Format PDF - Mélanges de la Casa de Velázquez

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Mélanges
de la Casa de Velázquez
Nouvelle série
46-2 | 2016
Modelos heroicos decimonónicos
Alejandro NIETO, La rebelión militar de la Generalidad
de Cataluña contra la Repùblica. El 6 de octubre de 1934
en Barcelona
Nicolas Berjoan
Éditeur
Casa de Velázquez
Édition électronique
URL : http://mcv.revues.org/7304
ISSN : 2173-1306
Édition imprimée
Date de publication : 15 novembre 2016
ISBN : 9788490960493
ISSN : 0076-230X
Référence électronique
Nicolas Berjoan, « Alejandro NIETO, La rebelión militar de la Generalidad de Cataluña contra la Repùblica. El
6 de octubre de 1934 en Barcelona », Mélanges de la Casa de Velázquez [En ligne], 46-2 | 2016, mis en
ligne le 15 novembre 2016, consulté le 29 novembre 2016. URL : http://mcv.revues.org/7304
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© Casa de Velázquez
Alejandro Nieto, La rebelión militar de la Generalidad de Cataluña contra la ...
Alejandro NIETO, La rebelión militar de
la Generalidad de Cataluña contra la
Repùblica. El 6 de octubre de 1934 en
Barcelona
Nicolas Berjoan
RÉFÉRENCE
Alejandro NIETO, La rebelión militar de la Generalidad de Cataluña contra la Repùblica. El 6 de
octubre de 1934 en Barcelona, Madrid, Marcial Pons, 2014, 414 p.
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Comme le confesse Alejandro Nieto dans son introduction, l’histoire de l’insurrection
catalane du 6 octobre 1934 est maintenant bien connue. Les travaux les plus récents
produits sur la question, telle que la thèse de Manuel López Esteve (M. LÓPEZ ESTEVE, Els
fets del 6 octubre 1934, Barcelona, Base, 2013) ou le recueil d’articles publié par ce même
auteur avec Arnau González Vilalta et Enric Ucelay da Cal (E. UCELAY DA CAL, A. GONZÁLEZ
VILALTA, M. LÓPEZ ESTEVE, 6 d’octubre. La desfeta de la revolució catalanista, Barcelona, Base,
2014) offrent une lecture complexe, nuancée et précise de l’événement. Mais l’actualité
brûlante de la politique catalane à l’approche la consultation populaire sur
l’indépendance organisée le 9 novembre 2014, 80 ans après l’insurrection de la Generalitat
contre le gouvernement Lerroux, constituait une opportunité pour publier un livre en
castillan sur ces événements. Opportunité dont a voulu profiter Alejandro Nieto,
professeur émérite de droit administratif de l’université Complutense, qui, sans exploiter
de sources nouvelles, prétend tout de même apporter un éclairage nouveau sur la
question, que l’on pourrait résumer en trois points : un effort pour relier le soulèvement
catalan à un contexte politique espagnol plus large et pour tisser des liens entre une
historiographie catalane autarcique et une historiographie espagnole qui ne lit que le
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Alejandro Nieto, La rebelión militar de la Generalidad de Cataluña contra la ...
castillan, la lecture des faits comme une guerre civile catalane entre la droite et la gauche
locale et, finalement, une leçon de morale historique sur ce qui advient quand les ponts se
rompent entre des acteurs politiques qui devraient collaborer.
