Gales

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Gales
CHAPITRE 2.9.8.
GALES*
RÉSUMÉ
Les gales sont des maladies contagieuses de la peau, caractérisées par une dermatite avec formation
de croûtes, du prurit et une perte des poils ou des plumes ; ces affections sont dues à plusieurs
espèces d'acariens qui creusent des galeries dans la peau ou vivent à la surface de celle-ci. En
anglais, la gale est appelée « mange » mais aussi « itch », « scab » ou « scabies » (ce dernier terme
devrait être réservé à la gale due à Sarcoptes scabiei). Chez les animaux domestiques (bétail, volailles,
animaux de compagnie ou de laboratoire), environ 50 espèces d’acariens classés dans 16 familles et
26 genres peuvent provoquer une gale. D’autres affections cutanées (par ex. dermatite, enflures,
ampoules, nodules), ainsi que les réactions allergiques vis-à-vis d’autres parasites, les piqûres de
tiques, les maladies fongiques ou les réactions aux actions physique ou chimique de plantes peuvent
être confondues avec la gale et doivent faire l’objet d’un diagnostic différentiel. Le diagnostic de gale,
chez les animaux domestiques, est basé sur les signes cliniques et sur la mise en évidence des
parasites ou de leurs stades évolutifs dans le produit de raclage de la peau de l’hôte.
Identification de l'agent pathogène : les acariens responsables des gales sont petits (100 à 900 µm),
peu chitinisés, se déplacent lentement et vivent en permanence sur leur hôte. Bien que le groupe des
acariens soit très divers et ubiquiste, les principales espèces agents des gales appartiennent
seulement à deux ordres au sein des Acariformes, les Astigmata et les Prostigmata. Certains genres
d’acariens ayant une grande importance économique sont les genres Cheyletiella, Chorioptes,
Demodex, Knemidokoptes, Notoedres, Otodectes, Psorobia, Psoroptes et Sarcoptes. Des clés de
diagnostic spécialisées et illustrées, des descriptions taxonomiques et des spécimens de référence
doivent être consultés afin d’identifier correctement les agents responsables. Des techniques spéciales
de prélèvement et un examen microscopique sont en général nécessaires pour le diagnostic. Certaines
des caractéristiques de chacun des groupes d’acariens sont mises en évidence dans le chapitre cidessous. Bien que peu disponibles, des tests sérologiques ont été développés pour certains acariens
et peuvent être utiles dans certaines circonstances.
Spécifications applicables aux vaccins et aux produits biologiques à usage diagnostique :
aucun vaccin commercial n'est actuellement disponible.
A. INTRODUCTION
Les gales sont des maladies contagieuses de la peau, caractérisées par une dermatite prurigineuse avec formation
de croûtes et une perte des poils ou des plumes ; elles sont due à plusieurs espèces d'acariens qui creusent des
galeries dans la peau ou vivent à la surface de celle-ci ; en anglais, la gale est appelée « mange » mais aussi
« itch », « scab » ou « scabies » ; ce dernier terme devrait être réservé à la gale due à Sarcoptes scabiei (28).
De nombreuses espèces d’acariens provoquent des gales chez des centaines d’espèces d’oiseaux sauvages ou
domestiques ou de mammifères. En fait, environ 60 familles d’acariens ont un ou des membres qui vivent sur la
peau, les poils ou les plumes des vertébrés homéothermes et sont des agents potentiels de gales. Chez les animaux
domestiques (bétail, volailles, animaux de compagnie ou de laboratoire), environ 50 espèces d’acariens classés dans
16 familles et 26 genres peuvent provoquer une gale. Les humains sont des hôtes de l’espèce S. scabiei qui est
facilement transmise et les gales de l’homme surviennent fréquemment dans les crèches ou les centres de soins
pour enfants. Chez l’homme, d’autres acariens peuvent provoquer une maladie transitoire, mais sans persistance de
l’infestation.
Les acariens constituent un groupe d’arthropodes, sous-classe des Arachnida, très hétérogène, abondant et
ubiquiste avec environ 50 000 espèces décrites. La classification des acariens, en ce qui concerne les niveaux
élevés, n’est pas complètement déterminée, mais un consensus s’est établi sur le système suivant qui comprend les
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acariens des gales. Les acariens regroupent 3 lignées évolutives principales, Opilioacariformes, Parasitiformes et
Acariformes, mais seulement certains acariens provoquent des gales chez les animaux domestiques. Deux lignées
au sein des Acariformes comprennent des parasites responsables des gales – les Trombidiiformes et les
Sarcoptiformes. Les Trombidiiformes comprennent l’ordre des Protostigmata et de nombreuses familles dont 5
comprennent des parasites responsables de gales. Les Sarcoptiformes comprennent deux ordres, les Oribatida et les
Astigmata, avec de nombreuses familles dans chacun, mais des parasites responsables de gales sont inclus dans
seulement 11 familles d’Astigmata.
D’autres acariens peuvent provoquer des dermatites moins graves chez les animaux et l’homme (39). Certains
Parasitiformes (ordre des Gamasida, par ex. Ornithonyssus, Dermanyssus) et Prostigmata (par ex. Trombicula [et
autres chiques], Pymotes) peuvent piquer temporairement un hôte au cours du repas en provoquant des marques
prurigineuses. Certains produits conservés, les nids d’oiseaux et les acariens des habitations (par ex. Acarus,
Glycyphagus, Dermatophagoides) peuvent aussi provoquer une dermatite de contact (par ex. : les gales des
boulangers ou des épiciers) mais il s’agit d’infestations transitoires. Certains acariens des nids d’oiseaux
(Hypoderatidae) présentent un stade nymphal parasitaire (hypopus) qui vit de manière caractéristique sous la peau
de l’oiseau hôte (par ex. Hypodectes propus chez le pigeon domestique) et provoque des irrégularités cutanées. La
pédiculose ou certaines maladies fongiques, comme la teigne, peuvent entraîner une dermatite croûteuse ; de même,
certaines plantes toxiques (par action physique [par ex. barbe, poils urticants] ou chimique [par ex. urushiol]) peuvent
causer des réactions cutanées que l’on peut confondre avec la gale.
B. TECHNIQUES DE DIAGNOSTIC
Le diagnostic, chez les animaux domestiques, est basé sur des données symptomatologiques et sur la mise en
évidence des parasites ou de leurs stades évolutifs dans le produit de raclage de la peau des hôtes (16).
Cliniquement, elle est caractérisée par une chute des poils, des lésions cutanées squameuses ou croûteuses, une
dermatite, un épaississement de la peau et du prurit.
1.
Détection des parasites
La chute des poils et les lésions cutanées squameuses ou croûteuses sont les signes cliniques les plus évidents. Un
certain nombre d’autres troubles doivent être distingués lorsqu’une gale est suspectée, comme les maladies
fongiques, les piqûres d’insectes, les plantes urticantes, les abrasions mécaniques, etc. Dans la plupart des cas, les
prélèvements par raclage doivent être effectués sur les bords des lésions apparemment prurigineuses et de celles
recouvertes de squames épaisses ou croûteuses. Il convient de tenir la lame du scalpel ou tout autre instrument
équivalent perpendiculairement à la peau et de gratter. Pour les acariens qui s’enfouissent dans la peau, le grattage
doit aller jusqu’à la rosée sanguine. Une goutte d’huile (par ex. de glycérine) peut être déposée sur la lame du scalpel
afin de faciliter le prélèvement. Les échantillons de peau doivent être placés dans des récipients hermétiques (par ex.
des pots propre et vide ou des tubes en plastique ou en verre avec un bouchon, ou encore des sacs en plastique
étanches) puis envoyés rapidement au laboratoire pour examen. L'usage d'un aspirateur additionné d’un filtre s'est
révélé plus efficace que le grattage pour les prélèvements à la surface de la peau ou des poils (17). Le matériel
récolté sur le filtre est examiné comme un échantillon après raclage. Si on suspecte une otacariose, un otoscope peut
se révéler nécessaire pour observer les acariens vivants dans le canal auriculaire externe. Dans ce cas, le
prélèvement peut être réalisé par introduction d'un écouvillon dans le canal auriculaire externe. Il doit être examiné de
la même manière qu’un prélèvement de peau.
