L`enlèvement de Proserpine par Pluton, dit aussi Le Feu par Girardon

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L`enlèvement de Proserpine par Pluton, dit aussi Le Feu par Girardon
L’enlèvement de Proserpine par Pluton,
dit aussi Le Feu par Girardon
L’Enlèvement de Proserpine par Pluton ou Le Feu (1675-1687), par Girardon (1628-1715),
marbre blanc en ronde-bosse. Plus de 300 cm. MR 1865.
© EPV / Fabienne Larrieu
L’enlèvement de Proserpine par Pluton ou Le Feu de Girardon
Etablissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles – www.chateauversailles.fr
Secteur éducatif - RP 834 - 78008 Versailles Cedex
01 30 83 78 00 – [email protected]
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Le sculpteur, la commande
Girardon est originaire de Troyes mais s’installe très tôt à Paris où il bénéficie de la protection du
chancelier Séguier. Il est proche de Le Brun. En 1657, il devient membre de l’Académie royale de
peinture et de sculpture et participe à tous les grands chantiers royaux.
Le groupe L’Enlèvement de Proserpine par Pluton fut commandé à Girardon en 1675. Il faisait partie
de la Grande Commande. Des huit Enlèvements commandés à différents artistes pour orner le
parterre d’Eau, seuls trois ont été réalisés. Pour son Enlèvement, Girardon s’inspire du groupe
L’Enlèvement de la Sabine de Giambologna, sculpteur du Nord qui fit carrière en Italie. Il y puise toute
une inspiration baroque qui éclate dans cette réalisation.
La sculpture de Girardon relève d’une prouesse technique. En effet, le groupe fut sculpté dans un bloc
de marbre de Carrare de plus de seize tonnes.
En 1699, sous les ordres de Louis XIV, le groupe est placé dans le bosquet circulaire de la Colonnade
construit par Jules Hardouin-Mansart quinze ans auparavant.
Aujourd’hui, l’original est conservé à l’Orangerie de Versailles et c’est une copie que le visiteur peut
contempler dans les jardins.
L’œuvre à la loupe
Rappel du mythe
Sous l’impulsion de Vénus, Pluton, roi des Enfers, tombe amoureux de sa nièce Proserpine, fille de sa
sœur Cérès, déesse de la Terre et des Moissons, et de son frère Jupiter. Les parents s'opposant au
mariage, le dieu souterrain enlève la jeune fille, alors qu'elle cueille des fleurs dans la campagne
sicilienne.
Quand Cérès s'aperçoit de la disparition de sa fille, elle est désespérée et part à sa recherche. En
vain. Elle finit par apprendre le nom du ravisseur et, furieuse que son propre frère ait pu faire cela,
décide de ne plus remplir ses fonctions divines vis-à-vis des cultures, jusqu'à ce que sa fille lui soit
rendue. La terre devient alors stérile et ses habitants meurent de faim.
Ému de leur détresse, Jupiter ordonne à Pluton de rendre la captive. Malheureusement, cette dernière
a avalé le pépin d'une grenade du monde souterrain. Elle est donc liée pour toujours au séjour des
Morts. Un accord est quand même trouvé : Proserpine passera la moitié de l'année avec sa mère et
l'autre avec son époux. Pendant ces mois de séparation, Cérès porte le deuil de sa fille et la terre
reste stérile : c'est l'hiver.
Cet épisode de la mythologie se rattache à la thématique solaire dans la mesure où il vise à illustrer
les effets bienfaisants du soleil sur la Nature.
Le mythe revisité par le sculpteur
Plusieurs points de vue sont ménagés par le sculpteur pour rendre la composition dynamique. Les
visages des personnages ne peuvent être vus d’un seul regard et le spectateur est amené à tourner
autour de l’œuvre pour en cerner tous les aspects. Il n’y a pas de point de vue privilégié, c’est le
mouvement tournoyant qui prime. Le socle circulaire qui surélève le groupe fait écho à la circularité du
bosquet, ce qui concoure à emporter le spectateur et à le mettre en mouvement.
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Le personnage masculin, Pluton, est représenté avec une épaisse barbe qui accentue son côté
sauvage. Il est nu, fermement campé sur ses deux pieds, jambe droite en avant, jambe gauche en
arrière, le corps également rejeté vers l'arrière. Il porte une couronne sur la tête qui rappelle son statut
de roi des Enfers.
Il se dégage de lui une grande puissance. Il use de sa force
pour tenir à bras le corps une femme qui se débat. Sa tête est
tournée vers la gauche comme pour échapper aux mains de la
jeune fille.
