professeur des écoles LA LITTERATURE DE JEUNESSE
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professeur des écoles LA LITTERATURE DE JEUNESSE
IUFM DE BOURGOGNE CONCOURS DE RECRUTEMENT : – professeur des écoles LA LITTERATURE DE JEUNESSE INDUCTRICE D'ECRIT AU CYCLE TROIS ? CHAULOT, Patricia Directrice de mémoire : Mme CHARVY ANNEE : 2004 03STA16302 1 SOMMAIRE LA LITTERATURE DE JEUNESSE INDUCTRICE D’ECRIT AU CYCLE TROIS ? Introduction........................................................................................................................2 I) Qu’est-ce que la littérature de jeunesse ? a) b) c) d) II) Un support lié à la naissance du statut d’enfant........................................4 Un support riche et varié, adapté à l’enfant.................................................4 Quelles sont les difficultés rencontrées par les élèves ?.............................5 Alors, quels textes étudier ?............................................................................6 Comment utiliser la littérature de jeunesse en classe ? a) Comprendre, c’est interpréter..........................................................................8 b) Littérature et apprentissage de l’écriture.......................................................9 III) Un exemple d’exploitation a) Séquence Journal d’un chat assassin................................................................11 b) Analyse..............................................................................................................24 c) Analyse générale..............................................................................................28 Conclusion............................................................................................................32 Bibliographie.........................................................................................................33 Annexes.................................................................................................................34 2 INTRODUCTION Jean-François Halté, in savoir écrire – savoir faire Pratiques n° 61, mars 1989, constate qu’on écrit moins en français qu’en mathématiques, l’expérience d’écriture est toujours retardée en raison de la non maîtrise de la langue. Cependant, savoir écrire conditionne la réussite scolaire. « Le savoir écrire n’est accessible avec les seules acquisitions faites ailleurs, pas plus qu’avec des pratiques sommaires, il faut écrire ». Marie-josé Desvignes dans la littérature à la portée des enfants propose d’écrire à partir de la littérature : « Ainsi en partant d’un texte d’auteur bien construit, le relevé des indices fournit le matériau, un support et permet l’émergence de l’écriture... Ensuite, il suffit d’imiter les structures. » Tous ces spécialistes s’accordent dans le constat que les élèves n’écrivent pas assez et que la solution est de les faire écrire et de préférence à partir de textes bien construits. En outre, les programmes de 2002 mettent l’accent sur la littérature de jeunesse qui est particulièrement adaptée à notre public et nous propose 180 œuvres de qualité à partir desquelles on peut faire fonctionner des projets de lecture-écriture afin de donner du sens aux écrits scolaires. Pour toutes ces raisons et parce que j’apprécie particulièrement l’étude d’œuvres de littérature de jeunesse, j’ai voulu expérimenter la mise en oeuvre de deux productions d'écrits à partir de la lecture littéraire d’une œuvre – autre nouvel axe des programmes –: c'est à dire essayer les élèves à l’interprétation, à la prise d’indices dans le texte au lieu de les emprisonner dans les éternelles recherches de mots difficiles dont ils peuvent eux-même rechercher le sens en faisant des hypothèses et dans les non moins éternels questionnaires : carcans de la séance de lecture. Mon hypothèse de départ était donc : la littérature de jeunesse favorise la production d’écrits et j’ai voulu le vérifier avec une séquence qui a couvert mes trois semaines de stage en CE2 à l’école Lucette Sallé de Nevers sur journal d’un chat assassin de Anne Fine, Mouche, l’école des loisirs. 3 I) Qu’est-ce que la littérature de jeunesse ? a) Un support lié à la naissance du statut d'enfant Il est important de rappeler que ce sont les travaux de l’historien Philippe Ariès, avec L’Enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime, publié en 1960 qui ont ouvert la recherche dans la culture d’enfance en instaurant une mutation radicale. Dans le cadre d’une histoire de la vie quotidienne et des mentalités, il a été possible d’intégrer une perspective historique à une recherche d’inspiration strictement psychanalytique. Le livre de Philippe Ariès repose sur deux hypothèses : selon la première, la société médiévale n’avait pas le « sentiment de l’enfance », c’est-à-dire la conscience de la particularité enfantine. Ce sentiment – c’est la seconde hypothèse – a été développé par la « mise à l’écart » de l’enfant à l’époque moderne, mise à l’écart opérée par un lent processus de scolarisation et de moralisation et par la naissance de la vie privée correspondant à un besoin d’intimité et d’identité : la littérature est un des multiples instruments conférés à l’enfant par l’adulte pour sa formation, sa socialisation et pour le bonheur de la société tout entière. b) Un support riche et varié, adapté à l'enfant Pour définir la littérature de jeunesse, nous emprunterons les termes de Soriano (1991 ,30) : « une communication écrite de type ludique entre un destinateur adulte et un destinataire qui ne dispose pas encore des maturations, des connaissances et de l’expérience qui caractérisent l’âge de raison ». La typologie de ces ouvrages, tout aussi complexe que celle de la littérature pure et dure, couvre l’album (pour les plus jeunes, puisqu’il est illustré), les genres narratifs brefs et longs (conte, roman), la bande dessinée, la poésie et les documentaires. Cet extrait de la revue repères n°13, coordonnée par Catherine Tauveron et Yves Reuter, met en avant la richesse du corpus de littérature de jeunesse mais déplore que peu d’enseignants y aient recours. Il existe certes un certain nombre d’ouvrages qui pêchent par excès de didactisme et proposent des textes simplifiés à l’extrême, 4 mais il existe suffisamment d’œuvres valables pour qu’on les propose aux élèves en lieu et place des textes courts des manuels. Aussi, on peut lire dans le document d’application des programmes de l’école Primaire sur la littérature au cycle trois : « La littérature adressée à l’enfance ne s’est jamais située en dehors de la littérature que lisent les adultes. Elle se porte seulement vers des lecteurs qui n’ont pas les mêmes interrogations sur le sens du monde que leurs parents, qui n’ont pas non plus la même expérience