Développement psycho-affectif de l`enfant et ses principaux troubles

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Développement psycho-affectif de l`enfant et ses principaux troubles
DEVELOPPEMENT PSYCHO-AFFECTIF
DE L’ENFANT
et ses principaux troubles
Dr A. Aouidad
Service de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent
du Pr David COHEN
CHU PITIE-SALPETRIERE
LMD Infirmier
I - LES GENERALITES QUANT AU
DEVELOPPEMENT DE L’ENFANT
L’enfant se développe à partir de deux pôles : un
patrimoine génétique et des facteurs innés, d’une
part, et des facteurs acquis ou environnementaux,
d’autre part.
Pour rendre compte, de l’espace intermédiaire de
rencontre de ces deux polarités, on parle
d’interactions car c’est dans l’interaction que se
réalise au tout début le bébé.
1- La notion d’interaction précoce
• Il s’agit d’une notion fondamentale en psychologie du
développement.
• Il s’agit de rendre compte comment un bébé et un parent
interagissent deux à deux. La psychologie développementale a
montré que la qualité et la nature des interactions précoces est un
facteur protecteur sur le plan de la psychopathologie.
• Ainsi, les éléments entraînant des perturbations dans ces
interactions sont considérés comme des facteurs de risque.
2- Les facteurs innés du développement
Les facteurs macroscopiques ou directs
•
•
•
•
Les anomalies chromosomiques
Les infections néonatales et les embryopathies
Les intoxications, comme l’incompatibilité Rhésus, la fœtopathie alcoolique
secondaire à un alcoolisme maternel.
Les anomalies du développement cérébral
Les facteurs microscopiques ou indirects
•
Il existe une série de compétences à la naissance qui varie d’un enfant à
l’autre. Ces compétences précoces peuvent grandement influer sur la
nature et la dynamique des interactions précoces avec la mère.
•
Il existe une vulnérabilité aux évènements de vie et aux interactions qui
peut déterminer en partie le style futur de l’enfant. Les facteurs de
vulnérabilité sont des facteurs qui en eux-mêmes ne suffisent pas à
déterminer un quelconque devenir mais qui nécessiteront un facteur
environnemental pour être révélé.
•
La notion de résilience vient témoigner du fait que certains enfants résistent
plus que d’autres, à conditions environnementales égales, aux aléas des
conditions de milieu.
3- La théorie de l’attachement (1)
Les données de l’éthologie
•
•
Konrad Lorentz qui a décrit chez l’oiseau le phénomène
d’empreinte.
Harry Harlow qui a décrit les effets de conditions d’élevage
diverses chez le singe.
Les effets observés de la séparation mère-enfant
•
Les bébés humains séparés de leur mère présentent les mêmes
réactions que celle décrites par Harlow : réaction de détresse
(l’enfant pleure et cherche) puis de découragement (alternance
de colère et de tristesse) enfin détachement et indifférence.
•
René Spitz avait également décrit les effets catastrophiques des
séparations prolongées en pouponnières et les conséquences
positives sur l’état psychoaffectif de l’enfant de proposer un
partenaire de remplacement.
3- La théorie de l’attachement (2)
• Winicott, Bowlby, Ainsworth
• 4 schèmes d’attachement :
–
–
–
–
Sécure
Évitant
Ambivalent/résistant
Désorganisé
4- L’influence du milieu sur le développement
Les facteurs socio-culturels
Les évènements de vie
Les facteurs liés à la qualité de l’interaction
II- L’ENFANT DANS SA FAMILLE
1. L’enfant et ses parents
•
La fonction maternelle/la fonction paternelle
•
Les premières difficultés peuvent apparaître devant
l’éclosion des activités psychomotrices du bébé
•
Au plan alimentaire, une des difficultés les plus
fréquentes concerne le non-accordage des
propositions alimentaires faites au bébé à son appétit
•
La place de l’enfant dans sa généalogie et dans son
groupe familial
2. L’enfant et ses pairs
•
L’enfant et sa fratrie (rivalité)
•
L’enfant et son milieu (école)
III – LE DEVELOPPEMENT PSYCHOMOTEUR
NORMAL
Développement « psycho+moteur » car chez le tout jeune
enfant, motricité et psyché sont totalement intriquées.
