Comparaison des distributions
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Comparaison des distributions
Comparaison des distributions Comparaison des distributions Stéphane Téletchéa I l existe plus de trois cents distributions recensées actuellement (source : http:// www.distrowatch.com) et il est parfois difficile de savoir a priori quelle collection de paquets (la distribution) et quels outils (les outils de la distribution et/ou du bureau) vous apporteront la meilleure expérience utilisateur. Nous allons découvrir les caractéristiques des cinq distributions les plus emblématiques du moment, afin de définir les forces et faiblesses de chacune. La distribution, l’autre nom de la philosophie... « L’ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit » disait Aristote... Le choix d’une distribution est comme le choix d’un vêtement, d’une voiture, le descriptif technique mais aussi une attirance « affective » entrent en compte. Avant de vous jeter à corps perdu dans la lecture de ce passionnant article, posez-vous une question : pourquoi vais-je utiliser cette distribution ? En effet, soit vous êtes un « débutant », voulant une distribution qui fonctionne tout de suite pour tout son matériel et qui aura besoin d’une aide complète et construite. Figure 1. Le bureau GNOME, ici présenté sous Fedora 8 Soit vous êtes un utilisateur « expérimenté », capable de survivre à quelques manques en les corrigeant lui-même. Soit, enfin, vous êtes un « aventurier », celui qui veut et peut tenter l’installation de n’importe quelle distribution, car il finira par la modifier pour obtenir une configuration aux petits oignons et ne s’appuiera que sur quelques considérations techniques pour envisager son utilisation sur le long terme. En fait, chacun d’entre nous est un peu de tout cela. Tout le monde débute, apprend, commet des erreurs (rappel : ne jamais réinstaller, si vous avez un problème, cela ne sert à rien, le problème ne sera pas corrigé pour autant à la prochaine réinstallation), puis progresse. Gardez ces « profils » en tête pour mieux appréhender ce qui suit. Chaque distribution est fondée sur une « philosophie », héritée de son histoire, de ses utilisateurs, mais aussi de l’entité qui soutient son développement. Partons à la découverte des spécificités de chacune d’elles (en fonction de la popularité dans le portail DistroWatch). Ubuntu Ubuntu est probablement la distribution la plus emblématique de ces dernières années. Lancée en 2004 à partir de Debian « testing » sur laquelle un installeur graphique intuitif avait été ajouté, la distribution a bénéficié de l’aura de Debian (sa légendaire stabilité, utilisée dans beaucoup de serveurs), tout en apportant une facilité d’installation et d’utilisation sans commune mesure avec son système d’origine. La distribution est soutenue par l’entreprise Canonical qui, comme Red Hat, Mandriva ou Novell, fournit les infrastructures, les développeurs et le marketing. C’est sur ce point que Ubuntu a fait très fort en amenant de nombreux nouveaux utilisa- linux identit y PACK teurs (presqu’en « siphonnant » les autres distributions), en permettant la large diffusion de la distribution (le fameux programme « ShiIpIt » qui permettait de recevoir des centaines, voire des milliers de CD gratuitement). Une autre de ses forces a été l’inclusion de pilotes propriétaires dans les versions d’installation (fondées sur un système « Live »), révélant aux nouveaux utilisateurs l’avancement phénoménal de GNU/ Linux dans la fourniture d’un système d’exploitation complet et performant. Jusqu’à maintenant, Ubuntu reste l’une des références incontestables dans le monde Linux, la réactivité de sa communauté est très importante (à la fois composée des utilisateurs expérimentés de Debian et des utilisateurs novices mais très motivés). Il lui a été reproché, de par l’inclusion des pilotes propriétaires, mais aussi par sa moindre implication dans le domaine du libre pour le moment (notamment au niveau du noyau Linux, sur la même période, il y a 4 fois plus de « commits » de la part des développeurs Mandriva que de la part de ceux d’Ubuntu), de ne pas être assez « ouverte ». Cependant, sa large diffusion et les autres améliorations apportées par la distribution (mises à jour automatiques par exemple) plaident en sa faveur. Son implication