Son chef d`orchestre s`appelle…Johnny Hallyday
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Son chef d`orchestre s`appelle…Johnny Hallyday
Son chef d’orchestre s’appelle…Johnny Hallyday Bluesman authentique, Greg Zlap accompagne Johnny à l’harmonica dans sa tournée 2012, dont le coup d’envoi vient d’être donné à Los Angeles. Greg Zlap et son « harmo » ne font qu’un. Le 6 mars à Paris. Photo Thibaut Geffrotin C’est dans une salle mal éclairée et enfumée de l’Utopia, haut-lieu de la musique blues à Paris, que nous avons rencontré Greg Zlap, une demi-heure avant son entrée en scène. Au programme du soir, les rythmes vaudou de la New Orleans...Un dernier concert entre amis avant de partir à Los Angeles avec l’orchestre de Johnny Hallyday, pour les répétitions de la tournée 2012. Première date en France lundi 14 mai à l’Arena de Montpellier, avant le Stade de France au mois de juin. Par Thibaut Geffrotin Greg Zlap n’a pas oublié sa première rencontre avec Johnny Hallyday, le seul artiste qui l’ait convaincu de mettre entre parenthèses sa carrière solo pour jouer dans son groupe. Il raconte. « C’était bien avant l’album de blues de Johnny, Le cœur d’un homme. Dans un studio d’enregistrement, je jouais La Musique que j’aime pour le tournage d’une publicité. Johnny a observé la séance et il est venu me parler. Il a tout de suite entamé la conversation sur le blues. Je me souviens de sa première question : Quel harmonica utilises-tu ? Tu joues sur un Marine Band ? » Bien sûr, Greg répond oui, il joue avec cet harmonica mythique pour les bluesmen. « Nous avons alors discuté de blues, et j’ai senti qu’il aimait et connaissait cette musique ». Et ainsi Greg joue sur l’album de blues hallydéen de 2007, côtoyant Taj Mahal et Keb Mo, puis intégre le groupe pour la tournée 2009. « Génial harmoniciste », écrit Jean-François Chenut dans sa biographie de Johnny Hallyday (Le Dernier des Géants). Plus qu’un musicien parmi la dizaine d’autres, Zlap devient soliste régulier à côté de Johnny et de l’incontournable Robin Lemesurier, fidèle guitare solo du rocker français depuis 1994. « Au fil des répétitions, Johnny proposait des plages pour des solos d’harmonica ». L’aisance scénique du Franco-polonais plaît au chanteur de Rock’n’roll attitude, qui a trouvé son « virtuose-showman », selon ses propres mots, cités par l’harmoniciste. « Johnny m’a dit un jour : ‘Quand tu joues, on dirait que tu chantes’ ». Greg Zlap, un genou à terre, en concert avec Johnny Hallyday, mardi 24 avril à Los Angeles Johnny, Greg, le blues Touché par ce témoignage, Zlap en profite pour montrer « une facette moins connue de l’harmonica ». Sur la scène du Stade de France, il joue avec son « harmo » d’une main et utilise l’autre pour haranguer le public, ravi. Il faut avoir une sacrée personnalité pour exister à côté d’une bête de scène comme Johnny. « Il sait mettre en valeur ses musiciens », veut préciser Greg Zlap, à qui l’on a envie de demander comment Johnny travaille au quotidien, loin des caméras et des photographes, enfermé dans un studio. « Il aime la compagnie de ses musiciens, à qui il montre beaucoup de respect, ce qui n’est pas le cas de tous les artistes. Mais c’est lui le boss. Dans sa musique, il sait ce qu’il veut, sûr de ses choix. Même s’il n’a pas de formation de chef d’orchestre, son oreille est très affinée grâce à son expérience. Ses remarques sont toujours pertinentes. » Greg rêve désormais que Johnny interprète un morceau qu’il aurait écrit. « J’ai déjà été inspiré pour écrire pour Johnny. Mais les titres n’avaient pas été retenus. » I AM THE BLUES / NOW I’M THE BLUES Si l’on pioche dans le répertoire de Johnny et de Greg, on tombe sur deux titres, sortis à un an d’intervalle : I am the Blues, écrit par Bono pour Hallyday, et Now I am the Blues, chanté par Zlap avec Ian Siegal. « C’est très marrant mais c’est un pur hasard ! », sourit Greg, qui souligne la « dimension très forte de bluesman de Johnny. Ce n’est pas pour rien que Bono, le chanteur de U2, lui a écrit une chanson sur ce thème. De plus, écoutez le titre phare de la carrière de Johnny… » La musique qu’ils aiment vient donc du blues. En concert rue de Turenne à Paris, en 2012 – Photo TG « Greg ? C’est le chef ! » Comment Greg Szlapczynski en est-il arrivé là, immigré polonais, débarqué de Varsovie avec sa mère en 1988, à 15 ans ? « J’ai commencé le piano à 4 ans. Puis, à 14 ans, un oncle m’a offert un harmonica. Et cet instrument m’a amené à plusieurs musiques dont le blues. Sonny Boy Williamson, Little Walter… » Etudiant en informatique à Jussieu, Greg joue dans des petits groupes parisiens, découvre l’envie de composer et rencontre le bluesman Jean-Jacques Milteau. « J’ai été inspiré par son travail, j’allais souvent le voir en concert. Il m’a beaucoup appris ». Depuis, Greg a monté son propre groupe, dans lequel on retrouve derrière les fûts Toma…Milteau, fils de, qui ne tarit pas d’éloges sur son compagnon de route depuis 1998. « Greg ? C’est le chef ! Je suis très fier d’être son batteur. Un super mec et un très bon musicien » Greg Zlap a sorti six albums solo, de Ternaire Madness (1997) à Air (2011), et inventé un concept : les Gregtime, organisés chaque mois à l’Utopia, petit bar privé du XVe arrondissement de Paris. Un concert impromptu, pour lequel Zlap rassemble quelques musiciens pour jouer trois ou quatre heures durant, autour d’une thématique (Ray Charles, Dr John…), sans avoir répété au préalable. Ambiance intimiste, rien à voir avec le Stade de France ! « C’est une rencontre avec le public. C’est différent mais je joue de la même manière, avec la même énergie. » Greg Zlap joue, chante, saute, danse, s’époumone, empoisonne le public de ses rythmes. Il hurle au triomphe du blues. Il vit sa musique. Un peu comme Johnny. Thibaut Geffrotin Photo TG