Le développement du chèque -vacances
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Le développement du chèque -vacances
Conseil national du tourisme Section des solidarités et politiques sociales ________________________________________________________________ Président : Jean-Pierre MARCON, Député de Haute-Loire, Vice-Président de VALVVF, Le développement du chèque -vacances Quelques pistes de réflexion pour accroître le départ en vacances des Français FEVRIER 2008 Rapporteur : Jean-Claude NERISSON Président de VACANCIEL SOMMAIRE A. Quelques éléments-clés en préambule…………………….p 4 . Le non-départ pour raisons économiques . Le chèque-vacances en 2006 . L’A.N.C.V., agence d’utilité sociale B. Les freins au développement dans les dispositifs existants ………………………………………………………p 11 . Le chèque-vacances dans les PME – PMI . Le chèque-vacances dans la Fonction Publique C. Les nouveaux champs de développement………………...p 21 . Les travailleurs handicapés . Les retraités du régime général . Les salariés agricoles . Les jeunes . Les Caisses d’Allocations Familiales D. Le Chèque-vacances et la concurrence…………………… p 35 . Les produits concurrents . Comme répondre à cette concurrence ? E. En conclusion : deux types de préconisation……………. p 43 Annexes Le chèque-vacances a été institué par l’ordonnance du 26 mars 1982 et le décret du 16 août 1982. Il concerne les salariés des entreprises, sociétés et organismes soumis aux dispositions de l’article L.223.1 du Code du Travail (toutes entreprises industrielles commerciales et agricoles), des 3ème et 4ème de l’article L.351.12 et de l’article L.351.13 (Fonction Publique, marin pêcheur, dockers occasionnels, artistes non salariés). La Loi du 12 juillet 1999 a étendu le bénéfice du chèque- vacances aux salariés des P.M.E.P.M.I. de moins de 50 salariés. Le dispositif prévoit à ce titre la constitution par le salarié d’une épargne bonifiée par l’employeur ou par le comité d’entreprise qui au terme du contrat permet au salarié d’acquérir des titres nominatifs appelés chèques-vacances. Les objectifs initiaux conservent toute leur valeur : - permettre aux plus démunis d’accéder aux vacances, « facteur d’équilibre social et de resserrement de liens familiaux ». - contribuer activement au dynamisme économique du tourisme et d’y soutenir l’emploi. Le dispositif est géré par l’Agence Nationale par les chèques-vacances (A.N.C.V.) à statut d’Etablissement Public à Caractère Industriel et Commercial. Les excédents financiers après impôts de l’Agence ainsi que les chèques périmés permettent à celle-ci d’initier une politique sociale d’aide au départ en vacances des plus défavorisés au travers de deux types d’action : - aide à la rénovation du patrimoine - aide à la personne. Aujourd’hui, et après 25 ans d’existence, il existe deux grandes catégories de bénéficiaires : - les salariés des entreprises et sociétés et les fonctionnaires, - les retraités des Fonctions Publiques. Compte tenu du rôle déterminant des chèques-vacances dans le déclenchement du départ en vacances pour certaines catégories, le présent rapport, après avoir rappelé quelques chiffres-clés, analysera dans une première partie les freins éventuels au développement dans les dispositifs existants. Ensuite, l’étude portera sur les possibilités, de développement auprès de population qui ne bénéficie pas du dispositif. Une dernière partie, sera consacrée à une approche du secteur concurrentiel du chèquevacances, et par voie de conséquence à son devenir. A - QUELQUES ELEMENTS-CLES EN PREAMBULE I - LE NON-DEPART D’ORDRE ECONOMIQUE : QUELQUES CHIFFRES-CLES Les analyses réalisées depuis plusieurs années ont démontré que le taux de non-départ en vacances restait élevé et relativement constant. On l’évalue à 35 % environ. Cette évaluation globale étant identique à celle qui avait servi de base au rapport du C.N.T. de 2001, on peut imaginer que la répartition par tranche d’âge n’a pas sensiblement changé depuis. CATEGORIES TRANCHES D’AGES TAUX DE NON-DEPART 15 - 19 ans 33 % 20 – 24 ans 42 % Adultes 25 – 59 ans 35 % Seniors 60 – 69 ans 42 % + 70 ans 62 % Jeunes Si le non-départ n’est pas uniquement dû à des raisons économiques, on remarque toutefois que les populations à faibles ressources ont un taux de non-départ élevé. Tel est le cas notamment : - des demandeurs d’emploi : taux de non-départ en 2004 : 52.6 % - des foyers mono-parentaux : taux de non départ en 2004 : 46.8 % - des jeunes entrant dans la vie active - des seniors pour ceux n’ayant que le minimum vieillesse ou des retraites modestes. Des salariés du monde agricole (affirmation non vérifiée statistiquement). Les estimations se vérifient dans l’enquête permanente sur les conditions de vie : dans le cadre d’une enquête annuelle publiée en 2004, il apparaît qu’en 2003, 29.6 % des personnes interrogées déclarent que leurs moyens financiers ne leur permettent pas de partir une semaine en vacances une fois par an. Une étude SOFRES portant sur la période octobre 1995 – septembre 1997 avait mis en évidence que si 67 % des personnes interrogées étaient bien parties sur 2 ans : - 17 % étaient parties une année sur deux, - 16 % n’étaient pas parties pendant les 2 ans soit près de 10 000 000. Cette étude SOFRES s’étant intéressée aux principales raisons de non-départ, a permis d’isoler le non-départ par choix (35 % sur 2 ans soit 3.5 millions) du non-départ contraint (65 % soit 6.5 millions). Les raisons de contraintes invoquées étant essentiellement « je n’ai pas d’argent pour partir » ou « c’est un choix que m’impose mon budget », on peut estimer le noyau dur des non-partants pour raisons économiques à ce chiffre de 6.5 millions soit 10 % de la population française. En outre, on remarquera que le taux de non-départ est plus élevé auprès des populations qui ne peuvent pas bénéficier de chèque-vacances (jeunes et seniors notamment, taux supérieurs à 42 %). II – Le Chèque-Vacances en 2006 Le volume d’émissions de l’année 2006 s’élève à 1,054 milliards d’euros (il était de 705 000 euros en 1983 première année de plein exercice). En nombre de clients, comme en volume d’émissions, ce sont les comités d’entreprises qui dominent. Répartition du nombre de clients Répartition en volume d’émission 80.2 % 54.6 % PME/PMI 11 % 1% Fonction Publique 1% 26.7 % Collectivités locales 5.5 % 15.2 % Employeurs 2.5 % 2.7 % C.E. L’attribution des chèques se fait sous trois formes différentes : - Avec Epargne : le salarié constitue une épargne qui est abondée. C’est le respect pur du principe prévu par les textes à l’origine du chèque. - Avec participation : le salarié bénéficie des chèques-vacances délivrés par son comité d’entreprise, qui abonde au passage le coût des chèques ; le salarié ne paie que la différence. - Le don sec : le Comité d’entreprise achète des chèques-vacances et les donne aux salariés. Environ 90 % (source A.N.C.V.) des chèques-vacances sont attribués sous conditions de ressources, (revenu fiscal de référence, quotient familial…) quelle que soit la formule de distribution. Les porteurs, c’est à dire les salariés bénéficiant de chèques vacances sont au nombre de 2,7 millions. Leur famille pouvant également utiliser ces chèques-vacances, ce sont au total 7 millions de personnes qui sont bénéficiaires des chèques-vacances. Selon les études menées par l’Agence, 16 % des porteurs de chèques-vacances sont des cadres. Ce qui pourrait apparaître contestable s’explique par le souhait de nombre de comités d’entreprise de n’exclure aucune catégorie de salariés de leurs aides. C’est donc souvent une condition pour la mise en place du chèques-vacances dans une entreprise. Cette situation est en définitive satisfaisante parce qu’elle contribue à accroître les excédents de l’Agence et donc les ressources disponibles pour son action sociale et parce que les critères sociaux d’attribution du chèque-vacances sont respectés : en moyenne, un cadre du secteur privé qui bénéficie de 100 Euros de chèques-vacances reçoit une aide de 25 Euros et apporte une épargne de 75 Euros tandis que ces proportions sont inverses pour les non-cadres. Sur les 36 000 grandes entreprises recensées, 20 000 ont déjà mis en place le dispositif chèques-vacances, essentiellement par l’intermédiaire du Comité d’entreprise. Dans les 16 000 restantes, plusieurs cas de figure existent : - Certains C.E. n’ont pas de ressources affectées aux vacances par manque de moyens . - des entreprises gèrent en interne leurs actions vacances (SNCF – CCAS d’EDF et GDF, RATP …). Le potentiel de développement à ce niveau est donc limité et l’essentiel des marges de progression se situe au niveau des PME-PMI, sur des secteurs