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Assemblée Générale de l’ANAS à Gujan-Mestras le 30 mai 2013
Discours d’accueil de Joaquin MASANET pour la venue de
Monsieur le Ministre de l’Intérieur
Monsieur le Ministre, Madame la Sénatrice-Maire,
Mesdames, Messieurs les élus régionaux, départementaux et locaux,
Messieurs les Préfets, Messieurs les directeurs des services actifs de la police nationale,
Mesdames, Messieurs les dirigeants et représentants des associations et partenaires,
Chers amis de l’ANAS…
Monsieur le ministre c’est un triple plaisir pour moi de vous accueillir à l’occasion de
l’assemblée générale 2013 de l’ANAS.
D’abord, le plaisir de recevoir le Ministre, ce qui est, une marque d’estime, d’amitié
mais aussi de confiance dans le rôle que joue l’ANAS au sein du ministère de l’Intérieur
et de la police nationale. Et dans la façon dont elle joue ce rôle. Ensuite, c’est le plaisir
d’avoir à nos côtés celui qui, dès sa prise de fonction, nous a annoncé sans détour, puis
publiquement, au cours de notre dernière cérémonie de vœux, que son administration
allait continuer à accompagner l’Anas et que celle-ci aurait encore plus de moyens à sa
disposition.
Dans la période difficile que traverse le pays, c’est un effort assez significatif pour que
nous en mesurions toute la portée. Et puis, c’est un autre plaisir que de voir aujourd’hui
parmi nous celui que l’on a maintenant coutume de surnommer le « premier flic de
France ». Et je crois savoir que vous êtes très fier d’en avoir passé le costume.
Et c’est par là, en quelques mots, que je voudrais commencer.
Depuis quelque temps, voici que l’on nous rebat les oreilles avec la délinquance, la
montée de la violence, les chiffres de la délinquance, les statistiques de la violence. Les
récents évènements du Trocadéro et des Champs Elysées auront été l’occasion, pour
tous les détracteurs de la politique de sécurité engagée par le gouvernement de Jean
Marc Ayrault d’enfoncer ce clou, un peu rouillé à mes yeux.
Que l’on me comprenne bien : il n’est pas question pour moi, pour nous, de nier
certaines évidences.
Pas du tout, mais il paraît juste normal de replacer les choses dans leur contexte.
Les dix années qui ont précédé l’arrivée de François Hollande à la Présidence de la
République ont vu 12000 postes de policiers supprimés. Déjà, avant cette hémorragie,
selon la façon dont les effectifs étaient utilisés, et selon les endroits où ils étaient
déployés, les forces de police et de gendarmerie étaient un peu à l’étroit.
Comment les détracteurs des responsables de la sécurité d’aujourd’hui s’y prendraientils avec 12000 fonctionnaires en moins ?
D’autant qu’à cause de cela, certaines missions avaient été abandonnées. Je pense aux
patrouilles d’îlotage. Et appelons cela comme on veut. Certains ne voulaient plus des
îlotiers, ils ont lancé les patrouilleurs.
C’était les mêmes… avec juste moins de monde et de moyens !
Quelle mascarade !
Sauf que ce sont ces policiers là qui font remonter l’information à leurs collègues des
sûretés et des PJ. Les mêmes beaux esprits ont fait passer la proximité pour un gros mot.
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Qu’ils relisent Camus qui faisait dire à l’un des héros de ses Justes : "Je veux être
policier pour être au centre des choses…".
Voilà : la police ( et la gendarmerie) c’est forcément la proximité.
Avec les voyous… pas trop. Avec le terrain : au plus près. Avec les citoyens : au plus
juste.
Alors, je lis déjà une sérieuse interrogation dans les yeux de certains, dans cette salle.
Mais où il va le Jo ?
On est à l’assemblée générale de l’ANAS, pas dans un congrès syndical. Ça y est, il nous
refait du syndicalisme ! Rassurez-vous, telle n’est pas mon intention. Et pourtant, c’est
bien connu : chassez le naturel….
Non, non.
Quand le Président de l’ANAS, au nom de son association, soulève les questions que je
suis en train d’évoquer, c’est que l’ANAS est bien à sa place en le faisant. Qui en effet
ramasse certains collègues à la petite cuillère, quand ils sont au bout du rouleau ? Qui
traite à leurs côtés et aux côtés de leurs familles, les retombées psychologiques du stress
en service ? Et quelles sont, parfois, les raisons de ces déstabilisations de certains
policiers :
- mauvaise répartition des tâches par manque (justement) d’effectifs,
- course aux résultats,
- politique du chiffre incontrôlée,
- relations hiérarchiques difficiles,
Et j’en passe…
Et donc, qui gère ces atteintes au moral (et parfois au physique) des policiers ???
