Etude des différents types de blindage de fouille rencontrés sur les
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Etude des différents types de blindage de fouille rencontrés sur les
Page 1 sur 4 Etude des différents types de blindage de fouille rencontrés sur les projets de construction au Luxembourg PFE présenté par : Léo BEGUINET Soutenu le : 22 Septembre 2016 Société d’accueil : OGC SA Tuteur entreprise : M. Jean-Marie BERTHOME Tuteurs INSA : MM. CHAZALLON & REGENASS Sur les chantiers au Luxembourg, il est très courant d’observer la mise en œuvre d’ouvrages de soutènement pour la construction de bâtiments. En effet, au Luxembourg, la plupart des constructions ont lieu dans un milieu urbain assez dense et il est dans ce cas judicieux de mettre en œuvre une solution de soutènement afin d’accoler les bâtiments les uns aux autres et optimiser l’espace à disposition. Ces ouvrages de soutènement permettent en effet d’excaver le sol à la verticale et non en imposant la présence de pentes en leur absence. L’autre avantage non négligeable des parois de soutènement est qu’elles permettent de garantir la sécurité des personnes et des biens situés dans la fouille. Il n’est en effet pas inhabituel de constater la rupture d’un talus d’une fouille menaçant la sécurité en fond de fouille (risque d’ensevelissement). La réalisation de ces ouvrages de soutènement, qui relève d’un domaine bien particulier de la construction, à savoir la géotechnique, nécessite donc une profonde attention et des compétentes spécifiques en la matière. Il existe une multitude de méthodes différentes pour mettre en œuvre une paroi de soutènement, chacune disposant de ses avantages et de ses inconvénients, le panel de solutions de soutènement existantes étant suffisamment large pour que chaque projet trouve la solution qui lui est adéquate, voire les solutions adéquates. Le choix d’une méthode de soutènement dépend d’un certain nombre de paramètres liés aux conditions géotechniques du sol en place ainsi qu’au contexte environnant, sans bien sûr négliger l’influence de l’aspect financier. En milieu urbain, la situation d’un projet et son interaction avec ses alentours impose des contraintes plus nombreuses et plus importantes. L’étude porte tout d’abord sur les différentes méthodes de soutènement employées habituellement sur les chantiers de construction. Ensuite, une fois ce travail de recherche effectué, la suite de l’étude consiste à le mettre en application sur un projet concret en particulier : le projet Themis, qui est un ensemble commercial et résidentiel comportant deux niveaux de sous-sol situé à Esch-sur-Alzette. Pour ce projet, il a été choisi de mettre en œuvre des parois de pieux sécants avec un lit de tirants d’ancrage. L’étude sur ce projet a consisté en le dimensionnement de ces parois de pieux puis le contrôle des notes de calcul associées émises par le bureau d’études, et enfin au suivi du chantier dans le cadre de la mission de contrôle confiée à OGC. BEGUINET Léo Page 2 sur 4 1. Recherche bibliographique Ce projet a donc débuté par un travail de recherche bibliographique concernant les principales méthodes de soutènement. Après un premier travail d’investigation, dix types de parois de soutènement ont été identifiées. Tout d’abord, il existe les parois moulées. Cela consiste en la réalisation d’excavation de panneaux dans le sol pour le coulage du béton dans la masse. Ensuite, il existe les parois de pieux. Elles consistent en la mise en œuvre de rideaux de pieux. Celles-ci peuvent prendre deux formes : les parois de pieux sécants, auquel cas les pieux s’entrecoupent et de ce fait un seul pieu sur deux est armé, et les parois de pieux tangents, dans ce cas les pieux sont disjoints et tous armés. Viennent ensuite les parois composites. Elles tirent ce nom du fait qu’elles sont l’assemblage de deux éléments : des éléments verticaux implantés dans le sol sous le fond de fouille, et des éléments de blindage pouvant être de différente nature dont le rôle est de transmettre les efforts de poussée du sol aux éléments verticaux qui assurent la stabilité. Dans le cas où les éléments verticaux sont des profilés métalliques, il s’agit de parois berlinoises, les parois composites les plus courantes. Les panneaux peuvent alors être des madriers de bois ou du béton projeté dans la majorité des cas. Si les éléments verticaux sont des pieux, alors il s’agit d’une paroi lutécienne et les panneaux sont généralement en béton. Si les éléments verticaux sont des poteaux préfabriqués en béton, alors il s’agit d’une paroi parisienne et les panneaux sont également en béton généralement. Il existe également