L’examen de la motricité d’un enfant sera donc soustendu par deux attitudes :
-Interroger l’état des structures anatomiques de base et
leur organisation, c’est à dire l’équipement
neurobiologique.
-Et par quelles modalités les fonctions motrices sont
engagées dans une relation au monde extérieur et aux
autres.
III – LE DEVELOPPEMENT PSYCHOMOTEUR
NORMAL
• Loi de différenciation (réflexe, imprécis -> volontaire, maîtrisé)
• Loi de variabilité (chacun son rythme)
• Loi de succession : développement céphalo-caudal et développement
proximo-distal
• Le développement psychomoteur résulte des interactions entre la
maturation du système nerveux, les expériences sensorielles et les
échanges avec l’environnement (interactions et transmissions sociales)
=> lié au développement affectif de l’enfant.
• Importance de l’environnement : stable, sécurisant, stimulant, attentif
aux besoins, réponse adaptée
Age
Aptitudes motrices et sensorielles
Comportements adaptatifs et sociaux
0 à 4 sem
Réflexes archaïques
Différentiation des sons et des goûts
Couché, bouge la tête latéralement
Réponse aux yeux, à la voix de la mère
Sourire endogène
Regarde par moment les objets en mouvement
4 sem
Positions toniques du cou
Poings fermés
Fixation visuelle
Suit les objets en mouvement
Répond à la parole
Sourit préférentiellement à la mère
4 mois
Tenue de la tête
Prédominance de la posture symétrique
Accommodation visuelle
Coordination occulo-manuelle
Mouvements des bras en vue d’un objet
Sourire social spontané (exogène)
6 mois
Tient assis
Se retourne vers 7 mois
Capture un jouet, secoue un hochet
Porte les pieds à la bouche
Caresse l’image du miroir
9 mois
S’assied seul, grimpe
Montre de l’index
Marche à quatre pattes
Angoisse de séparation manifeste
Répond aux jeux sociaux
Mange seul des petits gâteaux
1 an à
18 mois
Marche
Dit au revoir
Lance une balle
Montre du doigt ou vocalise ses désirs
Gribouille et recherche la nouveauté
Se nourrit seul en partie, renverse
2 ans
Court, monte et descend un escalier
Donne des coups à de gros ballons
Construit des tours avec des cubes
Met des vêtements simples
Se réfère à soi par le nom
Montre son affection ou sa colère
Angoisse de séparation diminue
3 ans
Fait du tricycle
Saute d’une petite hauteur
Copie un cercle, une croix
Met ses chaussures, dégrafe ses boutons
Se nourrit seul
Comprend le fait d’attendre son tour
4 ans
Tient sur un pied 5 à 8 secondes
Descend un escalier un pied après l’autre
Se lave et s’essuie la figure
Joue avec ses pairs
Compte et nomme trois objets
5 ans
Saute un pied après l’autre
Contrôle sphinctérien acquis
Coordination fine
Copie le carré, dessine un bonhomme
S’habille et se déshabille seul
Ecrit quelques lettres
Joue à des compétitions
6 ans
Fait du vélo
Acquisition de l’écriture
Copie le triangle
Attache ses lacets
IV- L’INTELLIGENCE ET LES TROUBLES
DU DEVELOPPEMENT COGNITIF
IV- L’INTELLIGENCE ET LES TROUBLES DU
DEVELOPPEMENT COGNITIF
L'intelligence est un terme qui appartient au langage de la
psychologie du sens commun et qui rend compte d’une
capacité de l'esprit humain à se représenter le monde, à
en comprendre les lois de fonctionnement, à en prévoir
les évènements et à communiquer ses connaissances à
autrui.
Pourtant, la psychologie scientifique a montré que cette
capacité prenait en compte des aptitudes mentales
complexes et très variées.
On appelle déficience intellectuelle, toute insuffisance
congénitale (ou très précoce) du développement de
l'intelligence. Il ne s'agit donc pas d'une démence ou
d'une détérioration qui suppose un développement initial
normal de l'enfant ou du nourrisson.
1- Le développement de l'intelligence selon
Piaget
Le stade de l'intelligence sensori-motrice (de 0 à 2 ans)
Le stade de l'intelligence préopératoire (de 2 à 6 ans)
La période des opérations concrètes (de 7 à 11-12 ans)
La période des opérations formelles (12 à 16 ans)
2- Les instruments de mesure
• Plusieurs tests sont disponibles.
