«Atomik Submarine» de François Burland mesure dix

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Chantier samedi
23 avril 2011
«Atomik Submarine» de François Burland mesure dix-huit mètres et craint
l’eau
Laurent Wolf
(Muriel Michetti)
L’artiste suisse, 53 ans, a construit un engin décoré aux armes de l’Union soviétique. Il a conçu ce
submersible dans la campagne du sud-ouest français et dans un garage de Bordeaux, pas loin d’une
base sous-marine allemande datant de la Seconde Guerre mondiale. Ce jouet monumental pèse son
poids d’histoire et de fantasmes. Il sera exposé cet automne à Neuchâtel
«U
ne fourmi de dix-huit mètre/Avec un chapeau sur la tête/ça n’existe pas, ça n’existe pas», écrivait Robert
Desnos. Une fourmi traînant un char, parlant anglais, latin et javanais, est-ce que ça existe? Un sousmarin qui ne flotte pas, qui ne plonge pas et qui craint l’eau au point qu’il faut l’abriter de la pluie, un
sous-marin de dix-huit mètres, ça existe? «Eh! Pourquoi pas», disait Robert Desnos. Mais il parlait d’une
fourmi. Un sous-marin, c’est autre chose, une créature rationnelle, sortie de l’esprit rationnel de
l’humanité, une machine pour faire la guerre. Efficace, la guerre.
A Bordeaux, dans ce coin portuaire le long de la Garonne, on s’y connaît en sous-marins. Il y a une
énorme base de béton construite dans les années 1940 par les Allemands pour une quarantaine de
submersibles. Du travail bien fait, du solide, qui a résisté aux bombardements et résiste depuis à la
pioche des démolisseurs, qui résiste même à la pluie pour l’éternité. Une silhouette brune, menaçante,
avec ses immenses ouvertures sur le fleuve. La base est aujourd’hui un centre culturel.
Même avec son GPS, le chauffeur de taxi s’est imaginé qu’il n’y avait pas mieux qu’une base sousmarine pour construire un sous-marin. Erreur, c’est au Garage Moderne, à trois pas, qu’il se trouve, un
ancien entrepôt reconverti en atelier de mécanique. On y répare des vélos et des voitures. On y
organise des spectacles et des expositions. On y sent l’odeur des lubrifiants, de la peinture et des
grillades. Et on y trouve François Burland, 53 ans, artiste né à Lausanne, pantalon de commando. Il
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attend dans une cour où une dizaine de personnes terminent leur repas sous la chaleur d’un premier
soleil de printemps.
L’
Atomik Submarine
est à l’intérieur, posé sur des tréteaux, peau métallique, inscriptions rouges sorties des livres d’histoire
et du répertoire graphique de l’Union soviétique. Une espèce de cachalot échoué parmi les bicyclettes.
Auquel les assistants de François Burland apportent la dernière main en écrivant des lettres au pochoir.
La bête sera démontée demain, mise dans des caisses – une tonne et demie, des milliers de rivets, la
charpente de bois dont chaque élément est dûment répertorié – en attendant sa réapparition lors d’une
exposition au Musée d’ethnographie de Neuchâtel cet automne où il occupera toute une salle.
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