L`ovariectomie par le flanc droit chez la truie
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L`ovariectomie par le flanc droit chez la truie
001_5_FRIKHA Page 219 Lundi, 11. juin 2007 9:55 09 L’ovariectomie par le flanc droit chez la truie R. LATRACH1, M.R. FRIKHA2* et Th. ALOGNINOUWA2 1 2 Service de Chirurgie, Ecole Nationale de Médecine Vétérinaire, 2020 Sidi Thabet, Tunisie. Unité Pédagogique de Médecine et de Chirurgie des Ruminants, Porcs et Volailles, Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon, 1 avenue Bourgelat, 69280 Marcy l’Etoile, FRANCE * Corresponding author/Correspondance: E-mail : [email protected] RÉSUMÉ L’ovariectomie de la truie représente l’une des opérations les plus communes chez les suidés notamment chez les races de compagnie. La voie d’abord choisie est le flanc droit parce qu’elle permet un accès facile aux ovaires. Après anesthésie générale, l’intervention chirurgicale consiste en une laparotomie dans le creux du flanc droit, l’ovaire droit est saisi puis extériorisé à travers la plaie de laparotomie. La recherche de l’ovaire gauche se fait en suivant le trajet de la première corne utérine. Une ligature est posée de part et d’autre de chaque ovaire. L’ovaire est ensuite excisé entre les deux ligatures. La suture de la laparotomie est faite en trois plans. Mots-clés : Ovariectomie, Flanc droit, Truie. Introduction L’ovariectomie est pratiquée depuis l’antiquité. Aristote (IVème siècle avant J-C) a été le premier à la décrire chez la truie. Grâce aux moyens actuels en anesthésie et en chirurgie vétérinaire, cette intervention peut être réalisée de manière simple et rapide en tenant compte du bien être de l’animal. Les indications de l’ovariectomie chez la truie ont évolué. Jadis, sa principale indication était d’ordre zootechnique et elle a perdu de son importance avec l’intensification de l’élevage et l’abattage précoce des porcelets femelles. Contrairement aux indications zootechniques qui ne présentent encore d’intérêt que dans les élevages fermiers traditionnels, l’ovariectomie de convenance présente un intérêt croissant [6]. Cette intervention permet essentiellement d’adoucir le caractère agressif de la truie « de compagnie » qui se manifeste particulièrement au moment des chaleurs. Plusieurs races font l’objet d’animaux de compagnie notamment les races naines comme le Yucatan ainsi que les races asiatiques tel que le mini porc Vietnamien (Figure 1). L’ovariectomie présente également un intérêt pour la stérilisation des truies maintenues dans les parcs et les réserves naturelles afin d’empêcher leur saillie accidentelle par des suidés sauvages. Peu de descriptions précises de la technique sont disponibles. C’est la raison pour laquelle il nous a semblé intéressant de faire le point sur la question en décrivant le procédé que nous utilisons couramment. L’intervention ne constitue pas une urgence et peut être programmée. A l’instar de toutes les interventions de convenance, certaines conditions doivent être respectées. La truie doit être pubère (âge moyen de 5 à 6 mois). Les contre-indications tiennent à l’état de santé de l’animal : mauvais état Revue Méd. Vét., 2007, 158, 5, 219-222 SUMMARY Sow ovariectomy via the right flank Ovariectomy represents one of the most common surgeries in the swine, especially for companion breeds. The right flank approach is chosen since it permits an easy access to the ovaries. After general anaesthesia, the surgery consists in a laparotomy via the right flank. The right ovary is seized then exteriorized through the laparotomy incision. By following the first uterine horn, one may easily locate the left ovary. One ligature is placed at either pole of the ovary. The ovary is then excised between the two ligatures. The laparotomy is closed in three layers. Keywords : Ovariectomy, right flank, swine. général, âge trop avancé ou présence de maladies intercurrentes. Certains états physiologiques (œstrus, gestation) contre indiquent