de la langue. En quelque sorte, elle fait la courte échelle aux plus jeunes pour les introduire à l’univers infini des lectures à venir. A cet égard, elle constitue véritablement le domaine littéraire de l’écolier . ». c) Quelles sont les difficultés rencontrées par les élèves ? Catherine Tauveron, dans lire la littérature à l’ école Pourquoi et comment conduire cet apprentissage spécifique ? de la GS au CM. Hatier pédagogie cycle 2 et cycle 3, 2002, relève plusieurs types de difficultés rencontrées par les élèves lors de leurs rencontres avec les textes littéraires. *Difficulté à saisir la permanence des personnages dans le récit : le personnage se construit dans l’ensemble du récit. Il s’agira donc de faire reconstruire la chaîne de désignation des personnages. *Difficulté à synthétiser les informations : en effet, un personnage, c’est à la fois : un être, un dire, un faire et ce personnage est cohérent : par exemple, entre les éléments qui expriment son nom, ceux qui s’expriment dans sa description physique et morale. Or, les lecteurs en difficulté ne lisent pas les descriptions, ils considèrent que la description est sans justification dans l’histoire, ils n’anticipent pas, ils n’ interrogent pas le nom … *Difficulté à saisir la logique des parcours narratifs : par exemple à saisir le but poursuivi par le ou les personnages. Or, c’est la connaissance du but qui engage les anticipations sur les issues. *Difficulté à reconnaître le stéréotype du personnage, c’est-à-dire l’ensemble des traits et des comportements codifiés qui appartiennent à une culture. Par exemple, le stéréotype de l’avare (collection Bonhomme), qui n’est pas encore construit au C.P., car les référents culturels n’y sont pas. Il est donc conseillé en même temps que le texte est découvert, de faire un travail de nourrissage culturel, afin de construire le stéréotype du personnage. Cela peut se faire à partir d’un « réseau de textes » (si on fait référence à l’avare, ce sera Picsou, les 5 fables…). On construit alors avec les enfants des oppositions de personnages, en leur demandant comment ils les imaginent, on construit des portraits-robots qui seront des stéréotypes. *Difficulté à surmonter les obstacles psychoaffectifs (cf « le poussin noir »). Par exemple l’humour noir qui n’est pas accepté. *Difficulté à concevoir les relations entre les personnages :les désignateurs posent problèmes aux enfants (ex : « son frère …». Ceux-ci ont du mal à cerner le réseau de personnages, c ‘est ce qui provoque l’abandon du livre… Les alliances et les oppositions entre les personnages sont difficiles à percevoir. Exemple : si l’enfant considère que voler c’est mal, qu’aider c’est bien, et si le voleur en vient à aider le héros, il sera lu comme opposant au héros… *Problèmes liés à la méconnaissance du genre de texte. Toute œuvre appartient à un genre, qui constitue un « horizon d’attente ». C’est ce qui permet l’expectation. Audelà du genre de livre, il y a le genre des personnages, le genre des modes de narration, les lieux-type (ex : la forêt…), les formules-types (il était une fois…), les moments-types ( le crépuscule…) etc…Il faut construire culturellement ces genres. On pourrait penser face à ces différentes observations que seuls les textes présentant un degré maximal de lisibilité sont à privilégier : parcours du personnage principal linéaire, peu de personnages, reprises anaphoriques peu variées, genre du récit annoncé. Un tel récit est lisse et ne fait prendre aucun risque au lecteur. d) Alors, quels textes étudier ? Catherine Tauveron, dans lire la littérature à l’école, présente quelques critères de choix pour étudier les textes à l’ école. Loin de privilégier les écrits lisses qui sont à la limite morts selon elle, elle opte pour des textes résistants. Parmi ceux-ci : des textes réticents qui posent des problèmes de compréhension ou /et des textes proliférants qui posent des problèmes d’interprétation. Des textes réticents : - parce qu’ils conduisent directement le lecteur à une compréhension erronée (présence de leurres qui poussent à la méprise) Papa, Philippe Corentin, L’école des loisirs. - Parce qu’ils empêchent délibérément la compréhension immédiate de l’intrigue En adoptant un point de vue insolite (parfois caché) 6 pour un point de vue de puceron : Le bouton de rose in L’ épicier rose de Kolebka (Nathan) En adoptant un point de vue polyphonique Ver te, de Marie Desplechin (l’école des loisirs) En adoptant un double point de vue (texte et images) contradictoire L’Afrique de Zigomar, Philippe Corentin (L’ école des loisirs) En adoptant le double point de vue d’un narrateur peu fiable Journal d’un chat assassin d’Anne Fine (L’école des loisirs) En pratiquant le relais de narration L’enfant Océan de J.C. Mourlevat, Pocket Junior En faisant silence sur l’identité du personnage principal ou sur son mobile ou sur son but ou sur l’issue de sa quête Le mur d’Angel Esteban En effaçant les relations de cause à effet Yacouba, Th ierry Dedieu, Seuil Jeunesse En gommant les relations entre personnages En perturbant l’ordre chronologique Un boa à la ferme, Steven Kellog (l’école des loisirs) En enchâssant les récits dans le récit Dents d’a cier, Claude Boujon (l’école des loisirs) En brouillant les frontières du monde fictif réaliste et du monde fictif imaginaire Le rêveur, Ian Mac Ewan (Gallimard Jeunesse) En adoptant une logique non cartésienne Sur l’île des Zertes – Georges Leblanc – Bizarre…Bizarre – En citant, transformant d’autres textes dans le texte La nuit du grand méchant loup, Rascal (L’école des loisirs) En mettant en scène la lecture ou l’écriture C’est l’histoire d’un loup et d’un cochon, Rascal/P.Elliot, (Pastel,2000) En masquant les valeurs attendues En pratiquant l’ironie. Des textes « proliférants » Avant de comprendre l’intrigue et pour pouvoir la comprendre, il convient de résoudre des problèmes de compréhension qui sont posés. Certains de ces problèmes n’ont qu’une solution possible, d’autres (point de vue caché, ambigu, contradictoire, silences, brouillage des frontières des mondes, ambiguïté de certaines formules ou de mots…), pour être résolus, appellent une interprétation préalable. 