Un examen initial de l’échantillon de peau doit être réalisé à l’aide d’une loupe de dissection. Les acariens visibles (en
particulier ceux qui sont vivants et mobiles) peuvent être récupérés à l’aide d’une aiguille et déposés dans de la
glycérine ou un milieu approprié sur une lame porte-objet. Quand un nombre suffisant d’acariens est obtenu, il
convient de placer une lamelle couvre-objet sur la goutte de milieu en évitant la formation de bulles. Les milieux
appropriés pour observer les parasites sont : le milieu de Hoyer, le liquide de Berlese, le liquide de Vitzhum et le
milieu PVA modifié de Heinze. Si l’on désire des montages permanents, il convient de laisser sécher les lames
pendant au moins une semaine à température ambiante puis de luter la lamelle avec du vernis à ongle ou tout autre
produit de lutage.
Les acariens qui sont enfouis dans de l’exsudat ou les sécrétions lipidiques cutanées , les Demodex, par exemple,
peuvent être mis en évidence en plaçant une petite quantité de produit de raclage sur une lame dans une goutte de
glycérine ou d’huile à immersion et écrasant doucement avec une lamelle posée dessus. La lame peut alors être
examinée directement au microscope composé.
Les prélèvements de peau contenant des acariens morts, de grandes quantités de squames, de croûtes ou de poils
doivent être traités avant examen. Placer le produit de grattage de peau (jusqu’à plusieurs grammes de peau et de
poils) dans une coupelle de taille adéquate et immerger l’échantillon dans une quantité suffisante de potasse à 10 %.
Porter doucement à ébullition en agitant fréquemment (un agitateur magnétique avec plaque chauffante est très
pratique) pendant 5 à 10 min ou plus longtemps jusqu’à digestion de la plupart des poils et de la peau. Cette étape
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doit être effectuée sous une hotte à extraction pour réduire les risques d’exposition aux vapeurs toxiques. Ne pas
faire bouillir trop longtemps car un temps d'ébullition prolongée risque d'entraîner la lyse des acariens. Après
refroidissement, le matériel est transféré dans des tubes et centrifugé à 600 g pendant 10 min. Après décantation, le
culot est remis en suspension dans une petite quantité de milieu de flottation (par ex. : une solution de Shealther ou
un mélange à parties égales de sirop de maïs et d’eau) ; remplir le tube avec du milieu de flottation et placer une
lamelle sur l’ouverture du tube en vérifiant qu’elle est en contact avec le liquide de flottation. Laisser sans remuer
pendant 1 h ou centrifuger pendant 10 min. Retirer délicatement la lamelle en la soulevant verticalement afin qu’une
goutte de liquide reste à la surface inférieure de la lamelle et la placer sur une lame porte-objet. Les acariens
présents dans l’échantillon seront remontés à la surface et seront retrouvés dans la goutte de liquide. Une autre
technique, plus simple mais satisfaisante, est utilisée dans de nombreux laboratoires ; elle consiste à remettre le culot
de centrifugation en suspension dans une petite quantité d’eau distillée, de déposer une goutte sur une grande lame
porte-objet (76 × 51 × 1 mm) et de recouvrir avec une lamelle de 40 × 50 mm. Cette lame est examinée à la loupe à
dissection (×40 ou ×100) avec retro-éclairage. La lame peut par la suite être examinée au microscope composé pour
la recherche des acariens.
L’ADN de Sarcoptes scabiei a été détecté avec succès par amplification en chaîne par polymérase (PCR) à partir de
squames cutanées humains (5). Cette technique est prometteuse comme procédure complémentaire pour la
détection spécifique d’acariens difficiles à mettre en évidence dans des produits de grattages cutanés.
Quand les acariens sont difficiles à mettre en évidence dans les produits de grattage de petits animaux de
compagnie, il est possible de recourir à la flottation fécale.
2.
Identification des parasites
Les acariens responsables des gales sont, en général, de très petits acariens (100 à 190 µm), peu chitinisés, se
déplaçant lentement et vivant en permanence sur leur hôte. Le cycle des acariens responsables de gales est court
(de 1 à 5 semaines) et comprend 4 stades : l’œuf, une larve hexapode, une ou plusieurs nymphes octopode(s), et un
adulte à 8 pattes (mâle et femelle). Pour identifier correctement les agents responsables des gales, il convient de
consulter les clés de diagnostic illustrées (par ex. : 3, 13, 15, 16, 18, 40), les descriptions taxonomiques et les
spécimens de référence. Cependant, certaines caractéristiques de diagnostic de chacun des groupes d’acariens sont
soulignées dans les paragraphes suivants.
La gale est le résultat chez les animaux domestiques des réactions physiologiques, immunologiques et
comportementales des hôtes à une infestation par des acariens d’une des 11 familles d’Astigmata ou des 5 familles
de Prostigmata.
a)
Astigmata
Les Astigmata sont, en général, de petits acariens globuleux ou ovales et à cuticule mince. La cuticule somatique
présente souvent de fines stries parallèles (profil caractéristique), avec des soies, des denticules, des épines ou des
écailles aux formes et aux emplacements clairement visibles, et parfois des écussons peu chitinisés. Les adultes
possèdent en général 8 pattes et des pièces buccales comprenant des paires de palpes et des chélicères adaptées
au percement de la peau et à l’alimentation. Les pattes sont courtes et fixées près du corps par des épimères
cuticulaires (apodèmes coxaux) et se terminent par une grande variété de formes de soies ou par des griffes
empodiales au niveau pré-tarsal ou par des ventouses ambulacraires. Les acariens Astigmata ne possèdent pas de
vraies paires de griffes pré-tarsales. Les mâles portent parfois des ventouses somatiques ou d’autres caractères
sexuels secondaires qui servent lors de l’accouplement, mais la forme et la position des soies et des ventouses
ambulacraires sur les pattes sont suffisamment différentes pour distinguer les sexes ou identifier les différentes
espèces d’acariens. Les œufs fertilisés sont simples, mous, ovoïdes et translucides. Ils sont éliminés, par les
femelles après l’accouplement par un ovipore positionné au milieu du ventre.
i)
Sarcoptidae
Tous les acariens sarcoptidés (sarcoptiformes) sont des parasites obligatoires, créant des sillons dans la peau
des mammifères et dont on a décrit plus de 100 espèces (18). Sous des conditions relativement favorables, leur
survie en dehors d’un hôte est limitée à 10 jours voire moins (1). Du fait de leur installation dans les couches de
l’épiderme, la gale due à ces acariens est, en général, plus sérieuse que celle due aux acariens vivant à la
surface de la peau. Ce sont des acariens globuleux, à face ventrale aplatie et à cuticule finement striée. Les
palpes ne comprennent qu’un segment et les pattes sont, en général, courtes. Trois genres sont importants en
médecine vétérinaire pour les animaux domestiques.
