Condom Ancienne cathédrale Saint

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Condom Ancienne cathédrale Saint
PATRIMOINE Midi‐Pyrénées Service connaissance du patrimoine DCAV ‐ Région Midi‐Pyrénées Condom Ancienne cathédrale Saint‐Pierre Notice historique
Sonia Gois Da Costa Juillet 2011 Fig. 1 : Vue aérienne, Condom (Gers), église
paroissiale. Henrard, Roger, (c) Inventaire Général,
Région Midi-Pyrénées.
L’histoire de l’ancienne cathédrale Saint-Pierre de
Condom, actuellement église paroissiale (fig. 1 et 2),
est très ancienne. Des fouilles archéologiques menées
aux abords de l’édifice, dans les années 1980, ont
confirmé l’existence d’une église primitive dès le VIIe
siècle1.
Le premier témoignage écrit sur l’église de Condom
remonte au Xe siècle2. Il a été rédigé par un moine
anonyme de Condom3 qui a retracé toute l’histoire de la
fondation de l’abbaye depuis ses origines. Son récit
légendaire et empreint de merveilleux contient
quelques éléments intéressants sur la création de
l’édifice primitif : c’est le pape Léon III et saint Areste
qui ont consacré une église à Condom, dédiée au saint
Sauveur4, en 804.
Cette église primitive a été détruite par les Normands
dans les années 840-8505.
Au début du Xe siècle, Garsie, comte de Gascogne, et
sa femme Emma, avaient fait plusieurs donations6 en
faveur de la restauration du bâtiment. La famille
comtale transforma alors l’église en monastère
bénédictin dédié à saint Pierre7.
Mais, ce n’est qu’en 1011 que la fondation du
monastère est réellement attestée. Le pape Serge IV
accorda à Hugues8, abbé d’Agen, la construction d’une
grande abbatiale.
Fig. 2 : Vue aérienne, Condom (Gers), église
paroissiale. Henrard, Roger, (c) Inventaire Général
Région Midi-Pyrénées.
Deux siècles plus tard, la bulle du pape Jean XXII,
datée du 13 août 1317, créa le diocèse de Condom.
L’église abbatiale fut érigée en cathédrale Saint-Pierre
de Condom9, mais les moines bénédictins continuèrent
à former le chapitre jusqu’au XIVe siècle10. En 1368,
une bulle d’Urbain V attirait l’attention sur le mauvais
état de l’édifice qui menaçait ruine11.
Des travaux furent alors entrepris pour améliorer
l’état de l’édifice sous l’épiscopat de Bernard Alaman
(1369-1401)12. Il fit construire le chevet et l’église
1
BLED, 2000, p. 12.
L’ Historia Abbatiae Condomiensis in Aquitania Secunda. Ce manuscrit fait parti du Cartulaire de Condom
conservé aux Archives Départementales du Gers.
3
MUSSOT-GOULARD, 1974, p. 132.
4
MUSSOT-GOULARD, 1988.
5
POLGE, 1967 ; GARDELLES, 1992 ; BALAGNA, 2000 ; BLED, 2000.
6
BALAGNA, 2000, Tome IV, p. 221.
7
Ibid.
8
Neveu du duc Guillaume-Sanche de Gascogne.
9
GARDELLES, 1992, p. 88 ; DURLIAT, 1974, p. 146.
10
GARDELLES, 1992, p. 87.
11
DURLIAT, 1974, p. 146.
12
DURLIAT, 1974.
2
paroissiale Saint-Nicolas, à la demande des consuls et
de la communauté, contre le flanc sud de la
cathédrale13. Il fit aussi construire une chapelle
absidale, dédiée à Notre-Dame14, dont une des clés de
voûte (fig. 3) porte encore les armes de Bernard
Alaman.
Fig. 3 : Clefs de voûtes Saint-Pierre de Condom (Gers).
