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Chroniques bleues
René Vignal, un hommage en 17 dates
mardi 14 avril 2015, par Bruno Colombari
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Le 11 avril dernier, René Vignal était l’invité de sa ville natale, Béziers, dont le terrain d’honneur du stade de la
Présidente porte désormais son nom. L’occasion pour Alain Dautel, qui était présent, de rendre hommage au gardien
des Bleus et à ses 17 sélections (1949-1954).
Le nom de René Vignal est inscrit en lettres d’or dans le grand livre des plus célèbres gardiens de but de l’équipe de France [1] et,
en dépit de trop nombreuses blessures qui ont abrégé sa carrière, il a laissé dans l’histoire de ce sport un souvenir inoubliable, à la
manière de Julien Darui, son modèle et prédécesseur sous le maillot tricolore.
Il avait toutes les qualités pour devenir un gardien exceptionnel : le sens du placement, la sûreté dans ses prises de balle, la
souplesse, une détente phénoménale, la puissance et la précision dans ses dégagements, le plus souvent en drop, comme les
rugbymen ! N’oublions pas non plus le courage, une audace folle dans ses interventions et une volonté sans faille qui ont fait de lui,
pendant des années, une idole du sport français extrêmement populaire.
Jean-Paul Belmondo, gardien de but dans une équipe amateur, fut l’un de ses plus fidèles supporters durant sa carrière parisienne.
12 août 1926 : l’enfant de Béziers
Naissance de René Vignal à Béziers (comme Pierre-Paul Riquet à qui l’on doit le Canal du Midi et Jean Moulin héros de la Résistance).
Jusqu’en 1942, ses premiers pas dans le sport le conduisent à pratiquer avec une égale réussite et un tempérament de battant
impressionnant, le rugby, la boxe et le football comme avant-centre, notamment à l’Espagnol Deportivo de Béziers.
1942-1943 : l’avant-centre se met dans les buts
A l’occasion d’un match très important du « Challenge de la Libération » contre Beaucaire, René Vignal accepte de prendre la place
du gardien titulaire, indisponible. Il réalise, ce jour-là une prestation exceptionnelle et ne quittera plus, désormais, les buts de
l’équipe de Béziers ! Pour un coup d’essai c’est un coup de maître et il vient d’ouvrir, peut-être sans s’en douter, la première page
d’une carrière de légende.
L’A.S. Béziers n’est donc qu’une étape pour René et à l’issue de la saison 1943/1944 il rejoint le Toulouse Football Club, sur la
demande d’Henri Cammarata, entraîneur-joueur. André Riou lui succèdera et, après l’accession en division 1 du T.F.C. en
1945/1946, il reste dans la Cité des Violettes jusqu’en 1947. Il n’a certainement pas oublié, aujourd’hui encore, les noms de ses
coéquipiers de cette première expérience professionnelle : Edmond Enée, Jean De Cecco, Robert Salvage, André Frey, Félix Beck,
Curt Keller, Gabriel Hoffmann, Noël Sinibaldi, Louis Brunet et André Doye pour ne citer qu’eux.
1947-1948 : un Brésilien nommé Amalfi
René Vignal est transféré au Racing Club de Paris du Président André Dehaye. Sa nouvelle équipe sera, avec Lille et le Stade de
Reims, l’un des clubs les plus glorieux de l’après-guerre. Il va avoir comme partenaires les joueurs parmi les plus renommés du
championnat de France, sous la conduite de l’un des meilleurs entraîneurs français de l’époque, Paul Baron (Karlis Arens, André
Grillon, Roger Lamy, Marcel Salva, Albert Gundmunsson, Roger Gabet, Frédéric Nikitis, Henri Tessier, Jean Courteaux, Roger
Quenolle et Georges Moreel). Je n’aurai garde d’oublier un de ses coéquipiers préférés, le fantasque et talentueux brésilien, Yeso
Amalfi, un artiste du ballon rond comme il y en eu peu, dont les meilleures prestations étaient entièrement dépendantes du bon
vouloir de son fort caractère !
23 avril 1949 : en Bleu à Rotterdam
René Vignal est sélectionné pour la première fois en Equipe de France, à Rotterdam, où la Hollande bat la France 4 à 1. Marcel Salva
et Roger Gabet, ses partenaires du Racing, sont à ses côtés.
27 avril 1949 : The flying Frenchman
A Glasgow, pour sa deuxième sélection, devant plus de 125 000 spectateurs et
malgré la défaite contre l’Ecosse 2-0, il réalise un superbe match dans les buts tricolores et détourne même, à la 27ème minute, ce
fameux pénalty tiré par l’arrière droit et capitaine des Ecossais, George Young. René Vignal m’a raconté au téléphone, comment,
l’ambassadeur de France à Edimbourg qui était un de ses fervents admirateurs, lui avait indiqué, en cas de pénalty, de quelle façon
ce George Young tirait ces coups de pied si importants. Et au moment crucial il avait décidé, en une fraction de seconde, de suivre
les conseils de l’ambassadeur ; bien lui en a pris puisque, dans une détente dont il avait le secret, il a plongé du bon côté et
détourné le pénalty du capitaine des Glasgow Rangers ! Enthousiasmés par la prestation de Vignal, les Britanniques le surnomment
« the flying Frenchman » ! (le Français volant).