Sarcoptes scabiei
L'acarien Sarcoptes scabiei est l'agent de la gale sarcoptique, chez l'homme et chez d’autres mammifères (1). Il
s’agit d’un des agents de gale les plus fréquents et largement répandus provoquant une maladie grave. Il
affecte plus d’une centaine d’espèces hôtes incluses dans au moins 10 ordres de mammifères et 26 familles (6).
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Parmi les hôtes domestiques, on note les chameaux, les bovins, les chiens, les moutons, les chèvres, les
chevaux, les porcs, les lamas et les alpagas. Fain (11) suggère que les humains étaient les hôtes originels de
Sarcoptes et que toutes les autres espèces n’ont été qu’infectées en deuxième lieu. En dépit de quelques
réserves (19), un consensus scientifique s’est établi sur la base de l’hypothèse de Fain (11) qui estime que les
Sarcoptes parasites de toutes les espèces ne sont que des variants d’une seule espèce. La transmission entre
individus de la même espèce ou d’un genre se fait aisément lors d’un contact étroit, mais les hôtes qui ne sont
pas apparentés au plan taxonomique ne s’infestent pas facilement et les infestations guérissent d’elles mêmes.
S. scabiei var. canis, par exemple, passe facilement de chien à chien et peut être transmis au renard, au coyote
et autres canidés (31), mais pour ce variant les humains ne sont que des hôtes transitoires (9). Des analyses
moléculaires récentes appuient l’hypothèse de l’appartenance à la même espèce de tous les variants de
Sarcoptes (42) ; une réponse immunitaire a été mise en évidence chez les hôtes infestés par Sarcoptes (2).
Les femelles adultes de S. scabiei ont une longueur d’environ 500 µm avec une cuticule striée (profil
caractéristique), des pattes courtes et épaisses, des soies et des épines caractéristiques, et une plaque dorsale
de denticules. Les mâles sont semblables mais plus petits (environ 275 µm) et les denticules sont plus petites et
moins nombreuses. L’anus est en position postérieure dans les deux sexes, et les épimères (apodèmes) de la
première paire de pattes sont fusionnées pour former un « Y ». On observe des ventouses pédonculées, non
jointives, sur les pattes I et II dans les deux sexes et sur les pattes IV chez les mâles. Les autres pattes se
terminent par une soie filiforme. En outre, à l’extrémité de chaque tarse on trouve une ou deux soies en forme
de courts éperons. Les nymphes sont semblables aux femelles, mais de plus petite taille et dépourvues
d'ovipore ; les larves sont semblables mais sont plus petites et n'ont que 3 paires de pattes.
Trixacarus caviae
Cet acarien est un parasite spécifique du cobaye en captivité et au laboratoire, Cavia porcellus, et il n’a jamais
été retrouvé chez les animaux en liberté (18). Bien que ces acariens soient plus petits, sa morphologie et son
cycle biologique sont semblables à ceux de S. scabiei. Cependant, toutes les soies sur le dos de T. caviae sont
en forme de longs poils, à la différence de ceux de Sarcoptes, qui sont courtes et épaisses ou en forme
d’épine ; les mâles de Trixacarus n’ont pas de ventouses pré-tarsales sur la 4e paire de patte et les pédoncules
de toutes les ventouses sont un peu plus petits que ceux des Sarcoptes typiques. Cet acarien peut entraîner
une gale grave chez la plupart des hôtes, notamment dans les animaleries de laboratoire. Un acarien semblable
peut infester les rats de laboratoire, mais cette affection est rare.
Notoedres spp.
Le genre Notoedres est large et comprend quelques 40 espèces, dont la plupart sont associées aux chauvessouris (chéroptères) (18). Quatre espèces posent problème en provoquant la gale notoédrique chez les
animaux domestiques. L’acarien de la gale du chat, Notoedres cati, est un parasite cosmopolite du chat
domestique mais il infeste aussi plusieurs félidés sauvages (par ex., lynx, guépard, serval, léopard des neiges),
ainsi que la civette, le coatimundis, la mangouste et le lapin domestique. Ces acariens sont très contagieux et
déterminent une gale très prurigineuse, notamment au niveau de la tête de l’hôte s’étendant parfois sur les
pattes, la région génitale ou même la queue. Les rats de laboratoire sont atteints par N. muris qui creusent des
galeries dans le stratum corneum de l’épiderme et entraînent un épaississement et une kératinisation de la peau
au niveau du pavillon de l’oreille, des paupières, du nez et de la queue. Les rats, Rattus spp., plusieurs autres
rongeurs, deux marsupiaux et le hérisson sont d’autres hôtes potentiels (18). La souris de laboratoire peut être
infestée par deux espèces de Notoedres, N. musculi et N. pseudomuris, mais cette dernière touche en premier
lieu les populations sauvages de souris. Chacun de ces acariens infeste aussi d’autres espèces de rongeurs
murins. La maladie est semblable à la gale du rat due à N. muris. Les acariens Notoedres sont, en général,
semblables aux acariens Sarcoptes mais 2 fois plus petits, et ils ne possèdent pas de plaque dorsale recouverte
de denticules et de soies en forme d’épines, qui sont parfois remplacés par des écailles provenant de la
segmentation des stries linéaires dorsales et des soies courtes. L’anus est en position postéro-dorsale, la
premières paires d’épimères ne sont fusionnés et les tarses des pattes I et II se terminent par 3 ou 4 soies en
forme d’éperons courts, et non seulement deux.
ii)
Psoroptidae
Les acariens de la famille des Psoroptidae sont des parasites obligatoires des mammifères. Ils habitent et se
nourrissent à la surface de la peau de l’hôte (non fouisseuses). Leur survie en dehors d’un hôte peut aller
jusqu’à 2 semaines voir plus (27). Ils sont, en général, ovoïdes, aplatis dorso-ventralement, avec une cuticule
striée et des soies dispersées dessus (mais pas d’épines) ; leurs pattes sont plus longues et leurs pièces
buccales plus proéminentes que celles des acariens Sarcoptidae. L’anus est en position postéro-ventrale. Les
mâles possèdent une paire de lobes postérieurs et 2 ventouses adanales proéminentes, qui s'unissent aux
tubercules copulateurs de la femelle. Les épimères de la première paire de pattes ne sont pas fusionnés. Plus
de 30 genres d’acariens Psoroptidae sont répertoriés qui affectent au moins 7 ordres de mammifères ; la plupart
se retrouve chez les primates (26). Trois genres sont importants en médecine vétérinaire pour les animaux
domestiques.
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Psoroptes ovis
Pendant les décennies qui ont suivi les travaux de Sweatman (36), l’usage chez les acarologistes était de
distinguer plusieurs espèces de Psoroptes parmi les acariens responsables, dans le monde entier, de la gale
psoroptique chez les ongulés domestiques ou sauvages et les lapins : par ex. P. cuniculi dans les oreilles des
lapins et de divers ongulés, P. equi sur le corps des chevaux, P. ovis sur le corps des moutons et d’autres
ongulés. La distinction faite entre espèces était basée à l’origine sur l’hôte, sur les régions du corps infestées et
sur la morphologie des mâles. Récemment, plusieurs auteurs ont invalidé ces critères en utilisant des analyses
génétiques pour démontrer l’appartenance à une seule espèce des différentes espèces traditionnellement
décrites (4, 29, 41, 43). P. ovis est le premier Psoroptes dont la description a été publiée (37), ce qui en fait la
dénomination officielle de tous les acariens quelque soit l’espèce animale hôte. La nomenclature des Psoroptes
est donc semblable à celle des Sarcoptes, avec une seule espèce variable aux plans morphologique et
génotypique qui sévit dans le monde entier, quoique le spectre d’hôtes soit moins large et une spécificité d’hôte
moins stricte chez les variants. Tant chez les moutons que chez les bovins, la gravité de la gale psoroptique
semble varier en gravité selon le variant de P. ovis en cause, la forme la plus sévère étant une maladie due à un
génotype particulièrement pathogène et connue sous le nom de « sheep scab ». Cette forme a été éradiquée
aux États-Unis d’Amérique, en Nouvelle Zélande, au Canada et en Australie, mais elle persiste dans de
nombreuses régions du monde. L’analyse génotypique des acariens en cause sera donc un outil précieux pour
les futurs programmes d’éradication (12).
