement intriquées. L’examen de la motricité d’un enfant sera donc soustendu par deux attitudes : -Interroger l’état des structures anatomiques de base et leur organisation, c’est à dire l’équipement neurobiologique. -Et par quelles modalités les fonctions motrices sont engagées dans une relation au monde extérieur et aux autres. III – LE DEVELOPPEMENT PSYCHOMOTEUR NORMAL • Loi de différenciation (réflexe, imprécis -> volontaire, maîtrisé) • Loi de variabilité (chacun son rythme) • Loi de succession : développement céphalo-caudal et développement proximo-distal • Le développement psychomoteur résulte des interactions entre la maturation du système nerveux, les expériences sensorielles et les échanges avec l’environnement (interactions et transmissions sociales) => lié au développement affectif de l’enfant. • Importance de l’environnement : stable, sécurisant, stimulant, attentif aux besoins, réponse adaptée Age Aptitudes motrices et sensorielles Comportements adaptatifs et sociaux 0 à 4 sem Réflexes archaïques Différentiation des sons et des goûts Couché, bouge la tête latéralement Réponse aux yeux, à la voix de la mère Sourire endogène Regarde par moment les objets en mouvement 4 sem Positions toniques du cou Poings fermés Fixation visuelle Suit les objets en mouvement Répond à la parole Sourit préférentiellement à la mère 4 mois Tenue de la tête Prédominance de la posture symétrique Accommodation visuelle Coordination occulo-manuelle Mouvements des bras en vue d’un objet Sourire social spontané (exogène) 6 mois Tient assis Se retourne vers 7 mois Capture un jouet, secoue un hochet Porte les pieds à la bouche Caresse l’image du miroir 9 mois S’assied seul, grimpe Montre de l’index Marche à quatre pattes Angoisse de séparation manifeste Répond aux jeux sociaux Mange seul des petits gâteaux 1 an à 18 mois Marche Dit au revoir Lance une balle Montre du doigt ou vocalise ses désirs Gribouille et recherche la nouveauté Se nourrit seul en partie, renverse 2 ans Court, monte et descend un escalier Donne des coups à de gros ballons Construit des tours avec des cubes Met des vêtements simples Se réfère à soi par le nom Montre son affection ou sa colère Angoisse de séparation diminue 3 ans Fait du tricycle Saute d’une petite hauteur Copie un cercle, une croix Met ses chaussures, dégrafe ses boutons Se nourrit seul Comprend le fait d’attendre son tour 4 ans Tient sur un pied 5 à 8 secondes Descend un escalier un pied après l’autre Se lave et s’essuie la figure Joue avec ses pairs Compte et nomme trois objets 5 ans Saute un pied après l’autre Contrôle sphinctérien acquis Coordination fine Copie le carré, dessine un bonhomme S’habille et se déshabille seul Ecrit quelques lettres Joue à des compétitions 6 ans Fait du vélo Acquisition de l’écriture Copie le triangle Attache ses lacets IV- L’INTELLIGENCE ET LES TROUBLES DU DEVELOPPEMENT COGNITIF IV- L’INTELLIGENCE ET LES TROUBLES DU DEVELOPPEMENT COGNITIF L'intelligence est un terme qui appartient au langage de la psychologie du sens commun et qui rend compte d’une capacité de l'esprit humain à se représenter le monde, à en comprendre les lois de fonctionnement, à en prévoir les évènements et à communiquer ses connaissances à autrui. Pourtant, la psychologie scientifique a montré que cette capacité prenait en compte des aptitudes mentales complexes et très variées. On appelle déficience intellectuelle, toute insuffisance congénitale (ou très précoce) du développement de l'intelligence. Il ne s'agit donc pas d'une démence ou d'une détérioration qui suppose un développement initial normal de l'enfant ou du nourrisson. 1- Le développement de l'intelligence selon Piaget Le stade de l'intelligence sensori-motrice (de 0 à 2 ans) Le stade de l'intelligence préopératoire (de 2 à 6 ans) La période des opérations concrètes (de 7 à 11-12 ans) La période des opérations formelles (12 à 16 ans) 2- Les instruments de mesure • Plusieurs tests sont disponibles. • Certains obtiennent un QI à partir d'un indice de dispersion par rapport à la moyenne d'un groupe d'âge (en règle générale une année d'âge). • Les plus connues sont les échelles de Wechsler (WISCIV, WIPPSI) • Chez les enfants touts petits, ces épreuves sont difficiles à proposer ou ne sont pas adaptées. On leur préfère des échelles qui évaluent des coefficients de développement (QD) comme le Brunet-Lezine. 