dans le monde de l’entreprise a été marquée au niveau du marché « desktop » par la conclusion d’accords de diffusion de pré-installation (avec Dell notamment), ce qui a constitué une première du genre à cette échelle. Fedora Fedora est la version communautaire de Red Hat, l’éditeur GNU/Linux renommé. La distribution connaît deux versions majeures par an. Le développement est fait pour partie par des employés de Red Hat, pour le reste par une communauté de bénévoles qui s’impliquent dans la distribution (paquets), participent aux discussions techniques (définition des objectifs), à la documentation, etc. Cette ouverture « communautaire » n’est apparue que depuis le passage de la distribution « grand public » de Red Hat vers Fedora (en www.linuxidentit y.com 2003). Actuellement, le rôle de Red Hat est de coordonner la communauté, en fournissant l’infrastructure (matériel, site web) et quelques développeurs pour le projet. Cette double implication s’inscrit de longue date dans le développement des logiciels libres, Red Hat étant de loin le plus gros contributeur aux projets d’envergure (dont le noyau Linux). Le choix du bureau GNOME, par défaut, est dans la droite ligne de cette politique de long terme, reposant à la fois sur des choix techniques pérennes et sur une position claire vis à vis du libre. La distribution a une réputation de stabilité et de solidité héritée du prestige de la société Red Hat mais elle est réservée à un public qui n’hésitera pas à « mettre les mains dans le cambouis », de nombreux outils étant lancés en ligne de commande (avec parfois un pendant graphique) ou nécessitant des modifications manuelles des fichiers de configuration. Mint Mint (menthe en Français) est une distribution qui s’appuie sur la distribution Debian et continue le travail fait par Ubuntu. Elle s’est tout d’abord fait connaître en proposant les codecs multimédia permettant la lecture de fichiers mp3 ou de DVD dès l’installation de la distribution. Ces points ne seraient cependant pas suffisants à eux seuls pour ex- pliquer le succès de cette « jeune » distribution. Clement Lefebvre a longtemps écrit dans les colonnes de linuxforums, ce qui lui a permis d’évaluer les forces et faiblesses des distributions disponibles pour l’utilisateur d’un système GNU/ Linux. Il a utilisé cette expérience pour offrir à l’utilisateur final un niveau de finition très avancé pour le bureau. L’aspect graphique est très polissé, de réels efforts d’ergonomie et de présentation permettent à l’utilisateur final de trouver rapidement les logiciels dont il a besoin, ou les outils lui permettant de configurer son ordinateur (voir Figure 2). L’ensemble fournit une très bonne impression de finition, ce qui séduit de plus en plus d’utilisateurs (tout du moins, cela permet aux autres distributions de vérifier qu’il existe encore une marge de progression dans la finition de l’interface utilisateur). Le cœur du système est fondé sur le travail de la distribution Ubuntu et plus encore, sur la distribution Debian, connue pour sa stabilité et son sérieux dans la correction des bugs. Mint apporte à cet ensemble un gestionnaire de logiciels original, un outil de sauvegarde ou encore de surveillance parentale. Ce sont des outils qui manquent dans des distributions comme Ubuntu (sous cet aspect), mais qui sont disponibles depuis longtemps sous Mandriva, par exemple. Mint est très sédui- Figure 2. Le bureau GNOME sous Linux Mint a été grandement remanié, il offre un panneau qui permet d’accéder rapidement aux applications d’usage courant 9 Comparaison des distributions sante pour une utilisation au quotidien, la communauté est très active, le développeur principal arrive à fédérer de nombreux utilisateurs. Le cycle de vie de la distribution suit celui d’Ubuntu (nouvelle distribution tous les 6 mois, une durée de vie de 18 mois pour une distribution « normale », étendue à trois ans pour la distribution LTS « Long Term Support »). La principale interrogation à ce jour est la visibilité du travail fourni par Clement Lefebvre sur le long terme, les autres distributions intègreront sans nul doute rapidement les améliorations fournies par Mint (c’est la force du libre) ; une autre interrogation porte sur la capacité de la distribution à conserver et à faire grandir une base d’utilisateurs toujours plus