Discours bilan du Ministre de l`Education Nationale
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Discours bilan du Ministre de l`Education Nationale
MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE ----------------------------SECRETARIAT GENERAL REPUBLIQUE DU MALI Un Peuple – Un But – Une Foi DISCOURS BILAN DU MINISTRE DE L’EDUCATION NATIONALE A L’OCCASION DU LANCEMENT DU RAPPORT MONDIAL DE SUIVI SUR L’EDUCATION POUR TOUS (EPT) 2000- 2015 Bamako, Assemblée Nationale 23 juillet 2015 1 Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, Honorables Députés, Monsieur le représentant du Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, Monsieur le représentant du Ministre de l’Emploi, de la Formation Professionnelle, de la Jeunesse et de la Construction Citoyenne, Monsieur le représentant du Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, Monsieur le représentant du Ministre du Culte, Mesdames, Messieurs les représentants des Partenaires Techniques et Financiers du secteur de l’Education et de la Formation Professionnelle, Mesdames et Messieurs les Partenaires Sociaux de l’école, Distingués invités, en vos rangs et qualités, Mesdames et Messieurs, Il y a de cela un peu plus d’un an, en mars 2014, mon prédécesseur, Madame TOGOLA Jacqueline Marie NANA, alors Ministre de l’Education Nationale, aujourd’hui députée, se prêtait devant vous, à cet exercice. Il me plaît à mon tour, en cette circonstance exceptionnelle de vous présenter l’évolution des objectifs de l’Education Pour Tous (EPT) au Mali. Pour ce faire, vous me permettrez d’évoquer préalablement avec vous les six (6) objectifs de l’Education Pour Tous, éléments constitutifs des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). En 1990, lorsque la Communauté internationale s’était réunie à Jomtien, en Thaïlande, elle s’était donnée pour objectif de réaliser une Education de qualité pour tous en l’an 2000 en y mettant tous les moyens qu’il fallait. En l’an 2000, au Forum mondial sur l’Education, à Dakar, au Sénégal, à l’heure du bilan, elle s’est rendue compte que cet objectif n’était pas atteignable pour la plupart des pays du le monde. Aussi, s’est-elle fixée de nouveaux objectifs et échéances. Ainsi, l’année 2015 a été retenue comme horizon pour atteindre l’Education Pour Tous dans l’ensemble des pays de la planète à travers les six (6) objectifs suivants : 2 - Education et Protection de la petite enfance ; - Enseignement primaire universel ; - Compétences des jeunes et des adultes ; - Alphabétisation des adultes ; - Parité et égalité entre les sexes ; - Qualité de l’Education. Qu’en est-il de l’atteinte de ces objectifs au Mali ? S’agissant de l’Education et de la Protection de la petite enfance, il convient de noter que le taux de préscolarisation est passé de 2,1% en 2005 à 3,61% en 2014. Ce taux est non seulement en deçà de la prévision de 10% du Programme décennal de Développement de l’Education (PRODEC) pour l’horizon 2012 mais en plus, le sous-secteur reste essentiellement dominé par le privé ; en effet, l’évolution des effectifs dans le privé entre 2000-2001 et 2014-2015, oscille entre 37% et 49%. Cette évolution s’explique surtout par la prolifération des structures alternatives d’éducation préscolaire et communautaire qui ont pour la plupart une durée de vie éphémère Si la parité genre est de fait dans l’accès à cet ordre d’enseignement, il importe de noter que d’importantes disparités y persistent, notamment entre villes et campagnes : 27% des enfants de 3-6 ans sont encadrés dans les établissements préscolaires en milieux urbains, alors que les milieux ruraux ne « préscolarisent » que 4% environ de leurs enfants du même