où le chèque-vacances n’est structurellement pas organisé aujourd’hui, ou pas utilisé comme outil par des organismes participant socialement au départ en vacances. III - L’A.N.C.V., agence d’utilité sociale L’A.N.C.V. a une mission sociale unique : favoriser le départ en vacances, qui est mise en œuvre à travers deux modalités : - tel qu’il a été conçu, le chèque-vacances concerne essentiellement les salariés l’action sociale, elle, s’adresse principalement aux non salariés socialement défavorisés. Ces deux modalités sont complémentaires par les populations visées et par leur financement. L’action sociale est intégralement financée par les excédents de gestion du chèque-vacances, après impôt sur les sociétés, à hauteur de 15 millions d’Euros environ chaque année. A l’inverse, les excédents de gestion sont intégralement affectés au financement de l’action sociale. Quatre programmes principaux constituent cette action sociale : 1. les aides aux projets vacances ont permis, en 2007, de faire partir 70.000 personnes défavorisées grâce à des aides attribuées à un réseau de 35 associations caritatives ou spécialisées dans le soutien au départ en vacances (Secours Populaire, Emmaüs, Vacances Ouvertes, Les Restos du Cœur…). Ces associations ne se limitent pas à redistribuer l’aide de l’A.N.C.V. : elles placent les projets vacances dans une démarche d’insertion sociale ou d’animation socio-culturelle. 2. Bourse Solidarité Vacances amène l’A.N.C.V. à recueillir auprès des structures d’hébergement du secteur associatif et du secteur marchand une offre de séjours à des prix solidaires (avec des réductions pouvant atteindre 80 %) pour la mettre à disposition d’un vaste réseau de plusieurs centaines de partenaires provenant aussi bien des associations caritatives que des collectivités locales. Une offre de transport proposée par la S.N.C.F. à 30 Euros l’aller-retour est couplée à ces séjours. Les personnes ainsi aidées, près de 10.000 par an, ne partent pas pour des raisons financières et n’ont donc pas besoin du même accompagnement social que celles soutenues par les aides aux projets vacances. Les activités du GIP Bourse Solidarité Vacances, créé en 1998, ont été intégrées à l’A.N.C.V. en 2006. 3. les aides aux équipements touristiques sont des subventions versées à des structures d’hébergement du tourisme social pour les aider à financer leurs programmes de rénovation ou d’extension. En 2006, 146 structures ont ainsi été aidées pour un coût total de 6 millions €. 4. Seniors en Vacances est un nouveau programme de l’A.N.C.V., par reprise d’un programme expérimental initié par l’U.N.A.T., qui s’adresse aux personnes de 60 ans ou plus non imposables. L’A.N.C.V. collecte une offre de séjours à prix réduits et tout compris (hors transport), sur la base d’un cahier des charges et la met à disposition de porteurs de projets (collectivités locales, associations, caisses de retraite complémentaires…) qui constituent des groupes d’au moins 30 personnes pour profiter de ces offres. Actuellement, l’A.N.C.V. prend en charge la moitié du coût des séjours et l’objectif est de faire partir 10.000 personnes en 2008. L’action sociale de l’A.N.C.V. est mobilisée, de manière croissante, en complémentarité et en synergie avec celle de : - l’Etat - par exemple, depuis plusieurs années, l’Agence finance l’opération Solidar’Eté mise en place par le ministère de la Jeunesse et des sports pour permettre aux jeunes ne partant pas à vacances d’utiliser pendant l’été les installations sportives dans des activités encadrées. L’Agence participe à l’action du haut commissariat aux solidarités actives contre la pauvreté, les vacances pouvant intervenir dans une politique d’insertion professionnelle. Les programmes tournés vers les populations handicapées s’inscrivent dans l’action du délégué interministériel. - partenaires tels que les collectivités locales, les caisses d’allocations familiales, les caisses de retraite complémentaire qui voient dans les programmes de l’A.N.C.V. les moyens de développer leurs actions vers les populations en difficultés (familles, personnes âgées, jeunes, handicapés…). L’efficacité et le développement de ce prolongement social du chèque-vacances est totalement dépendant du volume d’émission réalisé. La progression de ce dernier, est donc le garant d’une action sociale plus forte et plus efficace apte à participer davantage à la lutte contre l’exclusion du droit aux vacances. B – LES FREINS AU DEVELOPPEMENT DANS LES DISPOSITIFS EXISTANTS I - Le chèque-vacances dans les P.M.E.-P.M.I. La diffusion du chèque-vacances dans les entreprises de moins de 50 salariés constitue un enjeu majeur. D’une part, les salaires y sont, en moyenne, nettement plus faibles que dans les entreprises de plus de 50 salariés, une politique de soutien au départ en vacances y est donc d’autant plus nécessaire. D’autre part, face à des effectifs de 8,5 millions de salariés, les bénéficiaires actuels du chèque-vacances ne sont que 30 000. C’est dans les entreprises de moins de 50 salariés que se situe la principale marge de progression du chèque-vacances. 1. Dispositif actuel Le chèque-vacances pour les PME/PMI a été étendu par la loi du 12 juillet 1999, et concerne les entreprises de moins de 50 salariés. 1.1 – Fonctionnement Il s’intègre dans le dispositif général : - épargne d’un salarié - bonifié par l’employeur. Pour en bénéficier, le salarié doit disposer d’un revenu fiscal de référence figurant sur un avis d’imposition de l’année N-2, inférieur ou égal à la somme de 22 150 € pour la première part, augmentée de 5 140 € par demi-part supplémentaire (revenu de 2006 pour 2008). L’épargne a une durée minimale de 4 mois et ne peut dépasser 12 mois. Le montant épargné chaque mois s’élève au minimum à 2 % du S.M.I.C. soit 23 € au 01/01/2008 et au maximum à 20 % (soit 230 € au 01/01/2008). La bonification de l’employeur se situe entre 20 et 80 % de la valeur libératoire du chèque-vacances. En contrepartie, l’employeur bénéficie d’une exonération totale de charges sociales sur sa participation si celle-ci ne dépasse pas 30 % du SMIC par an, soit 345 € au 01/01/2008. Cette bonification est exonérée d’impôts sur le revenu. 1.2 – Partenariat Le très grand éparpillement du secteur et la taille réduite des entreprises concernées ont conduit l’A.N.C.V. à faciliter des accords entre les partenaires sociaux pour assurer la promotion du dispositif, et à conclure des contrats de commercialisation. Les accords conclus avec toute ou partie des confédérations syndicales (CGT, CFDT, FO, CFTC, CGC…) sont de deux niveaux : - accords de branche nationaux professionnels : B.T.P. F.N.H.P.A., Pharmacies d’officine, - accords territoriaux interprofessionnels: o MEDEF du Douaisi o Départements : CGPME 13, 44, 53, 85 et 88, UPA 56, 79 ET 81. o Régions : CGPME du Nord-Pas-de-Calais, Champagne-Ardenne, Alsace, Aquitaine, Rhône-Alpes, Lorraine et Basse-Normandie. Les contrats de commercialisation ont été conclus entre : PRO.BTP, APIA, le M.EDEF du Douaisis, la CGPME de Basse Normandie. - 1.3. – Volume d’activités au 01/01/2008 . Nombre de conventions clients conclues : 3000 entreprises . Salariés bénéficiaires : 30 000 sur un potentiel de : 8 500 000. . Volume de chèques émis : 10 000 000 €. Après 7 ans de fonctionnement, on constate donc un développement régulier mais limité qui s’explique sans doute par le contexte particulier des PME/PMI. 2. Les freins au developpement 2.1 – Prélèvements sociaux Alors que dans les entreprises de plus de 50 salariés, la contribution du Comité d’Entreprise est exonérée de tout prélèvement, dans les PME/PMI la bonification de l’employeur est soumise à la C.S.G. et à la C.R.D.S. soit un prélèvement de 10 %. 2.2 – Accessibilité au chèque Si la condition de ressources (Revenu Fiscal de Référence) semble moins sensible dans une grande entreprise, elle est plus mal vécue à l’échelon d’une cellule de quelques salariés, qui se connaissent tous, travaillent ensemble et dont les salaires au niveau de l’entreprise sont souvent très proches. En outre dans ce genre d’entreprise, l’employeur est souvent amené à travailler au milieu de ses employés et à disposer de revenus sensiblement identiques. Le fait pour lui de ne pas pouvoir prétendre au chèque-vacances, ne l’incite pas à le mettre en place pour les salariés. Il en est de même lorsque dans des entreprises moyennes, c’est la hiérarchie intermédiaire, souvent non bénéficiaire du chèque-vacances, qui doit communiquer avec les salariés et se trouve donc peu encline à promouvoir un avantage dont elle ne bénéficie pas. 2.3 – Une gestion complexe . L’employeur doit collecter les documents fiscaux. Ceci est un frein essentiel, car on touche là directement à des informations qui concernent l’intimité d’un foyer. . La double assiette de cotisation (exonération de charges sauf CSG et CRDS) est compliquée en termes de gestion comptable. . Enfin il faut organiser la phase d’épargne préalable, collecter chaque mois ces sommes, les bonifier et les transmettre immédiatement à l’ANCV afin de recevoir en fin de plan l’équivalent en chèques-vacances. Là encore, cette gestion, qui peut s’organiser sans réelle difficulté au niveau d’une grande entreprise, ou d’un C.E. qui disposent d’une structure de gestion, repose au niveau des PME/PMI sur les seuls employeurs dont certains n’ont que de très faibles moyens administratifs. 