Les femelles adultes de Psoroptes mesurent entre 550 et 750 μm de longueur et possèdent une cuticule striée
ainsi que 4 soies longues et 16 soies dorsale (32, 36). Un écusson cuticulaire antéro-dorsal remarquable est
présent derrière les pièces buccales et l’ovipore situé au milieu du ventre a une forme de U renversé. La taille
des mâles n’atteint que les ¾ de celle des femelles ; ils possèdent un écusson cuticulaire postéro-dorsal
supplémentaire plus grand, une paire de ventouses copulatrices et 2 lobes opisthosomaux terminaux présentant
chacun 4 soies de tailles et de structures différentes. Les nymphes et les larves sont semblables aux adultes
quoique plus petites ; tous les Psoroptes ont une coloration blanche. À tous les stades évolutifs, les deux pattes
antérieures sont plus épaisses et plus robustes que les paires postérieures qui sont plus minces et, chez les
mâles la 4e paire est plus courte. Les pattes I et II dans les deux sexes se terminent par des ventouses
infundibuliformes portées par un pédicule triarticulé ; les pattes IV des femelles et les pattes III des mâles ont
des structures semblables. Le 3e tarse des femelles se terminent par 2 longues soies en forme de fouet, tandis
que les mâles possèdent une seule soie courte sur le tarse IV ainsi qu’une soie fine associée à une ventouse
infundibuliforme sur le tarse III.
Chorioptes spp.
Actuellement, le genre comprend 5 espèces putatives d’ectoparasites obligatoires qui entraînent la gale
chorioptique chez des mammifères domestiques et sauvages. Trois de ces espèces – récoltées rarement sur
des animaux sauvages – sont peu connues et pourraient ne pas être d’authentiques espèces, mais C. bovis et
C. texanus – récoltées essentiellement à partir d’animaux domestiques – ont fait l’objet d’études approfondies
avec les techniques modernes de biogénétique et sont reconnues comme des espèces (8, 44). Au sein de ces
espèces, un certain nombre de variants spécifiques d’hôtes ne peuvent pas être distingués les uns des autres
(35). Les deux espèces sont distinguables morphologiquement seulement par les différences observées au
niveau des lobes postérieurs terminaux et des soies chez les males (35). La gale chorioptique, aussi appelée
« barn itch » en anglais, pourrait être la gale la plus fréquente chez les chevaux et les bovins. Il s’agit d’une
forme relativement bénigne qui est plus localisée et moins prurigineuse que les gales psoroptique ou
sarcoptique. Ceci est vraisemblablement dû au fait que les Chorioptes sont capables de vivre à la surface de la
peau en se nourrissant de débris épidermiques, sans attaquer forcément les couches vivantes de la peau de
l’hôte. Les infestations tendent à se localiser sur les parties basses de l’hôte, en particulier les pattes et les
pieds mais aussi la mamelle ou le scrotum, la base de la queue et le périnée. Parfois, C. texanus infeste les
oreilles de l’hôte (35). Chorioptes bovis est connu depuis plus de 160 ans et sévit très largement chez les
bovins, les chèvres, les moutons, les camélidés et peut-être aussi les lapins domestiques. Chorioptes texanus
n’a été découvert qu’en 1924, mais pendant 50 ans il n’a été récolté que chez des chèvres et des bovins aux
États-Unis et au Canada (35). Depuis 1975, il a été retrouvé chez des élans européens (Alces alces) et, à
plusieurs reprises, chez des bovins au Brésil, en Allemagne, en Israël et aux États-Unis (10, 30, 44). Sur la base
d’observations non publiées par l’USDA, C. texanus pourrait être maintenant l’espèce majoritaire de Chorioptes
dans le bétail aux Etats-Unis d’Amérique.
Chez les animaux domestiques, les deux espèces de Chorioptes sont pratiquement identiques quel que soit le
stade de développement. Le corps est arrondi et aplati avec une cuticule striée ; la taille des femelles est
d’environ 400 µm et les mâles sont plus petits (3/4 des femelles) ; les larves et les nymphes sont encore plus
petites. Dorsalement, les adultes des deux sexes possèdent des écussons cuticulaires antérieurs et postérieurs
et une grande variété de petites soies courtes. Sur la face ventrale, l’ovipore des femelles est une fente
transversale avec une paire d’apodèmes latéraux. Les pièces buccales n’ont rien de remarquable ; les pattes
sont moyennement longues et robustes, à l’exception de la quatrième paire des mâles qui est très courte, et des
troisième et quatrième paires des femelles qui sont plus fines. Dans les deux sexes, toutes les pattes se
terminent par des ventouses infundibuliformes au bout de pédoncules courts à l’exception de la troisième paire
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Chapitre 2.9.8. — Gales
qui chez les femelles se termine par 2 longues soies filiformes. Les mâles aussi possèdent une longue soie
filiforme sur chacune des 3e pattes ainsi qu’une une paire de ventouses adanales. Les lobes opisthosomaux
portent 5 soies chacun. Les lobes opisthosomaux de C. bovis ont une forme rectangulaire, et une soie longue et
flagellée à l’angle externe ; les 2 soies spatulées sont larges et relativement plus courtes (environ 115 µm). Les
lobes de C. texanus ont une forme sub-triangulaire, presque bilobée, avec une soie très courte à l’angle externe
et 2 soies spatulées plus longues (environ 215 µm) qui semblent soudées à la base.
Otodectes cynotis
Les carnivores sont les hôtes essentiels de ces acariens très contagieux qui infestent principalement les
conduits auditifs de l’hôte mais peuvent parfois s’étendre jusqu’au pavillon de l’oreille, voire au-delà. Les signes
cliniques de la gale otodectique (otacariose) comprennent le frottement et le grattage des oreilles, de violentes
secousses de la tête, de la dépression, un écoulement excessif et des hématomes au niveau de l’oreille.
L’otacariose est vraisemblablement la plus fréquente des gales des carnivores dans le monde entier, tant les
carnivores domestiques que sauvages. En plus des animaux de compagnie (chiens, chats, furet), l’otacariose
peut aussi affecter plusieurs espèces élevées pour leur fourrure (renard, vison), et peut à l’occasion passer à
l’homme. Comme pour les autres acariens responsables de gales, les auteurs ont dans le passé considéré que
les Otodectes retrouvés dans des régions différentes ou sur des hôtes différents appartenaient à des variétés
distinctes voire à des espèces différentes, mais les études récentes phénotypiques et moléculaires ont conclu à
l’unicité du genre (21).
Les Otodectes ont la morphologie typique des Psoroptidae et un cycle évolutif qui ressemble à celui de P. ovis.
