Cécilia, une Nîmoise exilée au Turkménistan

Transcription

Cécilia, une Nîmoise exilée au Turkménistan
GRATUIT N°18
UNE à NÎMES
I Le e -magazine des gens qui aiment leur ville I décembre 2011 I
Ils ont choisi
de vivre ici
Portrait:
Hélène Yannicopoulos
Rétro: le plus grand chef
Cécilia, une Nîmoise
exilée au Turkménistan
Jérôme, Bénédicte et Marlène du
Collectif d'Architectes Sérieusement Enthousiastes
www.uneanimes.com
to P
G . u r l ate
De nag au
pa e de
rd ave
ie c
u
Reportage: le barberousse
Photo Costance Bauchu
Envoyez nous vos meilleures
photos de Nîmes:
[email protected]
S
O
M
M
A
I
R
E
Rencontres avec des Néo-Nîmois
Ils racontent pourquoi ils ont choisi de vivre ici . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . pages 4/5
Les astuces anti-crise
selon Sandra . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 6
L'histoire du plus grand chef de cuisine
Retour sur l'aventure du chef Durand par Georges Mathon . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 7
Le barberousse, enquête de Jean-Louis Verrier et Nîmes Toquée . . . . . . . . . . . . . pages 8/9
Hélène Yannicopoulos portrait d'une sage et belle femme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 11
Cécilia interview d'une Nîmoise exilée au Turkménistan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 12
Reg'art sur le tournage du film de Cyril Rigon avec G. Depardieu . . . . . . . . . . . . page 14
Un mois, un mot nîmois...
Merdouset :
Locution enfantine qui sert à désigner les
bambins faisant encore pipi dans leur culotte
ou caca dans leur chemise.
2 UNEÀNÎMES N°18 I Décembre 2011
UNE à NÎMES
Directeur de la publication : Jérôme Puech. Rédacteurs:
Sandra Graziani, Aurélia Dubuc, Georges Mathon, Jérôme
Puech et Jean Louis Verrier. Photographes: Alain Bérard,
Lesley Mack et la rédaction. Webmaster: Tommy Desimone.
Maquette: Agence Binome. Relecture: Aurélia Dubuc. Nous
écrire: [email protected]. Site : www.uneanimes.com. Retrouvez tous les n°. Mensuel et gratuit. Dépôt
légal numérique BNF. Diffusion: 10 000 destinataires mail.
Régie publicitaire, Esprit Média: 04 66 29 75 19.
"A Nîmes, rien n'est
livré d'évidence"
Antoine Martin
Présentation :
C’est l’auteur du livre
«Profession torero »
écrit avec Robert Pilès
aux éditions Atelier Baie.
Il est en vente dans
toutes les librairies.
Il écrit actuellement
un livre qui paraîtra
aux éditions du Diable
Vauvert en avril
prochain.
Signes particuliers:
L’écrivain, chroniqueur
et auteur de nouvelles
a remporté le prix
Hemingway en 2009
pour une nouvelle
intitulée « Le frère de
Pérez ». Antoine Martin
est directeur adjoint
du lycée de la Chambre
de Commerce et
d’Industrie.
O
n peut, comme monsieur Prudhomme, admirer la Sagesse divine qui fait
passer les fleuves juste au milieu des villes. Mais pas à Nîmes. Ici, on n’a
pas de rivière pour vertébrer la cité, pour la rendre, si on veut, navigable
d’emblée. On n’a que le bouillon souterrain des Cadereaux et les sources enfouies
de la Fontaine. Et c’est comme ça pour presque tout : ici, il n’y a rien qui soit
tout à fait à la surface des choses, rien à fleur d’eau, à ras de bitume, rien de
complètement à portée. Et qui voudrait saisir un peu l’esprit de cette ville devra
se résoudre à y creuser. Y faire, oui, son trou. Au risque toujours de déterrer un
bout d’amphore, ou un fragment de mosaïque, tout ça vieux à peu près comme
Hérode, ce qui constitue toujours une gêne pour le BTP. Ils le savent bien, les
malheureux qui s’acharnent infiniment à excaver ce sous-sol.
À Nîmes, rien n’est livré d’évidence. Ni les lieux, ni les gens, qui, sans sûrement le
savoir, font tout ce qu’ils peuvent pour coller pile au portrait que Blaise Cendrars
trace de nous, les méridionaux, « des types secrets et mélancoliques qui peuvent
vous parler beaucoup d’eux-mêmes et même avec faconde, de mille prouesses,
dire des blagues, être drôles, mais vous laissent tout ignorer de leur vie intime ».
Alors, elle peut bien péter, la ville, en éclats de soleil, en étincelles de feria, elle
peut ouvrir ses terrasses à la grande lumière du mistral et faire rayonner la Tour
Magne comme un phare, c’est sa part d’ombre qui dit le vrai.
Bon, à Nîmes, on n’a pas de rivière qui s’alignerait aux quartiers, disons, de
Courbessac à Saint Césaire. Personnellement, ça me va, et je m’accommode
très bien des quelques pauvres hectomètres du canal de la Fontaine. J’ai déjà vu
plusieurs fleuves tout ce qu’il y a de majestueux et, comme Joseph Prudhomme
(encore lui) devant la mer, je n’ai pas pu m’empêcher de penser qu’une telle
quantité d’eau frisait le ridicule. Au fond, j’emmerde l’Amazone, la Loire et le
Brahmapoutre. Je suis Nîmois.