2.4 - Les conséquences Un dispositif social qui ne décolle pas dans les petites entreprises. A titre d’exemple, bilan des actions au niveau de PRO-BTP Objectifs (en nombre de salaires) Réalisations 2003 2999 1180 2004 2999 1528 2005 3004 1682 2006 3058 1174 L’objectif était pour autant limité puisqu’il ne visait que 2,5 % des effectifs salariés des entreprises de moins de 50 salariés. A titre de comparaison, l’Epargne salariale, autre avantage social, progresse plus vite. Sur l’ensemble des entreprises (y compris celles de plus de 50 salariés) analysées par PRO-BTP, le nombre de salariés bénéficiaires est passé de 30 541 en 2003 à 31 860 en 2006. La diffusion du chèque-vacances, plus facile dans les entreprises de plus de 50 salariés, est inversement proportionnelle à la structure des revenus : quand le salaire moyen est de 100 dans une entreprise avec un seul salarié, il est de 130 dans une entreprise du bâtiment de plus de 100 salariés. Bien que cette analyse ne concerne que le bâtiment et les travaux publics, ce constat peut certainement être étendu à l’ensemble des P.M.E. et P.M.I. 3. Les préconisations L’objectif principal vise à permettre un réel accès aux chèques-vacances pour les salariés des PME – PMI, ayant un effectif inférieur à 50 salariés. Pour réussir, il faut tout à la fois que les conditions soient plus intéressantes pour le chef d’entreprise et sa hiérarchie intermédiaire comme pour l’ensemble des salariés. 3.1 - Une amélioration a minima dans le cadre actuel : - Relever de manière significative le Revenu Fiscal de Référence afin de gommer son effet couperet. - Ouvrir le droit au Chèque-vacances, au chef d’entreprise sous les mêmes conditions de ressources que les salariés. A noter que le plan d’épargne salariale lui est déjà accessible. - Réfléchir à une simplification de la gestion Plusieurs pistes devraient être abordées : la gestion des phases d’épargne, l’assiette des exonérations de charge, la connaissance du R.F.R. L’obligation d’une épargne, constituée mois après mois, pourrait être supprimée pour être remplacée par une obligation de contribution du salarié versée en une seule fois au moment de l’acquisition des chèques-vacances. L’idée d’ouvrir le droit aux chèques-vacances sur la seule base du revenu perçu dans l’entreprise a été évoquée. Elle aurait l’avantage d’une très grande simplification, mais elle comporte en elle-même, un trop grand risque inégalitaire (notamment par l’absence de prise en compte du revenu du conjoint) pour être retenue. 3.2 - La solution idéale ? Le recours au circuit externe prévu par l’article 6 de l’ordonnance de 1982 est d’un grand intérêt. Dans le cadre d’un accord collectif de branche pourrait être créé un organisme paritaire de gestion fonctionnant comme un véritable comité d’entreprise, cet organisme distribuant des chèques-vacances aux salariés des entreprises adhérentes, dans le respect des obligations sociales prévues par les textes. L’organisme est financé par une cotisation des entreprises. Toutefois et afin de permettre au chèque-vacances d’être «compétitif » par rapport à d’autres produits tel le Plan d’Epargne Individuel ou le Plan d’Epargne Retraite Collectif, il conviendrait d’obtenir des autorités compétentes la suppression du caractère obligatoire d’adhésion de toutes les entreprises au sein d’une branche. A cet effet et ainsi que le prévoit également l’article L 411.20 du Code du Tourisme, ce genre d’organisme pourrait être créé au niveau inter-entreprise territorialement (voir à cet égard l’accord sur le Plan d’Epargne Entreprise de PARIS). II - LE CHEQUE-VACANCES DANS LA FONCTION PUBLIQUE D’ETAT 1. Dispositif actuel 1.1 - Bénéficiaires Le chèque-vacances pour la Fonction Publique a été mis en place, dans les premières années de création du dispositif général. Après une phase d’expérimentation, il a été étendu à tous les fonctionnaires d’Etat. Il concerne : - Les agents publics civils de l’Etat et les militaires en activité, Les fonctionnaires civils et les militaires retraités, sous réserve qu’ils ne disposent d’aucun revenu d’activité. Les ouvriers d’Etat retraités - Les personnels recrutés en application de la Loi du 16/10/1997 relative au développement d’activités pour l’emploi des jeunes. - Les assistants d’éducation recrutés en application de l’article L. 916.1 du Code de l’éducation. Sont exclus, les agents publics civils de l’Etat et les militaires non rémunérés sur le budget de l’Etat ainsi que les agents non titulaires retraités de l’Etat. 1.2 - Fonctionnement Il s’intègre dans le dispositif général : - épargne d’un bénéficiaire - bonifiée par l’employeur. Pour en bénéficier, l’agent doit disposer d’un revenu fiscal de référence relatif aux revenus de l’année N-2 qui est établi en fonction du nombre de parts fiscales et dont le taux de bonification varie en fonction de son montant. BONIFICATION DES CHÈQUES-VACANCES EN FONCTION DU REVENU FISCAL DE RÉFÉRENCE EN 2008 En fonction du taux de bonification correspondant (25, 20, 15 ou 10 %), le demandeur choisit le niveau de son épargne mensuelle. La modulation de la bonification favorise les revenus les plus modestes, mais elle est endessous du minimum du dispositif général applicable aux salariés du secteur privé. 1.3 - Volume d’activités C’est la Mutualité de la Fonction Publique qui gère le chèque-vacances par délégation de l’Etat. En 2007, 150 780 dossiers ont été suivis sur un potentiel de 3 200 000 agents environ, soit un taux de pénétration relativement faible de 3.57 % (en 2006). Les retraités, bien que bénéficiaires, ne représentant que 16 % des dossiers. 2. Les freins au développement Dans la Fonction Publique d’Etat, les chèques-vacances entrent, pour l’essentiel, dans l’action sociale interministérielle mise en place par la direction générale de la Fonction Publique. Compte tenu des ressources limitées dévolues à cette action sociale et à la part affectée au chèque-vacances, l’Etat a une gestion restrictive de la diffusion du chèquevacances marquée par : - une communication limitée auprès des bénéficiaires potentiels pour ne pas accroître les volumes de chèques-vacances. - une très faible bonification par l’employeur par rapport à l’épargne apportée par le fonctionnaire, limitant d’autant l’impact de l’aide sur le départ en vacances. De plus, certains agents, les contractuels, sont exclus du champ des chèques-vacances. Les retraités, bien que bénéficiaires ne connaissent pas tous ce droit. Ni la Mutualité de la Fonction Publique, ni l’administration n’ont de contact direct avec eux pour diffuser l’information. Le minimum d’épargne (32 € pour le célibataire ayant un R.F.F. à 12 184 €) est trop élevé (ceci équivaut à un salaire annuel de 13 537 € soit 1 128 € mensuellement). 3. Préconisations 3.1- Communication Le gestionnaire (La M.F.P.) ne s’adresse par directement aux agents bénéficiaires potentiels. Deux axes possibles et complémentaires pourraient être mis en œuvre, sous réserve de l’accord de l’administration délégante : - Faire jouer un rôle de relais d’informations auprès de leurs adhérents par les mutuelles membres de la M.F.P. - S’agissant d’une prestation de l’Etat employeur, pourquoi ne pas envisager, à titre dérogatoire, d’utiliser le bloc-note qui existe sur les décomptes de Sécurité Sociale (gérée elle-aussi par la M.F.P.) pour communiquer sur le chèque-vacances auprès des assurés. Une campagne annuelle grand public dans les différents bureaux administratifs pourrait également être organisée en partenariat entre la M.F.P. et l’A.N.C.V. (affiche 30X40 par exemple). 3.2 - Barème Plusieurs aspects complémentaires sont à envisager : - Renforcer la bonification pour la première tranche en la portant de 25 à 30%, afin de faciliter l’accès aux vacances des revenus les plus modestes, - Baisser le plancher d’épargne (actuellement de 32 € par mois) et le limiter à 2 % du SMIC (soit 23 €). - Intégrer une bonification supplémentaire de 10 % sur chaque tranche, s’il s’agit d’un agent handicapé, afin de mieux financer les surcoûts. L’idée de revenir, comme c’était le cas à l’origine, à plusieurs plans d’épargne par an a été avancée par la M.F.P., le groupe de travail ne l’a pas retenu. 