La formule 1 du gazon pour l`élite du ballon
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La formule 1 du gazon pour l`élite du ballon
entretien chantier SBA DAMiER. Le gazon prend des teintes claires ou sombres selon l’inclinaison des brosses de tonte. FichE tEchniquE client : ville de Bordeaux Maître d’ouvrage et exploitant : Stade Bordeaux Atlantique (SBA) Maître d’œuvre de la pelouse : AtE Pose et entretien : Sportingsols Assistant et consultant du maître d’ouvrage : novarea Substrat : AirFibr de natural Grass cinq tondeuses hélicoïdales, dont trois de 350 kg et deux de 160 kg (honda) un tracteur John Deere triplex pour le décompactage et le regarnissage stades La formule 1 du gazon pour l’élite du ballon Essai concluant, à transformer : à Bordeaux, la ligue de football professionnel classe la pelouse du Matmut Atlantique au niveau supérieur de la ligue 1, devancée par le seul parc des Princes. Le terrain a également passé avec succès l’épreuve de ses premiers événements non liés au football et au rugby. référence phare du français natural Grass en matière de surface polyvalente pour l’élite du football et du rugby, mais aussi pour de grands événements culturels et populaires, le nouveau stade de Bordeaux, le Matmut Atlantique, récolte les fruits d’une minutieuse préparation et d’un volontarisme sans faille… Comparatif international « en 2012, le dossier de consultation des entreprises était parti sur un terrain de type terrafoot. Le benchmarking international nous a amenés à nous intéresser aux surfaces hybrides associant fibres naturelles et synthé- tiques. À côté de Desso international qui domine ce marché, cette recherche nous a naturellement conduits à étudier le procédé AirFibr de natural Grass », raconte Patrick Pressard, directeur général adjoint de la société d’exploitation SBA. Signataire, en octobre 2011, d’un contrat de partenariat public/privé (PPP) portant sur vingt-six mois de chantier et trente ans d’exploitation et de maintenance, cette filiale de Fayat et de Vinci relève le défi de la qualité « made in France », mais sans rien laisser au hasard : la ville de Bordeaux, cliente et concédante, exige le respect d’une quarantaine d’indicateurs de performances, y compris la jouabilité et … Paysage Actualités • Novembre-Décembre 2015 I 49 871512.GRP.indd 49 03/11/15 15:48 entretien chantier intERviEw Laurent Amaury technicien agronome chez Novarea REGARniSSAGE. Entre les matchs, le terrain exige des regarnissages et recompactages réguliers. … l’esthétique des pelouses. Comme tous les exploitants de stade, Patrick Pressard apprend à gérer ce paradoxe : « tout se joue autour de la pelouse, alors qu’elle représente 0,5 % du budget ! » La bonne prise en main a d’abord reposé sur un calendrier d’études et de travaux qui, en libérant le terrain dès septembre 2014, a permis de respecter le rythme de croissance du pâturin et du ray-grass : le premier pousse plus lentement, mais ses rhizomes rebouchent plus vite les accrocs que le second. « La prégermination du pâturin a permis de faire pousser les deux variétés ensemble », précise l’intendant du terrain, Jean-noël Pasquier, affecté à plein temps à cette tâche par Sportingsols. Les essais et calculs n’ont omis ni l’impact des vents tourbillonnants sur la trajectoire des balles ni le déficit d’ensoleillement dont souffre le sud-est du terrain, modélisé dans dix-huit carrés L’entreprise spécialisée a décroché le marché d’entretien de la pelouse, après avoir mis cette dernière en place. Les capacités d’anticipation des bâtisseurs se sont manifestées très en amont du chantier : accompagné par son maître d’œuvre Ate et son consultant novarea, le maître d’ouvrage a mobilisé le Centre scientifique et technique du bâtiment (CStB) pour simuler les conditions météorologiques auxquelles il exposerait sa pelouse. Les essais et calculs n’ont omis ni l’impact des vents tourbillonnants sur la trajectoire des balles ni le déficit d’ensoleillement dont souffre le sud-est du terrain, modé- comment la pelouse du nouveau stade de Bordeaux at-elle passé son premier été et sa première épreuve événementielle ? Face aux milliers de participants au running des entreprises B2Run du 25 juin, le platelage de protection, installé de nuit pour vingt-quatre heures sur la moitié de la pelouse, a joué son rôle de protection. Grâce au pâturin dont pourtant nous ne voulions pas à l’origine, le terrain a parfaitement supporté les températures extrêmes qui ont atteint jusqu’à 45 °C dans les semaines qui ont suivi. Quels atouts spécifiques ce type de surface peut-il revendiquer ? Face à la perfection du modèle anglais qui applique toujours les mêmes méthodes adaptées à son climat d’origine, le substrat armé de Natural Grass se conduit comme une formule 1 : une veille technique permanente et une réactivité immédiate permettent de l’adapter aux aléas. La connaissance des moindres détails commande des actions mécaniques prises au bon moment pour satisfaire les joueurs et répondre aux besoins agronomiques. Pour jouer cet atout, il reste à former des intendants de haut niveau, amoureux de leur terrain. La France manque de cette compétence, alors qu’elle n’a pas à rougir de la comparaison internationale pour la conception et la mise en œuvre des terrains. lisé dans dix-huit carrés. La simulation des zones d’ombre a servi à calibrer le réseau de chauffage rayonnant par le sol : divisé en trois zones, le système permet de maintenir la température de la pelouse au-dessus de 12 °C, seuil sous lequel sa croissance se ralentit. La luminothérapie viendra compléter le dispositif de maintenance. Veille permanente L’anticipation technique a d’emblée conduit à mettre en place des moyens humains correspondant aux soins requis par un substrat non nourricier : cette spécificité du sol AirFibr implique un plan de fertilisation théorique à ajuster en permanence en fonction des événements. Laurent Amaury, technicien agronome chez le consultant novarea, se rend trois fois par semaine à Bordeaux pour surveiller l’exécution de ce plan. Cette veille s’ajoute à une force de frappe toujours prête pour les coups de bourre des après-matchs : sept personnes interviennent pendant deux heures pour les réparations immédiates. en aval de ces urgences qui mobilisent les tondeuses rotatives, Jeannoël Pasquier reprend la main avec son parc d’hélicoïdales, capables de tracer au rouleau les bandes qui transforment un terrain en damier : deux machines classiques de 160 kg pour la tonte quotidienne, trois autres de 350 kg pour les avant-matchs. Le gazon prend des teintes claires ou sombres selon le sens dans lequel les brosses le couchent. Ces interventions esthétiques systématiques s’ajoutent à des prestations de décompactage et de regarnissage, plus épisodiques et liées au confort de jeu. Ces services reposent sur un tracteur équipé d’un triplex à greens, transformé pour tondre plus haut. « nous pouvons aller jusqu’à conseiller les sportifs sur les crampons adaptés à la dureté obtenue », précise Laurent Amaury. n Laurent Miguet 50 I Novembre-Décembre 2015 • Paysage Actualités 871512.GRP.indd 50 03/11/15 15:48