Estève, Georges - Ministère de la Culture (France),
Médiathèque de l'architecture et du patrimoine,
À sa suite, Antoine de Pompadour, évêque de
Condom de 1486 à 1496, fit construire un clocher sur
la façade occidentale15. En 1506, il s’effondra en partie
provoquant la chute de trois chapelles. Dès lors, ce fut
l’édifice tout entier qui menaçait de s’écrouler. Par
conséquent, Jean Marre16, évêque de Condom de 1496
à 1521, se lança dans de grands travaux de
reconstruction qu’il confia à Michel Conches, maîtremaçon de Condom17. Les travaux commencèrent en
1507 et s’achevèrent sous l’épiscopat de Hérard de
Grossoles qui fit construire et achever la sacristie, la
salle capitulaire, la chaire, la clôture du chœur, le
retable du maître-autel, le cloître (fig. 4), la chapelle
Sainte-Catherine18 et la chapelle de l’évêque19. Il
consacra l’édifice le 15 octobre 1531.
En 1569-1570, Montgomery, aidé des protestants
de Condom20, saccagea la ville. La cathédrale de SaintPierre ne fut pas épargnée par le massacre21. Tout le
mobilier intérieur, les vitraux, les ornements, le chœur,
les portails et la décoration extérieure furent détruits ou
volés. Seule la toiture de l’édifice et les murs furent
épargnés contre le paiement d’une rançon de 10 000
écus payée par la communauté de Condom22.
À la suite des guerres de religion, les travaux de
restaurations et de reconstructions de l’édifice
tardèrent. Ils ne commencèrent qu’au début du XVIIe
siècle par décision du parlement de Bordeaux et des
consuls de Condom23.
Fig. 4 : Cloître, Saint-Pierre de Condom (Gers).
Alice de la Taille, inventaire général, Région MidiPyrénées
13
BALAGNA, 2000, Tome IV, p. 222 ; DURLIAT, 1974, p. 149. Cependant, pour Marcel DURLIAT, l’église
Saint-Nicolas a été construite par la communauté de Condom et sous l’épiscopat de Hérard de Grossoles.
14
DURLIAT, 1974, p. 146.
15
POLGE, 1967, p. 48.
16
DURLIAT, 1974, p. 146-147 : « Jean Marre […] avait manifesté des qualités de bâtisseur. A Auch […] il
avait contribué pour une large part au démarrage des travaux de reconstruction de la cathédrale. Il avait rebâti
également l’église d’Eauze… ».
17
POLGE, 1667, p. 48 ; BALAGNA, 2000, Tome II, p. 402 ; DURLIAT, 1974, p. 146.
18
BALAGNA, 2000, Tome II, p. 403.
19
POLGE, 1967 ; BALAGNA, 2000 ; BLED 2000.
20
POLGE, 1967, p. 48.
21
DURLIAT, 1974, p. 149.
22
POLGE, 1967 ; GARDELLES, 1992, p. 89 ; DURLIAT, 1974, p. 149.
23
DURLIAT, 1974, p. 149.
En 1600, Louis Behorri, huchier toulousain,
reconstitua un chœur en chêne et les stalles. En
1605, Raymond Daunassens confectionna le grand
orgue24 (fig. 5). Ensuite, les vitraux furent refaits
les uns après les autres par François Bierges, verrier
de Gimont, Pierre Autipout, verrier d’Auch, Arnaud
Soton, verrier de Bordeaux et Jean Pisset,
« apresteur » de Carcassonne25. De 1617 à 1620, la
charpente fut refaite, ainsi que la voûte de la petite
travée située au nord du clocher. En 1652, l’évêque
Jean d’Estrades (1648-1659) fit faire un retable en
bois de noyer pour le maître-autel, un tableau peint
par François Fayet.
Fig. 5 : Orgue de tribune, Alice de la Taille, inventaire
général, Région Midi-Pyrénées
Fig. 6 : Choeur de Saint-Pierre de Condom (Gers).