La femme enlevée est Proserpine. Elle est presque entièrement
nue. Cette nudité prouve la violence qu'elle est en train de subir
car son vêtement, une pièce de tissu, a été arraché et ne
recouvre plus son corps, il s'est enroulé autour d'une de ses
cuisses. On voit qu'elle se débat, affolée. Son corps rejeté vers
l'arrière, elle tente de se dégager de l'emprise de son ravisseur,
tournant la tête pour ne pas le voir, les bras battant l'air. Il est
assez remarquable de constater que le vêtement de la jeune
fille sert à cacher les parties sexuelles de Pluton et que son
talon est précisément posé à cet endroit.
Le troisième personnage est la nymphe Cyané, qui, dans la
mythologie grecque, est une naïade de Sicile. Le lac qu'elle
habite porte son nom. Elle va être transformée en rivière, d'où sa
position à moitié couchée. A demi dévêtue elle aussi, elle
s'appuie d'une main sur le sol et agrippe de l'autre le vêtement
de Proserpine pour tenter de la retenir.
La violence de la scène est suggérée par une disposition des
personnages qui laisse la part belle au mouvement. Ce sont les
regards, les bustes et visages tournés dans des directions
différentes, les mouvements antagonistes (Proserpine essayant
de se dégager par le haut tandis que Cyané tire son vêtement
vers le bas), qui traduisent tout l'enjeu de la scène, tendue entre
les efforts de la jeune fille pour échapper à son ravisseur et la
force de celui-ci. Vue de l'arrière, la scène fait paraître un
enchevêtrement de membres (bras droit de Cyané et cuisse
droite de Proserpine, bras droit de Pluton) qui montre aussi la
violence du rapt. Le groupe tout entier se déploie dans un
mouvement en spirale.
© F. Larrieu
Le socle
Le piédestal de ce groupe est orné de reliefs libres
qui reprennent de manière narrative les épisodes
du mythe. Le Lorrain collabora à cette réalisation
magnifique. On soulignera la qualité plastique du
travail des sculpteurs qui font de ces reliefs des
récits animés d’ombres et de lumières
extrêmement vivants. Les détails très fouillés
témoignent de leur grande habileté et donnent une
touche naturaliste à ces épisodes mythologiques.
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Une première scène intitulée Proserpine et ses nymphes cueillant des fleurs représente Proserpine
cueillant des fleurs en compagnie de ses amies. En arrière-plan, on voit cependant l'une d'elles, les
bras levés au ciel en signe de peur, ce qui laisse à penser que la scène préfigure l'épisode de
l'enlèvement.
Une deuxième scène, Pluton entraînant Proserpine vers
l’entrée des Enfers, reprend l'épisode de l'enlèvement mais
enrichie par un certain nombre de détails. On y voit bien sûr
Pluton tenant Proserpine à bras le corps, avec la nymphe
Cyané assise à ses pieds et qui s'accroche au vêtement de
Proserpine pour la retenir. Le bas de son corps se confond
avec le sol pour rappeler qu'elle est en train d'être transformée
en source.
Pluton est debout sur son char dont on distingue nettement
l'une des roues ainsi que les chevaux. Le groupe se dirige vers
les portes des Enfers. L'impression de mouvement est donnée
aussi bien par le vêtement flottant autour d'eux que par la
queue du cheval. Autour des personnages principaux, on
remarque la présence de plusieurs groupes d'amours
suspendus dans les airs. L'un d'eux tient un arc avec lequel il
vient de tirer une flèche, rappelant ainsi que l'amour qui
possède Pluton est l'œuvre d'Eros, dieu de l'amour. D'autres
amours conduisent les chevaux de Pluton.
La troisième scène, Cérès sur son
char recherchant sa fille montre la
déesse des Moissons cherchant sa
fille dans les Enfers. Elle aussi est
montée sur un char tiré par un dragon
ailé. Elle est accompagnée de
personnages féminins qui tiennent
des flambeaux, indiquant que la scène
se déroule dans le monde souterrain.
© F. Larrieu
Pour voir l’image en haute définition et l’exploiter en classe :
http://collections.chateauversailles.fr/?permid=permobj_1222a971-48e4-481b-94e2-3998d06e6a30
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Les sources littéraires
La sculpture est l'illustration de plusieurs textes de la littérature gréco-romaine.
Les Hymnes Homériques :
Hymne à Déméter L'Enlèvement de Perséphone
Dans cet hymne, le poète raconte l'errance de Déméter (Cérès en latin) qui cherche sa fille Coré
(également appelée Perséphone et Proserpine).
Déméter se renseigne auprès des dieux pour savoir qui a enlevé sa fille. Hélios, le soleil, lui apprend
que Zeus/Jupiter, le roi des dieux, l'a donnée pour épouse à Hadès/Pluton, le dieu des Enfers, c'est à
dire les lieux souterrains, les lieux en deçà.
