Cité de l`Innovation - CCI Territoire de Belfort

Transcription

Cité de l`Innovation - CCI Territoire de Belfort
Juin 2011 - JA
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Confidentiel – non achevé
Synopsis
Valorisation de l’histoire industrielle et de la
dynamique actuelle
Dans le cadre du projet
Cité de l’Innovation
Cité Innovation – Synopsis
Juin 2011
- JA
Travaux du Comité
scientifique
et historique
1
Depuis septembre 2009, le projet Cité de l’Innovation est entré dans un
processus de conceptualisation et de concrétisation.
Après la veille muséographique d’octobre 2009 à septembre 2010, la Cité de
l’Innovation s’est entourée d’un comité scientifique et historique, le 22 juin 2010, afin
d’affiner son concept et d’élaborer son contenu.
Grâce à l’association de diverses entités et institutions, des compétences
variées on pu travailler autour de ce projet :
-
Ville de Belfort – Archives municipales ; Direction Développement économique
-
Conseil régional – Service de l’Inventaire du patrimoine
-
Conseil général – Archives départementales du Territoire de Belfort
-
UTBM
-
Laboratoire SeT
-
Laboratoire Femto-ST
-
ESTA
-
Société belfortaine d’émulation
-
Musées des Techniques et Culture Comtoise
-
Académie des Technologie
-
Fédération des équipes Bull
-
Nipson
-
Retraités industriels / chercheurs
-
Différents auteurs de publications sur l’histoire industrielle locale
L’UTBM s’est particulièrement impliquée pour l’enrichissement et le cadrage de ces
travaux, notamment le laboratoire RECITS, dont certains membres animaient les
groupes de travail en collaboration avec la Ville de Belfort.
L’aspect pluridisciplinaire qui caractérise la composition des groupes de travail
confère une richesse particulière aux résultats de ces travaux avec une approche à
la fois historique, philosophique, technique, économique, sociologique, patrimoniale,
etc.
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SOMMAIRE
Partie I : Mode opératoire du Comité scientifique et historique
I. Les objectifs généraux
II. Le groupe Histoire
1. Les membres
2. Les objectifs ciblés
3. La démarche appliquée
III. Le groupe Innovation et mutations
1. Les membres
2. Les objectifs ciblés
3. La démarche appliquée
Partie II : la Longue histoire d’aujourd’hui
I. Tradition industrielle et innovation
1. Du minerai à la construction mécanique
a) A la conquête de la matière première
b) Transformation de la matière première
c) Les industries et les produits
2. De la métallurgie à la puissance
a) Evolution de la locomotive
b) Le TGV
c) Les techniques de production
3. L’énergie électrique
a) Les moteurs
b) Les turbines
II. Ouverture sur le monde
1. A la conquête des marchés mondiaux
a) De l’innovation métallurgique à l’exportation
b) L’énergie : une force de vente pour l’international
2. Du mondial au local
a) Belfort : une vitrine tournée vers le monde
b) Implantations d’entreprises
III. Paysage industriel
1. Un paysage qui conditionne l’industrie
a) Géologie du Territoire de Belfort
b) Des ressources naturelles aux industries
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c) Architecture vernaculaire
2. Une industrie qui façonne le paysage
a) Emancipation des paramètres naturels
b) Belfort, ville nouvelle
c) L’invention d’un site
IV. Paysage social
1. Une démographie dessinée par les implantations industrielles
a) Implantations périphériques initiales
b) Polarisation belfortaine
2. Nouveau cadre de vie et sociabilité
a) Habitat
b) Santé et œuvres sociales
c) Mobilité du personnel
d) Education et loisirs
3. Mouvements sociaux
a) Organisations syndicales et politiques
b) Les événements sociaux
SOURCES
Partie III : Vers un écosystème innovant : Energie et Mobilité
I. Périmètre du projet
1. Définition de l’innovation
a) Un terme multidimensionnel
b) Qui participe d’un imaginaire
2. la culture industrielle au sein de la Cité de l’Innovation
a) Le message
b) La position de la Cité de l’innovation
II. Radioscopie du Techn’Hom
1. Une réhabilitation du passé pour l’avenir
a) Une histoire qui perdure
b) Assurer l’avenir
c) Un site innovant
2. Une dynamique industrielle ancrée
a) Des secteurs variés
b) Les activités industrielles
c) La recherche
d) L’enseignement
3. Le processus de l’innovation
a) Des offres originales adaptées aux besoins
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b) Partenariat et collaboration
c) Le financement croisé
4. Une dynamique industrielle en expansion
a) La gare TGV/TER de Belfort-Montbéliard
b) La « JonXion »
III. Perspectives et propositions
1. Attente des acteurs locaux
a) Communication et visibilité
b) Ouverture en direction du « grand public » et des scolaires
c) Vers une recherche plus collaborative
d) Un espace collectif en appui à la production d’innovations
2. Les potentielles formes de la Cité de l’Innovation
a) Un outil pour rendre visible l’invisible dans et hors des frontières physiques du
site
b) Un espace de communication en direction du « grand public » et des
scolaires
c) Un espace collectif d’échanges, de socialisation
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Partie I
Mode opératoire du Comité scientifique
et historique
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I.
LES OBJECTIFS GENERAUX
Ce synopsis, élaboré au cours de l’année 2010-2011, représente la base du
contenu historique et scientifique de la Cité de l’Innovation.
Pour l’élaboration de ce document, nous avons mis en place un comité scientifique et
historique dont l’objectif était de déterminer le contenu de la Cité de l’Innovation en
traçant les grandes lignes et les points forts de l’identité industrielle
passée/contemporaine de Belfort et de son territoire.
L’histoire industrielle locale a forgé l’image de Belfort pour faire de la ville un pôle
industriel d’innovations, notamment autour des secteurs de l’énergie et du transport.
Huit fondamentaux identitaires constituent la génétique industrielle de Belfort :
-
la tradition d’adaptation
-
l’ancrage d’une culture de l’innovation (formation, recherche…)
-
la culture mondiale
-
le poids de l’histoire
-
la création d’un collectif industriel (collectif entrepreneurial)
-
l’industrie comme fondateur d’un paysage urbain et d’une culture sociale
-
le traité de Francfort
-
les ressources naturelles
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Tradition
d’adaptation
L’industrie :
fondatrice d’un
paysage urbain et
d’une culture
sociale
Ressources
naturelles
Ancrage d’une
culture de
l’innovation
Génétique
industrielle
de Belfort
Une histoire
durable
Culture
mondiale
Traité de
Francfort
Création d’un
collectif
industriel
Schéma des huit fondamentaux de la génétique industrielle locale.
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A travers ses travaux, le comité scientifique et historique a tenté de décrypter les
sources et la nature de la puissance industrielle actuelle et de montrer que la
prospérité industrielle s’inscrit dans un temps long.
La présence de grandes signatures industrielles internationales et le nombre
important de PME-PMI et de TPE-TPI, porte à 29% les emplois de l’aire urbaine dans
le secteur de l’industrie – contre 15% au niveau national – et à 4,8% les emplois
dans le domaine de la recherche/conception – contre 2,7% sur le plan national.
Historiquement ouvert sur le monde, de grands groupes internationaux continuent de
s’implanter et l’export représente 8 à 10 milliards d’euros.
Pour des raisons de méthodologie et pour répondre à cette ambition qui vise à
conjoindre temps long et présent, le comité scientifique et historique s’est organisé
en deux groupes de travail : le groupe Histoire et le groupe Innovation et mutations.
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II.
LE GROUPE HISTOIRE
1. Les membres
Piloté à la fois par la Direction de la culture de la Ville de Belfort et par le
laboratoire RECITS de l’UTBM, le groupe Histoire a rassemblé différentes entités et
institutions :
- Julianne ALIZIER (Chargée de mission culture scientifique, technique et
industrielle – projet Cité Innovation).
- Pierre LAMARD (Professeur des Universités en histoire industrielle – Animateur du
groupe Histoire).
- Yves PAGNOT (Conservateur Archives municipales de Belfort – Animateur du
groupe Histoire).
- Mathieu TRICLOT (Maître de Conférences en philosophie, UTBM).
- Laurent HEYBERGER (Maître de Conférences en Histoire contemporaine, UTBM).
- Marina GASNIER (Maître de Conférences en Histoire des techniques et patrimoine
industriel, UTBM).
- Olivier SCHMITT (Ingénieur d'études, UTBM).
- Jean-Louis ROMAIN (Retraité Alsthom ; « L’usine et la Cité », 1993, Éditions
Cêtre).
- Claude CANARD (Retraité Alsthom ; chercheur associé au laboratoire Métallurgies
et cultures UMR 5060 ; Société Belfortaine d’Emulation ; Société Histoire et
Patrimoine Sous-vosgien).
- André LARGER (Retraité instituteur puis Directeur du Centre départemental de
documentation pédagogique du Territoire de Belfort ; Secrétaire-adjoint de la Société
belfortaine d'émulation ; « Histoire de Belfort des origines à nos jours », 1985).
- Francis PEROZ (enseignant en Histoire ; « Belfort-Montbéliard - Histoire D'un
Bassin Industriel Comtois », 2008, Edition Alan Sutton).
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-
Jean-Christophe
TAMBORINI
(Directeur
par
intérim
des
Archives
départementales).
- Philippe MAIROT (Directeur-Conservateur de réseau des Musées des Techniques
et Culture Comtoise).
- Raphaël FAVEREAUX (Attaché à la Direction de l'Inventaire du patrimoine).
- Maurice CATTIN (Retraité Alsthom – Traction électrique).
- René BEURIER (Retraité Bull périphérique ; Membre de la Fédération des équipes
Bull).
- Edmond FAURE (Retraité Bull périphérique ; Membre de la Fédération des
équipes Bull).
- Jean-Jacques ELTGEN (Retraité Bull périphérique ; Membre de la Fédération des
équipes Bull).
- Achille MOUGEY (Retraité NIPSON).
- Francis POISSON (Retraité Bull périphérique ; Membre de la Fédération des
équipes Bull).
- Roland JOUVE (Nipson – Directeur des Ressources Humaines et Fabrication).
La fréquence des rassemblements respectait un rythme mensuel, de juillet 2010 à
mai 2011.
2. Les objectifs ciblés
Des objectifs ciblés, présentés lors de la constitution du comité le 22 juin 2010,
ont cadré les travaux :
déterminer les secteurs industriels liés, directement ou indirectement, à
l’histoire du Techn’Hom et à l’histoire qui précède le Techn’Hom.
repérer l’importance de chacun des secteurs industriels dans l’histoire
(quantitativement, chronologiquement, qualitativement).
identifier une structuration autour de thématiques, événements, anecdotes,
de figures emblématiques et des ruptures systémiques/technologiques.
définir des articulations logiques (ou assumer l’absence d’articulation) afin
de créer un ensemble cohérent
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tenter
une
vision
polyphonique
(sociale,
politique,
géopolitique,
architecturale, géologique, etc.)
identifier les sources et les documents à associer au parcours (documents
iconographiques, témoignages audio-visuels, archives, etc.).
3. La démarche appliquée
Pour répondre au volet historique du projet Cité de l’Innovation, le groupe
Histoire s’est intéressé au passé industriel local du territoire ; il a eu une approche à
la fois chronologique, thématique et sectorielle.
Il a cadré son approche en déterminant les jalons fondamentaux de l’histoire locale.
• Cinq secteurs industriels sont directement concernés :
- métallurgie
- textile
- construction mécanique
- construction électrique
- informatique
• Quatre fils rouges ont été retenus :
- tradition et innovation
- ouverture sur le monde
- paysage social
- paysage industriel
La démarche historienne adoptée par ce groupe exigeait de prendre toute la mesure
du rôle que l’événement (géopolitique, social, technologique, etc.) a pu jouer dans la
construction de l’industrie belfortaine du traité de Francfort à l’arrivée de General
Electric.
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III.
LE GROUPE INNOVATION ET MUTATIONS
1. Les membres
Ce groupe de travail était animé par la Direction de la culture, le service
Développement économique de la Ville de Belfort et par le laboratoire RECITS de
l’UTBM. Les membres qui ont constitué ce groupe représentaient différentes
structures :
- Julianne ALIZIER (Chargée de mission culture scientifique, technique et
industrielle – projet Cité Innovation).
- Fabienne PICARD (laboratoire RECITS UTBM, animatrice du groupe de travail
Innovation et mutations).
- Laurence CREDEVILLE (chargée de mission à l’enseignement supérieur, la
recherche et au développement commercial à la Direction du Développement et de
l’aménagement à la Ville de Belfort, animatrice du groupe de travail Innovation et
mutations).
- Pauline GODART (chargée de mission aménagement du territoire à la Direction du
Développement et de l’Aménagement de la Ville de Belfort).
- Simon DERYCKX (Chargé de mission, Direction du Développement et de
l’Aménagement – Communauté d’Agglomération Belfortaine).
- Nafaa HAMZA SFAXI (Post doctorant en science de gestion).
- Jean DHERS (Académie des Technologies, retraité CEGELEC).
- Yves LAUMOND (ancien Président du CREEBEL, retraité UTBM et ALSTOM,
ancien directeur de Recherche en Électrotechnique Avancée à l'Alstom).
- Benjamin BLUNIER (laboratoire Set, maître de conférence au département Génie
Electrique de l’UTBM et responsable de la filière Energie et Environnement).
- Pablo GRUER (professeur et chercheur au laboratoire Set et au département
Informatique, travaille en particulier sur la voiture intelligente).
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- Jean GRENIER-GODARD (Directeur de l’ESTA – Ecole supérieure des
technologies
et
des
affaires).
- René BEURIER (Retraité Bull périphérique ; Membre de la Fédération des équipes
Bull).
- Jean-Jacques ELTGEN (Retraité Bull périphérique ; Membre de la Fédération des
équipes Bull).
- Marie-Cécile PERA (Professeur à l’Université de Franche-Comté, Département
Energie et ingénierie des systèmes multiphysiques).
- Gilbert RUELLE (Académie des technologies, retraité ALSTOM).
- Cathy CABARET (Laboratoire RECITS UTBM).
- Achille MOUGEY (retraité NIPSON).
La fréquence des rassemblements a également respecté un rythme mensuel, de
juillet 2010 à mai 2011.