Estève, Georges - Ministère de la Culture (France),
Médiathèque de l'architecture et du patrimoine,
24
La Révolution supprima l’évêché de Condom
et provoqua d’importantes destructions26 au niveau
du chœur, des vitraux, du retable du maître-autel,
des autels, de la chaire, des mausolées des anciens
évêques de Condom et des statues. Désaffectée, la
cathédrale servit de magasin de fourrage, le cloître
d’écurie et l’église Saint-Nicolas hébergea un atelier
de salpêtre27.
Saint-Pierre de Condom fut rendu au culte lors du
Concordat, en 1801. L’édifice perdit son statut de
cathédrale et devint une simple église paroissiale28.
L’édifice fut restauré durant tout le XIXe siècle.
En 182529, l’église Saint-Nicolas fut détruite au profit
d’une grande place pour accueillir une halle. Contre
les murs de l’église Saint-Pierre une galerie fut
construite pour accueillir des boutiques, mais elle fut
détruite à la fin du XIXe siècle. En 1835, la
restauration concerna la « décoration sculptée des
chapelles avec les retables, les crédences, les piscines
et les niches pour les statues »30. En 1841, les clefs
de voûtes furent repeintes par Penottini, peintre
italien et la nef fut entièrement remise en état.
En 1843-1844, la reconstruction du chœur fut lancée
sous la direction d’Alexandre Du Mège. Pour ce
nouveau chœur, il prit le parti de s’inspirer de celui de
la cathédrale Sainte-Cécile d’Albi. Les travaux furent
confiés aux frères Virebent qui réalisèrent la clôture
du chœur en terre cuite moulée (fig. 6)31, la chaire à
prêcher, les statues et les ornements en fausse
pierre.
Ibid., p. 150.
POLGE, 1967, p. 48-49 ; DURLIAT, 1974, p. 150.
26
DURLIAT, 1974, p. 150.
27
Ibid.
28
GARDELLES, 1992, p. 89.
29
BLED, 2000, p. 33 ; 1829 pour DURLIAT, 1974, p. 150.
30
DURLIAT, 1974, p. 150.
31
DURLIAT, 1974, p. 154.
25
Seul le soubassement, réalisé par les maçons Jean Castex et Antoine Bajole, fut
réalisé en pierre véritable. La première pierre du chœur fut posée le jour de la fête de
saint Pierre, le 29 juin. Les travaux du chœur s’achevèrent un an après32.
La restauration des vitraux commença en 1858 sous la direction de l’abbé Goussard. Ce
dernier réalisa également un programme iconographique pour les vitraux (coloriés et
historiés) de la chapelle de la Vierge et pour ceux qui encadrent le chœur(Fig . 7) Les
vitraux de la nef quant à eux se composent de grisailles géométriques33.
Fig. 7 : Vue des verrières hautes du chœur, Alice de la Taille, inventaire général,
Région Midi-Pyrénées,
Enfin dans les années 1869-1870, l’architecte Hippolyte Duran posa un nouveau clocher
et fit refaire l’actuel tympan, sculpté par Menvielle, au portail occidental34. En 1880, la
voûte basse du clocher fut également refaite.
L’ancienne cathédrale Saint-Pierre de Condom n’a pas connu de modifications majeures
durant le XXe siècle. Hormis l’entretien régulier de l’édifice et quelques restaurations.
Néanmoins, notons que la sécheresse de 1989 déclencha des problèmes de stabilité du
bâtiment. Un vaste programme de consolidation des fondations fut lancé en 1991. Une
restauration de la chapelle Notre-Dame, partie la plus ancienne de l’édifice, était
également lancée en 199735.
32
BLED, 2000, p. 33.
Ibid., p. 43.
34
POLGE, 1967, p. 49 ; DURLIAT, 1974, p. 152.
35
BLED, 2000, p. 47.
33

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