Le quotidien
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www.lematin-dz.com Libérez Mohamed Benchicou et Ghoul Hafnaoui www.presse-alg-libre.com Pétition pour la libération de Mohamed Benchicou et Hafnaoui Ghoul LA DELEGATION DU COMITE POUR LA LIBERATION DES JOURNALISTES EMPRISONNES TEMOIGNE A L’ETRANGER LES PROCES SONT POLITIQUES DAB Hier au siège de RSF. De gauche à droite : Omar Belhouchet, Fatiha Benchicou, Ali Yahia Abdennour et Robert Ménard. > Paris : la délégation du Comité pour la libération des journalistes incarcérés, l’épouse de Mohamed Benchicou, Me Ali Yahia Abdenour et le président de RSF ont expliqué les motifs politiques du procès du directeur du Matin, de Ghoul Hafnaoui et des délégués du mouvement citoyen. > Bruxelles : Cette délégation se rendra aujourd’hui pour dénoncer la machination du Pouvoir dans une conférence-débat initiée par la Fédération internationale des journalistes. > Rome : La Fédération nationale des journalistes italiens a demandé au Président italien d’inscrire dans les entretiens qu’il aura aujourd’hui avec Bouteflika la question des atteintes à la liberté de la presse. (Lire pages 2 à 7) LE DEVOIR DE VERITE — ISSN 1111-1100 — n° 3754 jeudi 24 juin 2004 — Prix : 10 DA - 0,80 € Le directeur du journal algérien Le Matin, Mohamed Benchicou, a été injustement condamné à deux ans de prison, le 14 juin 2004, et à une amende de 20 millions de dinars (200 000 euros). « Transfert illégal de capitaux et infraction à la législation régissant le marché des changes » sont les prétextes fallacieux invoqués par une justice aux ordres pour arrêter Mohamed Benchicou et faire taire une voix contestataire. Arrêté en pleine audience au tribunal et mis sous mandat de dépôt exécuté immédiatement, Mohamed Benchicou est incarcéré à la prison d’El Harrach. Mohamed Benchicou paie en réalité à la fois la vigueur du ton de son journal et le contenu irrévérencieux de son livre Bouteflika : une imposture algérienne. Il nous paraît évident que la sanction prononcée par la justice est une exécution de la menace proférée par le ministre de l’Intérieur, Yazid Zerhouni, qui promettait, il y a un an de cela, de « faire payer » Benchicou. Cet arbitraire n’est pas isolé. Il procède d’une politique de mise au pas d’une presse libre dont la corporation a payé sa liberté au prix : — de plus de 70 journalistes assassinés en moins de dix ans ; — de dizaines d’emprisonnements de journalistes ; — de suspensions de journaux ; — d’intimidations de toutes sortes et de harcèlements judiciaires permanents… Quelques jours avant l’emprisonnement de Mohamed Benchicou, Hafnaoui Ghoul, correspondant d’El Djazaïr News à Djelfa (Sud algérien), représentant de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme, a été arrêté et emprisonné pour avoir exercé son métier d’informer sur les abus des autorités régionales. De nombreuses autres arrestations de journalistes sont malheureusement à prévoir dans les jours à venir. La répression de la liberté de la presse n’est pas nouvelle. Elle reprend de plus belle depuis la récente réélection d’Abdelaziz Bouteflika à la Présidence de la République. Nous, femmes et hommes attachés à la liberté de la presse et d’expression, dénonçons ces arrestations. Nous appelons toutes celles et tous ceux qui partagent ces valeurs à se mobiliser pour la libération des journalistes injustement emprisonnés et l’arrêt de toute pression et répression à l’encontre de la presse. Nous nous constituons en « Comité pour la liberté de la presse en Algérie » et appelons toutes les associations, les partis, les ONG et les citoyens des deux côtés de la Méditerranée, et audelà, à nous rejoindre dans notre action. (Les premières signatures en pages 6 et 7) Pétition à adresser à : [email protected] Fax : 01.46.04.46.94 [email protected] Fax : 01.48.91.74.47 E-mail : [email protected] A LA UNE Libération de Benchicou et Une conférence a été organisée au siège de RSF L’opinion internationale alertée Photo/DAB A u siège de Reporters sans frontières (RSF), les représentants des éditeurs, du SNJ, et maître Ali Yahia Abdenour ont dévoilé le caractère politique de la peine infligée à Mohamed Benchicou et Hafnaoui Ghoul et les menaces pesant sur Le Matin et la presse. Il fallait une certaine dose de courage à Fatiha Benchicou, épouse du directeur du Matin, pour s’adresser à la trentaine de journalistes à la conférence de presse des éditeurs de la presse indépendante tenue au siège de RSF. Parmi les médias représentés, Le Monde, France 3, RFI, Berbère-TV, Beur-FM, Le Parisien, Radio France-Maghreb, l’agence de presse italienne Ansa, Süddetch Zeitung (l’un des plus grands tirages de la presse allemande), l’Humanité, beaucoup de correspondants de la presse indépendante et l’APS. Y assistait également un représentant du Comité de défense des journalistes (CPJ). Autour de la table, outre Fatiha Benchicou et Robert Ménard, la délégation des éditeurs — Omar Belhouchet (El Watan), Ghania Khelifi (Le Matin) et Abda Hadda Hazem (El Fedjr) —, Rabah Abdellah du SNJ, Zoubir Souissi, président du Conseil de l’éthique et de la déontologie, et maître Ali Yahia Abdenour, avocat de Benchicou et Ghoul. Premier à intervenir, Robert Ménard, président de RSF, a rapidement balayé les arguments utilisés pour condamner Mohamed Benchicou, déplorant au passage le fait que des politiques français ont tenté de présenter le dernier scrutin présidentiel comme « un modèle de transparence ». Pour lui, le pouvoir algérien a détourné la justice de son cours pour construire des délits et réduire au silence la presse qui critique le régime. « Il faut parvenir à obtenir une dépénalisation des délits de presse comme le stipulent les conventions internationales dont l’Algérie est signataire. C’est ce que proposent d’ailleurs les Nations unies. » Et de déplorer au passage le fait que l’Algérie n’accorde de visas que lorsque cela sert les autorités avant de passer la parole à Fatiha Benchicou. « Ces bons de caisse — maître Yahia Abdenour vous en dira plus — est un prétexte », lancet-elle d’une voix calme, résolue, tout en contenant son émotion. « La peine infligée à Mohamed Benchicou est très difficile à vivre par ses deux filles et son petit garçon qui vient d’entrer en sixième. Ils se sont retrouvés brusquement coupés de leur père. On a eu beau essayer de cacher la vérité à son fils mais quand il a fini par l’apprendre, il n’a pas mangé pendant 24 heures. Il nous a fallu donc gérer cette situation au quotidien. » Elle ajoute : « Mohamed Benchicou a bon moral. C’est un Au siège de RSF à Paris. Rabah Abdellah (SNJ), Fatiha Benchicou, Ali Yahia Abdenour et Robert Ménard. homme engagé depuis déjà trente ans et qui n’est pas du genre à reculer. Avant lui, il y a la condamnation de Hafnaoui Ghoul. Si pour chacune des 17 plaintes il est condamné, il n’est pas sorti d’affaire. Le plus inquiétant, c’est que les 85 % de suffrages dont a été crédité Bouteflika ne présagent rien de bon. C’est pourquoi, il faut démasquer ces imposteurs qui font croire que tout va bien en Algérie », conclut Fatiha Benchicou, fortement applaudie par les journalistes. Au nom du Matin, Ghania Khelifi a indiqué que, pour le collectif du journal, « il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’un procès politique intenté à Mohamed Benchicou ». Le Matin, at-elle expliqué, s’est opposé à Bouteflika, non pas en tant que personne mais en tant que représentant du système. La révélation de cas de corruption, de cas de torture, dont celle des jeunes de T’kout (Aurès), le fait d’avoir accompagné le mouvement citoyen en Kabylie, auquel s’ajoute la publication du livre de Mohamed Benchicou, ont décidé le pouvoir à frapper doublement Le Matin, d’abord en emprisonnant son directeur, ensuite en tentant de l’asphyxier financièrement par le biais du fisc. Ghania Khelifi a conclu son intervention par un appel aux confrères français et européens pour exiger la libération des deux journalistes et la cessation du harcèlement à l’endroit de la presse indépendante. Excusant l’absence des directeurs du Soir d’Algérie, d’El Khabar et de Liberté qui animent des meetings en Algérie, Omar Belhouchet s’est exprimé en leur nom pour dénoncer la volonté du Pouvoir de remettre en cause la liberté de la presse. « Hafnaoui Ghoul est le premier cas de journaliste subissant l’ap- 2 LE MATIN N° 3754 jeudi 24 juin 2004 plication du code pénal amendé en 2001. De mémoire de journaliste, je n’en ai pas vu un totalisant à lui seul 39 plaintes, et non 17. Pis, le directeur de l’hôpital de Djelfa et celui de la santé, qu’il a mis en cause dans ses articles, ont été relevés de leur fonction par le Pouvoir. Et c’est sur plainte de ces derniers que Ghoul s’est retrouvé en prison ! Du jamais vu », s’est-il écrié ! S’agissant de Mohamed Benchicou, Omar Belhouchet a indiqué : « Je vous assure qu’il n’y a rien de vrai dans cette histoire de bons de caisse. C’est du pipeau ! Pour nous, c’est très clair : c’est le journaliste qui était visé. Ce sont ses écrits, son livre qui ont été sanctionnés. Le procès auquel on a assisté ressemblait à un jeu de marionnettes. C’est la première fois, en violation des lois, qu’on arrête un prévenu comparaissant librement. En tant que Comité pour la libération de Benchicou, on va tout faire pour qu’il soit libéré dans les plus brefs délais. » Ajoutant : « Tous les jours, des journalistes reçoivent des convocations, de fortes pressions s’exercent sur les correspondants régionaux afin qu’ils n’informent pas sur les émeutes sociales qui secouent le pays. » En réponse aux questions des journalistes, M. Belhouchet a expliqué : « Nous avons été reçus par les ambassadeurs des pays du G8 à Alger : leurs pays respectifs sont donc informés. Nous sommes en France pour alerter l’opinion pour que les autorités françaises bougent. A Bruxelles, nous allons informer la Commission européenne et le Parlement européen car l’Algérie est signataire de l’Accord d’association avec l’Union européenne dont des clauses stipulent le respect de la liberté d’expression et de la presse. Nous allons leur dire qu’il y a danger, il y a problème et que la stabilité de l’Algérie passe par la démocratie. » Au nom du Syndicat national des journalistes, Rabah Abdellah a abondé dans le même sens. « Nous en sommes à 250 plaintes déposées contre les journalistes, dont certains sont en liberté provisoire. » Il a affirmé que « la pratique du métier de journaliste est menacée parce que le Pouvoir pousse à l’autocensure du fait des fortes amendes prévues par le code pénal ». Ajoutant : « On condamne des journalistes même quand ils rapportent des faits au conditionnel et même s’ils sont par la suite avérés. Voilà où nous en sommes dans l’Algérie d’aujourd’hui. » Zoubir Souissi n’a pas dit autre chose quand il a accusé le Pouvoir de « vouloir démanteler l’entreprise Le Matin (…) et qu’il cherche à imiter l’exemple tunisien », assurant que « la presse indépendante est résolue à mener le combat avec l’aide des pays du G8 envers qui Bouteflika a pris des engagements en matière de respect des libertés ». L’intervention de maître Ali Yahia Abdenour était la plus attendue. Sur les bons de caisse, il a expliqué qu’il s’agit de « titres de créances, déposés dans une banque algérienne et qui ne peuvent être retirés que dans la même banque en dinars et non en devises. Par rapport à la législation en vigueur, le fait de les porter sur soi, même en voyageant à l’étranger, est légal. Cela ne constitue pas un délit. Car seules les Douanes sont habilitées par la loi à constater l’infraction. Or elles ont déclaré qu’il n’y a pas infraction », a souligné l’avocat. Quant au procès, il a indiqué que le tribunal n’a même pas tenu compte des conclusions écrites déposées par la défense. « En principe, le tribunal renvoie le procès dans l’attente de l’examen des conclusions déposées par la défense. Or les délibérations ont duré cinquante minutes pour une vingtaine d’affaires. Cela veut dire que celle de Benchicou a été traitée en moins de trois minutes. En vérité, la décision de justice a été prise avant le procès », a affirmé l’avocat. Sur un plan plus général, Ali Yahia Abdenour a affirmé que « les droits de l’homme et les libertés sont menacées en Algérie (…) Le ministre de l’Intérieur, M. Zerhouni, est au-dessus des lois, a tous les droits et il fait la loi (…) Depuis 1962, les pouvoirs ont été installés en Algérie, soit par un coup d’Etat militaire, soit par un coup d’Etat par les urnes. Car le peuple ne choisit pas et ne décide pas, on le fait à sa place à travers des simulacres de scrutin ». En conclusion, après avoir dénoncé l’état d’urgence qui permet à ce pouvoir de limiter le champ politique et médiatique, l’avocat a souligné que le pouvoir actuel veut « frapper durement la presse, la faire taire et à travers elle, frapper toute la société (…) Dans l’Algérie actuelle, ce régime ne fait pas qu’abuser du pouvoir, il veut aussi un abus d’obéissance. Ce sera difficile mais nous allons agir pour faire libérer les deux journalistes et faire cesser les abus de pouvoir afin que l’Etat de droit triomphe un jour dans ce pays ». La délégation sera à Bruxelles ce jeudi. En Italie, où le Président Bouteflika effectue ce jeudi une visite officielle, les journalistes italiens, a-t-on appris, sont décidés à manifester leur solidarité avec leurs confrères