La leçon du 12 juillet 2008 - Jean

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La leçon du 12 juillet 2008 - Jean
La leçon du 12 juillet 2008
Dakar le 12 juillet 2008 à 20h, quartier des Almadies
Karim dinait tranquillement chez lui avec Ismaël depuis 30min, un repas de prince dans une
ambiance royale. Ils se trouvaient à la majestueuse table de huit que possédait Karim dans sa salle à
manger. L’atmosphère était parfaite d’un fond sonore made in Jay-Z et d’un écran plasma en mode
sourdine, sur lequel des clips vidéos tentaient d’attirer l’attention des deux maîtres du moment.
Tout était opulence chez ces deux amis de 27 ans. Ils étaient comme on le disait dans le milieu à
Dakar, des « Jeunes Cadres Dynamiques ». Karim travaillait dans une grande banque Africaine,
société fondée par un groupe de milliardaires, avec pour ambition de faire tomber les compagnies
occidentales installées. Pour cela, il fallait tenter de recruter les meilleurs, leur proposer un salaire
attractif, une voiture de fonction et cultiver leur ambition de faire grandir l’Afrique.
Et Karim faisait partie des meilleurs, diplômé du fameux MBA de University of California Los-Angeles
(UCLA). La voiture de fonction, il n’en avait pas besoin. Dès son retour au Sénégal et avant même
qu’il ne commence à travailler au sein de la Banque pour la Construction Africaine, ses parents lui
avaient offert un appartement et une Mercedes, la marque de réussite africaine.
Ismaël quant à lui, était ingénieur télécom diplômé d’une grande école française. Il travaillait pour
l’un des plus grands opérateurs de téléphonie mobile du continent. Lui aussi disposait d’un
appartement et d’une voiture financés par papa et maman.
Bien que vivant chacun seul, l’appartement de Karim était un peu celui d’Ismaël et réciproquement.
Ils étaient inséparables sauf lorsqu’une fille entrait dans la vie de l’un deux, surtout dans celle de
Karim. Ce dernier était plutôt du style Don Juan comme il se définissait lui-même, tandis que son
meilleur ami était célibataire à la recherche de l’âme sœur.
La servante de Karim avait préparé des grillades façon barbecue, qu’ils dégustaient avec une
farandole d’accompagnements : riz thaïlandais, banane plantain, tieboudien, et cetera. Pendant le
festin, ils parlèrent de la politique au Sénégal, de l’avenir de l’Afrique, des filles, - encore des filles - et
de leur prochain achat de voiture de luxe.
Ils avaient adopté ce rituel, le diner chez Karim tous les samedis et le déjeuner chez Ismaël le
dimanche. Le samedi nuit était réservé aux clubs chics de Dakar et le dimanche matin, à la grasse
matinée hebdomadaire. Ce soir là, comme tous les autres samedis, un programme chargé et
complexe était prévu.
A 20h45 l’alarme du téléphone de Karim sonna, il était temps d’écourter le repas et les discussions
dignes de gens qui se croyaient maîtres du monde. Comme à son habitude, le JCD (Jeune Cadre
Dynamique) réglait tout au millimètre près, enfin presque.
« RDV à 23h devant le café de Paris ! » lança Karim Faye.
Dakar le 12 juillet 2008, 20h, quartier Yoff
Ce jour là, c’était le 29ième anniversaire de Fatou. Comme chaque année, elle allait convier ses
proches à une soirée dans un lounge du centre ville, puis après ce serait boite de nuit.
Le rendez-vous était fixé à 21h. Ils seraient précisément 8 si personne ne faisait faux bon. Elle avait
l’habitude de célébrer son anniversaire sobrement avec ses 3 amies proches mais cette fois-ci, le
cercle était élargi par concours de circonstances. Il y aurait entre autre son nouveau petit ami qui
avait promis d’être présent. Cela faisait seulement 2 mois qu’ils étaient ensemble, et bien qu’elle
semblait avoir affaire à un vrai business man, il n’avait jamais prétexté travailler un samedi soir pour
ne pas être à ses côtés lorsqu’elle le désirait.
Elle était un peu méfiante des hommes depuis ses précédentes expériences, mais celui là semblait
différent. Il avait une façon distante de vivre la relation étant assez discret, mais cela ne l’empêchait
pas d’être très attentionné. Ça devait être sa façon de débuter une aventure, se disait-elle. S’il était
faux et qu’elle le découvrait, elle s’en séparerait sur le champ.