3- Les classifications des déficiences intellectuelles ou des retards mentaux Les déficiences mentales profondes (QI < 20) Les déficiences mentales sévères (20 < QI < 35) Les déficiences mentales modérées (35 < QI < 50) Les déficiences mentales légères (50 < QI < 70) La notion d'intelligence limite (70 < QI < 80) La notion de dysharmonie 3- L’origine des différences interindividuelles • Les facteurs génétiques • Les facteurs organiques : en premier chef l'intégrité cérébrale sur les plans de l'organisation anatomique, histologique, mais également biochimique • Les atteintes majeures des fonctions motrices ou sensorielles • Les facteurs socio-économiques et environnementaux • Enfin, les facteurs affectifs, qui correspondent à la motivation, au désir d'apprendre et la curiosité. 5- L’étiopathogénie Bien qu'un nombre très important de causes ait pu être isolé comme source de déficience intellectuelle, dans plus de 50 % des cas, celles-ci restent méconnues. La prévalence du retard mental en population générale est d'environ 3 % ce qui en fait une des pathologies les plus fréquentes dans le champ de la psychiatrie de l'enfant. D'autre part, on retrouve dans toutes les études épidémiologiques une prédominance de garçons. • • • • Les causes génétiques Les causes prénatales Les causes périnatales Les causes post-natales Principales causes de déficiences intellectuelles au plan physiopathologique ATTEINTES ENDOCRINIENNES Myxoedème ou hypothyroidie congénitale EMBRYOPATHIES INFECTIEUSES Rubéole Toxoplasmose Cataracte, microcéphlie, surdité, canal artériel Choriorétinite, calcifications intracérébrales SYNDROMES POLYMALFORMATIFS Trisomie 21 X Fragile Dysmorphie, hypotonie musculaire, malformation cardiaque Dysmorphie discrète, macroorchidie, hyperactivité ATTEINTES DU SYSTEME NERVEUX Phénylcétonurie (maladie autosomique récessive), sclérose tubéreuse (maladie autosomique dominante), maladies épileptiques précoces, anoxie néonatale, méningites, intoxication (ex : alcoolisme maternel) ATTEINTES D’ORIGINE PSYCHOAFFECTIVE Hospitalisme, carences affectives précoces INCOMPATIBILITE FOETO-MATERNELLE Ictère nucléaire par incompatibilité Rhésus MALFORMATIONS AFFECTANT LE SYSTEME NERVEUX CENTRAL Hydrocéphalie, microcéphalie, dysostose cranio-faciale 6- Les éléments de la clinique Les éléments du repérage précoce de 1 à 3 mois : pauvreté affective, troubles vasomoteurs, troubles du tonus de 3 à 6 mois : persistance totale des automatismes primaires, troubles du tonus avec absence de l'évolution attendue de 6 à 8 mois : absence de la pince pouce-index, et troubles du tonus (en particulier tronc hypotone avec membres inférieurs raides ou asymétrie des deux hémicorps) de 8 à 12 mois : il s'agit d'une période cruciale, car souvent apparaît une aggravation ou une stagnation des acquisitions chez le nourrisson au cours de la deuxième année : retards divers, dont la marche et surtout sur le plan du langage (articulation, phonation, vocabulaire…) 6- Les éléments de la clinique La clinique des déficiences intellectuelles légères et moyennes La personnalité : on note souvent une certaine immaturité, des enfants frustres parfois bornés ayant peu de confiance en eux, volontiers crédules et naïfs, maladroits et gaffeurs. Le syndrome psychomoteur est presque constant sur le plan clinique Les difficultés relationnelles qui vont beaucoup dépendre des réactions du milieu et de l'entourage. Sur le plan psychopathologique, distinguer les déficiences harmoniques des déficiences dysharmoniques Les troubles psychiatriques associés (dépression chez l'enfant et l'adolescent, bouffée délirante aiguë chez l'adolescent, réaction antisociale particulièrement fréquente chez le garçon en milieu socio-économique défavorisé) 7- Les bilans et le diagnostic différentiel Les bilans et le diagnostic différentiel Le bilan étiologique : • examen clinique et neurologique • examens complémentaires, fonction des hypothèses diagnostiques. • troubles sensoriels associés? • Il importe enfin d'éliminer les principaux éléments du diagnostic différentiel qui sont chez le petit – les arriérations affectives simples, – les troubles graves de l'élaboration du langage (dysphasie) – les Troubles Envahissants du Développement. 