âge. C’est dire combien il est important pour le gouvernement d’accorder une attention particulière à ce sous secteur de l’Education si nous voulons atteindre pleinement les objectifs de l’EPT. Pour ce qui est de la prise en charge éducative des enfants défavorisés et vulnérables, force est de remarquer qu’il y a eu peu de progrès, l’Etat n’intervenant que de façon parcellaire en faveur de ce public cible. En effet, jusqu’à ce jour, c’est la dizaine d’établissements spéciaux créés et gérés par les associations caritatives (UMAV, AMASOURD, AMALDEME, AMPHP…) qui donne vie à ce type d’enseignement. Il importerait que l’Etat mette davantage le focus sur cette catégorie de personnes si l’on veut atteindre l’objectif de scolarisation universelle, étape essentielle vers l’EPT. Honorables Députés, Mesdames et Messieurs, En ce qui concerne l’objectif de scolarisation universelle au niveau du primaire dans notre pays, nous sommes au regret d’admettre que tous les enfants en âge d’aller à l’école n’y sont effectivement pas allés en cette année 2015. Les données et indicateurs ci-après énumérés pourraient mieux édifier : 3 le nombre d’écoles fondamentales, tous statuts confondus (Public, Privé, Communautaire, Medersa…), est passé de 5 000 écoles en 2000-2001 à 10 956 écoles en 2011 pour s’établir à 12 519 écoles en 2014 au 1er cycle, soit une augmentation moyenne de 2% par an. Pendant la même période, ce nombre est passé de 693 écoles à 3 821 écoles au second cycle ; la situation se traduit par une faible augmentation dans le secteur public, une augmentation significative dans le secteur privé et une diminution du nombre d’écoles communautaires du fait de leur transformation progressive en écoles publiques ; entre 2000-2001 et 2011, les effectifs d’élèves au 1er cycle de l’Enseignement fondamental ont augmenté régulièrement, passant de 1 126 364 élèves à 2 138 102 élèves. Ils ont connu un net ralentissement à partir de 2012 et se sont établis à 2 181 617 élèves en 2014. Au 2ème cycle, les effectifs sont passés de 182 984 élèves à 647 186 élèves pendant la même période, soit une augmentation moyenne d’environ 3% par an ; entre 2000-2001 et 2011, le nombre de maîtres au 1er cycle est passé de 18 388 maîtres à 50 553 maîtres, soit un accroissement annuel moyen de 2%. Il atteint 51 363 maîtres en 2014. Le nombre de femmes enseignantes représente respectivement 25,1% du total en 2000-2001, 28,1% en 2011 et 28,6% en 2014. Avec 5 332 fonctionnaires de l’Etat en 2006, 3 975 en 2011 et 4 609 en 2014, le nombre de fonctionnaires est nettement inférieur à celui des fonctionnaires des Collectivités territoriales estimé à 9 610 en 2011 et à 13 318 en 2014, ainsi qu’à celui des contractuels estimé à 26 862 en 2011 et à 22 853 en 2014 ; le Taux Brut d’Admission (TBA) au 1er cycle évolue fortement entre 2001 et 2007, passant de 54,3% à 75,8%. De 2007 à 2011, ce taux a oscillé entre 75% et 79% et a enregistré depuis, une régression significative en passant de 74,6% à 60,5% en 2014. La tendance à la baisse observée déjà en 2011, s’explique par le recrutement biennal pratiqué dans certaines régions du pays, amplifié par la crise de 2012 ; le Taux Brut de Scolarisation (TBS) au 1er cycle est passé de 61,0% en 2000-2001 à 77,6% en 2006-2007. Cette progression significative s’est poursuivie jusqu’en 2010-2011 avec un taux de 81,5% avant d’amorcer une baisse entre 2010-2011 et 2013-2014 pour s’établir à 70,1%. Les disparités entre garçons et filles et entre régions restent encore importantes. 