Elle s’apprêta sans trop tarder. Son groupe d’amies n’était pas le plus ponctuel, mais son copain
l’avait toujours été jusqu’à présent.
Elle avait déjà préparé sa tenue achetée deux semaines auparavant chez un revendeur de la marque
Nina Ricci. Une robe de soirée uniquement pour l’occasion parce que les moyens, elle en avait. Elle
était indépendante de ses parents depuis quelques années et avait un poste de responsable
marketing dans une importante compagnie de télécommunication.
Sa compagnie présente à l’internationale, elle avait demandé une expatriation de 2 ans en Côte
d’Ivoire, question de voir autre chose. Même si des rumeurs couraient qu’une autre responsable
marketing irait pour le poste à Abidjan, elle y croyait toujours et attendait sereinement la décision du
manager à la fin de ce mois.
Bientôt prête, elle passa un coup de fil à sa sœur pour lui rappeler l’heure du rendez-vous : « 21h ! Et
tu n’as pas intérêt à venir en retard, sinon ce sera la première et la dernière fois que tu viendras à ma
soirée d’anniversaire ! ». La voir à l’heure, c’était mal connaitre sa petite sœur. De toute façon, Fatou
n’avait pas l’intention de l’attendre pour commencer le cocktail. Elle avait accepté que Maymouna
vienne avec sa nouvelle amie, mais ça ne l’empêcherait pas de lui faire une remarque désobligeante
si elle perpétuait sa réputation en arrivant en retard.
Avant de quitter son appartement, elle passa un coup de fil à son petit ami qui se préparait. Elle
appela aussi ses 3 amies, qui étaient toutes en route. Au moins une bonne partie du groupe serait à
l’heure, pour une fois.
Dakar le 12 juillet 2008 à 20h30, quartier du Plateau
Sanata, étudiante en école de gestion, avait tout préparé pour la petite soirée d’anniversaire. Deux
ans de relation, ça méritait bien une coupe de champagne, quelques fraises, et plus… Elle préparait
une ambiance romantique aux senteurs cœur de violette, sur un fond sonore du lover R. Kelly.
Malheureusement, son cher et tendre avait prévenu qu’il ne durerait pas. Cela dit, c’était pour la
bonne cause. Elle aussi avait alors prévu une petite sortie après l’apéritif romantique. Elle ne lui en
avait pas encore parlé mais après tout, ce n’était qu’une petite sortie.
Elle était plus que fière d’avoir réalisé 2 ans de relation, amoureuse et épanouie. Même si le couple
avait connu des bas, les hauts prenaient largement le dessus dans son esprit. Elle avait eu quelques
fois des soupçons d’infidélité de la part de Kifa, mais elle n’avait jamais eu de certitudes. Elle le
quitterait sinon, parce qu’intransigeante au sujet de la fidélité.
Pendant qu’elle était encore en train de finaliser l’ambiance de ses lieux, Kifa sonna. Il était 21h15, ce
qui avait du sens car ce dernier avait toujours un peu de retard, confondant l’heure à laquelle il
devait être à un rendez-vous, et l’heure à laquelle il devait quitter chez lui. Pendant qu’elle lui ouvrait
et qu’il montait, elle repensa à leurs débuts.
Ils s’étaient rencontrés pendant que Kifa était à l’Université. Il étudiait à l’étranger et était rentré
durant l’été 2006 comme chaque année. Il avait été séduit en boite de nuit (l’unique fois où elle y
avait mis les pieds). Puis les choses étaient allées très vite, peu de filles résistaient à cet homme
semblait-il.
Et depuis, c’était l’amour fou. Ils se voyaient plutôt en semaine car les week end elle rentrait chez ses
parents. Et bien que ses parents connaissaient son homme, elle préférait ne pas le faire venir trop
souvent au domicile familial.
Ce samedi, elle était restée exceptionnellement à son appartement pour plus de liberté. Elle le faisait
une fois de temps à autres pour passer du temps avec Kifa le week end. Cette fois-ci méritait
vraiment qu’elle le fasse, même s’ils ne se verraient qu’une heure. L’évènement valait le coup.