8- Les principes thérapeutiques Les actions de prévention Sur le plan psychosocial, les grossesses à risque peuvent être accompagnées, des soutiens financiers proposés ; Sur le plan obstétrical, certains dépistages sont proposés et gratuits pendant la grossesse (toxoplasmose, rubéole, trisomie 21 à partir de 38 ans, échographie morphologique) ; Sur le plan du dépistage précoce, la recherche de certaines anomalies métaboliques accessibles à un traitement est obligatoire évitant ainsi un développement anormal du tissu cérébral (phénylcétonurie, hypothyroidie). 8- Les principes thérapeutiques L’organisation sanitaire, sociale et scolaire En France, un réseau d’institutions est en place Pour la prise en charge précoce ou non des déficiences intellectuelles : CAMSP Centre d’Action Médico-Sociale Précoce pour les enfants de moins de 6ans, SESSAD Services de Soins et d’Education Spécialisée à Domicile, CMP, Centre Médico-Psychologique CMPP Centre Médico-PsychoPédagogique Pour leur proposer des apprentissages scolaires avec des méthodes pédagogiques adaptées au sein de l’Education Nationale CLIS, ULIS Classes d’Intégration Spécialisée SEGPA Section d’Enseignement Général Professionnel Adapté), Etablissements médico-éducatifs (Internat ou Externat Médico-Pédagogique ou Educatif, Internat ou Externat Médico-Professionnel). 8- Les principes thérapeutiques Les principes thérapeutiques L’abord thérapeutique est multidisciplinaire et fonction du développement de l’enfant ; Il implique le traitement de l’étiologie reconnue quand cela est possible. De même, toute malformation associée, déficience sensorielle, ou comitialité doit être traitée ; L’assistance éducative pour la mise en place de techniques d’apprentissage adapté ; Parmi les interventions précoces les plus utiles, un consensus existe chez les professionnels autour des abords psychomoteurs car il existe très tôt des possibilités d’éveils par l’abord corporel ; Un accompagnement psychothérapique du sujet est possible le plus souvent dans un second temps ; Toujours questionner en fonction de l’évolution de l’enfant si de nouvelles approches ne seraient pas susceptibles d’apporter un plus dans ses apprentissages (prise en charge orthophonique en cas d’échec d’acquisition de la lecture par exemple) ; L’accompagnement psychologique des familles est essentiel, tout comme l’obtention de certaines aides financières quand elles sont justifiées (Allocation d’Education Spéciale, Allocation Tierce Personne). La conduite infirmière auprès d’un enfant qui présente une déficience intellectuelle (1) • Il convient de se souvenir que l’enfant déficient comprend souvent bien mieux qu'il n’en donne l’air. Il mérite comme tout autre d’être informé avec tact et douceur sur les actes de soins ou les procédures aux quelles on lui demande de se prêter. L’information exclusive de la famille n’est en aucun cas suffisante. • Comme tout patient, le sujet déficient à droit au respect. Il s’agit la d’une évidence. Pourtant, certains soignants croyant bien faire s’adressent au sujet déficient comme s’il s’agissait d’un étranger ou d’un nourrisson : leur attitude devient mielleuse ou obséquieuse, leur timbre de voix se modifie, leurs expressions langagières empruntent au monde de la petite enfance, le tutoiement est constant quelque soit l’âge… L’enfant et plus encore l’adolescent déficient ressentent souvent ces manières d’être comme blessantes et pleines de préjugés La conduite infirmière auprès