Les composés phénoliques, facteur limitant du grignon d`olive chez
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Les composés phénoliques, facteur limitant du grignon d`olive chez
Les composés phénoliques, facteur limitant du grignon d’olive chez les ruminants F. ZAIDI1*, N. HASSISSENE1, H. ALLOUACHE1, M. KICHOU1, S. OURDANI1, K. REZKI1, M. M. BELLAL2, J.F. GRONGNET3, A.YOUYOU2 Faculté des sciences de la nature et de la vie, Université de Bejaia, 06000 Bejaia, ALGERIE. Département de technologie alimentaire, Institut National Agronomique, 16200 El Harrach, Alger, ALGERIE. Agrocampus Rennes, 65 rue de Saint Brieuc, 35042 Rennes Cedex, FRANCE. 1 2 3 * Auteur chargé de la correspondance : [email protected] RÉSUMÉ L’objectif de ce travail est d’évaluer pour le ruminant l’incidence des composés phénoliques du grignon sur sa propre digestibilité (mesurée in vitro par attaque à la cellulase) et sur la dégradation in vitro de la cellulose (papier filtre) par la cellulase en présence ou non de PEG6000. Les résultats obtenus montrent que le grignon d’olive renferme divers composés phénoliques : des polyphénols solubles dans le méthanol-eau et dans l’acétone-eau, des polyphénols attachés aux parois cellulaires, des flavonoïdes et des tanins (hydrolysables et condensés). Ces métabolites ont la propriété de se lier à la cellulose et aux protéines et d’autre part les deux tiers des composés totaux dosés sont localisés au niveau de la paroi cellulaire. La digestibilité enzymatique de la matière sèche du grignon n’est pas modifiée (p>0,05) par la présence de l’enzyme dans le milieu d’incubation. Après extraction au méthanol-eau et à l’acétoneeau, le résidu solide obtenu se caractérise par une digestibilité enzymatique encore plus faible (p<0,05) ;le traitement de ces mêmes résidus par la soude améliore significativement(p<0,05) cette digestibilité enzymatique du grignon. Les extraits au méthanol-eau et à l’acétone-eau inhibent la dégradation de la cellulose (papier filtre) mesurée par la production de glucose. Cette inhibition varie en fonction de la dose et nature de l’extrait utilisée. En réduisant cet effet inhibiteur, Le PEG6000 confirme l’effet adverse des composés phénoliques du grignon et leur implication dans sa faible valeur nutritive. Mots-clés : Cellulase, Composés Phénoliques, Grignon d’olive, Polyéthylène glycol. Introduction L’industrie oléicole laisse chaque année un sous produit solide (le grignon) abondant et abandonné. Ce résidu peut constituer une ressource fourragère importante pour les ruminants grâce à l’aptitude de ces derniers à utiliser et valoriser les aliments lignocellulosiques. En Algérie, la valorisation d’un tel résidu prend une importance particulière au regard du potentiel fourrager qu’il représente et des problèmes d’alimentation du cheptel, particulièrement en conditions difficiles. L’objectif est de tirer profit de l’énergie brute que renferme ce résidu, soit 4700 Kcal/Kg MS dont prés de 50 % au niveau de la paroi selon nos mesures au laboratoire. Les travaux menés dans le monde sur ce coproduit lignocellulosique [1, 17, 33, 34, 44, 61,62] s’accordent pour souligner sa faible valeur alimentaire et l’effet dépressif du grignon sur la digestibilité totale des rations. Toutefois les conclusions des diverses recherches divergent à propos de la nature et du rôle des facteurs limitant du grignon d’olive, particulièrement les composés phénoliques. Revue Méd. Vét., 2009, 160, 2, 67-73 SUMMARY Phenolic compounds as limiting factor of olive cake in ruminants The objective of this work was to evaluate for ruminants the incidence of the phenolic compounds of the olive cake on its own digestibility (measured in vitro by attack with the cellulase) and on the