exigeants. openSUSE SUSE, l’entreprise allemande, a historiquement eu une progression en entreprise assez importante, en étant second sur ce marché derrière Red Hat. Une partie de cette forte adoption vient du choix de la distribution de fournir le bureau KDE (à l’époque plus complet que le bureau GNOME) et un outil intégré de configuration du système, très complet, le fameux YaST. Ces deux points étaient d’ailleurs l’objet de polémiques de la part de la communauté du libre, puisque KDE et YaST reposaient sur une licence propriétaire (tout est maintenant passé sous licence GPL ou compatible avec la GPL). SUSE a bénéficié d’une grande reconnaissance dans le monde de l’entreprise de par sa stabilité, sa finition très complète et une configuration très avancée en mode graphique (YaST est encore la référence dans ce domaine, mais présente parfois trop d’options susceptibles de dérouter un utilisateur non averti). openSUSE est né de la volonté de Novell (qui a racheté l’allemand SUSE) de se concentrer sur les produits entreprise (en passant de nombreux accords avec Microsoft). Novell pourvoit aux besoins en infrastructures, dédie des développeurs à l’avancement de la distribution. La communauté est très compétente et structurée, la documentation de qualité. Cette distribution est sans conteste l’une des meilleures disponibles, depuis longtemps. Mandriva Mandriva est historiquement la première distribution fondée sur une société commerciale ayant opté pour un fonctionnement hybride entre employés rémunérés et contributeurs bénévoles (déjà en 1999). Son succès initial est venu de son installeur graphique très facile d’utilisation, couplé au bureau KDE, regardé avec suspicion à l’époque par les défendeurs du libre puisque la licence « non-libre » de la bibliothèque « QT » était utilisée pour développer KDE. Mandriva a ainsi été la première distribution à offrir en parallèle GNOME et KDE, ce qui a permis de comparer les deux environnements, GNOME étant à ce moment-là assez réduit en termes de fonctionnalités, comparativement à KDE. L’une des grandes forces de Mandriva reste dans l’intégration des outils de configuration dans le Centre de Contrôle de Mandriva et un support matériel de tout premier plan. La société a longtemps cherché un mode de fonctionnement équilibré avec sa communauté et depuis quelques années, la situation s’est éclaircie. Pour preuve, la récente activité autour de l’Assemblée Mandriva dont le but est de fournir à cette communauté des représentants identifiables pour chaque strate de la communauté. Il faut noter que depuis plus d’un an, la communauté francophone dans son ensemble a connu un sursaut d’activité, ce qui s’est traduit par la création d’une association francophone des utilisateurs de Mandriva. La distribution connaît deux versions majeures par an, la version d’automne numérotée de l’année à venir, qui apporte son lot de nouveautés (donc un peu plus expérimentale par nature) et la version de printemps (Spring) reconnue pour sa qualité et sa robustesse (Mandriva reçoit régulièrement les places d’honneur chez bitburners). C’est aussi la distribution, après Debian, qui possède le plus grand nombre de logiciels empaquetés pour une architecture donnée (plus de 11000 paquets sources), il y a de grandes chances que le logiciel qui vous est indispensable fasse partie de la liste. Mandriva est, toutes proportions gardées, très impliquée dans le développement de logiciels libres (projets KDE, GNOME, noyau Linux). Le bureau Figure 3. Les préférences des utilisateurs sont très proches sous Fedora (à gauche) ou Ubuntu (à droite), le menu de Fedora présente quelques spécificités liées à la sécurité, le menu d’Ubuntu contient quelques applications supplémentaires 10 Après ce bref tour de présentation de l’environnement, des forces et faiblesses des distributions, abordons leur aspect pratique, notamment ce que chacune offre à l’utilisateur final. Le premier facteur de choix concerne l’environnement de bureau qui vous correspond le mieux. Il définit l’approche que vous avez de votre environnement de travail (lissé comme sous GNOME, ou plus éclec- linux identit y PACK tique sous KDE 4). Comme deux distributions offrent par défaut GNOME et les deux autres KDE 4, nous allons passer en revue chacun de ces bureaux en soulignant leurs qualités, leurs faiblesses et