Luis Villoro, le philosophe de la démocratie radicale
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Luis Villoro, le philosophe de la démocratie radicale
Luis Villoro, le philosophe de la démocratie radicale Luis Villoro, qui vient de mourir à Mexico le 5 mars dernier, laisse une œuvre philosophique importante trop peu connue en France. Né le 3 novembre 1922 en Espagne, à Barcelone, de mère mexicaine et de père aragonais, Luis Villoro rejoint le Mexique en 1936, après des années d’internat dans un collège jésuite en Belgique. Il poursuit ses études à la faculté de philosophie et lettres de l’UNAM à Mexico, où il va exercer comme professeur à partir de 1948. Disciple du philosophe espagnol José Gaos républicain exilé au Mexique, il participe à la fondation du groupe Hiperión, qui se donne pour objectif de « comprendre l’histoire et la culture nationale par les catégorisations philosophiques » et fréquente les milieux des républicains espagnols exilés. Il intègre l’Institut de Recherches philosophiques en 1971 et le Colegio Nacional en 1978. Président de l’association philosophique du Mexique, membre de l’Académie mexicaine de la Langue, il exerce comme ambassadeur à Paris puis comme représentant de son pays auprès de l’UNESCO (1983-1987). Auteur de nombreux ouvrages sur l’indigénisme et sur les processus idéologiques de la révolution et de l’indépendance au Mexique, Luis Villoro est aussi le penseur d’une « démocratie radicale » définie à partir d’une analyse critique rigoureuse des démocraties des pays occidentaux asphyxiées par les professionnels de la politique, les bureaucrates et les techniciens. Le philosophe développe une réflexion féconde sur la démocratie directe dans les mouvements sociaux, sur le multiculturalisme et l’importance fondamentale des échanges entre les cultures. Impliqué dans les activités politiques de groupes et mouvements de gauche, Luis Villoro a participé à la lutte pacifique et aux travaux des zapatistes de l’EZLN au Chiapas depuis la naissance de ce mouvement en 1994. Il laisse plusieurs livres inédits - certains sont en cours d’édition - parmi lesquels un ouvrage réunissant ses récentes correspondances avec le subcomandante Marcos. Dans le texte qui suit, l’écrivain Juan Villoro, qui vient d’intégrer le Colegio Nacional, évoque la figure de son père, cet intellectuel qui, selon lui, « paradoxalement, s’est préparé à comprendre les indigènes du Chiapas en lisant les missionnaires érasmistes et les républicains espagnols ». Gérard Malgat.