7 tout en ayant désormais compris l’intrigue, le lecteur, ne saisit cependant pas l’enjeu du texte, « ce qu’il veut dire ». Il lui faut alors s’engager dans une interprétation de deuxième niveau ou interprétation symbolique. L’ombre du chasseur, de François Place (Albin Michel). II) Comment utiliser la littérature de jeunesse en classe ? a) Comprendre, c'est interpréter Les programmes de 2002 sont très explicites en matière de littérature de jeunesse puisqu’une large bibliographie est donnée aux enseignants afin qu’ils tracent des parcours de lecture à la rencontre de différents genres littéraires et éditoriaux. Cela permet également de construire le socle de référence d’une culture littéraire commune dont les élèves pourront parler entre eux. En outre, il est indiqué d’étudier dix œuvres par an car la fréquentation de deux ou trois livres à l’année est insuffisante. Il ne s’agit pas, selon les programmes de faire de la lecture littéraire mais « une réflexion collective débouchant sur des propositions interprétatives immédiate, a fortiori au cycle 3. L’interprétation prend, le plus souvent, la forme d’un débat très libre dans lequel on réfléchit collectivement sur les enjeux esthétiques, psychologiques, moraux, philosophiques qui sont au cœur d’une ou plusieurs œuvre(s). » Catherine Tauveron estime, quant à elle, que pour pouvoir comprendre, il faut d’abord interpréter. Dans cette perspective, il faut créer des conflits d’interprétation. Cependant, il y a toujours des limites à l’interprétation, qui doit fonder son argumentation sur le plausible et sur la présentation de plusieurs indices convergents. Contrairement au schéma habituel qui réserve l’interprétation au collège et au lycée, elle estime que l’on doit dès l’école primaire enseigner de façon à ce que les élèves aient une lecture inférentielle des textes et prennent l’habitude de rechercher des indices et émettre des hypothèses d’interprétation sur ce qu’ils lisent. 8 b) Littérature et apprentissage de l'écriture Le Programme Incitatif de Recherche en Education et Formation (PIREF), dirigé par Marie Duru-Bellat, Professeur à l’Université de Bourgogne, a parmi ses missions, depuis sa création en mars 2002, de promouvoir une meilleure utilisation des résultats de la recherche par les acteurs de l’éducation, dans la conférence de consensus à Paris des 4 et 5 Décembre 2003, on retrouve ces propos : « Savoir lire ne suffit pas. En fait, c’est principalement sur des épreuves écrites que l’école évalue la réussite en lecture des élèves. L’autonomie en écriture est une condition essentielle de la réussite scolaire et de l’intégration sociale. Articuler fortement l’apprentissage de la lecture et la production d’écrits s’impose donc. » « Au cycle 3, l’oralisation préalable par l’élève semble favoriser l’articulation des connaissances à acquérir dans le domaine de l’écriture avec celles à acquérir dans le domaine de l’oral. La recherche ou la formulation de questions par les élèves sur le texte est de nature à favoriser leur compréhension d’une part (guidage de la relecture) et d’autre part à multiplier les modalités d’entrée dans l’écrit. Cette formulation de questions que se posent les élèves sur le texte ou que ce dernier leur pose et dont la réponse n’est pas donnée servira ensuite de guide pour la relecture collective et favorisera une amorce de débat interprétatif. Les travaux de recherche en didactique ont souligné l’intérêt de mémoriser les cheminements des élèves tant en lecture qu’en écriture (journal de bord par exemple) et de proposer des pistes pédagogiques permettant des enrichissements mutuels. Les modalités d’évaluation sur l’articulation lecture-écriture (éventuellement élaborées avec les élèves) ne peuvent être pré-établies. Elles doivent obligatoirement tenir compte des compétences de chaque élève et des objectifs poursuivis. » Les programmes aussi prône l’articulation lecture écriture à partir des œuvres lues car « les compétences d’écriture sont en grande partie dépendantes de l’accumulation des lectures. » « …éviter de faire fonctionner à vide des types de textes que l’on rencontrerait seulement dans le cadre des activités de français et, au contraire, de les accrocher à des situations authentiques d’apprentissage…Le retour à la lecture permet de comprendre comment fonctionnent les textes…C’est au moment où il écrit que l’enfant peut comprendre comment fonctionnent les systèmes énonciatifs…Le « à la manière de… » est ici, certainement, beaucoup plus efficace que toute désignation complexe des procédés d’écriture, dans la mesure où ce sont les œuvres qui deviennent les points de repère des différentes modalités d’écriture. » Rose Marie Duguay, Professeure à la faculté des sciences de l’éducation, université de Moncton rapporte que l’analyse de productions écrites d’élèves exposés à la 9 littérature de jeunesse dès leur première année scolaire a permis de conclure que pour favoriser le développement de l’écrit, l’enseignant doit utiliser des ouvrages de la littérature de jeunesse comme manuel de base. Le rôle de l’enseignant est d’établir des liens entre les modèles littéraires et les habiletés à écrire. Il ne faudrait jamais selon Gasser judith Enhancing written language development : is it possible ? Kansas City, MO, Annual Meeting of the National Reading and Language Arts Educators’ Conference(1984), rapporte-t-elle, écrire dans une situation artificielle. Aussi, plus les enfants fréquentent la littérature, plus le concept de grammaire du récit se précise et plus leurs écrits sont riches. Enfin, dans la revue repères n°13, je reprendrai les mots suivants de B. Gromer: « Mais parmi toutes les interactions qui régissent écriture et réécritures (liées dans le principe), la plus importante est sans doute la rencontre des textes, à divers titres : parce que toute lecture appelle une réplique, parce qu’il n’y a pas de meilleure école que la littérature : « apprendre sa propre langue, c’est apprendre à lire ; et apprendre à penser, et donc apprendre à penser là ou ça pense : dans l’immense réservoir de textes écrits » (D. Sallenave, 1995) .» 10 III) Un exemple d'exploitation a) Séquence « journal d'un chat assassin » 11 L'OEUVRE INTEGRALE Anne Fine, Journal d’un chat assassin, Mouche, l’Ecole des loisirs, 1997, illustré par Véronique Deiss. Discipline : français Niveau : ce2 Objectif séquence : Mise en évidence d’un genre : le pastiche d’un journal intime et d’un style d’écriture (humoristique) en vue d’une production d’écrits. Séance 1 : Mettre en relation le titre et l’image Emettre des hypothèses par rapport au genre littéraire : le journal intime et le ton : l’ironie. Matériel : Image agrandie de la couverture, 1ère de couverture agrandie, plusieurs journaux intimes, 22 livres Journal d’un chat assassin. Déroulement Durée - modalité a) A partir de l’image de couverture agrandie et affichée Collectif oral au tableau : 10’ Leur faire décrire l’image : . Le chat . Ecriture / la plume (symbolique de l’écriture) / l’encre rouge . Physionomie et état du chat : sourire malicieux… . Qu’écrit le chat ? Pour qui ? >>> essayer de faire sortir la notion de « journal » b) Présentation de la 1ère de couverture agrandie et affichée au Collectif oral tableau : 10’ . Quel est le titre ? . L’auteur ? Editeur ?... . Associer leur description du dessin et le titre : quelles ressemblances, quelles différences ? . Emettre des hypothèses : en quoi ce chat paraît-il assassin, Y a-t-il des indices dans le dessin qui nous permettent de le deviner ? Hypothèses Ce que l’on apprend 12 . Pour qui écrit-il ?