leurs particularités associées aux distributions. GNOME Nous indiquons que le bureau GNOME est « lissé » car il fournit une interface homogène, cohérente et fonctionnelle. L’objectif des développeurs est de fournir un environnement de travail conçu pour l’efficacité : une application par besoin, quelques options de configuration. La meilleure illustration de cette présentation est fournie par Fedora qui se conforme entièrement au bureau GNOME (voir Figure 1). Au niveau des applications spécifiques du bureau, citons, entre autres (voir la liste complète sur http://projects.gnome.org/) : JJ JJ JJ JJ JJ JJ JJ JJ JJ JJ GNOME Office pour la bureautique (Abiword, Gnumeric, Dia), F-Spot pour la gestion de collections d’images, Nautilus pour la navigation dans l’arborescence des disques et sur le réseau, Beagle pour l’indexation des fichiers (pour la recherche rapide), Evolution pour la messagerie (mails, mais aussi contacts, synchronisation à distance, etc.), Epiphany pour la navigation web, Totem pour la lecture des films, Rhythmbox pour la lecture de fichiers audio, Brasero pour la gravure de CD/DVD, Gconf pour l’édition des paramètres du bureau et des applications. Fedora, Mint et Ubuntu fournissent, par défaut, Firefox à la place d’Epiphany, Fedora se contente d’Abiword tandis que Mint et Ubuntu offrent OpenOffice.org pour la bureautique. Globalement, les menus de Mint et Ubuntu sont plus remplis (il y a par exemple F-Spot), ce qui www.linuxidentit y.com fait qu’à partir des médias du magazine, les utilisateurs ont plus de choix. Comme nous le verrons par la suite (voir Figures 3 et 4), Fedora et Ubuntu ont choisi de fournir un bureau « épuré », dans la droite ligne du bureau tel qu’il est fourni par les développeurs du projet GNOME. Mint a, pour sa part, poussé l’ergonomie de l’interface pour permettre à l’utilisateur d’accéder rapidement à ses applications favorites et aux outils de contrôle (voir Figure 2). Les outils de configuration sont accessibles dans le menu Système. Au niveau de l’utilisateur, il faut cliquer sur Préférences pour accéder aux différents paramètres (voir Figure 3). Le contenu de ce sous-menu est très proche dans les deux distributions car il s’appuie sur le menu par défaut de GNOME. Parmi les différences spécifiques de chaque distribution, distinguons le moniteur de volume (qui dirige PulseAudio) et le gestionnaire d’autorisations pour SELinux pour Fedora. En ce qui concerne Ubuntu, il s’agit de l’application de bureau à distance (vino) et du gestionnaire de clés (seahorse). Quant aux outils de configuration, l’avantage est, cette fois-ci, à Fedora. En effet, Ubuntu possède moins d’outils graphiques spécifiques pour la configuration du matériel et se contente des outils du bureau GNOME pour la configuration du système. Fedora propose une version graphique de ses outils en ligne de commande (system-con- fig*), dont l’un est d’ailleurs repris par Ubuntu (l’outil de configuration des imprimantes, system-configprinter). Une des particularités des deux systèmes apparaît néanmoins dans ces menus (voir Figure 4). Il s’agit de l’outil de configuration de la sécurité du système (SELinux) pour Fedora, alors qu’Ubuntu propose un outil pour configurer les pilotes propriétaires. Cette distinction sécurité/ fonctionnalités est le symbole d’une approche « entreprise » pour Red Hat en comparaison d’une approche « grand public » pour Canonical. La distribution Mint se distingue encore une fois par son originalité, les préférences de configuration sont regroupées dans le panneau de configuration (voir Figure 5). Les applications disponibles sont aussi celles du bureau GNOME mais la mise à disposition en un seul endroit des assistants permet de s’y retrouver plus facilement que dans les menus de Fedora et Ubuntu. Une autre illustration de l’aspect « communauté » de Mint réside dans l’affichage des applications préférées des utilisateurs dans le gestionnaire de paquets (voir Figure 5). Après ce survol des fonctionnalités du bureau GNOME et leur implémentation par Fedora et Ubuntu, nous allons poursuivre notre exploration avec le bureau KDE 4. KDE 4 Le tant attendu KDE 4 est sorti en 2008. Parmi les nouveautés annon- Figure 4. Administration de l’ordinateur, points mis en avant par Fedora (à gauche) et Ubuntu (à droite) 11 Comparaison des distributions