La rédaction de votre E-magazine préféré vous souhaite sincérement de passer de
bonnes fêtes de fin d'année en famille et avec vos amis à Nîmes ou ailleurs.
UNEÀNÎMES N°18 I Décembre 2011 3
la Une à Nîmes
Pourquoi ils ont choisi Nîmes ?
Bénédicte, Marlène et Jérôme
CASE Architectes (photo Lesley Mack)
Rapprochement familial, désir de revenir sur son lieu de naissance, mobilité professionnelle, coup de cœur et lieu
de résidence pour une belle retraite … « De 1000 à 1500 personnes font le choix de s’installer à Nîmes chaque
année» selon Bernard Bosc, Vice-Président de l’association Accueil Villes Françaises. La rédaction s’est intéressée de près à ces Néo-Nîmois qui expliquent leur choix.
« Après le Puy en Velay, nous
cherchions à nous installer dans une
ville d’histoire. Nîmes nous plaît car
l’on peut tout faire sans voiture.
La vie dans le quartier de l’Ecusson
avec ses commerces de proximité
nous
convient
idéalement»,
témoigne Chantal Barthel, retraitée,
en plein travaux dans son futur
appartement. Nîmes ville ensoleillée
attire de plus en plus les retraités.
« Les prix de l’immobilier sont plus
abordables que ceux de la région
PACA », affirme Yves Alogna de
l’agence immobilière du même nom.
Pour autant, Nîmes risque t-elle
de devenir une ville de personnes
âgées ?
4 UNEÀNÎMES N°18 I Décembre 2011
Travailler au soleil
Pas vraiment pourraient dire ces
Nîmois qui ont fait le choix d’installer
leur activité professionnelle dans
la cité des Antonins. Jean-Philippe
Everling, Directeur des marchés
de Granit Négoce, parle d’une
«situation géographique idéale entre
Granit Négoce
l’Espagne et l’Italie avec une fenêtre
sur le Maghreb ». Son entreprise,
installée depuis 2003 sur le quai
de la Fontaine, a réalisé un chiffre
d’affaires d’un milliard d’euros sur le
dernier exercice, un record.
Marlène, Bénédicte et Jérôme
(photo à la Une et en haut) viennent
de créer un collectif d’architectes
après s’être décidés à vivre dans
«une ville à échelle humaine ».
Jérôme travaille encore à Paris la
semaine mais il prévoit de bosser
ici à plein temps. Chaque weekend il rejoint sa famille et son
bel appartement du centre ville.
Bénédicte rappelle que son « métier
peut s’exercer partout» grâce aux
nouveaux modes de communication.
la Une à Nîmes
Enfin, Marlène, Montpelliéraine
d’origine, avait très à cœur de
quitter Paris pour le sud et sa
fameuse qualité de vie.
La place d'Assas ensoleillée
« La misère serait moins pénible
au soleil », nous dit Charles
Aznavour dans sa chanson
«Emmenez-moi». Nîmes attire
également par héliotropisme
les familles les plus modestes
fuyant la grisaille du Nooooord.
font le choix de revenir chez
eux. Il s’agit de renouer avec ses
racines, ses repères et de saisir
l’opportunité de reprendre un
patrimoine familial.
Tout
étant
posé, ces
observations
valent-elle
exception pour notre ville ?
Le lien entre notre ville et
ses habitants serait-il plus
fort qu’ailleurs ? L’évolution
démographique démontre un
attachement marqué à notre
identité si particulière. Elle
permet de voir «une grande
diversité de population» selon
Jérôme, le breton de C.A.S.E.
(Collectif
d’Architectes
Sérieusement Enthousiastes) et
donc plusieurs façons d’aimer
Nîmes.
La théorie des saumons
Le Nîmois est-il de la même
nature que le saumon ? Il faut
peut être en convenir tant
ils sont nombreux à partir et
revenir pour faire des enfants
et finir leur jour sur leur lieu de
naissance. Souvent après avoir
parcouru la planète ou après
avoir testé le stress des villes
hyper-urbaines, certains Nîmois
Plus de renseignements :
www.casearchitectes.com
www.avf.asso.fr
Jérôme Puech n
Cinq témoignages...
Marlène DORIVAL
Architecte
Mon boulot me permet
de bosser n’importe
où. J’ai choisi de vivre
à Nîmes parce que cela
me rapproche de ma
famille qui vit à Montpellier. Je cherchais
avant tout une ville
à taille humaine. Le
contact ici est direct
et chaleureux. Même
le mec de l’URSAFF est
sympa, c’est dire !
Yves ALOGNA
Agence immobilière
Tiens j’ai une cliente
d’origine colombienne
qui vit actuellement à
Paris et qui cherche à
acheter à Nîmes. Elle
me dit qu’elle retrouve ici une identité
hispanique, un climat,
des gens qui lui rappellent son pays. Le
choix de Nîmes se fait
souvent sur le centre-ville accueillant.
Bénédicte MUTIN
Bernard BOSC
Architecte
Association AVF
Mes parents avaient
une maison à Nîmes
alors venir ici m’a
rappelé quelques souvenirs. Cela fait dix
ans que je vis avec
mon mari et mes trois
enfants. Après un
temps à Paris, Nîmes
nous a permis de
sortir d’un contexte
hyper urbain.