>>> mot « journal » dans le titre permet de Individuel répondre. Quel type de journal ? 10’ Qu’est ce qu’un journal intime ? Le genre littéraire : le journal ? c) Présentation du genre littéraire : « le journal intime » Collectif oral . Présentation de différents journaux>>>les faire manipuler différents 10’ journaux : qu’y a- t-il de commun à ces ouvrages ? . Lire à haute voix des passages de différents journaux : faire remarquer les caractéristiques de ce genre littéraire>>> le « je », la périodicité Pour chaque extrait lu tirer : l’auteur et le narrateur, faire remarquer qu’ils sont identiques sauf exception dont le livre étudié. Auteur : Anne Fine Narrateur : le chat (supposé d’après le titre) Ici l’auteur = du narrateur dont récit pas réaliste mais de l’ordre de l’imaginaire, du fictionnel Collectif 3’ d) Présentation de l’auteur : Anne Fine Biographie : Anne Fine est née à Leicester en 1947. Elle a été élevée avec ses quatre frères et soeurs dans une grande maison au jardin clos entre Londres et Burningham. Elle a écrit trois romans pour adultes et a reçu de nombreux prix pour ses ouvrages destinés à la jeunesse. Collectif er e) Lecture du 1 chapitre : « lundi » De qui le chat est-il l’assassin ? Quelles sont leurs premières impressions sur le ton du livre ? Le style correspond –t-il à ce qu’on a perçu en étudiant la couverture ? f) Distribution du livre aux élèves. 13 Séance 2 Objectif : Repérer les caractères des personnages et leurs liens. Mettre en lumière les procédés ironiques qui donne au roman sa tonalité. Matériel : livre, affiche avec tableau sur traits de caractère des personnages et opinions des maîtres sur le chat et du chat sur ses maîtres. Déroulement Durée modalité I) lecture de l’enseignant de mardi Collectif II)Rappel du premier chapitre A propos du chapitre « mardi » comment le chat parle t-il à ses maîtres ? Montrer le tableau et demander à ce que les élèves réfléchissent par deux au groupe caractère du chat et à son lien avec les autres personnages. Vous pouvez vous 10’ aider du livre pour répondre. Commencer à remplir le tableau ci-dessous d’après les suggestions des Collectif élèves. 10’ Chapitres Nom du Traits de personnag caractères e chapitre lundi – mardi Le chat : Tuffy chapitre mercredi Ellie chapitre jeudi La mère d’Ellie chapitres vendredi Le père d’Ellie 14 Malicieux, fait son travail de chat : c'està-dire tuer des animaux. Gentille, douce sensible : pleure beaucoup. Elle aime son chat. Elle lance des regards méchants au chat. Il en a assez des bêtises du chat. Lien avec les autres personnage s Animal domestique de la famille. La petite fille de la famille. Bella Tiger Ils se moquent du Ce sont les amis père d’Ellie de Tuffy le chat. Pusskins chapitre samedi Propriétaire du lapin. La voisine III)Lecture silencieuse de mercredi aiguillée par la question ? Quel est le Individuel personnage qui est avec Tuffie dans ce chapitre, quel est son caractère ? 15’ Quel est son lien avec le chat ? Justifie tes réponses en relevant une ou deux phrases dans le livre. Collectif IV)Cours dialogué au sujet de l’axe d’étude suivant : 15’ On relève avec les élèves tout ce qui fait sourire, rire : leur indiquer la page, l’endroit dans la page, s’il le faut : par exemple p. 21, le propos du chat, au sujet de la souris : « je ne l’ai même pas tuée. Quand je suis tombé dessus, elle était déjà morte. » p.25 : « cet endroit devient la maison de la rigolade. Je vous le dis. » Mettre à jour à chaque fois le procédé humoristique. I) Mauvaise foi du chat II) Phrase énonçant le contraire de la réalité : procédé ironique. Enfin, interpellation du lecteur : «je vous le dit ». 15 Séance 3 Objectif : Ajouter un épisode au journal intime. Réutiliser les procédés humoristiques mis à jour et le point de vue (personnage-acteur-narrateur) + temps présent. Matériel : cahier. Déroulement Durée modalité 1) Rappel des 3 premiers chapitres : personnages – victimes (oiseau et souris) Collectif – traits de caractère des personnages et procédés humoristiques. 15’ 2) Vous allez imaginer un nouveau méfait de Tuffy. Faire émerger ensemble une grille de critères. Comment doit-on écrire pour rajouter un épisode ? – Qui raconte l’histoire ? « je » – A quel temps ? Présent – Comment parle le chat ? exagère, est de mauvaise foi, critique ses maîtres, interpelle le lecteur. Groupes 3) Consigne : Tuffy s’est confié à son journal intime : il a tué un oiseau, de 3 rapporté une souris morte à la maison. Maintenant c’est toi le chat, raconte 15’ nous ce que tu as encore fait comme bêtise aujourd’hui sous le titre mercredi. N’oublie pas d’utiliser le « j e », d’écrire au présent et de parler comme Tuffy Collective (exagère, critique ses maître, est de mauvaise foi et parle au lecteur). 15’ 4) Correction au tableau sur plusieurs productions en faisant ressortir ce qui va ou ne va pas par rapport aux critères. Séance 4 Réécriture en individuel avec aide personnalisée + lecture des textes produits. 16 Séance 5 Objectif : Caractériser les personnages – suite – Réinvestissement notions liées au ton du livre et à l’écriture. Matériel : livre. Déroulement Durée modalité 1) Rappel des chapitres précédents. Collectif 10' 2) Lecture magistrale de jeudi (p. 27 à 39) 15' 3) Rechercher les procédés humoristiques + rôle des illustrations Cours dialogué. Que pensez-vous de l’image page 26 ? Appuie l’effet humoristique. Recherchez dans le livre si l’on retrouve des passages qui font rire ou sourire et Groupes pourquoi. 15' « Il ressemblait plus à un cochon qu’à un lapin, … » comparaison, exagération. Avez-vous remarqué autre chose, est-ce que le chat nous parle ? si vous voulez mon avis (p.28), mais vous comprenez ce que je veux dire (p.30) Le chat nous Individuel parle. 15' - Compléter le tableau. Quel est le personnage qui est mécontent de l’attitude du chat ? La mère d’Ellie et comment réagit-elle avec lui ? Chapitres chapitre jeudi - Nom du personnage La mère d’Ellie Traits de caractères Lien avec les autres personnages Elle lance des regards méchants au chat. Lecture silencieuse p. 36 à 39 Que se passe t-il ? Qu’est-ce qui est drôle ? le lapin tout pomponné (renforcé par illustration) « il était superbe… » le chat toujours ironique + mot en italique. Est-ce qu’on sait ce que vont faire les parents d’Ellie avec le lapin ? 17 Séance 6 Objectif : repérer les procédés humoristiques, le rôle des illustrations. Caractériser de nouveaux personnages. Matériel : livre Déroulement Durée Modalité Collectif 5’ I) Rappel de ce qui a été lu avant II) Lecture magistrale du chapitre vendredi III) Interaction avec les élèves A quoi fait penser l’image ? Un mousquetaire.