Kifa monta à son appartement, un cadeau en main, le parfum « J’adore » de Christian Dior. Cet
homme avait toutes les qualités, dont la plus importante pour elle après la fidélité, l’attention. Leur
soirée débuta, après qu’ils aient trinqué à leurs 2 ans. Romantisme, passion et érotisme étaient de
rigueur.
Malheureusement, Kifa avait un impératif : rentrer voir son frère malade. 1h30 après qu’il soit venu,
il dut s’en aller. Elle aussi commença à se préparer pour une sortie rapide avec sa nouvelle amie.
Dakar le 12 juillet 2008, 22h45
En route pour le Café de Paris dans sa Mercedes classe A, Karim passa un coup de fil à Ismaël pour
savoir où il en était. Ce dernier était rentré chez lui après leur diner et avait pu regarder le début du
fameux classique français PSG / OM, via son satellite.
Ayant dû interrompre son match pour ne pas être en retard, il put confirmer à Karim qu’il serait bien
devant le Café de Paris pour 23h00. A l’heure convenue, les deux se retrouvèrent devant le lounge.
Le portier leur demanda s’ils disposaient d’une invitation ou d’une réservation. « Nous sommes
invités pour le cocktail d’anniversaire de Fatou Diop ». Il vérifia leur nom sur la liste établie par Fatou,
et les laissa entrer.
Fatou, qui était quasi désespérée de ne pas voir son petit ami tenir sa promesse, cru avoir des
palpitations en le voyant arriver. Ils avaient près de 2h de retard son ami et lui. Elle voulut savoir
pourquoi, mais Karim qui n’avait pas la réputation d’être un menteur avait répliqué aussitôt « nous
avons eu une urgence à gérer ». Il donnerait les détails plus tard se dit-elle, ce n’était ni le moment ni
le plus important.
Karim n’aimait pas trop s’afficher ouvertement avec Fatou. Ils étaient ensemble depuis quelques
mois et comme il le disait souvent, c’était le début, et pour débuter une relation solide il fallait
commencer discrètement.
Ils s’étaient rencontrés lors d’un after-work au sein de la compagnie d’Ismaël dans laquelle Fatou
travaillait également. Ismaël, ce jeudi 24 avril là, n’avait pas imaginé que suite aux présentations qu’il
orchestrait, les deux sortiraient ensemble deux semaines plus tard. Karim avait été séduit, et peu de
filles lui résistaient.
Mais Ismaël savait que Karim désirait une aventure éphémère. Sachant que Fatou envisageait une
expatriation d’ici quelques mois, il s’en séparerait à cette occasion. Mais cette expatriation était de
moins en moins certaine, et ni Ismaël, ni Fatou, n’avait informé Karim qu’elle risquait finalement de
rester à Dakar. Fatou pensa que dans ce cas de figure, se serait une bonne nouvelle pour sa relation,
Karim ne serait certainement pas du même avis.
La soirée se déroulait dans une ambiance sympathique et détendue. Ce n’était pas la première fois
qu’il rencontrait ses amies, mais serait la première fois qu’il ferait la connaissance de sa petite sœur
Maymouna, qui à ce propos honorait sa réputation d’éternelle retardataire en n’étant toujours pas
arrivée.
Dakar le 12 juillet 2008, minuit au café de Paris
Le petite sœur Maymouna se présenta enfin à l’entrée du club. Elle était avec son amie Sanata
comme prévu. Elles n’avaient pas pu venir plus tôt parce que Sanata avait un rendez-vous important
avec son petit ami Kifa, ils célébraient ce jour là leur 2 ans de relation.
Maymouna avait décidé d’inviter à cette soirée sa nouvelle amie de classe (3ième année universitaire
d’école de gestion) parce qu’elle la trouvait trop renfermée. Elle voulait pour une fois, l’arracher de
son trio magique : études, famille, Kifa. 23 ans était l’âge de sortir et se faire des amis. Mais Sanata
avait l’air d’être un peu à l’écart de la jeunesse nocturne de Dakar. Depuis qu’elle était revenue de
France où elle avait fait deux années de lycée (son père avait été en expatriation), elle ne s’était pas
refaite à la vie Dakaroise et ne vivait qu’au sein de son trio magique.
Mais ce soir là, elle ferait un tour dans le chic et très connu « café de paris ». Kifa quant à lui, avait dû
rester près de son frère qui était souffrant. En réalité c’était plutôt son meilleur ami, mais ils étaient
si proche que tout le monde les croyaient frère et les prenaient comme tels.