Figure 5. La gestion des préférences système et utilisateur est regroupée dans le centre de contrôle. Le gestionnaire de paquets est ouvert avec, comme affichage par défaut, les applications les mieux notées par les utilisateurs cées, plasma, la nouvelle manière ce qui est somme toute « humain » de gérer le bureau, a sans doute été quand un changement important l’amélioration qui a fait le plus cou- apparaît dans nos habitudes. En ler d’encre. En effet, KDE 4.0 a été effet, KDE 4 change notre manière annoncé par les développeurs com- de voir le bureau, en particulier en me étant le début du bureau de la ce qui concerne les interactions série 4 (et donc, ils ont indiqué qu’il avec lui (vous trouverez un desmanquait encore de nombreuses criptif des fonctionnalités, vidéos à fonctionnalités de KDE 3.5) mais l’appui, dans les liens ci-dessous). de nombreuses distributions ont C’est openSUSE qui va le plus loin décidé de l’offrir rapidement (Fe- dans la « kde-isation » du bureau, dora et openSUSE ont proposé KDE afin de fournir à l’utilisateur final un 4 dès la sortie de la version 4.0, « choc » des habitudes, l’obligeant à Kubuntu et Mandriva ont attendu la changer sa manière d’utiliser le buversion 4.1.2 pour offrir le bureau reau (voir Figure 6). KDE 4 par défaut). Cela a entrainé Il faut avouer qu’au premier abord, de nombreuses réticences au sein KDE 4 change beaucoup les habitude leurs communautés respectives, des prises avec les anciens bureaux (qu’ils soient GNOME, KDE 3, LXDE, ou même Windows). Un des exemples les plus significatifs concerne l’« indicateur de médias ». Lorsqu’un média est inséré (CD-ROM, clé USB, …), une notification furtive apparaît (sous gnome, l’icône apparaît sur le bureau). Pour visualiser le contenu du média, il faut cliquer sur l’indicateur de médias et cliquer sur l’icône dudit média (le CD-ROM dans notre exemple) pour ouvrir son contenu dans le navigateur de fichiers, Dolphin (voir Figure 7). Une fois cette manière de faire appréhendée, cela devient aussi naturel que les anciens comportements, il faut juste prévoir un temps d’adaptation. Une autre nouveauté vient de la philosophie de sélection en un seul clic, visible dans le cas des fichiers dans Dolphin. Pour vous en rendre compte, il suffit de survoler une icône (remarquez que sur le panneau droit de Dolphin le contenu change de manière interactive au survol) pour qu’un signe « + » apparaisse et vous permette de sélectionner le fichier (une image dans notre cas, voir Figure 8). Vous trouverez plus d’informations sur l’ensemble des fonctionnalités dans les liens fournis plus loin. Nous n’allons pas détailler l’ensemble des évolutions des applications (qui, de plus, ne sont pas encore toutes migrées sous l’environnement KDE 4) mais voici, tel que nous l’avons vu pour le bureau GNOME, une liste non exhaustive des principales applications caractéristiques du projet KDE (voir la liste complète sur http://userbase.kde. org/Applications/Desktop_(fr)) : JJ JJ JJ JJ JJ Figure 6. openSUSE est la plus proche de l’esprit KDE 4. La vue du dossier utilisateur est présentée sous la forme d’un plasmoïde, le menu nécessite un clic pour passer aux sous-menus 12 JJ KOffice pour la bureautique, openSUSE et Mandriva fournissent OpenOffice.org, Digikam pour gérer votre collection d’images, Dolphin pour la navigation dans l’arborescence des disques et sur le réseau, Strigi pour l’indexation des fichiers (pour la recherche rapide), Kmail/Kcontact pour la messagerie, Konqueror 4 pour la navigation web, linux identit y PACK JJ JJ JJ JJ Dragon player pour la lecture des films, Amarok pour la lecture de fichiers audio, K3B (de KDE 3 pour openSUSE, de KDE 4 pour Mandriva) pour la gravure de CD/DVD, Systemsettings pour l’édition des paramètres du bureau et des applications. Le dernier point novateur consiste en l’activation des « effets de bureau », apporté par le gestionnaire de fenêtres Kwin. Si vous choisissez de l’activer (attention, les développeurs de KDE indiquent qu’il s’agit d’un système fonctionnel mais encore relativement lent), vous retrouverez une partie des effets visuels issus de Compiz/Beryl (fenêtre en gelée, neige sur les fenêtres, réduction des fenêtres en « lampe magique », fonction « exposé », …). Certains effets peuvent paraître inutiles (voire vraiment ridicules) mais à l’usage, une