2. Les objectifs ciblés
Contrairement à l’approche historique et chrono-thématique du groupe Histoire,
le groupe Innovation et mutations a dû trouver des ressources afin de mettre en
valeur le potentiel local actuel d’innovation et mettre en évidence la nécessité
d’une recherche technologique ; en dévoiler les enjeux scientifiques, industriels,
politiques, économiques.
Cette perspective impliquait de :
réaliser une radioscopie détaillée du site Techn’Hom
●
présenter sa configuration architecturale, son insertion dans le paysage
●
identifier les acteurs industriels, économiques, sociaux et de recherche
présents sur le site et analyser les compétences présentes et leur tendance
actuelle d’évolution vers une tertiarisation.
décrire le système local d’innovation : comprendre comment l’innovation est
produite sur le Techn’Hom ? Pour quels usages ?
●
identifier les activités de recherche publique et privée et leur mode
d’interaction.
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●
comprendre les relations entre les producteurs de connaissances et les
utilisateurs de connaissances
●
déterminer le rôle des collectivités locales pour créer les conditions d’une
dynamique industrielle
●
étudier les usages du citoyen face à la recherche et à l’innovation
(technologique et non technologique).
L’approche est prioritairement focalisée sur les acteurs économiques du site (voire
au-delà) et l’investigation du ressenti ou des besoins des utilisateurs ou citoyens
n’est pas prioritaire dans ce cahier des charges.
L’objectif de cette réflexion conclusive était de faire ressortir un positionnement
original
pour
une
Cité
de
l’Innovation
localisée
sur
le
Techn’Hom,
positionnement qui justifie son émergence et son implantation en ce lieu. En
cohérence avec l’approche historique, il s’agissait de puiser dans la spécificité
endogène du lieu des éléments d’ancrage forts pour ce projet.
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3. La démarche appliquée
Parallèlement aux réunions de travail mensuelles, le groupe Mutation et
innovations a eu deux démarches de terrain afin de répondre à ses objectifs.
• Etude universitaire
Les problématiques soulevées par le projet de Cité de l’Innovation ont constitué un
support pour proposer des sujets d’études aux étudiants de l’UTBM. Ainsi, dans le
cadre des UV (Unités de valeur) de méthodologie de recherche, un étudiant a pu
prendre en charge la réalisation de la radioscopie contemporaine du Techn’Hom.
L’objectif était de construire un état des lieux des acteurs en présence, de cibler les
compétences et les services implantés sur le site. Ce travail a fait l’objet d’un dossier
rédigé Techn’Hom, une zone d’activité en mutation, d’une présentation orale et d’une
évaluation.
• Entretiens individuels
Pour pouvoir cerner les attentes des acteurs face à la Cité de l’innovation et proposer
des éléments de prospective, une étude de terrain a été nécessaire. Si le temps et
les moyens disponibles n’ont pas permis une étude exhaustive, néanmoins la
démarche mise en œuvre a permis de mettre en lumière un certain nombre
d’éléments. Trois membres du groupe ont planifié un calendrier d’entretiens auprès
de laboratoires universitaires et d’entreprises liés directement ou indirectement au
Techn’Hom.
Ces rencontres ont été conduites sur la base d’un questionnaire organisé en trois
temps :
-
présentation de l’entreprise/laboratoire
-
les partenariats
-
les perspectives possibles avec le projet Cité de l’Innovation
Elles ont fait l’objet d’un enregistrement et d’une retranscription.
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Liste des personnes interviewées dans le cadre du projet
Les démarches très différentes de ces deux groupes de travail ont permis de
mettre en lumière la génétique industrielle locale à travers l’histoire industrielle et
la dynamique actuelle locale.
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Le discours général du synopsis suit une logique chronologique bien que des
zones de frottement existent entre la vision historique et la vision contemporaine.
Cette démarche relativement classique permet de poser les clés pour la
compréhension de l’identité locale.
Un travail muséographique/scénographique permettra une approche plus originale
par thèmes, par secteurs, par moments forts, etc.
Tradition
industrielle
et innovation
Ouverture
sur le monde
Paysage
industriel
Paysage
social
La culture industrielle
- Techn’Hom
- Jonxion
Périmètre du
projet
Potentiel de
l’innovation
Perspectives
et
propositions
Schéma général du synopsis
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Partie I I
La Longue histoire d’aujourd’hui
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I.
TRADITION INDUSTRIELLE ET INNOVATION
Ce thème revient sur les premières implantations industrielles du Territoire de
Belfort. Il met en avant la capacité des industries à innover et différentes avancées
techniques et industrielles.
Le terme « innovation » comprend aussi bien les machines, que les techniques, les
modes de production ou encore les produits.
1. Du minerai à la construction mécanique
Les premières activités industrielles du Territoire de Belfort consistent dans un
premier temps à extraire la matière première des sols. Grâce à une maitrise des
alliages et des techniques de fabrication des industriels produisent des produits finis
originaux et innovants.
e) A la conquête de la matière première
L’industrialisation progressive du Territoire de Belfort commence dès le Moyenâge par l’exploitation de ses richesses naturelles : le minerai.
Localisation
- 1360-1390 : dans la Haute Vallée de la Savoureuse, exploitation de galène, du sulfure de plomb pur
à 86% (minerai d’argent et cuivre).
Procédés d’extraction
e
- Fin XVI : introduction de la machine d’exhaure, pour l’évacuation des eaux drainées dans les mines,
permettant des extractions profondes.
Ex. Mine Pfennigthurm près de Giromagny.
Description :
La rivière actionne 5 roues d’une dizaine de mètres de diamètre placées en série. Par un jeu de
perche, la roue actionne des pistons des corps des pompes.
Ex. : la machine St-Pierre anime 22 pompes pour prolonger le puits et les galeries à 390 m de
profondeur.
f) Transformation de la matière première
La matière première est traitée in situ, ce qui force l’apparition des premières
machines et infrastructures.
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Métallurgie et chaine opératoire
- Définition : « ensemble des procédés et des techniques d'extraction, d'élaboration, de mise en forme
et de traitement des métaux et de leurs alliages » (Larousse).
e
- Début XVI , des machines permettant le traitement du minerai apparaissent :
Le boccard : actionné par une roue hydraulique, un tronc horizontal muni de cames broie finement le
minerai.
Le minerai est ensuite fondu dans un bâtiment avec un fourneau de fonte et d’affinage, activé par
soufflés à roues hydrauliques.
- Autour de cette machine, une chaine opératoire s’organise (première forme d’organisation
humaine) : trier, concasser, transporter, mettre dans le boccard, trier, fondre, affiner.
Ex. : en 1630, la Vallée de la Savoureuse est un véritable centre métallurgique.
Machines et techniques pour la sidérurgie
- Définition : « ensemble des techniques qui permettent d'élaborer et de mettre en forme le fer, les
fontes et les aciers » (Larousse).
- Le traitement du minerai se développe avec l’introduction d’une seconde machine dans la chaine
opératoire.
Le patouillet : sorte de lavoir perfectionné, le minerai est placé dans un bac en bois dans lequel l’eau
passe. Un bras métallique actionné par une roue hydraulique agite le minerai.
Ex. de Roppe et Châtenois.
- De premières infrastructures se mettent en place.
Les Haut-fourneaux : appareil à cuve, chauffé au coke, où s'effectuent la réduction puis la fusion
réductrice des minerais de fer, et l'élaboration de la fonte ou de certains ferro-alliages.
g) Les industries et les produits
Le traitement du minerai va permettre le développement d’industries prospérant
avec des produits finis originaux et reconnus.
Des forges aux ensembles industriels
- 1619 : la Compagnie des Forges d’Audincourt commence son activité par l’exploitation du fer.
Ex. : chevalement à Audincourt encore présent aujourd’hui
e
Au milieu du XIX , l’usine produit des essieux de wagons, des éléments de chauffage et de tuyauterie
et se spécialise dans la fabrication de tôle au silicium pour transformateurs et alternateurs.
ème
rang mondial français des usines sidérurgiques.
8
- 1855 : grâce à l’acquisition des forges de Grandvillars et Morvillars, création de la Société Viellard
Migeon & Cie pour devenir le Comptoir des Quincailleries Réunies de l’Est (obtention de la marque
Poison Professeur).
ère
1 place mondiale pour la production d’hameçons.
L’horlogerie
e
- Au XVIII siècle Jacques Japy monte un atelier de serrurerie mécanique. Après une formation et des
acquisitions de machines-outils, son fils Frédéric Japy monte un atelier d’horlogerie (colline de Dasle)
pour la production d’ébauches de montres.
Les innovations :
Dès 1799, Japy invente ses propres machines
Nouvelle forme de production : mécanisation des opérations d’usinage donc le coût du produit
baisse (une montre coûte trois fois moins chère que la moyenne).
Simplification de la tâche : femmes, enfants, vieillards et même les aveugles, peuvent
confectionner d’un seul coup de manivelle toutes les principales pièces qui composent le
mouvement d’une montre.
Précision de l’opération
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Centralisation du travail en atelier : passage du travail à domicile au travail collectif en
manufacture. Naissance du paternalisme.
2. De la métallurgie à la puissance
Les innovations les plus emblématiques sont celles concernant le transport
avec l’implantation de l’usine la SACM en 1880 qui deviendra ensuite Alsthom en
1928 puis Alstom.
a) Evolution de la locomotive
Après 1885 le site de production de la SACM Belfort se concentre sur le marché
français des locomotives. En 1892-93, Belfort est considérée comme le premier
constructeur français de locomotives en produisant un tiers de la production
nationale.
Après 1924, l’usine de Belfort dispose d’un service d’étude pour la traction électrique
et ne produira désormais que des locomotives électriques.
Locomotives à vapeur
- Locomotive de type compound (1888) : très performante et assure un rendement de 10% supérieur
aux machines classiques. Elle remorque des convois de 250 tonnes à 118km/h.
- Locomotive Atlantic (1900) : permet une réduction de temps de trajet entre Paris et Lyon (à 5h15).
- Locomotive Pacific (1924) : une collaboration des ingénieurs de la SACM avec ceux de la société de
chemin de fer Paris-Orléans permet l’élaboration d’une locomotive très puissante (2000cv). Elle
détient le record de la plus grosse locomotive à vapeur livrée par Belfort.
Locomotive électrique
- Construction du premier prototype de tramway à Belfort (1895)
- Construction de locos de mines, ne rejetant ni vapeur, ni gaz de combustion.
- Locomotive de vitesse BBE 201 (1926) : ce sont des machines robustes faites pour durer. Elles
roulent à 70km/h en vitesse de pointe avec une puissance de 1250 cv grâce à une alimentation en
courant continu.
- Locomotive de vitesse 2-BB-2, la 242 AE1 (1926) : elle roule jusqu’à 110 km/h et a une meilleure
adhérence grâce au bogie, (chariot situé sous le véhicule sur lequel sont fixés les essieux).
- Locomotive de vitesse 1-CC-1 : dernière production de la SACM, elle est destinée au transport de
marchandises.
- 2-D-2, la « Waterman » (années 30) : elle est très lourde et très puissante (4000 cv – 150km/h).
- Les CC (1948-49) : produite en série, elle peut atteindre de grandes vitesses (180km/h) grâce à sa
puissance (4800 cv) et son adhérence totale (elle n’a pas d’essieux). Elle bat le record du monde de
vitesse en 1955.
b) Le TGV
Le record du monde de vitesse de 1955 est une performance exceptionnelle qui
ne peut s’élargir au service commercial. Les recherches sur le TGV permettent à la
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fois de maîtriser la vitesse et le confort des voyageurs. C’est avec différentes
innovations mécaniques que le record du monde de vitesse pourra être battu par le
TGV en février 1981 (380 km/h).
Les innovations mécaniques
- Allègement des locomotives (les moteurs sont suspendus à la caisse) ce qui préserve les voies.
- Meilleur aérodynamisme avec un nez plus allongé (le coefficient de pénétration dans l’air est
amélioré, la vitesse est donc plus élevée).
- Système de freinage plus performant (sur les quatre, un est à récupération ce qui permet de
réutiliser l’énergie de freinage).
- Meilleur confort des voyageurs avec les bogies à cheval sur deux voitures et suspensions
pneumatiques (moins de bruit et de vibrations).
- Signalisation de voierie reportée en cabine de conduite car la grande vitesse ne permet pas au
conducteur la lecture des panneaux.
- Le pantographe prend la forme d’un « Z » ce qui permet de mieux capter le courant.
c) Les techniques de production
Les innovations sur les produits finis sont directement liées à différentes
avancées techniques : modes de production, ressources humaines, machines-outils,
etc.
Evolution de la chaudronnerie
Il s’agit du premier maillon de la chaine de transformation du produit fini comme la tôle profilée et les
éléments coulés en acier.
- Les premiers outillages sont manuels et l’assemblage des pièces se fait par rivetage.
- A la veille de la Première Guerre mondiale, l’emboutissage se fait par presse hydraulique d’une
puissance de 600 tonnes et en 1923 des machines puissantes assurent le rivetage.
C’est grâce à la machine à cintrer Froriep que le plus gros réservoir à chaudière au monde a pu être
réalisé.
- Le développement de la mécanique soudée permet la modernisation des moyens de découpe :
l’oxycoupage (procédé de découpe des matériaux par oxydation localisée et continue) ; la découpe au
jet d’eau (pour la découpe d’acier inoxydables) ; découpe automatique au laser (rapidité de la
découpe et moins bruyant).
Le soudage
- Jusqu’en 1907, la découpe se fait par cisaille et machines-outils.
- Le soudage se fait ensuite à l’arc électrique qui devient automatique dans les années 60.
- A partir de 1972, le soudage se fait par faisceaux d’électrons, premier procédé en France pour
l’industrie lourde. Il permet de réaliser des soudures étroites et précises sur des épaisseurs d’acier
variant de quelques dizaines de millimètres à quatre vingt millimètres à une vitesse de deux mètres
par minute.
- En 1993, un chantier de soudage automatique est mis en service pour la réalisation d’arbres de
turbines à vapeur basse pression.
Ex. de réalisations : corps de la grande chambre à bulles pour l’Organisation Européenne pour la
Recherche en Nucléaire (CERN).
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3. L’énergie électrique
Vers les années 1880, l’électricité commence à remplacer les autres énergies –
gaz et vapeur – pour le fonctionnement des usines ou encore l’éclairage des villes.
Après la Seconde Guerre mondiale l’entrée dans le monde de la consommation
suscite le développement des appareils électriques qui exige de revoir les conditions
de production de l’électricité.
a) Les moteurs
C’est à partir de 1887 que la SACM se lance dans la production de matériel
électrique avec de premières applications sur l’éclairage et la motorisation. En 1896,
ce service représente 45% du chiffre d’affaire.