également l’opération et doivent la faire différer. La technique décrite dans cet article est l’ovariectomie par le flanc. Ce choix est motivé par des notions d’anatomie topographique relatives à l’espèce. En effet, les ovaires se positionnent dans le plan transversal passant par les pointes des hanches [3]. Chez la truie adulte, les ovaires ont la taille d’une noix. Leur surface est boursouflée de follicules conférant à la glande un aspect mûriforme caractéristique identifiable à la palpation digitée dans toute la masse des viscères abdominaux (Figure 2). Ils sont irrigués par l’artère et la veine ovarienne du côté tubaire, et par l’artère utéroovarienne et sa veine satellite du côté mésovarique [7]. Les deux cornes utérines sont longues et flexueuses, elles sont appendues à la voûte lombaire par deux ligaments larges très développés permettant à l’utérus une certaine liberté de déplacements [1]. La disposition anatomique particulière des organes génitaux de la truie (Figure 6) est telle qu’elle permet de réaliser l’ovariectomie bilatérale par une seule incision du flanc qui représente le lieu d’élection opératoire [2, 4]. Préparation de l’intervention PRÉPARATION DE L’ANIMAL Une diète hydrique de 12 h, la veille de l’intervention, garantit la vacuité du tube digestif. Le protocole que nous utilisons couramment est le suivant. L’Acépromazine (VETRANQUIL®) à la dose de 0,1 mg/Kg de PV en IM est 001_5_FRIKHA Page 220 Lundi, 11. juin 2007 9:55 09 220 utilisée pour tranquilliser la truie. Quinze minutes après, l’anesthésie générale est obtenue par une association de Xylazine (ROMPUN® 2%) 2 mg/Kg de PV et de Kétamine (IMALGENE® 1000) 10 mg/Kg de PV, en IM [8]. La truie est placée en décubitus latéral gauche, les membres pelviens, attachés ensemble, doivent être tirés vers l’arrière afin de dégager le creux du flanc droit. La zone opératoire doit être tondue, rasée puis largement désinfectée. PRÉPARATION DU MATÉRIEL CHIRURGICAL Ce matériel se limite à un bistouri, une pince anatomique à griffes, deux pinces hémostatiques, une paire de ciseaux courbes de MAYO, un porte aiguille ainsi que des aiguilles serties avec des fils résorbables Déc. 3 ou 4 selon la taille de l’animal. Technique opératoire L’ovariectomie par le flanc chez la truie se déroule en quatre temps successifs : la laparotomie, la recherche et l’extériorisation des ovaires, l’exérèse des ovaires et enfin la suture de la paroi abdominale LATRACH (R.) ET COLLABORATEURS EXÉRÈSE DES OVAIRES Pour la commodité opératoire, l’ovaire gauche est le premier à être excisé. Avant de procéder à l’ablation de l’ovaire, l’hémostase chirurgicale est réalisée au moyen de deux ligatures. Pour ce faire, la pointe d’une pince hémostatique est utilisée pour créer une brèche dans le ligament large en dessous de l’ovaire. Cette brèche doit être réalisée entre les vaisseaux qui convergent vers l’ovaire, permettant ainsi le passage du fil pour poser les ligatures. La première ligature intéresse l’artère et la veine utéro-ovarienne en amont de l’ovaire correspondant (Figure 4). La deuxième ligature doit être placée en aval de l’ovaire et intéresse l’artère ovarienne ainsi que sa veine satellite (Figure 5). Le passage du fil pour la réalisation de cette ligature se fait par la même brèche. Les ligatures doivent être placées assez loin de l’ovaire. L’exérèse de l’ovaire se fait ensuite aux ciseaux entre la ligature et l’organe. Nous attirons l’attention sur deux points. Le premier est que l’exérèse de l’ovaire doit s’effectuer le plus loin possible des ligatures pour ne pas les défaire. Le second est qu’il faut réaliser l’ablation de la totalité de la glande pour éviter le retour en chaleur de la truie et par conséquent l’échec de l’intervention. Après vérification de l’hémostase et réinsertion du moignon dans la cavité abdominale, l’exérèse de l’ovaire droit est pratiquée selon la même technique. LAPAROTOMIE SUTURE DE LA PAROI ABDOMINALE L’incision cutanée réalisée au bistouri