sélection astucieuse (comme par exemple, la vue des fenêtres en cascade avec [Alt] + [Tab]) apporte un confort d’utilisation et un certain gain de productivité (voir Figure 9). Mandriva et openSUSE ont fourni un environnement KDE proche du niveau « bureau de base » (le choix d’applications est proche, seul K3b devra être ajouté après installation sous Mandriva). Ce qui différencie les deux distributions en terme de fonctionnalités, concerne plutôt les outils de configuration du système. En effet, contrairement à Fedora et Ubuntu, Mandriva et openSUSE fournissent un centre intégré de configuration du système (MCC sous Mandriva, voir Figure 10, YaST2 sous openSUSE, voir Figure 12). Les outils disponibles ne se limitent plus aux outils fournis par défaut par le bureau (qu’il soit KDE ou GNOME). Le Centre de Contrôle de Mandriva est aéré, orienté « fonctionnalités » utilisateur final, avec des icônes explicites et attrayantes. S’y trouvent notamment des outils pratiques pour récupérer les polices de Windows (comme la très utilisée Times New Roman), sauvegarder son système sur un média amovible ou encore l’outil de Contrôle parental (voir Figure 11). www.linuxidentit y.com Figure 7. L’indicateur de média et le navigateur de fichiers en action sous KDE 4 Les outils sont suffisamment clairs pour être compris par un utilisateur débutant, mais l’ensemble manque parfois de cohérence (des synthèses sur l’amélioration de l’ergonomie ont été mises en ligne, mais leur mise en œuvre se fait doucement). La documentation de chacun des outils est complète et bien traduite, mais nécessite de passer par le menu (la documentation des outils doit être installée dans l’édition fournie sur le média du magazine, cela sera fait automatiquement si vous êtes connectés à Internet). Le Centre de Contrôle de Mandriva est un peu moins ancien que YaST mais a néanmoins atteint un niveau de maturité remarquable, tout en conservant un bon compromis entre fonctionnalités et complexité. En ce qui concerne openSUSE, YaST2 a une longue tradition derrière lui et possède des caractéristiques qui le rapprochent du monde de l’entreprise (telle la configuration de l’outil de sécurité AppArmor, les outils de virtualisation, le lecteur d’empreinte digitale). Il possède de nombreuses fonctionnalités pour la configuration du système, chaque outil dispose d’une documentation très complète et l’ergonomie de l’ensemble est cohérente, ce qui laisse un sentiment de qualité et de fiabilité, une bonne impression Figure 8. Sélection en un clic de fichiers sous Dolphin. Déroutant au premier abord, mais somme toute très utile au final 13 Comparaison des distributions Figure 9. Avec KDE 4, l’ergonomie a progressé ; avec une machine à l’accélération graphique performante, les effets visuels permettent de mieux utiliser le bureau. La Figure représente la mise en transparence des fenêtres lors du basculement réalisé avec [Alt] + [Tab] « globale » (voir Figure 12). L’un des des environnements fournis dans seuls reproches que nous pourrions ce magazine, passons maintenant lui faire (il faut bien trouver à redire) aux quelques critères de choix comconcernerait son aspect parfois un plémentaires. peu « bas niveau », car à vouloir laisser à l’utilisateur le loisir de confi- Offre logicielle gurer dans les moindres détails son Nous l’avons vu, elle est très dépensystème, une partie de la simplicité dante de l’environnement de bureau est perdue. Au vu du résultat, c’est qui a votre préférence. Si vous devez néanmoins un compromis accepta- vous contenter du média du magazible (et didactique sur le long terme, ne, Mandriva, openSUSE et Ubuntu grâce à l’abondante documentation offrent sensiblement le même évenfournie). tail, Fedora est un peu plus réduit. Aujourd’hui, il est plutôt commun Quelle distribution de posséder une connexion Interchoisir ? net performante qui permet d’acAprès avoir passé en revue l’histoire céder aux dépôts de paquetages de chacune des distributions et pré- spécifiques de chaque distribution. senté ce que vous pouvez attendre En raison des législations différen- Figure 10. Le Centre de Contrôle de Mandriva permet de configurer simplement le matériel, installer des logiciels, faire les réglages réseau, ... 