• Certains obtiennent un QI à partir d'un indice de
dispersion par rapport à la moyenne d'un groupe d'âge
(en règle générale une année d'âge).
• Les plus connues sont les échelles de Wechsler (WISCIV, WIPPSI)
• Chez les enfants touts petits, ces épreuves sont difficiles
à proposer ou ne sont pas adaptées. On leur préfère des
échelles qui évaluent des coefficients de développement
(QD) comme le Brunet-Lezine.
3- Les classifications des déficiences
intellectuelles ou des retards mentaux
Les déficiences mentales profondes (QI < 20)
Les déficiences mentales sévères (20 < QI < 35)
Les déficiences mentales modérées (35 < QI < 50)
Les déficiences mentales légères (50 < QI < 70)
La notion d'intelligence limite (70 < QI < 80)
La notion de dysharmonie
3- L’origine des différences interindividuelles
• Les facteurs génétiques
• Les facteurs organiques : en premier chef l'intégrité
cérébrale sur les plans de l'organisation anatomique,
histologique, mais également biochimique
• Les atteintes majeures des fonctions motrices ou
sensorielles
• Les facteurs socio-économiques et environnementaux
• Enfin, les facteurs affectifs, qui correspondent à la
motivation, au désir d'apprendre et la curiosité.
5- L’étiopathogénie
Bien qu'un nombre très important de causes ait pu être
isolé comme source de déficience intellectuelle, dans
plus de 50 % des cas, celles-ci restent méconnues.
La prévalence du retard mental en population générale est
d'environ 3 % ce qui en fait une des pathologies les plus
fréquentes dans le champ de la psychiatrie de l'enfant.
D'autre part, on retrouve dans toutes les études
épidémiologiques une prédominance de garçons.
•
•
•
•
Les causes génétiques
Les causes prénatales
Les causes périnatales
Les causes post-natales
Principales causes de déficiences intellectuelles au plan physiopathologique
ATTEINTES ENDOCRINIENNES
Myxoedème ou hypothyroidie congénitale
EMBRYOPATHIES INFECTIEUSES
Rubéole
Toxoplasmose
Cataracte, microcéphlie, surdité, canal artériel
Choriorétinite, calcifications intracérébrales
SYNDROMES POLYMALFORMATIFS
Trisomie 21
X Fragile
Dysmorphie, hypotonie musculaire, malformation cardiaque
Dysmorphie discrète, macroorchidie, hyperactivité
ATTEINTES DU SYSTEME NERVEUX
Phénylcétonurie (maladie autosomique récessive), sclérose tubéreuse (maladie autosomique dominante),
maladies épileptiques précoces, anoxie néonatale, méningites, intoxication (ex : alcoolisme maternel)
ATTEINTES D’ORIGINE PSYCHOAFFECTIVE
Hospitalisme, carences affectives précoces
INCOMPATIBILITE FOETO-MATERNELLE
Ictère nucléaire par incompatibilité Rhésus
MALFORMATIONS AFFECTANT LE SYSTEME NERVEUX CENTRAL
Hydrocéphalie, microcéphalie, dysostose cranio-faciale
6- Les éléments de la clinique
Les éléments du repérage précoce
de 1 à 3 mois : pauvreté affective, troubles vasomoteurs, troubles du
tonus
de 3 à 6 mois : persistance totale des automatismes primaires,
troubles du tonus avec absence de l'évolution attendue
de 6 à 8 mois : absence de la pince pouce-index, et troubles du tonus
(en particulier tronc hypotone avec membres inférieurs raides ou
asymétrie des deux hémicorps)
de 8 à 12 mois : il s'agit d'une période cruciale, car souvent apparaît
une aggravation ou une stagnation des acquisitions chez le
nourrisson
au cours de la deuxième année : retards divers, dont la marche et
surtout sur le plan du langage (articulation, phonation,
vocabulaire…)
6- Les éléments de la clinique
La clinique des déficiences intellectuelles
légères et moyennes
La personnalité : on note souvent une certaine immaturité, des
enfants frustres parfois bornés ayant peu de confiance en eux,
volontiers crédules et naïfs, maladroits et gaffeurs.