Les gens recherchent
avant tout une ville
à taille humaine dans
laquelle on peut
marcher à pied sans
problème et où l’on
n’est pas envahi par
les touristes. Puis
Nîmes a une position
centrale dans le sud.
Jean-Philippe
EVERLING
Directeur Granit Négoce
J’aime beaucoup
cette ville car elle a
une forte identité méditerranéenne appréciée de nos clients.
J’ai fait mes études
d’agronomie à Montpellier et j’ai fait la
connaissance de ma
femme, une Nîmoise.
Nos collaborateurs
(25) apprécient les
moments de vie de
cette petite ville.
UNEÀNÎMES N°18 I Décembre 2011 5
Chico Bohème by Sandra
i
t
n
a se
s
e
c
u orten
t
s
A
Lesses d'H
cri
J
e crois qu'Hortense ne va pas bien !
Qu'est-ce qu'elle a encore ? Son mec
s'est barré trop harcelé par ses 98 sms par
jour? Les forfaits sms illimités ne devraient
pas être accordés sans avoir passé un
examen psy approfondi....
Elle n'arrête pas de dire c'est la CRiZZZ,
c'est la CRiZZZ !
Elle a trouvé ça toute seule? Fais-moi penser
à lui confisquer sa TV....
Je l'ai croisée à Monop et franchement
elle m'a mis la « chouma » !! La vérité, elle
avait des tonnes de coupons de réductions,
elle les avait rangés dans son caddie par
zone de produit et elle restait des heures
à comparer les prix entre son -50 cts d'€
sur la marque machin truc à l'entrée de
gamme des paquets de chips ! Le pire a été
quand elle a donné ses 4kg de coupons à la
caissière qui a failli s'évanouir.
Là re la honte! Je rêvais de
me transformer en chewinggum pour me cacher dans un
des paquets devant la caisse.
Une soirée à s'inscrire sur les
sites de réduction, une soirée
d'impression des coupons et 2
heures de classement pour 15
euros de réduction !!! mouais.....
Non tu sais bien qu'elle va les chercher chez
"Aides"... Mais elle m'a donné des tonnes
d'échantillons de crème pour le visage. Au début je
l'ai mal pris, il n'y avait que des crèmes antirides... !!
ahhh et puis la nouveauté, elle demande partout où
elle va, un cadeau ou une remise. Elle dit que si on
ne demande pas, on est sûr d'une chose, c'est de
ne rien avoir ! C'est comme ça qu'elle a eu un pot
de 500 ml de glace smarties en se faisant livrer sa
pizza (2 pizzas, la 3éme gratuite, qu'elle congèle),
en glissant au téléphone, « oui c'est l'anniversaire
de mon fils ce soir » !
Oui allo, Hortense !! Ah tiens on parlait de toi, non
rien de bien méchant on se demandait ce que tu
faisais !!....Tu vas au cinéma parce que tu as trouvé
des billets valables jusqu'en Mars à 5,5 euros !!...
Et......Tu vas voir quoi ? Tu en aurais un pour moi ?
Tu me donneras le tuyau hein ? Ça m’intéresse le
ciné à ce prix là !
J'hallucine tu ne vas pas quand même rentrer dans
son
jeu !!!
qui est sûre autant que
é ses chose
Noël tombera cette année un
Elle a donn
décembre c'est que l'on
upons 25
o
c
e
EST EN CRiZZZ !!!!
d
g
k
4
! Bon alors tu viens le voir
à la caisse
C'est bon, elle a craqué, d'ici le mois
prochain elle se sera trouvé une nouvelle
«marotte »....
Que dalle, elle m'a invitée à déjeuner, et là
elle m'a fait un "pataquès" pour aller manger
dans un resto où elle avait trouvé -20 % sur
conso facile...
On ne peut pas la laisser comme ça !
Pendant le repas elle me racontait qu'elle
était allée négocier son découvert bancaire
autorisé à la hausse en prévision de la crise
et qu'elle ne se servait que de sa carte
"American express" (gratuite pendant un
an), qui lui donne des tas de miles pour
tous ses achats. Avec les miles gagnés, elle
partira en voyage à Cuba car elle a testé
tous les 1er cours d'essai gratuit de salsa
et de zumba !! Elle m'a même demandé si
je voulais prendre cette année le carnet
«resto-malin » avec elle ! J'ai menti, j'ai dit
que j'avais un mec depuis une semaine et
que je préférais aller au resto avec lui.
Et elle t'a pas dit : "tiens j'ai des coupons de
réduc pour les préservatifs" ?
6 UNEÀNÎMES N°18 I Décembre 2011
Ohhh écoute ! S'il y a bien une
avec nous ce film ?
Tu pourras en profiter pour lui demander si elle n'a
pas des coupons de réduction pour l'achat d'un
sex-toy parce que même barrée la Hortense, elle
ne l'a pas cru le coup du : « j'ai rencontré un mec y
a une semaine », elle le sait que pour les hommes
il n'y a jamais eu et n'y aura jamais de coupons de
réduction .......
Liens pour coupons de réductions
- pour les courses :
http://www.mavieencouleurs.fr/bons-de-reduction
http://malistedecourses.net/
http://www.tf1conso.fr/bon-reduction-couponsa-imprimer/bons?gclid=CMPz0cOQ16wCFZQhtAod
d0RBGA
http://www.couponnetwork.fr/
- pour des coupons sur Nîmes et sa région :
http://www.consofacile.com/
http://restosmalin.com/hiver.htm
- Pour les spectacles :
http://www.billetreduc.com
Toutes les marques ont un site sur lequel vous
trouverez des coupons de reductions
Dans le Rétro
La saga du cuisinier Charles Durand
Le Vatel Nîmois
Charles Durand est l’inventeur
français de la pâte feuilletée.
