Elle a ensorcelé Woody Allen

Elle a ensorcelé Woody Allen
La lolita de Hollywood, Evan Rachel Wood, est la star de sa nouvelle comédie.
Elle n’a pas 22 ans, mais qu’on ne s’y trompe pas : avec vingt ans de métier et un sacré talent
pour semer les paparazzis, Evan Rachel Wood a tout d’une femme aguerrie. « J’ai toujours
travaillé , explique celle qui fut poussée sur les planches dès la petite enfance par des parents
comédiens . J’ai sûrement plus de maturité, d’expérience de la vie que les filles de mon âge.
D’ailleurs, je suis toujours entourée de gens plus âgés. » Ce sont justement ces « gens »-des
hommes, surtout-qui défraient la chronique depuis que Thirteen (2003) - le portrait provocateur
d’une ado trop précoce - a propulsé la jeune actrice sur le devant de la scène... Elle avait 15 ans.
Visage de madone
Il y eut d’abord Marilyn Manson, rocker gothique et cauchemar autoproclamé de l’Amérique
bien-pensante. Alors qu’il divorce de la strip-teaseuse chic Dita Von Teese, le chanteur de 39
ans s’éprend de la comédienne de 19, de son visage de madone et de ses « lunettes en forme
de coeur, comme celles de Lolita sur l’affiche du film de Kubrick ». Il en fait une chanson Heart-Shaped Glasses - et bien sûr un clip où apparaît une Evan déshabillée, dans le feu de
l’action avec son amant tatoué. Dita Von Teese se répand dans la presse contre la briseuse de
ménage ; les tabloïds dissertent sur l’alliance contre nature de la Belle et la Bête. Quand le
couple se sépare, elle fait front bravement, en vieille routière des médias : « Je serai toujours
reconnaissante à Marilyn de ce qu’il m’a apporté. »
Visage d’ange
La presse people tient une jeune beauté sulfureuse, et elle ne la lâche plus. Engagée par
Darren Aronofsky pour jouer la fille d’un catcheur sur le retour, Evan Rachel Wood se retrouve
à l’affiche d’un succès surprise de l’année 2008, The Wrestler. Dans le film, elle est une
adolescente désorientée au visage d’ange. Dans la vie, son père à l’écran, Mickey Rourke, 56
ans, est affolé par sa peau d’albâtre et sa taille de guêpe. Il étreint sa prétendue fille avec tant
d’enthousiasme lors des nombreuses avant-premières qu’on leur prête une liaison. Nouveau
scandale et promptes dénégations des deux parties. « Ce n’est pas ma faute si Evan est
sublime », proteste Rourke. « Il y aurait de quoi changer de métier , soupire la belle, la pression
quotidienne sur les célébrités est devenue insupportable. Mais j’aime être actrice, c’est ce que
je fais depuis toujours. » Depuis toujours, en effet...
Souvenir ancien
L’enfance d’Evan Rachel Wood s’est passée à courir les agences. Qu’on lui demande
d’évoquer un souvenir ancien et c’est un casting qu’elle évoque, celui du film de Neil Jordan
Entretien avec un vampire (1994) : « J’avais 5 ans. Je désirais terriblement ce rôle d’une adulte
dans un corps d’enfant. C’est Kirsten Dunst qui l’a jouée, en fin de compte. » Dans « Whatever
Works » (sortie le 1 er juillet), Evan Rachel Wood joue le rôle d’une fille de 20 ans qui s’éprend
d’un sexagénaire... Woody Allen aurait-il trouvé une nouvelle muse ? Une de ces très jeunes
filles susceptibles de s’éprendre d’un homme beaucoup plus âgé... comme Mariel Hemingway
dans Manhattan (1979) ou sa femme, Soon-Yi Previn, dans la vie ?
Idylle avec Manson
Evan Rachel Wood, qui - surprise ! - affirme que c’est leur différence d’âge qui a plombé son
idylle avec Manson, a pourtant tiré de cette affinité avec son personnage, aimantée par
l’expérience, la meilleure composition de sa jeune carrière. « Mon personnage débarque à New
York de son Sud natal, comme moi quand, enfant actrice, je suis montée de Caroline du Nord à
Los Angeles pour travailler. Je me suis inspirée de filles que je connaissais », s’amuse-t-elle.
Ces jours-ci, elle s’apprête à commencer le tournage de True Blood, la série à succès de HBO.
« Je vais jouer une reine des vampires calculatrice et rusée », explique Evan Rachel Wood,
avant d’ajouter : « Un rôle dans lequel beaucoup m’imaginent depuis longtemps. »
Florence Colombani
© Le Point
25 juin 2009