Bleu, blanc, rouge. - Yves

Transcription

Bleu, blanc, rouge. - Yves
YN
Semaine 2015 – Semaine n°47
Cette semaine à
L’Assemblée
Bleu, blanc, rouge.
Une semaine est passée.
Une semaine durant laquelle je n’ai pas cru devoir m’exprimer. Une semaine de deuil, pour Paris, pour la France, pour l’esprit
national qu’eux, les terroristes, les assassins, les criminels, ne sauront jamais atteindre.
Une semaine est passée, et pourtant, j’ai encore du mal à dire toute mon émotion quand je songe à ces victimes, à ces gamins
de 20 ans qui n’avaient commis qu’un crime : celui d’aimer la vie. Trop, peut-être, pour les barbares de l’Etat islamique, ces rétrogrades de
la morale, ces ennemis du bonheur, ces fossoyeurs de la liberté.
Vendredi soir, comme beaucoup, le sommeil m’était impossible à trouver tant la douleur était forte, tant la lumière des
gyrophares, le bruit des balles et l’odeur de la mort était prégnants dans tous les esprits, dans ceux de nos parents, de nos frères, de nos
sœurs et de nos enfants.
Samedi, le bilan tombe. Des morts, des blessés. Cent-vingt-neuf, trois-cent-cinquante. Les témoignages aussi, des survivants,
des forces de l’ordre, des familles, de ces français touchés en leur cœur par la barbarie. Les images de Paris désert, les images de Paris
qui saigne, les images de la ville lumière, visage déconfit et cœur en peine. Les images du Monde aussi, comme si Paris en était pour
toujours la capitale. Peut-être l’est-elle d’ailleurs, la mère de la liberté, porteuse éternelle d’un message universel. Les bougies brûlent,
nous réchauffent, nous éclairent et nous montrent le chemin.
Dimanche, les hommages, les derniers pleurs. Hommage aux victimes, aux blessés, hommage aux forces de l’ordre, aux
services de santé, aux services de sécurité civile, à tous ces chevaliers de la liberté qui au quotidien sont dans l’ombre pour que vive la
France, ses principes, ses valeurs, son esprit. Les bougies brûlent encore. Elles n’ont pas envie de s’éteindre, nous non plus, elles nous
guident.
Lundi, la Nation se rassemble. Versailles comme symbole d’une France qui brille. Avec mes collègues parlementaires, nous
siégeons dans cet hémicycle poussiéreux, qui porte en lui le poids de l’histoire, qui nous rappelle ce que nous sommes, qui nous rappelle
notre vocation, qui nous rappelle aussi que la Nation n’est jamais aussi forte que lorsqu’elle est rassemblée. Le Président de la
République s’exprime. Une marseillaise est entonnée. A midi, la France s’arrête. A seize heures, elle rappelle au monde qui elle est et à
quel point elle demeure forte dans les épreuves qu’elle traverse.
Mardi, le temps des décisions. L’Etat d’urgence doit être prolongé, les perquisitions administratives accélérées, les forces de
l’ordre déployées, les frappes intensifiées. L’Assemblée nationale s’échauffe, la politique reprend son droit. Les passions, parfois,
dépassent la raison. Les échanges sont vifs, on nous l’a reproché, et on a eu raison de le faire. Chacun doit mettre la main à la patte,
trouver des idées, les proposer. Nous sommes meilleurs à cinq-cents soixante-dix-sept que tout seul, et il est tant d’en faire la
démonstration. J’ai personnellement proposé au Ministre des Transports de mobiliser les écrans d’affichage des gares et aéroports pour
diffuser plus largement les appels à témoins de la Police. C’est une idée, une goutte d’eau dans le grand vase de la lutte anti-terroriste.
Elle a au moins le mérite d’avoir été soumise. Le soir, Wembley chante la Marseillaise. Sur le fronton du stade : liberté, égalité, fraternité.
Dans les tribunes : du bleu, du blanc, du rouge. A Paris, la vie a repris son droit. Les vapeurs de la bière et de la jeunesse emplissent de
nouveaux les bars et les terrasses. Allons enfants de la patrie.
Mercredi, la France se lève au son des rafales. Le RAID, une nouvelle fois exemplaire, déloge les terroristes qui fomentaient un
nouveau massacre. Abaaoud est tué dans l’assaut. Une femme se fait exploser. Saint-Denis est le théâtre d’une guerre que les barbares
ne sauraient gagner. Partout sur le territoire, de nouvelles perquisitions. Des armes trouvées, des individus arrêtés. La Russie nous tend la
main pour frapper de concorde l’Etat islamique. La Tour Eiffel se pare une nouvelle fois de ses plus belles couleurs : bleu, blanc, rouge.
Jeudi, l’Assemblée nationale vote la prolongation de l’Etat d’urgence. C’est nécessaire. Les dispositifs de surveillance sont
renforcés. L’Union européenne, de son côté, annonce vouloir accélérer la mise en œuvre du PNR, bloqué au Parlement européen par les
amis de Mme Le Pen et de Mr Mélenchon. La vie, doucement, reprend son cours dans les rues de Paris.
Vendredi, une semaine est passée. Le cœur n’y est toujours pas. Mais les bougies, elles, continuent de briller. Elles
continuent de nous éclairer, de nous réchauffer, de nous guider. La Tour Eiffel est toujours aussi belle. La Marseillaise nous
entraîne. Bleu, blanc, rouge.