Matériel adapté au courant continu
Dès 1888, production de dynamo bipolaire avec électroaimants et pièces polaires en fonte.
1892 : passage de la génératrice au premier moteur avec la machine de Gramme (dynamo à courant
continu une machine qui transforme de l'énergie mécanique en électrique).
- Modèle G : puissance de 1 à 9 KW, ils sont adaptés pour les machines-outils
- Modèle E : leur puissance dépasse les 10 KW, le bobinage n’est plus manuel et le circuit magnétique
est en tôle découpée.
- Modèle F : utilisation de l’acier pour la carcasse donc plus léger. Ce modèle est utilisé pour les trafics
interurbains.
- Moteur polyphasé à collecteur : la vitesse est réglable par l’orientation de la couronne de balais, ce
qui permet d’éviter les pertes engendrées par l’utilisation d’un rhéostat. Le rendement est donc
optimisé.
Passage au courant alternatif
Ce type de courant permet d’atteindre des tensions très élevées et de transporter une même
puissance avec moins de courant, ce qui allège les lignes.
Moteur asynchrone : il est constitué d’un rotor et d’un stator. Il a une puissance qui peut aller jusqu’à
1500 CV. Il peut alimenter des pompes, des moteurs de laminoirs, des ventilateurs.
Moteur NT : vitesse de rotation plus élevée.
Moteur NI : possède un fort couple de levage ; adapté à des utilisations intermittentes.
Moteur NR : composé de deux circuits de refroidissement. Son étanchéité permet son utilisation dans
les mines.
Les moteurs à forte puissance
Machine à cage ou à skip, à poulie Koepe, à bobines et à tambour : ce sont des machines d’extraction
de grandes puissances.
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b) Les turbines
De la turbine à la centrale : évolution des performances sur le marché français
Après la Seconde Guerre mondiale, des centrales de plus en plus performantes et innovantes sont
produites.
- Le premier groupe installé de 50 000 KW est une commande d’EDF pour les centrales de Comines
et Yainville. Les besoins d’EDF poussent les performances et Alsthom livre des alternateurs
dépassant les 250 000 KW.
- Dans les années 60, les groupes bulbes sont produits, leur puissance atteindra les 10000 KW. Ils
sont destinés au site de production d’électricité hydraulique de haute et moyenne chute. Les
alternateurs étanches et compacts permettent l’immersion dans l’eau sans perturber le flux.
c) Les centrales (cf. II. Ouverture sur le monde – p27).
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II.
OUVERTURE SUR LE MONDE
Cette partie met en avant les relations que les industries locales ont eues, et
entretiennent encore, avec l’international.
Belfort est vue ici comme un foyer de production qui s’est souvent inspiré de savoirfaire étrangers et qui a également su se faire une réputation au-delà des frontières
par ses produits finis, ses savoir-faire, ses hommes.
1. A la conquête des marchés mondiaux
a) De l’innovation métallurgique à l’exportation
Depuis 1806, date de création de la société Japy Frères, la réputation de
l’industrie Japy dépasse largement le secteur local et national pour s’édifier à
l’international.
Echange des savoir-faire
L’histoire de l’industrie Japy commence dès le départ avec des relations hors-frontière puisque
Frédéric Japy, envoyé par son père, se forme en Suisse chez l’horloger Perrelet au Locle puis à La
Chaux-de-Fonds. A son retour, il monte un atelier d’ébauches de montres en 1772.
Vers 1817-1823, Japy développe une véritable politique de mécénat et les manufactures accueillent
des inventeurs (les Cassin, les Gotten, les Carcel) afin de tirer profit de leurs recherches.
Ex. de Jean Vincenti, un corse qui, après avoir exercé chez Japy, implante à Montbéliard la Société
VINCENTI et Cie consacré à l’horlogerie.
Des produits innovants
- La reconnaissance mondiale des produits Japy se développe grâce à leur esprit d’innovation dans le
processus de production. Les ébauches de montres, trois fois moins chères que le marché moyen (2,5
francs contre 7,5 francs), confère à l’industrie Japy une position dominante sur les marchés européens
et notamment face à l’horlogerie helvétique, dépassée par cette production.
- Entre 1882 et 1910, le contexte international est moins favorable. Un ingénieur crée donc une
montre pour « le goût et les besoins de la vente européenne ».
Diversification de la production
Entre 1806 et 1837 on note une diversification importante de la production :
- visserie : activité principal à partir de 1815 et devient de plus en plus performante. Elle dépasse la
concurrence anglaise et domine les marchés nationaux et internationaux (commandes de Cologne,
Mayence, Hambourg, Bruxelles, Anvers, Amérique, Rome, Vienne, Londres, Copenhague, etc.).
- grosse horlogerie : naissance à Badevel vers 1814, elle pénètre les marchés étrangers à partir de
1837 (Amérique, Indes, Philippines, Australie). 75% de la production est destinée à la Suisse.
- serrurerie : vers 1816, ce n’est pas un secteur vraiment rentable.
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- industrie du fer battu : cette branche se développe grâce à un sens aigu des affaires. C’est une
véritable opportunité commerciale. Plus de 110 modèles d’articles de cuisine et autres objets du
quotidien.
- pompes de ménage et jouets pour enfants.
e
- émaillerie : la branche la plus lucrative au XX siècle (casseroles, plaques publicitaires, de rue, etc.).
Ex. Les plaques des rues d’Athènes et de Tunis sont des productions Japy.
Ce sont les secteurs de la grosse horlogerie, la serrurerie et la quincaillerie qui marquent réellement
les exportations. Le secteur de la visserie affiche un chiffre d’affaire équivalent à l’horlogerie dix ans
après son lancement.
Une concurrence internationale dynamisante
e
Pour la seconde moitié du XIX , la concurrence est un facteur déterminant pour la production Japy.
- L’Angleterre, la Prusse ainsi que de nouvelles puissances industrielles s’affirment en 1868.
- L’Amérique est un rival dangereux pour Beaucourt : 1876, production de 450 montres par jour ; ils
diversifient également leur production.
- L’Allemagne, qui a pris exemple sur les méthodes de production des américains, devient aussi un
rival pour Japy.
Afin de conquérir les marchés internationaux, Japy développe entre autres une politique de fusion
pour s’implanter dans le monde entier.
- De 1815 à 1817 des dépôts sont installés en Suisse.
- Deux conventions commerciales, dont une avec le Comptoir des Quincailleries réunies de l’Est
permet de faire face aux conflits de la concurrence et d’implanter des dépôts à Paris mais aussi hors
frontières : Stuttgart, Buenos-Aires, Barcelone, Bruxelles, Rio de Janeiro.
- L’international s’intéresse aux implantations Japy : suite à l’incendie de 1815 de la manufacture, la
société Japy est sollicitée par la Russie, l’Angleterre et l’Autriche pour délocaliser sa production.
- A partir de 1855 l’implantation parisienne facilite les délais de livraison, le service après-vente et les
contacts commerciaux à l’international.
e
Pour renforcer les exportations, dès le début du XIX siècle des voyageurs de commerce sont utilisés
pour la vente directe de produits. Ces actions seront de mieux en mieux organisées pour devenir des
opérations « comptes de voyages » et voyages spécialisés.
b) L’énergie : une force de vente pour l’international
Le marché français reste trop étroit pour garantir une pérennité des activités
Alsthom. Dès la fin du XIXe siècle, l’entreprise soutient une politique d’exportation
pour conquérir les marchés étrangers.
Même si le marché international s’épanouit avant tout avec le développement du
transport (plus de 400 machines type BB ou CC jusqu’en 1970 vers l’Amérique
Latine, l’Asie et l’Europe, l’Afrique) Alsthom doit répondre à des besoins en énergie
électrique dans le monde entier.
Techniques d’usinage : du modèle américain à la performance locale
Alsthom usine deux catégories de pièces : le gros usinage et le moyen/petit usinage.
- Les années 1920-1930 correspondent à de nouveaux investissements en machines lourdes
essentiellement pour la production de turbines hydrauliques et les alternateurs.
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- Après le Deuxième Guerre mondiale Alsthom se tourne vers la performance en s’inspirant du modèle
américain. Le plan Marshall permet de nouveaux investissements dans des machines américaines à
la pointe de la technologie.
- 1957 : les usines de Belfort envoient des missions d’études pour l’étude des unités de production de
grosses et moyennes turbines à Schenectady et Lynn. Un programme d’investissement est alors
lancé.
les postes d’usinage sont redéfinis sur le modèle américain ce qui permet d’optimiser la
production,
les machines-outils voient une évolution spectaculaire. La machine devient un véritable centre
d’usinage sur lequel il est possible d’usiner la totalité d’une pièce en un ou deux montages.
Les usines de Belfort sont au premier rang des constructeurs mondiaux par leurs moyens de
production. On ne trouve pas d’ensemble aussi complet aux Etats-Unis, aux Japon, en
Allemagne ou encore en URSS.
En 1969, le rotor des turbines à gaz est considéré comme une nouvelle gamme de produits d’avenir.
Des missions d’ingénieurs sont organisées aux Etats-Unis pour étudier les procédées de fabrication.
De nouveaux équipements d’usinage sont installés
De nouveaux procédés sont mis en place comme le :
- Brochage : utilisée pour agrandir un trou, il permet plus de qualité pour les
bases à profil « pied de sapin ».
- Amélioration des meules : plus large avec des molettes à grain de diamant
ce qui permet d’améliorer le rendement et la qualité.
- Les surfaces sont traitées, cela permet plus de résistance dans les hautes
températures.
Exportation
Alsthom commence par exporter des équipements de centrales. Ainsi, des unités de 250 à 300 MW
sont installées en Roumanie, Grèce, Corée du Sud. Des alternateurs équipent les centrales du
Mexique, d’Espagne, d’Iran, de Zambie, du Mozambique.
Dans les années 70, Alsthom gagne les marchés américains, Sud-africains et chinois.
Le frein des événements
La crise économique de 1980 et les accidents nucléaires de Three Mile Island (1979) et de Tchernobyl
(1986) atténuent les commandes.
De l’équipement à la centrale clé en main
Depuis les années 2000, Alstom détient plusieurs centres d’excellence dont Alstom Power Centrales
pour la conception de centrales de tous types.
Ex. 2008 : un saoudien, producteur d’électricité, signe un contrat avec Alstom pour la livraison clé en
main d’une centrale à Shoaiba de 1200 MW. Le site de Belfort est chargé de la conception, fourniture,
réalisation, installation, mise en service.
2. Du mondial au local
Par ses savoir-faire et ses productions, Belfort représente aussi bien une vitrine
tournée vers le monde qu’un foyer favorable pour des implantations industrielles ou
encore un centre de production.
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a) Belfort : une vitrine tournée vers le monde
Expositions universelles
Depuis 1855, ces expositions ont pour but d’encourager le développement agricole et technologique
de la France.
- Exposition universelle de 1867 : Japy est le troisième groupe industriel français.
- Exposition universelle de 1889 : première participation de la SACM à l’exposition universelle de Paris
afin « d’affirmer la force productive et augmenter la clientèle ». Diverses machines sont exposées :
fraiseuses, tourneuses, moteur Armington couplé avec une dynamo, la nouvelle peigneuse POZ.
La câblerie Stein fournit les câbles pour l’ascenseur de la Tour Eiffel.
Succès international : trois grands prix et quatre médailles d’or.
- Exposition universelle de 1900 : l’exposition est bénéfique pour le secteur du textile de Belfort.
Exposition de machines textiles.
Le matériel électrique trouve aussi sa place, sur les deux groupes électrogènes exposés, un fournit
l’électricité pour l’exposition.
Voyages
La présence des productions belfortaines sur les marchés internationaux force les contacts et les
missions d’études toutes entreprises confondues :
- Visites officielles : Alsthom reçoit un groupe technique soviétique qui visite les ateliers avant de
signer une commande de cinquante motrices type CC (1960).
Des responsables politiques soviétiques visites les ateliers pour le TGV (1990).
Différentes missions d’informations (espagnoles, tchécoslovaque, coréenne, birmane, chinoise,
indienne, mexicaine, etc.).
e
La nature des relations change à la fin du XX siècle. Ce sont les transferts techniques qui
s’inscrivent au cœur des contrats.
- Assistance techniques : elle permet de maintenir une présence lors de l’exportation.
A Alsthom, en 1985, une cellule de Transfert de technologie se met en place. Elle a pour but de
documenter, former et apporter un suivi technique à l’étranger. Ce volet se développe et les équipes
belfortaines se voient sillonner le monde.
b) Implantations d’entreprises
La dynamique de production industrielle du territoire est un atout pour
l’international. Considéré comme un foyer favorable à la productivité, de grandes
entreprises comme General Electric investissent pour s’implanter à Belfort.
L’implantation de Bull
- Fondée en 1931 pour développer et commercialiser les machines à statistiques conçues par
l’ingénieur norvégien Fredrik Rosing Bull, la Compagnie des machines Bull emploie 700 personnes
sur deux sites, Paris et Lyon.
Suite à une politique de décentralisation, de nouveaux sites de fabrication s’implantent à Amsterdam,
Mouy, St-Ouen, St-Quentin, Les Andelys et Vendôme.
La fin des années 50 s’oriente sur un regroupement des sites de fabrication : Angers pour les unités
centrales ; Belfort pour les périphériques.
- En 1960 l’usine DMC quitte le site de Belfort pour retourner à Mulhouse, son implantation d’origine.
La chambre de commerce de Belfort est préoccupée par le départ de DMC. Lors d’un cocktail, le
directeur de fabrication Bull rencontre le secrétaire d’Etat aux finances (cf. Anecdote).
Le 4 mars 1960, Bull investit l’ancien site DMC.
Management à l’américaine
Les accords signés en 1964 avec General Electric apporte une nouvelle organisation des ressources
humaines.
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- Mise en place de nouvelles équipes : équipe Financière, équipe de Soutien (50% américains),
direction planning des produits et marketing, etc.
- Différentes « fonctions » apparaissent pour réorganiser la production : fonction planning (pour
orienter le choix des futurs produits de l’usine), Product planning (étudier le marché et la concurrence),
Buisness planning (coût d’étude, fabrication et maintenance), fonction étude, fonction fabrication,
fonction commerciale, etc.
