Quand les promoteurs immobiliers encouragent l

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Quand les promoteurs immobiliers encouragent l
stratégies
23 août 2014
les affaires
17
Quand les promoteurs immobiliers
encouragent l’autopartage
Simon Diotte
[email protected]
Immobilier — Malgré le sou-
hait des municipalités, des gouvernements et des groupes
écologistes, la population
résiste à l’idée de réduire sa
dépendance à l’automobile. Et
si la solution passait par les
promoteurs immobiliers ? Depuis quelques mois, certains
projets encouragent les résidents à passer à l’ère de l’écomobilité. Est-ce le commencement d’une nouvelle tendance ?
À l’intersection de l’autoroute 30 et de la route 112, dans
l’arrondissement Saint-Hubert, à Longueuil, le plus important projet immobilier
LEED du Québec est en cours
de réalisation : le Faubourg
Cousineau. Dans cet écoquartier qui comprendra à terme
plus de 1 000 logements, les
maisons sont construites avec
du bois certifié FSC, possèdent
des toitures pâles pour combattre les îlots de chaleur et
profitent d’une isolation de
qualité supérieure.
Cependant, les initiatives
environnementales ne seraient
pas complètes sans une réduction des places de stationnement et du nombre de voitures
en circulation. Danny Cleary,
promoteur de Faubourg Cousineau, a donc décidé de
prendre le taureau par les
cornes en offrant à ses 250 prochains acheteurs, depuis la mimars, un abonnement gratuit
de deux ans à un service d’autopartage. L’objectif : convaincre
les futurs résidents de renoncer
à leur deuxième voiture. « L’autopartage est un service fortement méconnu en banlieue. On
croit qu’il faut lui donner un
coup de pouce pour encourager les gens à l’adopter », explique M. Cleary. Les voitures
en libre-service, gérées par
LibrOTO, seront disponibles
directement dans l’écoquartier.
L’impact de cette promotion
« abonnement gratuit » dépasse
déjà les attentes. « Je n’ai jamais
vu autant de clients renoncer
à leur deuxième espace de stationnement, économisant
ainsi 5 000 $ », se félicite
M. Cleary. En plus de soulager
la congestion routière, le promoteur gagne ainsi des points
pour obtenir sa certification
environnementale LEED. Il
élargit aussi son bassin d’acheteurs, car en sacrifiant leur
deuxième voiture, les ménages
dégagent une plus grande
marge de manœuvre financière
pour acquérir une propriété.
Au Faubourg Cousineau, les
LE BONHEUR :
UNE STRATÉGIE
D’AFFAIRES
GAGNANTE.
PREUVES À L’APPUI !
Danny Cleary, le promoteur du Faubourg Cousineau, dans l’arrondissement Saint-Hubert, à
Longueuil, a décidé d’offrir à ses 250 prochains acheteurs un abonnement gratuit de deux ans à
un service d’autopartage. Les voitures en libre-service seront gérées par LibrOTO.
autos en libre-service seront à
l’usage exclusif des résidents.
« Pour que le service soit maintenu à long terme, il faudra un
minimum de 20 utilisateurs
réguliers par voiture », explique Christian Assouad, président de LibrOTO. Le pari
n’est pas encore gagné, mais
comme le clament les promoteurs de l’autopartage : l’essayer,
c’est l’adopter ! Selon des
études, chaque voiture en libre
partage retirerait de 8 à 10 voitures de la circulation.
Passeport mobilité
Promoteur immobilier très
actif sur l’île de Montréal, Mondev veut aussi encourager ses
clients à se déplacer de façon
écologique et économique.
Depuis la mi-mai, cette entreprise, qui construit de 300 à
400 condos par année, offre
gratuitement à ses clients un
« Passeport mobilité » qui comprend un an de transport collectif avec la STM et des abonnements à BIXI et au service
d’autopartage Communauto.
Ce « Passeport mobilité » est
un nouveau produit, conçu par
l’organisme Voyagez futé, qui
cible exclusivement les promoteurs immobiliers. « On veut
les positionner comme des
acteurs clés pour encourager
l’écomobilité », dit Mónica
Gandulfo, directrice générale
de l’organisme. Chaque Passe-
1
À San Francisco, en Californie, la municipalité permet la
construction d’une seule case de stationnement par logement.
Par contre, il est permis d’en ajouter quelques-unes, à
condition de les réserver à l’autopartage.
port Mobilité coûte 995 $ aux
promoteurs. Ils peuvent ensuite l’offrir comme cadeau de
bienvenue à leurs clients.
Les partenariats promoteurs
immobiliers-entreprises
d’écomobilité n’en sont qu’à
leurs débuts, mais ils pourraient devenir la norme si les
municipalités appuient plus
expressément le transport
durable. « Actuellement, il
n’existe pas de mesures législatives concrètes qui favorisent l’implantation de l’autopartage au coeur de projets
immobiliers », affirme Marco
Viviani, directeur, développement et relations publiques
chez Com­munauto. Seule la
logique de rentabilité pousse
promoteurs immobiliers et
services d’autopartage à
conclure des ententes.
Ailleurs, des pratiques
audacieuses
Ce n’est pas le cas ailleurs.
À Vancouver, un promoteur
immobilier doit offrir obligatoirement 1,5 espace de stationnement par logement.
Cependant, pour chaque espace de stationnement consacré à l’autopartage, le promoteur peut soustraire quatre
espaces du total de places qu’il
doit fournir. « Considérant
que la construction d’une case
de stationnement intérieur
coûte 45 000 $, il économise
ainsi 180 000 $ », explique
Nathalie Baudoin, pdg de
Modo, une entreprise vancouvéroise d’auto­partage fondée
en 1994.
À San Francisco, la municipalité permet la construction
d’une seule case de stationnement par logement. Par contre,
il est permis d’en ajouter
quelques-unes, à condition de
les réserver à l’autopartage.
Depuis peu, il existe aussi des
espaces de stationnement sur
rue réservés aux voitures partagées. Des avenues à explorer
pour Montréal ?
« Je pense qu’il n’y a pas
d’entreprise qui grandisse
sans bonheur. »
— Ricardo Larivée
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