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Dépêche n°183967
Paris, jeudi 13 juin 2013, 21:21:10
Julien Jankowiak
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Club R&I d'AEF : « l'amélioration de la relation entre
grands groupes et PME est un enjeu crucial » (L.
Gallois)
« En France, nous n'avons pas suffisamment la culture du travail en commun entre
grands groupes et PME, à la différence du Nord de l'Italie, de l'Allemagne ou de la
Suède », déclare Louis Gallois, Commissaire général à l'investissement. Il s'exprime
lors d'une réunion du club « recherche et innovation » d'AEF, regroupant une dizaine
de responsables R&D de grands groupes industriels et de PME innovantes (1), mardi
11 juin 2013. « Je ne veux pas être pessimiste. Il y a trente ans, il y avait un vrai mur
entre le public et le privé. Aujourd'hui, les blocages idéologiques n'existent plus et
seuls subsistent quelques blocages culturels », poursuit-il. « L'État peut inciter à
l'amélioration des relations entre grands groupes et PME, qui est un enjeu crucial,
mais cela relève d'abord de la responsabilité des entreprises concernées », estime-t-il.
Le CIR et les pôles de compétitivité ont également fait l'objet de discussions lors de ce
débat.
Pour Jean-Luc Beylat, président d'Alcatel-Lucent Bell Labs France, « il faut être patient ». « Le
chemin se trace et les PME sont à un niveau où elles n'étaient pas il y a quelques années »,
rappelle-t-il. « Nous impliquons très tôt les PME dans la chaîne de l'innovation car nous portons
la responsabilité de la filière », témoigne Sylvain Allano, directeur scientifique et technologies
futures de PSA Peugeot Citroën. Quant à Jean-Christophe Simon, directeur général de
l'innovation de Seb, il souligne la volonté du groupe de « créer un écosystème autour de 27
partenaires de la cuisine et du numérique ». « Nous avons d'ailleurs crée un fonds de corporate
venture doté de 30 M€ pour collaborer avec les PME », ajoute-t-il.
RELATION GRANDS GROUPES-PME : « IMPLIQUER LES RESPONSABLES BUSINESS »
« Pour favoriser notre relation avec les PME, nous avons décidé d'impliquer les grands
responsables business dans les dossiers et cela a considérablement changé la culture de
l'innovation de Saint-Gobain », fait observer Didier Roux, directeur de la recherche et de
l'innovation de Saint-Gobain. « Finalement en cinq ans, nous avons 'scanné' 2 000 start-up,
engagé 200 discussions et signé 40 accords », fait-il savoir. « Il faut que ce soit une décision
prise à haut niveau dans l'organisation de l'entreprise », résume Didier Roux.
Pour illustrer ce constat, Louis Gallois prend l'exemple du Gifas (groupement des industries
françaises aéronautiques et spatiales). « Une fois par mois, les grands patrons du secteur et les
responsables des équipementiers se réunissent pour échanger autour de sujets concrets comme
les programmes de R&D ou les plates-formes d'achat. Quand je dirigeais EADS, j'y allais
régulièrement. Oui, les dirigeants d'entreprises doivent s'emparer de ce sujet, c'est décisif »,
assure le Commissaire général à l'investissement.
Voici les échos des autres thèmes abordés lors du club R&I d'AEF :
Pôles de compétitivité. Pour Didier Roux, « beaucoup de pôles de compétitivité ne marchent
pas. Il faudrait donner une prime à ceux qui ont des résultats ». « Ils ne fonctionnent pas tous de
la même manière et alors ? », répond Louis Gallois (AEF n°174132). « Certes, Systematic à
Paris ou Aerospace Valley à Toulouse ont la taille mondiale, avec de très nombreuses
entreprises adhérentes et voient leur prolongement avec les IRT (institut de recherche
technologique). Pourtant, et même si le pôle Céramique à Limoges ne boxe pas dans la même
catégorie ; cela ne l'empêche pas de créer des partenariats très innovants entre les industriels de
la porcelaine et l'université de Limoges », détaille le Commissaire général à l'investissement. « Ils
travaillent. Je plaide pour qu'on les laisse vivre. »
Crédit impôt recherche. Selon Louis Gallois, « le crédit impôt recherche aide les PME à faire
plus de recherche et les grands groupes à la faire en France ». « C'est un élément d'attractivité
pour la France. » Des propos corroborés par Jean-Noël de Galzain, PDG de Wallix, qui souligne
que le « CIR est vital pour les PME ». « S'il est modifié, beaucoup d'entre elles vont disparaître »,
assure-t-il. Pour Jean Botti, directeur général de la technologie d'EADS, « le CIR est un facteur
de maintien de la compétitivité ». « Ce serait une énorme erreur de le supprimer », pointe-t-il.