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Le meilleur de l’ouvrage tient à la reprise par l’auteur des travaux de López Esteve,
lorsqu’il explique la complexité de la rébellion qui a embrasé la Catalogne en
octobre 1934. Car il y a, au-delà d’une insurrection ouvrière et d’une insurrection
paysanne, provoquées par la gravité des tensions sociales, et qui embrasent largement les
comarques catalanes, une autre politique, barcelonaise, déclenchée par le président Lluís
Companys. C’est sur cette dernière qu’Alejandro Nieto veut se concentrer. Mais cette
rétraction en annonce une autre, plus problématique, car en revenant à une histoire très
politique, qui observe les « grands acteurs », Alejandro Nieto se prive de discuter les
causes structurelles de la révolte. Il s’efforce bien, dans une première partie dédiée aux
antécédents du 6 octobre 1934, de contredire toutes les raisons invoquées pour la
justifier, depuis la suspension de la loi agraire catalane par le Tribunal de garanties
constitutionnelles jusqu’à l’entrée de la CEDA de Gil Robles dans le gouvernement
Lerroux, en passant par l’animosité régnant entre l’administration de la justice et le
gouvernement de la Generalitat. Selon lui, l’émotion suscitée par la première décision s’est
évanouie à l’automne 1934, l’inquiétude concernant les penchants fascisants de la CEDA et
l’hostilité du gouvernement vis-à-vis de l’autonomie catalane sont surtout le reflet du
victimisme de la société locale, et les tensions entre la Generalitat et la justice tiennent à la
volonté d’Esquerra Republicana de Catalunya de réprimer plus durement le mouvement
anarchiste. Arrivé là, on s’est déjà éloigné de la fine compréhension des motifs de
l’insurrection que propose López Esteve. On s’en éloigne encore plus quand on comprend
que celle-ci est essentiellement le fruit d’un climat de haine entretenu conjointement par
des forces politiques indépendantistes catalanes, comme Estat català, et de forces
réactionnaires espagnoles, qu’il ne mentionne pas. Et plus encore que cela, du caractère
dépressif du président de la Generalitat Lluís Companys qui, sans tenir compte de l’opinion
publique ni de l’avis des forces politiques locales, décidera de se lancer dans une aventure
insensée à la recherche du martyr catalaniste.
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Sur son chemin il trouvera heureusement la loyauté et la « fortuna » du général Batet et
de ses soldats — auxquels le livre est dédié —, qui parviendra à écraser le soulèvement en
quelques heures d’opérations relatées dans la seconde partie. Une partie s’achevant sur
de nouvelles considérations concernant le geste de Companys, qui auraient mérité un
meilleur sort. Car Alejandro Nieto commence, reprenant une fois de plus les explications
de López Esteve, par mentionner le fait que Companys voulait remettre la République
dans le sillon fédéral que lui avait tracé Francesc Macià en avril 1931. Puis réplique, sans
étayer son propos, que les forces politiques espagnoles n’étaient pas opposées au
fédéralisme. Et termine en dénonçant Companys qui, par son action inconsidérée, a luimême empêché toute discussion en la matière. Dans un troisième et dernier temps,
Alejandro Nieto décrit la répression comme mesurée mais politiquement ratée. Les
insurgés du 6 octobre finiront par passer pour des héros de la cause catalane et
républicaine. Et la revanche sociale qui frappera les catégories populaires après ces
événements accusera encore un peu plus la haine politique qui débouchera sur la guerre
civile de 1936.
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En refermant ce livre, le lecteur qui connaît l’historiographie catalane sur la question
aura l’impression d’un pas en arrière épistémologique. Et qu’en tirera le lecteur espagnol
qui ne la connaît pas ? Qu’un président de la Generalitat déséquilibré a pris une décision
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Alejandro Nieto, La rebelión militar de la Generalidad de Cataluña contra la ...
illégale, entraînant la rébellion d’une partie de l’État contre l’État. Que ce coup de force
injustifiable, ouvrant la porte à toutes les aventures totalitaires possibles — les allusions
au nazisme et au stalinisme ne manquent pas —, a été stoppé par l’impeccable réponse
d’une armée fidèle aux institutions de la République. Qu’il a été improductif puisqu’il s’est
soldé par la suspension de l’autonomie catalane, et qu’il a rendu impossible tout dialogue
sur la réforme de l’État. L’argumentaire, dans ses affirmations comme dans ses omissions,
est proche de celui visant à disqualifier le procés independantista catalan autour de la
consultation du 9 novembre 2014. Et l’on peut se demander si ce contexte brûlant n’a pas
pesé sur l’écriture d’Alejandro Nieto, dont l’ouvrage permettra au lectorat
castillanophone de se faire une petite idée de l’historiographie catalane récente sur les
faits d’octobre 1934, sans y apporter vraiment de nouvelles connaissances factuelles, et
sans ouvrir de nouveaux espaces de débat.
AUTEURS
NICOLAS BERJOAN
université de Perpignan-Via Domitia
Mélanges de la Casa de Velázquez, 46-2 | 2016
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