Cinq sœurs témoignent de leur engagement dans l`association des

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Cinq sœurs témoignent de leur engagement dans l`association des
Cinq sœurs témoignent de leur engagement
dans l’association des Champs de Booz :
Sr Solange Pelhâte, Congrégation de Notre Dame de Charité,
Sr Marie Hélène, Sœur du Bon Pasteur,
Sr Hélène Grudé, Saints Cœurs de Jésus et Marie, Saint Malo,
Sr Myriam Mazereeuw, Filles de la Sagesse,
Sr Simone, Filles de Jésus
Sr Solange Pelhâte, Congrégation de Notre Dame de Charité, Membre du Comité de Pilotage
Oser s’ouvrir à la Confiance
Le 16 novembre 2001 deux congrégations (Notre Dame de Charité et Notre Dame de charité du Bon
Pasteur) discernent un appel pour une nouvelle mission près de Femmes étrangères menacées dans
leur Pays en attente d’obtenir le statut de réfugié, où l’ayant obtenu. Celles-ci se trouvent en grande
précarité faute d’hébergement disponible sur Paris et Ile de France. Comment pouvons-nous les
accompagner ?
Pour réaliser ce défi les deux congrégations sollicitent par le biais de la CORREF les congrégations de
Paris et d’Ile de France. L’appel est entendu, des congrégations s’engagent et soutiennent cette
initiative invitant une de leur Sœur à nous rejoindre, mettant à disposition un hébergement,
participant au C.A. nous soutenant financièrement, nous proposant un lieu pour nos permanences. A
l’assemblée constitutive en 2003, 9 congrégations étaient présente dont une représentante de la
CORREF et le responsable de l’époque du Vicariat à la Solidarité de Paris. Aujourd’hui nous comptons
une vingtaine de congrégations engagées aux « Champs de Booz ».
Etant à l’origine de ce projet missionnaire, l’intuition de départ d’œuvrer en inter-congrégations nous a
permis de réaliser l’aide et l’accompagnement d’une manière harmonieuse dans un climat de confiance
ceci grâce à la mise en commun des compétences et des dons de chacune des Sœurs engagées et aux
charismes des différentes congrégations. Ensemble nous nous sommes ouvertes et formées pour vivre
aux mieux cette mission d’accueil que nous voulions complémentaires des services juridiques et
d’accueil déjà existants avec lesquels nous avons aussi toujours collaboré.
Si nous avons donné de notre temps et de nos compétences près des Femmes rencontrées à nos
permanences et celles que nous avons hébergées nous avons aussi beaucoup reçu, elles nous ont .aidé à
élargir « l’espace de notre tente ». Isaïe 54/2. Nous nous sommes ouvertes aux différentes cultures et à
l’interreligieux.
Grâce à cette collaboration en inter-congrégations, et à nos relations respectives ce projet missionnaire
s’est concrétisé. Des laïcs sont venus nous rejoindre. Donateurs et amis nous encouragent à poursuivre
cette mission dans la Confiance. Notre engagement bénévole témoigne d’une vie religieuse apostolique
bien incarnée en référence à Matthieu 25 « j’étais un étranger et vous m’avez accueilli » et du livre de
Ruth ch/2.dont s’inspire notre charte.
Sr Marie Hélène, sœur du Bon Pasteur
« Quand NOUS entendons leur cri… »
« Qu’ils soient UN pour que le monde croie ! »
La détresse des femmes seules demandeuses d’asile a saisi au cœur deux congrégations religieuses qui
se sentaient bien petites face à l’ampleur de ce phénomène aux dimensions du monde. Elles ont donc
fait appel à toutes les congrégations féminines présentes en Ile-de-France… et nombreuses sont celles
qui ont entendu, et répondu chacune selon ses possibilités.
La vie religieuse dans la diversité de ses charismes se solidarise au service des femmes, devient un NOUS
pour elles : je ressens encore aujourd’hui l’élan d’enthousiasme qui nous a pris pendant la genèse de ce
projet… et qui est toujours vif aujourd’hui. Toutes ensemble, nous pouvons mener un « combat »
impossible à gagner chacune de son côté, pour que les femmes soient fraternellement accompagnées
au long d’un parcours difficile, lourd de souffrances, de séparations, d’isolement. Etre à l’écoute,
chercher des solutions, même provisoires, mettre en commun toutes nos ressources : une nouvelle
façon d’être en UNE vie religieuse, de s’indigner des conditions de vie des femmes qui viennent nous
rencontrer, de partager, de s’enrichir mutuellement au contact les unes des autres, femmes et
religieuses nouant des liens d’amitié au nom du Christ qui est notre vie et se fait proche. UNE vie
religieuse et des laïcs, des demandeuses d’asile, jeunes ou moins jeunes qui avancent ensemble pour un
monde fraternel et solidaire.
Sr Hélène Grudé, Saints Cœurs de Jésus et Marie, Saint Malo
Pourquoi j’ai décidé de collaborer à la mission d’accueil de l’association « Les Champs de Booz »
Après une carrière professionnelle d’enseignante et un service de congrégation, je m’interrogeais sur les
services que je pouvais encore rendre. Il m’a semblé que « les Champs de Booz » étaient la réponse à
mon interrogation : travailler en partenariat avec d’autres congrégations, d’autant plus que les
orientations de notre dernier chapitre insistaient sur ce point. Refusant un repli sur le passé, j’ai risqué
l’aventure : une ouverture à un avenir complètement nouveau.
