Est-ce ainsi que les femmes meurent

Transcription

Est-ce ainsi que les femmes meurent
Est-ce ainsi que les femmes meurent ?
Didier Decoin
Les critiques des blogueurs
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Didier Decoin à l’art de montrer l’atrocité de notre société.
Est-ce ainsi que les femmes meurent ? de Didier Decoin nous promet dans sa 4e de couverture
de « se lire dans un frisson ». La multiplicité des points de vue et le ton légèrement
journalistique ne viendra pas ternir le frisson mais plutôt l’embellir, le multiplier et
l’universaliser en même temps.
Il y a dans ce récit d’un meurtre (dans le Queens, un serial-killer tue et viole une jeune
femme) une froideur ambiante, une atrocité à la fois normale et dérangeante. Il faut dire que
Didier Decoin à l’art de montrer l’atrocité de notre société : son indifférence, sa folie et son
absence d’implication. C’est de cela dont il est question dans ce livre : la jeune femme, Kitty
Genovese, pleine de rêve et de fraîcheur, se fait assassiner par un homme incompréhensible
sous les yeux d’une trentaine de ses voisins. Aucun n’a appelé la police, déchargeant cette
responsabilité à l’autre du palier d’en-dessous ou de l’immeuble d’en face qui ont pensé
exactement la même chose. Le meurtrier arrêté et les témoignages recueillis, l’affaire aurait
pu s’arrêter là. Mais un journaliste a pris en charge cette histoire et l’a publiquement dénoncé.
Un point de vue extérieur (celui d’un voisin absent lors du meurtre) vient nous apporter des
interrogations tandis que le point de vue du meurtrier nous fait frémir et celui de Kitty pleurer.
Tout ça pour en venir à la conclusion que nous aurions sûrement fait la même chose que les
voisins : regarder et entendre sans réagir. C’est là qu’est réellement le frisson. On ne peut
qu’espérer qu’il sera efficace et nous permettra de réagir face à une scène comme celle à
laquelle les voisins de Kitty ont assisté, et ce peu importe le nombre de personnes autour de
nous qui peuvent le faire à notre place.
Un livre dur, à la limite du tolérable, mais qui, par le frisson qu’il procure, pousse à réfléchir
et à douter de nous-même.
http://petiteslecturesentreamis.wordpress.com/2010/08/29/est-ce-ainsi-que-les-femmesmeurent-de-didier-decoin/
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Je l’ai lu à toute vitesse, figée par la terreur.
J’ai découvert ce livre grâce à un partenariat avec LGF par l’intermédiaire de Blog’O Book et
je l’ai lu à toute vitesse, figée par la terreur, abasourdie par l’horreur qui habitent l’horrible
évènement dont il est question : le meurtre devant des témoins apathiques d’une jeune fille
innocente par un psychopathe nécrophile.
Le livre, très bien documenté, pur et brut, à l’écriture factuelle, claire et visuelle, qui se veut
sans concession, et sans ménagement pour le lecteur, revient sur le parcours du meurtrier et
sur le procès en posant un regard critique sur ces témoins passifs et dès lors responsables de la
mort de la jeune fille, Pour cela, il met en scène un narrateur aux premières loges, absent loin
du meurtre et qui découvre à son retour la lâcheté de ses voisins, narrateur qui bénéficie d’
une vue d’ensemble sur tout ce qui a eu lieu, Un second narrateur met en scène le meurtrier et
son parcours, ses pensées, le rend plus crédible et humain en mettant en avant sa sensibilité
paternelle notamment. J’ai été profondément choquée par les dépositions peu crédibles des
témoins apathiques qui ont pourtant su parler et se mettre en valeur auprès de la police,
lorsque le pire a été fait, Ce cas illustre ce qui est depuis devenu le syndrome Kitty Genovese
ou bystander effect, vérifié lors d’expériences à l’Université de New-York : Plus il y a de
témoins d’un appel au secours, moins les chances d’interventions sont nombreuses, chacun
espérant que l’autre prendra les devants j’ai également été horrifiée par la façon de procéder
du meurtrier, qui compare les femmes tuées et violées par lui à des mouches qui se sont
approchées trop près de sa tapette, ce monstre qui ne regrette pas un de ces crimes, qui pousse
le sadisme jusqu’à aller achever sa victime, pour assouvir son désir, et qui sait, fait avéré hélas
que personne ne se déplacera, ce monstre qui par ailleurs paradoxalement, est un bon père et
un bon mari…. .