Nous, l’ANAS !
Les différentes structures de notre association. Que ce soit notre centre de santé du
Courbat, nos réseaux (APEL qui traite de l’alcoolisme, Ecoute Toxicomanie, l’intitulé
parle de lui-même, Alpha-Espoir qui s’occupe de la maladie ou du handicap…)
On voudrait donc que l’ANAS traite des effets, sans pouvoir, de temps à autre parler des
causes ? Ce n’est pas ainsi que nous imaginons et vivons notre engagement.
Monsieur le ministre, vous et le gouvernement auquel vous appartenez, avez commencé
à répondre à plusieurs des problèmes que je viens de soulever.
Ainsi, vous avez donné un coup d’arrêt à l’hémorragie dont je parlais à l’instant.
Mais le trou à combler est abyssal. Et ensuite, Paris ne s’est pas faite en un jour !
D’ailleurs, je ne vois pas beaucoup de voix s’élever contre ce côté-là de votre politique…
Il faut dire que, par le passé, nous avions connu des violences bien plus graves que celles
du Trocadéro, sans que les responsables de l’époque (politiques et administratifs) ne
puisse y apporter une réponse définitive…Que certains évitent donc aujourd’hui de
décrier ce qu’il cachait sous le tapis hier !
Ensuite, après être intervenu sur les effectifs, vous avez annoncé la fin de la politique du
chiffre, la politique du résultat à tout prix, du quantitatif sur le qualitatif. Et là encore,
je le répète, l’ANAS est bien placée pour en parler.
C’est en effet un des maux qui ont provoqué le mal-être de certains de nos collègues…
Et c’est l’ANAS qui en a pris certains en charge…
Cette politique du chiffre, vous n’en voulez plus et vous le répétez souvent, M. le
Ministre. Là encore, fort peu nombreux, chez les politiques sont ceux qui vont à
l’encontre.
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C’est la même chose dans les rangs des représentants des policiers. Y compris ceux qui
avaient défendu cette course aux résultats !
Sauf que, tandis que vous répétez votre volonté de mettre fin à ces pratiques, certains ne
suivent pas. Vous le saviez sans doute déjà, Monsieur. le Ministre, ou vous vous en êtes
depuis aperçu : l’administration (particulièrement celle de la police) est une lourde
machine. Parfois, il s’en passe du temps entre l’expression de la volonté ministérielle et
la traduction de celle-ci sur le terrain.
Ainsi l’ANAS reçoit-elle encore, venues de quelques endroits du territoire, les doléances,
les cris du cœur, de policiers encore soumis à des critères de rendement dont vous ne
voulez plus. Il est donc grand temps, à mon avis, que tous les responsables, à quelque
niveau de responsabilités qu’ils soient, se mettent au diapason de la parole ministérielle !
Ce sera mieux pour la santé morale de nos collègues…
Monsieur le Ministre, Mesdames, Messieurs, voici donc cette assemblée générale de
l’ANAS presque arrivée à son terme. En venant jusqu’à nous, vous aurez pu découvrir
ce centre de vacances Maurice Paloque, l’une des fiertés de notre association.
Créé en 1956, il est ouvert chaque année de juin à octobre et fait presque toujours le
plein ! Mais ce centre n’est pas la seule de nos satisfactions !
Comme j’ai eu l’occasion de le signaler dans la présentation du rapport moral, le
dernier exercice s’est terminé de façon plutôt satisfaisante.
Il en va de même pour le mandat qui se terminait pour la plupart d’entre nous.
Débutées par de graves questions de fond, au niveau de la gestion et des comptes de
l’ANAS, ces quatre années se terminent avec les bonnes réponses. Et une situation
totalement assainie. L’ANAS en avait la capacité, encore fallait-il que tous se mettent au
travail. Et c’est ce qui s’est passé !
Comment ne pas remercier tous ceux qui, autour de moi, se sont impliqués dans ce
redressement ?
Et comment ne pas remercier nos partenaires, dont vous M. le Ministre, qui nous ont
fait confiance ?
Au sein de votre ministère, l’action sociale est une action globale et solidaire.
Vous le savez bien, vous qui avez tenu à manifester l’attachement que vous portez à la
situation de nos collègues dans ce domaine en présidant pour la première fois
l’assemblée générale plénière de la CNAS, dont je tiens à saluer ici, chaleureusement le
vice-président élu, Bernard Layes, qui est aussi, vice-président délégué de l’ANAS.