Ainsi on lui attribue la
paternité des pâtés Nîmois
évoqués dans le numéro
précédent. Bien que né à Alès
en 1766, le cuisinier a acquis
sa notoriété à Nîmes.
Il avait à peine 10 ans qu’il
préparait la cuisine pour toute
sa famille. Déjà, il avait acquis
la passion de la recherche
des nouveaux goûts. À l’âge
de 13 ans, il entre au service
de l'évêque d'Alès avant de
passer au service de M. le
marquis de Cassagnoles. Ce
dernier ne donnant pas assez
de réceptions pour notre
ambitieux et futur grand maître
de la cuisine méridionale, il
entre au service de l'évêque
de Nîmes, M. de Ballore. Lors
des États de Languedoc, il
travaille au service des plus
grands à Montpellier : comte,
archevêque, trésorier des
États… Le jeune Durand
les étonne tous par ses
heureuses dispositions et
l'amour extrême de son art.
En 1785, alors que Charles
n’a que 19 ans, il s’illustre en
faisant, en extra, le repas du
mariage à Alès du neveu du
bailli de Suffren-Saint-Tropez.
Il se rend ensuite à Marseille,
où deux traiteurs renommés,
Fille et Simon, l'engagent
pour les seconder.
Son
désir
d'expatriation
éteint, Durand retourne dans
ses Cévennes, au service
du marquis de Montmoirac
d’Alais. C’est là que sa table
va acquérir la plus haute
réputation. On le retrouve
restaurateur dans Alès en
1790. Les offres les plus
avantageuses lui arrivent
de Marseille, de Lyon et
même de Paris. C’est à cette
époque qu’il accepte la
proposition d’association du
prestigieux cuisinier nîmois,
Audibal. En désaccord, il
s’établira à l'hôtel du Midi
place de la couronne et les
anciens associés deviendront
concurrents et rivaux.
Devenu le seul maître de sa
cuisine, Durand se surpasse.
Il est réputé en France et en
Europe. Les plus grands le
désirent pour leurs banquets,
c’est le début d’une grande
carrière de traiteur. De son
vivant, il a écrit de nombreux
livres de recettes dont
certains annotés à la main.
Il habitait Nîmes lors de son
décès survenu le 26 mars
1854. Un restaurant Durand
existait encore au début du
20ème siècle. Il était tenu
par un de ses descendants et
situé au-dessus de l’actuelle
Grande Bourse.
Georges Mathon n
La bouil- Abaïsse à la Nîmoise façon Durand
Mettez dans une casserole un morceau de beurre, rangez audessus plusieurs espèces de poissons, comme rougets, anguilles
cuites à moitié (les rougets ne doivent se mettre que lorsque
les autres poissons sont presque cuits), soles, pageot, dorades,
queues de langoustes, le tout coupé en morceaux ; assaisonnez,
ajoutez des fines herbes hachées ; mouillez jusqu'à couvert avec
du bouillon de poisson, et un verre de vin blanc sec ; faites cuire à
grand feu pour précipiter la réduction.
Faire cuire un foie de baudroie dans le bouillon du poisson ; pilezle parfaitement ; mêlez-y trois jaunes d’œufs, et délayez avec
un demi-verre d'huile d'olive ; dressez votre poisson sur le plat ;
remettez son fond de cuisson sur le feu, et liez-le avec le foie de
baudroie ; passez cette sauce au tamis en la faisant tomber sur le
poisson, et entourez le plat de croûtons frits au beurre.
UNEÀNÎMES N°18 I Décembre 2011 7
Plaisirs d'Epicure
Tous les chemins
mènent à rhum
Christophe Brunetti
Jean Pascal rue St Castor
Depuis quelques jours une Rhumeur court sur Nîmes. L’accostage de ce nouvel établissement au cœur de
Un bateau pirate aurait débarqué près du canal de la Nîmes la Rhumaine est une bonne nouvelle… Il ne me
fontaine. Un bar de pirates ? Il fallait que je fasse un reste plus qu’à rentrer chez moi sans être Charrette
et mater le dvd-rhum « Et au milieu coule 3 rivières »
crochet. Je pars donc à l’abordage…
ou un vieux Rhumake hollywoodien. Avant de sortir,
En cette période automnale rien de mieux pour je prends un chewing-gum qui me fait ressembler à un
Rhumonter le moral que de boire des cocktails Rhuminant. J’ai froid je Rhumonte mon col pour ne pas
arhumatisé. En entrant dans le bar qui ressemble à la m’enRhumer.
cale d’un vieux galion, je vois deux amoureux Rhum
antiques au comptoir. Partout sur les étagères le rhum L’origine du mot :
est haut et Juliette en redemande.
Elle est sujette à discussion. Abréviation du vieux
Une belle collection de bouteilles et de bonbonnes de mot normand « rumbullion » ou « rombollion » ou «
verres enlacées donnent un avant-goût de la centaine rond-bouillon », qui pourrait désigner soit des alcools
de shooters, planteurs et vieux rhums disponibles. Un distillés à partir de cidre ou de poiré, soit les festivités
tel choix me laisse baba.
qui suivaient les meilleures prises faites par les pirates.
