CLUB HAVAS PARIS Conférence Paris Climat 2015 – 11

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CLUB HAVAS PARIS Conférence Paris Climat 2015 – 11
CLUB HAVAS PARIS
Conférence Paris Climat 2015 – 11 Février 2015
Un accord est-il possible à la COP21 ?
Quel rôle pour les entreprises ?
Débat exclusif entre
NICOLAS HULOT, envoyé spécial du Président de la République française pour la
protection de la planète et président fondateur de la Fondation Nicolas Hulot
&
BRUNO LAFONT, Président Directeur Général de Lafarge, Président du pôle
développement durable du MEDEF
En avant-première, présentation des résultats de l’étude Havas Paris-Ipsos
« COP21 : Les Français et le changement climatique »
par BRICE TEINTURIER, Directeur général délégué d’IPSOS France
La conférence en résumé
UN ENJEU CRITIQUE MIS EN AVANT PAR LE SONDAGE :
Les Français sont inquiets mais restent mobilisés ; ils attendent beaucoup des
entreprises dans la lutte contre le changement climatique.
• Face au changement climatique, les Français sont inquiets. Loin d’être résignés, ils
ont la conviction que des solutions existent, tant à l’échelle collective qu’à l’échelle
individuelle. La COP21 est donc considérée comme une réelle opportunité.
• Tout en attendant beaucoup des entreprises, les Français considèrent à 65% qu’elles
ne sont pas assez mobilisées.
DES INTERVENTIONS QUI CONVERGENT SUR LES OBJECTIFS FINAUX :
La COP21 doit permettre de définir des objectifs contraignants et la mise en place
d’instruments à l’échelle mondiale nécessaires notamment à l’implémentation des
solutions proposées par les entreprises.
• Des instruments institutionnels, juridiques et financiers à adosser aux objectifs fixés.
• Un cadre mondial, stable et progressif pour créer la confiance et assurer
l’investissement privé.
• Un prix carbone à concevoir et à réguler à l’échelle mondiale.
La COP21 constitue donc l’opportunité de créer un dialogue constructif entre les
entreprises et les pouvoirs publics. C’est également une occasion unique de faire
mieux connaître leurs solutions et leur engagement dans la construction de
l’économie bas carbone.
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Synthèse des échanges
Introduction de Agathe Bousquet, Présidente d’Havas Paris
& exposé des enjeux par Coralie France-Savin, Partner en charge de
l’offre Climate d’Havas Paris.
Les entreprises sont nombreuses à avoir inscrit la COP21 à leur agenda. Considérées à
la fois comme causes et solutions au problème climatique, les entreprises vont cependant
devoir gérer des attentes très fortes de la part de leurs parties prenantes (décideurs,
institutionnels, investisseurs, clients, opinion, ONG, etc.).
Paradoxalement, si les entreprises sont celles qui ont déjà fait le plus au cours de ces
vingt dernières années pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, elles sont
toujours considérées comme le mauvais élève. Ainsi, l’opinion ne considère pas qu’elles
sont impliquées sur ce sujet. Au-delà des actions qu’il est nécessaire de continuer à mener, il
reste donc un problème de communication. Les mois qui viennent vont donc être critiques
pour prouver leur engagement, et mettre en avant les solutions pour lutter et s’adapter au
changement climatique.
Les questions abordées lors de cette conférence seront les suivantes :
- Quels sont les grands enjeux derrière la COP21, et que peuvent en attendre les
entreprises en cas de succès et en cas d’échec ?
- Qui attend le plus des entreprises (politiques, clients, investisseurs, opinion) ?
- Comment les entreprises peuvent répondre à l’appel lancé par les décideurs ?
- Quels sont les risques et opportunités du prix du carbone pour les entreprises ?
- Quels sont les différents niveaux d’attente du climat en fonction des secteurs ?
- Du point de vue de la communication, comment gérer la tension entre être perçue
comme la cause et la solution au problème ?
- Comment éviter le green washing ?
- Est-ce qu’en faire plus sur l’environnement fidélise réellement les clients et les
partenaires ?
Présentation des résultats de l’étude Havas Paris-IPSOS par Brice
Teinturier, Directeur Général Délégué d’Ipsos France
1. Les Français face au changement climatique : une forte inquiétude mais aussi
l’espoir de solutions
3 grands indicateurs permettent de comprendre la perception du changement climatique par
les Français :
• 89% des personnes ont « le sentiment que le climat a changé au cours de ces 20
dernières années. »
• 80% pensent que « le changement climatique est dû en grande partie à l’activité
humaine. »
• 77% sont « inquiets personnellement des conséquences du changement
climatique. »
Tout d’abord, on note qu’un consensus existe désormais pour reconnaître le
changement climatique et son origine humaine. On peut aujourd’hui considérer que les
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climato-sceptiques ont, en France, perdu la bataille et que les débats, la pédagogie, et
l’information ont produit leurs effets. Les prochaines étapes ne sont désormais plus de
discuter de la légitimité du débat des actions à mettre en oeuvre.