algériens. Hassane Zerrouky A LA UNE Ghoul : vaste mobilisation A la veille de la visite de Bouteflika en Italie La Fédération des journalistes italiens interpelle le Président Ciampi L Paulo Sirventi Lunghi, secrétaire général de la Fédération des journalistes italiens. Photo/DR es organisations de la société civile italienne passent à l’action à la veille de la visite d’Etat du Président de la République algérienne, Abdelaziz Bouteflika. La Fédération nationale des journalistes italiens vient de saisir officiellement le Président de la République Carlo Azeglio Ciampi et le Chef du gouvernement Silvio Berlusconi sur la menace de disparition de la presse indépendante en Algérie. « Ces dépassements politico-judiciaires viennent d’être vérifiés par l’emprisonnement de Mohamed Benchicou, directeur du journal Le Matin, et Hafnaoui Ghoul, un journaliste correspondant dans la wilaya de Djelfa », note la Fédération des journalistes italiens dans un communiqué rendu public hier. L’initiative vient ainsi couronner un élan sans précédent de solidarité des acteurs de la société civile italienne. Des cercles d’intellectuels, des fédérations de travailleurs et des représentants de ligues des droits de l’Homme n’ont pas hésité à exprimer leur indignation suite à l’incarcération arbitraire des deux journalistes. L’élite italienne, qui vient ainsi de mandater officiellement la Fédération nationale des journalistes, exige de ses dirigeants politiques d’inscrire à l’ordre du jour des entretiens avec leur homologue algérien « le thème des droits civils et de atteintes à la liberté des journalistes, et à la violence exercée contre eux par les autorités politiques et judiciaires à travers des condamnations orchestrées, excessives et inacceptables ». Cette déclaration du secrétariat général du syndicat de la presse italienne est reprise par l’agence de presse Ansa, un organe d’information proche du gouvernement de Silvio Berlus- coni. C’est dire que les atteintes au droit du citoyen à l’information que subissent en premier lieu les professionnels des médias réfractaires à la politique du cercle présidentiel ne sont pas passées inaperçues. Toujours dans ce document transmis aux autorités du pays, la Fédération nationale des journalistes italiens fait part d’une « situation insoutenable de la liberté d’information en Algérie ». Un fait qui, selon les rédacteurs de ce communiqué, ne peut s’accommoder des conditions de l’Union européenne qui réclame de ses Etats membres d’exiger des pays tiers, aspirant à engager une coopération économique, le respect et la promotion des questions des droits de l’Homme et des libertés politiques. Pour ce faire, la société civile italienne, dûment représentée par la Fédération nationale des journalistes, compte ainsi revendiquer de ses officiels d’introduire une demande au niveau de la Commission européenne pour actionner l’article 02 de l’accord d’association. Une clause qui pourrait, le cas échéant, remettre en cause tous les efforts de l’Algérie dans sa stratégie d’ouverture sur l’Europe ; Alger compte en effet énormément sur Rome. Rome, qui faut-il le rappeler, ne lui a jamais fermé ses portes au moment où d’autres capitales européennes refusaient de cautionner la lutte que menait l’armée algérienne contre les islamistes armés. Cela dit, la Fédération des journalistes italiens endosse les déclarations du secrétariat général de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) qui juge « barbares les condamnations et les actions menées à l’encontre des journalistes algériens critiques ». Nadir Benseba Conférence-débat aujourd’hui à Bruxelles C’ est dans la matinée d’aujourd’hui que se tient dans la capitale belge, Bruxelles, une conférencedébat, à l’initiative du Comité pour la libération de Mohamed Benchicou et Hafnaoui Ghoul et sous la coordination de la Fédération internationale des journalistes (FIJ). Le thème de cette rencontre, qui est fortement soutenue par le président du Parlement européen Pat Cox, tourne autour des libertés de la presse et d’expression en Algérie. La délégation algérienne, composée des éditeurs de la presse indépendante, du président du Syndicat national des journalistes, celui du Conseil de l’éthique et de déontologie et du président de la Ligue algérienne des droits de l’Homme, Ali Yahia Abdenour, étalera devant l’assistance le parcours de la presse libre algérienne, les sacrifices de celleci pour la défense des droits de l’homme et de la citoyenneté et enfin toutes les pressions politiques que subit cette presse ces dernières années. La délégation essayera ainsi de sensibiliser les parlementaires de divers pays de l’Europe, nombreux à prendre part à cette conférence, sur les questions des droits de l’homme en Algérie, sachant que l’Algérie s’apprête à ratifier dans les prochains mois l’accord d’association avec l’Union européenne et également celui de son adhésion à l’OMC. L’opportunité est ainsi donnée pour la délégation algérienne d’expliquer à l’opinion internationale les atteintes et les violations des droits des citoyens par le Pouvoir algérien et interpeller chaque pays afin qu’il fasse pression sur le gouvernement algérien et lui exiger le respect des libertés démocratiques. D’ailleurs, les membres de la délégation auront à s’entretenir en tête à tête avec plusieurs responsables européens. Le premier rendez-vous est donné pour cet après-midi entre la délégation et Mme Claude Rénon-Reville, chargée des relations extérieures de la Commission européenne. Celleci, qui s’occupe spécialement du dossier Algérie, a montré sa volonté de s’entretenir avec les journalistes algériens en déplacement à Bruxelles afin de développer avec eux les questions des droits de l’homme en Algérie. La conférence de presse qui s’est tenue hier à Paris par Reporters sans frontières (RSF) en présence des membres du Comité pour la libération de Benchicou et Ghoul a regroupé un nombre important de médias français (télévision, radio et presse écrite). Rosa Mansouri Paulo Sirventi Lunghi, secrétaire général de la Fédération nationale des journalistes italiens et membre de la FIJ « Je suis très préoccupé par la situation en Algérie » La Fédération nationale des journalistes italiens a officiellement interpellé le chef de l’Etat, Carlo Azeglio Ciampi, et le Chef du gouvernement, Silvio Berlusconi, sur la situation de la liberté d’expression en Algérie. Le syndicat ne compte pas s’arrêter là, il envisage des actions de sensibilisation au niveau de l’Union européenne et des institutions de l’Europe des 25 pour faire prévaloir en Algérie le droit à la liberté d’expression et de la presse. Le Matin : La situation des droits de l’Homme en général et de la liberté d’expression en particulier a atteint des proportions alarmantes en Algérie après la condamnation à deux ans de prison ferme du directeur du journal Le Matin, Benchicou Mohamed, et l’arrestation du journaliste et militant des droit de l’Homme, Hafnaoui Ghoul, quelle évaluation faitesvous de ce contexte ? Paulo Sirventi Lunghi : Je suis très préoccupé par la situation des droits de l’Homme, de l’information et de la liberté d’expression en Algérie. J’avais interpellé le Président de la République, Carlo Azeglio Ciampi, et le Chef du gouvernement, Silvio Berlusconi, d’insérer à l’ordre du jour de leurs entretiens avec le Président algérien Bouteflika le thème de la liberté de la presse et de l’information et à faire à ce que soit garanti aux journalistes leur droit d’exercer librement leur profession et leur métier d’information. Le peuple algérien, qui a une grande une grande civilisation et traditions culturelles, a le droit de demander à son propre gouvernement de rendre plus démocratique et plus accessible l’information écrite ou radiotélévisée. Il est scandaleux et inacceptable que le directeur du journal Le Matin et d’autres journalistes soient condamnés à la prison avec des motivations prétentieuses et fallacieuses par des juges qui ne me semblent pas, à mon point de vue, très indépendants. Le Président algérien entame aujourd’hui une visite officielle en Italie, quelles sont les actions que votre syndicat envisage pour faire valoir sa position ? Nous avons entamé une action de protestation et de sensibilisation auprès de notre Président de la République et du Chef du gouvernement et nous sommes convaincus, encore aujourd’hui, que notre ministère des Affaires étrangères doit intervenir. Si cela est possible, nous essaierons d’être présents à la conférence de presse et de réaffirmer de nouveau nos positions. Entre temps nous avons manifesté notre solidarité à nos confrères du journal Le Matin et aux membres du Syndicat des journalistes algériens. En ma qualité de membre de l’exécutif de la Fédération internationale des journalistes, on a demandé à l’Union européenne et aux autres institutions de l’Europe des 25 de faire pression sur le pouvoir en place et d’intervenir en faveur de la liberté d’information et d’expression en Algérie. humains élémentaires, des droits civils et de la liberté d’expression. Ce sont des paramètres très importants qu’il faut respecter. C’est une phase très difficile pour les relations internationales et pour l’histoire de l’Algérie et du Maghreb et du respect des droits de l’Homme qui peuvent aider à la compréhension et au développement de la coopération. Il est vrai que l’accord d’association euro-méditerranéen conditionne tout échange ou aide économique au respect des droits civils et des libertés individuelles. Ce grave dérapage du pouvoir algérien pourra-t-il avoir des conséquences sur l’avenir des relations entre l’Algérie et le reste de l’Europe ? Il est juste, même très juste que soit liée la coopération internationale économique, commerciale et culturelle au respect par tous les gouvernements et Etats des droits Votre dernière appréciation… Au congrès de la Fédération internationale des journalistes à Athènes on a soulevé la nécessité qu’aux journalistes soit garantie l’indépendance et l’autonomie contre toute forme de limitation des libertés. Ce qui se passe en Algérie doit susciter la plus grande solidarité entre les collègues journalistes du monde entier. Entretien réalisé par notre correspondant en Italie, Nabil Igui LE MATIN N° 3754 jeudi 24 juin 2004 3 A LA UNE Libération de Benchicou et Le secrétariat politique du Parti des travailleurs l’a réitéré hier La condamnation des journalistes, « un autre front dans la crise politique » C’ est au volet politique de sa session hebdomadaire que le secrétariat politique du Parti des travailleurs (PT) a abordé, cette semaine, l’emprisonnement des journalistes Mohamed Benchicou, directeur du journal Le Matin, et Hafnaoui Ghoul, correspondant du quotidien arabophone El Djazaïr News à Djelfa, et représentant de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme dans cette même wilaya. La lecture du communiqué laisse entrevoir la crainte du PT de voir toute presse contes- tataire contrainte au silence, et ce, à travers les nombreuses condamnations à la prison ferme qui n’ont pas fini de se succéder. Le parti de Louisa Hanoune fait, en effet, référence à « la cascade de procès et condamnations à l’encontre des journalistes » sans oublier de rappeler « la mise sous scellés des locaux du journal Le Matin ». Le PT déplore qu’au « lieu de l’apaisement politique auquel aspire profondément la majorité du peuple (…), c’est un nouveau front qui est grand ouvert dans la crise politique porteur de risques sérieux d’ingérence ». Sur un autre aspect, le secrétariat du parti a eu à se féliciter d’avoir franchi, à la date du 19 juin, la barre des 300 000 signatures collectées et qui seront adressées au Président de la République dans une lettre revendiquant la tenue d’une conférence nationale. Il a relevé que « malgré les conditions difficiles, du fait du climat politique délétère, jamais le parti n’a réalisé une campagne militante d’une telle envergure et qui confirme sa progression mais aussi les attentes des citoyens ». Le communiqué du PT dénonce, par ailleurs, le projet du ministre du Travail et de la Sécurité sociale relatif à la réforme du système de retraite et de l’assurance maladie « visant à introduire la privatisation du système de protection sociale ». Le texte explique en outre qu’à travers « ces projets régressifs, le ministre veut satisfaire les exigences de l’OMC et des multinationales de réduire drastiquement le coût du travail par l’exonération des charges patronales sociales en prévision des privatisations tous azimuts ». Le parti de Mme Hanoune relève que « jamais les travailleurs n’ont autant été menacés dans leur existence comme classe sociale organisée » et se déclare « prêt à s’associer à toute initiative de défense du patrimoine public propriété de la nation et des conquêtes des travailleurs. Le parti de Louisa Hanoune vient ainsi de mettre le lien entre deux éléments essentiels, à savoir que les intérêts des travailleurs ne peuvent en aucun cas être défendus en l’absence d’une presse libre. Yasmine Ferroukhi Sit-in des journalistes hier devant le tribunal de Tizi Ouzou De notre bureau de Tizi Ouzou e sit-in auquel ont appelé les journalistes et correspondants de presse, hier, devant le tribunal de Tizi Ouzou, action élargie à tous les acteurs de la société civile pour exiger la libération « immédiate et inconditionnelle » de Benchicou et