Si l'origine est latine, alors il proviendrait de saccharum,
Furtivement dans la pénombre je crois voir passer un et serait le nom employé par les moines alchimistes
Rhum minet. Un gitan, paisible, boit un Rhum à michel. pour nommer le sucre.
On prend ma commande, je n’ai aucun Rhumord à
choisir un vieux planteur. Une ardoise sur le mur me
fait sourire: « Redresseur de zizi à 3 € », voilà une
boisson toute destinée à mon rédacteur en chef
Jérhum Puech.
Je Rhumercie la serveuse avant de Rhumettre ma
tournée, je paie, elle me rend La Mauny. Après quelques
verres, je commence à sentir les roulis et les Rhums
mous d’une mer agitée. Ce n’est pas bon pour les
Rhumatismes.
8 UNEÀNÎMES N°18 I Décembre 2011
Jean Louis Verrier
La balade épicurienne
Pablo Romero
Vingt six vins des Costières ont pu être goûté
dans des endroits mythiques de la ville: Carré
d'Art, les Halles, le lycée Daudet, la faculté Vauban, la bodega Pablo Romero et les hôtels particuliers Chouleur et Impérator.
Le prochain rendez-vous des amateurs de balades bucoliques est fixé au dimanche 13 mai 2012.
Vignes toquées se déroulera dans les propriétés
viticoles. Pour plus de renseignements:
www.costières-nimes.org.
L
e 27 novembre dernier, les vignerons des
Costières de Nîmes ont organisé pour la
deuxième année Nîmes Toquée, une balade
urbaine et épicurienne.
Près de 630 participants ont profité de la superbe journée ensoleillée du dernier dimanche
de novembre. Six étapes gourmandes étaient au
programme. Elles étaient proposées par les chefs
nîmois du Plaisir des Halles, du Lisita, de l'Imprévu,
de Vincent Croizard et du Wine bar.
Le lycée A. Daudet
Le coup de projecteur:
Michel Simon, participant déguisé
"Je participe pour la première fois à "Nîmes toquée". Le bilan est
globalement positif pour mes amis (un groupe de 24 personnes) et
pour moi. J'avais déjà fait Vignes toquées et là je dois dire que je
suis content même si j'éprouve un peu de mal à parler. Je viens de
m'installer sur les canapés de la dernière étape de l'Impérator. C'est
vraiment à refaire. C'est la preuve que dans cette ville on peut mobiliser 600 personnes sur un événement. Comme quoi il n'y a pas
que les Férias à Nîmes pour s'amuser et boire."
UNEÀNÎMES N°18 I Décembre 2011 9
Plaisirs de VOIR
La galerie d'Audrey
Audrey Carbo, la célèbre responsable du Royal Hôtel, ouvre ce
mois-ci une galerie d’art privée en face de son établissement
sur la magnifique place d’Assas. « J’avais à cœur de
développer davantage le côté artistique que mes clients
trouvent à l’hôtel actuellement », explique la trentenaire. Cet
hôtel particulier est un cadre exceptionnel avec son jardin
et son espace intérieur de 150 m2. Il accueillera chaque
trimestre des artistes de tous horizons. Audrey promet une
sélection locale, nationale et internationale afin de partager
sa passion et sa curiosité des expressions artistiques.
Les amateurs du genre découvriront en décembre les
œuvres de Tony Cassius (sculptures sur bois), de Didier
Biffano (artiste peintre nîmois), de Christian Jamet (bronzes
et terres cuites) et de Florence Goellner (Raku et porcelaine
chinoise). En plus de la galerie d’art, les Nîmois pourront
trouver des astuces et des idées originales de décoration
sélectionnées par Audrey.
Galerie Audrey Carbo
4, place d’Assas
Du Mardi au Samedi de 10h à 13h et de 14h à 19h
UNEÀNÎMES N°18 I Décembre 2011 10
Rencontre nîmoise
L a s a ge e t
b e ll e H é l ène
Hélène Yannicopoulos
Por t rait c roq ué p ar Aurélia D u b u c
LE PETIT QUESTIONNAIRE
UN NÎMOIS
Jean Bousquet. J’ai
beaucoup d’admiration
et d’affection pour lui.
Il a énormément œuvré
pour moderniser la ville
et c’est le premier homme
politique pour qui j’ai fait
campagne..
UN ÉVÉNEMENT
J’aime aller danser place
d’Assas pendant la Feria
mais cette belle fête ne
doit pas éclipser les autres
temps forts de la vie
nocturne nîmoise. L’été,
j’adore aller écouter les
concerts, assise dans les
Arènes ou à la terrasse de
la Grande Bourse.
UN LIEU
Le Bois des Espeisses, mon
petit coin de campagne
parfait quand on veut
prendre le temps de s’oxygéner malgré un planning
chargé. Je vais y piqueniquer en famille, courir,
marcher avec le chien…
Si la fille de l’ancien maire de Garons Jean Yannicopoulos
est sensibilisée à la politique depuis l’enfance, c’est
avant tout sa générosité et son dynamisme qui lui ont
permis d’être élue suppléante d’Yvan Lachaud puis
adjointe au maire. Depuis, l’agenda de la sage-femme
ne désemplit plus. Mais il en faudrait plus pour lui faire
perdre son sourire.