in vitro degradation of the cellulose (filter paper) by the cellulase in presence or not of PEG6000. The results obtained show that the olive residue contains various phenolic compounds: soluble polyphenols in methanol-water and acetone-water, polyphenols attached to the cell walls, flavonoïdes and tannins (hydrolysable and condensed). These secondary metabolites have the property to bind to cellulose and with proteins and in addition two thirds of the proportioned total compounds are localized binding to the cell walls. The enzymatic solubility of the dry matter of the olive cake is not modified (p>0, 05) by the presence of the enzyme in the medium of incubation. After extraction of the latter, the solid residue obtained is characterized by an enzymatic digestibility even lower (P<0,05). The treatment of these same residues by soda improves significantly (P>0,05) the digestibility of the olive cake. The extracts with methanol-water and acetonewater inhibit the degradation of the cellulose (filter paper) measured by the production of glucose. This inhibition varies according to the amount and nature of the extract used. By reducing this inhibiting effect, the PEG6000 confirms the unfavorable effect of the phenolic compounds of the olive cake and their implication in its nutritive low value. Keywords: Cellulase, Olive cake, Phenolic Compounds, Polyethylene Glycol. Le rôle des composés phénoliques présents dans l’olive et le grignon [11, 25, 33, 34,51] est très controversé. De nombreuses études ont montré l’effet dépressif de tels métabolites secondaires sur la digestibilité des aliments [37, 38,47] ; SILANIKOVE et al. [57] notent que l’effet des tanins est apparent même chez les plantes à teneurs relativement faibles en tannins. Selon NEFZAOUI [44], ces substances seraient hautement polymérisées dans le grignon et par conséquent non réactives. MARTIN-GARCIA et al. [33] rapportent qu’à un certain degré la faible valeur nutritive de ce sous produit s’expliquerait par la présence de composés phénoliques tels que les tanins qui peuvent limiter la disponibilité des nutriments. L’utilisation de composés comme le PEG, connu pour dissocier les complexes tannin-protéines, peut aider à clarifier la présence et l’effet des tannins sur la digestion du grignon dans le rumen. La recherche d’un modèle de valorisation d’un tel sous produit pour le ruminant passe par l’identification et la maitrise de ses facteurs limitant. L’objectif de ce travail est d’évaluer la teneur du grignon d’olive tamisé en composés phénoliques 68 (CP) et l’effet de ces derniers d’une part sur la digestibilité enzymatique de la matière sèche du grignon et d’autre part sur la dégradation de la cellulose par une enzyme (la cellulase). Matériels et Méthodes EXTRACTION ET DOSAGE DES COMPOSÉS PHÉNOLIQUES Extraction des composés phénoliques Le matériel végétal est représenté par du grignon d’olivevariété chemllal- issu d’une extraction de l’huile d’olive à trois phases ; il est séché à l’air libre (dans un endroit sec, ventilé et ombragé), tamisé et épuisé. Sur ce produit sec (90 % de MS en moyenne), les extractions (Figure 1) sont effectuées selon la technique rapportée par RANALLI et al. [46] ; nous avons utilisé deux solvants : du méthanol / eau (70/30) et de l’acétone / eau (70/30). 