J`ai rédigé les portraits de mes deux grands

Transcription

J`ai rédigé les portraits de mes deux grands
Portrait : mon grand-père maternel
octobre 2004
J’ai rédigé les portraits de mes deux grands-mères. Pourquoi ne pas avoir ceux de mes deux
grands-pères ?
Il est bien compliqué d’essayer de faire un portrait de quelqu’un avec qui on n’a partagé
aucune tranche de vie... Quelques bribes d’anecdotes entendues ça et là… C’est bien court !
Mes grands-pères sont tous les deux décédés bien avant ma naissance : mai 1927 et octobre
1932
Plus aucun vivant n’a côtoyé mon grand-père Hartelaub. Il n’est pas raisonnable d’espérer en
trouver un déjà réalisé. Rien n’est impossible, cependant… Je ne baisse pas les bras et je ne
perds pas la motivation de trouver des indices…
Pour peaufiner le portrait de Mamée, ma grand-mère maternelle, j’ai eu besoin de vérifier
quelques dates auprès de ma mère. Le reste est un récit de notre vécu commun.
Maman m’a aidé pour les passages sur la jeunesse et la première partie de la vie adulte de ma
grand-mère maternelle. Bien sûr, nous avons parlé aussi de mon grand-père maternel que je
n’ai donc pas connu.
J’aurais bien aimé que ce « film généalogique » présente un portrait de mon autre grand-père
Louis Malatrat. Maman est la seule personne aujourd’hui capable de le rédiger. Ginette a
perdu la mémoire, foutue maladie d'alzheimer. Suzy (4 ans à sa mort) et Lydie (5 mois) ont à
peine connu leur papa, tous les autres contemporains de la famille sont partis.
Il faudrait qu’elle se lance. Je l’ai souvent sollicitée. Elle n’a jamais osé s’attabler devant une
feuille blanche pour y coucher ses souvenirs d’enfant.
Mon insistance est enfin couronnée de succès puisqu’elle vient de me donner plusieurs
feuilles de notes. Elle a rédigé des paragraphes contenant ses souvenirs de l’époque, ce qui lui
avait été raconté, des descriptions de lieux et de moments précis. Ces notes m’apprennent
également bon nombre de détails relatifs à d’autres personnes de la famille. Elle me confie le
soin de tout mettre en forme. Je m’exécute avec plaisir.
« Tu n’as pas grand-chose sur ce grand-père que tu n’as pas connu. Tu voulais que je te parle
de mon père. Je suis la dernière personne à me souvenir de lui. Suzy et Lydie étaient trop
jeunes pour cela. Je suis contente de savoir qu’il sera dans notre arbre, beaucoup moins
anonyme puisque tu me demandes de parler de lui. ».
Tel était le premier paragraphe des notes.
Je vais donc rédiger ce portrait en transcrivant ses phrases intactes. Ce que je pourrai ajouter
sera écrit en italique.
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Portrait : mon grand-père maternel
octobre 2004
.
MALATRAT Louis
.
Naissance :
date : 24 novembre 1890
heure :
lieu : NEVERS ( 58000 )
Parents :
Père : MALATRAT Pierre ( 1861 )
Mère : FAUCONNOT Clarisse ( 1865 )
Fratrie :
Frères :
Sœurs :
MALATRAT Julien ( 1885 )
MALATRAT Jérôme ( 1889 )
MALATRAT Clarisse ( 1900 )
MALATRAT Marie-Louise ( 1902 )
Mariage :
Conjoint : JOIE Maria
date : décembre 1920
heure :
lieu : PARIS
Enfants :
1er enfant :
2ème enfant :
3ème enfant :
4ème enfant :
nom et prénoms : MALATRAT Geneviève
date de naissance : 13 mai 1923
nom et prénoms : MALATRAT Raymonde
date de naissance : 11 avril 1925
nom et prénoms : MALATRAT Suzanne
date de naissance : 13 octobre 1928
nom et prénoms : MALATRAT Lydie
date de naissance : 8 mai 1932
Profession : Carrossier
Décès :
date : 10 octobre 1932
heure :
lieu : NEVERS
souvenirs de sa fille Raymonde.
Il était le second (le second vivant, en réalité le troisième ) d’une famille de cinq enfants, trois
garçons et deux filles : Julien (1885), Jérôme (1889), Louis (1890),Clarisse (1900) et MarieLouise (1902). Un des garçons, Jérôme, était mort très jeune.
Il avait perdu sa mère, sans doute avant ses douze ans, puisque le jour de sa communion il
avait recraché l’hostie parce que sa mère était morte (donc sans doute avant 1902). C’est sa
sœur Clarisse qui me l’a raconté. S’il n’avait pas encore soufflé ses douze bougies au décès de
mon arrière-grand-mère Clarisse Fauconnot, il n’en était pas loin. Il était né le 24 novembre
1890. Sa plus jeune sœur Marie-Louise était née le 12 juillet 1902, donc leur mère est
décédée après cette date … à l’accouchement ? Je n’en connais à ce jour ni la date ni les
circonstances. De toute manière, il était encore enfant.
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Portrait : mon grand-père maternel
octobre 2004
sa jeunesse
Il avait été un garçon turbulent et n’en faisait pas mystère. J’aimais l’entendre raconter ses
bêtises d’adolescent et de jeune adulte.
Quand il devait promener ses petites sœurs, il n’oubliait jamais d’emporter une aiguille pour
leur piquer les fesses et dire ensuite : « Vous voyez bien qu’elles ne veulent pas rester avec
moi ! »
Il y avait aussi la boutique de ses grands-parents, épiciers et marchands de tissus, dans le
quartier St Etienne. Il y avait, un jour, avec ses copains, chapardé des cerises. Le grand-père
François ne s’était pas fâché. Il les avait obligés à manger la totalité du contenu du cageot !