- Abandon de l’organisation hiérarchique (taylorienne) pour une décentralisation structurelle (la
fonction prime sur la notion de hiérarchie).
- Effort sur la formation du personnel « manufacturing studies » : étude spécialisée en groupe, sur un
à deux ans.
- Apparition de machines à commande numérique : permet plus de précision et l’exécution de
plusieurs types d’usinage à la fois (gain de temps).
Machines et évolution
- La tabulatrice.
Fonction : c’est la machine principale d’un atelier mécanographique à cartes perforées qui permet
d’effectuer des calculs, d’imprimer et de mettre en mémoire les données. Elle réunit trois organes
d’entrées-sorties : une piste de lecture de cartes, une imprimante, une perforatrice de cartes.
Performance : sa vitesse d’impression ne dépassait pas les 1600l/min. Sa puissance de calculs est
limitée ; pour une application, plusieurs passages sont nécessaires.
Le stock d’informations (la mémoire) se faisait par cartes perforées qu’il fallait préalablement
poinçonner et ordonner.
- Les cartes perforées.
Fonction : c’est un morceau de papier rigide qui contient des informations représentées par la
présence ou l'absence de trou dans une position donnée. Certaines machines demandent à ce que
les cartes soient reliées entre elle, représentant ainsi l’équivalent d'un ruban de papier.
Premier support de mémoire de masse, elle sert à enregistrer l’information.
Performance : les cartes perforées sont ensuite remplacées par des disquettes magnétiques ce qui
permet de décentraliser la saisie de données.
- Le calculateur Gamma 3.
Fonction : pour soulager la tabulatrice quand les calculs sont trop lourds.
Performance : il s’agit du premier calculateur électronique conçu par Bull pour la mécanographie à
cartes perforées. Il apporte une puissance de calculs arithmétique et logique important, ce qui réduit
fortement le passage de cartes en machine.
- Le Gamma 3 ET, composé d’un tambour magnétique, permet le programme enregistré. Ce dernier
peut stocker des résultats intermédiaires. Le passage de cartes en machine est encore une fois réduit.
Mais la trieuse de cartes et la tabulatrice sont indispensables.
- L’ordinateur
Il intègre toutes ces fonctions (trieuse, tabulatrice, etc.) dans une seule et même machine contrôlée
par un seul programme. Les bandes magnétiques remplacent les cartes perforées.
- L’imprimante « Mathilde »
Commercialisée et industrialisée en 1984. Impression magnétique ou magnétographique. 1974 :
étude sur l’impression non-impact (vitesse d’impression plus rapide, 6000 l/min). Cette technologie
permet de franchir « le mur » des 1600 à 2000 lignes par minute des imprimantes à impact. Cette
nouvelle technologie permet :
- des impressions à grandes vitesse
- d’étendre le set de caractères donc d’imprimer des polices de toutes tailles, des objets
graphiques et géométriques, des images, etc.
Les compétences principales rattachées à ces machines sont :
- opératrice de saisie : perfore les cartes à partir des documents de base, cela nécessite 2000 à 8000
frappes par heure avec moins de 3% d’erreurs
- opérateur de mécanographie : mise en œuvre des machines pour les chaines de traitement
- technicien de mécanographie : coordination avec les autres services pour élaborer l’organigramme
des applications.
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L’implantation du siège européen General Electric (GE)
Fondée en 1892 par la fusion d’une partie de Thomson-Houston Electric Company et d'Edison
General Electric Company, la société américaine General Electric (GE) rachète le 25 juin 1999
l’activité turbine à gaz (AGT) d’Alstom. GE crée alors un nouveau groupe « GE Energy ProductEurope » qui représente 2500 salariés à Belfort. La société s’implante sur le site de Belfort, Bourogne
et Essen (Allemagne).
GE est le leader mondial dans la technologie des services et les systèmes de gestion pour la
production d’énergie. C’est le seul fabricant de turbines à gaz en France pour des centrales en cycle
simple, au cycle combiné (associant la vapeur) et en cogénération (associé à une récupération de
chaleur).
Les objectifs de cette implantation sont de devenir un « centre d’excellence mondial » de pénétrer les
marchés européens et de faire passer la production de 20% à 50% pour les turbines à gaz de
moyenne et très grosse puissance.
Activités et productions
- turbines à gaz les plus puissantes au monde (de 40 à 150 MW)
- centrales clé en main
- montage de cycles simples et de cycles combinés (Bourogne)
- Recherche et Développement
- modèles des turbines : 6B, 6FA, 9E
L’apport Outre-Atlantique
Les caractéristiques américaines se ressentent à travers la politique de management :
- la suppression des niveaux hiérarchiques permet de réduire les cycles de fabrication
- mise en place de nouveaux outils de travail : exemple du « work out » qui permet des réunions de 10
à 50 personnes
- un système de formation permet l’acquisition de grades pour des promotions
- une charte est rédigée pour garantir l’intégrité de l’entreprise
Depuis son implantation la valeur de GE est passée à Wall Street de 11 à plus de 200
milliards de dollars.
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III.
PAYSAGE INDUSTRIEL
Ce thème démontre le rapport de dépendance qui existe entre les implantations
industrielles et leur environnement.
Il met l’accent sur l’évolution originale des industries qui s’organisent en fonction du
paysage
pour
ensuite
s’émanciper
des
ressources
naturelles
et
modifier
considérablement l’environnement.
1. Un paysage qui conditionne l’industrie
Le Territoire de Belfort suit une tendance nationale avec une industrialisation
dès le XVIe siècle. Les implantations industrielles s’organisent en fonction des
ressources naturelles.
a) Géologie du Territoire de Belfort
Les ressources naturelles qui caractérisent le Territoire de Belfort sont le
minerai, les forêts et les cours d’eau.
Le Territoire et ses particularités géologiques
Le Territoire de Belfort est caractérisé par une vaste dépression calcaire d’une quarantaine de
kilomètres de large, entre le massif des Vosges et le massif jurassien Sud.
- Au Nord du département, le versant méridional des Vosges est couvert de forêts et de nombreux
cours d’eau dessinent les vallées.
Le granit et le grès dominent.
- La zone centrale du territoire comprend de nombreux étangs.
- L’Est de territoire représente la ligne du partage des eaux. Comme au Nord, on note une alternance
entre étangs et forêts.
- Au Sud du territoire se trouvent les monts calcaires.
Les ressources naturelles dominantes
- Le réseau hydraulique se caractérise par de nombreux cours d’eau et étangs qui appartiennent au
bassin du Doubs. Les trois rivières principales sont la Savoureuse, la St-Nicolas et la Madeleine qui
descendent du massif Vosgien.
- Les forêts couvrent 43% du territoire.
- Le minerai métallique (plomb, argent, cuivre) se trouve sur le versant vosgien. L’argile rouge recèle
du minerai de fer en grain de bonne teneur (30% à 40%).
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b) Des ressources naturelles aux industries
La pauvreté des sols du Territoire de Belfort a empêché une agriculture
prospère. La richesse de ses ressources a en revanche permis l’ancrage d’une
industrialisation.
Gisements naturels et métallurgie
e
Dès le XIII siècle, la première ressource exploitée est le plomb, l’argent et le cuivre à Giromagny,
Auxelles, Lepuix-Gy.
- Zones d’extraction : Audincourt, Exincourt, Grand et vieux Charmont, Nommay, Châtenois,
Sévenans, Danjoutin, Perouse, Vétrigne, Roppe, Eguenigue, Menoncourt, Lacollonge, Phaffans,
Denney, Bessoncourt, Chèvremont, Vézelois, Morvillars.
- Etablissements périphériques (forges et hauts-fourneaux) :
- Châtenois : construction d’un haut-fourneau en 1771. Dès 1586, les forges de Chagey sont
actives.
e
- Bethonvilliers un haut-fourneau fonctionne jusqu’à la fin du XIX siècle.
- Chèvremont par les forges d’Audincourt créées en 1619
- Roppe, Bessoncourt, Eguenigue par les forges de Massevaux
- Morvillars par sa tréfilerie considérée comme la plus grande d’Europe vers 1720
e
- Grandvillars par sa forge du XVI
- Belfort par son fourneau en 1394 puis une forge en 1640
- Florimont
La qualité du fer est réputée, la manufacture d’armes de St-Etienne en achète en 1770 pour la
fabrication de canons de fusils.
Force hydraulique et textile
e
Dès le XVIII siècle, il y avait de grandes quantités de fileurs et fileuses dans les montagnes.
e
Au début du XIX siècle, on assiste à une concentration de la branche textile dans la vallée Vosgienne.
Même avec l’apparition de la machine à vapeur, la force motrice est largement utilisée.
- Zones d’implantations :
- Hérimoncourt pour l’utilisation de l’énergie du Gland (rivière qui rejoint le Doubs à
Audincourt).
- Bavilliers : utilisation de l’eau de la Douce et appoint de machines à vapeur en 1828 (8cv)
puis 1830 (13cv).
- Giromagny : l’eau est aussi utilisée pour blanchir naturellement les toiles.
er
- Rougemont-le-Château : 1 tissage de coton entièrement mécanique.
+ Lepuix-Gy ; Auxelles Haut ; Etueffont-Haut ; Anjoutey ; St Germain ; Bethonvilliers.
c) Architecture vernaculaire
L’architecture de la pré-industrialisation du Territoire de Belfort est marquée par
les caractéristiques locales.
Matériaux
Les bâtiments industriels ruraux son composés de pierres locales : grès des Vosges et calcaire. On
trouve aussi de la brique sur la moitié des sites industriels, le parpaing de béton et du béton armé sur
deux tiers des sites.
Pour la couverture, la tuile est omniprésente, la tôle ne représente qu’un tiers des sites. Le toit en
e
shed n’apparaît qu’à la deuxième moitié du XIX siècle.
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Evolution principale
L’apparition des tissages et des filatures mécaniques est marquée par une organisation par niveau, un
bâtiment longitudinal, où sont distribuées les machines.
Ex. Tissage du Pont à Lepuix-Gy (patrimoine technique in situ : machines textiles, machines à vapeur,
etc.).
Ex. Forges de Morvillars / Grandvillars
Ex. Filature Boigeol pour sa construction verticale à étages typique.
2. Une industrie qui façonne le paysage
Suite à la défaite de la France face à l’Allemagne et à la signature du traité de
Francfort, de nouvelles conditions économiques et commerciales se créent.
a) Emancipation des paramètres naturels
Dès le début du XIXe siècle, l’industrie alsacienne est surtout présente de l’autre
coté des Vosges, dans la porte de Bourgogne et d’Alsace, à la recherche d’une
main-d’œuvre bon marché.
Fait géopolitique
Après le traité de Francfort, une nouvelle frontière coupe l’arrondissement de Belfort en deux. Les
industries alsaciennes sont alors coupées de leur clientèle.
Logique économique et commerciale
Une nouvelle organisation industrielle s’appuie sur des stratégies commerciales : l’industrie tient à
rester sur le marché français et cherche à éviter les taxes douanières lors de la circulation des
produits. Le pôle industriel qu’est Mulhouse cherche donc à implanter des succursales en France.
Belfort : point stratégique pour le développement industriel
Belfort est considérée comme une ville stratégique, et ce pour plusieurs raisons :
- elle est proche de la maison-mère (Mulhouse) avec laquelle les rapports sont très étroits,
- la ville est desservie par des voies de communication stratégiques. Entre le massif des
Vosges et le plateau du Jura, Belfort se situe au cœur d’un réseau de communication reliant
la Franche-Comté et la Bourgogne à l’Alsace, et forme une voie de passage entre les pays du
Rhin et ceux de Rhône. Ce réseau marque aussi la jonction entre trois nations : Allemagne,
Suisse, France. Un nœud ferroviaire (ville reliée à Paris via Vesoul depuis 1858 pour des
raisons stratégiques et militaires), routier et fluvial (Savoureuse, canal Rhin-Rhône) organise
cette zone. Ces voies de communication permettent l’arrivée de matières premières et
l’expédition de produits manufacturés.
- le bassin houiller de Ronchamp facilite l’approvisionnement en charbon
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b) Belfort, ville nouvelle
Les nouvelles conditions politiques, économiques et commerciales vont
favoriser les implantations. Une nouvelle carte industrielle se dessine. On note une
diminution frappante des établissements métallurgiques dans le Sud du territoire et
Belfort devient un noyau industriel de plus en plus affirmé.
Le textile
e
1879 : DMC, à Mulhouse depuis le XVIII siècle, s’implante le long de la voie ferrée.
Au nord de DMC s’implante la filature D. Dollfus
1881 : la filature de laine peignée Schwartz & Cie installe une succursale à Valdoie
1883 : aux limites de Belfort et Cravanche la filature G. Koechlin s’installe.
1886 : à l’étang des Forges, la firme Charles Steiner & Cie de Ribeauvillé commence à teindre des
cotonnades en rouge andrinople ou rouge turc.
1911 : installation de la Société Industrielle des Rubans à Valdoie
La métallurgie
1880 : la corderie Stein, qui devient une câblerie, s’installe à Danjoutin
1879 : la SACM se fixe sur Belfort sur 50 ha.
c) L’invention d’un site
Même si l’ensemble de la ville de Belfort et de son agglomération sont touchées
par cette nouvelle présence industrielle, c’est le Nord-ouest de la ville qui voit la
concentration la plus forte avec l’implantation de deux pôles industriels : DMC et la
SACM
Description du site de DMC
Perfection de son agencement général due à sa construction en un seul jet.
Deux bâtiments à rez-de-chaussée de 215 m de long sur 30 m de large pour 13 m de haut.
L’un sert d’usine, l’autre d’atelier de finissage, de mise en boite, de magasins et bureaux.
Galerie en sous-sol pour la transmission des mouvements ; les courroies qui dans d’autres
établissements se croisent dans l’air et sont source de danger pour l’ouvrier.
A mi-longueur de l’usine, une cheminée de 65 m de haut comprend un groupe de sept
chaudières et suffisamment de place pour en loger le même nombre.
A coté de ces générateurs se trouve le blanchiment.
Un vaste terrain est réservé pour une filature et installer un bâtiment d’usine semblable au
premier.
Description et grandes évolutions du site de la SACM
55 ha dont 26 ha sont couverts par des ateliers et des bureaux. 8000 personnes travaillent sur le site.
- 1880 : premier atelier de chaudronnerie adjoint à une fonderie de bronze, une menuiserie et d’autres
ateliers.