3.3 - Bénéficiaires Dès lors que les agents non-titulaires ne sont pas exclus du champ des chèques-vacances de la Fonction Publique d’Etat, les agents contractuels devraient être intégrés également, leur durée d’épargne ne devant pas alors dépasser la durée de leur contrat. C – LES NOUVEAUX CHAMPS DE DEVELOPPEMENT I - LES TRAVAILLEURS HANDICAPES Le présent chapitre concerne la situation des personnes travaillant dans des Etablissements et Services d’Aide par le Travail (ESAT, ex C.A.T.) ou dans des entreprises adaptées (E.A., ex. Atelier Protégé). 1. Les travailleurs handicapés des E.S.A.T. 1.1 Statut L’E.S.A.T. n’est pas une entreprise et le travailleur handicapé qui y est accueilli demeure avant tout l’usager d’une structure sociale et médico-sociale. Comme le précise le cadre de l’action sociale et des familles, le travailleur handicapé a droit à un congé annuel dont la durée est déterminée à raison de 2,5 jours ouvrables par mois d’accueil en ESAT. La durée totale de ce congé ne peut excéder 30 jours ouvrables par an. L’article L. 411-18-2 du code du Tourisme prévoit que « les aides aux vacances attribuées le cas échéant par les centres d’aide pour le travail mentionnés à l’article L. 344-2 du Code de l’action sociale et des familles, peuvent être versées sous forme de chèque-vacances». Toutefois, cela ne fonctionne pas eu égard au niveau de rémunération et aux obligations du dispositif du chèque-vacances. 1.2 La rémunération des travailleurs handicapés Chaque travailleur handicapé accompagné en E.S.A.T. a le droit à une rémunération garantie qui lui est versée par l’établissement ou le service dans lequel il exerce son activité. Cette rémunération garantie est comprise entre 55 et 110 % du SMIC. Elle se compose : - Du salaire direct financé par le budget de production de l’E.S.A.T., ne peut être inférieur à 5 % du SMIC. - De l’aide au poste, à la charge des financeurs publics dans le cadre du budget principal d’action sociale qui ne peut être supérieur à 50 % du SMIC. Un dispositif de régulation diminue l’aide au poste quant le salaire direct augmente. A cette rémunération s’ajoute l’Allocation aux Adultes Handicapés. 1.3 - Le droit aux vacances des travailleurs handicapés Le droit aux vacances, inscrit dans la loi de lutte contre les exclusions depuis 1998, s’applique mal aux travailleurs handicapés compte tenu du coût des vacances, et de la modicité de leurs ressources ; ceci ne permet pas le développement du chèque-vacances. 1.3.1 - Le coût des vacances Selon une étude réalisée par le Conseil National de Loisirs et du Tourisme Adapté le surcoût des vacances pour un travailleur handicapé représente près de 50 % du coût des prestations hors charges structurelles. NATURE PRESTATIONS DIRECTES % GLOBAL % CHARGES SPÉCIFIQUES LIÉES AU HANDICAP Encadrement personnel spécifique 18.97 % 18.97 % Hébergement 17.66 % 4.62 % Nourriture 8.79 % 2.3 % Activité 7.22 % 1.74 % Matériel 0.28 % 0.28 % Mise à disposition des véhicules sur les séjours 10.30 % 2.49 % Acheminement des personnes 2.86 % 1.32 % Total des prestations 66.08 % 31.72 % Charges structurelles 33.92 % TOTAL 100 % 31.72 % Cette étude a été réalisée sur un accueil d’usagers autonomes ayant un faible handicap et une orientation E.S.A.T. 1.3.2. - L’absence de chèque-vacances La faiblesse des revenus des travailleurs handicapés est un des facteurs du non-développement du chèque-vacances, dans le cadre du dispositif du droit commun applicable au présent cas. Les personnes handicapées exerçant une activité en ESAT disposent de moyens financiers très peu élevés. Les personnes exerçant une activité et accueillies en établissement d’hébergement bénéficient d’un minimum garanti compris entre 314 et 565 € par mois. Cette situation ne leur permet pas la constitution d’une épargne dont le minimum est fixé à 2 % du SMIC soit 23 € par mois. Par ailleurs, la bonification de l’employeur (ici l’E.S.A.T.) a du mal à trouver sa place dans des budgets de plus en plus contraints économiquement. 1.4 - Préconisations Le développement du chèque-vacances, permettant par ailleurs l’accès à la citoyenneté des travailleurs handicapés face aux vacances, nécessite une adaptation de l’épargne et une réelle prise en charge de la bonification. On pourrait imaginer un dispositif qui s’inspire de la participation des E.S.A.T. au financement de la formation professionnelle continue, tel que précisé dans l’arrêté du 6 juillet 2007. Le texte prévoit une participation de l’Etat égale au double de la contribution de l’établissement. Le dispositif pour le chèque-vacances viserait à co-financer l’épargne du travailleur handicapé, ne disposant pas de ressources suffisantes, dès lors que l’établissement assurerait une bonification, à partir de son budget de production, prenant en compte les surcoûts. Il conviendrait d’établir un barème d’épargne dégressif en fonction des ressources personnelles du travailleur handicapé. Un financement à trois : - épargne personnelle adaptée par rapport au droit commun. - participation de l’état égale à l’épargne personnelle constituée, dans le cadre de la part de rémunération qu’il finance, avec plafonnement. - bonification de l’E.S.A.T. financée sur son budget production. permettrait de développer le chèque-vacances auprès de ces personnes et de leur faciliter ainsi l’accès aux vacances. 2. Les travailleurs handicapés des entreprises adaptées (E.A.) Le travailleur est orienté vers un secteur de droit commun, la seule particularité résidant dans le fait que 80 % des effectifs d’une E.A. doivent avoir une reconnaissance de travailleur handicapé. C’est le statut du droit commun qui est la règle avec application de la convention collective de la profession concernée. La rémunération s’effectue sur les bases conventionnelles en y intégrant la participation de l’Etat. En tout état de cause, cette rémunération ne peut être inférieure au SMIC. C’est donc le dispositif chèque-vacances des PME/PMI qui s’applique là, avec les mêmes remarques et réserves que celles qui figurent dans le chapitre que leur est concerné. Il conviendrait toutefois, par souci de sensibilisation, que, dès lors qu’un accord de branche est signé, il y soit stipulé qu’il s’applique aussi aux entreprises adaptées relevant de la branche. 3. - Le surcoût des vacances d’un travailleur handicapé Dès lors qu’un plan chèque-vacances serait établi par un travailleur handicapé, l’A.N.C.V. pourrait dans le cadre de son action sociale, s’y associer, afin de participer au surcoût des vacances lié au handicap. On serait là dans un schéma vertueux où le travailleur handicapé par un effort d’épargne adapté accèderait d’une manière citoyenne aux vacances, où l’employeur jouerait son rôle, où l’action solidaire serait conjointement remplie par l’Etat et l’A.N.C.V. II - LES RETRAITES DU REGIME GENERAL Comme nous l’avons vu dans la partie de ce rapport consacrée aux dispositifs chèquesvacances existants, les retraités des Fonctions Publiques ont accès au chèque-vacances. Ceci s’explique par une volonté exprimée lors de la généralisation du chèque-vacances dans la fonction publique d’Etat en 1986 et la CNRACL à partir de 1996, mais aussi parce que malgré la retraite, le lien n’est pas rompu avec l’employeur, l’Etat. Ce n’est pas le cas pour les retraités du régime général qui n’ont plus de lien avec leur employeur. Il y a là une inégalité de traitement, certains parleraient même de discrimination entre deux catégories pour lesquelles par ailleurs les conditions d’accès à la retraite (âge, durée de cotisation, …) se sont fortement rapprochées aux cours des récentes années, et alors même que le bienfait des vacances est reconnu par tous et notamment par les retraités. Il est également rappelé que le taux de non-départ est plus élevé à partir de 60 ans. 1. Les vacances, facteur du bien-être pour les retraités Selon une étude réalisée en 1997 par le Centre de Recherche sur l’Etude et la Documentation en Santé, le départ en vacances est un facteur de mieux être, les partants déclarant notamment une maladie de moins que les non-partants. Cette situation est encore plus vraie pour les retraités. A la question « Comment jugez-vous votre état de santé ? » Les réponses sont très différentes selon que les retraités sont partis ou pas. Restés Nettement meilleur Plutôt meilleur Comme d’habitude Plutôt moins bien Partis 65 à 79 ans 80 ans et + 65 – 79 ans 80 ans et + 0 0 13.8 % 0% 13 % 5.9 % 24.1 % 33.3 % 46.1 % 76.5 % 48.3 % 33.3 % 33 % 11.8 % 10.3 % 33 % Nettement moins bien 5.6 % 5.9 % 3.4 % 0% Cette étude démontre en outre que ceux qui sont partis consultent moins leurs médecins et consomment moins de médicaments. 