Le syndrome psychomoteur est presque constant sur le plan clinique
Les difficultés relationnelles qui vont beaucoup dépendre des
réactions du milieu et de l'entourage.
Sur le plan psychopathologique, distinguer les déficiences
harmoniques des déficiences dysharmoniques
Les troubles psychiatriques associés (dépression chez l'enfant et
l'adolescent, bouffée délirante aiguë chez l'adolescent, réaction
antisociale particulièrement fréquente chez le garçon en milieu
socio-économique défavorisé)
7- Les bilans et le diagnostic différentiel
Les bilans et le diagnostic différentiel
Le bilan étiologique :
• examen clinique et neurologique
• examens complémentaires, fonction des hypothèses diagnostiques.
• troubles sensoriels associés?
• Il importe enfin d'éliminer les principaux éléments du
diagnostic différentiel qui sont chez le petit
– les arriérations affectives simples,
– les troubles graves de l'élaboration du langage (dysphasie)
– les Troubles Envahissants du Développement.
8- Les principes thérapeutiques
Les actions de prévention
Sur le plan psychosocial, les grossesses à risque peuvent être
accompagnées, des soutiens financiers proposés ;
Sur le plan obstétrical, certains dépistages sont proposés et gratuits
pendant la grossesse (toxoplasmose, rubéole, trisomie 21 à partir
de 38 ans, échographie morphologique) ;
Sur le plan du dépistage précoce, la recherche de certaines anomalies
métaboliques accessibles à un traitement est obligatoire évitant
ainsi un développement anormal du tissu cérébral
(phénylcétonurie, hypothyroidie).
8- Les principes thérapeutiques
L’organisation sanitaire, sociale et scolaire
En France, un réseau d’institutions est en place
Pour la prise en charge précoce ou non des déficiences intellectuelles :
CAMSP Centre d’Action Médico-Sociale Précoce pour les enfants de moins de
6ans,
SESSAD Services de Soins et d’Education Spécialisée à Domicile,
CMP, Centre Médico-Psychologique
CMPP Centre Médico-PsychoPédagogique
Pour leur proposer des apprentissages scolaires avec des méthodes
pédagogiques adaptées au sein de l’Education Nationale
CLIS, ULIS Classes d’Intégration Spécialisée
SEGPA Section d’Enseignement Général Professionnel Adapté),
Etablissements médico-éducatifs (Internat ou Externat Médico-Pédagogique ou
Educatif, Internat ou Externat Médico-Professionnel).
8- Les principes thérapeutiques
Les principes thérapeutiques
L’abord thérapeutique est multidisciplinaire et fonction du développement
de l’enfant ;
Il implique le traitement de l’étiologie reconnue quand cela est possible.
De même, toute malformation associée, déficience sensorielle, ou
comitialité doit être traitée ;
L’assistance éducative pour la mise en place de techniques
d’apprentissage adapté ;
Parmi les interventions précoces les plus utiles, un consensus existe chez
les professionnels autour des abords psychomoteurs car il existe très
tôt des possibilités d’éveils par l’abord corporel ;
Un accompagnement psychothérapique du sujet est possible le plus
souvent dans un second temps ;
Toujours questionner en fonction de l’évolution de l’enfant si de nouvelles
approches ne seraient pas susceptibles d’apporter un plus dans ses
apprentissages (prise en charge orthophonique en cas d’échec
d’acquisition de la lecture par exemple) ;
L’accompagnement psychologique des familles est essentiel, tout comme
l’obtention de certaines aides financières quand elles sont justifiées
(Allocation d’Education Spéciale, Allocation Tierce Personne).
La conduite infirmière auprès d’un enfant qui
présente une déficience intellectuelle (1)
• Il convient de se souvenir que l’enfant déficient comprend souvent
bien mieux qu'il n’en donne l’air. Il mérite comme tout autre d’être
informé avec tact et douceur sur les actes de soins ou les
procédures aux quelles on lui demande de se prêter. L’information
exclusive de la famille n’est en aucun cas suffisante.