A l’entrée du lounge, Fatou les accueillit en lançant une petite remarque sèche à Maymouna
« toujours égale à toi-même, toi ».
L’ambiance semblait assez sympathique. Pendant un instant, Sanata pensa qu’elle devrait fréquenter
ce genre d’endroit plus souvent. Après tout, ça lui permettrait de se changer les idées. Kifa de son
côté était un habitué de la vie nocturne à Dakar. Elle pensa lui proposer à l’avenir, de se joindre à lui
quelques fois. Il était temps qu’elle découvre son monde.
Le salon dans lequel le groupe était assis se trouvait au fond du lounge, au sein du carré VIP. Elle s’y
approchait lentement, devant se faufiler entre le monde qu’il y avait. De loin, elle cru apercevoir une
silhouette qui lui semblait familière.
Kifa ??
N’était-ce pas Karim Faye qui était assis dans le salon privé de Fatou ? (à qui elle avait attribué le
petit sobriquet affectif Kifa, un mixte entre son prénom et son nom). Ce n’était pas possible puisqu’il
devait rester au près de son meilleur ami Ismaël, sensé être souffrant.
Oui c’était bien lui, il avait menti.
Ismaël aussi, aperçut de loin Sanata. Il chuchota à l’oreille de Karim « Sanata est là, je ne sais pas ce
qu’elle fait là mais elle arrive. Il va falloir gérer rapidement sinon tu risques d’être dans de beaux
draps d’ici moins de 2 minutes.»
Karim comprit ce qui lui arrivait. Par un hasard qu’il comprendrait certainement par la suite, ses deux
petites amies, qui n’avaient pas connaissance l’une de l’autre, allaient bientôt se trouver en face de
lui.
Dakar le 12 juillet 2008, au café de Paris, avec tout le monde réunit
Il fallait agir vite, trouver une porte de sortie si tant est qu’il en existait une. Karim avait l’expérience
de l’infidélité, mais pas que ses plans foirent à ce point. Pendant les cinq premières secondes il resta
immobile. Voulant penser à tout à la fois, son esprit se vidait. Mais l’urgence de la situation le
rattrapa très vite, et le questionnement ne tarda pas.
Ce n’était pas le moment de s’énerver sur Sanata et lui demander ce qu’elle faisait là, parce qu’elle
aurait pu lui retourner la même question et tout allait capoter. Il lui fallait gérer les contradictions
dans l’ordre d’importance. Trouver d’abord une solution pour ne pas que les deux filles se rendent
compte de son double jeu, et ensuite justifier ses mensonges sur son programme de la soirée.
Il se posa la question essentielle : « à qui je tiens le plus ? » La réponse était sans appel, Sanata était
bien celle qu’il voulait conserver à tout prix. Pendant dix secondes il élabora un plan qui devait tenir
la route.
Voyant les filles s’approcher il lança à Sanata « Je sais Sanata, tu es surprise de me voir ici, d’ailleurs
moi aussi. Ismaël allait un peu mieux alors nous avons décidé de passer à l’invitation de sa collègue
Fatou ». Pendant que Fatou restait de marbre sans trop comprendre ce qui était en train de se
passer, Ismaël lui murmura « Karim a des choses à te dire, ne fait pas de scandale s’il te plait, il te dira
tout aujourd’hui même ».
Sanata fut un peu frustré de voir son petit ami si à l’aise, avec Ismaël qui n’avait pas l’air d’être
convalescent, même s’il tentait de le faire croire. Elle lui lança :
-
Tu aurais quand même pu m’appeler pour me dire que finalement tu sortais avec Ismaël !
Oui mais ça a été assez rapide.
Même. Enfin bon, ce n’est pas le moment laissons tomber.
Sa frustration ne dura pas longtemps. Elle avait toujours été dominé par son petit ami. Il avait
instauré un rapport d’autorité qui déséquilibrait totalement leur relation, et elle l’acceptait.
Pendant ce temps Fatou avait l’impression que le ciel lui tombait sur la tête. Son nouveau copain
avait en réalité quelqu’un dans sa vie, il n’était donc qu’un vulgaire trompeur. Estomaquée et
tellement surprise, il lui était impossible de faire un scandale ni d’avoir la moindre réaction qui ferait
éclater la vérité. Elle semblait néanmoins devenue préoccupée, ce qui n’échappait à personne. Elle
justifia ses troubles par un soudain mal de tête et devenait très impatiente que la soirée se termine.