2 – un Chèque-vacances pour les retraités du régime général La disparition du lien employeur-employé, le seul lien qui persiste se situe alors au niveau des caisses de retraite : Caisse National d’Assurances Vieillesse, puis régimes complémentaires (cadre et non-cadre). 2.1. - La Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse (C.N.A.V.) Contactée par le groupe de travail en charge de cette étude, la C.N.A.V. a décliné l’invitation à audition qui lui avait été faite. Elle nous a toutefois confirmé qu’à ce jour, la C.N.A.V. comme les CRAM ne financent plus, dans le cadre de leur action sociale, d’aides aux vacances depuis plusieurs années. Il s’agit d’un choix fondé sur le constat fait à l’époque selon lequel il avait été établi que les aides étaient plus souvent attribuées en fonction de la demande que du besoin : une « clientèle » bien informée sur l’existence de cette aide financière, faisait des demandes systématiques. La population couverte ne coïncidait pas nécessairement avec celle qui aurait eu le plus besoin d’être aidée. Les priorités actuelles de la politique sociale de l’assurance retraite tendent à privilégier le maintien dans la vie sociale autour du domicile de la personne âgée. Dans cette perspective seulement, il est encore envisageable d’apporter une aide consistant à faciliter un départ en vacances si cela correspond à un besoin identifié dans le cadre d’un plan d’action personnalisé. D’autres priorités ayant été retenues, la politique d’action sociale de l’assurance retraite n’est pas orientée sur l’aide aux vacances. La C.N.A.V. nous signale toutefois qu’une nouvelle convention d’objectif et de gestion est en préparation et que les pouvoirs publics pourraient y réintégrer une réorientation vers l’aide au départ en vacances. 2.2. - Les caisses de retraites complémentaires Beaucoup de ces caisses disposaient de maisons de vacances et les proposaient à leurs bénéficiaires. Certaines avaient même des services vacances très organisés, proposant également des voyages à l’étranger. Une réorientation forte de l’action sociale a été opérée au cours des dernières années : - Besoins en matière d’hébergement spécialisé (maisons de retraite, MAPAD) consécutif à l’allongement de la durée de vie - Lutte contre l’isolement Politiques de prévention (vieillissement, sécurisation de la personne et de ses biens). Dès lors, de nombreuses caisses se sont désengagées de la gestion de leurs établissements. Certaines continuent toutefois à proposer une offre vacances, par accord avec des organismes, souvent du monde associatif (IRCANTEC, AG2R, IONIS, MEDERIC, ...). Aucune ne semble avoir de système d’aide au départ par allocation. 3. Préconisations Le besoin de vacances est réel et contribue au bien être sanitaire de cette population. Il est sans doute aussi un facteur de lutte contre l’isolement et le repliement de la personne âgée sur elle-même. L’A.N.C.V. a mis en place, dans le cadre de sa politique sociale une action visant à aider financièrement les retraités non imposables à partir en vacances. Mais au-delà, pour un euro d’impôts, il n’y a plus d’aide : pour ceux-là un dispositif chèque-vacances bonifié leur permettrait de faciliter leur départ en vacances autonome. Les préconisations sont de 3 ordres : - Faire actualiser et compléter par le CREDES son étude de 1997 afin de confirmer le bienfait des vacances sur l’état sanitaire et d’apprécier ce qu’apportent ces vacances dans le cadre d’une politique de lutte contre l’isolement. Il convient d’ailleurs de souligner qu’une étude similaire et plus récente a été réalisée en Espagne. Ses conclusions sont identiques. - En s’appuyant sur cette étude, réorienter la future convention d’objectif et de gestion de la C.N.A.V. vers une aide au départ en vacances sous forme de chèque-vacances bonifié. - Les retraités partent en général, hors vacances scolaires, donc au moment où les tarifs sont les plus bas, on pourrait établir un barème de bonification réduit par rapport au dispositif général, qui décroîtrait avec la progression des ressources (selon Le modèle de la Fonction Publique d’Etat). . La C.N.A.V. pourrait initier à ses côtés un organisme paritaire de gestion tel que prévu à l’article 6 de l’ordonnance de 1982 auquel elle cotiserait avec les caisses complémentaires. III – LES SALARIES AGRICOLES Il y a aujourd’hui environ 4 millions de salariés de l’agriculture. Le taux de non-départ en vacances est sans doute très élevé, mais il n’y a pas d’évaluations connues. En outre, la culture des vacances est peu répandue dans le monde agricole. Pour les exploitants, comme pour les personnels, « la gestion de la ferme » pendant l’absence n’est pas réglée : il n’y a pas de départ, car il n’y a pas de remplaçant. Et de fait, le départ en vacances ne fait pas partie des habitudes. 1. Contact avec les exploitants Malgré plusieurs tentatives, il n’a pas été possible d’entrer en contact avec la FNSEA. Sans doute, la question n’avait jamais été abordée et il n’a pas été possible, à ce jour, de trouver un interlocuteur. 2. Relation avec la Mutualité Sociale Agricole Par l’intermédiaire de l’Association Vacances de la Mutualité Agricole (A.V.M.A.), il a été possible d’approcher l’action sociale au départ en vacances de ces salariés 2.1. L’Association Vacances de la Mutualité Agricole Cette association propose en catalogue, 8 établissements, dont 1 en partenariat. Les 7 autres appartiennent aux caisses locales de la Mutualité Sociale Agricole. L’A.V.M.A. s’est dotée d’une charte qui inscrit sa démarche dans celle du tourisme associatif et familial à utilité sociale : ses établissements sont ouverts à tous et les activités proposées contribuent au brassage social. Les tarifs sont modulés selon les saisons et les âges. Les personnes aidées, notamment par la M.S.A. ou les C.A.F. sont bien sûr accueillies. 2.2. La M.S.A. et l’incitation au départ en vacances Le soutien au départ en vacances est inscrit dans les orientations des 85 caisses locales depuis plusieurs années. Divers supports d’aides au montage ou à l’assistance à projet ont été réalisés et la Caisse centrale apporte un appui méthodologique, notamment sous forme de formation aux travailleurs sociaux chargés de monter des actions de départ en vacances. Dans tous les cas de figure, la notion de projet de départ est retenue, accompagnée de la préparation et du montage du budget. Priorité sera donnée au primo partant. Si le bon vacances des M.S.A. existe toujours, des actions d’épargne bonifiées sont organisées, mais sans recours aux chèques-vacances. En 2006, le montant de la bonification s’est élevé à 141 250 €. 3. Préconisations Il existe bel et bien auprès de la M.S.A. une incitation au départ en vacances. L’épargne bonifiée, et donc l’implication et la responsabilisation des familles sont identifiés comme éléments constitutifs d’un projet vacances. A minima, l’A.N.C.V. devrait faire connaître les possibilités de dispositif chèque-vacances à l’ensemble du réseau des M.S.A. Mais au-delà une approche des syndicats d’exploitants et de salariés et leur implication à l’instar du MEDEF, de la CGPME et de l’UPA, seraient nécessaires. IV - LES JEUNES Les jeunes de moins de 24 ans ont été identifiés comme étant une population qui partait le moins en vacances, mais aucun des interlocuteurs n’avait identifié le problème. Il convient de distinguer ici deux catégories de populations concernées : - Ceux qui n’ont aucune activité rémunérée et sont placés sous la responsabilité de leurs parents Ceux qui ont une activité rémunérée, et/ou un début d’indépendance. Dans le premiers cas, il s’agit essentiellement des scolaires. On évalue aujourd’hui à 2,5 millions, le nombre d’enfants qui ne partent pas en vacances. Sans pour autant régler le problème, il serait vivement nécessaire d’encourager les associations à établir des conventions avec l’A.N.C.V. afin qu’elles puissent toutes recevoir des chèques-vacances en paiement des séjours, y compris pour ce qui concerne les classes de découvertes, les séjours linguistiques et tout voyage scolaire éducatif, et de promouvoir ainsi ce moyen de paiement auprès de toutes les familles. Pour les seconds, le problème est plus complexe car les situations sont diverses : apprentis, étudiants, jeunes travailleurs en C.D.D. Il est difficile de distinguer entre ceux qui ne partent