Hafnaoui Ghoul ainsi que pour dénoncer les pressions exercées sur la presse depuis plusieurs mois, a été une réussite. Ils étaient, en effet, nombreux à se rassembler devant l’institution judiciaire à partir de 10 h sous un soleil de plomb. Deux banderoles sur lesquelles ont pouvait lire : « Libérez Benchicou et Ghoul » et « Halte aux harcèlements contre la presse » étaient accrochées audessus du portail principal du tribunal sous le regard de quelques L policiers en civil et de ceux qui étaient en faction. Le rassemblent auquel ont pris part, outre les journalistes, de nombreux délégués des différentes coordinations de la CADC, dont celle de Tizi Ouzou, Ouacifs, Boudjima, Ouaguenoun, Béni Douala, Ath Zmenzer, Larbaâ Nath Irathen, et des représentants du RCD et du MDS, côté partis politiques, ainsi que des syndicalistes du Satef, du Cnapest, Algérie Télécom… et, bien sûr, de nombreux citoyens anonymes, a débuté par une minute de silence, le dos tourné au tribunal, à la mémoire des journalistes assassinés durant cette dernière décennie. De nombreux slogans hostiles au Pouvoir, comme « Pouvoir assassin », « Zerhouni assassin » ou encore « Libérez les inno- cents » et « Halte à la répression, liberté d’expression » ont été scandés par l’assistance. Dans une déclaration lue par un confrère devant les présents, il est cité : « L’emprisonnement de nos confrères, la mise sous scellés du siège du quotidien Le Matin, les condamnations qui pleuvent sur les directeurs de journaux et sur les journalistes, les procès en série inscrits ou en préparation annoncent de mauvais jours pour la liberté de la presse et d’expression sans laquelle la démocratie ne serait qu’une farce pour l’intérieur et un maquillage pour l’extérieur. » Une heure après, le rassemblement a été levé, et à la demande de l’assistance, il a été convenu d’observer une action similaire mercredi prochain même heure (10 h), même lieu. Nom- breux aussi étaient ceux qui ont déclaré être prêts à prendre part à toute action allant dans le sens d’exiger cette libération. Une autre action se tiendra aujourd’hui à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi-ville. Il s’agit d’un forum sur les libertés qu’organiseront les aârouch. Prendront part à cette manifestation des avocats, dont maîtres Bourayou et Benarbia, le collectif du Matin, des membres de la famille Benchicou, le commandant Azzedine, l’ex-officier de l’ALN, Yahia Abdelhafidh, et d’autres syndicalistes. Il est à signaler que le meeting programmé par la fédération du MDS pour la matinée d’aujourd’hui à la maison de la Culture n’aura pas lieu faute d’autorisation. La fédération de Tizi Ouzou du MDS a, dans un communiqué rendu public hier, dénoncé ce qui est qualifié de « manœuvre criante ». « Elle consiste, d’une part, pour les autorités, en retardant au maximum la délivrance de l’autorisation à empêcher toute organisation démocratique et toute préparation sérieuse d’une activité politique en vue de les minoriser et, d’autre part, à pousser ces mêmes organisations à verser dans l’illégalité pour ainsi retenir contre elles de fallacieux prétextes pour les réprimer et tomber dans le cycle répression-arrestation », ajoute le communiqué. Sinon, se demande le MDS, « quel impératif imposerait aux autorités "d’étudier" une demande » jusqu’à la veille de son organisation alors que la demande a été déposée dimanche dernier ? Brahim Boubchir Les aârouch de Béjaïa se concertent aujourd’hui pour une action de rue De notre bureau de Béjaïa e Pouvoir maffieux et assassin, insensible aux cris de révolte du peuple algérien à travers toutes les régions du pays, accentue sa répression féroce en jetant arbitrairement en prison ses porte-voix que sont les animateurs des mouvements citoyens et les journalistes dont les dernières victimes sont Mohamed Benchicou, directeur du Matin, et Hafnaoui Ben Ameur Ghoul, journaliste et militant des droits de l’Homme à Djelfa », s’indigne la présidence tournante de la Coordination intercommunale des citoyens de la wilaya de Béjaïa (CICB) dans une déclaration datée d’hier. La CICB, qui renouvelle sa « fidélité à son engagement de faire aboutir par un combat pacifique ses revendications démocratiques de la plateforme d’El Kseur où la libre expression figure en bonne place, exprime son soutien agissant au journal Le Matin et à son directeur-journaliste Mohamed Benchicou ainsi qu’à Hafnaoui Ghoul, tous deux victimes d’une dictature confortée depuis le 8 avril dernier ». Pour exiger la libération des deux journalistes, la CICB tiendra, aujourd’hui à partir de 12 h, au centre culturel de Smaoun une réunion intercommunale qui sera consacrée, entre autres, a annoncé hier Djoudi Hammouche, « 4 L délégué de la commune hôte, à l’« actualité du pays caractérisée par la répression, des arrestations et emprisonnements arbitraires dans les rangs des mouvements citoyens et de la presse indépendante ». « Nous ne pouvons rester indifférents à l’emprisonnement de ces journalistes », poursuit M. Djoudi qui estime que « cette affaire touche directement tous les citoyens épris de justice et qui se soulèvent un peu partout en Algérie pour bannir la hogra ». Au cours de la réunion d’aujourd’hui, les délégués de la wilaya de Béjaïa, indique-t-on, proposeront une action de rue en guise de soutien aux deux journalistes pour exiger leur libération. Par ailleurs, l’intercommunale soumettra à la plénière le document de réflexion pour son enrichissement à la veille de la tenue de la réunion interwilayas qu’accueillera la ville de Sidi Aïch dans les prochains jours. Abordant le chapitre lié à la torture dont ont été victimes des citoyens de T’kout dans la wilaya de Batna dernièrement, Djoudi Hammouche dira qu’« il est de la tradition du Pouvoir de nier ses actes ignobles alors que des délégués de la wilaya de Béjaïa qui se sont rendus dans cette région au moment même où sa population vivait une répression abominable avaient été choqués par la nature inhumaine des sévices infligés aux citoyens ». Notre interlocuteur rappellera également des cas de torture enregistrés en Kabylie au début des évè- De notre correspondant a Coordination des comités citoyens de la wilaya de Bouira a décidé, à l’issue de sa réunion d’avant-hier à Bechloul, 20 km à l’est du chef-lieu de wilaya, de tenir aujourd’hui à 10 heures un rassemblement populaire sur la place publique. Le rassemblement pacifique sera ponctué d’un meeting, ont convenu les aârouch de Bouira pour évoquer la tourmente que traverse la presse indépendante à laquelle ils entendent témoigner un franc message de solidarité. La tribune sera une occasion, anticipe Djamel Yahiaoui, qui a assisté au même titre que le délégué de Raffour, Zekri Moussa, au procès de Benchicou le 14 juin dernier, pour clamer haut et fort la libération des journalistes récemment incarcérés. Une telle action, a-t-il plaidé tout au long de la rencontre à laquelle avaient pris part plusieurs représentants locaux de la presse, concerne tous les citoyens, qu’ils soient médecins, avocats, chômeurs, syndicalistes ou représen- nements du Printemps noir. Il citera, entres autres, « les violences morales et physiques subies par ce citoyen de Smaoun dans la brigade de gendarmerie d’Amizour avant d’être relâché totalement nu dans la rue ». « Le malheureux garde aujourd’hui encore des séquelles traumatisantes de ce qu’il avait subi comme atrocités et humiliations », souligne M. Djoudi. Sur ce qui s’était passé en Kabylie, le délégué de Smaoun précisera que des « témoignages écrits et sonores » existent bel et bien des victimes de torture. Enfin, dans une déclaration qui nous est parvenue hier, le comité des étudiants de la résidence universitaire de Targa Ouzemmour de l’université Abderrahmane-Mira de Béjaïa (Ceruto) exhorte à « la mobilisation de tous », pour exiger la libération de Benchicou et Ghoul. Cette mobilisation citoyenne constitue pour le comité estudiantin « la seule garantie à la continuité d’un processus de transformation du système politique national ». Le comité achève sa déclaration en soulignant : « Conscients de la nécessaire solidarité qui doit être le soubassement de toute l’action démocratique, convaincus que la liberté d’expression est la condition indispensable à l’émergence d’un Etat de droit, nous interpellons le Pouvoir afin qu’il cesse ses attaques et ses violences contre les libertés. » Dalil Yamouni Bouira se mobilise L LE MATIN N° 3754 jeudi 24 juin 2004 tants de partis politiques. Il s’agit, a poursuivi le mandataire de Raffour, Haddad Nacer, de « réoccuper le terrain pour dire basta à l’emprisonnement des journalistes et de signifier au Pouvoir maffieux et assassin qu’aucune démocratie ne pourrait se construire sans la liberté de la presse ». Enfin, les organisateurs vont adresser un message particulier pour éveiller les esprits sur les objectifs de la cabale tramée contre Le Matin et qui, estiment-ils, ne visent qu’à la fermeture pure et simple de ce journal rebelle qui refuse d’abdiquer à la noble mission d’informer. Par ailleurs, les aârouch ont appelé à allumer des bougies aux quatre coins de la wilaya en signe de commémoration du 6e anniversaire de l’assassinat de Lounès Matoub, constatant amèrement que la justice, qui met à l’ombre des journalistes-écrivains de la trempe de Benchicou sous prétexte « d’un transfert illégal de bons de caisse », n’a toujours pas rendu justice dans cette affaire qui n’a pas livré tous ses secrets. Badis Moussaoui A LA UNE Ghoul : vaste mobilisation Boubakeur Jamaï : « La démocratie est un concept vide de sens quand la presse est persécutée » Vous avez parlé dans une de vos récentes déclarations au Matin de la nécessité d’aller vers l’institution d’un véritable régime des libertés. Cette option est-elle suffisante pour dépasser cette situation ? On ne peut pas parler de liberté de la presse ni même de la liberté d’expression dans un sens plus large en isolation du système de gouvernance du pays. Sans séparation réelle des pouvoirs, sans institution de contre-pouvoirs, la liberté de la presse est chimérique. Cela ne veut en aucun cas dire que nous autres journalistes devons arrêter de faire notre métier en attendant une vraie démocratie. Bien au contraire. C’est en exposant les travers des systèmes actuels, et hélas en en payant le prix, que l’on fait avancer la cause de la démocratie. Le Matin : Peut-on connaître votre opinion sur l’incarcération des deux journalites Benchicou et Ghoul Hafnaoui ? Boubakeur Jamaï : De ce que j’ai pu lire, il me paraît évident que les malheurs de MM. Benchicou et Ghoul Hafnaoui sont la conséquence de leur travail de journaliste. La nouvelle stratégie de nos régimes contre les journalistes est de clamer qu’ils ne sont pas au-dessus de la loi. L’idée, très populiste au demeurant, est de faire croire qu’ils sont à la recherche de privilèges indus. Le message subliminal à l’adresse de l’opinion publique étant : « Vous voyez, ils trahissent votre confiance pour accéder à des statuts de protégés. » Ce faisant, on se pare des vertus de l’homme de loi pour, en réalité, empêcher les journalistes de faire leur travail et partant l’opinion publique d’être informée sur la réalité de l’exercice du pouvoir. N’estimez-vous pas que les dépassements contre la liberté de la presse sont encouragés par la démobilisation ou parfois l’inefficacité des organisations syndicales de défense de la liberté d’expression ? Il est vrai que le régime est plus enclin à réprimer lorsqu’il ne craint aucune réaction des syndicats ou d’autres organisations de la société civile. La désorganisation et le manque de sérieux des organismes de défense de la liberté d’expression font forcément le lit des dérapages contre la liberté de la presse. Bouteflika parle de la nécessité d’une réforme démocratique dans le monde arabe. Cette réforme peut-elle s’accommoder de telles pratiques ? La réponse est évidemment non. Tous les beaux discours sur la démocratisation sont démentis par la répression qui vise les journalistes. La démocratie est un concept vide de sens quand la presse est persécutée. DR Boubakeur Jamaï est le directeur de l’hebdomadaire marocain Le Journal, objet d’une série de harcèlements judiciaires du temps où Driss El Basri était ministre de l’Intérieur au Maroc. Il relève dans cet entretien au Matin que les abus de justice qu’endurent le directeur du quotidien Le Matin et le journaliste Hafnaoui Ben Ameur Ghoul sont le fait de leur engagement professionnel à répercuter une information qui dérange les tenants du pouvoir. Aux tentatives d’édifier une « Union du Maghreb arabe » qui réprime, notre interlocuteur lance un appel pour la création « d’organisations maghrébines de démocrates dans tous les domaines qui permettraient de protéger et respecter la dignité du citoyen maghrébin ». Au Maroc, des journalistes ont subi des peines de prison pour délit de presse. Est-ce que vous estimez qu’ils sont confrontés à la même situation ? La grande similitude réside dans la soumission du pouvoir judiciaire au pouvoir exécutif. Nos gouvernants croient avoir trouvé la panacée pour réduire au silence à peu de frais les médias. Les interdictions administratives se révèlent trop coûteuses en termes d’image de marque, surtout vis-àvis des Américains qui clament leur souhait de démocratisation du monde arabe. Ils pensent qu’en utilisant la persécution