est oblique, d’arrière en avant et de haut en bas, selon la direction des fibres du muscle oblique interne. Débutant à 2 ou 3 cm en dessous de la pointe de la hanche, elle s’étend sur 5 à 8 cm. Cette incision intéresse la peau, le conjonctif sous cutané et l’oblique externe. La suture se fait classiquement en trois plans. Un premier plan regroupant le péritoine et le muscle transverse est réalisé à l’aide d’un surjet à points passés. La profondeur de la plaie opératoire et l’épaisseur de la couche de tissu adipeux qui double le péritoine peuvent constituer une difficulté lors de la suture de ce plan. Pour pallier cette difficulté, il suffit de saisir chaque lèvre de la plaie avec une pince à forcipressure et de tirer les deux pinces vers le haut afin de pouvoir soulever la paroi abdominale, permettant ainsi la réalisation d’une suture étanche. Ceci permet aussi de réduire le risque de piquer un viscère sous-jacent. Les fibres du muscle oblique interne doivent ensuite être séparées selon la direction de la plaie. Des ciseaux de MAYO sont introduits, lames fermées, entre ces fibres afin de ponctionner d’un seul coup ferme le muscle transverse et le péritoine pariétal. Les ciseaux sont retirés, lames ouvertes, ce qui permet d’élargir la plaie opératoire en vue de la réalisation du deuxième temps opératoire. RECHERCHE ET EXTÉRIORISATION DES OVAIRES L’index glisse contre le péritoine pariétal en direction de l’aile de l’ilium, recherche l’ovaire droit ayant l’aspect mûriforme caractéristique. Une fois identifié, le doigt le comprime contre la paroi abdominale et le fait glisser jusqu’à la plaie en s’aidant avec le pouce appuyé sur la peau du flanc. L’ovaire et la corne utérine correspondante sont attirés délicatement vers la plaie opératoire pour être enfin extériorisés. La recherche de l’ovaire gauche se fait dans la foulée, en suivant le trajet de la corne droite qui nous ramène à la bifurcation du col utérin et par la suite à la corne profonde et à l’ovaire correspondant (Figure 3). Un deuxième plan intéressant l’oblique interne, l’oblique externe et le conjonctif sous cutané est refermé par le même type de suture. Enfin, la suture de la peau se fait au moyen de points en U éversants, puis d’un surjet à points passés pour une meilleure étanchéité de la plaie opératoire. Discussion CHOIX DU TYPE D’ANESTHÉSIE GÉNÉRALE L’acépromazine est un tranquillisant, neuroplégique et régulateur neuro-psychique. Son utilisation chez tous les animaux dont la chair est destinée à la consommation humaine est hors A.M.M [5] mais son usage pour la tranquillisation d’un suidé de compagnie n’est pas contre indiqué. Revue Méd. Vét., 2007, 158, 5, 219-222 001_5_FRIKHA Page 221 Lundi, 11. juin 2007 9:55 09 221 L’OVARIECTOMIE PAR LE FLANC DROIT CHEZ LA TRUIE Figure 1. Truies de compagnie de race mini porc vietnamien. Figure 2. Ovaires d’une truie Pubère (échelle *1). Figure 3. Extériorisation des ovaires. Figure 4. Ligature de l’artère et la veine utéro-ovarienne. Figure 5. Ligature de l’artère et la veine ovarienne. Figure 6. Appareil génital de la truie (POPESKO (1997) modifié). 1- Aorte abdominale 2- Artère et veine ovarienne 3- Ligament large de l’utérus 4- Ligament large de l’ovaire gauche Revue Méd. Vét., 2007, 158, 5, 219-222 5- Ligament large de l’ovaire droit 6- Ovaire gauche 7- Corne utérine droite 8-Trompe utérine gauche 001_5_FRIKHA Page 222 Lundi, 11. juin 2007 9:55 09 222 La kétamine est un anesthésique dissociatif qui présente peu d’effets myorelaxants si la molécule est utilisée seule. L’association avec la xylazine est fortement conseillée. La xylazine est un sédatif, tranquillisant, myorelaxant, analgésique ou anesthésique selon la posologie utilisée. Pour le porc la dose recommandée de xylazine est relativement élevée (0,5 à 3 mg/kg de poids vif par voie intramusculaire [8]. A la dose utilisée (2 mg/kg), l’effet myorelaxant de la molécule est optimal et elle a un effet de synergie marqué avec la kétamine. Du fait