Rappelons aussi l'origine étymologique du nom Pluton. Il s'agit de l'adjectif grec « ploutos » qui signifie
« riche ». Cela indique que Pluton gouverne le monde souterrain, lieu de toutes les richesses du soussol. Pluton est frère de Jupiter et de Cérès, il est donc l'oncle de Proserpine.
« Pour commencer, je chanterai la vénérable Déméter, cette déesse à la chevelure magnifique et sa
fille [Perséphone]. Bien qu'elle fût capable de courir avec rapidité, cette dernière fut jadis enlevée par
Hadès. Zeus, le maître de la foudre, la lui accorda alors qu'elle jouait avec les jeunes filles d'Océan
aux tuniques flottantes, loin de sa mère, la déesse dont la faucille étincelante offre les moissons
dorées. Dans une prairie à la terre molle, elle cherchait des fleurs, cueillant roses, fleurs de safran,
modestes violettes, iris, jacinthes et narcisses. Sur les conseils de Zeus et pour séduire cette vierge
aimable, la Terre, dans son désir de plaire au cupide Hadès, fit pousser le narcisse, plante charmante
qu’admirent autant les hommes que les immortels car d'une seule racine sortent cent fleurs et le ciel
immense, la terre féconde et les flots marins sont ravis de ses suaves effluves. Sous le charme, la
déesse arrache de ses deux mains cet ornement de prix. Aussitôt la terre s’entrouvre à cet endroit et
le fils de Cronos, le roi Hadès, s’élance porté par ses chevaux immortels. Malgré les gémissements de
la jeune vierge, le dieu la saisit et l’enlève sur son char scintillant d’or. A grands cris, elle implore son
père, Zeus, le premier et le plus puissant des dieux [...].
Ainsi, avec le consentement de Zeus, Hadès, qui dompte tout, le fils renommé de Cronos, porté par
ses immortels coursiers entraîne la jeune fille, malgré sa résistance et bien qu’il soit son oncle
paternel. »
Les Métamorphoses d’Ovide, Livre V
Cérès et Proserpine (v. 385-401)
« Non loin des murs d'Henna* est un lac profond qu'on appelle Pergus. Jamais le Caÿstre** ne vit
autant de cygnes sur ses bords. Des arbres au feuillage épais couronnent le lac d'un berceau de
verdure impénétrable aux rayons du soleil. La terre que baigne cette onde paisible est émaillée de
fleurs. Là, sous le souffle des Zéphyrs, règnent l'ombre, la fraîcheur, un printemps éternel. Là, dans un
bocage, jouait Proserpine. Elle allait, avec la joie ingénue de son sexe et de son âge, cueillant la
violette ou le lis, en ornant sa poitrine, en remplissant des corbeilles, jouant avec ses compagnes à qui
rassemblerait les fleurs les plus belles.
Pluton l'aperçoit et s'enflamme. La voir, l'aimer et l'enlever est pour lui l'affaire d'un instant. La jeune
déesse, dans son trouble et son effroi, appelle en gémissant sa mère, ses compagnes, sa mère
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surtout. Sa robe déchirée laisse tomber tous les lis qu'elle a cueillis. Ô candeur de son âge ! Dans ce
moment terrible, c'est la perte de ses fleurs qui suscite encore ses regrets. »
* Henna: ville de Sicile où se trouve une caverne, lieu d'un culte rendu à Pluton et Proserpine
** Caÿstre: fleuve de Lydie, en Asie Mineure, situé actuellement en Turquie.
Le voyage vers les Enfers (v. 402)
« Cependant le ravisseur hâte ses coursiers. Il les excite en les appelant l'un après l'autre par leur
nom. Sur leur cou et sur leur longue crinière, il agite les rênes et le frein que rouille et noircit leur
écume. Il traverse les lacs profonds et les étangs des Palices, dont les eaux bouillantes s'imprègnent
du soufre qui sort de la terre brûlante, ainsi que les champs où les Bacchiades, qui abordèrent en
Sicile depuis l'île de Corinthe et bâtirent Syracuse entre deux ports de taille différente. »
Cyané changée en source (v. 409 à 438)
« Entre Aréthuse et Cyané, deux écueils forment un étroit bras de mer. C'est là qu'habite Cyané, la
plus belle des Nymphes de Sicile, et le lac porte son nom. Dressée de la moitié du corps au-dessus
des eaux profondes, elle aperçoit le ravisseur et lui crie: "Vous n'irez pas plus loin. En dépit de Cérès,
vous ne pouvez être l'époux de sa fille. Il fallait demander sa main et non l'enlever. S'il m'est permis de
faire une telle comparaison, je fus moi-même aimée d'Anapis et je l'épousai, vaincue par ses prières,
non par cet effroi dont la jeune déesse est saisie."