Comment fait une sage-femme libérale, maman de trois
enfants et élue municipale pour trouver du temps pour
ses amis et ses loisirs ? « J’évite de m’énerver pour un
rien, je relativise, je prends du recul. C’est le meilleur
moyen d’économiser mon énergie et de l’investir dans
des causes utiles. » Accro au jogging et au yoga, la
pétillante brune ne veut renoncer à rien, ni à son métier,
ni à son engagement politique. Et encore moins à sa
vie personnelle. Là où d’autres se perdraient dans une
telle profusion d’activités, elle y trouve son équilibre et
sa force. Bien entendu, un tel rythme de vie exige un
sens aigu de l’organisation, un esprit vif capable d’aller
à l’essentiel et le sens des responsabilités. Autant
de qualités qui s’appliquent parfaitement à Hélène
Yannicopoulos.
Maman à 21 ans, sage-femme à 25
Comment expliquer sa personnalité et son parcours
? Au fait d’avoir été élevée par des parents tous
deux médecins et engagés ? Sa maman est en effet
présidente de l’association « Solidarité Homéopathie ».
Son papa, décédé l’été dernier, a été maire de Garons et
conseiller général de la Vistrenque. « J’ai été influencée
par leur exemple, admet la jeune femme. J’ai toujours
vu mon père jongler adroitement avec ses obligations
professionnelles, ses mandats et la vie de famille. Et
quand j’ai hésité à me lancer dans la politique – c’est
une mission passionnante mais j’en connais les travers
(guerres de pouvoir, vie privée exposée) - ce sont
finalement ses conseils et ses encouragements qui
m’ont décidée. Mais j’ai ma propre personnalité et je
me suis toujours appliquée à suivre mes propres envies,
mon propre chemin. » Son indépendance vis-à-vis de ses
parents, Hélène Yannicopoulos la prend très tôt. Après
une enfance passée à Garons et une scolarité au collège
de Bouillargues, elle obtient son baccalauréat série D
au lycée Daudet en 1987 et rencontre la même année
son mari. Après avoir passé deux ans à Montpellier,
elle s’installe avec lui à Nîmes et donne naissance à sa
première fille à l’âge de 21 ans. Elle lui donnera une
petite sœur 3 ans plus tard et obtiendra dans la foulée
son diplôme de sage-femme.
Très investie
durable
dans
le
développement
Elle s’était déjà impliquée dans la vie politique locale
en menant campagne auprès de Jean Bousquet. Mais
pendant les années qui suivent, elle s’investit totalement
dans sa vie de maman et de sage-femme. Après avoir
exercé à la maternité de Kennedy, à la maternité SaintJoseph et à la polyclinique Grand Sud, elle crée en 2002
un cabinet de sage-femme avec Sophie Debanne.
Divorcée, remariée avec un gynécologue et de nouveau
maman, elle a 38 ans quand Yvan Lachaud lui demande
de rejoindre son équipe en vue des élections législatives.
Un an plus tard, la dynamique député suppléante est
élue adjointe au maire, déléguée au développement
durable. « La question environnementale n’était pas
très développée à Nîmes et tout comme le social et la
santé, ce sujet me tenait à cœur, explique l’infatigable
gréco-française. Les choses sont en train d’évoluer,
certes doucement, mais elles évoluent. » Pour assumer
pleinement sa nouvelle fonction, elle ne consulte plus
à la Polyclinique. Elle partage sa semaine entre son
cabinet et la mairie, le week-end étant consacré à son
adolescent, à ses dîners en amoureux ou entre copines
et à ses sorties au Sémaphore. « J’adore recevoir des
amis à dîner mais je ne refuse jamais une invitation
à boire un verre au Royal, à dîner à l’Imprévu ou au
Passage de Virginie. »
Mais déjà en femme volontaire et généreuse, Hélène
Yannicopoulos a besoin de nouveaux défis, de nouveaux
engagements. Voilà pourquoi elle a accepté avec plaisir
la proposition d’Olivier Bonnijoly, mari de son amie MarieHélène et président du Foyer Charles Gide, d’assurer
une permanence médicale une journée par mois dans
le centre qui accueille des personnes sans domicile. Une
étape supplémentaire dans son parcours de bénévole
qu’elle complètera certainement dans quelques années
par une véritable implication dans « Gynécologie sans
frontières ». Décidément, Hélène Yannicopoulos ne
s’arrêtera jamais et c’est ce qui fait tout son charme.
11 UNEÀNÎMES N°18 I Décembre 2011
Les Nîmoiseries du monde
Une rubrique pour les nîmois
loin de leur terre natale
Chaque mois, Une à Nîmes donne
la parole à un de nos concitoyens
expatriés plus ou moins loin de sa
Tour Magne natale. Tous nous ont,
jusqu’à présent, conté des mondes
forts différents de notre cité des
Antonins. Alors après Strasbourg,
Montpellier , New-York , Séville, le
Liban, le Japon, Paris, Milan, Londres
et le Canada nous rendons visite à
une Nîmoise qui vit au Turkménistan.
12 I UNEÀNÎMES N°18 I Décembre 2011
Cécilia
au Turkménistan !