judiciaire ils feront taire les critiques. Ils ne comprennent pas qu’en réalité ils ne font qu’exposer le caractère profondément antidémocratique des institutions dont ils ont la charge. N’est-ce pas aujourd’hui d’actualité l’idée de créer une organisation maghrébine de défense de la liberté de la presse ? La réponse est oui, mille fois oui. De façon plus générale, c’est d’une « transversalisation » de nos sociétés civiles dont nous avons besoin. Il y a déjà une « organisation maghrébine » de fait entre ceux qui nous répriment à laquelle il faudrait opposer des organisations maghrébines de démocrates dans tous les domaines qui permettent de protéger et respecter la dignité du citoyen maghrébin. Propos recueillis par Nadir Benseba Les organisations internationales sont unanimes « C’est une condamnation politique » L es multiples tentatives des autorités algériennes d’inculquer l’idée selon laquelle Mohamed Benchicou a été emprisonné pour une affaire de droit commun semblent avoir été vouées à l’échec au regard des réactions des organisations internationales, convaincues pour leur part que l’incarcération du directeur du Matin, comme celle de Hafnaoui Ghoul, relève strictement d’une décision politique. Tous les communiqués au cours de ces dix derniers jours soulignent parfaitement ce fait en opposant la version officielle systématiquement qualifiée de « prétexte » destiné à justifier la condamnation. Reporters sans frontières (RSF) l’a d’ailleurs rappelé une nouvelle fois lors de la conférence de presse qui s’est tenue hier au siège de l’organisation en mettant en l’accent sur les subterfuges « commerciaux, administratifs ou financiers » pour étouffer la presse. Dans un entretien accordé cette semaine au Matin, Robert Ménard, secrétaire général de RSF, a déclaré à cet effet être tout à fait conscient que l’incarcération de Mohamed Benchicou s’inscrit dans la démarche claire que le Président de la République algérienne a mis en place contre la presse qui dérange. « On ne peut pas dire que Bouteflika ait caché son jeu », poursuit Robert Ménard en faisant état des menaces proférées à l’encontre des journalistes par le chef d’Etat algérien durant la campagne électorale. Bouteflika, doit-on le rappeler, avait en effet consacré de larges parties de ses discours de campagne aux journalistes carrément qualifiés de terroristes et d’ennemis de la nation. Ces propos ne sont pas passés inaperçus puisqu’une autre organisation de défense des droits des journalistes les a elle aussi évoqués dans un communiqué publié mercredi. L’Organisation arabe pour la liberté de la presse (OALP), basée à Londres, a ainsi réagi à l’emprisonnement de Mohamed Benchicou et Hafnaoui Ghoul en interpellant Tony Blair et le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, à travers une lettre dans laquelle ils font état de l’escalade dans la répression contre la presse indépendante en détaillant l’affaire du directeur du Matin et d’El Khabar, condamné pour sa part à deux mois de prison ferme par défaut. Dans les messages qu’elle a adressés, l’OALP a tenu là aussi à rappeler les propos de Bouteflika durant la campagne électorale. Parmi les voix qui se sont exprimées certaines n’hésitent pas à affirmer d’un autre côté que « l’histoire » des bons de caisse trouvés sur le directeur du Matin n’a pas dupé les responsables européens. Aidan White, secrétaire général de la Fédération internationale des journalistes (FIJ), l’a déclaré clairement dans un entretien paru cette semaine dans les colonnes de notre quotidien. « Les responsables européens, dit-il, ne croient pas à l’histoire des bons d’épargne fomentée pour maquiller une décision politique de mettre Mohamed Benchicou en prison. On ne peut pas duper tout un monde lorsque dirigeants européens, experts et organisations de la société civile savent pertinemment que les bons d’épargne trouvés sur le journaliste constituent une créance en dinars non négociable à l’étranger ». Une raison pour laquelle la FIJ avait réagi au lendemain de la condamnation de Mohamed Benchicou par un communiqué condamnant les « attaques barbares à l’encontre de la liberté de la presse ». « Il y a là, ajoute le texte, un manque flagrant de respect des droits des journalistes de la part des autorités politiques et judiciaires. Ces peines sont grossièrement disproportionnées et tout simplement inacceptables. » Le même avis est partagé par le Comité de protection des journalistes (CPJ) pour lequel « la cabale policière montée contre Mohamed Benchicou le 23 août dernier ne se justifie que parce que Le Matin et la presse indépendante ont révélé des dossiers à scandale sur le passé de tortionnaire du ministre de l’Intérieur. Bouteflika a mis à mal le Pouvoir par la publication de son livre, Bouteflika : une imposture algérienne. Autre réaction allant dans le même sens, celle du Syndicat des journalistes de Catalogne, qui s’est élevé contre le « procès politique » qui a abouti à l’incarcération de Mohamed Benchicou et Hafnaoui Ghoul. Le syndicat se dit également convaincu qu’il ne s’agit rien d’autre que d’une « vengeance contre les journalistes et les médias qui ont osé faire leur travail comme il le faut ». Abla Chérif LE MATIN N° 3754 jeudi 24 juin 2004 5 A LA UNE Benchicou en prison : Les messages de soutien Nous publions certains des nombreux messages reçus à travers le Net. Ainsi donc, ce Pouvoir fraudeur, corrompu et corrupteur, assassin et haggar a franchi le Rubicon en prononçant des peines de prison ferme à l’encontre de deux journalistes qui n’ont fait que leur travail, celui d’informer. Que ce Pouvoir sache une bonne fois pour toutes que notre liberté de dire, de penser et d’écrire ne nous a jamais été offerte, nous l’avons arrachée de haute lutte et pour cela, notre corporation comme, du reste, l’ensemble de la société a payé le prix du sang. Alors pour tous nos confrères tombés pour que nous puissions dire, nous dirions donc que rien ni personne ne nous fera taire. Mobilisons-nous pour que demain nous n’aurons pas à pleurer comme des femmes (avec tout le respect que nous leur devons) ce que nous n’avons pu défendre comme des hommes. Courage compagnons, le rouleau compresseur est en branle. Ahcène Chérifi, ancien détenu politique 1976/81, militant pour l’amazighité et la citoyenneté, correspondant de presse Je suis énormément consterné à cause de l’incarcération de M. Benchicou, autant je sais aussi que l’Algérie qui est mon pays n’a et ne sera jamais démocratique tant que le système se nourrit toujours du même cercle des mêmes personnes (ben aâmiss), le même ministre de l’Intérieur, le même P-DG de la télé, le même Président (plus de 75 %), les mêmes généraux, la même répression, les mêmes propagandes et mensonges, enfin les mêmes assassins du peuple. J’ai honte d’être algérien, et je ne peux que souhaiter au Matin longue vie et à M. Benchicou courage et abnégation dans son combat démocratique. Je pense que les criminels de l’Algérie sont ceux qui la gouvernent. Réda Djaghout Quand je pense que M. Bouteflika aime à se comparer aux grands de ce monde, quand je pense qu'il ose dire qu'il admire Thomas Jefferson et aime à se comparer à Charles de Gaulle… Il a assurément oublié que Jefferson fut un fervent militant de la liberté de la presse et surtout il ne doit sûrement pas savoir qu'un jour De Gaulle avait dit qu'on ne mettait pas des idées en prison… Monsieur Benchicou, vous êtes en prison pour votre ligne éditoriale et rien d'autre, vous êtes en prison parce que vous faites votre travail avec une honnêteté intellectuelle qui fait défaut au Pouvoir, parce que vous faites votre travail avec amour, choses que le Pouvoir ne comprend pas… A leurs yeux, c'est délictueux et hors la loi… Vous êtes passionné, Monsieur Benchicou… Vous êtes coupable ! Je suis très choqué par cette mauvaise nouvelle. On s’est connu à Alger républicain. Je partage complètement vos idées. La prison est faite pour les hommes de grande volonté. Kader le photographe. Bab El Oued. Mohamed, vous êtes un grand monsieur. Vous avez gagné, ils on perdu. Je suis à votre entière disposition. Courage, mon ami, car le temps joue contre eux. Kader Mostefaoui « Pour que les geôles s'effondrent, pour que tous les bourreaux sombrent dans la triste nuit des ombres », tel est le souhait de Lounès, à la veille de la commémoration de son lâche assassinat. Le Pouvoir maffieux et assassin en place depuis 1962 persiste encore dans ses manigances, ses malversations, ses tortures, ses emprisonnements ainsi que ses assassinats. Aujourd'hui, se taire devant de telles injustices est une trahison aux martyrs d'hier et d'aujourd'hui, une trahi- 6 LE MATIN N° 3754 jeudi 24 juin 2004 son pour le combat d'Abane, de Mekbel, de Djaout, de Boucebci, de Tigziri, de Boudiaf, de Lounès et de tant d'autres sacrifiés pour cette Algérie meurtrie, aux martyrs d'Octobre 1988 et ceux du Printemps noir plus récemment. Je tiens à saluer le courage de toute l'équipe du Matin et plus particulièrement Mohamed Benchicou. Ce quotidien qui a été aux côtés du mouvement citoyen, du combat des enseignants, du simple citoyen. Comme le disait Benchicou dans l'une de ses chroniques : « Vous avez connu les émirs chasseurs d'outarde, nous avons côtoyé les enfants de Lounès Matoub et de Ben M'hidi. » Alors, nous citoyens épris de justice et de liberté, faisons encore face à ces despotes avant que ça ne soit trop tard, faisons disparaître cette tyrannie qui nous suffoque, restons fidèles au combat de Massinissa et de Benchicou. Le poète disait : « La liberté qui est en nous est plus forte que vos prisons qui nous contiennent. » Courage Benchicou et à toute la presse libre, on est tous avec vous. K. Hakim de Béjaïa Nous aimerions, mon épouse et moi, marquer notre solidarité avec votre comité et exigeons la libération de Mohamed Benchicou, embastillé injustement et par vengeance, ce qui n'honore nullement ceux qui sont derrière cet acte ignoble. Youcef Bendada (économiste) et Christiane Devillé (traductrice), Montréal (Canada) J'espère de tout cœur que l'annulation de la sentence envers M. Benchicou est imminente. Toufik Chérif Fidèle lectrice du Matin, je proteste vivement contre ces indignes arrestations de Benchicou et de Ghoul. Vive la presse indépendante ! Renate Ahmia, Hambourg (Allemagne) Bonjour à tous, j’ai pris un grand coup de gueule à la suite de ce qui est arrivé à M. Benchicou. Je trouve cette décision injuste et révoltante. Je vois que la situation de la justice algérienne en Algérie se dégrade de jour en jour. Où est cette fameuse « liberté d'expression », la « liberté de la presse » ? Je ne vois pas la démocratie dans tout cela, cette démocratie longtemps recherchée depuis tant d'années… Et voilà qu'aujourd'hui nos libertés sont bafouées par un gouvernement irresponsable et égoïste. Hélas, encore une fois, nous devrons attendre les prochaines années. Qui sait ? D'ici là, l'Algérie trouvera son bonheur. Sihem K. Tenez bon, n'ayez pas peur, nous sommes avec vous, ce régime oppresseur et assassin est décidé à plastiquer la maison Le Matin pour la faire exploser dans les prochains jours après avoir mis son directeur en prison. Votre combat pour faire triompher la vérité, la justice et la liberté est aussi le nôtre. Nous vaincrons contre l'inquisition et la dictature politico-financière (fisc) dans notre pays. Hellal Khelaf Tous les jeudis, je me régale à te lire. Depuis « Qassaman », on te lit tout le temps. A Miliana, on est tristes sans la presse, sans Le Matin surtout. Durs sont nos jeudis. Au pays des mines du Zaccar, on sait lutter contre le noir… où qu’il se trouve. Nos parents mineurs nous l’ont enseigné, appris. Tout le monde ici pense à toi. Même le Zaccar a renvoyé l’écho de qassaman. Ce soir-là, les vieux ont sorti leurs lampes de mineurs. Les jeunes, ne supportant pas l’obscurité, cachent leur mal trahi. Peut-être… en ces temps… Ah, ces femmes, elles ont vite couru pour porter la ziara à Sidi Ahmed Benyoucef. Pour que vive la liberté. Pour Mohamed et ses amis du Matin, pour Ghoul. Simplement on est fiers de toi ici. Et on ne croit pas aux bons de caisse, ils sont aussi noirs que leurs robes portées ce jour-là à El Harrach. Contrairement à Oujda, à Miliana on ne supporte pas le noir. Reviens-nous vite ! A bientôt. B. A. Miliana Vous savez, ce qui n'est pas normal, c'est pas Benchicou en prison, mais les personnes qu'il a soutenues tout au long de la campagne électorale et qui ne se sont pas du tout manifestées ne serait-ce par des messages de soutien. Et je parle de Benflis, Benyelles Nezzar & Cie… Hamid Arslane Nous comprenons la douleur de votre famille qui est la nôtre. MM. Benchicou et Ghoul, vous n'êtes pas seuls car tous les Algériens sont derrière vous. Heureux ceux qui se sont sacrifiés pour la vérité. Madjid Koriche Je tiens à vous exprimer ma plus profonde indignation suite à la condamnation et à l'emprisonnement de Mohamed Benchicou. Je suis un lecteur de votre journal ainsi que de toute la presse algérienne. Je pensais que l'Algérie était sortie de cette ornière du sous-développement total et que notre presse pouvait être citée en modèle dans le monde. J'espère que le Pouvoir algérien ne se laissera pas emporter par ses démons et qu'une révision du procès de notre ami Benchicou sera ordonnée. En attendant, le Pouvoir doit, pour l'honneur de notre presse et pour