Les requins de la Mer de Corail

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Les requins de la Mer de Corail
COMMUNIQUE DE PRESSE
Nouméa, le 15/07/2015.
www.nouvelle-caledonie.ird.fr
PROJET APEX | mission océanographique du 13 au 31 juillet 2015 Les requins de la Mer de Corail Etudier les requins des récifs les plus vierges de la planète afin de contribuer à la mise en place d’une des plus grandes aires marines protégées du monde pour améliorer la protection de ces grands prédateurs emblématiques, menacés et très mal connus : telle est la mission d’une équipe de biologistes marins dirigée par Laurent Vigliola du centre IRD de Nouméa et de David Mouillot de l’Université de Montpellier. La première campagne océanographique de ce projet nommé APEX se déroulera aux atolls d’Entrecasteaux et dans le Grand Lagon Nord du 15 au 31 juillet 2015 à bord de l’Amborella, le navire du Gouvernement de la Nouvelle‐
Calédonie. APEX, mot qui signifie « sommet » en latin, est le nom de ce projet scientifique financé pour quatre années par la Fondation Total, avec le soutien du Gouvernement de la Nouvelle‐Calédonie et en partenariat avec le PEW Charitable Trusts. APEX, c’est aussi le rôle joué par les requins dans les récifs coralliens : étant des prédateurs supérieurs ou apicaux (au sommet de la chaine alimentaire), les requins jouent un rôle crucial pour le bon fonctionnement des écosystèmes marins. Cependant, ces espèces sont parmi les plus vulnérables et Mesure de l’abondance et la taille des requins du Grand Lagon Nord de la Nouvelle‐Calédonie par cameras stéréo appâtées. © IRD / L. Vigliola menacées des océans en raison d’une exploitation trop importante par la pêche, un braconnage incontrôlé, et une sensibilité très forte aux activités humaines. Service ISC
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Dans leur précédant projet PRISTINE, la même équipe scientifique avait montré que l’abondance des requins avait chuté de 80 % en Nouvelle‐Calédonie. Or, dans ce pays, la pêche au requin est quasiment inexistante. Du coup, le déclin des requins dans cette île du Pacifique est un vrai mystère que le projet APEX vise à élucider. Il permettra aussi de collecter des informations nouvelles sur la biologie des requins en vue de contribuer à une meilleure définition du périmètre des aires marines protégées et, ainsi, améliorer la protection des grands prédateurs apicaux tels que les requins. La haute‐technologie sur des requins Comment étudier les grands prédateurs marins alors que ceux‐ci peuvent nager des dizaines, voire des centaines de kilomètres en quelques jours dans l’immensité des océans ? La réponse réside dans les nouvelles technologies qui permettent aujourd’hui d’étudier les requins à distance. Il est par exemple possible d’utiliser un réseau de stations d’écoute sous‐marine qui indiquera précisément la position des animaux équipés d’émetteurs radio acoustique. Techniquement, à chaque fois qu’un requin passera à proximité d’une station d’écoute, la petite puce électronique insérée chirurgicalement sous sa peau émettra un signal qui sera enregistré par le récepteur de la station d’écoute. Marquage d’un requin tigre de 3,60 m dans les récifs de Chesterfield en Nouvelle‐
Calédonie. © MA / E. Clua Contact : Laurent Vigliola [email protected] Tél.: +687 724398 (GMT+11) Une autre manière de suivre les requins à distance consiste à les équiper de balises satellites qui enregistrent la position mais aussi l’environnement du requin, par exemple la température de l’eau ou la profondeur. Au bout d’un temps préprogrammé —en général plusieurs mois—, la balise se détachera automatiquement du requin, flottera vers la surface, et transmettra ses données aux scientifiques par communication satellitaire. La miniaturisation des technologies vidéo peut aussi être remarquablement utile pour étudier les requins. En développant des caméras minuscules mais de grande autonomie, les scientifiques peuvent aujourd’hui fixer une caméra embarquée sur la nageoire dorsale des requins et obtenir ainsi un enregistrement de ce que l’animal voit et fait pendant 48 heures. Toutes ces nouvelles technologies seront utilisées dans le projet APEX en combinaison avec d’autres, comme par exemple la vidéo par stéréo‐caméra appâtée qui permet de mesurer l’abondance et la taille des requins par triangulation, une technologie similaire à la 3D. Une équipe internationale Comprendre pourquoi les populations de requin sont en déclin en Nouvelle‐
