ALINA ABRAMOV – Installation-charnière L`installation d`Alina

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ALINA ABRAMOV – Installation-charnière L`installation d`Alina
ALINA ABRAMOV – Installation-charnière
L’installation d’Alina Abramov, présentée à la Galerie Où dans le cadre du FID de Marseille, s’insère
dans un projet plus large composé d’une série de trois films qu’elle a l’intention de tourner dans les ports
de Marseille, Liverpool et Hambourg.
Pourquoi choisir l’installation comme prélude à ton projet filmique ? Comment penses-tu rendre
ces deux démarches compatibles ?
A. A. : Ce qui m’intéresse dans ce projet d’installation c’est de rassembler des éléments qui possèdent déjà
des points communs, c’est-à-dire la base sur laquelle repose l’idée que j’ai des trois films, des
ressemblances à préciser afin d’extraire les possibilités selon lesquelles elles peuvent fonctionner comme
un ensemble. D’expérimenter, de faire des tentatives que seule l’installation permet. Partir de l’installation
pour aller ensuite vers des questions de cinéma. Il s’agira de voir si ça marche et d’en faire l’expérience.
Un laboratoire en quelque sorte. Dans le meilleur des cas, il y aura un après « installation-charnière » et
les films (leur écriture, leur anticipation) auront trouvé une certaine direction que je n’avais pas
soupçonnée.
Selon quel principe as-tu construit cette installation ?
A. A. : Pour reprendre l’idée d’un laboratoire, disons que j’ai tenté d’organiser l’ensemble de manière à ce
que toutes les pièces présentées puissent apparaître comme des documents dont il s’agirait d’observer les
relations. L’installation propose une sorte d’agencement entre des pièces déjà existantes dont j’ai modifié
le statut et le projet à venir du triptyque. À cette occasion, j’ai réintégré à mon travail la pratique de la
photographie. Elle s’est imposée à moi comme méthode d’investigation car l’ensemble des prises
photographiques collectionnées posent la question de leur agencement dans l’espace, d’un montage au
sein de l’installation. Prendre des photographies comme moyen de comprendre les lieux avant d’être à
même de les décrire.
Quelle importance donnes-tu au fait qu’« Installation-charnière » soit présentée à Marseille ?
A. A. : Été 2006, je commence par visiter les Docks de Marseille après avoir remarqué un long bâtiment
en arrivant par l’autoroute. Un certain ordre m’avait frappée : la mer, le Port Autonome, l'autoroute, les
Docks et après la ville. Après cette première visite, je fais des recherches autour de ce bâtiment : son
histoire, son architecture. Je découvre que l'architecte s’est inspirée du modèle des Docks de Liverpool. Je
ferai ensuite deux voyages à Liverpool (Novembre 2006 et Mars 2007) au cours desquels je commence à
creuser l'histoire de ses Docks et de son Port Autonome. Je passe du temps aux Archives du Musée
Maritime avec Adrian Jarvis, historien maritime, puis visite le port en compagnie de Kevin, un ancien
docker. Je prends des photos, discute, et tente de tisser des liens avec les recherches plus strictement
historiques pour commencer à comprendre l'infrastructure de cette ville portuaire, son caractère. L’enquête
prend une tournure personnelle quand je réalise le rôle central joué par l'immigration dans ces espaces
portuaires. Née à Bakou, devenue israélienne, vivant désormais en France, tous ces indices de
déplacements de vie m’interpellent. De Liverpool, je repars à Marseille, cette ville qui me rappelle celle de
mon enfance, première source de mes recherches. À partir de là, telle la pièce centrale d’un puzzle dont je
ne possède pas encore toutes les pièces, je repartirai vers Hambourg pour tenter de tracer un nouveau
trajet, de nouveaux liens.
propos recueilli par Clara Pacquet