l'exemple, libérer immédiatement et sans condition aucune le directeur du journal Le Matin. Il y va de la démocratie balbutiante de l'Algérie et de son rayonnement dans le monde. Ali Benkritly Gatineau, Québec-Canada Fidèle à mes habitudes, je vous transmets mon soutien à la suite de l'arrestation ô combien honteuse de votre directeur (que je connais personnellement), M. Benchicou. Rachid Yahou (journaliste) Par cet écrit, je veux contribuer à la chaîne de solidarité qui s’organise au profit de la libération immédiate de Mohamed Benchicou et Hafnaoui Ghoul injustement incarcérés, car n’ayant commis aucune faute judiciaire. Je suis avec vous de tout mon cœur pour que cesse cette injustice. Bouna Houcine Je vous apporte mon soutien suite à l’incarcération injuste de notre directeur Mohamed Benchicou. Nous sommes de tout cœur avec vous, courage, vous n’êtes pas seul. Khanchali Dalila Le Matin, bureau de Constantine Deux ans de prison pour un homme de plume, c’est malheureux, mais c’est bête de leur part, car Benchicou aura tout son temps pour les bombarder avec un autre ouvrage. M. Benchicou tu es un vrai homme. Bon courage. Rachid Issaâd De nombreux citoyens indignés par la condamnation de M. Benchicou nous ont téléphoné durant toute la journée pour manifester leur soutien. Pétition pour (Suite de la page 1) Premiers signataires : Pierre Mansat (maire adjoint PCF de Paris), Idir (chanteur), Nouredine Saâdi (écrivain), Slimane Benaïssa (dramaturge), Victoire de Villepin (étudiante), Arezki Metref (journaliste), Nourdine Inoughi (journaliste), Nabil Farès (écrivain), Denis Martinez (artiste peintre), Benmohamed (poète), Ali Ghalem (réalisateur), Meziane Ourad (journaliste), Ferhat Mehenni (chanteur), Leïla Sebbar (écrivain), Sahra Mekboul (universitaire), Rachid Ould-Mohand (journaliste), Smaïl Dechir (journaliste), Association de culture berbère (ACB), Marie-Joëlle Rupp (journaliste), Aziz Bensaïdani (journaliste), Rabah Kouidri (journaliste), Farida Azeggagh (informaticienne), Feriel Louli (psychiatre), Hacen Ahres (chanteur), Abdenour Fellag (réalisateur), Djamel Nazef (projectionniste), Saïd Ouidir (chef d’entreprise), Tassadit Miloudi (manager), Zineb Tamène (avocate), Afarid Amrane (comédien), Rabah Ourad (chanteur), Hocine Slifi (assistant de direction), Chérif Benbouriche (responsable associatif), Kamel Mezoued (comédien), Mohamed Khaznadji (enseignant), Abdelkrim Bousseksou (entrepreneur), Karim Tilikat (agent immobilier), Marie Cœurderoy (journaliste), Mohamed Zaoui (journaliste), Sanhadja Aktouf (militante associative), Aziz Bensadek (enseignant), Catherine Dufour (infirmière), Aymeric de Goussencourt (responsable associatif), Lamri Belarbi, Saïd Zidani (consultant), Kouk Zahia (informaticienne), Georges Lambert (agent artistique), François Perrot (responsable du site « Lutte contre l’obscurantisme »), Aurélie Duthoo (professeur), Amara Bouola (professeur), CSPK (Collectif des sans-papiers kabyles), Malika Abdelaziz (journaliste, Madrid), Jubamasine Sofiane (Hollande), Gilles Mounaix (metteur en scène), Boukra Hakim (étudiant), Nait Chabane Lucie (assistance sociale), Majid Anzar (journaliste), Neelz Christiane, Mohamed Nabil (journaliste, Canada), Chabane Saïd (consultant), Mustapha Kessal (ingénieur), Sirine 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L. Benhassine (professeur Université d'Alger), Arielle Denis (vice-présidente du Mouvement de la paix), Hamdène Mustapha (retraité militant de la cause nationale), Toumi Mohamed et les enfants (représentant multicarte), Georges Rousset (France), Ahcène Bélarbi, Gerard Ginhas (intellectuel, Paris), Patricia Berrouane, Farid Gasmi Farid, Chalal Naguib (USTHB), Chalal Tassadit (INC), Bhalal Boussad (Bouzeguène), Nacer Achour (enseignant de la langue espagnole), Saidi Mohamed (président 2 associations Toudja, Béjaïa), Andrée Michel (directrice de recherche au CNRS, membre des 121), Liès Soltani (enseignant, responsable Rhône-Alpes Forum Démocratique), Aboubakr Chraïbi (universitaire), Abdeslam Faïd (journaliste), Association Confluences, Faroudja Moussaoui (membre du collectif Femmes en noir), Djamila Addar (journaliste Montréal, Amazigh Montréal), Catherine Bernard (plasticienne, Bruxelles), Alain Simoneau (journaliste Dunkerque Expansion), Monique Bouaziz, Bernard Giusti (écrivain, poète, directeur de publication de Vendemiaire, rédacteur en chef des Chemins de Traverse, président de l’association l’Ours blanc), Joëlle (conseillère du 15e arrondissement, adhérente au Mouvement pour une alternative républicaine et sociale), Ahmed Mahi (ingénieur), Henri Pouillot, Patrice Lucchini (responsable associatif), Pierre Henry (directeur général d’une ONG française), Jean-Michel Sahut (président du comité de réflexion et d’action laïque de SeineMaritime), Michel Renard (revue Islam de France), Farida Bouayad (enseignante), Alice Cherki (psychanalyste, écrivain), Hassina Benchelabi, Mourad Tazgout (consultant), Yasmina Salort (médecin pédiatre et santé publique), George Salort (ingénieur) (tous deux militants associatifs de Ayda Bordeaux et des Amis d’Alger Républicain), Brigitte Azéma-Peyret (avocat honoraire, secrétaire de l’Institut des droits de l’Homme du barreau de Bordeaux pour les actions extérieures), Roby Bois (La Cimade), Dr M. Aguercif, Sylvie Finkelstein (traductrice), Renée Le Mignot (secrétaire général adjoint du MRAP), Akli Aït Abdallah (journaliste, Montréal), Luisa Marques Dos Santos, Brahim Senouci (maître de conférences, université de Cergy), Catherine Deudon (photographe, auteur de Un mouvement à soi, éditions Syllepse), Yves Clot (professeur de psychologie du travail au Cnam), Lotfi Hamdaoui (journaliste, La Rochelle), Asma Guenifi Tougne (psychologue clinicienne), Fayçal Tougne (infographiste), Zéhira Mahcène (assistante administrative), Khelaf Hellal (ingénieur Alger) , Hakim Ouakour (étudiant à l’université d’Alger), Tahar Hamadache, Chérifa Kheddar (association Djazaïrouna des familles des victimes du terrorisme islamiste), Hélène Michelini-Beldjoudi (journaliste), Samia Messaoudi (journaliste, Beur FM), Khaled Melha (journaliste, rédacteur en chef), Farid Bennour (poète, sociologue), Odile Léon (documentaliste), Fadette Abed (journaliste), Mohamed Djennane (journaliste), Jalila Djennane (enseignante), Michèle Vianès (auteur de Un voile sur la République, Lyon), Danièle et Jean-Jacques Restoin (association Mémoire à Vif), Marguerite Rollinde (chercheur, université Paris 8), Djelloul Horri-Naceur, Eveline Casuc (universitaire, Antibes), Mohamed Bouali, Marc Dubois (journaliste Liberté Hebdo, Lille), Zakya Daoud (journaliste, écrivain, Paris), Mohamed Berkani (journaliste), Luc Quinton (artiste-colleur), Patrick Touron (CE d'EDF/GDF), Serge Barcellini, Paul Euzière (responsable d'une association culturelle et de solidarité, Grasse), Latifa Madani (ancienne journaliste, cadre association culturelle, Grasse), Marie-Chantal Guzman (agent artistique et culturel, Grasse), Karim Menardo (animateur, Grasse), Damien Voarino (médiateur culturel, Grasse), Jean-Jacques Michot (responsable association de quartier, Grasse), Angèle de Rosso (syndicaliste, Grasse), Pascal Jourdana (journaliste littéraire), Véronic Gauguin (association Alfane), Horria Saïhi (journaliste), Michèle Decaster (Afaspa), Alexandre Feigenbaum, Samia Kriens Chabane (association Faides), Georges Michel (traducteur-publiciste), Belkacem Lounès (universitaire, président du Congrès mondial amazigh), Marianne Salmon (administratrice de théâtre - Vienne France), Michel Tallaron (comédien metteur en scène), Jérôme Dulauroy (secrétaire général du mouvement Jeunes communistes de France), Vincent Bordas (secrétaire national de l'Union des étudiants communistes), Zohra Boutaleb (infographe), Sonia Timsiline, Youcef Rezzoug (journaliste), Josette Louise Vial, Dr Amrani Ali Cherif, Bouhenika Messaoud (étudiant, France), Dr Aouli Samira, Smaïl Mekmene, Arezki Benmokhtar (journaliste, France), Bengana Malika (correctrice de presse), Abdelli Malika (correctrice de presse), Dilmi Saïd (correcteur de presse), Mohamed Kechidi (maître de conférences à Toulouse), Bélaïd Boumaza, Aït Hamadouche Wassila (étudiante), Bouzid Meriem (étudiante), Bouzid Lamia (lycéenne), Namane Mehraz (étudiant), Aït Braha Samir, Amar Triki, Kemiche Laâziz, Georges Rousset (France), Nabil Boukandoul, Makhkouf Belarbi (cabinet MBA), Ahcène Bélarbi, Patricia Berrouane, Farid Gasmi Farid, Chalal Naguib (USTHB), Chalal Tassadit (INC), Chalal Boussad (Bouzeguène), Nacer Achour Otmane, Barhane Fodil (ingénieur en Allemagne), Moussa Naït Abdelaziz ( prof à l’université de Lille), Nabil Saâdoun, Dr Ahmed Lasmi (France), Ahmed Haddag (directeur administratif), Mohand Larbi Kaibi (PES de philosophie), Karim Bekkouche, Abdelhalim Mimouni, Mohand Sebti (enseignant Montréal), Messaoud Semoud (interprète en allemand), Lamia Salhi, Debbah Karim (agent comptable Montréal, Canada), Omar Tibourtine, Hélias Soltani (Forum démocratique à Lyon), Tafat Dahbya (membre de ACA), Nacer Dahmane (coordinateur de ACA), Abdelkader Dahbi, Loualia Djamal (étudiant à Lille), Mohamed Hales (militant), Renate Ahmia (Allemagne), Youcef Bendada (économiste, Montréal, Canada), Christiane Devillé (traductrice, Montréal, Canada), Hadjira Fezoui (étudiante-chanteuse), Ammi Nina (slameuse), Benissad Amel (étudiante en architecture, slameuse), Hasna El Bechara (chanteuse-musicienne), Pierre Barbancey (grand reporter), Mahmoud Idjouadiene (délégué des aârouch), Kebir Mohamed (ex-journaliste correspondant du Matin), Kader Mostefaoui (photographe de presse), Allam Kader (politologue), Amine Benabdellah, Nadjet Boubekeur, Karima Aït Hemmi (licenciée), Réda Djaghout, Hélias Soltani, Abdeslam Graine, Akli Bellagh, Lounès Abdenouri (Montréal, Canada), Mahammed Djouadi, Lemouchi Rabah (Commission pour la vérité et la justice), Ben Mohand Hachemi, Karim Aguelmin, Moussa Naït Abdelaziz, Hocine Himene, Zerrari Rabah (dit commandant Azzedine, responsable de la Zone autonome), Salah Boubnider (dit Saout El Arab, colonel de la Wilaya II historique), Abdelhak Bererhi (porte-parole du CCDR ), Aït Amara Hamid (CCDR), Aït Mohamed Madjid (CCDR), Khefallah Mostefa (CCDR), Chenounou Mohamed (CCDR), Si Mohamed Baghdadi (CCDR), Yadel Mourad Zountar, Rachid Yahou (journaliste), Naït-Chabane Amirouche (chanteur kabyle), Bertrand Tavernier (réalisateur), Guendouz Ziad (médecin à Alger), Chiroune Raouf (étudiant), Abdeldjebar Leïla (citoyenne), Madjid Koriche, Hellal Khelaf (Béjaïa), Amel Zinaï, Rachid Harbi (ingénieurauteur), Lahcène Hamouche (sociologue-journaliste), Youcef Kessi (France), Mahmoud Belhimer (journaliste El Khabar), Rénia Aouadene- Azeri (prof de lettres-histoire à Marseille), Zerrouk Mina (journaliste), Ali Benkritly (enseignant à Gatineau, Québec). Pétition à adresser à : [email protected] Fax : 01.46.04.46.94 • [email protected] Fax : 01.48.91.74.47 • E-mail : [email protected] LE MATIN N° 3754 jeudi 24 juin 2004 7 M ONDE Irak Zarqaoui et Lallaoui : une guerre en perspective L Hier à Baghdad, après l’explosion d’une bombe à proximité de l’hôpital. DR es Etats-Unis et la GrandeBretagne s'apprêtent à transférer jeudi prochain la souveraineté au gouvernement irakien sans avoir au préalable réussi à rétablir la situation dans le pays de l'ex-dictateur irakien Saddam Hussein. Bien au contraire. Tous les indices montrent que l’Irak va vers le chaos. Un duel sanglant s’annonce entre le Premier ministre irakien, Iyad Lallaoui, qui déclare qu’il a un plan pour mettre fin au terrorisme « dans les plus brefs délais », et le Jordanien Abou Moussab Al Zarqaoui, le proconsul d’Al Qaïda à Baghdad, un islamiste dont la tête est mise à prix par George W. Bush pour 10 000 000 de dollars. Outre ce duel qui risque de « compliquer » la situation en Irak, où les conflits ethniques et religieux resurgissent au grand jour, l’Iran et la Syrie, qui sont dans le collimateur des Etats-Unis, tentent de « brouiller les affaires irakiennes ». Le chef de Tawhid wal djihad (Unification et guerre sainte), un groupe lié, selon le département d’Etat américain, au réseau terroriste d’Oussama Ben Laden, menace dans un enregistrement diffusé hier sur un site islamiste de tuer le chef du gouvernement irakien, présenté comme le « symbole du mal et un agent des infidèles ». « Tu as échappé maintes fois, sans le savoir, à des embuscades bien organisées que nous t'avons tendues. Mais nous nous engageons à aller jusqu'au bout sans relâche pour te faire connaître le même sort que Ezzedine Selim », tué le 17 mai dernier dans un attentat à Baghdad, alors qu'il était à la tête du Conseil de gouvernement intérimaire, dissous. Qualifiant « d'anecdote sans éclat » l'annonce de la mise en place d'un futur « gouvernement irakien démocratique », l'auteur du message accuse Washington de chercher à « épargner le sang américain » et à déléguer aux Irakiens « hypocrites » la mission de « spolier les richesses » du pays. « Nous n'avons pas mené le djihad pour laisser s'installer un tyran arabe à la place du tyran occidental. Nous menons le djihad pour faire prévaloir la parole de Dieu, et tous ceux qui s'y opposent (…) seront nos ennemis et les cibles de nos sabres quels qu'ils soient », dit- il, menaçant d’exécuter les soldats et les policiers irakiens qualifiés de « traîtres », « mécréants », « hypocrites » et de « symboles