4 Au 2ème cycle de l’enseignement fondamental, le TBS passe de 24,3% en 2000-2001 à 54,8% en 2011 dépassant ainsi l’objectif de 49% du modèle de simulation pour cette année là. Ainsi sur la période, le Taux Brut de Scolarisation a fait un bond significatif d’environ 25 points de pourcentage avant de s’établir à 50,9% en 2014 ; le Taux d’Achèvement (TA) en 6ème année est passé de 48,5% en 2006 à 58,3% en 2011 pour s’établir à 48,3% en 2014 ; des progrès sont enregistrés jusqu’en 2011, mais se sont par suite érodés du fait de la situation sécuritaire dans notre pays ces dernières cinq années, d’une part, et du niveau assez élevé du redoublement qui s’élève à 20,1%, d’autre part ; le Ratio Elèves par Enseignant au premier cycle de l’enseignement fondamental est passé de 67 à 52 entre 2000-2001 et 2006-2007. Ce résultat encourageant résulte de la combinaison des effets de la politique volontariste de recrutement du personnel enseignant contractuel (3 480 en 2006-2007, dont 3 000 pour le fondamental, 3 300 en 2008-2009, dont 3 165 pour le fondamental, 3 644 en 2009-2010, dont 3 120 pour le fondamental et 4 220 en 2011, dont 3763 pour le fondamental) et de l’utilisation des élèves maîtres finalistes des Instituts de Formation de Maîtres (IFM) dans les classes pendant leur stage de responsabilisation. Quoique cachant de fortes disparités par statut d’écoles et par zone urbaine et rurale, ce ratio a continué de s’améliorer jusqu’en 2015 pour s’établir à 37 élèves par enseignant. Cette embellie apparente résulte de facteurs qui ont un effet négatif sur la scolarisation. Il s’agit principalement de l’insécurité dans le septentrion dont la conséquence directe a été le déplacement des élèves et des enseignants vers le Sud du pays et les pays limitrophes. Il s’agit aussi du déplacement massif des populations, y compris les enfants/élèves vers les placers, surtout dans les régions de Sikasso, Kayes et Koulikoro ; Honorables Députés, Mesdames et Messieurs, Concernant la réponse aux besoins éducatifs des jeunes et des adultes, le Taux de transition effective du 2ème cycle du fondamental au Secondaire qui mesure la capacité de cet ordre d’enseignement à accueillir les nouveaux candidats admis au Diplôme d’Etudes Fondamentales (DEF), culmine à environ 56% en 2008-2009, chute à 30% en 2009-2010 pour s’établir à 42,27% en 2014. S’agissant du pourcentage des élèves réguliers admis au Diplôme d’Etudes Fondamentales (DEF) et inscrits dans les filières professionnelles au Secondaire, celui-ci est passé de 47,2% en 2012 à 40% en 2014 pour une cible initiale de 65%. 5 Honorables Députés, Mesdames et Messieurs, En ce qui concerne les objectifs relatifs à l’Education tout au long de la vie et à l’Alphabétisation des adultes, l’on notera que la situation n’est guère plus brillante. Peu d’actions ont été entreprises ces dernières dix (10) années en direction des analphabètes et des néo-alphabètes. Ce que reflètent les statistiques ci-après : selon le Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) 2009, le taux d’alphabétisation est de 27,7%, dont 19,8% pour les femmes et 36,1% pour les hommes ; il était de 26,2% en 2006, dont 18,2% pour les femmes et 34,9% pour les hommes ; il est estimé à 51,6% en milieu urbain contre 19,5% en milieu rural. La question de la Parité et de l’égalité des sexes dans l’éducation demeure un souci constant de mon département. Le pourcentage des filles au 1er cycle de l’Enseignement fondamental a évolué favorablement entre 2000-2001 et 2012-2013 en passant de 41,1% à 51,6%. Il a fortement baissé entre 2013 et 2014 avec 46,3%. Dans tous les cas, nous pouvons affirmer que la parité est presque atteinte, et sera consolidée si la tendance se maintient. Quant à l’Indice de parité Filles/Garçons du Taux Brut d’Accès (TBA) au 1er cycle de l’Enseignement fondamental, il a évolué entre 