Le corps des femelles a une forme ovale et une taille de 435 µm ; celui des mâles est de 325 µm. L’ovipore des
femelles se présente sous la forme d’une fente transversale avec des apodèmes génitaux latéraux et, de
chaque coté, les épimères des pattes I et II sont fusionnés. Les lobes opisthosomaux sont moins individualisés
mais les ventouses copulatrices sont présentes. Chaque lobe porte 5 soies de tailles différentes. Toutes les
pattes sont robustes et moyennement longues, à l’exception de la 4e paire qui est plus courte notamment chez
les femelles. Des ventouses ambulacraires portées par de très courts pédicules sont présentes à l’extrémité de
toutes les pattes sauf, chez les femelles, pour les deux paires de pattes postérieures terminées par une paire de
longues soies. Le troisième tarse des mâles portent aussi une paire de longues soies en plus des ventouses
ambulacraires.
iii) Knemidokoptidae
Cette famille comprend 7 genres et environ deux douzaines d’espèces d’acariens qui vivent chez les oiseaux
dans les mêmes habitats que ceux occupés par les Sarcoptidae chez les mammifères (26). Par voie de
conséquence et vraisemblablement du fait d’un phénomène de convergence, les morphologies des deux
groupes sont semblables. Le corps est généralement globuleux, avec des striations cuticulaires parfois
modifiées pour donner des écailles, des sillons ou des denticules. Les pièces buccales et les pattes sont
habituellement courtes et trapues. Les ventouses pré-tarsales peuvent être présentes, incomplètes ou absentes
sur toutes les pattes, et les tarses peuvent se terminer par un ou deux éperons chitineux. Les soies sont
généralement peu nombreuses, non différenciées et relativement courtes. Les Knemidokoptidae ont un écusson
antéro-dorsal marqué par une paire d’apodèmes longitudinaux para-médians et très chitinisés qui partent de la
base des pièces buccales. Les mâles (mais pas les femelles) possèdent aussi un écusson postéro-dorsal
médian et les épimères de la premières paire de pattes sont fusionnés pour former un Y. Les premiers épimères
des femelles (et des immatures) sont soit libres soit réunis par un apodème transversal pour former un V ou un
U. L’ovipore se présente soit comme une fente transversale soit comme une structure à 3 valvules en forme de
Y ; l’anus est terminal ou postéro-dorsal. Les mâles peuvent posséder ou non des ventouses adanales. La
plupart des espèces sévissent, au niveau mondial pour certaines, seulement chez les oiseaux sauvages chez
qui elles provoquent une gale knémidocoptique clinique ; néanmoins, chez les oiseaux domestiques ou en
captivité, seules les espèces classées dans 3 genres posent un problème.
Knemidokoptes mutans s’enfouit le plus souvent dans l'épiderme des pattes des volailles, poules, dindes et
faisans (déterminant les « pattes écailleuses »). En l’absence de traitement, une boiterie, une distorsion des
pattes et une perte des doigts peuvent survenir. Les épimères des premières pattes des femelles sont libres ;
les pattes I et II ont chacune 2 éperons terminaux, mais il n’existe pas de ventouse ambulacraire sur aucune
patte ; l’ovipore est transversal ; l’anus est en position dorsale ; et le corps présente un dessin d’écailles
cuticulaires au milieu du dos. Les femelles mesurent de 350 à 450 µm et les mâles ont une taille inférieure à
240 µm. Comme pour tous les acariens de la famille des Knemidokoptidae, les pattes des mâles sont plus
longues que celles des femelles et se terminent toutes par une petite ventouse à l’extrémité d’un long pédicule.
Une autre espèce semblable, K. pilae, parasite la tête et les pattes des perruches provoquant une maladie
connue sous le nom de « face écailleuse » des oiseaux de volière. Ces acariens sont légèrement plus petits que
K. mutans. Les deux espèces sont vraisemblablement réparties dans le monde entier, chacune sur ses hôtes
respectifs.
Picinemidicoptes laevis infeste les oiseaux de l’ordre des colombiformes, comme le pigeon domestique,
entraînant parfois une gale clinique. Chez les femelles, les épimères des premières pattes sont fusionnés pour
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Chapitre 2.9.8. — Gales
former un U ; chaque patte possède un seul pédoncule ambulacraire et les pattes I et II se terminent par un
éperon ; l’ovipore est transversal ; l’anus est terminal ; les stries cuticulaires ne sont pas interrompues par des
écailles.
Neocnemidocoptes gallinae peut infester la peau du dos, de la tête, du cou, de l’abdomen et les cuisses des
poulets, des oies et des faisans en provoquant un prurit intense. Les plumes de ces régiones peuvent tomber,
se casser ou être picorées par l’oiseau conduisant à un état appelé « gale déplumante ». La peau atteinte
surtout celle du cou, peut devenir écailleuse, épaissie et ridée. Bien que la « gale déplumante » soit moins
largement répartie que « les pattes écailleuse », elle peut causer plus de dommages et même se révéler fatale.
Les femelles mesurent de 340 à 440 µm de long, mais les mâles n’atteignent que 210 µm. Les épimères des
premières pattes des femelles Neocnemidocoptes gallinae sont libres ; les tarses se terminent par un seul
pédoncule ambulacraire et les deux paires de pattes antérieures se terminent par un éperon ; l’ovipore est
transversal ; l’anus est dorsal ; et la cuticule dorsale est striée transversalement mais sans écailles. Deux autres
espèces de Neocnemidocoptes, N. columbicola et N. columbigallinae, infestent les colombiformes à l’occasion
et peuvent entraîner des lésions chez les pigeons domestiques.
iv)
Autres familles
Huit autres familles d’acariens parasites des plumes et de la fourrure comprennent un certain nombre d’acariens
de moindre importance en raison de leur gamme limitée d’hôtes ou des symptômes bénins qu’ils causent chez
leurs hôtes.
Trois familles méritent d’être citées. La famille des Atopomelidae comprend près de 50 genres d’acariens du
pelage dont les hôtes se répartissent dans 5 ordres de mammifères, surtout les marsupiaux de l’hémisphère
sud. Le corps est de forme variable mais la plupart sont mous, légèrement allongés, aplatis ou cylindriques et
les pattes possèdent des segments aplatis pour accrocher les poils de l’hôte à la face ventrale de l’acarien qui
est souvent munie de sillons au niveau des coxa des pattes I et II. Chirodiscoides caviae est rencontré sur les
cobayes et est vraisemblablement présent dans le monde entier, mais il a été couramment signale en Asie et en
Europe où il provoque un sérieux prurit et de l’alopécie chez les animaux de laboratoire. La famille des
Listrophoridae est une autre famille d’acariens du pelage et comprend environ 20 genres retrouvés sur des
animaux de 4 ordres de mammifères, en particulier des rongeurs et surtout dans l’hémisphère nord. Ces
acariens sont mous, allongés, cylindriques avec des stries cuticulaires, des épines, des écussons ponctués,
ainsi qu’un tégument dorsal chitinisé qui recouvre les pièces buccales. Ils s’accrochent à la base des poils par le
biais d’une paire de crêtes situées entre la première paire de pattes et rabattues ventralement. Lepoacarus
gibbus est un acarien fréquent qui provoque parfois une gale chez les lapins d’élevage ou de laboratoire, et
Lynxacarus radovskyi est retrouvé sur plusieurs félins sauvages et sur le chat domestique chez qui il entraîne
parfois des dartres ou des pellicules. La famille des Myocoptidae est une famille cosmopolite ; elle comprend 6
genres qui se nourrissent sur la peau et s’agrippent aux poils chez les rongeurs, les insectivores et les
marsupiaux. Ces acariens sont généralement de forme ovale et aplatis dorso-ventralement. La cuticule peut
être largement striée, couvertes d’écailles ou denticulées chez les femelles, alors que chez les mâles les
cuticules sont moins ornées et plus fortement chitinisées. Ils s’accrochent aux poils des hôtes par le biais de
pattes très modifiées et robustes : les pattes III et IV chez les femelles et les pattes III chez les mâles.