2 g d’échantillon sont extraits avec 50 ml du solvant pendant 1 heure sous agitation magnétique et à température ambiante. L’extrait est filtré sous vide à travers des creusets filtrant en verre fritté (porosité 3) et le résidu est repris deux fois avec le même volume de solvant. Les volumes des 3 filtrats obtenus sont mélangés pour donner l’extrait brut (dosage des composés phénoliques et effets sur l’activité de la cellulase). Pour doser les acides phénols attachés aux parois cellulaires [53], une extraction avec 100 ml de NaOH (1 N) est réalisée sur les deux résidus solides précédemment obtenus pendant 20 heures à froid ; après filtration sous vide nous obtenons le filtrat (dosage des composés phénoliques) et un résidu solide. ZAIDI (F.) ET COLLABORATEURS Dosage des composés phénoliques Pour quantifier les différentes fractions phénoliques, nous avons suivi le schéma analytique (figure 2) de SCEHOVIC [53]. Nous avons utilisé la méthode rapportée par PESHEL et al. [45] pour déterminer les teneurs en phénols solubles totaux, phénols non attachés à la cellulose, acides phénoliques attachés aux parois cellulaires et les phénols simples non attachés à la protéine. Pour les phénols polymérisés nous avons utilisé la méthode décrite par HAGERMAN et BUTLER [18] et FAO/IAEA [15]. Pour les flavonoïdes la technique utilisée est celle de BAHORUN et al. [7]. Le dosage des protéines est réalisé selon la méthode de BRADFORD [9].Les résultats sont exprimés en équivalent d’acide gallique pour les phénols totaux solubles, les phénols attachés aux parois et les acides phénoliques non attachés à la cellulose. Les phénols polymérisés sont exprimés en équivalent d’acide tannique et les flavonoïdes en équivalent de quercitine. Tous les résultats sont rapportés en % du grignon d’olive. DIGESTIBILITÉ ENZYMATIQUE DES SUBSTRATS DE GRIGNON D’OLIVE La digestibilité de la matière sèche est déterminée selon la méthode enzymatique à la pepsine-cellulase décrite par AUFRERE et MICHALET-DOREAU [5].Les mesures de la digestibilité in vitro ont portés sur les 4 résidus solides d’extraction en plus du témoin (grignon sans extraction), utilisé en présence ou non de solution enzymatique [cellulase ONOZUKA R-10 from Trichoderma viridie, 1U /mg for Biochimistery (EC. NU.232, EC-Label)]. INFLUENCE DE L’EXTRAIT DE GRIGNON SUR LA DÉGRADATION IN VITRO DE LA CELLULOSE La méthode de LOPEZ et al. [28] a été utilisée pour mesurer l’effet de deux doses (D1= 0,1 ml ; D2 = 0.2ml) d’extrait brut de grignon d’olive au méthanol/eau (soit GM), et à l’acétone/eau (soit GA) sur la dégradation de la cellulose (papier filtre, 10 mg) par action d’un ml de solution cellulasique [cellulase ONOZUKA R-10 from. Trichoderma viridie, 1U /mg for Biochimistery (EC. NU.232, EC-Label)], en présence ou non de PEG6000 (P ; 0.3 ml) ; les volumes sont ajustés à 1.5 ml par la solution tampon (tampon acétate, pH 4,9). La quantité de glucose produite est mesurée selon la méthode de DREYWOOD [13]. ANALYSE STATISTIQUE DES RÉSULTATS Toutes les déterminations sont menées en triple et répétées trois fois. Les résultats ont fait l’objet d’une analyse statistique (ANOVA et comparaison multiple des moyennes) au moyen du logiciel Statview (Statview 4.02 ; SAS Institute Inc., San Francisco, Résultats TENEUR EN COMPOSÉS PHÉNOLIQUES FIGURE 1 : Schéma d’extraction des composés phénoliques. Les résultats rapportés dans le tableau I montrent la présence Revue Méd. Vét., 2009, 160, 2, 67-73 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES DU GRIGNON DʼOLIVE CHEZ LES RUMINANTS 69 FIGURE 2 : Schéma de détermination des différentes fractions phénoliques. de diverses classes et catégories de composés phénoliques. Les teneurs varient de 1.2 % (méthanol) à 1.5 % (acétone) pour les phénols totaux solubles, de 0.17 % à 0.24 % respectivement pour les phénols polymérisés et de 0.16 % à 0.19 % pour les flavonoïdes. Une fraction importante des composés phénoliques du grignon d’olive est fortement liée aux parois cellulaires (2.08 % et 2.64 % respectivement pour les extraits au méthanol et à l’acétone) soit les 2/3 des composés phénoliques totaux révélés par nos dosages. Les composés phénoliques solubilisés