1882 : édification des bâtiments pour la fabrication complète des entreprises dont la halle des forges
de 1500 m², pour la fabrication de pièces métalliques, agrandies en 1889
1883 : le site est un établissement d’une dizaine d’ateliers regroupés dans l’angle de l’avenue des
Trois Chênes et de la ligne de chemin de fer Paris-Mulhouse.
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Six ateliers, organisés autour de la grande halle, sont clairement définies : grosse construction,
chaudronnerie, forge, fonderie, modelage, construction des machines de filature.
- De 1889 à 1918 : construction d’une série d’ateliers et de bureaux dont les trois ateliers les plus
importants : l’atelier de grosse chaudronnerie en 1903 qui atteindra les 8770 m² équipé de ponts de
30 tonnes ; l’atelier de la grosse construction ; l’atelier des grandes dynamos en 1899 qui s’étendra
sur une surface de 10 000m² au fil des ans.
- En 1940, l’établissement est relié à la voie ferrée par trois embranchements particuliers.
- Après la seconde guerre mondiale, le site cesse de s’agrandir par manque de place. Les évolutions
se verront essentiellement par des démolitions ou des rénovations. En 1947, le site s’étend sur
170000m².
- De 1960 à 1980, des investissements importants sont réalisés pour une réorganisation de la
production et de la fabrication des grosses pièces (prolongement du hall des grands alternateurs et
de celui des locomotives. Construction d’un nouvel atelier et de deux halls, grand hall des turbines à
vapeur agrandi de 3000 m ²).
- 1974 : édification du Hall 2000 qui se distingue des autres constructions par sa hauteur : 42 m sous
crochet, soit près de 50 m au faîtage.
- Construction d’un tunnel en béton armé de 7000 tonnes.
-Réseau au sol
Sur les 52 ha, environ 15 km de voies organisent le site.
Tous les ateliers sont desservis par un réseau ferroviaire composé d’aiguilles et de plaques
tournantes. Des embranchements sont aménagés pour relier le site à la ligne Paris-Mulhouse.
Des voies routières permettent le transport en interne de produits manufacturés et le déplacement du
personnel. Un ensemble de tracteurs, semi-remorques, wagons intérieurs, trains de remorque, un
pont transbordeur, etc. assurent le déplacement de très grosses pièces.
Un réseau complexe a été mis en place pour assurer une alimentation en eau capable de répondre à
différents besoins (consommation, usage industriel, sanitaires, incendies). Quatre étangs permettaient
cet apport (disparus aujourd’hui).
Architecture
L’architecture du site Nord-ouest de Belfort suit l’évolution nationale avec l’apparition de nouveaux
matériaux et de nouvelles formes.
Ainsi le site de DMC est particulièrement révélateur de ces nouveaux apports :
Le bâtiment Eiffel, longitudinal, qui associe structure métallique et brique. L’acier, la fonte, le fer
permettent de dégager des volumes importants, essentiels à l’installation de machines souvent
imposantes.
Les toits en sheds optimisent l’éclairage.
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IV.
PAYSAGE SOCIAL
Les implantations d’entreprises ont eu un véritable impact sur « l’Homme ».
Responsable de cette évolution industrielle, il a aussi dû s’adapter et adapter son
environnement à ce nouveau contexte aux multiples dimensions : démographiques,
politiques, culturelles, urbanistiques, etc.
1. Une démographie dessinée par les implantations industrielles
a) Implantations périphériques initiales
Avant 1870, la ville de Belfort est une bourgade de 8040 habitants et une ville
de garnison. Ce sont les communes aux alentours qui profitent d’une industrialisation
et d’une organisation urbaine relativement avancée.
Cinq bassins se démarquent
- Bassin de la Vallée Sous-vosgienne : Lepuix-Gy, Giromagny, Auxelles, Etueffont, Anjoutey, Bourgsous-Châtelet, Rougemont-le-Château. Les industries présentes sont des filatures et des tissages
mécaniques. En 1870, on recense la présence de 2500 ouvriers pour 26 établissements.
- Bassin de Beaucourt. L’industrie dominante est l’horlogerie Japy. 5500 ouvriers sont recensés en
1870 sur plusieurs établissements.
- Bassin de Grandvillars-Morvillars. L’industrie métallurgique (firme Viellard-Migeon) compte 1250
ouvriers en 1870.
- Bassin de Châtenois. La seule usine de Châtenois-les-Forges qui exploite le minerai de fer depuis le
e
XVI siècle emploie 200 ouvriers.
- Bassin belfortain : Bavilliers, Danjoutin, Valdoie et Belfort même. Les industries présentes sont
essentiellement dans le secteur du textile, métiers à filer et tissages mécaniques. En 1870, quatorze
établissements sont recensés pour 700 ouvriers.
Ex. Beaucourt : quartiers ouvriers, cités avec jardins, église, écoles, éclairage des rue (1893),
tramway (1904).
b) Polarisation belfortaine
Le traité de Francfort, en modifiant les frontières, incite de nouvelles
implantations industrielles et contribue ainsi à l’évolution démographique de la ville.
Démographie
La démographie du territoire subit une nette évolution de 1871 à 1891-1896 :
Belfort : de 8030 à 25455 habitants
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Valdoie : de 537 à 1985 habitants
Danjoutin : de 654 à 1963 habitants
Bavilliers : de 740 à 1508 habitants
Cravanche : de 135 à 347 habitants
Essert : de 540 à 875 habitants
Immigration locale
Le noyau originel des travailleurs est venu d’Alsace (issu des ateliers de Mulhouse transplantés à
Belfort – cf. Paysage industriel). Une clause du traité de Francfort permet un choix d’option : les
Alsaciens-Lorrains peuvent conserver la nationalité française s'ils quittent la région avant le 1er
octobre 1872. En 1872, la ville de Belfort compte déjà 856 Alsaciens ayant opté et 701 non optants.
Belfort attire aussi la population des campagnes environnantes (versant sud des Vosges, HauteSaône, Haut-Rhin).
Immigration internationale
Belfort devient une ville attractive attirant une population venue de toute l’Europe centrale (Suisse,
Italie, Autriche, Hongrie, Russie, Pologne, Tchécoslovaquie).
De 1870 à 1911, 21 000 à 22 000 migrants sont recensés. Et en 1901 le taux d’étrangers est de 17%.
- Evolution globale de la population : Belfort voit sa population se multiplier par cinq (elle augmente de
40 000 habitants de 1872 à 1911).
2. Nouveau cadre de vie et sociabilité
a) Habitat
Face à l’afflux de population, la question du logement se pose très vite afin de
stabiliser la main d’œuvre. Une nette évolution du parc immobilier se dessine de
1881 à 1970.
Evolution des logements ouvriers
- La population se fixe essentiellement autour de l’axe du faubourg des Vosges à proximité des usines
(de 155 à 12 660 habitants de 1872 à 1911). Le centre de gravité se déporte au nord de la ville, le
centre ancien voit une régression démographique.
ère
- 1 construction en 1881 des cités alsaciennes à l’Est de la voie ferrée par la SACM (47 maisons en
cordeau avec jardin) qui accueille 800 personnes à partir de 1910.
- Le secteur des Vosges devient un quartier à part entière et même le cœur de la ville.
- Création en 1890 de la Société belfortaine des habitations à bon marché (SBHBM) qui s’associe
avec Alsthom, ce qui permet un accès à la propriété par le remboursement d’un prêt sur 15-20 ans.
ème
-2
tranche de construction des cités alsaciennes entre 1921 et 1926.
- La SACM loue des casernes vers 1920-1930 par manque de logements (Bosmont, Danjoutin,
Offemont).
- Création du quartier Léon Dardel, complété dans les années 50 par 248 logements, quartier d’habitat
collectif au nord de l’usine.
- De l’autre coté de la voie de chemin de fer, création du quartier de la Méchelle par la Société
Immobilière des Trois chênes (deux immeubles collectifs, 61 maisons individuelles).
- En 1987 Alsthom est propriétaire de 941 logements
- Les logements patronaux sont avenue d’Alsace.
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- Description d’un logement ouvrier type : maisons mitoyennes de deux logements de 65 m² à 75 m² et
600 m² de terrain. Chaque logement comprend une cuisine, quatre chambres, un WC, une cave et un
grenier.
D’autres sont groupés par quatre au sein d’une même construction.
b) Santé et œuvres sociales
Hérité de la culture alsacienne, les œuvres sociales assurent une symbiose
entre territoire et population.
Santé
e
- Création de caisses de secours mutuels dès le milieu du XIX pour assurer des soins aux malades,
infirmes, blessés ou retraités (Viellard-Migeon, Japy, Alsthom).
- Création d’une maternité en 1920 pour favoriser les naissances (hôtel particulier du faubourg de
Montbéliard). En parallèle, mise en place de « La Goutte de Lait » – salle d’allaitement, garderie,
consultations – et d’une crèche.
- Mise en place en 1945 du Comité d’établissement au sein d’Alsthom pour gérer les œuvres sociales
(colonies de vacances, retraites, secours mutuels, formations, etc.) qui devient ensuite le CIE suite à
l’éclatement de l’entreprise en différente entités indépendantes puis le CIE Trois chênes.
Approvisionnement
- Création de systèmes d’approvisionnement : la fédération des Syndicats du Territoire de Belfort crée
une coopérative de consommation ; Alsthom crée la Coop-Alsthom – magasin alimentaire de 3000 m²
sur 2 niveaux aux portes de l’usine.
c) Mobilité du personnel
Les entreprises se développant, elles doivent constamment élargir l’aire de
recrutement des ouvriers. Ils organisent donc le transport des ouvriers de leur
domicile à l’usine.
- De multiples ramifications sont mises en place (train, camionnette, car effectuant près de 1500 km
par jour).
- Dessertes : Haute-Saône et Sundgau
- Système qui permet de conserver le modèle de l’ouvrier-paysans
- La population se fixe sur ces voies de communication (Ex. Giromagny – Belfort).
d) Education et loisirs
Les industriels vont impulser des structures éducatives et culturelles, la
connaissance étant nécessaire à leur futur travail dans les usines.
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Formation
- Initiatives industrielles : en 1907 la SACM met en place des cours pour apprentis et jeunes employés
de bureaux. Ces cours deviennent un véritable centre de formation en 1974 qui accueille près de 200
élèves par an. En 1961 la formation est confiée au collège d’enseignement technique.
- Initiatives municipales : mise en place de différentes écoles (1876 : création de l’école faubourg de
Montbéliard ; 1882 : école du faubourg des Vosges ; 1881 : école Normale d’Instituteurs, rue Voltaire
en 1910 ; 1900 : grande école rue de Cravanche, aujourd’hui Raymond-Aubert).
Musique
Création de la Fanfare des usines. Le président est Fritz Bauer, administratif à la SACM. Impulsé par
le compositeur Jules Cabrol, la fanfare reçoit de nombreux prix. La Fanfare devient ensuite Harmonie
98 puis Harmonie des Usines, puis Harmonie d’Alsthom pour enfin devenir école de musique. Son
dernier concert date du 11 mars 2000 et devient ensuite l’Orchestre Harmonique de la Ville de Belfort
(OHVB).
Sport
Un club de foot se crée, seulement en 1949 : football-Club Alsthom. En 1955, le football-club devient
le SRB (Sport Réunis Belfortains) avec sept sections : football, basket, athlétisme, handball, échecs,
ski, archer, camping.
Culture
En 1962, mise en place de la « Commission culture et loisir » qui encourage la fréquentation du
théâtre, de la bibliothèque, les expositions, les conférences, etc. Le succès de ces actions culturelles
incitera la création du centre culturelle Benoît-Frachon dans le quartier de la Méchelle.
Vacances
La SACM organise des colonies de vacances et fait l’acquisition d’espaces d’accueil pour des familles.
Camps de Guillon-les-Bains ; Châtenois (Bavilliers) ; Lepuix-Gy ; Hautes-Alpes ; Ile de Ré ; etc.
3. Mouvements sociaux
D’origines familiales, les entreprises d’avant 1871 portent le nom des industriels
qui en sont à l’initiative (Japy, Viellard, Zeller, etc.). Ces derniers vivent au rythme de
l’usine et ont même parfois le souci d’organiser au sein de l’entreprise des relations
de proximité avec leurs employés.
Avec l’implantation de grandes industries, Belfort voit naître une nouvelle forme de
patronat et le développement du syndicalisme.
a) Organisations syndicales et politiques
La succession des différents mouvements politiques à Belfort est la
conséquence directe d’une mutation économique et sociale.
Les premiers syndicats
Naissance tardive du syndicalisme par rapport au reste de la France.
er
- 1 syndicat : le syndicat des typographes, soutenu par le parti radical, nait du journal « La
Frontière » de Fréry. Il a l’appui de la municipalité.
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- Le syndicat des métallurgistes qui vient des usines de la SACM. Il est à tendance socialiste.
- La syndicat du textile est le deuxième plus important.
Ils s’organisent pour créer le 27 septembre 1899 la Bourse (outil d’influence) sans les
métallurgistes.
Les syndicats ouvriers contrés
- Création des « jaunes » et de la « Fédération des Syndicats et Groupements Ouvriers du Haut-Rhin
et de la Haute-Saône », qui correspond à la droite patronale conservatrice. Viellard est à la tête du
syndicat. Il contribue à affaiblir le mouvement ouvrier, le syndicat du textile s’est d’ailleurs rallié à eux.
Un des leaders, Bietry, qui devient un des dirigeants nationaux après les grèves de 1899.
- Face aux « jaunes », un rapprochement s’opère entre réformistes et révolutionnaires.
- Les socialistes s’organisent et s’unifient (rupture avec la Fédération Ouvrière). Le parti s’intensifie et
inspire confiance avec son combat contre la vie chère qui contribuera à l’implantation du marché des
Vosges. L’action socialiste s’organise notamment avec Frossard. Il édite l’hebdomadaire Germinal,
l’organe du SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière) puis de la SFIC (Section Française
de l’Internationale Communiste) et enfin du PC (Parti Communiste).
- Les socialistes et radicaux forment l’Union sacrée entre 1918 et 1922. Les syndicats sont de plus en
plus puissants dans les grandes entreprises.
- La CGT (Confédération Générale du Travail) se structure à l’échelle des départements.
- Le patronat s’organise et un rapport de force nait avec la municipalité qui soutient les mouvements
ouvriers.
Organisation/stabilisation politique et syndicale
e
- 1920 : unification des socialistes sous la III Internationale. Le PS se transforme en PC SFIC.