Calédonie et trouver des solutions pour enrayer ce déclin nécessite l’expertise de nombreux scientifiques. Dans le projet APEX, Laurent Vigliola, chercheur au centre IRD de Nouméa, apportera son expertise sur les poissons des récifs coralliens. David Mouillot, professeur à l’Université de Montpellier est un expert en écologie théorique et sera le leader du volet modélisation mathématique de l’étude. Laurent Dagorn de l'IRD à Sète et Michelle Heupel de l’Australian Institute of Marine Science (AIMS) sont experts en télémétrie acoustique et satellite. Eric Clua du Ministère de l’Agriculture, Mark Meekan et Jeremy Kiszka de l’Université Internationale de Floride sont spécialistes des requins. L’équipe américaine amènera en Nouvelle‐
Calédonie la technologie des caméras embarquées. Le Professeur Jessica Meeuwig de l’Université d’Australie Occidentale et le Dr Tom Letessier de la Société Zoologique de Londres seront en charge des mesures par stéréo‐caméra appâtées. Germain Boussarie et Lucas Bonnin de l’Ecole Normale Supérieure de Lyon seront les deux doctorants du projet. Cette équipe de scientifiques travaillera en étroite liaison avec les gestionnaires, en particulier avec l’Agence , des Aires Marines Le navire océanographique du Gouvernement de la Nouvelle‐Calédonie, l’Amborella. © IRD / JM Boré
Protégées et le Gouvernement de la Nouvelle‐
Calédonie, ce dernier ayant la charge du Parc Naturel de la Mer de Corail et mettant à disposition son navire océanographique, l’Amborella. La Nouvelle‐Calédonie en réseau , Libération d’un requin tigre de 2,60 m équipé d’une balise satellite à Chesterfield, Nouvelle‐Calédonie. © MA / E. Clua
La première campagne du projet Apex aura lieu du 15 au 31 juillet 2015 aux atolls d’Entrecasteaux et dans le Grand Lagon Nord. Les récifs de Chesterfield seront explorés en septembre et le Lagon Sud entre octobre et décembre. Chaque site sera ensuite visité tous les 6 mois. Les informations collectées dans le réseau acoustique de Nouvelle‐Calédonie seront comparées avec celles des autres réseaux de surveillance des requins, notamment celui maintenu par les partenaires australiens dans leur partie de la mer de Corail. Agir maintenant, avant qu’il ne soit trop tard Contact : Laurent Vigliola [email protected] Tél.: +687 724398 (GMT+11) Etudier l’écologie des requins, tout particulièrement dans les récifs coralliens, est un vrai challenge car ils ont déjà disparu de la plupart des récifs. Dans un précédent projet (PRISTINE), cette équipe a montré que les récifs éloignés de la Nouvelle‐
Calédonie étaient dans un état pratiquement vierge d’impact. En fait, ces récifs isolés de Nouvelle‐Calédonie détiennent le nouveau record mondial de biomasse en poissons de récif corallien. Il n’est donc aujourd’hui pas trop tard pour apprendre sur l’écologie des requins en étudiant les propriétés remarquables des récifs vierges de Nouvelle‐Calédonie où les requins et tant d’autres espèces de poissons sont encore très abondants, mais cela doit être fait sans attendre afin d’enrayer le déclin des prédateurs apex tout autour de la planète. Une étude pour informer les décideurs Afin de protéger leur biodiversité marine et notamment enrayer le déclin généralisé des grands prédateurs marins comme les requins, un nombre croissant de pays a récemment décidé d’agir et de créer des aires marines protégées géantes (AMP). Cette tendance a commencé en 2006 à Hawaii avec la création de l’U.S. Marine National Monument où toute exploitation a été interdite dans une zone marine de 362 000 km2. Les iles Chagos (Royaume‐Uni) ont suivi en 2010 avec 640 000 km2 d’océan en réserve marine, puis l’Australie en 2012 avec la création du Parc national marin de la mer de Corail (503 000 km2). La création d’un des parcs marins les plus vastes du monde en Nouvelle‐Calédonie a été actée en avril 2014. Le Gouvernement de la Nouvelle‐
Calédonie a décidé que 95 % (1 300 000 km2) des eaux de Nouvelle‐Calédonie seraient incluses dans le Parc Naturel de la mer de Corail. Ce parc représente 12,7 % de l’espace maritime français et inclus 55 % des récifs coralliens de Nouvelle‐Calédonie. En 2013, le gouvernement de la Nouvelle‐Calédonie avait en outre interdit totalement la pêche au requin dans les eaux placées sous sa compétence. Le Gouvernement travaille actuellement à la mise en place du plan de gestion du parc, ce qui nécessite la compilation de l’information existante et le soutien des initiatives visant à collecter de l’information nouvelle et utile à la protection de l’environnement du parc. La donnée qui sera collectée dans le projet APEX sera fournie en temps réel au Gouvernement pour une gestion mieux informée du Parc Naturel de la mer de Corail. 

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