Myocoptes musculinus est probablement le plus ubiquistes des ectoparasites des souris de laboratoire. Les
infestations sont habituellement bénignes, mais si les souris sont stressées ou vivent dans de mauvaises
conditions, on peut observer de l’alopécie, un érythème, du prurit et une dermatite traumatique (gale
myocoptique). Un autre acarien de la famille des Myocoptidae, Trichoecius romboutsi, peut à l’occasion
parasiter les souris de laboratoire en association avec M. musculinus ou d’autres acariens, mais son rôle
pathogène dans l’apparition de gale n’est pas certain.
Cinq familles d’acariens retrouvés sur la peau ou dans les plumes des oiseaux méritent d’être signalées. Elles
sont classées parmi les 36 familles d’acariens Astigmata et dans 3 super-familles habituellement appelées
« acariens des plumes » (13). Des milliers d’espèces d’acariens des plumes vivent sur ou dans la peau ou les
plumes de pratiquement toutes les sortes d’oiseaux dans le monde, avec généralement un statut de
commensaux. Rarement et dans des circonstances inexpliquées, ces acariens commensaux chez pratiquement
tous les genres d’oiseaux peuvent se révéler des parasites avec des conséquences graves pour l’hôte. Les
membres de certaines familles (par ex. Cytoditidae, Laminosioptidae) sont devenus d’authentiques parasites
associés à des entités nosologiques y compris des gales (par ex. Knemidokoptidae). Quelques espèces
appartenant à d’autres familles sont plus enclines que d’autres à affaiblir les hôtes ou entraîner des blessures.
Ainsi, dans la famille Analgidae, les espèces Megninia cubitalis, M. ortari, M. hologastra et M. ginglymura
peuvent entraîner chez le poulet domestique des comportements menant à la chute des plumes et à des pertes
économiques (14). Dermoglyphus elongatus (famille Dermoglyphidae) sévit chez les canaris en captivité, et
Dubininia melopsittaci (famille Xolalgidae) sévit chez les perruches et une présence excessive de ces acariens
peut engendrer une chute des plumes associée à des lésions cutanées. Les membres des familles
Dermationidae et Epidermoptidae se nourrissent généralement sur la peau ou dans les follicules plumeux de
certains oiseaux, ce qui leur confère une position proche de l’état de parasites. Les volailles domestiques sont
des hôtes pour Rivoltasia bifurcata et Epidermoptes bilobatus (appartenant aux deux espèces ci-dessus) qui ont
été occasionnellement associées à du pityriasis (gale épidermoptique) chez les poulets (3).
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b)
Prostigmata
Avec près de 15 000 espèces reconnues regroupées dans plus de 130 familles, les acariens Prostigmata constituent
un groupe qui présente une très grande diversité morphologique et biologique rendant difficile toute généralisation à
leur sujet. Cependant tous les acariens Prostigmata responsables de gales appartiennent à la super-famille
Cheyletoidea qui comprend seulement 1 000 espèces reconnues classées dans 9 familles. Il existe aussi des
centaines d’espèces non décrites. Les pièces buccales antérieures de ces acariens peuvent être modifiées de façon
très variable soit par la formation de segments de palpe soit par la réduction et la fusion des chélicères avec
élongation pour constituer des stylets pointus utilisés pour percer les tissus de l’hôte en vue de prélever les aliments.
Certains acariens Cheyletoidea possèdent une paire de péritrèmes respiratoires allongés, en position dorsale, au
dessus des pièces buccales. Le corps est généralement allongé (parfois très allongé), mou, recouvert d’un tégument
fin, mais avec parfois des plaques chitineuses. Les adultes possèdent habituellement 8 pattes dont la longueur et la
forme varient selon les comportements des différentes familles, mais qui se terminent en général par une paire de
pinces pré-tarsales et une zone empodiale linéaire souvent recouverte de nombreux poils collants. Les pattes
peuvent être articulées sur 2 plaques coxales ou des apodèmes somatiques chitinisés. L’ovipore est longitudinal
habituellement eu milieu du ventre ou en position postéro-ventrale, tandis que le pore génital des mâles est en
position dorsale et est parfois équipé d’un long aedeagus.
i)
Demodecidae
La famille des Demodecidae comprend plus de 150 espèces d’acariens parasites regroupés dans 7 genres et
retrouvés chez 11 ordres de mammifères. Demodex est le seul genre important chez les animaux domestiques
et comprend au moins 67 espèces reconnues plus beaucoup d’autres ni nommées ni décrites. D’autres genres
présentent les mêmes caractéristiques ; les Demodex adultes sont des acariens allongés, fusiformes ou
vermiformes, de 250 à 850 µm de long, qui vivent dans les follicules pileux, les glandes sébacées, les glandes
de Meibomius, et parfois les pores épidermiques de l’hôte. Les pièces buccales sont courtes et en position
antérieure avec 2 palpes segmentés et des stylets très pointus rétractables qui servent à percer les tissus de
l’hôte et à prélever comme aliments les fluides cellulaires prédigérés. Les 4 paires de pattes sont habituellement
courtes et trapues, composées de 3 segments chacune et qui se terminent par des griffes pré-tarsales et un
empodium linéaire. Les plaques coxales sur lesquelles sont attachées les pattes, occupent la majeure partie de
la surface antéro-ventrale du corps. Dans certaines espèces et à certains stades, les palpes ou une paire de
pattes peuvent être très allongées ou modifiées pour former des organes de préhension. La cuticule très fine du
corps et des appendices est dépourvue de soies mais les lobes opisthosomaux sont en général striés
transversalement. Pour s’adapter aux étroites limites de leurs habitats folliculaires et glandulaires, les stades
immatures, y compris les œufs de Demodex spp., sont allongés, parfois dans de grandes proportions,
fusiformes ou ovoïdes. Les espèces du genre Demodex sont en général très spécifiques de leurs hôtes, et ne
parasitent que très rarement plus d’une espèce de mammifères taxonomiquement proche. Cependant, il n’est
pas rare pour une espèce hôte d’héberger de 2 à 4 différentes espèces de Demodex. La transmission d’un hôte
à un autre ne se fait que lors d’un contact étroit (en particulier de la mère aux petits), ce qui rend très peu
probable la transmission entre espèces animales ou des animaux à l’homme. Leur cuticule très fine implique
que les demodex ne peuvent survivre plus de quelques heures en dehors de leurs hôtes.