A
avoir.
ssistante Spa Manager au Sofitel d’Oguskent – Achgabat (Turkménistan). Les photos en extérieur, dans les
rues sont interdites par la loi. Il a donc été difficile d’en
Le Turkménistan est un pays d’Asie Centrale. La caractéristique géographique la plus significative est le désert du Karakoum qui couvre 80 % de la superficie du pays. Les vestiges
de l’ancienne route de la soie vont de la Chine centrale jusqu’à
la côte méditerranéenne, passant par le Turkménistan. Sa superficie est comparable à celle de l'Espagne. Le pays est situé
dans une région où le risque sismique est un des plus élevés
au monde. Le pétrole représente 60% de ses exportations et il
est la 5ème réserve mondiale de gaz.
Les Nîmoiseries du Monde
L' I N T E R V I E W À D I S TA N C E . . .
Quelles sont tes conditions de
travail ?
Depuis quand es-tu au
Turkménistan ? Où es-tu
exactement ? Qu’y fais-tu ?
Comment as-tu été amené à partir
là-bas ?
Cécilia : Je suis arrivée
à Achgabat, capitale du
Turkménistan, en avril 2011. Je
travaille comme assistante spa
manager au Sofitel Oguskent.
Une personne qui était déjà
sur place m'a parlé de son
expérience et m'a dit qu'il y
avait des postes vacants pour
les expatriés car l'hôtel venait
tout juste d'ouvrir. J'ai postulé,
passé un entretien et me voilà
lancé dans une expérience hors du
commun. J'ai toujours voulu partir
travailler à l'étranger, d'abord
pour l'expérience professionnelle
mais aussi pour la découverte de
nouvelles cultures.
Comment se passe une semaine
typique pour toi là-bas ?
Cécilia : Une semaine typique
pour moi, je travaille du mardi
au dimanche de 12h à 20h
voire plus lorsqu'on reçoit des
hautes personnalités, présidents,
ministres ... et le soir on se
retrouve entre expatriés ou
je reste au calme chez moi...
Pendant mon jour de repos, le
lundi, je sors un peu dans la ville,
je vais faire mes emplettes.
Cécilia : Mes conditions de travail
sont relativement correctes.
Je suis assez libre, je gère mon
travail comme je le souhaite, j'ai
une très bonne entente avec mon
équipe de 5 masseurs (euses), 2
réceptionnistes et 1 instructeur
fitness. La plupart du staff parle
uniquement russe. Donc en plus
de l'anglais, j'apprends le russe.
Quelles sont les plus grandes
différences au jour le jour par
rapport à ton ancienne vie
nîmoise?
Cécilia : La vie est complètement
différente ici. Nous devons
respecter un "couvre-feu". A
partir de 23h il est fortement
déconseillé de rester dans les
rues, car la police locale sévit. Je
ne fais plus de shopping car il n'y
pas de beaucoup de magasins.
Pour ce déplacer dans la ville
on fait du stop car tous les
conducteurs font office de taxi
et ça coûte 3TM (TM=manat)
soit 75cts d'euros. La nourriture
n'est pas très bonne, ils mangent
beaucoup de moutons (du
vieux mouton avec un goût très
fort). Les habitants, que nous
avons baptisé les "némmés",
sont sympas mais un peu mal
élevés. Par contre, il n'y a pas de
délinquance comme à Nîmes, ni de
violence.
Y a t-il quand même quelques
similitudes entre Nîmes et
Achgabat ?
Cécilia : Je ne vois pas de
similitudes avec Nîmes, c'est
vraiment une ville, même un
pays comme personne ne peut
l'imaginer. Il est très difficile de
raconter ce que l’on vit tous les
jours ici car très peu de personnes
peuvent imaginer dans quel
environnement nous évoluons.
Nous, les expatriés, on l'appelle
le pays des Bisounours, tout
est beau, tout est magnifique
mais il y a aussi l'envers du
décor. Il ne faut pas oublier que
c'est une dictature. Je ne peux
malheureusement pas en dire plus.
Tu reviens à Nîmes de temps en
temps ?
Cécilia : J'ai la possibilité de
revenir en France, j'ai 30 jours de
vacances par an, à moi de gérer
comme je le souhaite. Je suis
rentrée 3 semaines en juillet dans
ma famille à Nîmes.
Comment vois-tu la suite
professionnellement ?
Cécilia : La suite, je la vois dans un
autre pays étranger. Je voudrais
rester dans l’hôtellerie de luxe et
toujours en tant qu'assistante spa
manager, acquérir un maximum
d'expérience pour devenir spa
manager. Mon contrat ici est de 2
ans et je suis là depuis 7 mois et
demi, j'ai le temps d'y réfléchir...
Penses-tu revenir bientôt à
Nîmes? En France ?
Cécilia : Je reviens à Nîmes fin
décembre pour une dizaine de
jours pour voir ma nièce Anaïs
qui vient tout juste de naître et
passer du temps avec mes amis,
ma famille, mon frère Stéphane
et ma belle-sœur qui vivent eux
aussi à l'étranger (ndlr :à New
York).
Propos recueillis par Jean-Louis Verrier n
UNEÀNÎMES N°18 I Décembre 2011 13
Reg' Arts
L'acteur Gérard Depardieu
Le réalisateur Cyril Rigon (à droite)
L'actrice Caterina Murino
Une journée porte ouverte aux Arènes en 2010
proposée par les "Aficionados practicos"
Gregory Santerre - association CinéRegard
Le réalisateur Cyril Rigon (à droite)
Sur le tournage d'un film
Quel cirque !