Elle se dirigea vers la piste de danse avec l’une de ses meilleures amies, prétextant vouloir danser au
milieu de la foule plutôt qu’au sein du carré VIP. En réalité, observer ce couple sous ses yeux risquait
de lui donner une crise.
La soirée s’acheva sans scandale. Ismaël demanda à Karim de le raccompagner car ses maux
d’estomac refaisaient surface (mensonge). Sanata, un peu troublée parce que son inconscient lui
disait que quelque chose ne tournait pas rond, décida aussi de s’en aller puisqu’elle n’était pas
sensée rester trop longtemps.
Fatou quant à elle, proposa à ses invités que la soirée en boite de nuit qui était prévue après le
lounge, soit reportée sans faute au vendredi d’après. Ses meilleures amies avaient bien compris ce
qui venait de se passer, et acceptèrent sans aucune objection.
Dakar le 12 juillet 2008, fin d’une longue soirée
Karim avait conservé Sanata, mais perdu Fatou. Après la soirée au Café de Paris, il s’était réfugié chez
Ismaël. Les deux amis s’étaient repassés le film de la soirée, tentant de comprendre ce qui n’avait pas
tourné rond. Mais le bilan n’était pas si catastrophique, après tout il n’avait perdu qu’une seule des
deux, et son double jeu n’avait pas été totalement découvert.
Craignant que Sanata n’entre dans une phase de suspicion, il décida d’aller chez elle. Elle ne s’était
pas encore endormie après la soirée, toujours un peu mitigée par une soirée mi figue, mi raisin.
Karim était venu s’excuser d’être sorti avec Ismaël sans lui avoir dit. Il Jura qu’Ismaël était bien
souffrant en début de soirée, et que l’escapade au lounge n’était pas prévue.
Elle aussi s’excusa de ne pas l’avoir prévenu qu’elle irait faire un tour avec sa nouvelle amie. Tout
était bien qui finissait bien. Ils se quittèrent au bout d’une heure, après un moment de tendresse
pour tout oublier.
Mais comme un guerrier qui ne voulait perdre aucune bataille, il prit la route en direction de chez
Fatou.
Arrivé, elle hésita quelques minutes avant de lui ouvrir sa porte, ne voulant plus entendre parler de
lui. Mais en réalité, Fatou était moins catégorique qu’elle en donnait l’air. Elle avait eu de très
mauvaises expériences avec les hommes, et avait malheureusement commencé à s’y accommoder.
L’infidélité et le mensonge étaient pour elle la seconde nature du sexe masculin. De plus, celui là
avait peut-être l’intention de construire une relation avec elle, et avait juste besoin de temps pour
rompre avec son actuelle copine. Il lui avait caché cette relation, ne voulant pas risquer de la perdre
tant qu’il n’aurait pas rompu avec Sanata.
Et ce fut exactement le discours qu’il lui sortit quelques minutes plus tard. Ce genre de propos aussi
prévisibles étaient rarement sincères, mais elle s’efforçait d’y croire. En quête de l’âme sœur depuis
près d’une dizaine d’années, plus mal ses expériences se passaient, plus elle acceptait l’inacceptable.
Elle lui fit part du cauchemar qu’elle avait vécu durant la soirée, et Karim y répondait avec un air
compassionnel.
-
Je te comprends et je m’en excuse, sache que pour rien au monde je t’aurais fait vivre
volontairement une telle situation. J’en suis profondément désolé.
Karim le Don Juan, lui fit toutes les promesses qu’il ne tiendrait évidemment pas. C’était le début
d’une nouvelle étape dans sa vie, la journée du 12 juillet 2008 se terminait par une leçon
importante : il pourrait mener une double vie beaucoup plus facilement qu’il le pensait.
Sanata n’ayant pas voulu écouter son intuition, avait elle aussi envoyé les mauvais signaux à son Kifa
et en subirait les conséquences pendant longtemps.
Ismaël quant à lui, restait toujours en quête de l’âme sœur, à l’opposé de Karim. Si proches, et
pourtant si différents.
Jean-Philippe ASSOUAN