Ce consensus de l’ensemble des acteurs (communauté scientifique, opinion, leaders
d’opinion, etc.) est fondamental pour permettre le passage des attitudes aux comportements
concrets.
Pour une grande majorité de Français, le sentiment qui domine est qu’il n’est pas trop
tard pour agir, et que chacun peut être acteur du changement, y compris les
entreprises. A la question « Quand vous entendez parler de changement climatique, quels
termes correspondent le mieux à ce que vous pensez ? » les deux mots qui arrivent en tête
sont « urgence » et « mobilisation ». Par ailleurs, 88% des Français pensent que « nous
pouvons trouver des solutions novatrices pour réduire l’impact du changement climatique »,
contre 12% seulement qui pensent au contraire que « nous ne pouvons rien faire ». De plus,
71% d’entre eux pensent qu’ils peuvent « agir personnellement à leur niveau pour contribuer
à la réduction de l’impact du changement climatique ».
Ce résultat est un tournant important : il y a une quinzaine d’années, le sentiment
dominant était que le geste individuel était dérisoire face à l’importance de l’enjeu
climatique.
2. Le regard des Français sur la COP21 : malgré les déceptions sur les
conférences passées, la conviction qu’il y a une vraie chance à saisir
Si les Français se déclarent déçus des conférences climat précédentes, leurs attentes
sont fortes vis-à-vis de la COP21.
Ils sont nombreux à connaître la COP21. 57% des Français ont déjà « entendu parler de
la COP21 », dont 22% « savent ce dont il s’agit ». Ce résultat est surprenant quand on sait
qu’il n’y a pas eu de réelle communication ou sensibilisation au sujet. Cette conscience va
s’amplifier dans les mois à venir.
Leurs attentes envers cet événement sont importantes. Loin de n’être qu’un événement
médiatique, les Français considèrent très largement que la COP21 est une bonne occasion
pour :
• Sensibiliser les Français à la lutte contre le changement climatique (98%) ;
• favoriser la signature d’un accord entre tous les pays participants (91%) ;
• montrer les savoir-faire des entreprises Françaises (91%) ;
• le rayonnement de la France à l’étranger (90%).
La signature d’un accord est donc clé pour l’opinion publique, car il donnera une grille
de lecture de la réussite ou non de la COP21.
3. De fortes attentes vis-à-vis des entreprises, aujourd’hui insatisfaites
Pour les Français, les entreprises ont un vrai rôle à jouer dans la lutte contre le
changement climatique. Dans un pays pourtant marqué par l’importance de la régulation
par les pouvoirs publics, l’opinion publique prend conscience que l’on ne peut pas tout
attendre de l’Etat. Ainsi, 69% des Français pensent que les entreprises peuvent, autant que
les pouvoirs publics, « agir le plus efficacement possible pour lutter contre le changement
climatique ».
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Pourtant, les entreprises apparaissent peu mobilisées. 65% des sondés déclarent que
« les entreprises sont peu mobilisées ». Ce chiffre est un bon indicateur du décalage entre
ce qu’ils attendent et ce qu’ils perçoivent du rôle de l’entreprise.
Cette perception varie de façon importante selon les secteurs d’activité. D’une part,
les secteurs qui sont directement associés à la problématique climatique et qui ont
communiqué sur ces enjeux, notamment lors du débat sur la transition énergétique
française, apparaissent davantage mobilisées.
Quatre secteurs dominent : l’énergie et l’eau (70%), l’industrie automobile (56%), la
construction BTP (51%) et les transports (49%). Dans le secteur du transport par exemple, la
voiture électrique et hybride est un sujet installé dans le paysage de l’automobile, ce qui
facilite le lien avec les enjeux de la transition énergétique.
Pour le reste des secteurs, les chiffres, inférieurs à 50%, doivent alerter. En effet, plus les
entreprises laissent cette idée se cristalliser, plus les entreprises éprouveront des
difficultés à convaincre l’opinion de leur engagement.