la catégorie des parois clouées. Ce sont les seules à ne pas disposer d’un ancrage sous forme de fiche sous le fond de fouille. Une paroi clouée consiste en la mise en œuvre d’un béton projeté sur les parois excavées du sol au fur et à mesure de la fouille accompagné de l’implantation d’ancrages passifs appelés clous qui maintiennent le béton projeté en place. La catégorie de parois de soutènement suivante est celle des parois de palplanches. Les palplanches sont des profilés métalliques emboitables les uns dans les autres qu’on peut enfoncer verticalement dans le sol pour former un écran de soutènement. Cette technique est peu appréciée au Luxembourg à cause des vibrations liées au fichage des profilés. Enfin, la dernière catégorie est celle des parois réalisées à l’aide d’un béton de sol. Pour cela, il faut déstructurer le sol en place pour le mélanger avec un coulis de ciment. Deux méthodes principales existent pour réaliser ce béton de sol. La première, le jet-grouting, consiste en l’injection sous haute pression du coulis de ciment dans le sol. La seconde, le soil-mixing, consiste elle à déstructurer mécaniquement le sol tout en le mélangent au coulis de ciment. Les recherches bibliographiques ont ensuite été approfondies dans un domaine très important voire essentiel des parois de soutènement : les tirants d’ancrage. Le tirant d’ancrage est le dispositif qui transmet les forces de traction qui lui sont appliquées à une couche de sol résistant en prenant appui sur la structure à ancrer. Il est dit provisoire si sa durée d’utilisation est inférieure à deux ans, et permanent dans l’autre cas. Le tirant se compose d’une tête d’ancrage, qui transmet les forces de traction de l’armature à la structure à ancrer, la partie libre, et la partie scellée qui est, comme son nom l’indique, scellée dans le sol à l’aide d’un coulis de scellement. Un tirant d’ancrage est généralement actif, c’est-à-dire qu’il est mis en charge mécaniquement (à l’aide d’un vérin). Il peut toutefois être passif, c'est-à-dire qu’il n’est mis en tension que lorsque le sol en BEGUINET Léo Page 3 sur 4 amont le met en tension. Il est généralement scellé sur toute sa longueur. L’exemple de tirant passif le plus évident est le clou, élément prépondérant des parois clouées. Le procédé de mise en tension d’un tirant (actif, donc) respecte un protocole précis, la mise en tension se fait jusqu’à une traction d’épreuve généralement de 25 % supérieure à la traction de service du tirant, pour s’assurer que le scellement du tirant est suffisamment résistant pour reprendre les efforts du tirant, avant d’être relâché jusqu’à la traction de blocage. Un paramètre important à ne pas négliger lors des choix techniques lié à la mise en œuvre des tirants est relatif à l’influence de la corrosion. Plusieurs niveaux de protection contre la corrosion existent (P0, P1 et P2) en fonction de la durée de vie du tirant et de l’agressivité du terrain en place. Dans le cas d’un tirant permanent, le niveau de protection contre la corrosion est forcément P2, le plus élevé. 2. Etude de cas : le projet Themis à Esch-sur-Alzette A présent que le travail de recherche bibliographique a été effectué, il constitue une base pour la suite de l’étude. En premier lieu, il va permettre de justifier de l’emploi d’une paroi de pieux sécants pour le blindage de fouille du projet Themis. Le projet Themis est un ensemble commercial et résidentiel situé dans la rue Berwart à Esch-sur-Alzette. Il s’agit d’un bâtiment composé de deux niveaux de soussol, un rez-de-chaussée censé accueillir des commerces, et trois étages de logement. Les travaux de blindage ont démarré en mai 2016. Il s’avère, pour plusieurs raisons, que le choix d’une paroi de pieux sécants correspond à l’ensemble des critères nécessaires pour ce chantier. En effet, on peut mettre en œuvre ces parois en milieu urbain dans le cas d’un sol non cohérent avec présence de nappe phréatique, le tout dans une enveloppe financière relativement contenue. Il a été choisi de définir deux différents types de paroi de pieux, en fonction des conditions environnantes. Le premier type était situé le long des bâtiments voisins existants. Comme ces bâtiments disposaient de volumes enterrés, la mise en œuvre des parois pouvait débuter environ deux mètres sous le niveau zéro du projet. La hauteur de soutènement étant réduite, il fut possible de mettre en œuvre des pieux de 64 cm de diamètre. Cette disposition permit de diminuer l’emprise de la paroi et ainsi optimiser l’espace. Le second type était situé aux autres localisations, le long de la voirie notamment. Pour ces parois, la hauteur d’excavation