« Tout à fait d'accord avec ces propos », dit Didier Roux. « Nous avons des centres de R&D en
Allemagne et j'observe que le coût d'un chercheur français est 20 % plus cher qu'un chercheur
allemand sans le dispositif. Or, avec le CIR, le chercheur français devient 10 % moins cher que
son homologue allemand », analyse-t-il.
« Vous êtes très conservateurs », lance Christophe Lecante, vice-président du comité Richelieu.
« En France, nous sommes dans une position défensive, alors que la Chine et les États Unis
sont beaucoup plus offensifs ! Il faut être dynamique sur cette question et défendre le dispositif
auprès de ceux qui en bénéficient sans le savoir », explique-t-il. « C'est un outil de différenciation
et un avantage qui se réduit au fil du temps car d'autres pays souhaitent adopter ce modèle »,
alerte-t-il. « C'est pourquoi le Comité Richelieu voudrait introduire la notion de rescrit bienveillant,
un contrat moral entre le salarié et l'entreprise », note Christophe Lecante. Selon Philippe
Monteyne, « le crédit impôt recherche est un incitant », précisant que « 50 % de la R&D du
groupe s'effectue en France ».
Small business act. Jean-Noël de Galzain déplore « l'absence d'avancée sur la création d'un
small business act à la française pour faire collaborer les grands groupes et les PME et favoriser
l'accès des PME aux marchés publics ». Une idée que partage Louis Gallois qui rappelle qu'il a
« proposé de créer ce dispositif dans son rapport » (AEF n°174132). « Plusieurs des 35 mesures
du Pacte pour la compétitivité sont focalisées sur les PME , indique le Commissaire général à
l'investissement.
Capital-risque. Enfin, Louis Gallois estime qu'il « faut relancer le capital-risque et le capitaldéveloppement ». « En 2007, 12 Md€ ont été levés par les investisseurs en France contre 5 Md€
en 20012 », chiffre-t-il. « Les compagnies d'assurance doivent accepter de s'engager dans le
capital-développement de manière à ce que le flux d'innovation que nous générons puisse à son
tour se transformer en projets industriels », explique Louis Gallois.
(1) Les participants à cette réunion du club « recherche et innovation » d'AEF sont : Sylvain Allano,
directeur scientifique et technologies futures de PSA Peugeot Citroën ; Jean-Luc Beylat, président
d'Alcatel-Lucent Bell Labs France ; Jean Botti, directeur général de la technologie d'EADS ; JeanNoël de Galzain, président de Wallix ; Benoît Guyon, directeur du management des capacités
technologiques à la direction recherche et technologie de Safran ; Christophe Lecante, viceprésident du Comité Richelieu, président de la commission « innovation » et PDG de la PME
Tecknowmetrix ; Philippe Monteyne, directeur de la R&D de Sanofi ; Didier Roux, directeur de la
recherche et de l'innovation de Saint-Gobain ; Jean-Christophe Simon, directeur général de
l'innovation de Seb ;
Contacts :
- Commissariat général à l'investissement, Coralie Mercier, chargée de communication, 01 42 75
64 43, [email protected]
- AEF, Fatima-Zohra Heniche, responsable du développement R&D Innovation, 01 83 97 41 46,
[email protected]
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