2000-2001 et 2012-2013, passant de 0,7 à 1,1. Comme pour le pourcentage des filles, il est atteint en 2012-2013 mais reste inconstant puisqu’il régresse légèrement en 2013-2014 à 0,8 et remonte 0,9 en 2015. A l’instar du Taux Brut d’Accès, l’Indice de parité Filles/Garçons du Taux Brut de Scolarisation (TBS) au 1er cycle de l’Enseignement fondamental a aussi évolué entre 2000-2001 et 2012-2013, passant de 0,7 à 1,0. Il baisse à 0,8 en 2013-2014 et reste constant en 2015. Si cette tendance se maintient, cet objectif aussi sera atteint. Les mesures prises par mon département, au lendemain de la crise de 2012, tendant à susciter le retour à l’école des enseignants et des enfants déplacés expliquent l’amélioration visible de ces indicateurs d’accès. Enfin, en ce qui concerne la Qualité de l’éducation, 25% des enseignants au 1er cycle de l’enseignement Fondamental sont qualifiés durant la période allant de 2000-2001 à 2003-2004. Ils représentent 20% du total entre 2004 et 2014. Au second cycle de l’enseignement Fondamental, ce sont 50% des enseignants qui sont qualifiés sur les trois premières années. Ils sont environ 65% en 2004, et 40% entre 2010 et 2014. 6 Le nombre d’enseignants qualifiés, c’est-à-dire sortis d’une école de formation de maîtres est moins important au premier cycle de l’enseignement fondamental, comparé à celui du second cycle sur la période allant de 2000 à 2003. Cet écart s’accentue sur la décennie 2004-2014 bien que la proportion d’enseignants qualifiés baisse dans les deux cycles. Si le recours à la Stratégie Alternative de Recrutement du Personnel Enseignant (SARPE) en vue d’atténuer les effets pervers du Programme d’Ajustement Structurel (PAS), et le recrutement d’enseignants fonctionnaires des collectivités territoriales ont contribué à améliorer le taux d’encadrement, des efforts restent encore à faire pour améliorer la qualité des enseignements/apprentissages. Celle-ci passe nécessairement par la construction d’une politique enseignante intersectorielle. Honorables Députés, Mesdames et Messieurs, Somme toute, comme le dit l’adage « la distance est longue de la coupe aux lèvres ». La bataille, notre bataille pour l’atteinte de la scolarisation universelle, a fortiori celle de l’éducation pour tous, est loin d’aboutir encore. Nous ne sous-estimons pas pour autant les progrès réalisés, et sommes d’ailleurs fondés à croire qu’en 2015, le Mali aurait progressé bien davantage si les tendances de la dernière décennie étaient restées inchangées. Ce qui ressort des analyses est que les solutions techniques proposées jusqu’ici doivent être revisitées, validées, renforcées ou réajustées. Le nouveau Programme Décennal de Développement de l’Education en cours de formulation, offre ce cadre. A présent, nous devons faire clairement le choix de mettre l’emphase sur l’apprentissage tout au long de la vie, sur l’alphabétisation des adolescents et des adultes, sur la gestion efficiente du personnel enseignant de manière à réaliser un maillage territorial qui permettrait d’améliorer l’encadrement des élèves et sur la consolidation des acquis en matière de scolarisation au niveau du fondamental, à travers l’implication des communautés dans le financement et la gestion de l’école, si nous voulons sortir de l’ornière. Aussi, vous inviterai-je, Mesdames et Messieurs les Députés à nous apporter tout votre appui pour nous permettre d’être au rendez-vous de l’Education Pour Tous à l’horizon 2030, tel que nous nous sommes raisonnablement fixé comme cible au sortir de la crise complexe de 2012 qui, faut-il encore et toujours le rappeler, a affecté durablement notre système éducatif. Je vous remercie de votre aimable attention ! 7