Merci mon cher Bernard pour ton implication de tous les instants.
Monsieur le Ministre, les acteurs comme l’ANAS ont l’avantage de pouvoir compter sur
le soutien sans faille de votre administration. Je veux saluer ici, en votre présence, le
gros travail de soutien accompli par les équipes des deux sous-directions de l’action
sociale du secrétariat général et de la DGPN. Particulièrement attentives à nos
préoccupations, elles sont toujours disponibles à notre égard et facilitent notre action.
A cet instant, je veux avoir ici une pensée amicale pour Pierre Derrouch, sous-directeur
de l’action sociale de la DRCPN, dont les fonctions ont pris fin le 9 mai dernier.
Au cours des six ans qu’il a passés à nos côtés, il a su nouer un dialogue social confiant et
intense avec les représentants des personnels pour enrichir l’action sociale.
Particulièrement sensible aux attentes et aux besoins des collègues, toujours disponible,
Il a su donner un nouveau souffle aux instances de concertation. Son attention aux
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peines des uns et des autres, comme sa forte implication, l’ont conduit à un
investissement de tous les instants dans la prévention du suicide.
Sa loyauté, forgée au contact de postes difficiles et importants, comme sa parfaite
connaissance de la police nationale, ont été pour moi et pour nous tous, acteurs de
l’action sociale, un puissant réconfort dans les moments difficiles comme dans les plus
heureux. Nous savions pouvoir trouver auprès de lui les conseils les plus avisés et l’aide
bienveillante qui faisait parfois défaut ailleurs.
Je forme le vœu que des instructions soient données pour qu’une nouvelle affectation lui
soit proposée afin qu’il puisse continuer à servir le ministère de manière exemplaire,
comme peuvent en témoigner tous ceux qui ont eu la chance de le côtoyer au cours de
toutes les années qu’il a passées au sein de la police ou au contact des policiers (et même
des gendarmes). C’est dire !!!
Pour en revenir à l’ANAS, sachez tous que nos centres de vacances connaissent un taux
de remplissage plus que satisfaisant. Nous en avons profité pour en rénover plusieurs.
Nous en avons modernisé d’autres, toujours dans l’esprit d’apporter plus de confort et
de loisirs à nos adhérents. De nombreux travaux se terminent et d’autres seront mis en
chantier.
Le centre de santé du Courbat pourra bientôt proposer des lits supplémentaires pour
traiter les blessés en service. C’est une de nos priorités. Malheureusement, l’ANAS, ou
plutôt certains de ses aspects, c’est un peu comme les Restos du cœur.
La partie serait gagnée si on n’en avait plus besoin. En effet, autant nous serions
comblés de continuer à offrir des vacances à moindre coût à nos collègues, autant nous le
serions si le Courbat, nos réseaux, notre service logement étaient moins sollicités.
Cela voudrait dire qu’il y a moins de malades, de blessés, de handicapés dans nos rangs.
Cela voudrait dire que tous les policiers, je pense d’abord aux plus jeunes, trouvent
aisément de quoi se loger en arrivant dans les services. C’est, nous le savons, un
problème qui vous tient à cœur, M. le ministre…
Mesdames, Messieurs, depuis sa création, l’ANAS n’a qu’une ambition : être à l’écoute
des policiers. Son originalité, et sa force, c’est que ce sont des policiers qui assistent des
policiers. Vous l’avez immédiatement compris, M. le Ministre et vous aussi vous êtes
parti du même postulat. Du coup, vous avez décidé de nous donner les moyens (plus de
moyens) pour continuer dans notre tâche. Comment ne pas le souligner.
L’équipe de l’ANAS (avec des anciens mais aussi de nouveaux élus) va repartir pour
quatre ans. Quatre années à essayer d’améliorer le quotidien des uns et des autres, à
accompagner au plus près les plus fragiles. Flic, ce n’est pas un métier comme les autres.
Certains de nos concitoyens ne le savent ou ne comprennent peut-être pas. Et même
certains de ceux qui choisissent de le devenir. Certes, parmi eux, quelques–uns se
trompent parfois de voie.
Comment trouver la perfection partout, dans une institution qui compte tant de
membres ? Ceux-là aussi, c’est à nous tous de leur faire comprendre que policier, ce
n’est pas un métier comme un autre. Il donne autant de devoirs que de pouvoir, peutêtre même plus.
L’ANAS est au service des policiers comme les policiers doivent être au service des
citoyens et de la République. Le plus grand nombre de nos collègues ne sont-ils pas des
« gardiens de la paix »…Quel plus beau nom pour un métier ?
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Je vous remercie de votre attention…
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