par chacun des deux solvants se distinguent par leur propriété à se lier à la cellulose (41 à 60 %) et aux protéines (59 %). Nous notons que les extraits à l’acétone-eau sont plus riches (P<0,05) en composés phénoliques que les extraits au méthanol-eau. SOLUBILITÉ ENZYMATIQUE DE LA MATIÈRE SÈCHE DU GRIGNON Les résultats de digestibilité enzymatique de la matière sèche du grignon avant et après les diverses extractions subies sont résumés dans le tableau II. Nous notons que la présence ou l’absence de l’enzyme dans le milieu d’incubation n’influe pas (P>0,05) sur la solubilité enzymatique de la matière sèche du grignon (17.13 % contre 16.16 % respectivement). Cette solubilité de la matière sèche diminue fortement après extraction des composés phénoliques par les solvants utilisés pour atteindre 8.06 % et 4.78 % respectivement pour le grignon extrait au méthanol et extrait à l’acétone ; par rapport au témoin, les baisses de digestibilité s’élèvent à 53 % et 72 % Composés Phénoliques Phénols totaux solubles Acides phénoliques attachés aux parois Phénols non attachés à la cellulose Phénols polymérisés Phénols non attachés à la protéine Flavonoïdes Solvant Méthanol/Eau 1.18 ± 0.03 2.08 ± 0.07* 0.84 ± 0.04* 0.17 ± 0.01* 0.52 ± 0.05* 0.16 ± 0.03* Sur une même ligne, les valeurs suivies du même signe sont significativement différentes entre elles ; (P<0,05). TABLEAU I : Teneur en composés phénoliques du grignon d’olive (% du produit). Revue Méd. Vét., 2009, 160, 2, 67-73 Acétone/Eau 1.50 ± 0.04 2.64 ±0.19* 1.32 ± 0.05* 0.24 ± 0.18* 0.61 ± 0.01* 0.19 ± 0.01* 70 Substrats Grignon (sans enzyme dans le milieu d’incubation) Grignon (Témoin) avec enzyme Grignon Extrait au méthanol/eau Grignon Extrait à l’acétone/eau Grignon Extrait au méthanol/eau et traité avec NaOH Grignon Extrait à l’acétone/eau et traité avec NaOH ZAIDI (F.) ET COLLABORATEURS Digestibilité enzymatique (%) 16.16 ± 2.4a 17.13 ± 3.5a 8.06 ± 2.83b 4.78 ± 0.91b 50.62 ± 0.38c 49.29 ± 1.70c Les moyennes suivies de la même lettre ne diffèrent pas significativement (p>0,05). TABLEAU II : Digestibilité enzymatique de la MS du grignon d’olive (Moyenne ± écart type). Les substrats suivis de la même lettre ne sont pas significativement différents entre eux (P>0,05) (Témoin : sans extrait et sans PEG ; P : PEG6000 ; GA : Extrait de grignon d’olive à l’acétone-eau ; GM : Extrait de grignon d’olive au méthanol-eau. D1 : 0,1 ml d’extrait ; D2 : 0,2 ml d’extrait.) FIGURE 3 : Influence des extraits de grignon d’olive (GM ou GA) et du PEG(P) sur la production de glucose (mg/ml). respectivement. Le traitement à la soude appliqué au grignon s’accompagne d’une amélioration remarquable et significative (P<0,05) de la solubilité de la MS qui atteint 49-50 %. Discussion L’objectif de ce travail est d’évaluer in vitro l’incidence des composés phénoliques du grignon sur sa propre digestibilité et sur la dégradation de la cellulose. Nos données analytiques ont montré que le grignon d’olive renferme divers composés phénoliques : des poly phénols solubles dans les solvants utilisés (méthanol-eau et acétone-eau), des poly phénols attachés aux parois cellulaires, des flavonoïdes et des tanins. La mise en évidence de telles substances est en accord avec les données de nombreux auteurs pour l’olive [11, 46, 50, 55] les feuilles d’olivier [33, 46] et le grignon d’olive [11, 27, 33, 64]. Le mélange acétone-eau (70/30) serait plus efficace (P<0,05) que le méthanol-eau ; des résultats similaires sont rapportés par SCALBERT [52] et AREIAS et al. [3] pour des feuilles d’arbres et AVALLONE et al. [6] dans le cas du caroubier. Il est difficile de comparer nos données avec celles de la littérature tant divers facteurs peuvent influer tels que le cultivar [31, 46, 50, 60], le mode d’extraction d’huile [27, 39] et à l’extraction des composés phénoliques tel que la méthode de conservation des substrats [31, 52] et le mode d’extraction de ces composés phénoliques ; le type du solvant, le temps d’extraction et le nombre d’étapes d’extraction sont les principaux facteurs influençant l’extraction [14]. La présence de tannins hydrolysables, de tanins condensés ainsi que de flavonoïdes est en accord avec les données de différents auteurs [10, 11, 33, 46]. Nos résultats ont montré qu’une fraction importante des phénols totaux du grignon est liée aux parois cellulaires et sont libérés après attaque à la soude. RIBEREAUGAYON [48] rapporte qu’une hydrolyse alcaline libère les acides benzoïques et les acides cinnamiques. Ce phénomène a été rapporté par d’autres auteurs pour les coproduits de l’oléiculture ; ANTOLOVICH et al. [2] notent que les acides phénols attachés aux parois cellulaires des feuilles d’olivier sont libérés par une hydrolyse alcaline du résidu solide après extraction au méthanol. LESAGE MEESSEN et al. [27] montrent que le traitement à l’alcali libère l’acide p-coumarique Témoin : sans extrait et sans PEG ; P : PEG6000 ; GA : Extrait de grignon d’olive à l’acétone-eau ; GM : Extrait de grignon d’olive au méthanoleau. D1 : 0,1 ml d’extrait ; D2 : 0,2 ml d’extrait. FIGURE 4 : Inhibition de l’activité de la cellulase (en % du témoin) par les extraits de grignon d’olive (GM ou GA), en présence ou non de PEG (P). et l’acide caféique du grignon d’olive. D’autre part nous avons mis en évidence la propriété des composés phénoliques du grignon à se lier à des macromolécules (cellulose et protéines). En effet, d’une part 41 % (méthanol) à 60 % (acétone) des phénols totaux solubles se lient à la cellulose et d’autre part, 56 % (extrait au méthanol) à 59 % (extrait à l’acétone) de ces mêmes polyphénols peuvent se lier aux protéines. Ces observations s’accordent avec les propriétés des tanins rapportés par la littérature [8, 12, 18, 19, 36, 2, 47, 49, 59]. Les résultats de solubilité enzymatique varient en fonction du traitement appliqué au grignon. Il est intéressant de noter que l’addition de l’enzyme (la cellulase) dans le milieu d’incubation n’améliore pas (P>0,05) la digestibilité du grignon. Ce résultat traduirait une simple solubilisation du contenu cellulaire du grignon dans le milieu d’incubation. L’absence d’un effet notable de la cellulase serait lié d’une part au caractère lignocellulosique du grignon et d’autre part à la présence de composes phénolique dans le grignon et dont une fraction serait solubilisée dans le milieu d’incubation. L’eau est le solvant universel utilisé pour l’extraction des composés phénoliques [43, 52] et l’ajout d’une certaine quantité d’eau aux différents solvants organiques améliore l’efficacité d’extraction [52]. Cette hypothèse s’accorde avec Revue Méd. Vét., 2009, 160, 2, 67-73 COMPOSÉS PHÉNOLIQUES DU GRIGNON DʼOLIVE CHEZ LES RUMINANTS nos résultats de dosage des composés phénoliques. Ces métabolites secondaires sont connus pour inhiber l’activité enzymatique [32, 59]. La résistance des composés pariétaux à la dégradation est attribuée à un effet barrière de la lignine contre la dégradation de la cellulose et l’hémicellulose [16]. 