En bref, ce livre est excellent tant par sa forme que par son fond.
http://divaberlioz.wordpress.com/2010/08/22/didier-decoin-est-ce-ainsi-que-les-femmesmeurent/
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Un roman poignant, troublant et percutant.
Didier Decoin, membre de l’académie Goncourt, auteur et cinéaste reconnu, nous relate dans
ce roman, un fait divers authentique qui est devenu un cas d’école en psychologie sociale. “Le
syndrome Kitty Genovese” a fait l’objet de nombreuses expériences afin d’expliquer le
comportement indifférent de témoins d’agression. Il introduit dans ce fait divers un
personnage inventé de toute pièce. Nathan Koschel habite le même immeuble que la victime.
Son épouse et lui étaient absents lors du drame. Nathan apprendra le crime le lendemain et
sera le spectateur d’un procès très étrange. On y juge non seulement Winston Moseley,
l’agresseur de Kitty, mais on y dénonce aussi le comportement inexcusable des témoins de
l’horreur.
C’est donc aux côtés de ce voisin désabusé que nous suivons toute cette sombre histoire.
Decoin prend la liberté d’impliquer un nombre impressionnant de témoins pour accentuer
l’acte de lâcheté. La victime a lutté pour sa vie, elle a crié “ à l’aide, on me poignarde, à
l’aide”, mais personne ne lui a porté de l’intérêt, personne n’a quitté son nid douillet pour la
sauver, personne n’a prévenu la police. Aucun secours pour cette jeune femme…Seule face à
sa mort.
Comment est-ce possible ? Nous parlons d’un être humain, non ? Sa vie ne vaut rien ?
Il ne faut pas oublier le vrai coupable : Winston Moseley. Il a ôté la vie de Kitty Genovese,
mais aussi de plusieurs autres jeunes femmes. C’est un prédateur. Il rôde la nuit pour assouvir
ses pulsions morbides. Pourtant, en apparence, il est un mari attentionné et un père
exemplaire.
En romançant un fait divers, Didier Decoin nous offre un roman poignant, troublant et
percutant. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’il est le meilleur roman que j’ai lu depuis le début de
l’année, mais j’avoue qu’il n’est pas dénué d’intérêt. Les 186 pages m’ont amené à méditer :
L’homme est-il un lâche ?, Quelle est la valeur de la vie d’un inconnu ?, et Pourquoi survit la
“loi du chacun pour soi” ?
http://ecritureetpoesie.canalblog.com/archives/2010/08/17/18833115.html
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Un livre passionnant, nécessaire dans une période où l'on parle de
solidarité.
A mi-chemin entre la fiction et le reportage, Didier Decoin relate lentement avec beaucoup de
précisions l'histoire de Catherine Genovese qui s'est déroulée dans les années 60 en Amérique
et qui a défrayé la chronique. Lorsque celle-ci se fait poignarder à plusieurs reprises par un
dément, aucun de ses voisins ne réagit. Pourquoi les gens ne se sont-ils pas portés à son
secours ? Pourquoi personne n'est venu aider cette pauvre femme ? Minutieusement, à travers
la bouche d'un des voisins de Catherine, absent le soir du crime, le lecteur assiste à son
meurtre puis à l'arrestation et au procès du meurtrier.
Cette situation qui a montré la lâcheté, l'égoïsme des hommes a donné son nom à un
syndrome : "le syndrome Kitty Genovese" désigne le fait de ne pas intervenir lorsque l'on
pense qu'un tiers peut aussi réagir dans une situation donnée. Voici les conclusions d'un
psychosociologue du XXeme siècle, Stanley Milgram : " Cette affaire touche à quelque chose
d'essentiel de notre condition humaine. Si nous avons besoin d'assistance, ceux qui nous
entourent vont-ils rester à ne rien faire en nous regardant disparaître, ou bien vont-ils voler à
notre secours ? Ces autres créatures sont-elles là pour nous aider à sauver nos vies et nos
biens, ou ne sommes-nous les uns pour les autres que des particules de poussière flottant dans
le vide ?".