du mal ». L’auteur de l’enregistrement met en garde les Irakiens contre « ce que préparent les Américains avec le nouveau Karzaï d'Irak, pour voler la victoire de vos enfants à Falloujah », la ville sunnite rebelle qui a subi mardi dernier des raids aériens. Lallaoui et la coalition prennent au sérieux la menace. « Nous considérons très sérieusement ces menaces et avons pris toutes les précautions », déclare le ministre de l'Intérieur, Falah Al Nakib, accusant pour la énième fois la Syrie de soutenir « financièrement et au niveau logistique les combattants étrangers et les affidés de l'ancien régime ». Selon le secrétaire adjoint américain à la Défense, Paul Wolfowitz, Baghdad mettra, dès le 1er juillet, « une unité antiterroriste de 750 hommes, un bataillon de 800 commandos et deux divisions de l'armée » pour combattre « un ennemi déterminé à faire échouer le processus ». Comme le Pentagone intègre la guerre contre Al Qaïda en Irak dans sa sécurité nationale, il annonce par la voix de son secrétaire adjoint américain que les 138 000 soldats resteront en Irak pendant « un bon nombre d'années ». Un engagement que le Président américain présente comme un défi à relever. « Les terroristes veulent nous forcer à nous retrancher du monde pour imposer leur sombre vision du monde aux gens. Ils veulent que nous partions. Les Etats-Unis ne seront pas intimidés par les actes brutaux de ces gens barbares. Nous croyons fermement en la liberté, dans les droits de l’homme et le respect de la dignité humaine », dit-il après la décapitation du ressortissant Sud-Coréen pris en otage en Irak par le groupe de Zarqaoui. Sur le plan intérieur, loin de la « guerre » que se promettent Lallaoui et Zarqaoui, la violence continue et les invitations pour la conférence de juillet éprouvent du mal à trouver acquéreurs. Au moins 6 Irakiens — civils, policiers ou soldats — ont péri hier dans des L'Iran libère les huit marins britanniques Iran a annoncé hier la libération des huit marins britanniques faits prisonniers pour être entrés illégalement dans ses eaux territoriales, mais leurs trois navires ne devraient pas être rendus, du moins dans l'immédiat. « Les huit marins britanniques, dont six soldats et deux officiers, ont été libérés », a déclaré à l'Associated Press une porte-parole du ministère des Affaires étrangères qui a précisé que l'opération prendrait une heure environ. Selon un haut responsable militaire, les autorités ont conclu à une intrusion par erreur. La télévision iranienne publique a affirmé que les marins quitteraient l'Iran sans les trois navires de patrouille militaire et leur matériel. Les hommes ont été arrêtés lundi sur le fleuve Chatt Al Arab qui sépare l'Iran et l'Irak, DR L’ alors que, selon Londres, ils livraient un bateau de patrouille pour les gardes-côtes irakiens. Téhéran avait initialement annoncé que les prisonniers seraient jugés mais la crise diplomatique a été évitée. AP violences en Irak. Le mouvement du chef chiite Moktada Sadr annonce son refus de participer aux travaux de la conférence nationale, prévue le 20 juillet prochain, pour désigner un organe consultatif irakien, appelé le conseil national. « Nous rejetons l'invitation qui nous a été adressée », dit-il. Explication donnée : elle ne prend pas suffisamment en compte l'importance de son mouvement. Il n’est pas le seul à dire « non » à cette conférence qui regroupera, selon ses organisateurs, 99 personnalités dont 54 représenteront les forces politiques et la société civile susceptibles d’être « désignés » par les 1 200 personnes qui seront présentes comme « députés » pour accompagner l’actuel gouvernement jusqu’aux élections générales prévues début 2005. Un indice qui ne trompe pas sur ce que sera l’Irak où la loi martiale sera décrétée dès le 1er juillet : la décision des chiites d’annuler la « fatwa » rendant licite l’assassinat des anciens partisans de Saddam Hussein, qui curieusement annonce, dans sa première lettre transmise par le Comité international de la Croix-Rouge à une de ses filles et publiée hier par plusieurs médias américains : « Mon moral est haut », tout en demandant à sa fille de dire « bonjour à tout le monde ». Djamel Boukrine L’Ingouchie, l’autre Tchétchénie de Poutine ? L a guerre de Tchétchénie, vieille déjà de cinq ans, s’élargit à l’Ingouchie, petite république du sud de la Russie, où Vladimir Poutine a écarté le Président Rouslan Aouchev en 2002 pour le faire remplacer par son protégé, l'exgénéral du KGB Mourat Ziazikov. Le Kremlin réussira-t -il à faire assimiler ce second conflit au terrorisme international pour justifier son refus de toute négociation avec les « indigènes » ? Quinze objectifs stratégiques de trois villes ingouches, la capitale Nazran, Karaboulak et Slevpstoka, ont été attaqués mardi simultanément par un groupe estimé à 200 hommes armés. Bilan : 92 morts dont 67 militaires et policiers et plus de 120 blessés, selon l'agence russe Interfax. « C’est pour déstabiliser la situation », commente le Président Mourat Ziazikov en annonçant un deuil de trois jours. Les analystes rappellent que la deuxième guerre de Tchétchénie a débuté à la fin 1999 par un assaut similaire et que l’opération de mardi vise à planter le décor en Tchétchénie qui se prépare à élire, en août, un nouveau président, après la mort d'Akhmad Kadyrov, l'homme de Moscou, dans un attentat le mois dernier. Le ministre tchétchène de l'Intérieur et candidat du Kremlin à la présidence, Alou Alkhanov, affirme que les attaques ont été conduites par Magomed Ievloïev, un wahhabite basé en Ingouchie. Poutine annonce qu'un régiment des forces du ministère de l'Intérieur sera stationné de façon permanente pour éviter une « tchétchénisation » dans la république caucasienne qui a accueilli la quasi-totalité des réfugiés fuyant la première (1994-1996), puis la seconde guerre tchétchène déclenchée fin 1999. Amnesty International met en garde contre le danger de voir le conflit tchétchène « s'étendre » à l'Ingouchie. « Nous voulons que l'Union européenne et l'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe sortent de leur silence et de leur indifférence », affirme l’organisation internationale. A Moscou, plusieurs journaux estiment que l'attaque de mardi est la preuve d'un « grave échec » de la politique du Kremlin dans le Caucase du Nord. D. B. LE MATIN N° 3754 jeudi 24 juin 2004 11 L IRE V OIR E COUTER Cloture du 5e Festival du film amazigh Actu Culture « Merci Annava » Raï sur les rails à Tabarka DR T out le monde guettait fébrilement ce lundi soir les délibérations du jury de la 5e édition du Festival du film amazigh qui vient de s'achever à Annaba. Malgré les appréhensions tant du public que du jury, présidé par Djamel Bendedouche, ce « moment fort » se déroulera sans trop de heurts ni trop de surprises avec la remise de l'Olivier d'or à Djamila Amzal, l'actrice de La Montagne de Baya et ce, pour la réalisation de son premier film Le Tuteur de Madame la Ministre. Une fiction qui raconte en tamazight la situation d'une responsable gouvernementale se trouvant dans l'obligation incongrue d'avoir un tuteur pour convoler en justes noces. Le titre passablement racoleur interpellera d'emblée nombre de « festivaliers » qui ne s'empêcheront pas de faire un parallèle avec un personnage public existant. Cette coïncidence qu'on présente, par ailleurs, comme une situation vécue n'en sera pas plus fortuite lorsque l'on saura par la suite qu'il s'agit bien là d'un « personnage atypique ». Ce que chacun croit d'autant plus volontiers. L'Olivier d'argent sera attribué ensuite à Mokrane Aït Saâda pour son Thamuggadi, un documentaire certes de haute facture, mais qui tranche avec la « vocation première du festival, à savoir présenter des films d'expression amazigh sous-titrés en arabe ou en français ». Dans le cas précis de ce documentaire on a relevé qu'il n'y avait pas plus de sous-titra- ge que de doublage du commentaire débité, par moments, en français. Une « entorse » qui ne passera pas inaperçue : le film n'est pas entièrement en tamazight. Ce qui n'enlève en rien au charme désuet de ces vieilles pierres que Mokrane Aït Saâda a éloquemment montrées en démontrant le génie de nos ancêtres, de vrais bâtisseurs. Le problème, c'est que la langue a rappelé au cours de cette édition annabie l'histoire de la tour de Babel. Car même s'il n'y a pas eu de « choc » frontal, le public annabi a éprouvé le besoin d'avoir à ses côtés des voisins-interprètes pour suivre ce qui se tramait à l'écran. Cela engendrera parfois non pas un chahut, mais un vrai brouhaha dans la Cinémathèque incommodant les berbérophones accrochés, quant à eux, à la « densité sémantique ». Pour ce qui concerne la symbolique, celle-ci échappera plusieurs fois à la curiosité tenace des cinéphiles annabis. Certains référents culturels tout comme le « visionnage » comporteront nécessairement plusieurs niveaux de lecture, plusieurs niveaux d'incompréhension. Cela dit, il faut savoir ce qu'on veut. S'il s'agit d'un festival itinérant le contact doit absolument se faire autant se peut en douceur. Il faudra aussi s'adapter aux défaillances et à l’improvisation qui ont tendance à s'ériger en règle dans ce pays. Quoiqu'il Le Tuteur de Madame la Ministre (synopsis) Le Tuteur de Madame la Ministre est loin d'être une dénonciation, car combien d'encre a déjà séché sur les pages de journaux et de livres, combien de colloques et de débats ont été organisés pour dénoncer le code de la famille. C'est tout simplement le témoignage de l'âme brimée et de la dignité bafouée de Lila, une femme parmi toutes les autres. A travers quelques images de son histoire, nous assistons à l'humiliation infligée aux femmes depuis vingt ans par le code de la famille, qui les tient au rang de mineures à vie. Ce court métrage se veut comme un liant entre toutes les autres formes de lutte menées jusqu'à aujourd'hui par des hommes et des femmes pour que l'absurde cesse de ronger notre société. en soit, il reste de cette 5° édition du film amazigh à Annaba une belle rencontre avec la Coquette, un accueil chaleureux, une interaction qui évoquera sensiblement le coup de foudre. « Merci Annava » aurait dit reconnaissant Si Muhend le grand absent. Mohamed-Chérif Lachichi Palmarès du 5e Festival du film amazigh - Olivier d'or pour Le Tuteur de Madame la Ministre de Djamila Amzal 52 mn. Béta/Italie/Algérie 2003 - Olivier d'argent pour Thamuggadi de Mokrane Aït Saâda, 52 mn Béta/Algérie 2004 - Prix spécial du jury pour Issa d'Idir Seghir 18 mn. 35 mm France/Algérie2004 - Prix des délibérations pour Le Chien et le Chacal, un film d'animation d’Oucherif, Béta 12 mn, Allemagne/Algérie 2003 Djamila Amzal, comédienne et réalisatrice primée par l’Olivier d’or « Un film pour m’exprimer » Pour un coup d'essai, c'est un coup de femme libre qu'a surtout démontré à Annaba la comédienne Djamila Amzal. Opération réussie. Le Matin : Devant ou derrière les caméras, vous faites à chaque fois parler de vous. Doit-on s'attendre ainsi avec ce premier film à une nouvelle vocation ? Djamila Amzal : Je vous ferai remarquer que j'ai joué aussi dans ce film. Je dois avouer que pour une première expérience, les choses m'ont semblé difficiles et je crois qu'elles le sont vraiment. A un moment donné, il y a eu une réelle confusion entre la comédienne et Djamila Amzal qui délivre un message. Aussi ne pensai-je pas recommencer la réalisation de sitôt. (ndlr : cet entretien a été réalisé avant sa consécration). Aucune prétention ? Non, j'ai fait ce film pour m'exprimer en tant que femme. J'ai décidé d'apporter ma contribution et j'en appelle aujourd'hui au débat sur le tutorat abrogé récemment au Maroc. Pourquoi Le Tuteur de Madame le ministre ? Ça aurait pu être quelque chose de plus fort encore. Le tuteur de madame la présidente de la République par exemple. L'essentiel n'est pas dans le titre, mais de montrer surtout que la femme algérienne quelques soient ses responsabilités a besoin encore d'un tuteur pour se marier. Pourquoi précisément une ministre ? Comme vous le savez, rien n'empêche aujourd'hui une femme d'être ministre ou même présidente de la République algérienne. Mais pour se marier et toujours d'après la loi, il lui faut un tuteur. Pour accentuer davantage cette contradiction, j'ai choisi une ministre afin de montrer le décalage qui subsiste entre la possibilité d'accéder au pouvoir et le statut de la femme en Algérie. Le plus absurde, c'est que la femme s'en sort à la fin grâce à son statut de ministre. Propos recueillis par M. C. L. A quelques bornes de la frontière algérienne, s'ouvre aujourd'hui le Festival de raï de Tabarka avec des figures marquantes de ce genre musical 100 % algérien. Pour donner le ton à cette quatrième édition du Tabarka raï festival, c'est Houari Dauphin qui va partager la soirée d'ouverture avec la légendaire diva cheikha Remitti, la première étoile née. Un exercice difficile et impressionnant pour Houari Dauphin qui va ce soir sûrement penser à elle très fort. Demain, il fera jour dans la petite station balnéaire tunisienne avec du raï groovy que viendra offrir l'Orchestre national de Barbès, également de la partie. Pour la clôture, comme à l'accoutumée, les organisateurs tunisiens ont pensé aux habitués de Tabarka, en l'occurrence cheba Fadela et Hakim Salhi, des artistes adulés par les Tabarkois, des pionniers dans le coin. M. C. L. Fête de la musique, Angelique Ionatos à Annaba Du blues à la grande bleue, D’un bleu très noir. Le récital donné ce lundi au théâtre régional d'Annaba par la chanteuse grecque Angélique Ionatos n'a cessé de nous rappeler en effet la Méditerranéenne si présente ici à la Coquette en ce premier jour de l'été en musique. Et surtout du chaâbi auquel devrait s'intéresser sans aucun doute davantage la chanteuse grecque qui gagnerait à connaître les sonorités du blues algérois si proches de sa musique. Pour ce qui est de son répertoire, ses hommages successifs aux poètes grecs seront ponctués par un vibrant hommage au compositeur Mikis Théodorakis dans Lygmos Aggedon et un autre pour La Vieille branche de Léo Ferré qui s'était produit, on se souvient, de son vivant dans la même salle. M. C. L LE MATIN N° 3754 jeudi 24 juin 2004 15 O2@@@@@@@6?26K ? W2@@@@@@@@@@@@@@6X ? ?W&@@@@@@@@@@@@@@@@1 ? W&@@@@@@@@@@@@@@@@@@L? ? ?W&@@@@@@@@@@@@@@@@@@@)X ? ?7@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@1 ? J@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@5 ? 