des difficultés majeures de contention du porc (même les races naines), la voie IM est privilégiée pour l’induction de l’anesthésie. Toutefois, cette voie présente quelques contraintes spécifiques à l’espèce et liées à l’épaisseur de la couche de graisse sous cutanée. L’aiguille utilisée doit être suffisamment longue et il faut choisir un lieu d’injection où la couche de lard est la moins développée (2 ou 3 travers de doigt en arrière de la base de l’oreille). La faible vascularisation du tissu adipeux entraîne des variations marquées de la réponse aux agents anesthésiques injectés en intramusculaire. Certains auteurs ([6], [8]) préconisent la pose d’un cathéter sur une veine auriculaire ce qui permettra l’administration de doses d’entretien au cours de l’intervention. Cette approche ne présente pas d’intérêt pour cette opération qui est de durée relativement courte. L’anesthésie gazeuse, en dépit de tous ses avantages, présente certains inconvénients du fait de la difficulté d’intubation [8]. L’utilisation d’un masque pour l’induction de l’anesthésie permet de faciliter la manœuvre mais le risque lié à l’exposition de l’équipe chirurgicale aux anesthésiques volatils est accru notamment avec l’halothane. En outre, le risque d’hyperthermie maligne per-opératoire est plus marqué lors de l’utilisation d’halothane [8]. L’utilisation d’anesthésie gazeuse lors des interventions de convenance chez les porcs ne présente aucun intérêt pratique ou économique. LATRACH (R.) ET COLLABORATEURS ovarien. Sa réalisation consiste à passer le fil dans une brèche créée dans le ligament large en dessous de l’ovaire puis à ligaturer l’ensemble des vaisseaux du côté tubaire et enfin à repasser le chef long du même fil autour pédicule ovarien afin de ligaturer les vaisseaux qui irriguent le côté mésovarique de l’ovaire. L’exérèse des ovaires chez les très jeunes truies peut être faite à la faveur d’une simple torsion bornée de la glande [2]. SOINS ET SUITES POST-OPÉRATOIRES Chez les porcins, il est fortement recommandé d’isoler les opérés de leurs congénères pour éviter les manifestations de cannibalisme. L’usage de la dexaméthasone (DEXAFORT®) en une injection unique de 6 mg/100 kg de poids vif par voie intramusculaire permet de prévenir l’œdème aigu des poumons chez cette espèce connue pour sa grande sensibilité au stress. Le suivi de la reprise de l’appétit et du transit digestif doit être assez régulier durant le post-opératoire parce qu’ils constituent un élément prédictif de la réussite de l’intervention. Conclusion L’ovariectomie chez la truie est l’une des interventions les plus importantes à pratiquer dans cette espèce et répond à des indications de convenance en augmentation. La voie d’abord par le flanc droit permet de réaliser une intervention simple, rapide et qui donne d’excellents résultats à condition de bien connaître et de respecter les différentes étapes de la technique opératoire. Bibliographie 1.– CHOIX DE LA TECHNIQUE OPÉRATOIRE Plusieurs variantes opératoires peuvent être utilisées lors d’ovariectomie chez la truie. La différence intéresse essentiellement la voie d’abord ou le procédé d’hémostase. 2.– 3.– Une laparotomie médiane par la ligne blanche peut être envisagée [6]. La recherche des ovaires assez profonds et couverts par toute la masse intestinale constitue une difficulté majeure. Le risque de hernie post-opératoire est, en outre, plus important avec cette approche, notamment chez les animaux lourds. 4.– Une autre variante opératoire consiste en l’utilisation d’une seule ligature transfixante qui intéresse tout le pédicule 8.– 5.– 6.– 7.– BARONE R. : Anatomie comparée des mammifères domestiques. Tome III : Splanchnologie. Ed. Vigot Paris, 1978, 831-849. BERGE E. et WESTHUES M. : Précis de chirurgie vétérinaire. Traduit par APPERT M. et APPERT A., Ed. Vigot, Paris, 1967, 311312. BOURDELLE E. et BRESSOU C. : Anatomie régionale des animaux domestiques. 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