• Comme tout patient, le sujet déficient à droit au respect. Il s’agit la
d’une évidence. Pourtant, certains soignants croyant bien faire
s’adressent au sujet déficient comme s’il s’agissait d’un étranger
ou d’un nourrisson : leur attitude devient mielleuse ou obséquieuse,
leur timbre de voix se modifie, leurs expressions langagières
empruntent au monde de la petite enfance, le tutoiement est
constant quelque soit l’âge…
L’enfant et plus encore l’adolescent déficient ressentent souvent
ces manières d’être comme blessantes et pleines de préjugés
La conduite infirmière auprès d’un enfant qui
présente une déficience intellectuelle (2)
• Pour autant, l’accompagnement infirmier ne doit pas nier la
déficience et les difficultés cognitives du sujet. Le langage et les
informations données doivent être précis et simples afin d’être
accessibles. En outre, les accompagnements systématisés dans les
hôpitaux, où la signalétique est presque toujours défaillante même
pour les bien portants, doivent être promus.
• Lors des bilans, il est également conseillé de limiter les attentes trop
longues qui souvent conduisent à une recrudescence de l’anxiété
ou des peurs anticipatoires par rapport aux examens ou
prélèvements à venir.
• Enfin sur un plan plus institutionnel, et le rôle des infirmiers est dans
ce contexte capital, il est important de se souvenir que toute
personne déficiente est par essence une personne vulnérable, et à
ce titre susceptible de ne pas bénéficier des mêmes attentions, des
mêmes qualités de soins et de prises en charge que les personnes
d’intelligence normale. Chacun, à la place qui est la sienne, doit
participer à l’effort général de prise de conscience de ce risque pour
le prévenir.
V – LES TROUBLES DU DEVELOPPEMENT
PSYCHOMOTEUR
1- Introduction à quelques notions clés
La notion de tonus (fond sur lequel s’inscrit le mouvement)
Les réflexes archaïques
•
•
•
•
•
le réflexe des points cardinaux (la stimulation de la région
péribucale entraîne un mouvement d’orientation en direction de
la stimulation) qu’on appelle également réflexe de fouissement ;
le réflexe d’agrippement ou grasping
le réflexe de succion
le réflexe de marche automatique (un nouveau-né tenu sous les
aisselles, les pieds appuyés sur un plan dur, le corps incliné vers
l’avant, imite le mouvement de marche)
le réflexe de Moro (la tête soulevée et laissée tomber sur l’oreiller,
provoque un mouvement d’écartement des bras qui se rejoignent
en arc de cercle).
La plupart de ces réflexes disparaissent vers le quatrième mois.
2- Introduction à quelques notions clés
Les notions de latéralité, de schéma corporel,
d’orientation temporo-spatiale
• La latéralité témoigne de l’utilisation préférentielle d’un côté du
corps au plan moteur pour la main, le pied, la visée et l’ouie.
• Le schéma corporel correspond à l’acquisition de la connaissance
des différentes parties du corps, aussi bien en terme de ressenti que
de représentation.
• L’image du corps : alors que le schéma corporel est le même pour
tous les individus, l’image du corps est liée au sujet et à sa propre
histoire.
• L’orientation spatiale et temporelle correspond à la possibilité
pour l’enfant de s’orienter dans l’espace, et également de
s’orienter dans le temps.
V – LES TROUBLES DU DEVELOPPEMENT
PSYCHOMOTEUR
• Dans l’appréhension des différents troubles
psychomoteurs de l’enfant, les notions précédentes sont
importantes car elles permettent un certain nombre de
repères au plan de la psychopathologie.
• Ainsi, dans la plupart des cas d’anorexie mentale ou de
boulimie on retrouve un perturbation de l’image du
corps, alors que dans les tics, les dystonies et certains
types de tremblements, c’est la régulation de la fonction
tonique qui semble poser problème.
1. La maladresse motrice et les dyspraxies
La maladresse motrice
Les dyspraxies
Sur le plan de la compréhension étiopathogénique, si tous
les enfants dyspraxiques ont une perturbation du
schéma corporel, on distingue volontiers :
• Les enfants qui présentent des signes évidents, même si
discrets, à l’examen neurologique. Ces cas sont
souvent associés à une forme plus sévère
• Les enfants qui ont une perturbation de la fonction
binoculaire, dont le rôle est important dans les
aberrations perceptives
• Les enfants qui présentent un profil cognitif particulier,
dysharmonique, avec un échec relatif aux épreuves
sollicitant les données spatiales et les images mentales.