7@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@(Y ? @@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@ ? ?J@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@1? ? ?7@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@? ? ?@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@L ? ?@0?'@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@)X? ? 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S Euro 2004 : les choses sérieuses commencent Quarts de finale, demain à Lisbonne à 19 h 45 France – Grèce Echos Les Grecs à l’assaut des champions d’Europe du Portugal Yes. Le sélectionneur suédois de l'équipe d’Angleterre Sven Goran Eriksson a demandé en mariage sa compagne Nancy Dell'Olio mais attend toujours une réponse de sa part. « Je ne sais pas pourquoi les gens disent toujours qu'il ne veut pas se marier car en ce moment, il attend que je lui donne une réponse », a affirmé Nancy, une avocate italienne, au London Evening Standard. Le couple semblait menacé il y a deux ans suite à la relation entre l'entraîneur et sa compatriote Ulrika Jonsson. « Je connais la vérité sur ce qui s'est passé, c'est pourquoi je peux de nouveau faire confiance à Sven », a pardonné Nancy. Alors, c'est oui ? Tirage. A Bola, le plus ancien quotidien sportif portugais, a enregistré lundi le plus fort tirage de la presse quotidienne portugaise, avec près de 295 000 exemplaires, au lendemain de la qualification du Portugal pour les quarts de finale grâce à sa victoire contre l'Espagne (1-0). A Bola affirme que plusieurs éditions ont dépassé les 200 000 exemplaires depuis le début de l'Euro. En mai, le tirage moyen n'atteignait qu'un peu plus de 133 000 exemplaires. Passion. A en croire une enquête réalisée par une marque de bière, les Croates ont une passion sans égale pour le football. Sur 2 100 hommes de 25 à 35 ans interrogés, 51 % ont affirmé qu'entre faire l'amour et avoir l'occasion d'assister à un match de l'Euro 2004, c'est la seconde option qu'ils choisiraient. Et pour 40 % d'entre eux, le rêve serait d'être sélectionné en équipe nationale, même comme remplaçant, plutôt que sortir avec l'actrice américaine Angelina Jolie. L'élimination précoce des Croates les amènera peut-être à regretter ces choix. Rooneymania. Gary Lineker, l'ex-buteur (48 buts en 80 sélections de 1984 à 1992) de la sélection nationale anglaise, a cédé à la Rooneymania qui subjugue l'Angleterre. « Moi, j'étais un braconnier, un chasseur de but à l'affût. Lui, il n'a même pas besoin du reste de l'équipe pour marquer. Il peut devenir un des plus grands joueurs de tous les temps », a-t-il prédit. Avec une seule réserve : « Il y a un tas de pièges auxquels il devra échapper et dans lesquels certains joueurs très prometteurs sont tombés. » Gascoigne n'en a pas dit moins. Presto. Un Portugais de 33 ans qui, en deltaplane, pensait pouvoir admirer lundi la beauté vue du ciel de la ville de Coimbra en a été vite dissuadé par un hélico de la police portugaise, qui lui a intimé l'ordre d'atterrir illico. A la même heure se disputait dans le stade de la ville le match Suisse-France et l'espace aérien local était, pour raison de sécurité, formellement interdit à tout intrus. Repentance. La victoire (1-0) du Portugal contre l'Espagne et la qualification consécutive de la Selecçao pour les quarts de finale a amené la presse portugaise à repentance. Elle qui n'avait pas ménagé ses critiques au sélectionneur, le Brésilien Luiz Felipe Scolari, a montré qu'elle savait élégamment battre sa coulpe. Mardi, au terme de la conférence de presse de Luizao à Alcochete, près de Lisbonne, les journalistes lui ont offert un maillot national dédicacé par eux-mêmes. Le Brésilien, réputé hermétique à tout sentimentalisme, en a eu l'air tout ému. AFP 22 LE MAT N N PORTS A uteur d’un énorme exploit lors du match d’ouverture de l’Euro avec sa belle victoire acquise au dépens du pays hôte, le Portugal, la Grèce est allée jusqu’au bout de son rêve puisqu’elle a réussi à se qualifier pour les quarts de finale au dépens de l’un des favoris du groupe de l’Espagne. Les hommes d’Otto Rehhagel auront demain rendez-vous avec un gros morceau qui est ni plus ni moins que le champion d’Europe en titre, la France. Les Grecs, qui devront se passer, à cette occasion, des services de Zisis Vryzas, suspendu, s’attendent à une tâche ardue. Leur coach a même affirmé qu’il faudrait un miracle pour espérer se qualifier en demi-finale. Les Grecs ne désespèrent toutefois pas de créer une autre surprise. Pour cela, dira le milieu de terrain Vassilios Tsiartas, il faudra Les oueu s ança s pendan en a nemen absolument ne pas commettre d’erreur devant les Zidane and co. Il est clair que dans ce match, la pression sera plus grande sur les épaules des Français qui, malgré leur qualification, n’ont pas convaincu grand monde. Santini qui se défend face aux attaques des médias a même déclaré qu’il savait ce qu’il devait améliorer. Pour cette confrontation, la France devra se passer de son défenseur Willy Sagnol, qui a contracté un fracture au bras. Gallas et Vieira traînent, eux aussi, des blessures mais pourraient fort bien tenir leurs places demain à Lisbonne. Les tricolores miseront comme toujours sur leurs vedettes habituelles qui sont Zidane, Henry et Trezeguet pour faire la différence. A noter que le match sera dirigé par l’arbitre suédois Anders Frisk. F. C. Aujourd’hui à 19 h 45 à Lisbonne, Portugal – Angleterre Une question de style L e sommet des quarts de finale entre le Portugal et l’Angleterre se déroulera aujourd’hui à Lisbonne. Il est considéré par les observateurs comme un combat indécis entre deux formations aux styles tout à fait différents mais aux potentiels assez proches. Avouons que les deux formations entretiennent l’espoir de devenir championne d’Europe avec un entraîneur étranger à la tête de chacune des deux équipes, chose qui n’est jamais arrivé dans l’histoire de la coupe d’Europe. D’un côt B n Lu F p S o n qu ou p on un oo d onnu p h n qu qu d u Su do Sv n Go n E k on qu ppo ou h p n d ng o d n p u d qu d n un oo b ng qu n m nqu qu onnu p un g nd ng g m n phy qu Pou Po ug omp n b u oup u g n d on n n p od g C no Ron do 19 n C d qu ou o d Po ug b u d o où ouv p un homm d qu on n nd qu d m v omm qu p odu du n o p m m h d m pou Ang don u b n p qu uppo d v nn n ou d v n p om n d on qu n v d W yn Roon y 18 n qu pou b u oup pou d on du n n on du p m ou S p odu on n E k on n p h omp u g nd P o qu d h b ud m u d n ug m n C d qu p d u ou d hu un ho d d ux y d m m n oppo R Z Les Italiens sous le choc mais lucides L es amateurs italiens de football se sont réveillés mercredi encore sous le choc après l'élimination cauchemardesque de leur équipe au premier tour de l'Euro-2004. En dépit des circonstances, ils se voulaient lucides en blâmant en premier lieu leurs propres joueurs et sélectionneur. Certes, l'Italie n'a perdu aucun de ses trois matches, et a même remporté le dernier, mardi soir à Guimaraes (Portugal) contre la Bulgarie (2-1), dans le temps additionnel (but de Cassano à la 90e+4). Et c'est le match nul (2-2) dans le même temps de la Suède et du Danemark, à Porto, qui l'a envoyé en enfer. Un score idéal pour les Nordiques qui, dans les bars, les stations de métro ou aux arrêts d'autobus, ne laissait évidemment pas de marbre les tifosi. Malgré tout, dans leurs commentaires, la plupart d'entre eux préféraient mettre l'accent sur les insuffisances jugées criantes de la formation de Giovanni Trapattoni, et notamment sur la pauvreté présumée de son jeu. « Vous savez, les Suédois et les Danois ont sûrement trouvé un accord, mais ils ne sont pas responsables de notre élimination, résumait Silvio, 35 ans, charcutier dans un quartier de la banlieue de Rome. Nous ne pou- 3754 eud 24 u n 2004 vons nous en prendre qu'à nousmêmes pour ne pas avoir su battre la Suède en prenant un but stupide à cinq minutes de la fin. » Laura, une vendeuse de 26 ans, affirmait en revanche ne pas croire « à un accord entre Danois et Suédois ». « Ils ont effectué un match spectaculaire, où il était difficile de calculer », estimait-elle, avant d'admettre que l'échec italien était « logique ». Alibi Matteo, 32 ans, directeur d'une maison de production ciné- matographique, se faisait lui plus précis. Trapattoni, dont la démission est annoncée pour vendredi, est le « seul coupable ». « Il a commis des erreurs en série et n'a pas su donner une identité à cette équipe, proclamait-il. Il (Trapattoni) a lamentablement échoué sur tous les plans et doit s'en aller. » Giulietta, 22 ans, jeune étudiante en pharmacie, estimait elle que l'Italie « avait mis beaucoup moins de cœur que d'autres équipes ». « La motivation (…), voilà ce qui a manqué à notre formation », tranche-t-elle. Même ton critique chez les techniciens et observateurs traditionnels. « Il faut regarder les chiffres. En deux tournois officiels, à deux ans d'intervalle, Mondial-2002 et Euro-2004, l'Italie n'a remporté que 2 matches, cela veut bien dire quelque chose », relevait le Polonais Zbigniew Boniek, ancien joueur de la Juventus Turin. Italo Cucci, ancien directeur du journal Corriere dello sport et aujourd'hui consultant à la RAI, se montrait plus lapidaire : « Nous devons rentrer à la maison et nous taire. » « Le Danemark et la Suède ont réussi leur coup, c'est évident. Mais nous n'aurions jamais dû nous mettre dans une telle situation », commentait Marco Mazzocchi, présentateur populaire de l'émission quotidienne spéciale Euro de la 2e chaîne de la RAI. Seul l'ancien ailier gauche des années 1970, Luigi Riva, vainqueur de l'Euro avec l'Italie en 1968, pointait surtout du doigt les adversaires nordiques de l'Italie : « Danois et Suédois nous ont tourné un très beau film au scénario parfait. Je m'aperçois que les fédérations étrangères n'ont pas de leçon à nous donner. » AFP S PORTS Finale de la Coupe d’Algérie demain à 17 h au stade du 5-Juillet FAF AG ordinaire aujourd’hui à9h JSK-USM Alger : parfum de revanche Ryad > Le Matin J S Kabylie-USM Alger sera une confrontation intéressante aux relents de revanche. En effet, la JSK est la seule équipe à avoir battu l’USM Alger à Tizi Ouzou en championnat lors de la phase retour et à la priver du titre. C’est l’occasion pour la JSK de prendre sa revanche sur l’USM Alger qui l’a battue en finale de l’année 1999 (2-0). Depuis cette date, le contentieux demeure toujours à régler et bien des choses ont changé. Même si la défaite face au nouveau champion a été concédée in extremis à la suite d’un match de toute beauté, le parfum de revanche se répand à travers les quartiers. L’USM Alger se porte comme un charme et est parvenue à se qualifier pour les poules de la Ligue africaine des champions en arrachant le match nul face aux Ghanéens de l’Ashanti Kotoko. L’équipe de Mustapha Aksouh est intraitable à domicile et loin de ses bases. Il n’est donc pas étonnant de voir les Usmistes récolter un septième trophée sur les 14 finales disputées jusque-là. De son côté, la JSK qui a arraché le titre de championne d’Algérie et qui n’a pas jubilé de bonheur de gagner la Coupe depuis 1995, pense également au doublé. Les Canaris, sous la conduite du fin technicien Azzedine Aït Djoudi qui a redonné le sourire aux Kabyles, disposent d’un grand atout psychologique sur leurs adversaires, et le moment n’est sûrement pas à la distraction. Les coéquipiers de Lounès Gaouaoui visent le doublé et comptent mettre la main sur le trophée de l’épreuve la plus popu- laire en Algérie. Ils en ont bien sûr les moyens : les Lions du Djurdjura ont toujours été difficiles à prendre en défaut. L’USM Alger, son adversaire du jour, semble pourtant revigorée depuis des semaines après être parvenue à se qualifier en Ligue des champions d’Afrique. Les Rouge et Noir vont lutter et leur principal objectif est de garder jalousement le trophée, qu’ils ont remporté en 2003. Leur mission s’annonce délicate puisque leur concurrent direct, en l’occurrence la JSK, les devance actuellement sur le plan psychologique. Les Canaris ne baisseront donc pas les bras et le Azzedine Aït Djoudi, coach de la JSK « On est conscients » désormais classique derby d’aujourd’hui devrait tenir toutes ses promesses. L’USM Alger, qui sera privée des services du capitane Zeghdoud, de Doghmani, de Metref, de