Bien que les Demodex infestent fréquemment les peaux de tous les individus de leur espèce hôte, leur
présence n’entraîne, en général, aucune conséquence remarquable. Parfois, lorsque les animaux sont soumis à
des stress ou d’autres facteurs encore mal connus, les populations d’acariens explosent littéralement et peuvent
entraîner des symptômes connus sous le nom de démodécie. Les animaux sains en liberté ne souffrent jamais
de démodécie ; les victimes sont habituellement les animaux domestiques ou de laboratoire (25). Les
symptômes vont de petites papules cutanées à des nodules volumineux et une perte de poils importante. Bien
que cela soit rare, les acariens peuvent, dans les cas graves et généralisés, envahir le système sanguin ou
entraîner une infection cutanée secondaire voire la mort. Chez les animaux domestiques, la maladie clinique est
surtout fréquente chez les chiens (Demodex canis et D. injai), mais les porcs (D. phylloides), les chèvres
(D. caprae), les chevaux (D. caballi), les moutons (D. ovis), les chats (D. cati et D. gatoi), les bovins (D. bovis,
D. tauri et D. ghanensis) et les lapins (D. cuniculi) peuvent développer à l’occasion une démodécie. Les
hommes sont les hôtes habituels de deux espèces, Demodex folliculorum et D. brevis.
ii)
Psorergatidae
De répartition mondiale, ces petits acariens parasites de la peau sont classés dans un peu moins de
100 espèces regroupées en 3 genres (15) (considérés comme des sous-genres des Psorergates par certains
auteurs). Les hôtes connus se répartissent dans 8 ordres de mammifères, des rongeurs et des chauves-souris
pour l’essentiel. Les Psorergatidae adultes mesurent environ 100 à 200 µm de long, ont une forme
habituellement circulaire et sont aplatis dorso-ventralement. La cuticule est mince, finement striée et un grand
écusson ponctué légèrement chitinisé recouvre la plus grande partie de dos. Les pièces buccales possèdent
des chélicères aiguisées et 2 palpes segmentés, se terminant chacun par une soie épaisse en forme de pince. Il
n’y a pas de péritrèmes dorsaux. Les 4 paires de pattes sont moyennement longues, sont attachées
radialement sous le ventre, comprennent 5 segments chacune et se terminent par des paires de pinces
pré-tarsales, mais sans empodium. Le fémur de chaque patte porte un robuste éperon en position ventrale. Les
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Psorergatidae possèdent relativement peu de soies : quelques unes sur les pièces buccales, 5 ou 6 paires sur
l’écusson dorsal, 1 petite paire ventrale, 1 ou 2 longues paires sur les lobes postéro-ventraux et moins d’une
dizaine sur chaque patte. Les œufs sont grands et arrondis, mesurant presque les 2/3 de la taille de la femelle
adulte. Ils sont déposés dans les follicules pileux ou dans des puits creusés par la femelle. Les stades
immatures ressemblent aux adultes mais en plus petits ; les pattes sont très raccourcies (seulement 6 pattes
pour les larves). La transmission d’un hôte à un autre se fait directement par les adultes qui sont mobiles et qui
se dirigent vers leurs zones de prédilection, à savoir les zones les moins kératinisées de la peau de l’hôte
surtout autour de la tête, le cou et le dos. Ils envahissent alors les follicules pileux ou creusent des puits dans
l’épiderme et se nourrissent en ponctionnant les parois cellulaires avec leurs chélicères ; ils se reproduisent
ensuite. Les acariens Psorergatidae survivent rarement plus d’un jour en dehors de leur hôte.
Les infestations à Psorergatidae chez des hôtes en bonne santé et chez les animaux domestiques sont, en
général, bénignes et sans conséquence. Parfois, cependant, les acariens peuvent se multiplier énormément,
notamment chez les moutons et les souris de laboratoire, en entraînant une gale psorergatique. Les lésions
cutanées dues aux adultes sont habituellement bénignes et relativement peu prurigineuses, mais les puits
creusés dans le derme pour abriter les œufs peuvent se développer pour donner naissance à des lésions
papuleuses remplies de liquide ou kératinisées, qui peuvent ensuite se rompre et causer des réactions
inflammatoire ou immunitaire (25). Les acariens Psorergatidae provoquant des gales appartiennent à deux
genres, le genre Psorobia (avec 4 paires de soies marginales sur l’écusson dorsal) et le genre Psorergates
(avec 3 paires de ces soies). Les infestations par Psorobia ovis, responsable d’une gale du mouton, posent plus
de problèmes chez les animaux âgés qui se frottent, se grattent et mordent la laine au niveau des zones irritées,
ce qui donne à la toison un aspect en touffe et dépenaillé. On peut aussi observer des pellicules. Le cycle de
P. ovis s’étale sur environ 5 semaines, l’infestation s’étendant lentement et de façon inconstante sur l’ensemble
du troupeau ; l’infestation est souvent difficile à diagnostiquer. Une espèce semblable, P. bos, est fréquemment
rencontrée chez le bétail mais elle semble n’avoir qu’un faible effet pathogène. Psorobia cercopitheci, présent
en Afrique (ainsi qu’une espèce non décrite en Asie), peut provoquer à l’occasion une gale dans les élevages
de primates de laboratoire (20). Chez les souris de laboratoire, Psorergates simplex peut provoquer des lésions
papuleuses sur la tête et le cou (40). L’incidence peut atteindre 80 % dans certains élevages de souris. Une
autre espèce du genre Psorergates, P. muricola, a été retrouvée chez 5 espèces différentes de rongeurs
notamment Mus musculus, et Psorergates rattus a été observée chez Rattus norvegicus : on ne sait pas si l’une
ou l’autre de ces espèces peut infester les rongeurs de laboratoire.
iii) Cheyletiellidae
Il s’agit d’une famille relativement petite d’acariens parasites (environ une centaine d’espèces) qui jusqu’en 1970
faisait partie de la famille des Cheyletidae, une famille plus grande comprenant en majeure partie des
Prostigmata parasites. Les espèces sont réparties entre environ 15 genres, les 2/3 parasites de mammifères et
le reste parasite des oiseaux. Plusieurs genres comprennent des espèces capables de provoquer des troubles
limités chez leurs hôtes, mais seulement un petit nombre d’espèces du genre Cheyletiella pose problème en
tant que responsables de gales chez les animaux domestiques. Les acariens du genre Cheyletiella mesurent de
300 à 530 µm de long, ont une forme allongée et rhomboïdale, et se distinguent par une cuticule fortement
striée et 1 grand écusson dorsal chez les femelles et 2 chez les mâles. Des soies modérément longues (simples
ou ramifiées) sont réparties selon un schéma caractéristique sur le corps, les pièces buccales et les pattes. Les
pièces buccales sont développées, avec des stylets pointus particulièrement robustes, des palpes à 5 segments
se terminant chacune par une soie incurvée en forme de griffe présentant une fine ligne de denticules sur le
bord interne. Des péritrèmes en forme de M sont situés sur la face dorsale des pièces buccales. Les 4 paires de
pattes sont longues et puissantes et se terminent par un empodium linéaire équipé de 2 rangs de poils collants.
Bien que la plupart des autres acariens Cheyletiellidae possèdent une paire de griffes pré-tarsales sur chaque
patte, celles-ci n’existent pas chez les acariens du genre Cheyletiella. Un petit organe sensoriel (solenidion) est
visible sur le genou de la première paire de pattes et sa forme est suffisamment différente (statistiquement) pour
permettre la distinction entre espèces (7). Les femelles pondent leurs œufs un à un et les fixent sur les poils de
l’hôte à proximité de la peau par un réseau de fils tressés. La transmission entre hôtes se fait essentiellement
par contact direct mais le transport par des insectes serait aussi possible.