- Création du SFIO qui devient SFIC en 1920.
- Le PCF se divise pour donner le PCU qui conserve l’hebdomadaire Germinal, puis le PSC (Parti
Socialiste Communiste) qui rejoint le SFIO.
- La division entre les socialistes et les communistes permettent aux radicaux de s’affirmer aux
législatives de 1924.
- Les mouvements ouvriers sont néanmoins affaiblis ce qui permet la remontée du patronat avec
André Tardieu. De nouveaux rapports entre l’Etat, la politique locale et le patronat apparaissent.
- La CGTU (Confédération Général du Travail Unitaire) devient le mouvement syndical le plus actif.
Même avec le soutient de l’Etat, le patronat se voit augmenter les salaires de 10% face aux grèves de
1930. Lors de ces grèves, le SFIO et le PC sont absents des revendications.
- Le parti radical revient sur le devant de la scène et s’affirme avec Pierre Dreyfus-Schmidt (maire de
1935 à 1941).
- L’alliance d’après guerre entre radicaux et communistes, soutenue par la municipalité, permet une
remontée face aux gaullistes toujours en tête, dirigés par Raymond Schmittlein.
- C’est en 1966, avec l’arrivée de Jean-Pierre Chevènement et la création du Centre d’Etudes, de
Recherche, et d’Education Socialiste (CERES) qu’une dynamique de gauche s’organise réellement.
En 1977, le Parti Socialiste remporte les municipales.
b) Les événements sociaux
Le développement de Belfort comme foyer industriel voit naître un rapport
marqué entre monde ouvriers et patronat.
ère
1 grève : 11 octobre au 20 novembre 1899.
Le président du syndicat des métallurgistes, Linder, est renvoyé. Un mouvement de 5000 ouvriers va
demander sa réintégration ainsi que la réduction de la journée de travail (de 10h30 à 10h) et une
augmentation des salaires.
Avril-mai 1919
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5000 ouvriers défilent pour les 8h journalier, contre l’impôt sur les salaires et contre l’intervention en
Russie. La municipalité soutient le mouvement en menaçant, selon l’article du cahier des charges, une
exploitation directe de l’usine.
18 janvier au 21 février 1930
Les ateliers Alsthom ainsi que le textile se mettent en grève. Le mouvement a un écho national. Le 9
février Belfort est en quasi état de siège. 10% d’augmentation de salaire sont accordés (25%
demandés).
Février 1950
Grande grève, sans occupation de l’usine, pour obtenir une prime de vie chère. Les salaires sont
augmentés de 5%.
1955
Les revendications ouvrières, pour l’augmentation des salaires, bloquent la production ce qui mène la
direction au lock-out. Mouvement qui place la ville en état de siège et qui aura un écho national
(éditorial d’Albert Camus dans l’Express sur Lacaille et Guerrin trainés en justice par le préfet).
Grèves de 68
Se concluent par une reconnaissance du droit syndical et une revalorisation des salaires ce qui
entraine une reprise économique.
Octobre 1979
ème
anniversaire sur le plan
Grèves de 60 jours. Alsthom, fleuron de l’industrie française, veut fêter 100
international (personnalité politiques, industriels, etc.). L’entreprise monopolise les ouvriers pour cette
préparation et promet cadeaux et récompenses. La promesse n’est pas à la hauteur des attentes, les
mouvements ouvriers touchent toutes les catégories professionnelles. Une délégation chinoise visite
l’usine en état de grève.
Opération « ville-morte », 10 000 personnes défilent et la gare et les autoroutes sont occupées. Le
tribunal reconnaît l’occupation de l’usine comme illégale.
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SOURCES
Archives
- Archives Départementales du Territoire de Belfort :
- fonds 9J pour Japy
- série M pour l’activité industrielle sous le second Empire
- fonds Erhard : diplôme de Victor Erhard - Exposition universelle de Paris
- plan d’Heinrich Schickhardt (architecte allemand qui a réalisé l’hôtel de ville
de Belfort et des hauts-fourneaux)
- plan de machines industrielles allemandes
- série 7S 172 pour des plans et clichés anciens des ateliers de Morvillars et
Grandvillars ainsi que des plans et clichés ancien des espaces de travail intérieurs.
- plans du patrimoine technique du tissage du Pont
- maquette du « bâtiment Eiffel » - DMC puis Bull
- série M pour l’activité industrielle sous le second Empire
- les registres du personnel de la SACM
- fonds Edmond à Grandvillars : plaques de verre (photographies)
- photos de l’école d’apprentissage d’Alsthom et des fiches d’élèves
- Catalogue d’exposition D’ICI ET D’AILLEURS - Une histoire de l’immigration
dans le Territoire de Belfort.
- Archives départementales de Seine-Saint-Denis (Bobigny).
- Archives municipales de Mulhouse (en cours de classement) : plans usine de DMC.
- Bibliothèque municipale de Belfort pour sa collection de dessins des mines et des
techniques.
- Fonds Viellard : médaille papier dentelle – excellence universelle.
- Fonds photos aériennes de la ville de Belfort – J.-L. ROMAIN.
- Fonds Mésière : cartes postales anciennes sur la vie ouvrière.
- les archives du service communication de la Ville de Belfort depuis le milieu des
années 60.
- Fonds photos aériennes de la ville de Belfort – CD-ROM, J.-L. ROMAIN.
- Revue de presse GE de 1999 à 2010.
Musées
- Le musée Japy à Beaucourt.
- Le musée de Montbéliard.
- La Fédération des Equipes Bull (FEB)
Belfort, dossiers sur le foncier (achat, vente de terrains) et la politique de logement
social.
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Bibliographie :
- (G.) SCHOULER, L'industrie avant la guerre de 1870-1871 et les conséquences
commerciales et industrielles du traité de Francfort dans le Territoire de Belfort,
Bulletin de la Société belfortaine d'émulation (BSBE) N° 69 et 70
- (P.) LAMARD, Histoire d’un capital familial au XIXe siècle : le capital Japy (17771910), numéro hors série de la Société belfortaine d'émulation.
- (A.) LARGER, (J.) BEGEOT, Naissance de l’industrie autour de Belfort, Centre
Départemental de Documentation Pédagogique.
- (R.) BELOT (dir.), (P.) LAMARD (dir.), Alstom à Belfort, 130 ans d’aventure
industrielle, E-T-A-I, 2009.
- (J.-L.) ROMAIN, Belfort. L’usine et la cité, Cêtre, 1993.
- (F.) PEROZ, Belfort Montbéliard. Histoire d’un bassin industriel comtois, Alan
Sutton, 2008.
- La saga de Bull Belfort ou il était une fois dans l’Est, Bull, 1985.
- (R.) FAVEREAUX, Patrimoine industriel du Territoire de Belfort, Association pour la
Promotion et le Développement de l’Inventaire Comtois (ASPRODIC).
(G.) SCHOULER, L'industrie avant la guerre de 1870-1871 et les conséquences
commerciales et industrielles du traité de Francfort dans le Territoire de Belfort,
Bulletin de la Société belfortaine d'émulation (BSBE) N° 69 et 70.
-
- (O.) SHMITT, Évaluation et perception de la collaboration industrielle francoallemande. 1940-1944. Le cas de l’Alsthom – Belfort, Th Doctorat, UTBM –
Sévenans, 2010.
- (R.) BELOT (dir.), Cahiers de RECITS n° 1 à 5, 2 000-2007, UTBM - laboratoire
RECITS.
- (P.) LAMARD (dir.), (N.) STOSKOPF, 1974 – 1984, une décennie de
désindustrialisation ?, Picard, 2007.
Réalisation
- Un atelier de cartographie à Mulhouse peut créer des cartes sur-mesure.
- Reconstitutions virtuelles possibles avec le laboratoire RECITS et SeT – UTBM.
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x
Partie III
Vers un écosystème innovant :
Energie et Mobilité
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I.
PERIMETRE DU PROJET
1. Définition de l’innovation
Parler d’une Cité de l’innovation conduit à se poser la question non pas tant de
ce qu’est une Cité, espace de rencontre, de vie des citoyens, mais sur ce que
recouvre la notion d’innovation. Il s’agit là d’un terme polysémique par excellence qui
se prête à tous les dimensionnements possibles et l’acception retenue ici de
l’innovation est bien une acception large.
a) Un terme multidimensionnel
L’innovation est le plus souvent définie comme la « (…) transformation d'une
idée en un produit nouveau ou amélioré lancé sur le marché, ou en un procédé
opérationnel nouveau ou amélioré utilisé dans l'industrie et le commerce. » (Manuel
d’Oslo).
Cette définition met en avant le fait que l’innovation est à la fois :
un résultat mais également le processus qui conduit à ce résultat
multiforme, technologique (produit, process) ou non technologique
(organisationnelle, service)
un concept techno-économique (contrairement par exemple à la découverte
qui relève de la science, de la recherche, à l’invention qui renvoie à la création
d’artefacts non commercialisés) qui implique la rencontre d’opportunités
technologiques et d’un marché.
b) Qui participe d’un imaginaire
Au-delà de cette définition, l’innovation est synonyme de progrès, de
nouveautés. Elle fait partie du quotidien de chacun, en étant plus ou moins visible
selon la nature même des activités réalisées. De fait, l’innovation peut parfois être
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facile à montrer quand il s’agit par exemple de produits dits grands publics, mais elle
peut être plus difficilement révélable lorsqu’elle concerne des composants, des
procédés de production ou encore lorsque l’activité se situe en amont d’une filière et
donne lieu à un échange B to B (Buisness to Buisness). Dépassant une approche
strictement économique qui met l’accent sur l’innovation comme condition de survie
dans un monde concurrentiel c’est bien la question de la finalité sociétale de
l’innovation qui mérite d’être posée.
L’histoire montre que l’innovation est un vecteur d’évolution paradigmatique pour une
société. Elle est aussi aujourd’hui un moyen de répondre aux défis écologiques et
sociétaux contemporains (pensons aux nouvelles énergies, aux nouvelles formes de
mobilités, à la façon dont les nouvelles technologies modifient les relations entre les
individus, les entreprises…). L’innovation ouvre un champ des possibles quasi infini
pour
« faire » autrement et les limites sont celles que nous nous mettons, celle
de notre imaginaire, de notre capacité à imaginer d’autres « façons de faire », de
notre capacité à penser autrement.
2. La culture industrielle au sein de la Cité de l’Innovation
a) Le message
La richesse de l’histoire du site, la nature des acteurs actuellement présents,
laissent ouverte plusieurs options quant à ce que pourrait être la thématique ou le fil
rouge de la Cité de l’innovation. Cela étant, la thématique centrale qui semble se
dégager au vue de l’exploration des champs de recouvrement entre les acteurs
économiques de l’industrie et de la recherche concerne « l’énergie et la mobilité ».
Energie et mobilité
Cette problématique énergétique peut en effet être appréhendée à divers niveaux : système de
production d’énergie (turbines, centrales, systèmes de pile à combustible,…), nature de la ressource
énergétique (hydrogène et, énergie renouvelable, …), des modes d’organisation (smart grids), des
usages (véhicule électrique, mobilité, smart meters…)… On tient là deux des trois piliers
fondamentaux de la Troisième Révolution Industrielle chère à J. Rifkin (2010). L’une des originalité du
site réside dans sa capacité potentielle à faire se croiser ces problématiques, à faire se rencontrer ces
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domaines de compétences, portés par des acteurs divers, afin de faire émerger une modalité de
réponse, technologie, sociétable, durable aux questions énergétique et transports.
Des contributions locales pour des problématiques mondiales
Si l’on admet que les défis énergiques, écologiques à relever entraîneront un changement
paradigmatique en vue d’une croissance durable, verte, équitable…alors on peut se demander
comment ce site peut proposer une expression (pour une meilleure compréhension) de ces défis et
des solutions que les acteurs locaux (entreprises, chercheurs) sont en mesure de proposer ou de
contribuer à construire.
Dans cette perspective, le patrimoine matériel notamment industriel ne constitue plus
uniquement la trace d’un temps passé, mais le révélateur de potentialités futures, le liant qui donne du
sens, une direction aux projets en cours au-delà des turbulences conjoncturelles nombreuses et des
épiphénomènes technologiques. La Cité de l’innovation pourrait se donner cette vocation de conférer
du Sens aux activités et aux acteurs présents sur le site tout en favorisant une appropriation locale
des problématiques énergétiques et de mobilités
b) La position de la Cité de l’Innovation
Associer les entreprises et la recherche universitaire
Une option originale susceptible de constituer un élément différenciateur du site au niveau
national voire international pourrait être de chercher à mettre en avant les points de jonction entre les
compétences scientifiques, technologiques présentes, afin de donner corps à l’idée que l’innovation
est avant tout une alchimie recombinatoire. Cette rencontre peut être l’occasion d’une réflexion sur
une Cité de l’Innovation Durable, fondée sur de nouvelles énergies, de nouveaux comportements de
production, de consommation, d’usage, de déplacement…et porteuse d’une vision nouvelle de la Cité,
de son architecture urbanistique et in fine de son patrimoine matériel et immatériel.
Valorisation d’une immatérialité
Comme tout changement, l’innovation comporte une part de risque, non seulement
technologique,
économique
mais
aussi
éthique.
L’appropriation
par
l’usager
(entreprise,
consommateur ou citoyen), la communication peuvent atténuer la perception que les uns et les autres
ont de ces risques. Il s’agit de faire ressortir les opportunités et de leur permettre de voir le jour. Dans
cette perspective, rendre visible l’invisible peut être un levier pour développer la culture de l’innovation.
Comment émerge l’innovation ? Quel cheminement la pensée suit-elle pour passer de l’idée au projet,
de projet à l’objet. Des ateliers de créativité pourraient être à même d’éclairer ce processus et d’en
permettre l’appropriation et le développement.
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II.
RADIOSCOPIE DU TECHN’HOM
Le site aujourd’hui appelé Techn’Hom, représente le point de transition avec
l’actualité.
Comme développé dans la partie II La Longue histoire d’aujourd’hui, ce site véhicule
les origines industrielles de la ville. Il porte également la dynamique actuelle en
termes de productions, de compétences industrielles, de services et de produits finis
et ce, grâce à des volontés collectives et innovantes.
