20 mars, journée international de la francophonie Le 20 mars

Transcription

20 mars, journée international de la francophonie Le 20 mars
20 mars, journée international de la francophonie
Le 20 mars prochain sera célébrée dans le monde entier la Journée internationale de la
Francophonie, un prétexte pour moi pour interroger la signification de cette événement
pour les francophone que nous sommes ou réclamons et al signification que nous
donnons à cette espace qui nous uni.
Depuis 1990, les francophones de tous les continents célèbrent chaque 20 mars la Journée
internationale de la Francophonie. Une journée dédiée à la langue française qui unit 200
millions de locuteurs à travers la planète et qui « unie » 803 millions de personnes vivant
dans 68 pays. Une occasion, pour les francophones du monde entier, d’affirmer leur
solidarité et leur désir de vivre ensemble, dans leurs différences et leur diversité.
La date du 20 mars a été retenue en commémoration de la signature, en 1970 à Niamey
(Niger), du traité portant création de l’Agence de Coopération Culturelle et Technique
(ACCT), aujourd’hui : Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Différentes
manifestations sont prévues dans le cadre de cette journée. Au total, 220 manifestations
seront au programme dans les différents pays. Qu’en est-il au Québec ? Tv5, la « Chaine
francophone » qui devait jouer ce rôle, d’espace de brassage culturel, d’échange, de
rencontre, « du donner et du recevoir », pour citer Senghor, un des pères fondateurs,
remplit-il correctement cette fonction, même si les responsables, annoncent différentes
émissions entre 17 au 22 mars ? Quelle perception les québécois donnent-ils à cet espace
commun et de ce lien qui devait unir les francophone de par le monde, notamment à
travers la manifestation de cette appartenance commune et des émissions de Tv5 Canada
?
Depuis deux ans que je suis au Québec, je n’ai pas vu, sinon que très, très rarement,
d’émissions de Tv5 Canada portant sur l’Afrique et d’autres régions francophones du
monde. Pourquoi ? Ce lien est-il donc un discours du bout des lèvres et vide de sens pour
le vrai peuple ? Tv5 Canada ne montre que les réalités canadiennes et québécoises en
particulier, Tv5 Europe ne montre que qui se passe en Europe, Tv5 Afrique ou Monde
que ce qui se porte sur ces régions, en complète déconnexion de la fonction primaire qui
devait être la leur à savoir favoriser ce brassage culturel. En effet, on sent nettement à
travers les différentes programmations, une dichotomie entre « Tv5 Nord » et « Tv5
Sud ». Alors où la rencontre, où est l’espace d’échange, de brassage, qui devait nous unir,
faciliter la compréhension de l’autre, différent de moi, mais avec qui je partage la langue
? La réforme de l’audiovisuelle en cours en France ne préfigure aucunement une
inversion dans ce sens.
Par ailleurs, au Canada, sur dix manifestations prévues pour la célébration de cette
journée, quatre auront lieu à Québec (Soirée de la francophonie, le 8 avril 2008 ; « La
Francofête 2008 » du 7 mars au 4 avril 2008 avec comme slogan « Des mots pour se
rencontrer »; la « Semaine nationale de la Francophonie » du 7 au 23 mars 2008 et « La
Promotion de la Francophonie » du 14 au 15 mars 2008 à Brossard dans les écoles
primaires et secondaires), et trois au Nouveau Brunswick. A Ottawa en Ontario, il est
prévu deux manifestations, le 28 mars 2008 dans le cadre de la « Semaine de la
francophonie » et la « Journée de la Francophonie et du bilinguisme », le 20 mars 2008 à
l’Université d’Ottawa. La seule manifestation prévue dans la métropole est la « Soirée de
la Francophonie 2008 » du 19 mars 2008 à LaSalle. On peut se demander aussi, dans
toutes ces manifestations quelle est la part réelle du brassage culturel et des échanges.
Alors pourquoi; pourquoi Montréal, cet espace formidable de brassage culturel de
francophones nés et d’adoption, manifeste peu d’intérêt à un tel événement, qui
aujourd’hui, il faut le souligner, prend de plus en plus en plus de place dans le calendrier
culturel de toutes les capitales francophones, notamment d’Afrique ? Ou la métropole estelle devenue plus anglophone que francophone ?
D’autres questions se posent aussi : la francophonie doit-elle être politique ou seulement
un espace d’échange culturel ? Doit-elle être une affaire des peuples ou des élites ? Ne
doit-on pas lui donner aujourd’hui une réalité pratique pour plus d’efficacité ? Cette
manifestation d’une appartenance, d’un partage doit-elle s’arrêtera à la célébration d’une
journée ? Autant de questions parmi tant d’autres, aujourd’hui sans réponse dont
l’éclaircissement permettra une visibilité très certainement dans ce lien commun que
chacun revendique sans vraiment aller à la rencontre de l’autre. Certes, le dernier rapport
d’activités du Secrétaire général, Abdou Diouf, faisant un large panorama des actions
entreprises et des orientations nouvelles de l’OIF, pose les jalons d’une véritable
« solidarité » agissante ; toutefois il faut reconnaitre que tout ceci ne laisse pas entrevoir
une réelle visibilité pour les peuples, qui devaient être au centre de cette formidable
volonté.
Djibril DIOP
Docteur en Géographie (Ph. D.)
CERIUM-Université de Montréal (Québec)
[email protected]