71 L’effet de différents composés phénoliques sur la digestibilité in vitro de la cellulose est rapporté par de nombreux auteurs [20, 24, 26, 42, 49, 59]. Nous avons déjà mis en évidence au laboratoire (données non publiées) une inhibition de 30 à 70 % et 13 à 46 % respectivement de l’activité de la beta glucosidase et de la cellobiose-hydrolase en présence d’extrait de grignon d’olive par la salive artificielle obtenu selon la méthode décrite par SCEHOVIC [54]. McALLISTER et al. [35] ont montré que des endoglucanases de différentes origines sont fortement inhibées par les tannins. Une action directe sur le complexe enzymatique bloquant les sites actifs [19] et/ou privation de substrat par formation de complexes composés phénoliques- cellulose [26, 36] représentent les deux mécanismes d’action mis en jeu dans ces réactions et rapportés par la littérature. Il est cependant très difficile de faire la distinction entre les deux mécanismes. Nous avons noté que 41 % (extrait au méthanol) à 60 % (extrait à l’acétone) des phénols totaux solubles dans les deux solvants utilisés ont la propriété de se lier à la cellulose ; d’autre part, 56 % (extrait méthanol) à 59 % (extrait acétone) de ces phénols peuvent de lier aux protéines. Les données de solubilité du grignon après extraction à l’acétone ou au méthanol sont significativement diminuées par rapport au témoin (P<0,05). L’extraction au solvant s’est accompagnée d’une solubilisation du contenu cellulaire du grignon laissant ainsi un substrat riche en parois cellulaire résistante à la dégradation enzymatique ; la présence de matières protéiques dans chacun des deux extraits bruts est en faveur de cette hypothèse. Le grignon est connu pour sa richesse en lignocellulose (une teneur en parois totale variant de 49.9 % à 83,2 % de la matière sèche selon nos divers dosages et dont les deux tiers sont représentés par la lignocellulose). MOLINA et AGUILERA [40] ont montré la faible utilisation digestive des constituants membranaires du grignon d’olive. L’effet dépressif de la lignification des parois cellulaires est largement étudié [23, 24] et les résultats de recherche s’accordent pour considérer la lignine comme le premier facteur limitant la dégradabilité des parois cellulaires [23]. L’incrustation de la lignine dans les polysaccharides pariétaux a été proposée comme mécanisme par lequel la lignine limite la dégradation des glucides pariétaux par les enzymes ou les microorganismes du rumen [63]. Les améliorations enregistrées après le traitement de ces mêmes résidus à la soude, confortent cette hypothèse et s’accordent avec différents chercheurs [1, 44]. La soude est l’un des alcalis largement étudié et préconisé pour l’amélioration de la valeur nutritive des aliments lignocellulosiques pour le ruminant. La soude est connue pour ses actions au niveau des différentes liaisons entre constituants pariétaux [16] et ses effets de rupture ou fragilisation des liaisons chimiques entre lignine-cellulose et hémicellulose rendant ainsi les glucides pariétaux plus accessibles aux enzymes. Nous avons noté dans le présent travail que prés de 60 % des CP totaux dosés dans le grignon, localisés au niveau de la paroi cellulaire, se retrouvaient dans l’extrait à la soude. ARGILLIER et al. [4] rapportent que les acides hydroxy cinnamiques, principalement l’acide ferulique et l’acide p-coumarique, se lient aux hémicelluloses par des liaisons covalentes (ester). La soude agit également au niveau de ces liaisons et solubilise les composés phénoliques. Cette solubilisation des CP par la soude (confirmée par nos dosages) serait à l’origine de l’augmentation de la digestibilité du grignon. Conclusion Dans le deuxième essai une diminution significative (P<0,05) de la production de glucose a été observée en présence des extraits utilisés. Cette inhibition est d’autant plus élevée que la dose d’extrait augmente. Les composés phénoliques apportés par les extraits seraient à l’origine de cette inhibition de la production du glucose. La variabilité des résultats obtenus traduisent la mise en jeu non seulement d’effets des facteurs testés (type de solvant utilisé, dose d’extrait et apport de PEG) mais également d’interaction