1. Une réhabilitation du passé pour l’avenir
a) Une histoire qui perdure
Contrairement à beaucoup de sites industriels de France, la zone nord-ouest de
Belfort avait un fort potentiel pour lui assurer une pérennité, malgré la perspective de
voir naître plusieurs dizaines de mètres carré de friches industrielles. La présence
d’Alstom, puissance industrielle et économique de l’agglomération belfortaine, et
l’implantation de GE en 1999 ont joué sur ce potentiel.
Après la fermeture de Bull en 1992, le site industriel devient un parc technologique « Technopôle »
créé en 1999 aux cotés d’Alstom, toujours en activité.
Aujourd’hui en Zone d’Aménagement Concerté, les industries historiques qui ont façonné le site – la
SACM, DMC – nous laissent un héritage encore dynamiques : Alstom et le technopôle, anciennement
Bull.
La valeur de ces entreprises qui ont traversé des décennies d’activité est incontestable. Elles ont une
valeur historique, urbaine par leur situation géographique et sont le reflet d’une qualité architecturale.
Elles constituent une référence historique forte pour la population environnante ; elles sont aussi un
point d’ancrage potentiel pour de futures implantations industrielles.
b) Assurer l’avenir
Face à ces industries qui disparaissent et d’autres qui se fragilisent, comme
Alstom en 2003, la question de la reconversion et de l’utilisation de ce patrimoine
comme un outil de développement pluriel se pose.
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La genèse du Techn’Hom
Les élus refusaient de voir disparaître une tradition industrielle forte, un jalon fondamental dans
l’histoire de Belfort.
L’intérêt patrimonial du site d’Alstom et du Technopôle est évident. Ces deux sites représentent une
superficie de 100 hectares comprenant 500 000m² de bâtiments industriels et de services.
Le Techn’Hom voit le jour durant l’été 2006 sous forme de Zone d’Aménagement Concertée.
Complémentarité des acteurs publics et privés
Plusieurs acteurs se sont donc entendus pour réaliser le projet Techn’Hom : la Communauté
d’Agglomération belfortaine (CAB), le Conseil général, l’Etat, l’Europe (fonds FEDER), Alstom puis la
Société d’Economie Mixte Patrimoniale du Territoire de Belfort (SEMPAT). Cette dernière a racheté
60 000 m² de terrain à Alstom pour faire émerger le projet Techn’Hom.
Le choix d’une référence pour la maitrise d’œuvre
Le cabinet d’architectes Reichen & Robert ont assuré la maitrise d’œuvre de ce grand projet urbain.
C’est une référence internationale en termes de réhabilitation du patrimoine industriel, grand prix de
l’urbanisme 2005, il est connu pour ses célèbres reconversions : la grande halle de la Villette à Paris,
la halle Tony Garnier à Lyon, l’ancienne usine Menier à Noisiel, siège social du groupe Nestlé France.
c) Un site innovant
Le Techn’Hom représente une des plus grandes opérations d’urbanisme
industriel de France.
Les objectifs ambitieux du projet
- Assurer le maintien et le développement des 90 entreprises présentes et des 7000 emplois.
- Diversifier les fonctions et les services pour accroitre l’attractivité, encourager l’accueil de nouveaux
investisseurs et le développement de l’emploi tertiaire, notamment dans le service aux entreprises.
Particularité du site
- Attention accordée au paysage architectural, au paysage environnemental
- Fonctionnalité : le site a une capacité d’accueil avec ses stationnements et ses dessertes. Trois rues
longeant les longues halles originelles sont reliées par percement de ces bâtiments révélateurs de
e
l’architecture industrielle du début du XX siècle.
- Rationalisation des deux sites par l’avenue nord-sud des Sciences et de l’Industrie. Ce dernier
permet une irrigation du site par des voies perpendiculaires.
- Stratégie de développement durable et social avec la réhabilitation du bâti, l’économie de l’espace et
des projets d’éco-quartier à l’emplacement des anciens jardins ouvriers.
- Convivialité avec le développement de services et d’activités : crèche, parcours autour de l’étang,
banque, wifi, espace de remise en forme, salon de thé, boulangerie, brasserie « La Table », espace
culturel/co-working « L’Usine », etc.
- Architecture : dialogue constant entre l’ancien et le nouveau avec une complémentarité des
matériaux et des couleurs. L’ensemble du site conserve une homogénéité et reste en harmonie avec
le paysage.
Ex. : ancien atelier DMC reconverti en bureaux pour accueillir le siège européen de GE : sans le
dénaturer, Reichen & Robert ont ajouté une extension de 3000 m², aile entièrement en verre qui
double la façade antérieure et qui permet des jeux de lumières.
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2. Une dynamique industrielle ancrée
Le projet Techn’Hom a redynamisé le site industriel en créant les conditions
pour l’implantation et la diversification des activités industrielles.
a) Des secteurs variés
La radioscopie du site du Techn’Hom fait apparaître un site relativement
hétérogène dont l’identité reste à affirmer. Si le potentiel économique et scientifique
du site est bien réel, la construction de son identité reste un enjeu majeur pour les
acteurs du site, notamment pour les entreprises les plus petites.
Aujourd’hui ce sont 125 entreprises qui façonnent la dynamique du Techn’Hom, soit
7384 employés.
Les secteurs présents
Services aux entreprises
Industrie
Services aux salariés
Biomédical
BTP
Enseignement supérieur
Informatique, multimédia
Ingénierie, bureau d’étude
Recherche
L’évolution structurelle du site suit globalement les grandes tendances économiques contemporaines
avec une croissance de la présence des services aux entreprises (notamment des bureaux d’études,
des sociétés d’ingénierie…) qui vont travailler pour de grands donneurs d’ordres et une apparition
relativement récente des services à la personne. Cependant le site conserve une dominante
industrielle (en termes d’effectifs salariés) forte autour de l’énergie liée à la présence historique
d’Alstom et plus récente de GEEPE.
b) Les activités industrielles
Le secteur industriel reste un des secteurs les plus important qui influe
réellement sur la dynamique du Techn’Hom (figure 1).
A lui seul, le secteur industriel représente un chiffre d’affaire moyen de 263 000K€.
La majorité des entreprises sont implantées à l’international. 32% ne sont implantées que localement.
4% sont implantées au niveau national.
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Figure 1 : Localisation des entreprises du Techn’Hom – Sempat, janvier 2010
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Grandes entreprises
- General Electric :
Siège Européen et seul producteur de turbines à gaz de moyenne et grande puissance en France.
Un savoir-faire
• Développement et production d’une large gamme de turbines à gaz de moyenne et grande
puissance
• Trois sites de production situés à Belfort, Bourogne et Chonas, dont deux sont certifiés “Global Star,”
label d’excellence en termes d’Environnement, Hygiène et Sécurité
• Savoir-faire reconnu de ses ingénieurs, cadres, techniciens et ouvriers de ses trois sites dans la
conception et la réalisation de centrales de production d’électricité avec turbines à gaz, installées dans
le monde entier
• Centre technologique dédié à la conception, à la recherche et au développement de produits,
réunissant plus de 400 ingénieurs
GE Energy, un acteur impliqué localement
• Partenariats privilégiés avec les PME locales
• Partenariats privilégiés avec les universités techniques
• Partenariats culturels et sportifs. Parmi les plus importants : Mécénat des
Eurockéennes de Belfort, sponsor des employés dans leurs activités sportives …
Générateur d’innovations
- Datacenter : inauguration le 5 mai 2011. Il s’agit d’un système informatique qui permettrait 5 millions
de téléconférences en simultané.
- Centre technologique : plus de 400 ingénieurs et techniciens. Présentation le 6 mai 2011 de la salle
3D qui permet de se promener virtuellement à l’intérieur d’une centrale. Un plus pour les clients et une
première mondiale.
- Alstom
Un acteur mondial dans les domaines de l’énergie et de transport ferroviaire.
Le site de Belfort comprend : Power Turbo-Systems, Power Environnement, Power service et
Transport.
7 activités diverses basées sur plus de 100 ans d’expérience
• Centrales énergétiques
• Fabrication de turbines à vapeur
• Alternateurs pour centrales thermiques, vente et fabrication
• Aimants et supraconducteurs
• Alternateurs Hydrauliques
• Services
• Transport
Recherche publique - industrielle
- Orange Lab
Les Orange Labs constituent le réseau mondial d’innovation du groupe France Télécom-Orange. Il
regroupe 5000 chercheurs/ingénieurs/marketeurs dans 18 pays. Chaque Orange Lab est intégré à
son propre écosystème géographique afin de saisir les avancées technologiques et et l’évolution des
usages.
En 1992, un site du CNET (Centre National d’Etudes des Télécommunications), centre public de
recherche sous la tutelle du Ministère des Postes et Télécommunications, est créé à Belfort. En 2000,
le CNET devient la Division Recherche de France Télécom (FTR&D).
Le centre de Belfort est spécialisé dans les radiocommunications, tous systèmes terrestres confondus,
sur les aspects :
- propagation des ondes radio (mesures et modèles),
- optimisation des ressources radio (modèles et paramétrages)
- ingénierie du trafic (modèles et algorithmes).
Une collaboration fructueuse s’est mise en place avec l’UTBM créant une forte synergie entre
recherche privée et publique sur le modèle des clusters anglo-saxons. FTR&D et l’UTBM sont donc
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engagés sur plusieurs projets de recherche entraînent d’autres acteurs locaux dans leur sillage,
er
comme par exemple la DR de Franche-Comté et le parc industriel TECHN’HOM pour l’accueil du 1
réseau Wi-Fi maillé européen en 2007.
PME
- Novelté Système
Domaines : recherche
Compétences :
- Études et réalisations en génie électrique, thermique et mécanique
- Recherches exploratoires et appliquées
- Expertises et conseils techniques, R&D, CAO 3D, calculs et essais, management de projets,
réalisations prototypes et petite série.
Depuis le début des années 1990 et en collaboration avec les acteurs de la recherche FrancComtoise, Novelté Système développe des solutions innovantes de motorisation électrique pour le
domaine des transports terrestres. C'est tout d'abord sous le nom de Technicréa (département R&D)
puis à partir de 1999 sous celui de Technicréa Recherche que les premiers travaux de recherche ont
été conduits et ont abouti aux premières réalisations de prototypes. fin 2004, Technicréa Recherche
change de nom pour Novelté Système. Aujourd'hui, Novelté Système continue de formuler des idées
novatrices et souhaite les transmettre à ses clients actuels et futurs.
- Trinaps
Domaine : télécommunication
Compétences : Conseille, intègre et propose des services en réseaux sans-fil Wi-Fi, en solutions
Machine-to-Machine (M2M) et en TIC.
En tant que gestionnaire du réseau fibre optique et Wi-Fi maillé de Techn’Hom, elle propose des
services très haut-débit professionnels locaux et sur mesure pour les entreprises du site.
Historique
Fondée par 3 ingénieurs de l'UTBM, la société est partenaire depuis plus de 2 ans
avec le laboratoire Système et Transport de l'UTBM avec qui elle a effectué un transfert de
technologie sur une application logicielle innovante qui permet de simuler la couverture et les débits
de réseaux Wi-Fi.
- Euro/CFD
Domaines : Energie, Automobile & Transport, Aéronautique & Naval, BTP & Architecture,
Environnement & Sécurité, R&D, Chimie & Pétrochimie, Pharmacie.
Compétences : il s’agit d’un bureau d’études spécialisé en solutions numériques pour l'industrie. Ils
sont experts en mécanique des fluides et transferts thermiques.
Issus du monde de la recherche et de l'industrie, ils ont assisté et participé au développement de la
simulation numérique au sein de l’ingénierie.
c) La recherche
L’activité de recherche publique est essentiellement portée par les laboratoires
de l’UTBM (identifiés ici de façon indépendante avant leur regroupement dans
l’Institut Bartholdi) auquel s’ajoute d’une part l’Institut Femto et d’autre part FC-Lab.
Une première étude permet de mettre en avant les domaines clés de recherche
développés au sein des divers laboratoires – transport, matériaux, surfaces, énergie,
choix industriels, électronique, métallurgie, mécanique thermique et optique.
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Les laboratoires locaux, conditionnés par les nécessités industrielles du territoire,
place l’innovation au cœur de leurs problématiques de recherches.
Figure 2 – Des projets collaboratifs de recherche au niveau de la recherche publique.
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L’activité de recherche publique revêt pour partie une forme coopérative. Ainsi, le
schéma ci-après, établit à partir de la relecture du contrat quadriennal des équipes,
permet de mettre en évidence les projets de recherche développés en commun et
faire ressortir des points de convergence autour des thématiques « Energies et
transports ».
Des projets collaboratifs de recherche dans le secteur public.
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d) L’enseignement
Les structures les plus importantes sont orientées sur les sciences et les
techniques.
IUT Belfort-Montbéliard
Quelques formations d’avenir :
• Gestion de Projets d'Innovation (GPI)
• Véhicules : Electronique & Gestion des Automatismes (VEGA)
• Energies Renouvelables (EnR)
UTBM (Université de technologie Belfort-Montbéliard)
Implantée depuis 1999, ses origines sont plus anciennes car il s’agit d’une fusion de l’école nationale
d'ingénieurs de Belfort (ENIBé) créée en 1962, et de l’antenne de l’université de technologie de
Compiègne implantée en 1985 à Sévenans.
L’UTBM propose des formations au cœur des problématiques industrielles locales sont proposées.
• Génie électrique et systèmes de commande
Ex. de filières : - Electronique et systèmes embarqués
- Energie et environnement
• Informatique
• Mécanique et conception
Ex. de filières : - Conception et développement de produits
- Conception, innovations et matériaux
• Ingénierie et management de process
• Ergonomie, Design et Ingénierie Mécanique
Ex. de filières : - Design industriel et conception
- Ergonomie, innovation et conception
Lycée professionnel Raoul Follereau
Lycée général et technologique qui propose quatre pôles dont un scientifique et industriel qui prépare
aux BAC suivants :
- Sciences de l'Ingénieur
- Sciences et Technologies de L’Industrie et du Développement Durable
- Biotechnologies ou Sciences Physiques et Chimiques en Laboratoire
- Métiers de la Mode - Vêtements
- Technicien en Chaudronnerie Industrielle
ECM (Ecole de commerce et Management)
Ses formations préparent à une carrière de Manager d'équipe ou de Projet par le développement
d'aptitudes professionnelles, et ce à travers trois filières :
- Gestion d’entreprises
- Marketing et management
- Ressources humaines
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3. Le processus d’innovation
Le Techn’Hom représente un véritable vivier d’acteurs aussi bien dans le
domaine industriel qu’universitaire.