d’un enfant qui présente une déficience intellectuelle (2) • Pour autant, l’accompagnement infirmier ne doit pas nier la déficience et les difficultés cognitives du sujet. Le langage et les informations données doivent être précis et simples afin d’être accessibles. En outre, les accompagnements systématisés dans les hôpitaux, où la signalétique est presque toujours défaillante même pour les bien portants, doivent être promus. • Lors des bilans, il est également conseillé de limiter les attentes trop longues qui souvent conduisent à une recrudescence de l’anxiété ou des peurs anticipatoires par rapport aux examens ou prélèvements à venir. • Enfin sur un plan plus institutionnel, et le rôle des infirmiers est dans ce contexte capital, il est important de se souvenir que toute personne déficiente est par essence une personne vulnérable, et à ce titre susceptible de ne pas bénéficier des mêmes attentions, des mêmes qualités de soins et de prises en charge que les personnes d’intelligence normale. Chacun, à la place qui est la sienne, doit participer à l’effort général de prise de conscience de ce risque pour le prévenir. V – LES TROUBLES DU DEVELOPPEMENT PSYCHOMOTEUR 1- Introduction à quelques notions clés La notion de tonus (fond sur lequel s’inscrit le mouvement) Les réflexes archaïques • • • • • le réflexe des points cardinaux (la stimulation de la région péribucale entraîne un mouvement d’orientation en direction de la stimulation) qu’on appelle également réflexe de fouissement ; le réflexe d’agrippement ou grasping le réflexe de succion le réflexe de marche automatique (un nouveau-né tenu sous les aisselles, les pieds appuyés sur un plan dur, le corps incliné vers l’avant, imite le mouvement de marche) le réflexe de Moro (la tête soulevée et laissée tomber sur l’oreiller, provoque un mouvement d’écartement des bras qui se rejoignent en arc de cercle). La plupart de ces réflexes disparaissent vers le quatrième mois. 2- Introduction à quelques notions clés Les notions de latéralité, de schéma corporel, d’orientation temporo-spatiale • La latéralité témoigne de l’utilisation préférentielle d’un côté du corps au plan moteur pour la main, le pied, la visée et l’ouie. • Le schéma corporel correspond à l’acquisition de la connaissance des différentes parties du corps, aussi bien en terme de ressenti que de représentation. • L’image du corps : alors que le schéma corporel est le même pour tous les individus, l’image du corps est liée au sujet et à sa propre histoire. • L’orientation spatiale et temporelle correspond à la possibilité pour l’enfant de s’orienter dans l’espace, et également de s’orienter dans le temps. V – LES TROUBLES DU DEVELOPPEMENT PSYCHOMOTEUR • Dans l’appréhension des différents troubles psychomoteurs de l’enfant, les notions précédentes sont importantes car elles permettent un certain nombre de repères au plan de la psychopathologie. • Ainsi, dans la plupart des cas d’anorexie mentale ou de boulimie on retrouve un perturbation de l’image du corps, alors que dans les tics, les dystonies et certains types de tremblements, c’est la régulation de la fonction tonique qui semble poser problème. 1. La maladresse motrice et les dyspraxies La maladresse motrice Les dyspraxies Sur le plan de la compréhension étiopathogénique, si tous les enfants dyspraxiques ont une perturbation du schéma corporel, on distingue volontiers : • Les enfants qui présentent des signes évidents, même si discrets, à l’examen neurologique. Ces cas sont souvent associés à une forme plus sévère • Les enfants qui ont une perturbation de la fonction binoculaire, dont le rôle est important dans les aberrations perceptives • Les enfants qui présentent un profil cognitif particulier, dysharmonique, avec un échec relatif aux épreuves sollicitant les données spatiales et les images mentales. 