D’ailleurs, aujourd’hui, face à notre vulnérabilité : nos insuffisances, les forces qui diminuent dans nos
congrégation, la solution ne serait-elle pas dans le partenariat ? dans l’union pour la mission. Nous
sommes envoyés « ensemble pour la mission ». Nous sommes chargés de mission, mais pas en
solitaires
Car c’est bien la mission qui est le projet des « Champs de Booz » : aide et soutien aux femmes
demandeuses d’asile ; ce sont elles, ces femmes, qui, aujourd’hui, sont les personnes vulnérables, les
« sans voix », les « disqualifiées socialement ». Et, c’est pour elles que nous sommes là ensemble; pour
les accompagner, les aider à repartir, à se remettre debout.
Et pour faciliter notre mission, aux Champs de Booz, nous vivons la collaboration, entre nous, religieuses
de plusieurs congrégations et aussi avec des personnes laïques, bénévoles comme nous. Toutes les
compétences sont les bienvenues ; le partenariat congrégations et laïcs se vit dans la complémentarité
et le respect de certaines exigences : écoute, accueil des dons et potentialités de l’autre, respect des
domaines confiés à chacun, etc.
Et ce partenariat vécu au quotidien ne reste pas confiné dans les murs de notre permanence, il s’élargit
à d’autres personnes et organismes ; ce sont des relais avec qui nous entretenons des liens amicaux
pour le bien des femmes qui frappent à notre porte.
La collaboration ne demande qu’à s’étendre : aux Champs de Booz, il y a place pour de nouveaux
ouvriers, de nouvelles ouvrières.
Deux convictions m’habitent :
-
certains ont fait de grandes œuvres seuls… Nos fondateurs (fondatrices) ont agi avec d’autres,
non pas « à la place de », mais « avec ». Ils nous ont tracé le chemin !
l’expérience du partenariat me rappelle que l’Eglise est faite de pierres vivantes, plus ou moins
voyantes. La beauté de l’ensemble tient à la juste place de chacun et, bien sûr… au talent de
l’architecte !
Sr Myriam MAZEREEUW, fille de la Sagesse, Comité de Pilotage, Secrétaire de l’association.
Je viens d’un secteur d’activités que l’on pourrait qualifier de « nanti », sauf que chez les « nantis », il y a
aussi des pauvretés, de la « misère », du divorce, de la drogue, des abandons d’enfants, de la
souffrance, de l’isolement…
Ce secteur d’activités, « l’univers de la mode et de la publicité » où j’ai évolué 30 ans, ne me préparait
guère aux « demandeurs d’asile », mais à la retraite, je souhaitais « faire quelque chose au niveau de la
femme ».
Avec les Femmes des Champs de Booz, j’ai appris dans ma chair ce que veut dire « quitte ton pays et la
maison de ton père » car toutes les Femmes qui viennent chez nous, ont vécu cette situation de rupture
totale d’avec leur pays, leur famille, leurs enfants.
Je suis femme et ce que nous disent ces Femmes en nous expliquant ce qu’elles ont vécu, m’atteint dans
ma vie de femme. C’est sûr, je ne dors pas dehors, je ne vais pas aux restos du cœur.
Le second point qui m’est important en même temps qu’une découverte, c’est la vie en intercongrégations : au quotidien 12 congrégations sont représentées, on pourrait dire 12 charismes
différents, mais en fait ensemble, nos charismes particuliers deviennent charisme commun au service du
bien général qu’est l’accueil des Femmes. Je considère notre vie ensemble comme une véritable
« communauté de travail ».
Alors, avec les laïcs bénévoles, nous nous efforçons de gérer une situation d’urgence par l’hébergement,
l’alimentation, la santé, les dossiers, mais aussi nous tentons de donner un peu de chaleur, un peu de
détente, un peu de culture par des visites de Paris, par une journée de découverte dans le pays où ces
Femmes sont venues chercher asile.
Sr Simone, Filles de Jésus
S’engager dans l’association des Champs de Booz, cela correspond au charisme de ma Congrégation,
c’est répondre ses orientations qui encouragent les sœurs à collaborer avec d’autres instituts et avec
des laïcs afin de pouvoir répondre aux besoins et nécessités actuels de notre société. Ainsi en fédérant
les potentialités encore existantes, il y a possibilité de créer du neuf. C’est dynamisant, c’est se donner
personnellement et collectivement un souffle nouveau ; c’est s’enrichir des trésors particuliers à chaque
congrégation dans une réciprocité interactive. Les différences deviennent richesse.
M’engager près des femmes demandant l’asile, c’est accepter de me laisser déranger et interpeller sur
mes préjugés, c’est prendre conscience peu à peu dans l’humilité que les cultures sont différentes et
que je dois dépasser mes frontières même si certains aspects me choquent. Durant les entretiens, c’est
donc essayer d’être en empathie avec chacune pour bien saisir ce qu’elles partagent de sa vie, de ses
souffrances et difficultés. Cela demande un travail sur soi pour écouter jusqu’au bout, c’est se laisser
toucher sans se laisser submerger…Tout cela a un retentissement sur ma propre vie qui se simplifie et
sur ma prière qui tour à tour se fait cri mais aussi action de grâces à notre Dieu d’amour et de
compassion.