pas pour raisons économiques ou pas. On trouve en effet ici : - le jeune salarié qui entre dans la vie active en C.D.D., qui aura d’autres priorités et qui de part son statut ne peut prétendre dans une entreprise au chèque-vacances du fait d’un contrat de trop courte durée : - l’apprenti quasiment sans ressource, - l’étudiant qui profite des vacances pour travailler afin de financer ses études. Donc une population hétéroclite, aux motifs de non-départs variés. Préconisations Que ce soit dans les entreprises de plus de 50 salariés, ou dans les autres entreprises, il serait nécessaire que le droit aux chèques-vacances soit effectif pour tous et que des mesures adaptées soient prévues pour les jeunes en emploi précaire ou en apprentissage, notamment une durée d’épargne calée sur la durée du contrat de travail par exemple. Une sensibilisation des partenaires sociaux serait à organiser pour que de telles dispositions soient systématiquement prévues dans les accords mettant en place le chèquevacances. Ces dispositions, par extension, devraient d’ailleurs concerner l’ensemble des travailleurs en emploi précaire. V - LES CAISSES D’ALLOCATIONS FAMILIALES L’aide au départ en vacances a toujours été un des axes d’action des Caisses d’Allocations Familiales en direction des familles. Même si les loisirs de proximité sont aujourd’hui l’une des priorités des C.A.F., l’aide au départ en vacances fait partie des orientations de l’actuelle Convention d’Objectifs et de Gestion signée entre la Caisse Nationale des Allocations Familiales et l’Etat. En 2006, la politique vacances du Fond National d’Action Sociale s’est élevée à 78 087 000 €, dont 26 457 000 pour les vacances familiales individuelles, 38 272 000 par les centres collectifs de vacances et 13 358 000 pour les centres familiaux de vacances. Chaque C.A.F. gère ses actions de façon autonome et les aides sont diversifiées dans leurs formes comme dans leurs montants. Certaines utilisent le chèque-vacances. Une rencontre avec trois C.A.F., BORDEAUX, DOUAI et LYON a été organisée, pour essayer de définir une position par rapport au chèque-vacances, toutes ayant pris une certaine distance par rapport au classique « Bon Vacances ». 1. La C.A.F. de BORDEAUX : une épargne bonifiée autonome L’évolution de cette caisse remonte à la fin des années 1990. L’analyse faite alors part du coût des séjours qui progresse sensiblement ; l’aide seule des C.A.F. ne suffit plus, il faut mieux accompagner les familles sur un projet. Les objectifs définis sont alors de 3 ordres : - faire partir les enfants en vacances en famille - éviter les effets de seuil - conduire les familles vers un projet et les aides, en les soutenant. C’est ainsi qu’au-delà de l’aide directe au projet vacances de familles qui concerne les revenus les plus bas, la C.A.F. instaure un dispositif d’épargne bonifiée pour les familles ayant un quotient familial compris entre 420 et 530 €. Le principe est simple : la famille doit épargner au minimum 15 € par mois pendant 4 mois sur un compte bancaire de son choix. Mais bien que simple, le dispositif est lourd à gérer et une nouvelle fois, compte tenu de la hausse du coût des vacances, il n’a plus d’effet déclencheur. La C.A.F. l’arrête donc fin 2008. Elle n’a pas recouru au chèque-vacances, son champ d’intervention ayant été estimé trop large et loin de l’objectif initial qui vise à aider au financement des seuls frais d’hébergement. 2. La C.A.F. de Lyon : un essai qui n’a pas abouti Partant également du constat que le bon vacances ne remplissait plus sa mission d’aide efficace au départ en vacances, c’est en 2004 que cette caisse tente l’expérience du chèquevacances. Il s’agit alors de la procédure dite du « don sec », chaque famille ciblée (c’est-à-dire ayant un quotient familial inférieur à 300 €) reçoit 80 € en chèques-vacances par enfant, que les familles aient un projet vacances ou pas. Le résultat n’est pas à la hauteur des attentes de la caisse : - les coûts de gestion (notamment avec les frais d’envoi) sont plus élevés que ceux des bons vacances, - l’aide est insuffisante pour les familles qui partent, et inférieure aux bons vacances de l’année précédente : - les chèques sont consommés massivement notamment en restauration rapide de proximité, pour ceux qui ne partent pas. La C.A.F. reconnaît qu’elle aurait dû s’intégrer dans un dispositif d’aide à projet vacances, avec accompagnement social des allocataires ce qu’elle fait par ailleurs y compris avec des chèques-vacances ANCV au sein d’un dispositif particulier « Vacances Familles Solidarités ». En outre, elle constate que le montant de chèques-vacances est trop faible pour être à la base du projet vacances. Mais elle estime également le chèque-vacances trop généraliste et pas assez ciblé sur les fondamentaux des vacances : hébergement et transport. 3. La C.A.F. de DOUAI : un projet réussi Parmi les allocataires de cette caisse 28 % ne perçoivent que les minima sociaux. C’est une population qui est par ailleurs loin de la mer et de la montagne. La C.A.F. s’est inscrite dans une politique d’aide à projet. Au-delà d’une aide directe pour les premiers départs avec préparation collective du projet vacances, la C.A.F. utilise le dispositif VACAF (Vacances des C.A.F.) puis le chèque-vacances. Elle a effectué ce choix, en lieu et place du bon vacances, après avoir effectué son analyse critique : - montant peu important, donc réponse insuffisante aux besoins - nécessité d’avancer les frais, le remboursement intervenant après le séjour, - champ trop restrictif - gestion coûteuse par un envoi systématique, avec un taux d’utilisation final constant depuis plusieurs années (autour de 14 %) pas de responsabilisation des familles. Le recours aux chèques-vacances s’effectue avec participation de la famille sous forme d’un prélèvement pendant 6 mois. Ce n’est pas vraiment une épargne bonifiée, c’est plutôt un achat avec participation, étalé dans le temps. Le montant total des chèques attribués est calculé en fonction de la taille des familles (60 € par part fiscale). La participation de la famille est proportionnelle à son quotient familial, et supérieure à celle de la caisse. La commande est faite par la famille suffisamment tôt pour que les prélèvements mensuels soient effectués, les chèques lui étant adressés avant le départ. En terme budgétaire, la C.A.F. n’avait aucune maîtrise sur le taux d’utilisation des bons vacances, renvoyés après les vacances pour des dépenses déjà engagées. Avec le chèque-vacances, la prise des commandes s’effectue avant le séjour donc avant l’engagement de la dépense ; le dispositif peut s’arrêter dès lors que le budget de la caisse est atteint, sans conséquence financière pour la famille. Bien que le champ d’intervention du chèque-vacances soient jugé un peu large, il est estimé par la caisse, mieux répondre à ce que sont des vacances aujourd’hui. 4- Préconisations D’autres C.A.F. utilisent le dispositif du chèque-vacances, mais elles sont minoritaires. Pour donner au chèque-vacances une chance d’être davantage intégré aux dispositifs d’aide au départ en vacances des C.A.F., deux propositions devraient être étudiées : - avoir un chèque-vacances plus ciblé « vacances », donc moins généraliste, que ce dispositif s’intègre dans la notion de projet vacances et qu’à ce titre l’accompagnement social soit mis en œuvre par les caisses. A cet effet, un guide pourrait être réalisé en partenariat avec les caisses qui utilisent le chèque-vacances, et édité par l’A.N.C.V. à destination de toutes les C.A.F. D – LE CHEQUE-VACANCES ET son environnement I– LES PRODUITS CONCURRENTS En 1982 à sa création, le chèque-vacances était unique. Aujourd’hui, il est confronté à un environnement de choix qui n’a pas forcément le même cadre juridique que lui. 1 – Le chèque-Cadeau Ouvert à tous, le chèque-cadeau est aussi proposé : - aux comités d’entreprise pour « accompagner tous les événements de la vie ». aux directeurs d’entreprise dans le cadre de stimulation, d’incentive, de promotion des ventes, de lancement de nouveaux produits… On trouve deux types d’opérateurs : - les généralistes (KADEOS, TIR GROUPE, CADHOC) qui sont des chèques multienseignes. Les distributeurs (chèque FNAC, Carrefour, Décathlon, d’autres bientôt). Les renseignements sont difficiles à trouver : - CADHOC (groupe Chèque-déjeuner) annonce des accords avec 26 000 Comités d’entreprise. - KADEOS (Groupe ACCOR) - TIRGROUPE (Groupe SODHEXO) annonce des accords avec 14 000 Comités Au delà de leur utilisation généraliste, ils sont en concurrence directe avec le chèquevacances car acceptés par de nombreux opérateurs touristiques. Par ailleurs, TIR GROUPE sur son site Internet signale qu’après échange de courrier entre l’ACOSS et l’URSSAF de PARIS une tolérance quant à l’exonération de charge (y compris CSG et CRDS) sur les titres est possible sous certaines conditions : - non-assujettissement si inférieurs à 139 euros par an, - au-delà, le non-assujettissement est subordonné à : o l’attribution suite à un événement particulier, (mariage, naissance, …) . o une utilisation déterminée o un montant conforme aux usages. Le volume d’activité représente, valeur 2006, un montant global de 1 608 541 700 euros. C.E. Entreprises Grand Public TOTAL Généralistes 539 250 000 515 713 200 108 001 500 1 162 964 700 Distributeurs 292 326 000 64 551 000 88 700 000 445 577 000 TOTAL 831 576 000 580 264 200 196 701 500 1 608 541 700 Source : Association des Emetteurs de Chèques et Cartes Cadeaux. Les chèques cadeaux perdus-périmés restent acquis aux opérateurs et de ce fait ne sont pas utilisés au service d’une politique sociale. 