2. L’hyperactivité motrice avec ou sans déficit de l’attention Introduction L’hyperactivité ou instabilité psychomotrice est un symptôme fréquent. Sa prévalence chez l’enfant d’âge scolaire est de l’ordre de 3 %, pour un sexe ratio de 4 à 8 garçons pour une fille selon les études. Les aspects cliniques On distingue : • Les symptômes moteurs : c’est l’instabilité motrice ou hyperkinésie. L’enfant ne tient pas en place, bouge tout le temps, fait du bruit… • Les symptômes psychiques : ce sont les troubles de l’attention qui se traduisent par une attention labile donnant le sentiment d’une instabilité psychique ; et des difficultés non spécifiques à type de familiarité, d’agressivité, de colères, de troubles du sommeil… Chez certains ces symptômes dit non spécifiques peuvent s’organiser en un trouble du contrôle de soi et de l’impulsivité. • Les troubles secondaires ou comorbides qui associent dépression, échec scolaire, troubles des conduites, tics, anxiété. L’étiopathogénie • Multifactorielle 3. Les tics • Les tics sont des mouvements involontaires, brusques et intempestifs, rapides, répétés. Ils concernent un groupe de muscles en liaison fonctionnelle mais n’ont aucune utilité. Ils disparaissent pendant le sommeil et sont partiellement contrôlables par un effort de volonté. • Sur un plan topographique, ils touchent plus souvent la face, le cou, les membres, et la bouche. • Ils sont fréquents chez l’enfant d’âge scolaire mais transitoires puisqu’ils disparaissent généralement avant 10 ans. • Chez certains enfants ils s’associent à un tableau plus complexe de difficultés psychomotrices (hyperactivité, symptomatologie obsessionnelle…). Le pronostic est alors plus réservé. • La maladie de Gilles de la Tourette s’inscrit dans ce cadre. Elles associe des tics moteurs chroniques à des tics vocaux, et parfois une écholalie (répétition de mots) et une coprolalie (exclamation de mots ou formules à caractère grossier). La composante héréditaire paraît importante dans cette maladie. 4. Les autres troubles du développement psychomoteur L’inhibition psychomotrice • L’inhibition par hyper contrôle moteur et rétention qui se caractérise par la mise en jeu d’un état tensionnel considérable lors déroulement du mouvement. Le sujet est lent et présente un tonus de fond élevé. Les autres symptômes moteurs • • • L’onychophagie est le fait de se manger les ongles. C’est une des habitudes motrices les plus fréquentes chez l’enfant avec la succion du pouce. La trichotillomanie, rarement durable correspond à un mouvement habituel d’arrachage de cheveux. Les balancements sont des mouvements rythmiques plutôt lents qui peuvent durer des heures. Ils surviennent volontiers à l’endormissement ou quand l’enfant est inactif. Ils sont le plus souvent transitoires et concernent le nourrisson et le jeune enfant. Ils peuvent aussi survenir dans des contextes plus pathologiques associés à d’autres signes (psychose infantile, carences affectives graves…). 5. Les principes thérapeutiques • Les traitements psychomoteurs ou thérapie à médiation corporelle. • Le travail de guidance avec les familles est essentiel. • Des propositions d’aménagements scolaires • Les approches psychothérapiques sont presque toujours indispensables dans les formes sévères. • Une prescription de psychotrope est parfois utile, tout comme un temps d’hospitalisation dans les formes les plus sévères. • Enfin, l’indication d’une séparation du milieu familial prolongée n’est jamais la conséquence du trouble psychomoteur en tant que tel, mais est le plus souvent liée au contexte familial. L’abord infirmier du trouble psychomoteur en hospitalisation Lorsqu’un enfant qui présente un désordre psychomoteur est hospitalisé, il s’agit presque toujours d’une forme bruyante et sévère de maladie des tics ou d’hyperactivité. D’un point de vue pratique, il convient sur le plan infirmier : • • • • • • De limiter au maximum les effets de groupe et l’agitation en salle. De proposer rapidement au niveau de l’organisation institutionnelle des soins, une structuration des activités marquées par la régularité des rythmes et des personnes. De tenir compte des ressources propres du sujet en fonction de la journée. Par