Au delà d’une réponse
l’exemplarité. 68% des
l’impact de leur activité
innovent et permettent
climatique ».
au sein de leur activité, les Français attendent des entreprises
Français attendent prioritairement « que les entreprises réduisent
sur le changement climatique » contre 32% préférant « qu’elles
ainsi à leurs clients de s’adapter aux effets du changement
Plus spécifiquement, il y a trois domaines dans lesquelles les entreprises sont
particulièrement attendues et qui montrent des attentes sur le court et le long terme :
- La lutte contre le gaspillage des matières premières (63%) ;
- la réduction de leurs consommations d’énergie ou d’eau (44%) ;
- la conception de produits et solutions innovantes ayant moins d’impact sur le climat
(44%).
Si les entreprises ne s’engagent pas, elles risquent de subir de fortes pressions. Les
Français considèrent ainsi que la contrainte publique (40%) et la pression des
consommateurs (32%) peuvent le plus pousser les entreprises à se mobiliser.
Or, ce sentiment est à éviter. Au contraire, les entreprises ont beaucoup à gagner en
démontrant leur engagement. En effet, les Français estiment que les entreprises qui
s’impliquent et agissent en faveur de la lutte contre le changement climatiques sont :
• innovantes (92%) ;
• en phase avec la société (91%) ;
• des entreprises qui donnent envie d’acheter leurs produits (85%) ;
• des entreprises qui donnent envie d’y travailler (77%).
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Echange entre
Nicolas Hulot,
envoyé spécial du président de la République française pour la
protection de la planète et Président fondateur de la Fondation Nicolas Hulot, et
Bruno Lafont, Président Directeur Général de Lafarge, Président du pôle
développement durable du MEDEF
Nicolas Hulot sur ce qui fera le succès ou l’échec de la COP21
« Au vu de ce sondage, nous pouvons prendre acte que deux pôles ont été brisés : le
pôle des dépressifs et celui des sceptiques désabusés. (…) Le message désormais
transmis à tous les acteurs est « agissez ! » (Nicolas Hulot).
•
La situation critique rend le succès de la COP21 impératif
Il n’y aura pas de juste milieu dans cette conférence, la situation exige une réussite
manifeste.
Cette conférence scellera le sort de millions de personnes à court terme et long terme. Il est
impossible d’envisager des compromis au rabais, notamment vis-à-vis des populations
vulnérables, déjà en difficulté.
Selon les modèles du GIEC, au delà d’une augmentation de 2°C dans le siècle, la
température ne cessera d’augmenter dans les siècles suivants, quelque soit les mesures
prises par la suite. Ce scénario, impliquant une irréversibilité des phénomènes et de ses
conséquences, n’est pas envisageable.
Cette conférence possède donc un objectif clair, préparé en amont et fixé par la COP20 de
Lima : il doit ressortir un accord global juridiquement contraignant sous la forme
d’une somme d’engagements des 195 Etats, permettant de mettre la planète sur une
trajectoire qui limitera les changements climatiques pour le siècle à 2°C. Cet accord
doit respecter le principe de responsabilité commune mais différenciée.
2°C ne sera pas pour autant indolore, et exigera une adaptation. Mais cet objectif est une
cible à notre portée.
•
Fixer des objectifs ne sera cependant pas suffisant pour valider une réussite à
Paris : des instruments concrets doivent être mis en place
Les critères de réussite seront les instruments institutionnels, juridiques et financiers
adossés aux objectifs fixés. Ils devront être agrégés et adoptés par le plus grand
nombre d’Etats. Ce faisant, ils permettront de rentrer dans une économie bas carbone.
Tous les Etats doivent prendre leur part de responsabilité dans la lutte contre le
changement climatique. Cette négociation est très complexe puisqu’il existe autant de
définitions de la notion de « responsabilité commune mais différenciée » que d’Etats.
Pourtant, il est fondamental que chacun prenne cette notion de responsabilité en compte,
tout en sachant que les capacités à réagir ne sont pas les mêmes.
Malgré cet enjeu universel, chaque Etat aborde encore la question climatique par le
prisme de ses intérêts nationaux. La notion de bien commun est pourtant manifeste, dans
l’espace mais aussi dans le temps. Une organisation qui prendrait en charge ce bien
commun est absolument nécessaire.
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Deux éléments font penser que la négociation à Paris peut être différente :
- La remise en cause du changement climatique n’existe plus. Aucun Etat ne
remet en cause le constat de l’impact de l’action humaine et l’urgence de la situation.
- Les Etats sortent de la tétanie face aux exigences de changement de
comportement vis-à-vis des ressources énergétiques. La solution énergétique
des vingt dernières années, via les énergies fossiles, est devenue le problème. Le
dernier rapport du GIEC appuie cette affirmation : si l’on souhaite rester sur la
trajectoire des 2°C, il va falloir laisser sous terre 80% des énergies fossiles qui sont
encore disponibles.