Les "bandes" existaient déjà … Et leurs forfaits se produisaient de nuit, ce qui ne plaisait pas
forcément aux "victimes", commerçants du centre-ville, qui avaient un matin retrouvé leurs
enseignes permutées, le "lunetier" avec une botte, le pâtissier avec une horloge, le "chausseur"
avec une pièce montée…
l’âge adulte
Jusqu’en 1924, mes parents habitèrent Paris.
Mon père travaillait aux usines Renault où il était chef d’atelier.
Louis Malatrat ( à droite )
devant la première voiture
qu’il a construite ( 1919 )
Son équipe avait fait un très bon travail et il demanda une augmentation pour l’ensemble de
cette équipe. Elle fut refusée par la direction. Citroën se lançait dans la concurrence. Mon père
alla demander une embauche pour toute son équipe. Il n’y avait pas encore les "lois sociales"
en 1923 et cela se fit sans préavis.
L’année suivante, Ginette fit une bronchopneumonie. Les sulfamides
étaient inconnues, les antibiotiques encore plus. Il leur fallait donc
revenir dans un environnement plus sain.
La famille vint à Nevers. Mon père acheta la jardin de mon
grand-père, contigu à la maison. Il créa un atelier de carrosserie,
innovant pour l’époque et Nevers. Et moi, je m’annonçais. Plus tard,
après la mort de mon grand-père en août 1925, il racheta la part de ses
frères et sœurs et fit construire un étage à la maison paternelle pour y
loger ma grand-mère. La famille de Louis emménagea rue Francis
Garnier.
L’atelier marchait très bien. J’étais petite, un an ou deux peut-être, et
il paraît que je ne dormais jamais aussi bien que lorsque l’atelier était très bruyant. Chacun
choisit son type de berceuse ! Ce fut un temps très heureux. Je ne l’ai compris que longtemps
après, après la mort de mon père. Mamée avait une aide à la maison. [Mon père l’appelait
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Portrait : mon grand-père maternel
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Manée, nous l’appelions Maman, et toi, dans ton babillage d’enfant, tu transformas en
Mamée]. Nous avions une maison de campagne … à Port-des-Bois … le téléphone et même
un aspirateur, sans oublier l’automobile…
Je pense intéressant d’ajouter un fait significatif dont j’ai très souvent entendu parler par
Mamée. Mon grand-père prenait quelques jours de vacances en été, avec sa famille … trois
ou quatre, mais c’était déjà un progrès. Il considérait que ses ouvriers en méritaient autant et
il les faisait bénéficier de ces quelques jours en congés payés. C’était avant 1932 ! Ce devait
être révolutionnaire … nos gênes "socialisantes" lui seraient-elles attribuables ?
ses parents et ses proches
* mon grand-père [mon arrière-grand-père donc]
De mon grand-père, je ne connais aucune anecdote sauf ses interventions auprès de son frère,
très bon ouvrier mais fainéant comme une couleuvre et le cageot de cerises. Le grand-père le
sortait du lit … son frère, pas le cageot … le chargeait sur son dos pour être certain qu’il irait
travailler et le portait jusqu’à l’atelier où là, devant son établi, il se mettait au travail.
* mes grands-mères
De ma véritable grand-mère, je ne sais rien.
Par contre, celle qui pour moi était "ma grand-mère" était la seconde épouse de mon grandpère (second mariage en 1907). Aurélie Moruë, veuve Chatillon, était par contre pour moi le
modèle des modèles. J’adorais cette grand-mère et je savais qu’elle m’aimait beaucoup. Elle
était la mère de l’oncle Robert. J’ai peut-être d’elle les plus beaux souvenirs de mon enfance.
Ma grand-mère avait ouvert un atelier de lingerie, depuis quand, je ne sais pas. Je pouvais
aller chez elle, rue Fonmorigny. C’était une maison "de rue". Il y avait un long couloir
desservant toutes les pièces et tout au bout une petite cour, avec une pelouse ronde, un
marronnier au milieu. L’oncle Robert qui était prêtre lisait son bréviaire en tournant autour et
j’ai cru assez longtemps qu’il fallait tourner pour lire ses prières.
* mon oncle Julien
Julien, frère aîné de mon grand-père, était marié avec tante Alice … qu’Elisabeth et toi
appeliez tante Zulma (personnage de bande dessinée de l’époque). Il avait fait un
apprentissage de chaudronnerie et dirigeait un atelier de formation pour apprentis en tôlerie et
chaudronnerie. Il était également maître d’apprentissage à l’école professionnelle supérieure à
Nevers. La seule chose dont on l’entendait "se vanter" était la réussite aux examens de ses
élèves dont plusieurs firent "les arts et métiers". J’aimais et j’admirais ce "tonton Julien". Pour
moi, il était "un sage".
* mon oncle Robert
Son autre "frère", le fils de la seconde épouse de son père, était Robert Chatillon. Il était
prêtre. C’était quelqu’un de surdoué et l’évêché lui avait permis de poursuivre des études très
"poussées" à Rome. Il était docteur en théologie, docteur en philosophie et docteur en
sciences occultes. Il aurait pu avoir un parcours très "riche" mais il avait préféré être curé en
paroisse. Il l’était à Neuvy-sur-Loire. J’ai toujours pensé qu’il avait fait ce choix pour que ma
grand-mère ait une vieillesse heureuse qu’elle méritait bien.
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