14 tes selon les pays (voir ci-dessous), ces dépôts sont souvent découpés en parties « officiellement supportées » par la distribution, « supportées par la communauté », voire en « supportées par une entité indépendante pour éviter les problèmes légaux ». Fort heureusement, les distributions ont toutes intégré un outil de configuration automatique des dépôts, vous permettant ainsi d’accéder plus facilement aux applications éventuellement absente de la sélection du DVD. À noter que Mandriva intègre par défaut le lecteur Adobe FlashPlayer, autorisant le visionnage des vidéos sur Internet sans aucune intervention extérieure (voir Figure 13). Support matériel Puisque les distributions s’appuient sur les noyaux 2.6.31 et une version proche du serveur graphique Xorg (plus récente pour Fedora, ce qui peut être un avantage sur certaines cartes vidéo intégrées de type Intel), le niveau de fonctionnalités sur le matériel utilisant les pilotes libres devrait être proche. Pour le matériel nécessitant l’utilisation d’un pilote propriétaire pour des performances optimales (cartes graphiques de type NVIDIA ou AMD/ATI, chipset WiFi Atheros et Intel), il faudra s’orienter vers Mandriva pour une configuration sans intervention spécifique. En effet, Mandriva propose les pilotes propriétaires dès le démarrage du mode « Live ». C’est un bon moyen de vérifier si votre matériel à la configuration « capricieuse » est bien reconnu. La configuration de ces pilotes est d’ailleurs intégrée aux outils du MCC, ce qui permettra, si besoin, de paramétrer par la suite plus finement le comportement du pilote. Ubuntu propose un outil (disponible dès le mode « Live ») qui vous permet d’installer ces pilotes propriétaires (voir Figure 14). Ubuntu avait été décrié à son lancement pour son inclusion systématique des pilotes, cette approche qui clarifie leur statut vis à vis du libre est à saluer. Pour les autres distributions, il est tout à fait possible de les ajouter après installation, moyennant quelques manipulations indiquées dans les liens en fin d’article. linux identit y PACK En fin d’article, pour Fedora et openSUSE, vous trouverez des liens vers des sites qui indiquent comment ajouter ces pilotes (pour les cartes graphiques), vous pourrez utiliser les documentations de la communauté en cas de périphérique particulier. Support de la distribution Le support officiel de la distribution (la période durant laquelle les mises à jour de sécurité et la correction de bugs majeurs) et de 2 ans chez openSUSE, un an et demi chez Ubuntu et Mandriva, entre un an et un an et demi pour Fedora (la fin d’un produit est calculée en fonction de la sortie de la version N+2 plus un mois). Selon votre utilisation du système (vous voulez toujours utiliser les derniers logiciels connus ou vous préférez conserver un système fonctionnel plus longtemps), c’est l’un des critères à prendre en compte. Un des aspects importants de ce support concerne l’aide proposée par les autres utilisateurs. Le choix est encore une fois dépendant de votre profil (débutant, confirmé, expert), mais dans les grandes lignes, il faut noter que Fedora et openSUSE ont une communauté experte et importante (peut-être moins orientée débutant), Ubuntu a une communauté très active, un peu moins expérimentée (Ubuntu est la plus récente des distributions, ses utilisateurs sont un peu plus jeunes :-)) et Mandriva a une communauté active, expérimentée mais un peu désorganisée (une « nouvelle vague » d’utilisateurs « web 2.0 » est apparue l’année dernière et contribue à apporter une cohérence d’ensemble). D’une manière générale, la compétition entre ces quatre distributions est bénéfique, certains utilisateurs sont en effet connaisseurs de plusieurs distributions, ce qui participe à diffuser les améliorations apportées par les « concurrents ». Finalement, tout le monde y gagne, c’est la philosophie du libre qui trouve et prouve là tout son intérêt. Derniers critères de décision Les distributions sont présentées pour une architecture donnée (i386, www.linuxidentit y.com Figure 11. Drakguard, l’outil de contrôle parental, permet de limiter l’accès à internet par la plage horaire et par une liste de sites autorisés (liste blanche) ou interdits (liste noire) i586, i686) Cependant, pour une utilisation « normale », ces paramètres de compilation n’ont que peu d’importance sur le ressenti global (bien évidemment, cela joue dans le cas de quelques