(gentilhomme d’une des deux compagnies à cheval de la maison du roi (17ème, 18ème). Quels sont les sentiments du père d’Ellie ? En colère après le chat. Qu’est-ce qui vous fait dire ça ? Relisez fin page 41 et début 42, qu’est-ce qui fait rire ? jeu de mot « chat botté » et « botter notre chat ainsi que l’illustration avec une machine à botter. Collectif 15’ Est-ce que Tuffy assiste à la scène quand le père d’Ellie va chez les voisins ? Quels sont les nouveaux personnages ? Bella, Tiger, Pusskins Que pensent-ils du père d’Ellie Enumération –Et pour forcer la porte… -Et pour faire rentrer…-Et pour l’installer…-Et bien roulé en boule…-Et bien entouré avec de la paille… Quelle impression donne cette suite de phrases qui commencent de la même façon ? Cela renforce le fait que le père d’Ellie a mis longtemps pour faire chaque chose (il devait très mal voir dans la nuit selon Tiger).p.46. Ils se moquent de lui : « miauler de rire…remis à rire » p. 47 Y- a t-il des mots inventés (lapincide p.47) Il en a assez des chapitres vendredi Le père d’Ellie bêtises du chat. Bella Tiger Ils se moquent du Ce sont les amis père d’Ellie de Tuffy le chat. Pusskins IV) Lecture silencieuse de « Toujours vendredi » Puis lecture à voix haute : un élève fait Tuffy et un élève fait le père. Mettez bien le ton dans les répliques. Quels sont les sentiments du père ? Relevez une phrase qui correspond à son état d’esprit. (il est vraiment très en colère) Et Tuffy, comment réagit-il ? (malheur à lui, oui.) toujours très ironique. 18 Individuel 5’ + deux élèves 5’ + Collectif. Séance 7 Objectif : Caractériser les personnes, reconnaître le style. Matériel : questionnaire, livre Déroulement I) Rappel des chapitres précédents. II) Lecture silencieuse avec questionnaire chapitre samedi de p.53 à p.68 Durée Modalité Collectif 5’ Individuel + groupe. 15’ Vous pouvez regarder dans le dictionnaire les mots difficiles. Psychopathe p.57 a) Comment se comporte Tuffy avec ses maîtres ? moqueur, violent. « boîtes pour le chat…du vent ? » « Grâce à mes griffes…pull déchiré, mains en sang » b) Relève une phrase ou Tuffy s’adresse au lecteur. « Vous l’auriez cru vous ? » « A manipuler avec précaution. » que remarquez-vous en lisant ce passage ? Le chat fait comme s’il savait lire. c) Que pense Tuffy des samedis ? Le chat se plaint sans arrêt. « je déteste les samedis p.53…je déteste attendre p.58….je déteste attendre coincé.. » d) Quelle est la différence entre ce que Tuffy raconte et ce qu’il fait ? Compare ce que Tuffy dit et ce que Mme Fisher dit. « Je me suis montré un peu impoli… je ne voulais pas terroriser le bébé gerbille…j’étais juste en train de le regarder.. » p.58 « pas fort du tout… » p.61 « j’ai un peu grogné … j’ai un peu craché » Mme Ficher « Il terrorise … » p. 62 « je n’avais pas prévu de le griffer si fort… »p.67 Alors qu’il commet vraiment des grosses bêtises, il sème la panique dans le cabinet du vétérinaire et terrorise tous les animaux, Tuffie montre encore sa mauvaise foi ici et fait comme si ce n’était pas grave. 19 Collectif 10’ III) Réponse au questionnaire + compléter le tableau chapitre samedi Propriétaire du lapin. La voisine Collectif 10’ IV) Lecture magistrale p.69 à la fin Chercher imposteur (personne qui se fait passer pour quelqu’un d’autre). Qu’est-ce que fait Ellie quelque soit les circonstances ? A quoi la compare ton ? (elle pleure) (une fontaine : dessin de la page 73) Qu’apprend t’on de nouveau à propos du lapin ? Comment trouvez-vous cette nouvelle ? (assez hilarante quand on pense que les parents d’Ellie ont fait d’énormes efforts pour toiletter et ramener Thumper dans son clapier. Finalement, comment s’en sort Tuffy après toutes ces péripéties ? (c’est le héros, cf dessin) . 20 collectif 15’ Vous pouvez regarder dans le dictionnaire les mots difficiles. a) Comment se comporte Tuffy avec ses maîtres ? b) Relève une phrase ou Tuffy s’adresse au lecteur. c) Que pense Tuffy des samedis ? d) Quelle est la différence entre ce que Tuffy raconte et ce qu’il fait ? Compare ce que Tuffy dit et ce que Mme Fisher dit. 21 Séance 8 Objectif : Produire un écrit afin de reproduire le ton humoristique du livre et le point de vue (« je ») Déroulement 1) Consigne : Imagine: Tuffy écrit une lettre à sa maîtresse car il a décidé de partir de la maison pour pouvoir être enfin en liberté Rappel de l’histoire avec affichage du tableau. 2) Construction d’une grille de critères. Comment doit-on faire pour écrire une lettre ? - je commence par Chére Ellie - j’utilise le « je » - j’écris au présent ou au passé composé. - Je garde la façon de parler de Tuffie : exagère, est de mauvaise foi, critique ses maîtres. 3) Mise en commun 4) Production d’écrit sur le cahier d’expression écrite Noter la consigne sur le cahier, la grille de critère est au tableau. 22 Durée Modalité Collectif 10’ Réflexion Groupe 10’ Collectif 10’ Individuel 15’ Séance 9 Objectif : Finaliser le projet d’écriture sur traitement de texte afin de réécrire selon les critères définis. Déroulement a) Lire plusieurs productions plus ou moins réussies et discuter ensemble de ce qui va ou ne va pas b) Rendre les productions avec des annotations c) Aller en salle informatique et réécrire les textes 23 Durée Modalité Collectif 15’ b) Analyse Critères de choix de l ‘œuvre En premier lieu, je tiens à préciser que Journal d’un chat assassin de Anne Fine fait partie des 180 œuvres présentes dans le document littérature. Cette œuvre est donc au programme et je la trouve très attrayante. De plus, elle offre au niveau pédagogique des possibilités quant au sujet de mon expérimentation. En effet, ce livre correspond bien à un texte réticent comme les présentent Catherine Tauveron, puisque ici on a des problèmes de compréhension induits par le texte en raison du point de vue : en l’occurrence le point de vue contradictoire, adopté par un personnage peu fiable et qui pose la question du « mensonge » et de la « vérité » des faits. On retrouve également la pratique de l’ironie. Se posent aussi les problèmes d’interprétation programmés délibérément par le texte : y a t-il un sens ou une infinité de sens ? Il est vrai que dans de nombreux cas, il n’y a pas plusieurs manières de comprendre. Le chat assassin a beau prétendre avoir tué le lapin et se contredire involontairement dans son discours. Le lecteur ne peut hésiter sur la vérité : il n’a pas tué le lapin des voisins, mort de sa belle mort. L’intérêt de l’histoire et le débat possible sont ailleurs, par exemple dans l’interprétation (ouverte) de la psychologie et des mobiles du chat. Aussi, cette œuvre semblait très propice à l’écriture puisque les enfants peuvent s’identifier au chat qui fait des bêtises et qui parle dans un registre familier. Séance 1 Il s’agissait en séance 1 d’installer le genre du livre : le journal intime, d’insister sur le point de vue : « je». Il y a eu tout de suite un forte adhésion de tous les élèves. La 1ère de couverture agrandie a suscité les hypothèses : « le chat a mangé un oiseau et il écrit avec une de ses plumes, il trempe cette plume dans le sang de l’oiseau. C’est bizarre qu’un chat écrive. Il a l’air coquin… »La manipulation des différents journaux intimes les a mis dans l’action. Il ont essayé de trouver les points communs entre les différents journaux. Il a tout de même fallu insister pour que tout le monde comprenne que tous ces journaux étaient écrits à la première personne . La mise en ambiance avec la présentation de l’auteur a bien tenu les élèves en haleine. Ils étaient très contents de pouvoir enfin écouter le premier chapitre. Mais, ils étaient déçus que je n’en lise pas plus. Rendez-vous était pris pour le lendemain. 