La narration de ce crime tend ainsi à analyser le comportement, non pas du tueur, mais celui
du témoin. Qui est le plus coupable ? Ce drame horrible et odieux révèle une facette
pessimiste de l'âme humaine. Didier Decoin a su judicieusement et objectivement rendre
compte d'un drame révélateur du comportement humain tout en l'ancrant dans l'histoire
américaine : ainsi s'ajoute à l'enquête policière une étude sociologique sur la vie du quartier,
de la perception de l'homosexualité à 'époque, la question de la criminalité... Avec lenteur,
précisions et réalisme, grâce à ce récit très diversifiée - l'enquête menée par un journaliste,
procès, évolution des personnages - il réussit à captiver l'attention du lecteur et à l'informer
d'un fait divers majeur, tout en l'amenant à réfléchir sur ses actes. Est-ce ainsi que les femmes
meurent ? est une réflexion sociologique et psychologique captivante, ancrée dans l'Amérique
des années 60, amenée par un récit sombre mais juste.
Didier Decoin relate minutieusement cette affaire incroyable, qui aurait pu être un simple fait
divers si un journaliste du New York Times, Martin Gansberg n'avait pas raconté ce qui s'est
passée cette nuit là. Son article a bouleversé l'opinion publique, choquée par la passivité des
38 témoins. A l'heure actuelle, il existe encore une polémique sur le nombre exact de
personnes qui ont assisté, de prés ou de loin, à l'agression de Kitty Genovese. Mais une chose
est sûre, elles étaient nombreuses à pouvoir intervenir. L'auteur a choisi une forme narrative
originale: Faire raconter l'histoire par une tierce personne, qui connaissait la victime mais
n'était pas là le soir du meurtre. Un voisin qui n'a donc rien à se reprocher. Ce personnage sera
d'ailleurs placer dans des passages du livre qui décrivent le contexte sociologique de
l'Amérique des années 60, celle de Kennedy et de Luther King.
Raconter une histoire vraie de manière romancée n'est pas chose aisée, mais Decoin parvient à
nous captiver. Par une mécanique astucieuse, l'auteur s'en tient aux faits lorsque les minutes
du procès de l'assassin sont relatées, mais prend toutefois quelques libertés en décrivant les
pensées du meurtrier, et de ses victimes. Audacieux, mais j'adhère à cette idée, car elle place
ce livre à mi-chemin entre le polar et le témoignage judiciaire, un roman noir dans un format
de nouvelle. On se surprend à apprécier des moments de suspense, alors que l'on connaît
l'issue de l'histoire.
Evidemment, ce qui choque le plus est l'inactivité des témoins, qui iront au tribunal pour
raconter leur version des faits, sans toutefois être inquiétés, car la non-assistance à personne
en danger n'existe pas dans la loi américaine. Sans parti pris explicite, Decoin revient sur ces
gens qui ont laissé mourir une femme. On cherche à comprendre, mais c'est difficile. Bien
qu'on devine que l'auteur soit choqué par l'attitude des 38, il explique dans l'épilogue une
raison psychologique à ce refus d'intervention. C'est ce que l'on appelle "l'effet du témoin" ou
"syndrome de Genovese": Une personne assistant à un évènement tragique prendra la
responsabilité d'agir si elle est seule. Mais plus les témoins seront nombreux, et plus cette
responsabilité sera déchargée aux autres. Mais Decoin raconte que certains ont tenté
d'intervenir, en téléphonant à la police, que la standardiste ne contactera jamais. Cette lenteur
d'appel constatée dans cette affaire sera à l'origine de la création du numéro d'urgence aux
USA, le 911.
En bref, un livre passionnant, nécessaire dans une période où l'on parle de solidarité, sans
toutefois l'appliquer...
http://sgparentheses.canalblog.com/archives/2010/08/15/18817585.html
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