8 mai 1949 : une coupe contre Lille
A Colombes, c’est une très belle journée pour Vignal et ses coéquipiers du Racing ; en effet en finale de la Coupe de France, il ne
laisse aucune chance au LOSC du capitaine Jean Baratte, sévèrement battu 5 à 2 après avoir été mené 5 à 0 au bout d’une heure de
jeu ! Gabet (2 buts), Quenolle, Vaast et le Lillois Jadréjak contre son camp) furent les buteurs de cette finale.
22 mai 1949 : cinq Racingmen contre les Anglais
C’est sa troisième cape avec le Onze de France, contre l’Angleterre à Colombes (défaite 3 à 1) mais ils sont 5 joueurs du Racing
réunis sous le maillot bleu : René Vignal, Marcel Salva, Roger Gabet, Roger Quenolle et Georges Moreel.
14 mai 1950 : le hold-up de Reims
A Colombes, nouvelle finale de Coupe de France, contre le Stade de Reims. Ce jour-là, une malchance noire le prive d’un deuxième
trophée : deux tirs sur les poteaux de Gundmunsson et de Pierre Tessier, deux buts refusés à Roger Quenolle (pour hors-jeu) et deux
pénalties non sifflés, il n’en faut pas plus pour perdre un match de football ! Et Reims l’emporte 2 à 0 grâce à deux contres terribles
de Francis Méano et André Petitfils, dans les dix dernières minutes de cette finale que le Racing avait pourtant dominée de la tête et
des épaules !.... C’est Albert Batteux, le capitaine des Rémois qui reçoit la Coupe des mains du Président Vincent Auriol.
3 octobre 1951 : les héros de Highbury
A Londres, Angleterre et France se quittent sur un 2 à 2, un très beau résultat dû essentiellement à la magnifique prestation de
René Vignal et à celle de Robert Jonquet, surnommé à l’issue de ce match, le « Héros de Highbury » ! Ah si Kader Firoud avait laissé
son gardien prendre ce ballon au lieu de le détourner malencontreusement dans ses propres filets, à la quatrième minute, le sort de
la rencontre aurait peut-être été différent…
24 mai 1953 : le Barça intéressé...
René Vignal dispute, sans le savoir encore, son dernier match en première division, lors de la 34ème et ultime journée de
championnat, où Nancy vient gagner à Colombes 2 à 1… Le Racing de Paris, 17ème du classement est relégué en Division 2. Son
gardien international est contacté par le F.C. Barcelone mais le transfert n’aboutira pas.
Mars 1954 : ... et Flamengo aussi !
Un autre grand club s’intéresse à lui, c’est le réputé Flamengo de Rio de Janeiro qui veut s’attacher ses services mais les dirigeants
du Racing s’opposent à ce transfert !
11 avril 1954 : l’adieu aux Bleus
A Colombes, pour sa 17ème et dernière sélection, il est le seul représentant du Racing de Paris. Malgré l’ouverture du score par
Piantoni (26e minute) l’Italie est la plus forte et s’impose 3 à 1. [2].
6 mai 1954 : un Mondial dans les tribunes
Lors du match de barrage pour l’accession en 1ère division, contre le Stade Français, il est victime d’une triple fracture de l’avantbras droit dans un violent contact avec le Stadiste Casimir Hnatow. Cette grave blessure, la 19ème dans sa carrière, le prive de la
participation à la Coupe du Monde organisée en Suisse [3]. René Vignal devait garder les buts de l’équipe de France avec Claude
Abbes et César Ruminski et c’est François Remetter qui sera son remplaçant. Il suivra quand même cette Coupe du Monde en tant
que consultant du journal L’Equipe avec Fernand Albaret.
4 janvier 1959 : l’ultime retour
René Vignal rejoue après 5 ans d’inactivité, à l’occasion de la 21ème journée de deuxième division, qui voit l’A.S. Béziers battre le
Cercle Athlétique de Paris 4 à 1 ! Il démontre au cours de cette rencontre qu’il n’a rien perdu de ses incomparables qualités !
1er février 1959 : la coupe au cœur
C’est son dernier match en Coupe de France ; à Toulouse, en seizièmes de finale le Red Star élimine l’A.S. Béziers 1 à 0 (but de
Roger Ranzoni).
31 mai 1959 : fin de partie
Cette tenue de gardien de but qui lui va si bien, il la porte pour la dernière fois contre Montpellier (38ème journée de Division 2) où
Béziers s’impose 2 buts à 1. (Fernand Sieber, Pierre Bourdel, Milan Grobarcik, Michel Luzi et Jean Bonato sont quelques-uns de ses
ultimes coéquipiers ce jour-là…)
Samedi 11 avril 2015
Quel réconfortant retour aux sources pour René !
Désormais, son nom restera étroitement attaché à la ville qui l’a vu naître : le Stade de la Présidente portera, à partir d’aujourd’hui,
le nom de Terrain d’honneur René Vignal.
P.-S.
Ce texte a été écrit (dans une version légèrement différente) par Alain Dautel, animateur du site des Anciens du Stade de Reims et
contributeur régulier de Chroniques bleues.
Notes
[1] Retrouvez René Vignal sur Chroniques bleues dans le tableau des joueurs et le tableau des gardiens.
[2] Lire l’article 1954, une année dans le siècle
[3] René Vignal fait partie de ces grands noms du foot français qui n’ont jamais disputé de coupe du monde. Lire l’article Ces Bleus coupés du
monde

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