24 Séance 2 Les élèves ressortent sans difficulté les caractéristiques de Tuffy : il apparaît que le chat est grossier, menteur. C’est dans sa nature de tuer les animaux. Un débat est engagé sur nature et culture comme induit dans le document d’application. Les élèves ont bien senti le ton du livre mais ont du mal à trouver le terme « ironique ». Les discussions sont animées montrant l’intérêt des enfants, mais le problème technique pour des CE2 est de réaliser le tableau récapitulatif : j’aurais dû leur donner directement un tableau à remplir puisque ici l’objet n’était pas de savoir réaliser un tableau, mais de garder une trace écrite des caractéristiques des différents personnages du livre. Un tableau plus classique avec lieu, temps, événements, personnages ne convenait pas pour dégager vraiment le ton de l’œuvre. Séance 3 Pour cette première productin d’écrit, j’ai travaillé avec moins d’élèves que d’habitude, il y a eu en effet beaucoup d’absents durant mon stage. Les conditions étaient donc idéales. Mis à part un élève en réelle difficulté avec l’écrit que j’ai du d’emblée aiguiller en travaillant à ses côtés pour lui faire exprimer ses idées, les autres élèves ont su adopter le ton du livre qui est clairement identifiable. D’ailleurs, nous avions étudié l’impératif en activité décroché car Tuffy émet sans cesse des injonctions telles que : « pendez-moi…. ». Pour parler comme dans le livre, ils n’ont pas hésité à se replonger dedans. Pour imaginer de nouvelles bêtises, le sujet est très proche d’eux et ils n’ont eu aucun mal à imaginer des méfaits quelquefois un peu surréalistes, mais pourquoi freiner leur imagination ? Séance 4 J’ai redonné les cahiers après une correction des fautes d’orthographes et une appréciation selon le respect des critères formulés dans la séance précédente. Tout le monde avait réussi bien ou très bien en restituant le ton du livre avec la façon de s’exprimer du chat, parlant à la première personne, au présent ou au passé composé. Chacun a pris beaucoup de plaisir à relire sa production aux autres et surtout à la montrer à ses parents. Ils ont ensuite réécrit en corrigeant les fautes d’orthographes et en apportant des améliorations grâce à mon aide ou aux idées suggérées lors de l’écoute des autres écrits. Séance 5 Grâce à la production d’écrit les enfants ont plus de facilité à mettre au jour les procédés humoristiques. Ils savent que Tuffy nous interpelle puisqu’ils ont repris 25 cette façon d’écrire à leur compte : « Tuez-moi…Qu’est-ce que vous auriez fait à ma place ?… ». Il savent aussi que Tuffy est de mauvaise foi puisqu’il sous-estime toujours ses mauvaises actions. Tout cela ils l’ont éprouvé au contact de l’écriture et par retours vers la lecture. Grâce à ces allers-retours incessants se fonde une culture de l’écrit et une prise d’indices plus fine. D’ailleurs le but de cette séance est aussi d’aller chercher les procédés humoristiques. Un autre volet intéressant de l’œuvre est la présence d’illustration à l’appui de l’ironie, on voit le lapin tout frisotté par les parents d’Ellie alors que celui-ci est mort. Et Tuffy qui dit « il était superbe… ». Les enfant voient encore là que Tuffy dit le contraire de ce qu ‘il pense, est ironique. Nous avons d’ailleurs cherché le mot ironique dans le dictionnaire afin de renforcer la notion induite par le terme : ironie : manière de se moquer en disant le contraire de ce que l’on devrait dire/ ironique : moqueur. Séance 6 La notion de longueur que je voulais faire ressortir avec la suite de phrase commençant par « Et pour forcer la porte..Et pour faire rentrer… » n’était pas évidente à trouver pour les élèves. On a repris deux fois la lecture à haute voix eu égard à l’engouement qu’elle suscitait. D’ailleurs, Augustin, d’un naturel très expansif, s’en est donné à cœur joie dans le rôle du père. J’aurais dû solliciter davantage les élèves dans des lectures à haute voix car c'est un livre qui se prête bien à la théâtralisation et nous y aurions gagné en motivation et en imprégnation du langage du livre. Séance 7 J’ai éliminé la dernière question du questionnaire, car les questionnaires doivent être une aide à la lecture et non comme bien souvent une entrave. D’ailleurs, les séances de lecture se résument bien souvent à répondre à des questionnaires comme l'a mis en évidence Catherine Tauveron. Je m’en suis ici servie pour voir si les élèves avaient bien tous compris comment Tuffy s’adressait au lecteur, quel était son caractère et quel était son humeur en ce samedi. Il s’agissait plus d’un réinvestissement de ce qui avait déjà été mis à jour précédemment. J’ai manqué peu-être de précision dans ma consigne car un élève m’a dit « mais, ça ne sert à rien de répondre à ces questions puisqu’on le sait déjà » : j’aurai du dire que mon but était que les élèves relèvent des passages sur ce chapitre pour répondre aux questions même si on connaît déjà le caractère de Tuffy. J’aurais aussi pu leur laisser une photocopie avec les passages intéressants qu’ils auraient gardés en mémoire avec les phrases clés surlignées. Il est vrai que l’art du questionnaire est subtil puisqu’il ne faut pas être trop directif ou trop enfermer le lecteur bloquant ainsi son interprétation. Mon souci était plutôt de laisser la porte ouverte à l’émission d’hypothèses. 