2. Le Chèque emploi service universel Créé dans le cadre de la politique conduite pour favoriser les services à la personne (plan de développement des services à la personne – loi n° 2005-841 DU 26/07/2005), le Chèque emploi service universel est en vigueur au 1er janvier 2006. Le chèque emploi service universel complète et renforce le dispositif existant du Chèque emploi service, en offrant la possibilité d’une prise en charge du coût de l’emploi à domicile ou du coût des prestations proposées par les entreprises de services à domicile. Il se décline en deux offres de service : . Le Chèque emploi service universel bancaire (ancien Chèque emploi service), qui permet de rémunérer et de déclarer un salarié employé à domicile. Il s’utilise comme un chèque bancaire et est diffusé par les établissements bancaires ayant signé une convention avec l’Etat. Le chéquier comprend des chèques à remplir pour payer le salarié ainsi que des volets sociaux pour le déclarer. . Le Chèque emploi service universel préfinancé (titres Chèque emploi service universel) qui sert à payer un prestataire de services à la personne ou bien un salarié. Il est préidentifié au nom du bénéficiaire, à valeur prédéfinie, diffusé par des organismes cofinanceurs et émis par les organismes habilités par l’Agence nationale des services à la personne. Les cofinanceurs (employeur, mutuelle, assurance, caisse de retraite, conseil général ou tout autre organisme habilité) mettent ainsi à la disposition des bénéficiaires (salariés, assurés, adhérents) des titres de paiement destinés au règlement des prestations. Les carnets de CESU cofinancé sont accompagnés de volets sociaux nécessaires à la déclaration des salariés en cas d’emploi direct. 2.1. Les avantages pour le bénéficiaire L’utilisateur du Chèque emploi service universel bénéficie : . D’une simplification des formalités de déclaration d’emploi du salarié . De la garantie d’être couvert en cas d’accident du travail du salarié . De la possibilité de régler en tout ou partie le salaire du salarié grâce à des titres CESU préfinancés. En outre, il bénéficie d’un avantage fiscal qui peut prendre la forme d’une réduction ou d’un crédit d’impôt pouvant atteindre la moitié des sommes versées (salaires + cotisations sociales) dans la limite d’un plafond de 12 000 € (soit un avantage fiscal maximal de 6000 € par an). Ce plafond est majoré en fonction du nombre de personnes à charge ou si le bénéficiaire est titulaire de la carte d’invalidité à 80 %. Pour certaines activités, cet avantage fiscal est plafonné. Le bénéfice du crédit d’impôt est ouvert au contribuable non imposable ou dont le montant de l’imposition est inférieur au crédit d’impôt auquel il a droit. L’utilisateur de titres CESU préfinancés bénéficie des mêmes conditions en matière d’avantage fiscal, déduction faite de la participation du cofinanceur sur les titres CESU utilisés. 2.2. Les avantages pour le cofinanceur D’une part, les titres CESU facilitent la vie quotidienne des salariés des entreprises. D’autre part, les titres CESU vont permettre d’améliorer l’image de l’entreprise et d’attirer ainsi les talents tout en fidélisant les collaborateurs. Enfin, les titres CESU participent à la promotion de la parité hommes – femmes. Pour les employeurs du secteur privé, les conditions de financement du titre CESU sont attractives : . Les aides versées par l’employeur ne sont pas soumises aux cotisations sociales, dans la limite d’un plafond annuel de 1830 € par salarié. . Les entreprises bénéficient d’un crédit d’impôt de 25 % des aides versées. Ce crédit d’impôt sur les bénéfices d’un maximum de 500 000 € par exercice prend en compte le financement par l’entreprise de tout ou partie de titres CESU remis à ses salariés ainsi qu’aux chefs d’entreprise, gérants et mandataires sociaux de l’entreprise. 2.3. Une gestion facile, une utilisation large Pour l’employeur, il n’y a pas de conditions particulières à vérifier pour le bénéficiaire, notamment de ressources. Il bénéficie, sous limite, d’exonération de cotisations sociales et d’un crédit d’impôt. Pour l’employé, le champ d’utilisation est très large. Et sur sa contribution personnelle à la dépense, il bénéficie d’un crédit d’impôt de 50 %. 2.4 Une concurrence déloyale ? Alors que l’Agence Nationale pour les Chèques-Vacances autofinance son fonctionnement, contribue par le biais de l’impôt sur les sociétés aux ressources fiscales de l’Etat et assure une action sociale, les 6 opérateurs actuels du CESU ne financent pas le fonctionnement de l’Agence Nationale pour les Services à la Personne celui-ci étant assuré par l’Etat. 3. Les Plans d’Epargne salariaux Il existe deux types de plans : - Les plans d’épargne entreprise - Les plans d’épargne retraite collective 3.1. Les plans d’Epargne Entreprise (P.E.E.) Ces plans sont ouverts à tous les salariés d’une entreprise proposant un plan d’épargne entreprise ou un plan d’épargne groupe. Sur ce plan, le salarié peut : - verser les fonds provenant de l’intéressement ou de la participation - faire des versements libres. Au terme de 5 ans, il peut récupérer ses fonds. Pour l’entreprise, les sommes sont exonérées de charges sociales, à l’exception de la C.S.G. et de la C.R.D.S. Pour le salarié, les sommes sont exonérées de cotisations sociales et d’impôts sur le revenu, mais assujetties à la C.S.G., la C.R.D.S. et au prélèvement social (au total de 10 %). Pour l’employeur, la gestion est souple. Il n’y a aucune démarche particulière à faire auprès des salariés (du type connaissance du R.F.R. par exemple) et ce sont les règles de l’intéressement ou de la participation qui s’appliqueront. Le plan est accessible à l’employeur. 3.2. Le plan d’épargne retraite collective Les plans sont accessibles à tous les salariés des entreprises où existe un P.E.E. Ouvert au dirigeant, il est obligatoire pour tous les salariés mais les versements sont libres (avec un plafond fixé à 25 % de la rémunération brute annuelle). Les versements sont abondés par l’entreprise ; cet abondement peut atteindre 3 fois le versement du salarié avec un maximum de 4 600 € par an. Les versements effectués par le salarié sont soumis à la C.S.G. et la C.R.D.S. N’étant pas déductibles, leur sortie en rente viagère n’est pas soumise à l’impôt sur le revenu. Le déblocage intervient à l’âge de la retraite, mais il existe quelques cas de sortie anticipée sous forme d’un versement en capital (achat d’une résidence principale par exemple). Pour l’entreprise, l’abondement est soumis à la C.S.G. et la C.R.D.S. et pour la part excédent 2 300 € soumis à une taxe patronal de 8.2 %. Mais l’abondement est déductible du bénéfice de l’entreprise avant impôt. Pour les petites entreprises, il existe des PERCO-INTERENTREPRISE. 