Au bord de la rupture - Le Hall de la chanson
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Au bord de la rupture - Le Hall de la chanson
Au bord de la rupture La voix de Christophe est une blessure à plaie ouverte. De l'émotion qui coule sans retenue. A la fin des années 60, Christophe choisit donc de tout arrêter et de disparaître, pour enlever cette étiquette "Yéyé". Il va se réfugier dans les carcasses de ses voitures de luxe, il se met à collectionner tous les objets du mythe américain, jukebox, radios, photographies, films originaux... Et disques bien sûr, bref, d'une multitude d'objets qui feront assimiler son appartement à un gigantesque musée. Jusqu'à ce qu'il se lasse, alors il bazarde ou délaisse. Un jour, il en a eu marre de l'Amérique, il dit avoir vu trop de films. Sur le même principe, il ne met plus les pieds chez lui. Il part en errance d'hôtels en caravanes. Ainsi est Christophe : instantané, pulsionnel, jouissif, primaire et obsessionnel. Lorsqu'il réapparaît avec ses Paradis Perdus, l'artiste a changé. Son look déjà. Il est devenu une sorte de Latin lover, un dandy à la longue chevelure blonde avec une nouvelle idée de mode : la moustache. Mais ce qui a changé aussi, c'est son entourage. Francis Dreyfus , son producteur de l'époque lui a présenté un jeune parolier qui va lui permettre de lancer sa carrière dans les conditions qu'il rêvait. Les Paradis Perdus ressemble exactement à ce qu'il veut être. Ce parolier s'appelle Jean-Michel Jarre . Ensemble, ils vont écrire la quasi-totalité de cet album. Et dès la première plage, un peu comme Bashung avec Gainsbourg sur l'album Play Blessure . Gainsbourg avait dégainé : "Je dédie cette angoisse à un chanteur disparu / mort de soif dans le désert de Gaby" . Christophe met le doigt sur le passé avec une sorte de scanner de radio avec ses tubes des années 60 qui défilent dans le tuner, puis la seconde chanson insiste : "Je suis mort je revis, contre toi, emporte moi loin d'ici" . La patte Christophe à la Phil Spector dans l'usage de l'écho et posée dans cet album de la renaissance. Le public ne s'y trompe pas. Christophe a créé sa bulle et Aline , est là sur la cheminée d'une autre vie. Mais Christophe rêve de génie, et de fouler les planches de l'Olympia. Il se rêve arrivant avec sa Testarossa devant la salle mythique, levant les yeux et regardant son prénom en lettres rouge briller de mille feux. Il se rêve adulé par la foule pour l'oeuvre qu'il a accomplie. Pour cela, il se doit d'enfoncer le clou très vite. Il sort l'année suivante (1974), l'album qui va définitivement l'installer au sommet des artistes à part de la chanson française. L'album s'ouvre avec un piano, 1/2 Au bord de la rupture et des accords synthétiques qui annoncent Les Mots bleus. Mais c'est Le dernier des Bevilacqua qui s'enchaîne, comme un péplum, la bande originale de sa propre vie. Christophe souffre de l'absence de sa mère disparue, de son Italie, des parfums et de la langue. Le dernier des Bevilacqua est un chef d'oeuvre. Il plonge dans un rock progressif autobiographique de 9 minutes oùtoutes ses influences ressurgissent. Puis Christophe envoie son second missile hispanisant. Référence à une Amérique du passé, un hit exceptionnel. Elle s'appelle Senorita . Senorita (extrait 30s), par Art Mengo 2/2