14 UNEÀNÎMES N°18 I Décembre 2011
Reg' Arts
Silence, ça tourne ! s’exclame régulièrement le jeune
réalisateur Nîmois Cyril Rigon. Cette phrase ponctue la
matinée du lundi 21 novembre. La rédaction d’Une à Nîmes
pose un regard amusé sur le tournage d’un court-métrage
dont l’action se déroule dans un cirque installé au pied des
remparts de la ville de Saint Louis, Aigues Mortes. Des illustres
acteurs comme Gérard Depardieu ou Caterina Murino (James
Bond girl dans Casino Royale), des figurants parqués derrière
une barrière, des techniciens qui s’agitent, des maquilleuses
prêtes à bondir entre chaque prise, un producteur anxieux,
des curieux gênants, des photographes envahissants et des
journalistes fins observateurs.
les animations et les personnages créent naturellement un
univers magique d’un autre temps. « Je m’inspire de mes
rêves d’enfants en m’appuyant sur l’univers onirique du
cirque », indique le patron du plateau. Aussi, les spectateurs
trouveront des personnages complètement loufoques
comme les sœurs siamoises, la femme à barbe, le ventriloque
tiré à quatre épingles, les clowns rieurs, la diseuse de bonne
aventure, les nains et bien d’autres. On devine la malice
artistique d’un Tim Burton mêlé à un genre policier propre
à Chabrol.
Un tournage compliqué
Au centre de leurs observations : Cyril Rigon, un jeune
réalisateur talentueux de 32 ans. Gérard Depardieu, ami de
la famille, l’a encouragé à tourner des courts-métrages et à
réaliser son long-métrage. Après l’excellent « Eolius », court
métrage tourné à Nîmes en 2009, Cyril enregistre donc un «
teaser » préfigurant son futur long métrage. L’objectif est de
démontrer ses talents de narrateur et de réalisateur. Le courtmétrage dans lequel l’acteur français participe bénévolement
sera visible en février sur la chaîne Orange TV. « Gabin, le
Mime » sera présenté au prochain Festival de Cannes. Le film
tourné en 3D « sert la narration » explique le Nîmois. Mais sa
fonction essentielle est d’être le sésame
qui lui permettra de se lancer.
Cyril, le chauvin
Le tournage a été particulièrement difficile. Marqué par
de fortes intempéries et par le double changement à la
dernière minute du personnage principal, il semble que l’âme
capricieuse du monde du cirque ait joué avec les nerfs du
réalisateur. Le plan de travail a été bousculé. Le scénario
a été réécrit à la hâte. « Entre le papier et la réalité, c’est
un grand plaisir de faire vivre l’histoire que j’ai écrite et ses
personnages », appuie Cyril pour prendre le contre-pied de
ses aventures rocambolesques. Caterina Murino, la belle
actrice italienne et ancienne mannequin, me confie droit dans
les yeux avec un accent qui roule les « r » : « Je suis tombée
amoureuse du scénario malgré le fait que
je n’ai jamais aimé le cirque. Depuis toute
petite, je trouvais cela triste mais là je
"Je prends beaucoup
suis conquise ». L’ancienne partenaire
de plaisir à tourner ici à de clip de Bob Sinclar – Far l’Amorecampe le rôle d’une troublante et d’une
Aigues Mortes"
intrigante gitane.
Cyril aime si profondément sa ville qu’il
fait tourner son esprit créatif complexe
autour d’elle. « Je prends beaucoup de
plaisir à tourner ici à quelques pas de
l’endroit où j’ai été baptisé. Je reconnais
un peu de chauvinisme dans mes démarches. Mon projet
de long-métrage se tournera à Nîmes et dans le Gard
essentiellement ». Le lieu de tournage a été repéré par la
toute jeune association « CinéRegard » de Gregory Santerre.
Cette structure nîmoise se positionne comme un bureau de
films facilitant les rencontres entre les territoires gardois
et les projets de tournage. Ainsi sur le plateau, les visages
nîmois se font familiers. Céline Riera se charge des figurants.
Nassera et sa fille Chloé ont bravé le froid comme figurantes.
Dorian, étudiant en Prép’art du lycée Saint-Stanilas, tente
timidement de faire régner l’ordre en coulisses.
En regardant tout le monde s’agiter, on devine une intrigue
policière avec pour décors un cirque pas comme les autres.
Cyril Rigon a eu la bonne idée de faire appel au célèbre
cirque-musée espagnol « Raluy ». Les roulottes, le chapiteau,
Alors que derrière lui le décor disparaît
peu à peu, l’observateur que je suis
remarque un réalisateur fatigué, éreinté mais tellement
heureux d’avoir accompli ses pensées imaginaires fertiles. Il
a dirigé ses acteurs avec une grande précision en montrant
l’exemple et en lançant des « Gérard » dans la douceur
matinale marquée au loin par les mines de sel blanc. Cyril
nous quitte pour faire les derniers plans en studio. Bientôt
les heures de montage viendront chasser les péripéties d’un
tournage habité par le cirque et ses soubresauts. Puis le
temps sera venu de montrer enfin le résultat au public et à
ceux qui feront enfin de Cyril un réalisateur au-delà de
la seule piste aux étoiles.
www.raluy.com
Jérôme Puech n
UNEÀNÎMES N°18 I Décembre 2011 15
16 UNEÀNÎMES N°18 I Décembre 2011

Documents pareils