À ces mots elle étend ses bras pour l'empêcher de passer. Le fils de Saturne ne peut plus retenir sa
colère. D'un bras nerveux il lance son sceptre dans le fond du lac. Frappée, la terre reçoit le char dans
ses flancs et lui ouvre le chemin des Enfers.
La Nymphe gémit. Elle déplore l'enlèvement de Proserpine et ses droits violés par son onde. En
secret dans son cœur, elle conserve une douleur que le temps ne peut guérir. Elle fond en pleurs et
se dissout dans les mêmes eaux dont elle fut la divinité. On aurait pu voir alors tous ses membres
s'amollir, ses os devenir flexibles, ses ongles perdre leur dureté. On aurait pu voir ses blonds
cheveux, ses doigts légers, ses jambes et ses pieds délicats se changer en limpides canaux. On
aurait pu voir ses épaules, son dos, ses flancs et son sein s'écouler en ruisseaux. Ce n'est plus du
sang, c'est de l'eau qui coule dans ses veines et, de la Nymphe de l'onde, il ne reste plus rien que la
main puisse presser. »
Cérès recherche sa fille (v. 438)
« Cependant, alarmée du sort de sa fille, Cérès la cherche en vain. Elle erre par toute la terre et sur
toutes les mers, soit que l'Aurore, aux cheveux brillants de rosée, paraisse à l'orient, soit que Vesper
ramène de l'occident le silence et les ombres. Aux feux de l'Etna, elle allume deux flambeaux de sapin
dont la lumière guide ses pas empressés dans les froides ténèbres de la nuit. »
Les Fastes d’Ovide, Livre IV :
Le rapt de Proserpine (V. 417-506)
« Voici le moment de raconter l'enlèvement de Proserpine, la fille de Cérès. J'ai peu de détails
nouveaux à vous apprendre et ne ferai que répéter ce que vous savez déjà.
Il est une île qui étend ses trois pointes dans la mer. À cause de sa forme, on l'appelle Trinacrie*.
C'est un lieu où Cérès se plaît et elle y possède plusieurs villes, parmi lesquelles Henna et ses plaines
fertiles. La froide Éthuse** avait invité les mères des dieux à un festin sacré et la blonde Cérès y était
allée. Pendant ce temps, sa fille se promenait pieds nus à travers les prairies de son domaine, suivie
de ses compagnes de jeux habituelles. Au fond d'une sombre vallée est un lieu où l'humidité et la
fraîcheur sont entretenues par des cascades. Toutes les couleurs qui existent dans la nature y
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brillaient car la terre était émaillée de mille fleurs éclatantes. À cette vue Proserpine s'écrie: "Venez,
mes amies, faites comme moi, remplissez vos robes de fleurs!" Ce butin léger charme les jeunes
filles. Elles oublient la fatigue et ne ressentent que du plaisir. L'une en remplit des corbeilles tressées
avec du jonc flexible ; une autre en serre contre sa poitrine, une autre en dépose dans les plis flottants
de sa robe. Celle-ci cueille des soucis, celle-là préfère les violettes, celle-là coupe avec son ongle la
tige du pavot. La jacinthe retient l'attention des unes, l'amarante arrête les autres. Tour à tour on
préfère le thym, le romarin, le mélilot. Mais c'est la rose qui a le plus de succès et, avec elle, mille
fleurs inconnues. Quant à Proserpine, elle choisit le safran délicat et le lis à la blancheur pure.
Cependant les jeunes filles s'éloignent peu à peu, entraînées par leur passion et le hasard veut
qu'aucune n'ait suivi sa maîtresse. Pluton, l'oncle de Proserpine, l'aperçoit et aussitôt l'enlève en un
éclair, tandis que des coursiers azurés l'emportent vers son royaume. "Io! Mère chérie, s'écrie-t-elle,
tout en déchirant ses vêtements, on m'enlève!" Mais Pluton vole littéralement sur le chemin des
Enfers. Jusque-là ses chevaux avançaient avec peine, éblouis par la lumière du jour, trop vive pour
leurs yeux.
Voilà les corbeilles remplies de fleurs et les jeunes filles s'écrient en chœur: "Proserpine, viens
recevoir nos présents." Leur appel reste sans réponse. Alors elles emplissent les montagnes de cris
perçants, et d'une main désespérée se frappent la poitrine. »
* C'est le nom grec de la Sicile.
** Ethuse est la fille de Poséidon / Neptune et d'Alcyone, une des sept Pléiades. C'est aussi le nom de
la cigüe, une plante très toxique utilisée comme poison dans l'Antiquité.
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