Dziri et peut-être de Farid Djahnine, mais qui enregistre la rentrée de Benchergui, aura sans doute l’avantage d’évoluer à domicile, sur un terrain qu’elle connaît dans ses moindres recoins. Aussi pour mieux préparer cette grandiose fête, les Algérois qui ont pour habitude de se mettre au vert la veille d’une compétition importante ont-ils préféré entrer très tôt en stage bloqué à l’hôtel Dar Diaf de Mustapha Aksouh, coach de l’USMA « Les joueurs sont prêts pour cette finale » Le coach kabyle prépare activement sa finale avec ses joueurs. Il nous parle de l’état de son équipe, de son effectif et de son ambition à la veille de la compétition. Le Matin : Comment se présente pour vous ce match face à votre ancienne équipe ? Azzedine Aït Djoudi : Ce sera un match comme tous les autres, même s’il a un cachet particulier. Mes joueurs et moi ne parlons pas trop de ce match pour éviter de nous mettre une pression inutile. Mais, cela ne veut nullement dire qu’on va croiser les bras le jour de la rencontre. On essaye de gérer leur temps sans trop se dépenser ; ils sont conscients de la tâche qui les attend. Ils sont hypermotivés. Etes-vous animé d’un esprit de revanche en croisant votre ex-club ? Aucunement ! Je n’ai gardé que de bons souvenirs de l’USM Alger. J’entretenais de bonnes relations avec les joueurs, les dirigeants et les responsables. Je ne vois pas pourquoi je vais leur tenir rancune. La vie d’un entraîneur est ainsi faite, aujourd’hui vous êtes là, demain vous serez Chéraga. Ce face-à-face entre l’USM Alger et la JSK sera peutêtre déterminant pour les deux clubs qui veulent finir la saison en apothéose, ce qui va sans doute donner de l’importance à ce match. La JSK sera amoindrie également par l’absence de son keeper Gaouaoui, son défenseur Zaffour, Belkheir et Kechout qui ne sont pas retenus pour la saison prochaine. Ce face-à-face entre deux de nos prestigieux clubs en Algérie sera une occasion pour confirmer les bonnes performances enregistrées sur les plans national et international. M. Gemmill pendus, à savoir Zeghdoud, Doghmani et Metref. Par contre, nous enregistrons le retour de blessure de Arribi, Benchergui et Dziri. Mais Ammour vient de se blesser durant les entraînements de mardi… Oui. Et le médecin doit me donner sa décision ce jeudi. En tous les cas, j’ai besoin d’un joueur frais et avec toutes ses capacités ; je ne veux prendre aucun risque. ailleurs. J’ai joué deux fois face à l’USMA, j’ai obtenu de bons résultats. Mon devoir est de travailler pour le football. Le fait que la finale soit venue tardivement, ne craignez-vous pas un relâchement de la part de vos joueurs ? Non, pas un relâchement mais un manque de fraîcheur physique à cause du manque de compétition. Cela fait un mois qu’on n’a pas joué le moindre match. Cela dit, mes joueurs sont mobilisés et conscients de la rudesse de leur tâche. Nous serons au complet et nous ferons de notre mieux pour satisfaire nos supporters. On est là pour eux. Propos recueillis par M. G. Après avoir perdu le titre de champion d’Algérie au profit de son adversaire du jour, la JSK, l’USMA espère prendre sa revanche à l’occasion de la finale de la Coupe d’Algérie. Le coach usmiste nous parle de ce match. Le Matin : Comment se passe la préparation pour cette finale de la Coupe d’Algérie ? Mustapha Aksouh : La préparation se déroule le plus normalement du monde. Je note la bonne ambiance et la sérénité qui caractérisent le groupe. Quels sont les joueurs absents pour cette rencontre finale ? Nous comptabilisons trois sus- Comment se présente cette finale face à la JSK ? Cette finale se présente dans un mauvais moment pour notre équipe qui n’a pas de répit. Cela se sent sur le plan physique des joueurs. Mais ils sont très motivés pour ne pas rater cette finale. Que pensez-vous de la JSK, votre adversaire ? C’est une équipe très difficile à manier. Elle est homogène et possède de bonnes individualités. Nous n’avons pas peur de la JSK, mais je dirai que tout repose sur les joueurs. S’ils jouent sur leur propre valeur, nous gagnerons le match… Propos recueillis par Ali Sadaoui L’assemblée générale de la Fédération algérienne de football (FAF) aura lieu aujourd’hui à partir de 9 h à la salle Safex (PinsMaritimes) à Alger. Cette AG a un caractère ordinaire, mais les responsables des clubs vont certainement discuter de la prise en charge promise par le président de la FAF pour les associations pour le compte de la saison prochaine. Il s’agit de la prise en charge en matière de transport, d’hébergement et de restauration en cas de déplacement des équipes. Le bilan moral et financier de la FAF va sûrement être adopté durant cette AG. F. C. CABBA Le bilan moral et financier approuvé L’assemblée générale ordinaire du CABBA, organisée hier au siège de la salle de délibération de l’APC de Bordj Bou Arréridj, a sans difficulté approuvé le bilan moral et financier présenté par le président du club, Ramache Haouès. Les comptes font ressortir une dépense générale de 5,6 milliards de centimes et une dette de 1,5 milliard de centimes. Somme versée par le président de la section de football, Tabakh Farid, durant la saison qui vient de se terminer. Les intervenants des membres de l’assemblée générale ordinaire ont, en présence du président de l’exécutif communal de Bordj Bou Arréridj, mis en exergue la faiblesse des subventions financières accordées au club par l’APC, alors que le directeur de la jeunesse et des sports (DJS) de la wilaya de Bordj Bou Arréridj, représenté à cette assemblée par un fonctionnaire, a été mis à l’index par les intervenants pour ses mauvaises relations avec le CABBA. Par ailleurs, en prévision de la tenue de l’assemblée générale élective, prévue pour le 24 juin prochain, une commission de candidatures a été installée pour la réception des dossiers. Côté exécutif, le gardien de but Kial, après des contacts infructueux avec l’USB, rempile au profit du CABBA. On annonce également la venue de l’avant-centre Mir de Rouiba, Béchoua (ASAM) et Koula (ASO). Hassen Wahid LE MATIN N° 3754 jeudi 24 juin 2004 23 L E M AT I N Procès de Hafnaoui Ben Ameur Ghoul Deux mois de prison ferme, 20 000 DA d’amende et une relaxe De notre envoyée spéciale à Djelfa, Saïda Azzouz e journaliste Hafnaoui Ben Ameur Ghoul a été condamné hier par le tribunal de Djelfa pour diffamation à deux mois de prison ferme et une amende de 20 000 DA en plus des dommages et intérêts à verser à la partie civile. Il a été relaxé, tout comme le correspondant d’Echourouk, dans une affaire les opposant à des agents de sécurité de la wilaya. C’est d’ailleurs par ce premier dossier que s’est ouvert le procès du journaliste, représentant de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme et porteparole du mouvement citoyen du Sud. L’affaire remonte à février 2003 quand le correspondant du journal El Youm qu’il était, celui d’Echourouk et la « correspondante » d’El Watan se présentent à la wilaya pour retirer des convocations pour assister à la visite de travail du ministre de la Santé. Sur place, des badges leur sont délivrés en contrepartie des pièces d’identité et des cartes professionnelles pour accéder au cabinet du wali. A leur sortie, seule la correspondante d’El Watan a récupéré ses papiers. Les agents, ceux-là mêmes qui ont déposé plainte pour « insultes », déclarent aux deux journalistes que leurs papiers ont été pris par un colonel responsable de la sécurité. Il s’ensuivra, selon les déclarations des agents de la wilaya, « un échange de propos » entre les journalistes qui exigeaient des explications et les employés qui ne pouvaient en donner parce qu’ayant exécuté une décision. Hafnaoui Ghoul décide alors de porter plainte contre cet abus. Aucune suite ! En revanche, la plainte des employés de la wilaya a abouti au procès. Une audience qui a vu les avocats de la partie civile se démener pour acculer l’accusé. En absence de preuves matérielles et compte tenu de la plaidoirie des avocats de la défense qui ont démonté point par point « ce dossier préfabriqué », le juge a prononcé la relaxe. La deuxième affaire pour laquelle comparaissait hier le journaliste avait trait aux 14 plaintes déposées par le wali, le chef de cabinet, le protocole, le directeur de l’éducation, celui de l’hydraulique, le commissariat des steppes et autres responsables locaux suite à l’article publié par El Djazaïr News le 24 mai dernier. Plaintes, comme a tenu à le souligner le procureur de la République, ramassées en Le 9 juin à Djelfa, le jour du premier procès de Ghoul. Moh/Le Matin L un seul dossier. « Tu as de la chance qu’on a mis toutes ses plaintes dans un même dossier », juge-t-il utile de lancer à l’endroit de Hafnaoui Ben Ameur Ghoul. Ce dernier a d’ailleurs été très souvent pris à partie par les avocats de la partie civile. Maître Djabari usera d’un ton et « d’arguments » avec l’intention d’humilier l’accusé. Fait que ce dernier ne laissera pas passer et de demander au juge d’intervenir. Ses avocats en feront de même. Bien que rappelé à l’ordre, l’avocat du wali et des fonctionnaires de la wilaya, qui a demandé toute somme faite plus de un milliard de dinars de dommages et intérêts, récidivera. Sa détermination à « démolir » le journaliste traduisait l’acharnement de l’administration qui poursuivait Ghoul Hafnaoui pour diffamation, insultes, outrages à institution et fonctionnaires de l’Etat. La « haine » du journaliste était également perçue dans la plaidoirie de maître Meftah qui tient à préciser qu’il était fonctionnaire dans l’administration civile et militaire. Dans son « procès » contre la presse, il s’offusque que les journalistes ne montrent que les choses négatives, « alors que Djelfa a le beau boulevard d’Algérie, qu’on y mange les meilleurs côtes d’agneau du monde, et que la population a voté à 100 % pour Abdelaziz Bouteflika ». Une argumentation qui fera « fuser » le rire des présents, qui jusque-là riaient sous cape. C’en était trop, l’audience se transformait en une tribune pour faire l’apologie des autorités locales. Les avocats du journaliste ne manqueront d’ailleurs pas de le faire remarquer au juge. Maîtres Triki, Kadouri, Ahmime et un jeune avocat se succéderont à la barre pour contester les procédures, les chefs d’accusation et méthodiquement démontrer que leur client n’a pas commis un écrit diffamatoire, mais un article critique dans lequel il rapportait en citant des citoyens, en reprenant des communiqués, certains faits. « Le bon sens aurait voulu que suite à cet écrit, les responsables ouvrent des enquêtes pour faire la lumière sur cette affaire. Ce n’est qu’à partir de là, s’il s’avère que le journaliste a menti, que des plaintes pour diffamation sont déposées. » Ils tiennent à revenir sur l’affaire de la mort suspecte des 13 bébés à l’hôpital de Djelfa. « Une vérité que Ghoul a fait éclater. » Très à l’aise, ils démontrent que leur client n’a pas fait plus que son métier de journaliste et qu’il est l’objet d’une cabale. La preuve en a été donnée par le président de l’APC de Selmana, un plaignant qui a été incapable de dire au juge quels propos il a trouvés diffamatoires. « Je suis illettré », déclare-t-il au magistrat. Après délibération, le juge condamne le journaliste à 20 000 dinars d’amende. Le procureur avait requis 8 mois de prison ferme et 50 000 dinars d’amende. En revanche, pour le troisième dossier qui contient trois plaintes de la wilaya, le juge a condamné Hafnaoui Ghoul à deux mois de prison ferme pour diffamation suite à un article publié dans le quotidien Le Matin le 17 mai dernier. L’article reprenait un communiqué de la LADDH et à aucun moment Ghoul n’y est cité, comme le fait remarquer l’avocat de la défense. Peine perdue, le journaliste incarcéré depuis le 24 mai dernier est condamné à 2 mois de prison ferme. Même peine que celle prononcée par ce même tribunal le 9 juin dernier. S. A. LE HIC L’AMJ saisit le ministre de la Justice L’Association mondiale des journaux (AMJ) a saisi, par le biais d’une lettre signée par son président, le ministre de la Justice algérien à propos de l’incarcération injustifiée des journalistes Mohamed Benchicou et Hafnaoui Ghoul. Datée du 23 juin, la correspondance de George Brock, dont une copie a été adressée à Kofi Annan et Koichiro Matsuura, respectivement secrétaire général de l’ONU et directeur général de l’Unesco, interpelle le Pouvoir algérien sur la situation que traverse la presse libre en lui rappelant toutes les conventions internationales ayant trait aux droits de l’Homme ratifiées par l’Algérie. A cet effet, l’AMJ demande au ministre de la Justice de recon- sidérer les décisions prises à l’encontre des journalistes en exigeant leur libération. Par ailleurs, un groupe de citoyens algériens résidant aux Etats-Unis a adressé une lettre au Département d’Etat américain, aux membres du Congres et aux membres de la Chambre des représentants ainsi qu’aux médias américains pour les sensibiliser sur le danger qui guette la presse démocratique en Algérie. Le Premier ministre a été également interpellé par des citoyens canadiens d’origine algérienne pour lui demander de peser, avec les autres pays membres de G8, sur le Pouvoir algérien qui bafoue les droits de l’Homme les plus élémentaires. R. N. Mohamed Benchicou ne peut pas assurer sa chronique hebdomadaire. Mis en prison par le Pouvoir en place, il est empêché d’écrire.