Les Etats sont désormais prêts à envisager une production et une utilisation
différente des énergies, notamment par les énergies renouvelables.
•
Grâce aux instruments mis en place, la COP21 doit permettre de débloquer
l’innovation et de l’ériger en norme
Au-delà d’une simple réduction des impacts de l’activité humaine sur la planète, la
conférence doit acter la volonté de développer des actions qui ont un impact positif et
d’entrer dans la résilience. Cela doit être vu comme un investissement pour la planète.
Bruno Lafont sur la crédibilité des engagements des entreprises quelque soit l’issue
de la COP21
Si les entreprises ne sont sans doute pas encore assez mobilisées, leur engagement
peut être paradoxalement être mal perçu par l’opinion. D’abord, cet engagement se situe
sur des sujets complexes, tel que le prix du carbone. Ensuite, il y a parfois un rejet de
l’implication des entreprises, et notamment des gros industriels, dans la préparation de la
COP21.
Néanmoins, les entreprises attendent un accord de la COP21 car elles ont compris
l’intérêt de la lutte contre le changement climatique pour leur croissance. Et elles ont
besoin d’un cadre stable et lisible car la volatilité des normes et des politiques
publiques sur le sujet freine l’innovation. Par exemple, l’Europe revoit tous les 5 ans sa
politique climat, ce qui est incompatible avec des investissements privés qui se font à 50
ans.
Le basculement dans l’étape d’innovation ne sera possible que si la COP21 permet de
faire des progrès de trois ordres :
-
Le progrès dans la coopération entre les décideurs publics et les entreprises,
fondamental du fait de l’interdépendance et de la volonté des différentes parties à
avancer sur le sujet.
Par exemple, l’industrie cimentière est la seule à avoir mis en place un accord
sectoriel. Ce qui a permis l’économie de 80 millions de tonnes de CO2. Les
entreprises sont donc prêtes à coopérer.
-
Le progrès dans le développement des indicateurs de mesure, nécessaire pour
mesurer l’impact des solutions et de l’empreinte carbone, qui est encore insuffisante
à l’heure actuelle.
-
Le progrès dans la stabilité et le cadre donné aux entreprises pour investir,
nécessaire pour établir une confiance avec les entreprises. La définition d’une
trajectoire stable et pragmatique par les Etats, réalisable par étapes, donnera aux
entreprises la capacité d’investir pleinement dans l’innovation. Le financement de la
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lutte contre le changement climatique ne se fera pas par les Etats ou les impôts.
L’investissement sera rendu possible par ce cadre universel qui rendra l’engagement
financier des entreprises rentable.
« Seul un cadre stable rendra possible le déploiement de fonds dans l’innovation par
les entreprises. Ce qui est fondamental, puisque l’investissement sera privé, ou il ne
sera pas. » (Bruno Lafont)
Un environnement propice au développement de ces solutions est donc la condition
de leur développement et de leur industrialisation. Beaucoup d’entreprises ont des
solutions à proposer ainsi que des innovations à impact positif. Les Etats pourraient aller
plus vite car à l’heure actuelle, il n’y a pas suffisamment d’incitations, ni pour l’entreprise, ni
pour le consommateur.
Tous ces éléments dépendent également fortement de la coopération : si nous nous
imposons des contraintes que les autres n’ont pas, ça ne peut pas fonctionner.
Enfin, les villes sont également un acteur indispensable. Elles vont avoir des décisions
clés à prendre, notamment en terme d’urbanisation durable.
Nicolas Hulot sur la nécessité d’une mobilisation citoyenne
Par ailleurs, la mobilisation citoyenne doit être un levier pour convaincre les
décideurs publics à aller plus vite et plus loin dans les négociations. L’ambition des
chefs d’Etat est proportionnelle aux demandes de la société civile. Cette mobilisation de la
société civile, et notamment de la jeunesse, est nécessaire pour maintenir la pression sur les
responsables politiques, même si beaucoup d’ONG et d’organismes se mobilisent.
Bruno Lafont sur le prix du carbone, instrument clé de la lutte contre le changement
climatique
La nécessité de fixer le prix du carbone fait consensus. Les entreprises reconnaissant
dans leur majorité le besoin de fixer un prix au carbone, y compris chez les énergéticiens.
Toutefois, elles considèrent que la condition de son efficacité est qu’il soit accompagné de
politiques de transition intelligentes.