26 Une autre manière d’amener le questionnaire aurait pu être de le présenter après la lecture en disant que ce n’est pas noté mais juste pour aider à la compréhension. La mise en commun en oral collectif était par moment assez mouvementée car tout le monde était engagé dans le débat. Il est vrai qu’il est facile de déborder au niveau horaire. Il faut particulièrement inviter les élèves à s’écouter mutuellement dans un souci d’enrichissement et de communication entre pairs. Séance 8 La deuxième production d’écrit s’est avérée moins réussie que la première. Les critères pour écrire une lettre ont été simples à dégager et les autres critères étaient les mêmes que pour la première production. La difficulté a sans doute été due au fait qu’on passe du journal intime à la lettre au lieu de rester comme précédemment dans le journal intime. Cela changeait sensiblement les choses car le chat s’adressait à Ellie et non à nous, lecteurs. Les élèves se sont lancés dans une verve beaucoup plus familière que la première fois. Le chat parle familièrement mais pas de manière argotique : ce qui s’est retrouvé dans certaines copies. D’ailleurs, quand les enfants ont lu leurs écrits, les plus fleuris ont inspiré les autres. Cela a donné des productions non conformes à ce que j’attendais et dans ce cas la déviance n’était pas justifiée par le style littéraire ou l’effet produit. Il est évident que le plaisir pris à écrire était indéniable, les élèves cherchaient à être le plus drôles possible pour lire le texte aux autres. Les écrits étaient cohérents dans l’ensemble, mais c’est le niveau de langage utilisé qui était quelquefois inadapté. Il serait intéressant pour un prolongement de lire un livre dans un autre genre pour habituer les élèves à changer de style. C’est ainsi qu’ils se forgent les canons des différents genres. Séance 9 La salle informatique contenant trop peu d’ordinateurs, je n’ai pu finaliser mon projet de réécrire les textes à l’ordinateur. 27 c) Analyse générale En résumé, on peut déduire de l'expérimentation sur mon terrain de stage que la littérature de jeunesse est inductrice d'écrit au cycle trois et ce à plusieurs titres. Avantages de l'étude d'oeuvres intégrales pour la production d'écrits. 1) Dynamique du projet Traditionnellement, on place l'enfant dans une position passive, puisqu'il subit la progression du manuel où il découvre de nouveaux textes à chaque leçon les uns sans liens avec les autres. D'ailleurs ces écrits sont décontextualisés et l'élève ne peut les raccorder à l'oeuvre dont ils sont extraits. Ainsi, en réalisant une séquence à partir d'une oeuvre intégrale : on donne le plaisir de la découverte à chaque fois d'une nouvelle oeuvre : en faisant certes une accroche appropriée pour donner le goût à l'enfant de poursuive l'aventure. Ceci est indispensable pour, à plus ou moins long terme former des lecteurs/scripteurs experts. Ce qui rebute en effet, le plus souvent les enfants et même les adultes non lecteurs est la longueur du livre à lire. Pour donner le goût de lire, il ne faut pas le faire sur le mode péremptoire "tu dois lire par plaisir" comme le remarque F. De Singly (Le livre et la construction de l'identité dans M. Chaudron et F. DE Singly, 1993, Eds.). Il s'agit donc d'un véritable objectif de donner envie de lire : il est donc important de stimuler les appétits pour que les enfants aient envie de dévorer l'oeuvre dans son intégralité. Le plaisir de lire ne va pas de soi pour un non initié, car beaucoup d'obstacles peuvent se mettre en travers du chemin du lecteur débutant. De plus, on donne du sens aux apprentissage puisqu'en disant à l'enfant que l'on va nous aussi écrire une partie du journal intime, on le place d'emblée dans un projet ambitieux qu'il sera fier de mener à terme . Grâce à ce type de séquences, on aborde les points grammaticaux dont on a besoin pour mener à bien le projet. On échappe ainsi à la routine des séances hachées au fil des pages d'un manuel. La grammaire est alors utilisée comme un outil au service du producteur d'écrit et non étudiée pour elle-même. Lors de ma séquence, nous avons étudié l'impératif en partant des expressions utilisées par le chat "pendez-moi", "Allez-y, tuez-moi" : nous avons dégagé avec les enfants les caractéristiques de l'impératif, noté le tout dans leur cahier de leçon et réinvesti dans des exercices transformationnels somme toute assez classiques. Ceci a précédé la première production d'écrit afin qu'ils soient outillés sur ce point. 28 2) Bénéfices de l'articulation lecture-écriture La richesse de l'articulation lecture-écriture est indéniable surtout au contact de la littérature de jeunesse : on est assuré d'avoir un texte de qualité si l'on se réfère aux 180 oeuvres du document d'application des programmes de 2002. L'imprégnation du langage de l'auteur se fera progressivement par allers-retours successifs entre le livre et la production de l'élève. C'est en voulant imiter le style de l'écrivain que le jeune scripteur s'enrichira de nouvelles structures et s'ouvrira sur un lexique nouveau. Par ailleurs, sa compréhension de l'oeuvre s'affinera tout au long de ses fréquentations. "La littérature est considérée comme le lieu par excellence de l'expression du Sujet et de sa subjectivité ..."(Y. Reuter Repère n° 13 INRP) La lecture littéraire offre donc une dimension que l'on ne retrouve pas dans les écrits fonctionnels ou dans les lectures d'extraits d'oeuvres: "L'éducation littéraire est à la fois objective et subjective....Elle est à la fois cognitive, puisqu'elle informe sur soi et permet d'évaluer l'objet qui l'a causée, et affective, puiqu'elle est de l'ordre du ressentir. Ajoutons que l'émotion est imprégnée de formes culturelles particulières auxquelles le lecteur s'identifie." (M. Lebrun repères n°13). Elle donne donc à l'enfant un moyen de réfléchir sur lui même et de ressentir des émotions. Cela se traduira dans ses productions d'écrits par une intimité et une créativité que ne permettent pas les autres formes d'expressions. 3) L'émulation entre pairs "Le lecteur se construit – cognitivement et esthétiquement – dans ses interactions avec le texte et avec ses pairs. "(Y. Reuter Repères n°13). L'enthousiasme et la dynamique soulevés par le projet d'écriture se retrouvent dans la réécriture où chaque élève tient à avoir l'écrit le mieux présenté, le plus drôle pour pouvoir le lire à ses camarades et le montrer à ses parents. D'ailleurs, l'effet produit sur le public présage de la qualité de l'oeuvre. Malgré tous les avantages cités précédemment, on peut apporter quelques limites à l'effet de la littérature de jeunesse sur les productions d'écrits. Inconvénients de l'étude d'oeuvres intégrales pour la production d'écrits. 1) Avoir un livre par enfant 29 Alors qu'il est très facile de disposer d'un manuel par enfant, il l'est moins de pouvoir tout au long de l'année se procurer un ouvrage de littérature de jeunesse par élève. Et il est beaucoup moins confortable de travailler avec des photocopies ou dans le pire des cas avec un seul support pour toute la classe : cela limite considérablement la possibilité de faire des allers-retours dans le livre. 