A travers les entretiens, réalisés sur un échantillon de ces acteurs, quelques
mécanismes de l’innovation se dégagent. Ils s’observent avant tout par une
interaction entre recherche industrielle et recherche universitaire.
a) Des offres originales adaptées aux besoins
La présence de grandes entreprises favorise l’implantation de structures
industrielles et de différents services créant ainsi une synergie sur le Techn’Hom.
En rapport ou non avec les besoins des entreprises implantées localement, des
services et produits originaux se développent.
Produits sans lien direct avec les besoins locaux
- L’exemple de Nipson qui historiquement travaille sur une technologie de Bull.
L’entreprise développe des produits et services dans le domaine de la Magnétographie : technologie
d’impression non-impact. Trois éléments la constituent, les trois T : Toner, Têtes d’écriture et Tambour.
Il s’agit d’une technologie unique au monde, concurrente de l’impression laser.
L’entreprise Nipson assure la conception et la fabrication d’imprimantes ainsi que les services
associés et la maintenance.
Leurs produits sont vendus dans le monde entier.
Une cellule Recherche et Développement leur permet de faire évoluer leur technologie.
Services directement liés aux ressources locales
- Le laboratoire FC-Lab (Hydrogène et Pile à Combustible pour les applications au transport) est une
sorte de « portail d’entreprises ». Les industriels font appel à eux pour faire évoluer leur technologie.
Les services du laboratoire :
- test des applications – analyses, expérimentations, modélisations – essentiellement sur des
véhicules (ressources dominante du territoire)
- expérimentation sur la condition d’usage réel du système
- rassemblement de compétences pour une réponse sur-mesure aux industriels
- propose des solutions PAC dans les applications commerciales.
De l’université à l’industrie
L’entreprise Trinaps est un transfert de technologie. L’UTBM a permis de valoriser la Recherche &
Développement au sein de l’entreprise en basculant l’innovation d’un labo vers une entreprise.
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b) Partenariat et collaboration
Les projets observés localement sont souvent en phase avec de grandes
problématiques soulevées à l’échelle internationales (énergie et développement
durable, transport et mobilité, transport et confort, etc.). En réponse à ces grands
questionnements, le paysage local de l’industrie et de la recherche génère des
projets collectifs dont les résultats prouvent un savoir-faire en termes d’innovation.
Partenariat local
Les industriels utilisent les ressources locales pour optimiser leurs produits ou services, comme
Nipson qui, dans le cadre d’une collaboration avec l’UTBM, revoit le design complet d’une machine à
impression.
Il travaille aussi avec le LERMPS pour des opérations de sous-traitance
Partenariat national
Le laboratoire SeT est porteur du projet Espace ERCOS (Ensemble de Solutions Pour Améliorer la
Compétitivité des Entreprises à travers l’ERgonomie et la COnception des Systèmes). Ce projet a
pour objectif de mieux intégrer le facteur humain en entreprises dans la conception de produits et
process à des fins de sécurité, de santé et de compétitivité.
Les partenaires :
- Sociétés Faurecia EK, General Motors, PMPC, SNCF, Treves, …
- Université de Haute Alsace (IUT « Hygiène et Sécurité »)
- Pôle multimédia de Franche-Comté (Numérica)
- CRAM Bourgogne Franche-Comté, Agence Régionale pour l’Amélioration des Conditions de
Travail
- Observatoire Régional de Santé au Travail
Partenariat international
Tous les laboratoires sont insérés dans des réseaux universitaires sur le plan international.
c) Le financement croisé
Les collaborations entre industriels et le monde de la recherche permettent de
rassembler des compétences fortes afin de bénéficier de fonds publics pour de
grands projets.
Le projet MEPHISTO sur lequel travaille le laboratoire FC-Lab rassemble PSA (Peugeot-Citroën),
CEA (Commissariat à l’Energie Atomique et aux Energie Alternatives) et Solvicore (fournisseur). Il est
coordonné par INEVA-CNRT et financé par l’ANR sur 3 ans.
Il s’agit d’un projet sur le démarrage et le stockage des Piles à Combustible (PAC) par grand froid.
Innovation sur l’aspect matériaux et sur l’optimisation sur la stratégie de pilotage de la PAC.
Sogeti développe un programme sur le traitement de l’image et la reconnaissance de caractères
anciens sur les incunables, les premiers documents imprimés de Gutenberg. Ce programme de
recherche innovante permet l’acquisition de compétences pour pouvoir traiter très génériquement des
données. Il permet aussi de cibler des nouveaux marchés comme les bibliothèques et d’entrer dans
des programmes publics d’appel à projets.
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4. Une dynamique industrielle en expansion
La future gare TGV de Belfort-Montbéliard participe de cette dynamique de
développement d’un point de vue économique et industriel.
a) La gare TGV / TER de Belfort-Montbéliard
Prévue pour l’année 2011, l’ouverture de la ligne à grande vitesse va changer
radicalement la dynamique et la perception du territoire, et ce a différents niveaux.
Un projet collectif
Ville de Belfort
Conseil général
Communauté d’Agglomération Belfortaine
Décloisonnement du territoire
- La gare, porte d’entrée de l’Aire urbaine, est située à Meroux, entre Belfort et Montbéliard.
- Ligne orientée sur deux axes ferroviaires : nord-sud et est-ouest.
Réduction des temps de trajet. Paris 2h25 ; Lyon 2h15 ; Barcelone 6h50.
- Travaux de la RN19 et de l’A36.
- Donne une position privilégiée aux équipements : UTBM, site médian de l’hôpital, parc des
expositions, parc d’innovation.
En Faveur du développement économique
- Près de 6000 emplois sont concernés par la création de la LGV. Les entreprises doivent recruter
localement avec une volonté de pérenniser les postes et de recruter localement.
- La ZAC et le parc d’Innovation vont permettre l’implantation d’entreprises.
b) La JonXion
Sous l’initiative de la Communauté d’Agglomération Belfortaine (CAB) et le
syndicat mixte de l’Aire Urbaine (SMAU), les abords immédiats de la gare TGV ont
été aménagés afin d’accroitre l’attractivité du territoire. La JonXion, par d’innovation
Belfort-Montbéliard, est le terme qui désigne la réunion de deux zones : la ZAC de la
gare et la ZAC des Plutons.
Développement économique
- Implantation d’équipements structurants : gare routière et parking.
- Installation d’activité économique tertiaire et tertiaire supérieure avec une capacité d’accueil de
200 000m² pour des bureaux.
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Aménagements paysagers
- Offre une vingtaine d’hectare urbanisable.
- Effort en matière de protection hydraulique avec la mise en lace de plusieurs bassins d’évacuation
3
des eaux pluviales capables de retenir 17 000 m d’eau.
- Démarche Palme (label pour la maitrise de l’environnement des parcs d’activités.
- Aménagements végétalisés pour protéger des nuisances occasionnées par le trafic de la gare.
- Accompagnement végétal et aménagements de l’espace éclairé aussi bien pour les véhicules que
pour les piétons et cyclistes.
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III.
PERSPECTIVES ET PROPOSITIONS
Dans le cadre du projet nous avons conduit dans une démarche exploratoire, et
non systématique, des entretiens auprès d’un certain nombre d’acteurs présents sur
le site (cf. liste Partie I – Groupe de travail Innovation et mutations – Démarche
appliquée) afin de commencer à repérer leur besoin en matière d’innovation et leurs
attentes par rapport à la Cité de l’Innovation.
Comme on pouvait s’y attendre ces acteurs, hétérogènes (recherche publique,
grande entreprise, PME, TPE), expriment des attentes variées vis-à-vis de la Cité de
l’innovation. Encore une fois il convient de ne pas tirer de conclusion définitive
compte tenu de la faiblesse de l’échantillon interviewé, mais de grandes tendances
se font jour que nous détaillons ci-après.
1. Attentes des acteurs locaux
a) Communication et visibilité
Chercheurs
Industriels
Des résultats de la recherche réalisée
Faire connaître ses compétences en
dans les laboratoires (publications,
local auprès de l’ensemble des autres
brevets…)
acteurs
Des développements technologiques,
Identifier les ressources disponibles en
des savoir-faire : démonstrateurs,
local pour asseoir une proximité
showroom
technologique sur une proximité
physique
Des retombées de la recherche (création
de start-up)
Valoriser les produits, la technologie
auprès de clients potentiels
Du lien recherche / formation
Concevoir un lieu de visite pour les
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clients de l’entreprise avec des
démonstrateurs exemplifiant les
compétences existantes
Concevoir un outil de valorisation
nationale et surtout international des
entreprises du site, notamment des
entreprises industrielles, des TPE qui ont
peu de moyens pour se faire connaître.
Donner un rayonnement international à
la Cité de l’Innovation.
b) Ouverture en direction du « grand public » et des scolaires
Chercheurs
Industriels
Construire un « living labs » afin de
Sensibiliser à la technologie et aux
tester auprès des utilisateurs
enjeux sociétaux les scolaires
(notamment du grand public) de
nouveaux produits, de nouvelles
Vulgariser les connaissances
scientifiques et technologiques auprès
solutions
des étudiants et des industriels
Créer un espace virtuel mobilisant les
compétences du site en TIC et les outils
d’intelligence distribuée pour développer
des démonstrateurs
Un espace pour se réapproprier la vie de
la Cité
Valoriser l’histoire des entreprises du site
Créer un espace physique ouvert au
après de ce public
grand public permettant un accès à la
recherche
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c) Vers une recherche plus collaborative
Chercheurs
Industriels
Permettre le partage des ressources
Conforter le capital-confiance entre les
entre laboratoires Faciliter la création de
entreprises et les laboratoires
partenariat entre recherche publique et
Initier des partenariats de recherche et
PME
constituer un pool de compétences pour
Faciliter l’accessibilité au niveau des
construire des réponses collectives à des
centres de décisions des entreprises
appels à projets
Détecter en amont les besoins industriels Favoriser les échanges informels avec
les clients
Conforter les relations d’affaires avec
des partenaires locaux
d) Un espace collectif en appui à la production d’innovations
Chercheurs
Industriels
Créer un lieu de construction collective
Lieu physique de conférences,
d’animations, de réflexion prospective
Créer un lieu de déploiement de
réflexions collectives
Lieu d’échange entre ceux qui ont des
problèmes et ceux qui ont des
compétences spécifiques (identifier les
compétences spécifiques)
Lieu d’échanges de bonnes pratiques
(comment travailler avec les grands
comptes quand on est une PME, sur la
gestion de l’innovation?)
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Proposer un lieu d’expression et de
recueil des besoins, des attentes (des
citoyens, des usagers, des collectivités
locales…) :
-
un outil d’intermédiation entre les
acteurs notamment pour mieux
comprendre les attentes du milieu
(des collectivités locales) ;
un espace pour faciliter la formalisation
des besoins des clients (entreprises)
Au-delà de cette convergence, quelques grandes questions se font jour et ont été
exprimées à diverses reprises par nos interlocuteurs :
- Quel poids des TPE-PME par rapport aux grandes entreprises dans une Cité de
l’Innovation
- Ne risque-t-on pas faire de la Cité de l’innovation une vitrine des grandes
entreprises ? Quel positionnement / convergence entre la Cité de l’innovation et la - - Vallée de l’Energie ? Comment éviter la redondance, la dispersion pour les
entreprises qui ne pourront pas s’investir dans les deux projets ?
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2. Les potentielles formes de la Cité de l’Innovation
La Cité de l’innovation dans sa dimension contemporaine peut être imaginée
comme un espace tridimensionnel : localisation in situ, espace virtuel, espace multilocalisé, mobile dans la cité susceptible d’essaimer sur tout le territoire ce concept et
ces principes de la Cité de l’innovation (exemple, pour ce qui est de l’énergie une
adaptation pourrait être envisagée sur l’habitat, la ville, l’énergie de demain ; de
même les problématiques de mobilité sont l’occasion de solliciter les usagers).
En prenant appui sur la catégorisation ad hoc des attentes des acteurs, il est
envisageable d’imaginer la – les formes que pourraient revêtir la Cité de l’innovation.
a) Un outil pour rendre visible l’invisible dans et hors des frontières
physiques du site
présentation in situ des compétences existantes, des réalisations/productions
scientifiques, technologiques...
présentation de démonstrateurs, résumé de publication, brevets. projets…
développement d’un site virtuel en 3D accessible de part le monde (traduction) :
la réalisation de cet site mobiliserait et valoriserait les compétences en réalité
augmentée, en informatique, afin de réaliser
un outil de communication sur les sites par les acteurs locaux - maquette, visite
virtuelle du site, reportage, vidéo sur les entreprises - à vocation promotionnelle ;
faire de Belfort une ville « marque », proposer un label « innovation durable
dans l’énergie et les transports » – une politique de la ville qui ait des
retombées sur les entreprises
Identifier un parrain afin de médiatiser nationalement et internationalement la
Cité de l’innovation
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Ici et ailleurs : une ouverture sur le monde pour les technologies issues du
site…où ces technologies nous conduisent-elles ?
b) Un espace de communication en direction du grand public et des
scolaires
organisation d’un concours jeune public « IMAGINE » un nouveau monde
construit à partir des technologies présentes sur le site en mobilisant des
maquettes virtuelles pour construire de façon ludique des solutions nouvelles,
mise en place d’animations spécifiques
c) Un espace collectif d’échanges, de socialisation
faire de la cité de l’innovation un agitateur de neurone, une matrice de
créativité. Un outil de communication entre les divers acteurs économiques du
site (entreprises, laboratoires)
un lieu d’échanges entre industriels, rencontre « face-to-face »
un lieu de conférences, entre industriels et chercheurs… : l’innovation résulte
aussi de l’alchimie de rencontres improbables – ouvrir des espaces à ce type de
rencontre c’est s’autoriser une production d’innovations originales
une vitrine pour une recherche en action pour construire demain
un espace de collaboration réelle, un lieu de travail en commun
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Ces dernières propositions sont le condensé des idéeS émises à l’issu de la
première séance de travail du groupe Innovation et mutations.
Comment valoriser l’innovation au sein ce la Cité.
Idées issues de la première séance « post-il » du groupe de travail Innovation et mutations.
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D’après
les
différentes
propositions,
une
première
visualisation
permet
d’appréhender la structure, plus conceptuelle que matérielle, de la Cité de
l’Innovation
Schéma prospectif de la Cité de l’Innovation
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