exemple, l’hyperactif semble être plus à l’aise quand les activités intellectuelles ont lieu le matin, et les activités plus corporelles l’après midi. De favoriser, au cours d’une même activité, les pauses brèves mais fréquentes et régulières. De favoriser un travail sur le corps par la pratique de temps d’activités à médiation corporelle (toucher thérapeutique, activité en piscine, relaxation…). Des formations spécifiques sont accessibles aux infirmiers. Enfin, de participer au travail de guidance parentale au cours d’échanges directs avec les parents ou lors des visites en salle de ceux-ci. Il s’agit tout en leur proposant une écoute et un soutien, de leur dispenser des conseils éducatifs car les contre attitudes comportementales sont très fréquentes. VI – LE DEVELOPPEMENT DU LANGAGE CHEZ L'ENFANT • Le langage est une des acquisitions les plus déterminantes au cours du développement du nourrisson et de l'enfant. Les difficultés de son développement en constituent un motif fréquent de consultation. En cas de retard ou de difficultés, les parents en redoutent les conséquences sur le plan des interactions sociales, sur le plan du développement de l'intelligence et bien entendu de l'insertion scolaire. • Le langage joue aussi un rôle dans la constitution de la personnalité de l’enfant. • Les facteurs intervenants dans le développement du langage sont multiples. Ainsi les troubles du langage constituent un symptôme relevant de causes très diverses mais peuvent également survenir de façon isolée. 1- Les pré-requis au langage oral et écrit • L’intégrité de l'appareil auditif périphérique et central • Le niveau intellectuel et la compréhension du langage • L’intégrité des outils d'expression • Les facteurs personnels et environnementaux 2- Les principales étapes du développement du langage La phase prélinguistique Elle occupe grosso modo la première année de vie. C'est surtout au deuxième mois que l’on voit apparaître des vocalisations (babillage). La phase linguistique • • • • Les premières syllabes apparaissent vers 10 mois, période où il sait déjà réagir à son prénom. Le jasis disparaît et laisse place aux premiers mots. Vers 15-18 mois, l'enfant comprend des phrases courtes, dit quelques mots, isolés ou dans un sens indiquant une action. Vers 18 mois, le non est acquis. Vers 2 ans, l'enfant comprend des phrases plus complexes et devient normalement capable de faire quelques phrases de deux, trois mots. De deux à trois ans le vocabulaire s'enrichit et les premières règles de syntaxe apparaissent. Le "je" est ainsi utilisé vers 3ans, mais les phrases restent volontiers limitées à quelques mots. A partir de 3 ans, il est également capable de poser des questions. C'est à partir de cet âge que l'on voit apparaître une explosion sur le plan du vocabulaire et de la complexité des phrases. Le parler bébé peut durer en général jusque vers 4 ans. A 5-6 ans, l'enfant parle couramment et peut aborder l'apprentissage du langage écrit. VII - LES TROUBLES DU LANGAGE VII - LES TROUBLES DU LANGAGE 1- Les principales causes de troubles du développement du langage Les surdités Les déficiences intellectuelles Les atteintes neurologiques Les causes psychiatriques 2- Le retard simple de langage : variation de la normale ? Quand consulter devant un enfant présentant des difficultés dans l’acquisition du langage ? Au plus tôt Avant 2 ans Si doute sur une surdité Si le nourrisson ne prononce aucun mot et paraît hermétique au langage Dés 3 ans Si l’enfant ne fait pas de phrase Vers 4 ans Si l’enfant est difficilement compréhensible ou s’il présente un bégaiement sévère Vers 7 ans Si l’enfant ne sait pas lire, s’il confond les m/n, t/d, b/p, ou encore si l’orthographe est catastrophique 3 – Classifications des troubles du langage Les troubles de l'articulation (un phonème) • le zézaiement ou zozotement • le chuintement • le nasonnement Les troubles de la parole (association de phonèmes) Les dysphasies Le bégaiement Les dyslexies et les dysorthographies (=troubles du langage écrit)