Pendant des années, les diverses espèces de Cheyletiella spp. ayant un pouvoir pathogène ont été confondues
sous la dénomination unique de C. parasitivorax (33), et ces acariens étaient considérés à tort comme des
prédateurs des autres acariens parasites. Cependant, C. yasguri (chez les chiens), C. blakei (chez les chats) et
C. parasitivorax (chez les lapins domestiques) sont maintenant reconnues comme des espèces distinctes
responsables de gales ; chacune de ces 3 espèces peut à l’occasion infester les humains vivant en contact
étroit avec des animaux atteints, en provoquant une dermatite grave, du prurit et d’autres symptômes. Les
acariens se déplacent rapidement entre les poils de l’hôte sur la couche cornée de la peau ; périodiquement, ils
s’attachent à l’aide des griffes des palpes et percent les cellules de l’épiderme avec leurs stylets pour se gorger
de liquides prédigérés. Dans les 3 espèces hôtes, la maladie est semblable et apparaît surtout au niveau du
dos, des épaules et du cou. Cependant, les symptômes sont généralement bénins et peu caractéristiques. On
peut aussi observer un pelage ébouriffé, une inflammation cutanée, du prurit, de l’alopécie et presque toujours
de l’hyperkératose. Les acariens à peine visibles se déplacent dans l’épaisse couche blanchâtre de pellicules
associées à la cheyletiellose, ce qui a valu à cette gale le nom « pellicules baladeuses : walking dandruff ».
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iv)
Myobiidae
Il s’agit de petits acariens du pelage (jusqu’à 900 µm), mous, allongés, rectangulaires, un peu aplatis
dorso-ventralement et retrouvés dans le monde entier sur 5 ordres de mammifères. Plus de 400 espèces ont
été identifiées dont au moins la moitié chez des chauves-souris. La cuticule est généralement striée
transversalement sans écussons scléreux ; ils portent habituellement au niveau du dos 12 ou 16 paires de soies
dont la plupart sont longues, en forme de feuilles et striées longitudinalement. Les pièces buccales sont petites
avec des palpes à 2 ou 3 segments, des chélicères en forme de stylets, et des péritrèmes en position dorsale.
Les pattes, notamment la première paire, sont fortes et bien adaptées à la préhension des poils (1 à 2 en même
temps) de l’hôte. Elles se terminent par de grandes griffes prétarsales mais sans empodium ; parfois une des
deux griffes d’une patte est réduite ou absente. Les systèmes pour accrocher les poils de l’hôte sont
caractéristiques et regroupent une variété de combinaisons de segments de pattes ou de soies modifiés pour
former des éperons, des crochets, des mamelons, des arêtes ou des surfaces cannelées. Les nymphes et les
larves ressemblent aux adultes à l’exception de la taille. Les œufs sont attachés par les femelles à la base des
poils de l’hôte grâce à une sécrétion adhésive. Occasionnellement, les larves peuvent pénétrer dans le follicule
pileux pour se nourrir des fluides de l’hôte qui s’écoulent lors de la ponction des capillaires grâce aux chélicères.
Les nymphes et les adultes se nourrissent à la surface de la peau de l’hôte selon la même procédure, en
ponctionnant parfois les capillaires et en se gorgeant de sang. Le cycle des Myobiidae est en général assez
court (environ 14 jours) et les acariens se déplacent aisément d’un hôte à l’autre. Les infestations sur les
mammifères sauvages sont en règle générale de faible intensité et sans conséquence (25), mais chez les
rongeurs de laboratoires elles peuvent s’étendre en provoquant du prurit et une perte de poils connus sous le
nom de gale myobiique.
Les deux espèces Myobia musculi et Radfordia affinis sont retrouvés chez la souris sauvage ou de laboratoire
et chacune de ces espèces peut entraîner des troubles sur les animaux de laboratoire. Elles sont relativement
semblables mais elles diffèrent par de nombreux détails, dont les plus faciles à observer sont : le nombre de
griffes pré-tarsales présentes sur la deuxième patte (2 chez Radfordia et 1 seule chez Myobia). Radfordia
ensifera infeste les rats de Norvège et les rats de laboratoire, en entraînant parfois une gale chez ce dernier.
Alors que les 2 griffes pré-tarsales de la deuxième paire de pattes sont de la même taille chez R. ensifera, la
griffe postérieure de R. affinis est plus petite que la griffe antérieure.
v)
Syringophilidae
Plus de 350 espèces de ces acariens des plumes, qui sont très spécifiques d’hôtes, ont été retrouvés chez une
grande variété d’oiseaux dans le monde entier, mais très peu d’entre eux ont été décrits et ont reçu un nom. Le
corps est allongé (entre 500 et 950 µm), cylindrique quand ils sont dans les plumes infestées de l’hôte. La
cuticule est mince, striée, sans plaque chitineuse, mais de longues soies sont réparties sur le corps en
particulier à l’extrémité postérieure. Des péritrèmes en forme de M sont visibles au-dessus des pièces buccales
qui sont équipées de stylets et de palpes droits et simples. Les pattes sont courtes, robustes et se terminent par
une paire de griffes et des empodium poilus. Des épimères sclérotinisés sont visibles sur les plaques coxales I
et II. Quand ils vivent dans les hampes des plumes, les acariens Syringophilidae ponctionnent les parois de la
plume avec leurs stylets et se nourrissent des fluides qui s’écoulent des follicules plumeux.
Deux espèces d’acariens des plumes d’oiseaux domestiques peuvent infester en grand nombre les animaux et
entraîner de graves irritations ainsi qu’une importante chute de plumes que l’on peut confondre avec la gale
knemidokoptique ; Syringophilus columbae parasite les pigeons domestiques et S. bipectinatus infeste les
poulets. Les méthodes modernes d’élevage des poulets qui séparent les bandes de poulets des poules
pondeuses ont interrompu avec succès la chaîne de transmission de S. bipectinatus d’une génération à la
suivante et réduit ainsi les problèmes de chute des plumes, ce qui n’est pas le cas des systèmes de production
traditionnels. Une autre espèce d’acariens des plumes a été récemment décrite chez les poulets (2001), Picobia
polonica, mais n’a pas été associée pour le moment à des problèmes de chute de plumes.
3.
Épreuves sérologiques
Des auteurs ont démontré que les infestations par Sarcoptes scabiei et Psoroptes ovis induisaient des réponses
humorales spécifiques et mesurable chez les hôtes (12, 23) ; cela permet une détection sérologique des gales
sarcoptique et psoroptique. Des méthodes immuno-enzymatiques (ELISA) pour la détection des infestations par
Sarcoptes chez les chiens et les porcs sont commercialisées dans certains pays et sont utilisées pour le
séro-diagnostic de la gale (22) en Suède et en Suisse dans le cadre de programmes d’éradication de la gale chez le
porc. Des recherches sont en cours pour développer une épreuve de diagnostic immunologique de S. scabiei en
utilisant des antigènes recombinants (38). Des techniques ELISA pour le diagnostic sérologique des infestations à
Psoroptes sont en cours de développement et d’évaluation, mais des problèmes de sensibilité et de spécificité n’ont
pas encore été résolus. La preuve indéniable de la présence d’une gale reste la mise en évidence et l’identification
des acariens par grattage de la peau ; toutefois, il est possible qu’à l’avenir cette méthode traditionnelle (directe)
puisse être associée à des méthodes biochimiques améliorées (indirectes).
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Chapitre 2.9.8. — Gales
C. SPÉCIFICATIONS APPLICABLES AUX VACCINS
ET AUX PRODUITS BIOLOGIQUES À USAGE DIAGNOSTIQUE
Il n'existe pas de vaccins capables de protéger les animaux contre les gales. Expérimentalement, l’injection d’un
antigène de Psoroptes ovis a réduit la gravité de la gale. Le contrôle des gales sans utilisation d’acaricides pourrait
donc devenir une solution d’avenir (24, 34).
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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