« Le plus important pour pousser les entreprises à investir est qu’elles soient
assurées que le prix du carbone va rester stable et durable, et donc de créer une
confiance dans le système. Il ne suffit pas d’avoir un prix, il lui faut également un
horizon. » (Bruno Lafont)
Le prix du carbone doit être fixé dans « une fourchette entre 30 et 70€ la tonne. Mais le
plus important pour pousser les entreprises à investir est d’être assuré que le prix du
carbone va rester stable et durable et donc de créer une confiance dans le système. »
(Bruno Lafont)
Les enseignements tirés des différentes expérimentations du marché carbone
poussent cependant à la prudence. Le succès d’un prix du carbone va se jouer dans les
détails de sa mise en œuvre. Pour que l’outil fonctionne, les entreprises ont besoin d’une
trajectoire de référence claire. En effet, l’intérêt du prix du carbone est d’instaurer une
stabilité propice aux investissements.
• Le prix du carbone doit être mondial. Un prix du carbone européen par exemple
n’est pas suffisant et peu même être mauvais pour la compétitivité.
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•
•
Le prix du carbone doit être régulé, pour assurer l’effet d’entrainement recherché.
Il ne doit pas se cantonner à un simple instrument financier. En revanche, un
régulateur doit permettre d’assurer qu’il est le même pour tous.
L’outil doit être mis en œuvre en rythme avec les entreprises. Il est nécessaire
que les acteurs privés aient confiance dans les Etats régulateurs. Or, les acteurs
économiques ont besoin d’anticiper, et une transition bien préparée est garantie la
rentabilité.
Nicolas Hulot sur le financement des Etats comme engagement concret
Le sujet des financements est très important, et va devoir être abordé bien en amont
de la conférence de Paris, notamment s’agissant du Fonds vert pour le climat.
Les promesses de financement non-tenues lors des négociations précédentes ont
créé une grande défiance. Si nous voulons des engagements de la part des pays les plus
vulnérables, il va falloir recréer de la confiance, en expliquant par quel mécanisme les pays
les plus développés vont abonder le Fonds vert, et quelle va être sa destination.
Il est nécessaire d’innover dans les sources de financement, par exemple :
- En redistribuant les investissements. Chaque année, 650 milliards de dollars sont
alloués en exonérations ou subventions aux énergies fossiles. Cela coûte à la
communauté internationale 450 milliards de dollars. Ces financements pourraient
progressivement être redirigés.
- Grâce à la commande publique. Elle représente 15 ou 20 % de la production et de
la consommation dans le monde, et peut donc créer la norme industrielle.
- Et enfin, grâce à des financements privés
Nicolas Hulot sur la conception d’un nouveau modèle énergétique mondial
« Il faut passer de la compétition à la coopération : si l’on ne permet pas aux
économies émergeantes de se développer sans passer par les énergies fossiles, les
efforts seront vains. », (Nicolas Hulot).
L’énergie est un sujet clé, et la modification de notre modèle passe par deux leviers :
- L’efficacité énergétique, pour répondre à un coût de l’énergie élevé.
- Le développement des énergies renouvelables, technologies pleines de
promesses. Nous faisons face à des limites, par exemple dans le stockage, mais des
alternatives existent, tel que la combinaison des énergies.
L’énergie conditionne également la géopolitique. L’approvisionnement en énergie fossile
est la cause, avouée ou dissimulée, d’un grand nombre de conflits et de rapports de force
entre Etats. Répondre aux enjeux climatiques par les énergies renouvelables laisse
envisager une possibilité d’autonomie dans la production d’énergie d’origine renouvelable, et
donc une chance d’équité et de paix entre les pays.
Résoudre l’enjeu climatique peut donc plus être un facteur de stabilité, de coopération
et d’apaisement entre les Etats.
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Intervention de la salle
« Pourquoi le dialogue entre les pouvoirs publics et les entreprises est fondamental !
», Pierre-Henri Guignard, Secrétaire général de la COP21 au MAE
« Lorsque l’on me dit : combien de gros pollueurs sont sponsors de la COP21 ? Je
réponds : combien d’entreprises pollueront moins car elles s’associeront à la
COP21 ? » (Pierre-Henri Guignard)
Le gouvernement Français souhaite réserver un rôle prépondérant aux entreprises
dans la COP21, car leur place est incontournable. Comment ?
• Avec la création d’un espace, la galerie des solutions innovantes. Cet espace sera
l’occasion pour les entreprises de démontrer leurs solutions et leur engagement dans
la lutte contre le changement climatique.
• Avec l’instauration d’un dialogue avec les entreprises, notamment les fédérations
d’entreprises.
• Avec un dispositif de partenariats public-privé. Les entreprises peuvent apporter un
accompagnement à la réalisation physique de l’événement par un engagement
financier ou une participation en nature et démontrer leur savoir-faire et leur
contribution..
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