devait se faire à partir du niveau du sol existant, c’est-à-dire environ deux mètres plus haut que la première paroi de soutènement. Le diamètre des pieux de cette paroi a été choisi égal à 88 cm. L’objectif suivant de ce projet fut d’effectuer le dimensionnement de ces deux modèles de paroi de soutènement. Tout d’abord, un dimensionnement a du être effectué intégralement à la main. Pour déterminer les efforts de poussée et de butée agissant sur les parois, les coefficients de Kérisel & Absi ont été employés. Ils ont permis de déterminer la hauteur de fiche, les sollicitations (moment fléchissant et effort tranchant) et l’effort dans les tirants d’ancrage. Des raisonnements tirés du béton armé ont ensuite été employés pour dimensionner le ferraillage des pieux et des notions de charpente métallique ont elles servi au dimensionnement des liernes. Ensuite, une modélisation sur logiciel a été effectuée pour effectuer ces mêmes calculs de dimensionnement et de détermination des sollicitations. Le logiciel utilisé était une version d’essai du BEGUINET Léo Page 4 sur 4 logiciel GEO 5. Ce logiciel a fourni des résultats analogues à l’étude réalisée à la main, et a permis d’approfondir les études précédemment menées. En effet, outre le fait qu’il fut capable de vérifier le ferraillage précédemment calculé, il fut capable de vérifier les instabilités interne (stabilité du massif) et externe (cercle de rupture) et de déterminer les déplacements de l’écran de soutènement. L’étape suivante fut le contrôle de la note de calcul fournie par le bureau d’études. Celle-ci a été réalisée à l’aide du logiciel GGU-RETAIN. La principale difficulté liée à la compréhension de cette note de calcul fut qu’elle se basait sur les normes allemandes. Il s’avère que les coefficients de pousséebutée employés étaient bien supérieurs à ceux fournis par Kérisel & Absi. Toutefois, les coefficients globaux qui s’appliquaient aux efforts étaient moins importants et permettaient d’obtenir un dimensionnement plus favorable d’un point de vue économique, celle-ci étant légèrement sousdimensionnée par rapport à l’utilisation de la norme française. Néanmoins une cohérence a été observée dans les résultats. Enfin, la dernière étape de ma mission fut d’assurer le suivi des travaux de mise en œuvre de ces parois de soutènement. Cette mission essentielle permet surtout de vérifier que le travail en amont a bien été fait et est correctement mis en œuvre sur chantier. Les visites périodiques effectuées sur site permettent d’effectuer un bon suivi des travaux et d’être présent pour vérifier que tous les points pouvant mettre en jeu les performances ou la santé de l’ouvrage de soutènement sont respectés, comme la qualité du béton, le respect des géométries imposées, la bonne qualité du scellement des ancrages, etc. Conclusion Ainsi, le multiculturalisme luxembourgeois permet au pays d’offrir au domaine de la construction un panel de solutions de soutènement intéressant provenant des différents pays voisins. Cette richesse permet de fournir à chaque chantier la solution de soutènement mais aussi l’entreprise en charge de sa mise en œuvre qui lui conviennent le mieux. Cette abondance d’ouvrages de soutènement est bien sûr facilitée par la fait que le Luxembourg est un pays dynamique économiquement et que les prix de vente au prorata de la surface vendue sont bien supérieurs à ceux connus en France. Toutefois, cette influence des différents pays voisins pose aussi des difficultés d’un autre point de vue. En effet, cela crée un contexte normatif pour le moins flou étant donné que les normes belge, allemande et française sont employées et que chacune fait foi. La conclusion principale qui ressort d’une telle étude est que les différences entre les normes peuvent conduire à des dimensionnements différents, et dans notre cas, il a été démontré que la norme française était plus préjudiciable pour le dimensionnement que la norme allemande. Toutefois, la mission du bureau de contrôle est de vérifier la validité de la note de calcul, réalisée selon la norme allemande, et celle-ci est conforme. La paroi de soutènement est donc, au Luxembourg, considérée correctement dimensionnée. Ce mémoire traite ainsi toutes les phases de conception et de construction de la paroi de soutènement du projet Themis, du choix de la paroi de soutènement mise en œuvre, en s’appuyant sur une étude bibliographique préalable qui guide ainsi au mieux les choix effectués, au suivi sur chantier en tant que bureau de contrôle, en passant par les étapes de dimensionnement et de vérification de la note de calcul des parois de pieux sécants employées. BEGUINET Léo