2. L’hyperactivité motrice avec ou sans déficit
de l’attention
Introduction
L’hyperactivité ou instabilité psychomotrice est un symptôme fréquent.
Sa prévalence chez l’enfant d’âge scolaire est de l’ordre de 3 %, pour
un sexe ratio de 4 à 8 garçons pour une fille selon les études.
Les aspects cliniques
On distingue :
•
Les symptômes moteurs : c’est l’instabilité motrice ou hyperkinésie.
L’enfant ne tient pas en place, bouge tout le temps, fait du bruit…
•
Les symptômes psychiques : ce sont les troubles de l’attention qui se
traduisent par une attention labile donnant le sentiment d’une instabilité
psychique ; et des difficultés non spécifiques à type de familiarité,
d’agressivité, de colères, de troubles du sommeil… Chez certains ces
symptômes dit non spécifiques peuvent s’organiser en un trouble du
contrôle de soi et de l’impulsivité.
•
Les troubles secondaires ou comorbides qui associent dépression, échec
scolaire, troubles des conduites, tics, anxiété.
L’étiopathogénie
•
Multifactorielle
3. Les tics
• Les tics sont des mouvements involontaires, brusques et
intempestifs, rapides, répétés. Ils concernent un groupe de muscles
en liaison fonctionnelle mais n’ont aucune utilité. Ils disparaissent
pendant le sommeil et sont partiellement contrôlables par un effort
de volonté.
• Sur un plan topographique, ils touchent plus souvent la face, le cou,
les membres, et la bouche.
• Ils sont fréquents chez l’enfant d’âge scolaire mais transitoires
puisqu’ils disparaissent généralement avant 10 ans.
• Chez certains enfants ils s’associent à un tableau plus complexe de
difficultés psychomotrices (hyperactivité, symptomatologie
obsessionnelle…). Le pronostic est alors plus réservé.
• La maladie de Gilles de la Tourette s’inscrit dans ce cadre. Elles
associe des tics moteurs chroniques à des tics vocaux, et parfois
une écholalie (répétition de mots) et une coprolalie (exclamation de
mots ou formules à caractère grossier). La composante héréditaire
paraît importante dans cette maladie.
4. Les autres troubles du développement
psychomoteur
L’inhibition psychomotrice
•
L’inhibition par hyper contrôle moteur et rétention qui se caractérise par la mise
en jeu d’un état tensionnel considérable lors déroulement du mouvement. Le sujet
est lent et présente un tonus de fond élevé.
Les autres symptômes moteurs
•
•
•
L’onychophagie est le fait de se manger les ongles. C’est une des habitudes
motrices les plus fréquentes chez l’enfant avec la succion du pouce.
La trichotillomanie, rarement durable correspond à un mouvement habituel
d’arrachage de cheveux.
Les balancements sont des mouvements rythmiques plutôt lents qui peuvent durer
des heures. Ils surviennent volontiers à l’endormissement ou quand l’enfant est
inactif. Ils sont le plus souvent transitoires et concernent le nourrisson et le jeune
enfant. Ils peuvent aussi survenir dans des contextes plus pathologiques associés
à d’autres signes (psychose infantile, carences affectives graves…).
5. Les principes thérapeutiques
• Les traitements psychomoteurs ou thérapie à médiation
corporelle.
• Le travail de guidance avec les familles est essentiel.
• Des propositions d’aménagements scolaires
• Les approches psychothérapiques sont presque toujours
indispensables dans les formes sévères.
• Une prescription de psychotrope est parfois utile, tout
comme un temps d’hospitalisation dans les formes les
plus sévères.
• Enfin, l’indication d’une séparation du milieu familial
prolongée n’est jamais la conséquence du trouble
psychomoteur en tant que tel, mais est le plus souvent
liée au contexte familial.
L’abord infirmier du trouble psychomoteur en
hospitalisation
Lorsqu’un enfant qui présente un désordre psychomoteur est hospitalisé, il
s’agit presque toujours d’une forme bruyante et sévère de maladie des tics ou
d’hyperactivité.
D’un point de vue pratique, il convient sur le plan infirmier :
•
•
•
•
•
•
De limiter au maximum les effets de groupe et l’agitation en salle.
De proposer rapidement au niveau de l’organisation institutionnelle des soins,
une structuration des activités marquées par la régularité des rythmes et des
personnes.