applications, mais pour le lancement d’OpenOffice.org, c’est de l’ordre du négligeable). Vous trouverez une comparaison chiffrée dans l’article dédié à ces tests « objectifs », effectués avec la suite logicielle « phoronix-test-suite ». D’un autre côté, quand il s’agit de performances, il est un outil qui surpasse les autres (et de loin), il s’agit de Synaptic, l’installeur de paquets de la distribution Ubuntu. Pour télécharger, installer et configurer les 179 mises à jour disponibles depuis la sortie de la distribution, il lui a fallu moins de 15 minutes ! openSUSE et Mandriva ont procédé aux mises à jour par petites étapes (téléchargement d’une partie des mises à jour, puis nouvelle notification de la présence de nouveaux paquets à atualiser). Fedora a été… lent (pour un nombre de pa- Figure 12. YaST 2, le puissant outil de configuration d’openSUSE permet de configurer très finement son système mais demande une bonne expertise d’un système GNU/Linux pour être exploité au maximum de ses possibilités 15 Comparaison des distributions Figure 13. L’incorporation de FlashPlayer par défaut permet aux utilisateurs de visionner les vidéos (sur des sites comme YouTube) sans configuration additionnelle quets assez comparable entre les distributions). Enfin, il faut parler de l’internationalisation du système (la francisation en ce qui nous concerne). Vous avez dû vous en apercevoir au fur et à mesure des illustrations présentées dans cet article, mais certains outils sont parfois (trop souvent chez openSUSE) encore en anglais. Ubuntu présente aussi quelques lacunes à ce niveau, Fedora est très bon, mais c’est Mandriva qui présente un niveau de traduction presque parfait (et qui inclut par défaut le plus grand nombre de traductions de logiciels). Si la langue de Molière est la seule que vous maîtrisez vraiment, ce critère devrait vous aider si vous n’étiez pas encore décidé. Conclusion Le choix d’une distribution GNU/ Linux relève plus d’un casse-tête que d’un choix évident. En fonction de votre profil de compétences actuel (qui va évoluer), de votre besoin professionnel (idem), de votre attente concernant les outils de configuration, du respect de notre belle langue, des performances d’une application ou d’une autre et probablement de « l’effet de mode », vous serez enclin à tester en priorité une distribution. Souvent, le critère du support matériel entre en considération (par rapport au média du magazine, Mandriva devrait vous apporter la meilleure expérience de ce point de vue), mais vous vous rendrez compte que d’autres entrent en jeu (est-ce que j’arrive à utiliser la distribution Figure 14. Ubuntu offre le choix à l’utilisateur d’uti- comme j’aimerai le faire, est-ce que liser ou non les pilotes propriétaires 16 je peux faire le montage vidéo de mes films de vacances, est-ce que la version n+1 de la distribution me permettra toujours de classer mes photos ?). Nous avons essayé, à travers cet article, de vous présenter quelques pistes et écueils à éviter pour affiner vos besoins. Si vous vous en sentez d’humeur, vous pouvez même tester les quatre environnements, les installer, et « vivre avec » un certain temps afin de valider votre choix. Vous pourrez ainsi apprécier la diversité du libre et les points forts et faibles qui n’auraient pas pu être développés faute de place ou de « sensibilité » de ma part. La balle est maintenant dans votre camp ! Pour aller plus loin JJ JJ JJ JJ JJ JJ JJ JJ JJ JJ JJ JJ JJ JJ JJ JJ JJ JJ JJ JJ http://distrowatch.com http://www.redhat.com/ https://fedoraproject.org/ https://fedoraproject.org/ wiki/Fedora_Project_Wiki http://www.mandriva.com/fr http://www.mandriva.com/ enterprise/fr/societe/presse/ mandriva-annonce-la-creation-de-mandriva-linux-assembly http://www.mandrivafr.org/ http://www.bitburners.com/ articles/the-best-linux-distributions-of-spring-2008 http://www.novell.com/ http://www.opensuse.org/fr/ http://www.ubuntu.com/ http://projects.gnome.org/ http://userbase.kde.org/ Plasma_(fr) http://userbase.kde.org/Dolphin_(fr) http://userbase.kde.org/Applications/Desktop_(fr) http://doc.fedora-fr.org/wiki/ Carte_NVIDIA_:_installation_ des_pilotes http://doc.fedora-fr.org/wiki/ Carte_ATI_:_installation_des_ pilotes http://fr.opensuse.org/ATI http://fr.opensuse.org/NVIDIA http://www.phoronix-test-suite.com linux identit y PACK