4. Les titres restaurants Produit antérieur au chèque-vacances, le titre-restaurant est très développé. C’est un produit équitable : dès lors que l’employeur le met en place, il doit l’accorder d’une manière égalitaire à l’ensemble de ses salariés, ou apporter une compensation égale à ceux qui n’en bénéficieront pas. C’est donc facile de le mettre en place et de le distribuer. Pour le salarié, c’est un avantage salarial totalement exonéré de charges et non soumis à l’impôt sur le revenu. Sa participation est de 40 à 50% de la valeur nominale du titre. Le salarié peut l’utiliser dans des réseaux très développés. Pour l’employeur, c’est un avantage qui est totalement exonéré de charges patronales dans la limite d’un plafond annuel (5.04 € AU 01/01/2008). L’employeur contribue au financement à hauteur de 50 à 60 % de la valeur du titre. C’est donc un outil facile à mettre en place et d’utilisation immédiate. Les titres-restaurants « perdus-périmés » (très rares) peuvent être redistribués socialement par les entreprises. II - COMMENT REPONDRE A CET ENVIRONNEMENT Face à cette concurrence, largement diversifiée aujourd’hui, et au-delà de préconisations catégorielles, d’autres suggestions plus structurelles seront formalisées. Une remarque s’impose : parmi tous ces produits, seul le chèque-vacances a une dimension sociale clairement définie dans les textes qui le réglemente, que ce soit l’émission, ou la double orientation sociale utilisant les excédents et les chèques perduspérimés. Lors des auditions, une question de fond a été soulevée : le monopole d’émission du chèques-vacances, n’est-il pas un frein à son développement ? Cette question a été évoquée par le MEDEF qui estime que la pluralité d’émetteurs permettrait de mieux appréhender le marché des PME/PMI, à l’instar du développement des titres-restaurant. Pour permettre à l’A.N.C.V. de poursuivre son action sociale le MEDEF préconise que les chèques perdus et périmés de ces nouveaux émetteurs fassent l’objet d’un reversement à l’Agence, et qu’une redevance annuelle lui soit versée pour utilisation de la marque. Par contre, les excédents de gestion après impôts, aujourd’hui totalement affectés par l’A.N.C.V. à son action sociale resteraient acquis aux émetteurs. Cette proposition n’a pas recueilli un avis majoritaire au sein de la section et n’a donc pas été retenue pour les raisons suivantes : - Les difficultés rencontrées pour développer le chèque-vacances dans les PME/PMI ne résultent pas du monopole d’émission, mais comme cela a été précisé dans le chapitre ad-hoc, sont la conséquence d’un dispositif administrativement lourd et inadapté au marché. - Aujourd’hui, la totalité des excédents est affecté à l’action sociale, ce ne serait plus le cas demain. Même si la redevance d’utilisation de la marque, était d’un montant équivalent, cette charge serait intégrée aux autres charges d’exploitation par l’émetteur qui équilibrerait alors son compte de résultats en majorant le commissionnement prélevé sur le prestataire, lequel n’aurait d’autres solutions que de le répercuter sur son prix de vente. Quant à une ouverture éventuelle à la concurrence du marché des entreprises de plus de 50 salariés, aucune analyse notamment chiffrée ne permet de justifier une meilleure diffusion du chèque-vacances dans cette hypothèse. A terme donc, l’ouverture de l’émission à d’autres opérateurs : - - comporte deux inconvénients majeurs : o elle fragilise l’A.N.C.V. dans son action sociale o elle renchérit le coût des vacances. ne répond pas aux critiques formulées par les PME/PMI E – EN CONCLUSION : DEUX TYPES DE PRECONISATIONS Si une synthèse finale est difficile, on peut toutefois tenter de regrouper les préconisations en deux catégories : celles qui sont spécifiques à certains marchés, et celles d’ordre général. 1. Préconisations catégorielles 1.1. Pour les PME/PMI . Créer des organismes paritaires de gestion en référence à l’article L 411-20 du Code du tourisme (par branche ou inter-professionnels) susceptibles de bénéficier des exonérations de charges associées au chèque-vacances même sans adhésion obligatoire de toutes les entreprises entrant dans son champ de compétence. . Ouvrir le droit au chèque-vacances pour le chef d’entreprise . Normaliser les exonérations de charges par rapport aux produits concurrents. 1.2. Pour la Fonction Publique . Ramener le niveau minimum d’épargne au niveau général (2 % du SMIC) . Majorer la bonification de la première tranche (de 25 à 30 %). . Mieux communiquer avec les agents en utilisant le bloc-note des décomptes de sécurité sociale. 1.3. Pour les travailleurs handicapés . Adapter le financement de leur épargne au niveau de leurs ressources disponibles. . S’assurer que les entreprises adaptées figurant expressément dans tous les accords de branche mettant en place le chèque-vacances. 1.4. Pour les retraites du régime général . Réintroduire l’aide à l’accès aux vacances dans la prochaine convention d’objectif et de gestion de la C.N.A.V. . Inciter la C.N.A.V. et les caisses complémentaires à créer des organismes paritaires de gestion pour gérer un dispositif de chèques-vacances, bonifié par mutualisation de leurs fonds. 1.5. Pour les Jeunes . Mieux cibler avec les partenaires sociaux l’accès des jeunes aux chèques-vacances dans l’entreprise, quelque soit leur statut (apprenti, emploi précaire, …). . Inciter l’A.N.C.V. à signer des conventions de prestations avec tous les opérateurs de tourisme des jeunes, y compris les scolaires. 1.6. Avec les C.A.F. . Dans le cadre de la prochaine convention d’objectif et de gestion 2008-2011, s’assurer que l’axe départ en vacances demeure une priorité tant pour les familles que pour les jeunes . Travailler avec les C.A.F. à l’intégration d’une notion de projet vacances avec responsabilisation des familles. . Promouvoir auprès des caisses les possibilités d’un chèque-vacances « Arc en ciel ». 2. Préconisations structurelles . S’assurer que l’accès aux chèques-vacances modulé selon les ressources prévues par la loi soit respecté partout et quelque soit le mode de distribution (avec épargne, avec participation ou en don sec). . Pour y parvenir, l’accès au chèque-vacances doit rester sous condition sociale (R.F.R., quotient familial…) Par contre, le RFR doit faire l’objet d’une réévaluation significative. . Introduire dans les bonifications une majoration pour les handicapés, pour mieux financer les surcoûts d’un séjour. . Afin de donner plus d’attractivité au chèque-vacances et de rendre les prestataires sociaux acteurs de leur politique sociale d’aide au départ en vacances réfléchir à l’évolution du chèque-vacances vers un chèque « Arc en ciel » à trois couleurs : - l’une pour l’hébergement - l’autre pour les transports et la restauration - la troisième pour les loisirs et la culture. Chaque opérateur orienterait son aide en fonction de ses choix politique en définissant à l’avance la part qu’il souhaite affecter à l’une ou l’autre de ces composantes d’un séjour de vacances. Plus généralement, le recours au chèque-vacances pour réduire significativement le nombre de non partants en vacances suppose à la fois un meilleur accès des différentes populations aujourd’hui exclues de fait ou de droit et sur l’utilisation de l’ensemble des ressources générées par le chèque-vacances pour financer une action sociale destinée aux personnes en difficulté OOO Pour cela, il faut une volonté forte des pouvoirs publics, à l’instar de ce que fut l’élan : - à la création de l’A.N.C.V., en lieu et place de la Coopérative « Le ChèqueVacances, - à la mise en place du chèque-vacances dans la Fonction Publique, - à l’ouverture du chèque-vacances aux PME/PMI. Sans ce soutien fort des pouvoirs publics, il sera difficile de faire bouger les lignes. GROUPE DE TRAVAIL BARBOSA Joseph-Louis - Secrétaire du Conseil d’Administration de l’Association des paralysés de France BRAULT Patrick - Directeur général de VALVFF DUCOURTIOUX Nadine - Administratrice de la CNAF FRISE Jean Luc - Représentant de la CFDT GIROS Philippe - Administrateur de l’UNAPEI KASPI Philippe - Directeur général de l’ANCV PENE Jacques – Chargé de mission PME à l’ANCV MARCON Jean-Pierre – Député de la Haute Loire, Vice Président de VALVFF MIGNON Jean-Marc - Délégué général de l’UNAT NERISSON Jean-Claude - Président de VACANCIEL NOULIN Bernard - Assistant-confédéral de la CGT-FO TUFFERI Jean-Claude - Secrétaire de la CGT VERLET Christiane, Adjointe à la Secrétaire général du Conseil national du tourisme AUDITIONS CHEQUES VACANCES OU CONTRIBUTIONS ___________________________________________________________________________ PARNEY Charles -Directeur des ressources humaines de la MFP (Mutualité Fonction publique) RAGON Séverine Adjointe de direction, Responsable de gestion et organisme des services médicaux sociaux - UNAPEI REUGE Stéphane Directeur - BTP Prévoyance – PROTEAU Stéphane -Chef de produit Chèque-Vacances - MFP DUFOUR Alice Chef de projet Chèque-Vacances - MFP DJELALIAN Patrick Président de la Direction des actions sociales - MFP SALL Maya Chef de produit – MFP Services SEROUART Jean Michel Directeur « Actions sociales » - CAF de Lyon FRODURE Nelly Conseiller technique – CAF de Douai LARRUE Dominique Responsable adjoint DIP – CAF de Bordeaux PARIS Daniel Rapporteur du comité tourisme - MEDEF LE BIHEN Yann Délégué général Pays de la Loire – CGPME PINEAU Christian Conseiller technique -UPA BURBAN Pierre, Secrétaire général de l’UPA, Président de l’ACOSS LAROQUE Marie France, CNAV DORIVAL Pascal, Groupe Chèque-déjeuner