De tenir compte des ressources propres du sujet en fonction de la journée. Par
exemple, l’hyperactif semble être plus à l’aise quand les activités intellectuelles
ont lieu le matin, et les activités plus corporelles l’après midi.
De favoriser, au cours d’une même activité, les pauses brèves mais fréquentes
et régulières.
De favoriser un travail sur le corps par la pratique de temps d’activités à
médiation corporelle (toucher thérapeutique, activité en piscine, relaxation…).
Des formations spécifiques sont accessibles aux infirmiers.
Enfin, de participer au travail de guidance parentale au cours d’échanges
directs avec les parents ou lors des visites en salle de ceux-ci. Il s’agit tout en
leur proposant une écoute et un soutien, de leur dispenser des conseils
éducatifs car les contre attitudes comportementales sont très fréquentes.
VI – LE DEVELOPPEMENT DU LANGAGE
CHEZ L'ENFANT
• Le langage est une des acquisitions les plus
déterminantes au cours du développement du
nourrisson et de l'enfant. Les difficultés de son
développement en constituent un motif fréquent de
consultation. En cas de retard ou de difficultés, les
parents en redoutent les conséquences sur le plan des
interactions sociales, sur le plan du développement de
l'intelligence et bien entendu de l'insertion scolaire.
• Le langage joue aussi un rôle dans la constitution de la
personnalité de l’enfant.
• Les facteurs intervenants dans le développement du
langage sont multiples. Ainsi les troubles du langage
constituent un symptôme relevant de causes très
diverses mais peuvent également survenir de façon
isolée.
1- Les pré-requis au langage oral et écrit
• L’intégrité de l'appareil auditif périphérique et central
• Le niveau intellectuel et la compréhension du langage
• L’intégrité des outils d'expression
• Les facteurs personnels et environnementaux
2- Les principales étapes du développement du
langage
La phase prélinguistique
Elle occupe grosso modo la première année de vie. C'est surtout au
deuxième mois que l’on voit apparaître des vocalisations (babillage).
La phase linguistique
•
•
•
•
Les premières syllabes apparaissent vers 10 mois, période où il sait déjà
réagir à son prénom. Le jasis disparaît et laisse place aux premiers mots.
Vers 15-18 mois, l'enfant comprend des phrases courtes, dit quelques
mots, isolés ou dans un sens indiquant une action. Vers 18 mois, le non
est acquis.
Vers 2 ans, l'enfant comprend des phrases plus complexes et devient
normalement capable de faire quelques phrases de deux, trois mots. De
deux à trois ans le vocabulaire s'enrichit et les premières règles de syntaxe
apparaissent. Le "je" est ainsi utilisé vers 3ans, mais les phrases restent
volontiers limitées à quelques mots.
A partir de 3 ans, il est également capable de poser des questions. C'est à
partir de cet âge que l'on voit apparaître une explosion sur le plan du
vocabulaire et de la complexité des phrases. Le parler bébé peut durer en
général jusque vers 4 ans.
A 5-6 ans, l'enfant parle couramment et peut aborder l'apprentissage du
langage écrit.
VII - LES TROUBLES DU LANGAGE
VII - LES TROUBLES DU LANGAGE
1- Les principales causes de troubles du
développement du langage
Les surdités
Les déficiences intellectuelles
Les atteintes neurologiques
Les causes psychiatriques
2- Le retard simple de langage : variation de la
normale ?
Quand consulter devant un enfant présentant
des difficultés dans l’acquisition du langage ?
Au plus tôt
Avant 2
ans
Si doute sur une surdité
Si le nourrisson ne prononce aucun mot et paraît
hermétique au langage
Dés 3 ans
Si l’enfant ne fait pas de phrase
Vers 4 ans
Si l’enfant est difficilement compréhensible ou s’il
présente un bégaiement sévère
Vers 7 ans
Si l’enfant ne sait pas lire, s’il confond les m/n, t/d,
b/p, ou encore si l’orthographe est catastrophique
3 – Classifications des troubles du langage
Les troubles de l'articulation (un phonème)
• le zézaiement ou zozotement
• le chuintement
• le nasonnement
Les troubles de la parole (association de phonèmes)
Les dysphasies
Le bégaiement
Les dyslexies et les dysorthographies
(=troubles du langage écrit)