2) Grille de critères adaptée Pour obtenir des productions de qualité, il faut bien réfléchir au type d'écrit à faire produire par les enfants afin qu'ils ne s'éloignent pas du texte étudié auquel cas la référence à ce texte et l'avantage de travailler avec une oeuvre de qualité ne sont pas nécessaires. D'ailleurs, l'étape de construction d'une grille de critères est très importante, il faut absolument la construire avec les enfants et lister suffisamment de critères mais pas trop pour que l'enfant puisse satisfaire à toutes les exigences requises pour écrire un texte de qualité. Lors de ma deuxième production d'écrit le chat devait écrire une lettre à sa maîtresse pour lui donner les raisons de son départ, nous n'avions pas assez défini le style de la lettre car les enfants ont été plus familiers que dans le livre. Une certaine émulation négative cette fois est venue de la réécriture suite à l'écoute de tous les textes. Je n'avais pas prévu cet effet, et il était trop tard (eu égard à la durée de mon stage) pour revenir en arrière et réécrire une nouvelle fois un texte. D'ailleurs trop de réécritures auraient lassé les élèves. La stimulation par la pédagogie du projet a ses limites mais une nouvelle écriture aurait pu être justifiée si nous avions eu à publier cette lettre dans un journal. 3) Difficuté d'une remédiation personnalisée. Je terminerai mes remarques en ce qui concerne la mise en oeuvre de ma séquence sur la difficuté d'installer un système efficace de remédiation car chaque élève a besoin d'une aide personnalisée qu'il est difficile de lui apporter. On peut,comme je l'ai fait, étudier un point de grammaire particulier utile pour la production d'écrit : l'impératif dans notre cas. Mais, pour toutes les erreurs, on ne peut s'attarder avec chaque élève. Il est donc difficile de se retrouver face à beaucoup d'erreurs qui ne concernent pas le plus souvent les critères attendus mais surtout des fautes d'orthographe nombreuses en CE2, des erreurs de ponctuation, d'emploi des temps. Il faut donc être patient et envisager l'étude tout au long de l'année, au fil des séquences, de points différents de grammaire. 30 Malgré les quelques réserves émises précedemment je reste convaincue de l'efficacité doublée du plaisir de mettre en oeuvre des séquences autour de la littérature de jeunesse et je reprendrai les mots suivants de B. Gromer extraits de la revue repère n° 13 « Mais parmi toutes les interactions qui régissent écriture et réécritures (liées dans le principe), la plus importante est sans doute la rencontre des textes, à divers titres : parce que toute lecture appelle une réplique, parce qu’il n’y a pas de meilleure école que la littérature : « apprendre sa propre langue, c’est apprendre à lire ; et apprendre à penser, et donc apprendre à penser là ou ça pense : dans l’immense réservoir de textes écrits » (D. Sallenave, 1995) .» 31 CONCLUSION Au regard de mon expérience, je constate que la littérature de jeunesse est inductrice d’écrit car elle place les enfants dans un projet : ce qui donne une motivation aux élèves. Ils n’écrivent pas à vide. L’important est de choisir une œuvre qui nous plaise et qui a un intérêt didactique : il faut qu’elle soit résistante si on veut faire une lecture littéraire. A ce propos, il est pertinent de lire plusieurs œuvres d’un même auteur, ou plusieurs œuvres autour d’un même thème ou d’un même genre. Pour la production d’écrit, on peut faire écrire « à la manière de », changer des passages par la transformation de point de vue, donner une suite, insérer un épisode, changer de fin, les possibilités sont nombreuses et les élèves y adhèreront naturellement s’ils apprécient le livre. J’étais étonnée de l’engouement suscité par ce projet, alors que j’avais déjà expérimenté une production d’écrit à partir d’une œuvre, mais les élèves de CE1 n’avait pas autant adhéré. Je pense que le projet n’avait pas été assez réfléchi et le support mal choisi car trop simple. Si je devais améliorer mon expérimentation, je referais la deuxième production d’écrit en changeant de consigne, par exemple imaginer une fin différente. Les élèves auraient réinvesti ce qu’ils avaient appris la première fois. Et l’expérience aurait été plus concluante. 32 Bibliographie Ariès Philippe, L’Enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime, Seuil/ 1973 – Points. Histoire Le Programme Incitatif de Recherche en Education et Formation (PIREF), dirigé par Marie Duru-Bellat, Professeur à l’Université de Bourgogne, conférence de consensus à Paris des 4 et 5 Décembre 2003, Desvignes M.J, La littérature à la portée des enfants. Enjeux des ateliers d'écriture dès l'école primaire, L'Harmattan, 2000. Duguay Rose Marie, Professeure à la faculté des sciences de l’éducation, Université de Moncton. Www.acelf.ca/revue/XXIV12/articles/duguay.htlm. Fine A, Journal d'un chat assassin, Mouche, l'école des loisirs, 1997. Gasser j., Enhancing written language development : is it possible ? Kansas City, MO, Annual Meeting of the National Reading and Language Arts Educators’ Conference (1984) Soriano M, Guide de la littérature pour la jeunesse, Delagrave, 2002. Tauveron C , Lire la littérature l'école. Pourquoi et comment conduire cet apprentissage spécifique ? De la GS au CM, Hatier pédagogie cycle 2 et 3, 2002. Tauveron C., Reuter Y. REPERES recherches en didactique du français langue maternelle n°13 Nouvelle Série 1996, Institut National de Recherche Pédagogique didactiques des disciplines. 33 ANNEXES 34 1ère production d'écrit Consigne : Tuffy s’est confié à son journal intime : il a tué un oiseau, rapporté une souris morte à la maison. Maintenant c’est toi le chat, raconte-nous ce que tu as encore fait comme bêtise aujourd’hui sous le titre mercredi. N’oublie pas d’utiliser le « j e », d’écrire au présent et de parler comme Tuffy (exagère, critique ses maître, est de mauvaise foi et parle au lecteur). 35 36 37 2ème production d'écrit Consigne : Imagine: Tuffy écrit une lettre à sa maîtresse car il a décidé de partir de la maison pour pouvoir être enfin en liberté - je commence par Chére Ellie - j’utilise le « je » - j’écris au présent ou au passé composé. - Je garde la façon de parler de Tuffie : exagère, est de mauvaise maîtres. 38 foi, critique ses 39 LITTERATURE DE JEUNESSE INDUCTRICE D'ECRIT AU CYCLE TROIS ? RESUME : Lire une oeuvre intégrale de littérature jeunesse, l'exploiter sur le mode de la lecture littéraire enthousiasme les élèves et favorise l'écriture de productions de qualité. Aussi, j'ai expérimenté dans une classe de ce2 la lecture littéraire de Journal d'un chat assassin de Anne Fine et cela a permis aux enfants de réaliser deux écrits : l'un étant un épisode du journal et l'autre une lettre. MOTS CLES : littérature, jeunesse, littéraire, lecture, écriture. Ecole élémentaire Lucette sallé : CE2. 40