entre eux. Les différences observées entre méthanol et acétone peuvent s’expliquer non seulement par les écarts de teneur en composés phénoliques totaux de chacun des extraits [23] mais aussi par la nature des composés phénoliques présents et leur proportion [12, 49] ainsi que le rapport composés phénoliques / substrat et / ou composés phénoliques / enzyme [20]. Les résultats de cette étude montrent que le grignon d’olive n’est pas riche seulement en lignocellulose mais également en divers composés phénoliques : des poly phénols solubles dans le méthanol-eau et dans l’acétone-eau, des polyphénols attachés aux parois cellulaires, des flavonoïdes et des tanins (hydrolysables et condensés). Ces métabolites secondaires sont largement impliqués dans la faible valeur alimentaire de ce coproduit d’une part par leur association avec la lignocellulose et d’autre part par leurs propriétés biologiques. Présents dans le produit, ils limitent sa digestibilité propre ; extraits ou solubilisés dans le milieu, ils inhibent l’activité de la cellulase. Les améliorations liées à l’emploi de PEG confirment le rôle des composés phénoliques du grignon. La quantité de PEG utilisée dans ces essais ne semble pas suffisante pour contrer totalement l’action inhibitrice des composés phénoliques du grignon. Revue Méd. Vét., 2009, 160, 2, 67-73 Le polyéthylène-glycol (PEG) est aussi capable de former des complexes avec les tannins [8, 21] et il a été utilisé pour réduire la formation de complexes tannin-protéines ou pour dissocier ces complexes [30, 56]. Le PEG peut être aussi utilisé pour discriminer les effets nutritionnels dus aux tanins des autres facteurs. Les améliorations enregistrées avec le PEG confirment la présence de composés phénoliques dans nos extraits et de leurs activités inhibitrices ; ces observations sont en accord avec les données de SILANIKOVE et al. [58] et MIN et al. [38]. L’effet positif du PEG sur la digestibilité de la cellulose est lié à la neutralisation de l’effet adverse des tannins sur la dégradation enzymatique du substrat grâce à sa capacité à se lier aux tannins, empêchant ainsi ces derniers de former des complexes avec les protéines [22, 34, 56, 65]. Nous avons en effet maintenu dans nos essais une quantité constante en PEG alors que la quantité de composés phénoliques variait avec la dose et nature de l’extrait utilisé. L’importance de ce rapport est soulignée par MARTÍN GARCÍA et al. [33] qui rapportent qu’un faible apport en PEG ne permet pas de contrer totalement l’action dépressive des tannins. 72 ZAIDI (F.) ET COLLABORATEURS Remerciements 19. - HASLAM E.: Polyphenol-protein interactions. Biochem. J., 1974, 139, 285-288. Nous remercions le Docteur M. IGUERROUADA pour son aide au traitement statistique des résultats. 20. - HOMER K.A., MANJI F., BEIGHTON D.: Inhibition of peptidase and glycosidase activities of Porphyromonas gingivalis, Bacteroides intermedius and Treponema denticola by plant extracts. J. Clin. Periodontol., 1992, 19, 305–310. Bibliographie 1. - AGUILERA J.F., MOLINA E. : Valorisation nutritive d’un grignon d’olive traité à la soude. Ann. Zootech., 1986, 345, 205-218 2. - ANTOLOVICH M., PRENZLER P., ROBARDS K., RYAN D.: Sample preparation in the determination of phenolic compounds in fruits. Analyst., 2000, 125, 989-1009. 3. - AREIAS F., VALENTAO P., ANDRADE P.B., FERRERES F., SEABRA R.M.: Flavonoids and phenolic acids of sage: infuence of some agricultural factors. J. Agri. Food Chem., 2000, 48, 6081-6084. 4. - ARGILLIER O., BARRIERE Y., LILA M., JEANNETEAU F., GELINET K., MENANTEAU V.: Genotypic variation in phenolic components of cell-walls in relation to the digestibility of maize stalks. 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